Le Roman français et l' Avenir de la littérature francophone, face au Manifeste pour une littérature Monde( Télécharger le fichier original )par Mame Diarra DIOP Université Paris IV La Sorbonne - Master 1 de Lettres Modernes Appliquées 2007 |
Le Roman françaisEnquête sur les phénomènes éditoriauxIntroductionLe roman français contemporain en péril ? Le philosophe et sémiologue Tzvetan Todorov s'interroge aujourd'hui sur l'avenir de la littérature moderne. Dans un entretien accordé au journal la Croix Littéraire1(*), il évoque la production littéraire actuelle largement mise en avant par les deux rentrées de Septembre et de Janvier. Premier constat : « Le péril viendrait de l'enseignement scolaire qui a subi une mutation au lendemain de 68. Pour Todorov, l'absurde serait un trait dominant de cette littérature, à laquelle l'exigence même de produire des beaux textes, alors une connexion entre le monde réel et le monde imaginaire de l'écrivain, ceci pour mieux nous comprendre, manquerait... Si les critiques littéraires sont jugés fautifs, trois autres phénomènes sont à l'origine de la faiblesse du roman contemporain, le formalisme, le nihilisme et l'autofiction ». Or Todorov juge la littérature porteuse de sens avant tout, symbolique et merveilleuse. Il estime également que si les écrivains modernes écrivent comme ils peuvent, leur univers en revanche est pauvre et monotone, ce qui justifie le faible manque d'intérêt de la littérature française à l'étranger... Par ailleurs, André Schiffrin, éditeur et auteur de l'ouvrage Le contrôle de la parole, évoque un système dépendant de deux grands groupes que sont Editis et Hachette et qui imposent des pratiques commerciales sauvages au livre, cet objet culturel devenu un produit marketing, ceci au détriment du pôle éditorial et surtout de la découverte des auteurs. Car aujourd'hui, dans l'édition, on fabrique plus d'auteurs qu'on en découvre. Nous partirons donc de ces constats pour développer notre argumentation autour de la littérature contemporaine. Nous allons également décrypter des phénomènes éditoriaux comme Les Bienveillantes2(*), véritable tour de force littéraire, ceux qui promettent le succès commercial, comme les nombreuses autofictions exposées sur les rayons des librairies parisiennes, de même que nous parlerons des prix littéraires qui ont couronné à l'automne dernier, des écrivains d'origine étrangère,communément appelés auteurs francophones. Dans notre deuxième partie, nous nous intéresserons à la francophonie, à la littérature francophone et aux écrivains qui la représentent. D'ailleurs, est-il possible de parler de la littérature française et francophone sans évoquer un fait littéraire très important qui a eu lieu cette année au mois de Mars. En effet, 44 écrivains ont publié dans Le Monde des Livres3(*) un manifeste afin de prêcher pour une « Littérature Monde en français » et rejeter l'appellation « francophonie ». A partir de là, nous analyserons les réactions des uns et des autres (éditeurs, auteurs, lecteurs ou libraires) et nous verrons qu'il est n'est pas évident de se faire une plume quand on vient d'ailleurs et sans faire l'objet d'une catégorisation littéraire ou appartenir à une collection au sein d'une grande maison d'édition française. Des questions que nous approfondirons en prenant l'exemple de plusieurs écrivains confirmés ou débutants comme le congolais Wilfried Nsondé4(*) ou la mauricienne Ananda Devi5(*), parmi tant d'autres... La démarche linguistique que nous adopterons sera celle de l'enquête, un peu comme un long article de presse, et à cet égard, il y aura des témoignages et des commentaires tirés de sources périodiques ou Internet pour illustrer notre propos.
* 1 La Croix, édition du 11 janvier 2007 * 2 Les Bienveillantes, Jonathan Littel, Roman, Gallimard, 2006 * 3 Supplément littéraire du journal Le Monde. * 4 Wilfried Nsondé, Le coeur des enfants léopards, Actes Sud, 2006. * 5 Ananda Devi, Eve de ses décombres, Gallimard, Continents Noirs, 2005 |
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