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Approvisionnement de la ville de Kinshasa en banane dessert et banane plantain

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par Patience MPANZU BALOMBA
Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux - DEA en Sciences Agronomiques et Ingénierie Biologique 2007
  

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3.3. Situation de l'approvisionnement en bananes de quelques villes africaines

L,objectif de cette partie est de mettre en parallèle la situation de Kinshasa a celles d,autres grandes villes africaines.

3.3.1. Cas de la Côte-d'Ivoire

En Côte-d'Ivoire, le type Faux Corne (et en particulier le cultivar Corne 1) représente au moins 90 % des plantains cultivés. La production est abondante d'octobre a mars. En revanche, l'approvisionnement des marchés est relativement faible d'avril a septembre. Certains facteurs susceptibles de provoquer des pertes ont été recensés (N'DA ADOPO, 1993):

· récoltes effectuées le plus souvent a un stade de remplissage très avancé, assez proche du déclenchement de la maturation,

· conditions de transport déplorables (véhicules trop chargés) et longs délais d'acheminement, fruits tassés puis déchargés sans ménagement;

· mauvaises conditions de stocKage en période d'abondance.

Les grandes zones de production qui ravitaillent Abidjan, principal centre de consommation de la Côte-d'Ivoire, sont situées dans la moitié sud forestière du pays; elles sont parfois éloignées de quelques centaines de Kilomètres (300 a 400 Km dans certains cas) de ce point de vente (N'DA ADOPO, 1993). Les longs trajets d'acheminement des fruits se font souvent en plusieurs étapes. Au cours de celles-ci, il arrive que les régimes soient

déchargés, regroupés en tas sur un marché régional de collecte pendant quelques heures voire une journée, avant d'approvisionner le marché final. Il en résulte qu'une proportion non négligeable de régimes mürs peut être observée dans les lots transportés et mis sur les derniers points de vente.

3.3.2. Cas du Cameroun

L'organisation de la filière de commercialisation de la banane plantain au Cameroun présente de grandes similitudes avec celle qui a été étudiée dans le cas de la Côte-d'Ivoire:

· la production la plus abondante se situe sensiblement d'octobre-novembre a marsavril (ALMY et BESONG, 1989),

· la culture se concentre dans la moitié sud du pays car les conditions climatiques y sont plus favorables (provinces du Sud-Ouest et du Centre principalement),

· la manutention des régimes, de facon générale, s'effectue dans le même état d'esprit qu'en Côte-d'Ivoire; les capacités de charge des véhicules sont souvent dépassées pour rentabiliser le voyage.

Mais les cultivars consommés sont plus diversifiés (types Corne et French sensiblement en proportions égales). A côté des plantains on trouve aussi une quantité importante de bananes de dessert qui proviennent soit des plantations traditionnelles paysannes, soit des refus d'exportation des plantations industrielles. Cela augmente la diversité des régimes sur les places de marché. Ces bananes sont consommées cuites, a l'état vert.

Les grands centres de consommation sont ravitaillés par leur voisinage immédiat; les véhicules qui transportent le plantain ne parcourent pas de grandes distances, excepté pour la partie nord du pays non productrice. Les durées de transport, de 2 a 5 heures au maximum, sont donc plus courtes. Yaoundé, capitale du Cameroun, est entourée par sa zone d'approvisionnement distante de 30 a 50 Km en moyenne (LENDRES, 1990). A Douala, les régimes proviennent surtout du sud-ouest et secondairement du littoral, a des distances de 50 a 100 Km en moyenne.

Il n'existe pas alors, dans ces circuits d'approvisionnement, de marchés régionaux intermédiaires oü sont regroupées les collectes et déchargées les récoltes qui s'entassent pendant plusieurs heures avant d'être chargées a nouveau pour la destination finale.

Les régimes sont récoltés très verts, plus précocement qu'en Côte-d'Ivoire en général. La durée de vie verte est donc normalement plus longue. L'observation de bananes plantains müres dans les lots transportés et dans ceux des points de vente finaux est, ici, relativement moins fréquente.

Il n'y a pas d'excès de plantains sur le marché par rapport aux besoins de la consommation. Même en saison de forte production les régimes n'attendent pas plus de 3 a 4 jours avant d'être définitivement commercialisés.

Dès que des échanges réguliers ou fréquents s'établissent entre les producteurs et les acheteurs, un système permettant de récupérer tout le plantain récolté se met assez rapidement en place. Diverses techniques peuvent être adoptées (N'DA ADOPO, 1991), ainsi:

· les producteurs vendent souvent leur récolte en gros; ce procédé interdit aux intermédiaires de trier les régimes pour n'acheter que les meilleurs et abandonner le reste des lots entre les mains du paysan;

· les intermédiaires utilisent un dispositif de récupération et de valorisation des fruits détachés des régimes, et parfois cassés au cours des manutentions et des transports.

A côté des vendeurs classiques, il existe d'autres acteurs du circuit de commercialisation de la banane plantain qui peuvent être véritablement spécialisés dans certaines fonctions: rangement des régimes dans les camions, classement des régimes sur le marché en fonction des initiales marquées sur la hampe par chaque grossiste-livreur après l'achat.

Une fois les transactions terminées, certains manutentionnaires commercialisent les plantains dans un véritable sous-circuit qui fonctionne sur la place du marché avec d'autres vrais vendeurs spécialisés. Les doigts qui auraient été accidentellement arrachés ou cassés au cours des transports et des manutentions sont classés dans une catégorie inférieure aux autres fruits et se vendent moins chers. Cela profite a une certaine clientèle urbaine relativement modeste.

Cette organisation fonctionne assez bien; elle permet d'accroItre les gains des vendeurs tout en contribuant a minimiser les pertes du produit. Même si les techniques utilisées dans la filière de commercialisation de la banane plantain paraissent peu rationnelles a première vue, il s'avère qu'elles correspondent a l'aboutissement d'une certaine tradition. Elle serait, en fin de compte, en équilibre avec la structure du circuit de distribution et le système global de commercialisation et de consommation.

Finalement il s'avère qu'au Cameroun, les pertes après récolte les plus évidentes se situent actuellement chez le producteur, dans les sites d'accès difficile car relativement enclavés, en saison pluvieuse particulièrement.

La vulgarisation de nouveaux procédés de commercialisation se présente différemment selon qu'elle s'adresse a une zone de production oü le prix du plantain est relativement faible, ou a des régions éloignées de ces sites oü la denrée se vend a des prix plus élevés, quel que soit son degré de maturation. Les tests de distribution de plantains conditionnés en cartons sur les marchés de Douala et de Yaoundé ne se sont pas révélés économiquement rentables. Ces procédés pourraient, par contre, être intéressants dans les centres urbains de consommation, non producteurs, situés dans l'extrême nord du pays. Le coüt élevé de cet aliment pourrait alors justifier l'utilisation de tels conditionnements spéciaux (N'DA ADOPO, 1993).

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe