Au terme de cette étude sur
l,approvisionnement de la ville de Kinshasa en bananes, divers
enseignements peuvent être tirés en rapport avec les principaux
résultats de l,étude.
Les enquêtes que nous avons menées ont mis en
évidence le fait que l,approvisionnement de la ville de
Kinshasa en banane est entre les mains des petits commercants (1 a 5 colis pour
la majorité d,entre eux soit 69 % des commercants
enquêtés). La zone de prévenance des bananes étant
la province du Bas-Congo et plus particulière le district du
Bas-Fleuve.
Pour ces petits commercants le coüt de transport
représente le poste de dépenses le plus important en dehors du
coüt d,achat. Malgré ce fait, le commerce des bananes
reste une activité rentable qui pousse certains producteurs de venir
commercialiser eux-mêmes a Kinshasa leur production. Les résultats
sur les différentes marges commerciales montrent que la banane plantain,
bien que commercialisée par une minorité de commercants (12 %),
est la plus rentable. Les prix, beaucoup plus élevés des bananes
plantains au niveau de Kinshasa, semblent expliquer cette situation.
Les résultats de cette étude montrent aussi que
le commerce des bananes a un impact positif réel sur le niveau de vie
des commercants et de leurs ménages. En effet, déjà avec
une seule rotation, certains commercants se retrouvent déjà avec
un revenu supérieur a 1 USD par membre de ménage et par jour
(seuil de pauvreté). Pour ceux qui ne commercialisent que la banane
plantain ce seuil reste supérieur a 1USD même lorsque les pertes
sont déduites. Par contre ceux qui commercialisent la banane dessert et
la banane plantain descendent en dessous du seuil de 1 USD lorsqu,on
prend en compte les pertes. Enfin les commercants qui ne vendent que la banane
dessert ont un revenu en dessous du seuil de pauvreté de 1USD
lorsqu,ils n,effectuent qu,une seule rotation
par mois. Ainsi, toutes choses restant égales, si le nombre de rotation
est de 2 par mois la situation s,améliore pour tous les cas
de figure, même si ceux qui vendent exclusivement la banane dessert
auront touj ours un revenu en dessous du seuil de 1USD par membre de
ménage et par jour lorsqu,on tient compte des pertes. Le
commerce de banane est une activité qui fait vivre des ménages
entiers et constitue une source de revenu non négligeable.
Malgré ses aspects positifs,
l,approvisionnement de la ville de Kinshasa en bananes reste
néanmoins une activité très informelle avec plusieurs
contraintes. En effet, les conditions générales dans lesquelles
fonctionne ce secteur ne favorisent pas des très grandes performances
des acteurs de la filière banane. Plusieurs contraintes ont
été identifiées dans le cadre de cette étude.
Au niveau de la production les maladies et autres ravageurs
du bananier constituent une menace sérieuse pour la filière
banane dans son ensemble. En dehors de la production, d,autres
contraintes non moins négligeable concernant les activités
post-récoltes peuvent être citées: la rareté de
transport, le mauvais état des routes, problème de normalisation
et de standardisation des unités, la périssabilité des
bananes, les conditions difficiles de commercialisation a Kinshasa, le manque
d,infrastructures appropriées, les tracasseries
policières particulièrement durant le
transport, le manque de transformation, le manque d,encadrement des
commercants, les pertes pendant le transport, le manque de crédit,
etc.
L,analyse faite de la situation dans quelques pays
africains montre la similarité des problèmes rencontrés
par les agents de la filière approvisionnement des centres urbains en
Afrique centrale et de l,ouest. De ces pays seuls la Côte
d,Ivoire et le Cameroun ont la capacité
d,approvisionner leurs marchés internes respectifs par des
productions locales; leurs situations sont proches a celle de la R. D. Congo.
Par contre le Gabon et le Bénin n,ont pas encore de
production suffisante pouvant permettre autosuffisance en bananes.
Sur base de l,analyse AFOM (SWOT)
réalisée avec des principaux résultats de
l,étude, les recommandations suivantes ont été
formulées, en direction de l,Etat et des acteurs
concernés, dans le but d,améliorer les
activités de la filière approvisionnement de Kinshasa en
bananes:
· Organiser la commercialisation des bananes par la mise
en place par les services concernés de l,Etat
d,une réglementation (normes de qualité, normalisation
des unités, role des différents agents, etc.) qui devra
être vulgarisée auprès des intervenants dans la
filière;
· Aider les commercants collecteurs a se regrouper au
sein des coopératives ou associations pour une bonne organisation de
leur profession et la défense de leurs intéréts;
· Mettre sur pied une politique volontariste visant la
réhabilitation des routes dessertes agricoles;
· Réhabiliter et construire les infrastructures de
commercialisation appropriées (camions, parKing, lieu de stocKage et de
conservation, etc.);
· Inciter les acteurs impliqués dans la
filière banane a s,intéresser a la transformation;
· Elargir les actions du Programme National fruits et
Banane aux aspects de la recherche ayant trait aux activités
post-récoltes des productions obtenues au niveau des agriculteurs;
· Rendre le crédit accessible aux commercants des
bananes;
· Eradiquer les tracasseries policières le long
des routes et sur les lieux de vente pour rendre plus aisé
l,approvisionnement de Kinshasa en produits agricoles en
général et en bananes en particulier.