Chapitre 1 . Revue de la littérature sur les
concepts théoriques
Il importe dans un premier temps, de préciser le
contenu théorique de quelques concepts liés a la présente
étude avant de procéder a toute évaluation empirique des
tendances actuelles de l,approvisionnement en banane dessert et
plantain de la ville de Kinshasa.
La présente étude s,inscrit dans le
cadre d,une étude plus globale de la filière banane
dans le district du Bas-Fleuve dans le Bas-Congo dont Kinshasa est
l,un des principaux centres de destination de la production.
1.1. Concept de filière
L,approche filière est relativement
récente dans l,étude économique.
C,est dans la deuxième moitié des années 70 que
ce type d,analyse a commencé a percer dans les milieux
d,économie agricole. Utilisé en France
d,abord pour traiter des problèmes
d,économie industrielle, le concept d,analyse de
filière a été transposé dans le domaine agricole,
puis aux projets d,aide aux pays en développement.
1.1.1. Historique etperceptions de l'approchefihiere
La plupart des paragraphes sur l,historique et la
perception de l,approche filière sont tirés de
LEBAILLY (2000).
La notion de filière, abondamment utilisé de nos
jours, n,est pas nouvelle. Le terme de circuit économique
apparaIt dès 1700 avec les fondateurs de la science économique,
notamment BOISGUILLEBERT qui expose avec une clarté particulière
les relations mutuelles unissant les composantes de
l,activité économique: <<Le propriétaire
dépense sa rente foncière chez le marchand-drapier qui
s,approvisionne chez le drapier-fabricant. Le laboureur est a
l,origine du circuit.>> (FRANTZEN, 1978).
Adam SMITH, en 1776, a décrit des filières a des
fins pédagogiques pour illustrer la division du travail dans son
célèbre ouvrage <<Recherche sur la nature et les causes de
la richesse des nations >>. Il énumère les
différents opérateurs intervenant dans la fabrication
d,une paire de ciseaux : <<le mineur, le constructeur du four
a fondre le minerai, le fabricant de coKe, l,ajusteur, le forgeron,
le coutelier.>>.
Certaines actions des pouvoirs publics auraient
été guidées dès le 1 8ème siècle par
une approche faisant intervenir les filières (STOFFAES, 1980).
Selon LAURET (1983) le courant marxiste apporte une dimension
nouvelle a la filière, notamment par les travaux de KAUTSKY qui
réaffirment le rôle central de la circulation et analysent les
rapports entre l,agriculture et les industries d,aval
alors en plein développement.
La théorie des filières s,est ensuite
essentiellement développée parmi les économistes
francophones (SEKKAT, 1987). Du côté anglo-saxon DAVIS et GOLDBERT
(1957) ont
introduit le concept d,Agribusiness et SCHAFFER
(1968, 1973) s,est fait, a partir de 1968, l,avocat de
l,analyse des filières en économie rurale.
Les débats entre chercheurs francophones et
anglophones, de méme que les rencontres entre bailleurs de fonds,
principalement entre la Banque Mondiale et les organisations francaises
(Ministère de la coopération francaise, caisse francaise de
développement) relèvent d,importantes divergences dans
l,utilisation du terme <filière>>, resté
intraduisible en anglais.
Généralement, les experts de Banque Mondiale
voient dans la notion de filière la justification d,une
organisation des échanges de type monopolistique avec intervention de
l,Etat. Cette vision est liée a l,existence, en
Afrique francophone, de grandes entreprises publiques chargées de
l,appui aux producteurs et de la commercialisation des produits, par
exemple: les sociétés cotonnières qui ont repris le
schéma organisationnel de la compagnie francaise de développement
textile (CFDT), les filières de production et de transformation de
l,huile de palme en Côte d,Ivoire avec
palmindustrie ou les fières du café et du cacao en Côte
d,Ivoire et au Cameroun avec les caisses de stabilisation. Des
formes équivalentes ont existé en Afrique anglophone avec les
MarKeting Board pour le café, le coton, le cacao ou le thé
(TERPEND, 1997).
A cette vision s,oppose celle des
économistes, spécialistes de l,analyse de
filière, pour qui la filière n,est rien de plus
qu,un concept d,analyse; ce n,est donc pas un
type d,organisation.
Lorsqu,on parle filière, les anglo-saxons
parlent de marché; le malentendu est donc important. Une filière
peut, être analysée comme une suite de marchés que
l,on isole de l,ensemble général du
marché pour des raisons d,analyse, mais parler uniquement de
marché pour décrire la complexité des circuits
d,échanges et des relations qui s,y attachent
risque de faire oublier des faits importants pour l,analyse.
Actuellement, ce type d,analyse est de plus en plus utilisé
méme dans les milieux anglophones (TERPEND, 1997).
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