Hypothèse/OS3
Elle est constituée de deux hypothèses
identifiées comme suit :
Hypothèse i) elle stipule que "le bilan
vivrier du département est excédentaire et a connu une
amélioration constante ces dix dernières années".
L'analyse de la production en 2001 et de la consommation
nous a permis de nous rendre compte que le solde vivrier de l'Atlantique
est excédentaire et est estimé à 225.012 tonnes
même si le manioc y contribue à près de 115%.
S'agissant d'une "amélioration constante", elle est
à relativiser puisque les rendements des produits varient dans le temps,
et la population du département s'accroît au jour le jour si bien
que les productions n'arrivent plus à couvrir les besoins alimentaires
des populations de ce département.
Au terme de ces analyses, il est à noter que bien que
le solde vivrier soit excédentaire, il n'est pas le résultat
d'une amélioration constante. L'hypothèse 3.i n'est donc pas
vérifiée.
Hypothèse ii) : Selon cette
hypothèse, "le revenu des ménages a connu une augmentation
constante entre 1992 et 2002".
A l'issue de l'analyse du revenu, il ressort que les
populations de l'Atlantique n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins
alimentaires, faute de revenu. De plus, il faut remarquer que la plupart de ces
populations n'ont rien réalisé de tangible ces dernières
années. Encore faudrait-il signaler que seulement 6% des personnes
interrogées ont pu acquérir un moyen de transport qui est un
outil précieux pour la saisie de nouvelles opportunités. Cette
hypothèse n'est donc pas vérifiée.
Hypothèse/OS4
Elle suppose que "la proportion des ménages ayant
accès à l'eau potable et à l'électricité
s'est accrue ces dix dernières années".
L'analyse du tableau n°25 révèle que les
nombres d'abonnés en eau potable et en électricité se sont
accrus respectivement de 87% et de 118% entre 1992 et1999. On peut donc
affirmer que l'hypothèse est vérifiée. Toutefois, il faut
remarquer que peu de personnes ont accès à
l'électricité et à l'eau potable de la SBEE dans les zones
rurales. Près de 72,50% des interrogés utilisent le
pétrole lampant comme mode d'éclairage et plus de 92,50% se
servent du bois de feu dans la cuisson des aliments.
3.2 Principales conclusions
Au terme de cette étude, quelques enseignements se
dégagent :
· Les infrastructures sanitaires notamment les centres
de santé existent mais se
trouvent éloignés de certaines populations
surtout dans les zones rurales et sont mal équipés, en
particulier ceux publics.
· Les infrastructures sanitaires privées occupent
une bonne position dans le
département de l'Atlantique
· La plupart des populations du département ont
accès aux centres de santé mais
déplorent parfois les prestations données par
les centres publics et les coûts très élevés
pratiqués par les centres privés.
· Les taux de natalité et de mortalité ont
considérablement baissé ces dix dernières
années.
· Une grande priorité est accordée
à la santé des enfants. Le département
bénéficie
d'une bonne couverture vaccinale.
· Les populations de l'Atlantique jouissent d'un
état sanitaire assez satisfaisant ces
dix dernières années. Toutefois les
enquêtes sur le terrain nous ont permis de nous rendre compte que dans
certaines localités de l'Atlantique, des centres de santé sont
construits sans être équipés de personnels
compétents. Ce manque se fait remarquer surtout au niveau des
maternités qui ne disposent pas de sage-femme.
· Le niveau de scolarisation a progressé dans le
département.
· Des écoles manquent dans certaines
localités du département.
· Le niveau d'instruction notamment celui des femmes est
faible et varie suivant
que les ménages dont elles sont issues sont pauvres,
vulnérables ou non pauvres
· L'inadéquation entre le temps consacré
aux activités agricoles et l'emploi du
temps pour l'alphabétisation a rendu timide
l'évolution du taux d'alphabétisation. A cette cause s'ajoute la
quasi-inexistence et le non-fonctionnement des centres
d'alphabétisation.
· Le niveau de scolarisation dans l'Atlantique est
satisfaisant de façon générale
malgré la disparité au niveau du sexe.
· Le solde en 2002 des produits vivriers du
département est excédentaire grâce au
solde dégagé par le manioc. Ceci prouve
déjà la qualité de l'alimentation des populations de
l'Atlantique. Le manioc est consommé souvent sous sa forme
transformée qu'est le gari qui n'est pas riche en nutriment.
Il faut noter aussi que l'agriculture dans ce
département souffre de la non mécanisation. Des outils
rudimentaires sont toujours d'usage dans le département.
· Les populations de l'Atlantique souffrent d'une
insuffisance de revenu pour
vivre décemment. Ceci est dû à la non
rentabilité des activités génératrices de
revenu.
· Le milieu rural du département souffre de
l'électrification et de l'alimentation
en eau potable malgré la proportion
élevée des abonnés.
· Le bois de feu est le moyen le plus utilisé
dans la cuisson des aliments ainsi la
déforestation gagne du terrain dans le
département.
· Le département de l'Atlantique présente
un meilleur profil de pauvreté par
rapport aux autres départements notamment sur les plans
sanitaire, de l'éducation et de l'accès à l'eau potable et
à l'électricité.
Cependant, certaines contraintes limitent nos conclusions
notamment celles liées à la non disponibilité de certaines
informations telles que celles de l'année 2002. Une extension de cette
étude dans les autres départements et la prise en compte de ces
informations dans le traitement des données seraient la bienvenue.
Toutefois, à l'état actuel de nos investigations, nous pouvons
faire quelques suggestions dans le sens de l'amélioration des politiques
de lutte contre la pauvreté.
3.3 Implications en terme de politique de lutte contre
la pauvreté
Pour améliorer les conditions de vie des populations
béninoises en général et celles de l'Atlantique rural en
particulier, quelques actions sont nécessaires :
· Construire davantage des centres de santé plus
proches des populations et assurer leur équipement en instruments
adéquats et les doter de personnel qualifié.
· Développer et généraliser des
associations ou mutuelles de santé (sous forme d'assurances maladie)
pourrait être exploré pour réduire le risque auquel sont
exposées les populations en cas de maladie.
· Maîtriser la démographie à travers
la planification des naissances en milieu rural.
· Continuer à doter les villages d'école et
rendre l'enseignement primaire effectivement gratuit comme le préconise
déjà certaines lois tout en encourageant l'instruction des
filles.
· Doter les communes de centres d'alphabétisation
ou les rénover et concevoir l'emploi du temps des alphabétiseurs
pour qu'il soit adéquat avec la disponibilité des populations.
· Elaborer et mettre en oeuvre effectivement des
politiques relatives à l'offre des produits agricoles : la
modernisation des techniques de production, le développement des
infrastructures routières, de télécommunication, de
formation et de vulgarisation aux paysans et commerçants. Le
développement des infrastructures est un préalable au
développement local et à une bonne circulation des produits
agricoles entre les zones du département d'une part, et également
à des conditions adéquates de conservation et de stockage des
denrées d'autre part. Il faut mener des actions dans le sens de la
construction et l'entretien des pistes de desserte rurale, les marchés
et les magasins de stockage.
· Développer l'auto-promotion des producteurs et
diversifier la production. Ceci passe par la recherche et l'exploitation de
nouvelles filières porteuses surtout celles pouvant être
couplées avec les productions vivrières et des mesures
d'encouragement des producteurs aux regroupements tels que les unions de
producteurs leur permettant de prendre en charge leur destinée.
· Les politiques agricoles doivent se baser sur la
rationalité du producteur qui se manifeste par son aptitude à
répondre de façon conséquente aux incitations. Ceci
permettrait d'endiguer les menaces de famine dont fait objet le
département.
· La promotion des productions vivrières suppose
une bonne organisation de la filière, du type de celle qui existe pour
les cultures d'exportation. Avec la décentralisation, les
autorités locales doivent donc chercher à instaurer un
système efficace de mise en place des facteurs de production :
organiser les différentes filières vivrières par la mise
en place de système original de crédit qui permette aux paysans
de disposer des facteurs de production et aux commerçants et à la
banque de récupérer leurs avances de fonds. L'achat d'engrais, de
semences améliorées et du matériel agricole ainsi que le
stockage et la commercialisation doivent ainsi être
pré-financés à des conditions assez souples sans cesser
d'être suffisamment répressives pour obliger les paysans à
rembourser leurs dettes. Ainsi, les cultures vivrières pourront
connaître une évolution semblable à celle des produits
d'exportation. Elles peuvent alors non seulement générer des prix
rémunérateurs qui constituent des incitations à la
production mais également créer un pouvoir d'achat
nécessaire au développement d'un marché aussi bien interne
qu'externe.
· Encourager la promotion des petites et moyennes
entreprises en mettant en oeuvres des dispositions pouvant leur permettre
d'accroître leur productivité afin de permettre à la
population active de trouver un emploi.
· Créer des points d'eau dans les villages pour
servir de source de bien-être pour les populations privées
jusqu'à présent de ce bien naturel.
· L'extension du réseau électrique ou la
prise des dispositions afin d'assurer l'électrification des zones
rurales permettrait aux populations de mener des activités intenses.
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