4.1.2 Scolarisation différentielle selon le lien de
parenté avec le chef de ménage
Les ménages africains en général et ceux
du Tchad en particulier sont non nucléaires car ils accueillent en leur
sein des individus étrangers au noyau familial du chef de ménage,
du fait de la solidarité familiale qui est au centre des
stratégies de subsistance de plusieurs ménages. Locoh (1998),
cité par Marcoux (1994), estime que "ces solidarités
représentent en quelque sorte, une réponse aux difficultés
économiques que traversent un nombre croissant de ménages en
Afrique" (p.123), c'est bien pour cette raison que de nombreux ménages
en ville acceptent les enfants ayant un lien ou non avec le chef de
ménage.
Nous avons considéré d'un côté les
enfants du chef de ménage et de l'autre ceux ayant un lien ou non avec
le chef afin d'analyser les associations entre le lien de parenté et la
fréquentation scolaire.
Tableau 4.2 : Taux de scolarisation des filles
et des garçons et indices de parité IPT (G/F) par tranche
d'âges selon le lien de parenté avec le chef de ménage
à l'EDS-II (2004)
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad47.png)
Tranche d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad48.png)
Lien de parenté
avec le CM G F IPT (G/F) G F IPT
(G/F)
Enfants du CM 44,0 31,9 1,4 40,9 25,3 1,6
Autres enfants 53,6 39,4 1,4 46,3 27,5 1,7
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Proba Khi-deux 0,031 0,000 - 0,06 1 0,000 -
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad49.png)
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad50.png)
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad51.png)
Source: Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Le tableau 4.2 révèle que quels que soient
l'âge et le lien de parenté de l'enfant avec le chef de
ménage, les garçons sont mieux scolarisés que les filles
et que les inégalités sont plus fortes chez les 15-24 ans que
chez les 6-14 ans. En effet, alors que les fils du chef de ménage et les
autres fils du ménage âgés de 6-14 ans ont 1,4 fois plus de
chance de fréquenter l'école que les filles du même
ménage. Les fils du chef de ménage âgés de 15-24 ans
ont 1,6 fois plus de chance d'être scolarisés que leurs soeurs et
les autres garçons du chef de ménage ont 1,7 fois de chance que
leurs homologues filles. Il ressort de cette analyse qu'il n'y a presque pas de
discrimination entre les enfants du chef de ménage et les autres enfants
du ménage quel que soit la tranche d'âges des enfants. Cet
état de fait s'expliquerait par le fait que pour la plupart des cas, les
enfants sont confiés pour la poursuite des études et que
vraisemblablement leurs parents assurent leur scolarité et les autres
frais connexes. Quel que soit le sexe, les enfants du chef de ménage
sont plus scolarisés que les autres enfants du ménage.
4.2 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON LE
MILIEU ET LA REGION DE RESIDENCE
Des études antérieures menées en Afrique
ont montré de grandes différences de taux de fréquentation
scolaire et des inégalités entre filles et garçons, entre
le milieu rural et le milieu urbain d'une part et d'autre part entre la
capitale et les autres milieux. Au Tchad comme dans biens d'autres pays
africains, les taux de scolarisation et les inégalités
évoquées entre sexes dépendent en partie de l'offre
scolaire, souvent concentrée dans les centres urbains et certaines
régions bien particulières du pays. Le manque d'hommes et de
matériels en milieu rural influencent négativement le taux de
scolarisation des enfants. D'après Yaro (1995):
« Le déséquilibre scolaire entre
provinces, d'une part, s 'explique en partie par l'inégale
répartition des infrastructures scolaires sur l'ensemble du pays; cela
entraîne sans doute des phénomènes de sous scolarisation
» (p.121).
Par ailleurs, le comportement des parents dans le domaine de
la scolarisation varie d'un milieu à un autre ; et d'une région
à une autre.
4.2.1 Scolarisation différentielle selon le
milieu de résidence
Le milieu de résidence est significativement
associé à la fréquentation scolaire des enfants au seuil
de 1 %o. L'offre scolaire étant meilleure en milieu urbain qu'en milieu
rural, l'on s'attend à ce que les taux de scolarisation soient une
fonction croissante du niveau d'urbanisation du milieu. C'est ce que
révèle le tableau 4.3 où l'on note de forts taux de
scolarisation dans la capitale et les autres centres urbains par rapport au
milieu rural quels que soient l'âge et le sexe. En effet, chez les
garçons de 6-14 ans, les taux de scolarisation à N'Djaména
et en milieu rural sont respectivement 78,1% et 40,5% tandis que chez leurs
homologues de l'autre sexe, ils sont de 67,6% et 28,1% respectivement. Quant
aux inégalités sexuelles entre enfants de 15-24 ans, comme on
pouvait s'y attendre, elles sont plus fortes en milieu rural (3,6) que dans les
milieux urbains (1,8 pour les autres centres urbains et 1,5 pour la ville de
N'Dj aména). Le contraste est que chez les 6-14 ans, quel que soit le
milieu de résidence, les inégalités sexuelles sont
relativement égales (1,2 à N'Djaména, 1,3 dans les autres
centres urbains et 1,4 en milieu rural). Cela s'expliquerait par le fait que
l'accent est mis sur les infrastructures scolaires de base sur l'ensemble du
territoire. Donc, plus on augmente en âge, plus les écarts entre
sexes s'accentuent quel que soit le milieu de résidence. Tant chez les
6-14 ans que chez les 15-24 ans, les écarts augmentent avec
l'urbanisation.
Tableau 4.3 : Variation des taux de
scolarisation des filles et garçons par tranche d'âges selon le
milieu de résidence et indices de parité des taux IPT (G/F)
à l'EDS-II (2004)
Milieu de
Tranches d'âges et sexe des enfants
6-14 ans 15-24 ans
résidence G F IPT (G/F) G F
IPT (G/F)
N'djaména 78,1 67,6 1,2 63,4 42,8 1,5
Autres urbains 61,3 47,8 1,3 49,7 27,0 1,8
Rural 40,5 28,1 1,4 33,3 9,2 3,6
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad52.png)
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Proba Khi-deux 0,000 0,00 1 - 0,000 0,000 -
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad53.png)
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Les efforts déployés par les pouvoirs publics et
les collectivités locales en faveur de l'école sont relativement
récompensés du point de vue d'équilibre des écarts
entre milieu chez les 6-14 ans. En revanche ces efforts sont toujours
insuffisants en ce qui concernent les enfants de 15-24 ans en milieu rural
où les taux restent faibles et les inégalités importantes.
On pourrait expliquer cela par le fait que, malgré la création
des écoles en milieu rural, les pesanteurs culturelles sont tellement
fortes que très peu de filles peuvent fréquenter car
l'école moderne est considérée par certains parents comme
génératrice de mauvaises attitudes chez les filles. Toutefois, il
faut signaler que les inégalités entre milieux peuvent masquer
d'autres formes d'inégalités notamment entre régions quand
on sait qu'il existe une forte association entre milieu et région de
résidence.
Figure 4.2: Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans et 15-24 ans par sexe et selon le milieu de résidence
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad54.png)
Taux 70 60 50 40 30 20 10
0
N'Djaména Autres
centres urbains
Enfants de 15-24 ans
Rural
Garçon Fille
![](determinants-disparites-sexes-scolarisation-tchad55.png)
Taux
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
N'DjaménaAutres
centres
urbains
Enfants de 6-14 ans
Rural
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