Tableau 3 : Test de Dickey-Fuller Augmenté
pour toutes les variables
Txcrois Pibh1 Texch
Logtxpop Apd Logtxinv valeur
critique
(10%)
|
Trend-intercept
ADF ...........-5,603***...-2,539.....-2,397....
.-6,476***....-2,544.......-2,813........ -3,21
ADF
FD.......................-3,053....-4,553***.................-3,712**...................
-3,21
Intercept
ADF
.........-5,667***...-2,015.....-1,416.......-2,175.......-0,346......-3,009**....-2,61
ADF
FD.....................-3,154**...-4,566***................-3,754***..................-2,61
None
ADF..........
-4,024***....0,549.....-1,242.........0,228........1,573........0,038.......-1,62
ADF
FD....................-2,986***..-4,623***...............-3,056***..................
-1,62
|
Open Deficit
Servexp Dext (Dext )2
Valeur
critique
(10%)
|
Trend-intercept
ADF ...........1,865.......-2,913...........-2,502.....
....-3,753**......-3,188........... -3,21
ADF
FD......-3,790**.......................-5,289***.....................-3,384*..........
-3,21
Intercept
ADF ......0,248..........
-2,971**.........-1,473..........-0,840........-0,981...............-2,61
ADF
FD...-3,711***...........................-5,368***.....................-3,506***.........-2,61
None
ADF..........1.088.........-3,015***.......0,062...........0,877..........0,162..............-1,62
ADF
FD...-2,989***........................-5,341***....................-3,349***........-1,62
|
Source: Données calculées à partir
de la base de données de la Banque mondiale.
NB : ADF est le test de Dickey Fuller
Augmenté, FD la différence première. Ainsi ***indique que
la valeur est significative au seuil de 1% ; ** au seuil de 5% et *
au seuil de 10%.
D'après le tableau 4, les variables taux de croissance
réelle par tête, taux de croissance démographique et taux
d'investissement (en logarithme) ainsi que le déficit de
l'administration centrale et l'encours de la dette sur le PIB sont stationnaire
en niveau ; alors que le revenu réel par habitant
décalé d'une période, les variations des termes de
l'échange, un indicateur de l'ouverture commerciale, le total du service
de la dette publique en pourcentage des exportations et l'encours de la
dette extérieure sur le PIB élevée au carré sont
stationnaire en différence première.
III.2.1.2 Résultats et interprétations
économiques
On remarque une corrélation positive entre le taux de
croissance économique et l'aide publique au développement, les
investissements et ont respectivement le signe attendu ; le service de la
dette, le PIB réel décalé et l'encours de la dette
extérieure sur PIB qui n'ont pas le signe attendu. Cependant le solde
budgétaire, l'encours de la dette extérieure sur le PIB au
carré, le taux d'ouverture commerciale, le taux de croissance
démographique et les variations des termes de l'échange
influencent tous négativement la croissance.
Le modèle estimé après correction de
l'autocorrelation a donné les résultats suivants :
Tableau 4 : Résultats de
l'estimation économétrique sur Eviews
Variables explicatives
|
Coefficients estimés
|
Probabilités associées
|
C
D(Pibh1)
Texch
Logtxpop
D(apd)
Logtxinv
Deficit
D(open)
D(Servexp)
Dext
D(Dext2)
AR (1)
|
-49,6512***
0,0374**
-1,28 10-10**
-2,6836
2,20 10-08*
15,5081***
-0,2863**
-0,0743
0,5977***
0,1043**
-0,2077*
-0,5472
|
0,0035
0,0150
0,0204
0,6086
0,0781
0,0013
0,0345
0,4298
0,0060
0,0428
0,0956
0,0111
|
F statistic
|
2,8231
|
0,0019
|
R2 = 0,7965
R2 ajusté = 0,6855
|
Source : Estimation sur Eviews de nos
données en annexe.
* **indique que la valeur est significative au seuil de
1% ;
** indique que la valeur est significative au seuil de
5% ;
* indique que la valeur est significative au seuil de 10%.
La validation du modèle comprend les validations
économiques, statistiques et économétriques.
Ø La validation économique
Dans l'ensemble le modèle est cohérent du point
de vue de la théorie économique pour les variables taux de
croissance démographique, taux d'investissement, l'aide publique au
développement, l'encours de la dette extérieure sur le PIB ainsi
que sa valeur élevée au carrée. En effet toutes ces
variables ont respecté les signes prévus (équation
estimée ci-dessus). En outre les variables comme le revenu réel
par habitant influence positivement la croissance économique
réelle contrairement à la théorie économique. Le
signe attendu du solde budgétaire et celui du service de la dette par
rapport aux exportations sont contraires aussi à la théorie
économique.
Ø La validation statistique et
économétrique
Dans notre modèle ce coefficient est sensiblement
égale à 0,7965 (voir du Tableau 4). Ce qui signifie que les
fluctuations du taux de croissance économique réelle par
tête sont expliquées à 79,65% par les variables retenues
dans le modèle.
Le test d'adéquation d'ensemble de Fisher vient
conforter celui du coefficient de détermination. En effet, la
statistique de Fisher calculée F est égale 2,8231 avec une
probabilité critique associée de 0,0019, donc la qualité
globale du modèle est très acceptable. Ce qui nous conduit
à vérifier la qualité individuelle des variables
explicatives.
Le test de la qualité individuelle des variables est
apprécié avec les probabilités critiques associées
aux différents coefficients estimés.
· Le coefficient du revenu réel par tête
décalé est significativement positif car la probabilité
associée est inférieure à 5% mais le signe est contraire
à la théorie économique.
· Le taux d'investissement est aussi significatif avec le
signe attendu bien qu'il est considéré uniquement que le taux
d'investissement public.
· L'aide au développement est significatif mais a
un coefficient très faible mais positif justifiant sa
médiocrité malgré son impact significatif sur la
croissance ;
· Le coefficient du taux d'ouverture commerciale, quant
à lui, a un signe négatif et est non significatif traduisant que
l'ouverture commerciale n'a peut-être pas d'impact sur la
productivité à travers les transferts des connaissances et des
bénéfices efficients et de façon consécutive sur la
croissance du Burkina ;
· Le coefficient de taux de croissance
démographique n'est pas significatif et son signe attendu confirme la
littérature sur la croissance à savoir qu'elle l'influence
négativement ;
· Le solde budgétaire a un impact négatif
sur la croissance du Burkina et son coefficient est significatif. Cela suppose
que les politiques du gouvernement et du budget n'ont pas d'impact réel
d'autant plus que le budget est chroniquement déficitaire.
· Les variations des termes de l'échange ont un
impact négatif sur la croissance dans le cas du Burkina Faso et restent
significatives mais faibles car il est très vulnérable aux chocs
extérieurs avec une balance commerciale structurellement
déficitaire.
Les variables de contrôles sont complétées
par le ratio de service de la dette aux exportations qui n'a pas le signe
attendu (négatif) pour son coefficient et est significatif. Par
conséquent pour le Burkina Faso, le service de la dette contrairement
à l'encours de la dette, a une incidence directe sur la croissance,
peut-être parce que ses effets ne s'exercent pas sur l'investissement et
cela parce que la dette publique du Burkina Faso est majoritairement
extérieure. Toutes choses étant égales par ailleurs, un
service plus lourd peut accroître la facture des intérêts et
le déficit budgétaire de l'État et réduire ainsi
l'épargne publique; cette évolution peut, à son tour,
conduire soit à une hausse des taux d'intérêt, soit
à l'éviction des investissements privés. Un tel service
peut en outre réduire le montant des ressources disponibles pour
l'infrastructure et la formation du capital humain, avec les effets
négatifs à en attendre sur la croissance.
Dans l'équation de croissance on a introduit
l'indicateur de dette extérieure sur le PIB au carré dans le but
d'estimer une courbe de Laffer entre la dette et la croissance et de cette
manière, connaître le niveau de la dette pour lequel l'effet sur
la croissance est optimal et le degré à partir duquel il devient
négatif. En effet, nos résultats montrent qu'il y a une relation
non linéaire entre la dette et la croissance car le coefficient de la
dette extérieure sur le PIB est positif tandis que celui de la dette
extérieure sur le PIB élevée au carré est
négatif et sont tous significatifs à 10%. Ainsi le cas du Burkina
démontre un comportement comme celui décrit par la courbe de
Laffer. En maximisant l'équation de croissance quadratique en ce qui
concerne la dette extérieure, on a trouvé que le niveau optimal
pour la croissance correspond à une proportion de 25,11%11(*) de dette extérieure sur
le PIB. A partir de ce niveau la contribution marginale de la dette à la
croissance diminue progressivement.
A propos de la théorie du surendettement (debt
overhang), il est vérifié dans par les conclusions de nos
estimations. Ainsi, son effet désincitatif à travers une taxation
marginale de la dette sur les investissements suite à une grande
probabilité de l'accroissement de la pression fiscale reste
généralement très faible mais évidente. Cela
s'explique dans le fait que le système fiscal du Burkina contrairement
à celui des pays pauvres est assez structuré et contribue
à la croissance économique du pays. En plus, beaucoup
d'études montrent que l'accroissement de la pression fiscale dans les
pays africains n'a pas d'effet considérable sur les investissements
privés car leur système fiscal est caractérisé par
des exonérations fiscales très élevées, une
corruption vive faisant que les recettes publiques soient
détournées. Il sied également de noter que dans les pays
pauvres très endettés africains et particulièrement le
Burkina Faso, l'investissement public constitue le moteur principal de la
croissance [Clement et al (2003) l'ont démontré empiriquement].
Il faut noter également que cela est à mettre à l'actif
des services de collecte de l'impôt du Burkina qui depuis un certain
temps fait beaucoup d'effort dans le recouvrement de l'impôt.
En définitive il existe au Burkina Faso une
corrélation entre l'endettement et la croissance confirmant celle que
les chercheurs ont décelée dans les pays pauvres très
endettés de manière générale. En plus, l'incidence
de l'endettement sur la croissance est plus marquée lorsque l'on tient
compte de ses effets sur l'investissement public et le solde budgétaire
de l'administration centrale, qui sont tous deux des facteurs
déterminants de la croissance.
III.2.2 Recommandations de
politiques économiques et les limites de la recherche
Dans cette partie il sera question de tirer des conclusions
quant aux méthodes opérationnelles capables d'impulser une
croissance économique au Burkina Faso tout en maintenant un niveau
d'endettement viable mais également de montrer les limites de la
recherche.
III.3.1 Les recommandations de politiques
économiques
Depuis son origine dans les années 1980, la crise de la
dette des pays en développement a marqué une rupture profonde
dans l'aide publique au développement12(*) (APD) dans la mesure où elle a
révélé que les prêts d'assistance s'étaient
accumulés en une dette insoutenable remettant en question l'utilisation
des prêts pour financer le développement. Ainsi Lerrick et Meltzer
(2002), Radelet (2005) soutiennent que les prêts créent des
incitations perverses, liées en particulier aux pressions sur les
créditeurs de faire de nouveaux prêts qui permettent aux pays de
rembourser les plus anciens, tandis que les dons peuvent être
conçus pour créer des incitations positives.
La mauvaise gestion du service de la dette extérieure
et l'absence d'une discipline financière rigoureuse ont
entraîné un accroissement considérable du poids de la
dette. Ceci a rendu l'adoption du PAS tout à fait inévitable.
L'objectif fondamental du PAS est d'assainir la situation de
l'économie ; pour y parvenir, il est nécessaire d'un
côté de rendre les structures de production, de prix de
décision et de gestion plus flexibles et plus adaptées aux
exigences de l'efficacité et de l'évolution de l'environnement
économique national et international. La capacité de gérer
effectivement la dette extérieure dépend essentiellement de la
liberté des autorités concernées par cette gestion, de
choisir et de prendre des décisions tels que les moments d'intervention,
les montants et les devises à emprunter et le remboursement par
anticipation. Sans une maîtrise effective des différentes
variables de la dette et des conditions d'emprunts, il serait difficile de
penser à une gestion valable de la dette. L'essentiel dans cette gestion
est qu'il ne faut jamais laisser le taux de croissance de la dette
dépasser le taux de croissance du PIB. L'agrégat
macroéconomique qui revêt un caractère préoccupant
est le ratio de la valeur actuelle de la dette sur les recettes d'exportations.
Ceci, au regard de la contrainte réelle que représente la hausse
des taux d'intérêt internationaux, l'appréciation de l'euro
par rapport au dollar et la baisse des cours internationaux du coton. La
défense de la restauration de la solvabilité de la dette à
travers la réduction et l'annulation de la dette a été
envahissante. Toutefois cela n'implique pas que les instruments de la dette
doivent être discrédités. En effet, en dépit de
l'allègement de la dette, le niveau de la dette extérieure
appréhendé à travers ce ratio demeure non soutenable. Le
ratio de la valeur actualisée nette de la dette rapporté aux
exportations est estimé pour l'année 2004 à environ 225,9%
contre un objectif de 193% et les projections montrent que le déclin
attendu en 2017 ne sera probablement pas réalisé en dehors de
tout autre allègement de la dette, car le ratio à cette dette
sera de l'ordre de 231,6%. Pour faire face à cette situation, la
stratégie du gouvernement ne peut être que de contracter des
financements uniquement sous forme de dons, de contracter et de garantir des
prêts ne comportant qu'un élément de don supérieur
à 35%.
Nos résultats montre le rôle assez faible de
l'APD dans la croissance économique cependant dans une optique
d'atteinte des OMD il faudrait que les IFI arrivent à faire une
distinction claire pour l'APD (qui sera composé uniquement de dons
directs) des prêts que les marchés et intermédiaires
financiers fourniraient. Une première explication repose sur
l'idée que les PED sont insolvables à cause du manque
d'institution crédible qui leur rappellerait leur engagement à
rembourser la dette. Les prêts subventionnés dans ce cas n'ont de
sens qui si les institutions de développement multilatérales ou
bilatérales sont dans une meilleure position que le marché
privé pour obtenir le remboursement en dépit des faiblesses
institutionnelles locales. Une autre explication est reliée au
« paradoxe de Lucas » (Lucas, 1990). Lucas posait la
question de savoir pourquoi le capital ne circule pas entre des pays riches
vers les pays pauvres. Dans un cadre néoclassique avec une fonction de
production standard à rendement d'échelle constant, le rendement
du capital devrait être plus élevé dans les pays pauvres
où le capital est rare et par conséquent ces pays devraient
recevoir les flux massifs de capitaux. Alfaro et al. (2005) concluent aussi de
leurs investigations empiriques sur la période 1970-2000 que la faible
qualité institutionnelle a été l'explication majeure de ce
paradoxe. Comment les IFI peuvent-elles aider les pays en développement
à stimuler leur croissance suffisamment pour atteindre ces objectifs
sans créer de nouveaux problèmes d'endettement qui pourraient les
faire dévier de leur trajectoire? La réponse, évidemment,
est une forte augmentation des dons accordés à ces pays,
combinée à l'élimination des obstacles aux échanges
et des subventions agricoles dans le monde industrialisé. Faute de
progrès notables sur ces deux fronts, toutefois, le maintien d'une dette
viable devient une épreuve cruciale en vue d'atteindre les OMD.
En ce qui concerne le Burkina Faso, les données issues
des balances des paiements montrent que le Burkina Faso a globalement
reçu, depuis 1997, des investissements directs nets couvrant à
peine 1% de son besoin de financement même si l'on y ajoute les
financements nets reçus de l'extérieur sous forme
d'investissements de portefeuille. Ces flux d'investissements pourraient
prochainement s'affaiblir puisque plus de 75 % de l'appareil productif est
d'ores et déjà privatisé. Seules des extensions de
capacités de production ou des implantations nouvelles, tant dans le
secteur industriel (surtout au niveau du secteur des mines avec le nouveau code
minier) que dans le secteur tertiaire seront de sources de croissance des flux
d'investissement à condition que le Burkina continue de créer les
conditions d'attractivité en la matière. Il est clair que
l'éventualité d'une nouvelle crise d'endettement suite à
une reprise des prêts aux PED est un argument majeur contre l'octroi de
nouveaux prêts. Cependant il est difficile de comprendre comment un
financement extérieur composé d'un mélange de dons et de
prêts aussi bon marché a pu conduire à une crise
d'endettement. Cette crise, elle-même est atypique, en ce sens qu'elle ne
correspond pas vraiment à ce que l'on nomme « crise
d'endettement » pour les pays émergents. Ainsi par exemple,
des pays comme le Burkina et le Mali ont remboursé la totalité du
service de leur dette depuis 1994 sans problème majeur (Raffinot ;
2004). Ils ont également bénéficié d'une
série de réduction de dette. Pourtant ces pays qui ont
assuré le service de leur dette sont considérés comme
faisant partie du même groupe de pays que ceux qui n'ont pas
remboursé souvent pour des raisons politique interne, de
désorganisation administrative ou de guerre civile.
En définitive une stratégie d'emprunt durable
doit tenir compte de six types de contraintes (qui se chevauchent souvent)
pesant sur la capacité des pays à faible revenu de
générer les ressources nécessaires pour assurer le service
de leur dette :
· Les contraintes de ressources : le service
de la dette doit être tiré du PIB du pays, ce qui peut être
particulièrement problématique pour les pays les plus pauvres,
où des ponctions supplémentaires sur les ressources peuvent
pousser le revenu par habitant en deçà du niveau de
subsistance.
· Les contraintes de devises : les facteurs
intérieurs de production peuvent être transformés de
manière limitée en devises pour assurer le service de la dette et
financer les importations ;
· Les contraintes budgétaires : il
s'agit de la capacité limitée des pouvoirs publics de
prélever des impôts afin d'assurer le service de la dette, en plus
des autres dépenses prioritaires ;
· La fongibilité limitée des
ressources, qui résulte, par exemple, de l'affectation de recettes
à des administrations ou organismes locaux, ou de restrictions à
l'utilisation de l'aide étrangère pour assurer le service de la
dette ;
· Les contraintes de refinancement : il
s'agit du recours à des créanciers et donateurs essentiellement
officiels pour refinancer de gros paiements concentrés du service de la
dette ;
· Des considérations politiques et
morales, par exemple en ce qui concerne le rapport entre les ressources
affectées au service de la dette et les dépenses sociales ou de
lutte contre la pauvreté.
III.3.2 Les limites de la recherche
L'étude a effectué une exploration profonde de
la littérature sur la relation dette extérieure, investissement
et croissance. Pour une analyse plus approfondie du problème posé
dans ce document il requerrait un plus grand nombre d'observations. L'absence
de données auprès des structures nationales fait certaines
variables comme le capital humain et le taux de scolarisation au secondaire ont
été omises. En outre, pour quelques variables les changements de
base calcul peuvent produire d'importantes distorsions dans la mesure. Ainsi,
l'utilisation des données de la DDP du Burkina avec celles du FMI-Banque
mondiale pose le problème de base du taux de change. Une
conséquence de ce qui précède, bien que on ait
considéré d'autres variables comme importantes dans la
spécification de l'équation de croissance, celles-ci n'ont pas
été significatives dans les estimations. Ces variables sont :
taux de croissance démographique et indicateur de l'ouverture
commerciale. Il est intéressant d'explorer les motifs de l'endettement
extérieur du pays et l'utilisation de ces ressources contractées.
En plus, puisque le Burkina Faso est qualifiée comme un pays hautement
endetté selon la classification des organismes internationaux, il est
important d'explorer la réaction qu'ont eu les créanciers devant
cette situation. Finalement, les résultats obtenus dans ce travail
correspondent au premier exercice de ce type pour l'économie
burkinabè lesquels doivent être contrastés avec de futurs
développements sur le sujet.
Conclusion Générale
L'endettement extérieur burkinabè et son
activité économique ont évolué de manière
cyclique depuis 1970 jusqu'à 2005. Dans la décennie 70 la dette
extérieure, l'investissement et l'activité économique ont
présenté de hauts taux de croissance. Dans les années
quatre-vingt dix, la croissance économique a
décéléré tant que l'endettement extérieur a
été accéléré avec l'investissement public.
Dans cette dernière période, la dette du secteur public a
augmentée réduisant ainsi la capacité du Burkina Faso
à rembourser ses dettes qui dépendent à la fois du niveau
d'endettement et de ses performances macroéconomiques à long
terme. Au Burkina les régimes de croissance dépendent encore
largement de facteurs exogènes, et n'assurent pas une croissance
autoentretenue, fondée sur des mécanismes endogènes de
création de richesse. Le seul moyen de limiter le surendettement semble
donc être, à court et moyen terme, de limiter les niveaux
d'endettement du pays.
Ce travail a fait une large revue des questions d'endettement
et surtout le lien entre dette extérieure, investissements et croissance
économique. L'analyse de la viabilité de la dette du Burkina Faso
selon les critères de l'IDA-14 et de l'UEMOA révèle que la
dette extérieure du burkinabè présente des indicateurs au
vert avec pour corollaire 100% de prêts pour les fonds alloués par
l'IDA en 2005 et 2006. L'estimation économétrique par la
méthode des moindres carrés stipulée par la théorie
pour un modèle quadratique de la croissance a confirmé la
première hypothèse et rejeté la seconde. Ainsi,
l'estimation dans l'équation quadratique de croissance trouve que la
dette extérieure sur le PIB est mise en rapport de manière
positive ou négative avec la croissance suivant son niveau pour la
période d'analyse. Dans la simulation de la courbe de Laffer on remarque
que la plus grande contribution de la dette extérieure à la
croissance est atteinte quand la dette extérieure sur le PIB
équivaudra à 25,11%. A partir de ce niveau, la contribution
diminue jusqu'à s'annuler et finalement induire négativement sur
le taux de croissance réelle. Les résultats permettent de
conclure que l'investissement et l'APD (faiblement) influencent la croissance
économique du Burkina.
Selon les résultats obtenus, il y a des preuves
empiriques de l'hypothèse de surendettement dans le cas du Burkina Faso.
Cette conclusion est en adéquation avec le fait que le Burkina Faso est
classé comme un pays pauvre très endetté, selon la Banque
Mondiale, le FMI et des études comme celles présentées par
Henrik Hansen (2002), Cohen (1993), Elbadawi (1996) et Patillo et al. (2002). A
partir de ce qui est exposé dans ce travail, une des recommandations est
que pour financer un déficit fiscal à travers l'endettement
extérieur, il est nécessaire de tenir compte des effets
négatifs que cela produit sur l'exercice de l'activité
économique. Dans un tel sens, la courbe de Laffer pour la dette
extérieure est une approche alternative de discipline fiscale.
Enfin, une autre possibilité pour préciser
certaines relations entre l'endettement extérieur et le comportement de
l'économie pourrait consister à construire des modèles
d'équilibre général calculable de l'économie du
Burkina Faso, pour tester l'impact du remboursement de la dette (notamment sur
le taux de change), et des anticipations de croissance de la pression fiscale.
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* 11 Ce niveau est
égal au négatif du coefficient de la dette extérieure divisé par le
coefficient de la dette au carré multiplié par 2 soit :
-0,1043 / (-0,2077*2) = 25,108
* 12 Pour être
qualifié au titre de l'APD, un prêt doit inclure un
élément de dons à hauteur de 25% par comparaison avec un
prêt d'un montant nominal et d'une durée similaire à un
taux d'intérêt de 10%. Le taux de 10% n'a pas de relation avec le
taux d'intérêt actuel du marché, mais a été
choisi en tant qu'estimation du coût d'opportunité de
l'investissement public pour les bailleurs, qui, à son tour, peut
être approché par le coût d'opportunité sociale des
dépenses publiques en APD supportées par les bailleurs.
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