Défini comme la quantité de marchandises en
réserve destinée à satisfaire un besoin ultérieur
et disponible à la vente d'une entreprise, le stock fait souvent l'objet
de mesures drastiques de réduction, tandis qu'il suit une politique
économique et financière.
Après le transport, le stockage est l'activité
la plus génératrice des charges sur la chaîne logistique.
On retrouve dans ce maillon les opérations de manutention manuelle ou
mécanique des produits et des colis vers les emplacements de stockage ou
vers le lieu d'emballage, de conditionnement, d'éclatement,
d'expédition à l'aide d'outils adaptés ; le
contrôle qualitatif et quantitatif des marchandises avec saisie
informatique ; le traitement physique des supports et contenants
(palettes, paniers, conteneurs, bacs en plastiques et caisses) ; la
vérification des conditions de stockage (poids, température
...) ; les inventaires des stocks (inventaire ponctuel, ou tournant).
Dans une entreprise, on trouve des stocks à
différents stades du processus de production: des stocks de
matières premières, de composants, de produits en cours de
fabrication, de produits finis, ... Les stocks sont ainsi un facteur de
flexibilité de l'entreprise, mais ils constituent une charge
financière et une immobilisation de capitaux. La gestion des stocks doit
faire l'objet d'un calcul économique rigoureux.
II.1.1 Notions fondamentales
Pourquoi doit-on créer et maintenir des
stocks ?
Avant de formuler une stratégie de stockage et de
transport, il faut comprendre le rôle que joue le stock dans la
production et le marketing. Les stocks remplissent quatre fonctions
différentes.
Ø Economies d'échelle
Les stocks sont nécessaires pour qu'une entreprise
puisse réaliser des économies d'échelle en termes
d'approvisionnements, de transport et de production. Par exemple, des stocks de
matières premières sont nécessaires pour
bénéficier de réductions de coût associées
à de grands volumes d'achats. De la même manière, les frais
de transport de marchandises achetées peuvent être réduits
par de plus grands volumes d'achats. On peut stocker des produits finis ou des
matières premières pour la même raison :
économies sur les transports, tarifs plus intéressants et
coûts de production réduit par une plus grande quantité de
produits finis fabriqués.
Cependant, la production de grandes quantités peut
générer une accumulation d'invendus pendant une période
improductive trop longue. Le coût de stockage devra être au moins
compensé par une réduction du coût de production. Les
méthodes de production flexibles modifient néanmoins ce
raisonnement car il est possible de réduire considérablement les
délais de production, les coûts de changement des cycles de
production et donc de définir des quantités optimales de
production considérablement réduites.
Ø Equilibrage de l'offre et la
demande
Une offre ou une demande saisonnière peut rendre
nécessaire un certain stock. En effet, la décision de maintenir
toute une année une usine et son personnel en activité peut
impliquer des pics et des creux saisonniers compensés par les stocks.
Par ailleurs, si la demande pour un produit ne subit pas de variations
saisonnières, il se peut que certaines matières premières,
elles, ne soient disponibles qu'une partie de l'année. Il est donc
nécessaire que des stocks équilibrent l'offre et la demande.
Ø Garantie contre les incertitudes de la
demande et du cycle de commande
Les stocks sont constitués comme une mesure de
protection contre les incertitudes. Les stocks de matières
premières peuvent être excédentaires par rapport aux
besoins de la production à cause d'achats spéculatifs en
prévision d'augmentation de prix ou d'incertitudes d'approvisionnement.
Indépendamment de la raison pour laquelle on stocke des matières
premières, le coût de ce stock doit être comparé au
gain à réaliser ou aux surcoûts à éviter.
L'inventaire des en-cours de fabrication permet d'éviter des
arrêts de production et d'égaliser les flux de fabrication puisque
différents en-cours seront nécessaires en quantités
variables pour les cycles de production. De plus, si un mode de fabrication
flexible est envisagé, une rupture d'approvisionnement en
matières premières peut aboutir au blocage total de la
production. Le stock de produits finis est souvent considéré
comme l'un des moyens d'améliorer le service à la
clientèle en réduisant le risque d'une rupture de stocks ou les
fluctuations des délais de production. Le stockage de produits finis
devra être dosé en fonction de la demande prévisible ou
planifiée.
Ø Sécurité d'approvisionnement
dans les réseaux de distribution
Les stocks sont conservés tout le long du
réseau de distribution pour agir comme régulateur aux interfaces
critiques suivantes :
- fournisseur/service des approvisionnements
- service des approvisionnements/production
- production/marketing
- marketing /distribution
- distribution/commerce de détail
- commerce de détail/consommateur final.
Puisque les différents participants à cette
chaîne sont séparés géographiquement, il est
nécessaire de prévoir des stocks à tous les stades du
circuit commercial et industriel. Ces stocks constituent de véritables
relais, des tampons qui amortissent les aléas de l'approvisionnement.
L'ensemble de ce processus dépend du réseau de communication qui
fait circuler les informations du client vers l'entreprise, de l'entreprise
vers le consommateur et vers les fournisseurs. Il est clair que ces flux
d'informations font partie intégrante du système logistique.
Outre ce flux d'informations, on rencontre aussi et de plus
en plus un flux de retour de matières du client vers l'entreprise et qui
fait partie de ce qu'on appelle la logistique des flux de retours de
matières premières (reverse logistics flow).
II.1.2. Principaux types de stocks
Ils sont au nombre de six.
Ø Stock du cycle de commande
C'est le stock de produits finis nécessaire à
la satisfaction d'un cycle complet de commande. Si la demande et les
délais de réapprovisionnement sont constants, seul ce type de
stockage est nécessaire.
Ø Stock en transit
Il s'agit d'articles en cours de transfert entre
différents postes de la chaîne de valeur physique. Une partie est
considérée comme incluse au stock du cycle de commande,
étant stockée dans la zone de distribution de la chaîne de
valeur physique. Ce stock devra être considéré pour le
calcul du coût intrinsèque des stocks.
Ø Stock de sécurité ou stock
tampon
Ce stock sert de sécurité en cas d'incertitude
de la demande ou des délais de réapprovisionnement. Dans ce
concept, on garde une partie du stock moyen pour se couvrir des variations
à court terme de la demande et du délai. Le stock moyen sera
obtenu en ajoutant au stock moyen du cycle de commande (soit la moitié
de la quantité de commande, 100 = 200/2) le stock de
sécurité suivant les cas a, b et c ci-après.
a : demande variable et délai constant
b : demande constante et délai variable
c : demande et délai variables
Ø Stock spéculatif
C'est le stock entreposé au-delà du stock moyen
décrit ci-avant et destiné à se prémunir contre une
augmentation de prix, la fluctuation des monnaies ou une pénurie
d'approvisionnement.
Ø Stock saisonnier
Le stock saisonnier est une forme de stock spéculatif
qui implique l'accumulation de stock en vue de répondre à une
demande saisonnière, permettant de stabiliser l'organisation de
l'entreprise en termes d'emploi et de production.
Ø Stock mort
Il s'agit d'articles pour lesquels on n'a enregistré
aucune demande sur une période donnée. Ces stocks peuvent
être éventuellement liquidés au rabais ou
dévalués pour obsolescence.
II.1.3. Le poids financier des stocks.
Le coût des stocks dépasse largement celui de
l'immobilisation financière car il comprend :
· Les frais financiers dus à l'immobilisation
financière ;
· Les risques de pertes sur stock telles que :
- les dégradations au cours du stockage,
- les accidents de manutention,
- les disparitions dues à des vols ou à des
erreurs de rangement,
- les obsolescences dues aux évolutions techniques et
aux modifications de produits finis ;
· Les frais d'assurance calculés en fonction du
montant de stock ;
· Les frais liés à l'existence du magasin
(magasinier, matériel de manutention, surface de magasin...).
Au total, on considère généralement que
le stock coûte chaque année à l'entreprise environ 20% de
sa valeur en moyenne. La figure ci-contre résume ces différents
coûts.
Coûts de financement des investissements en stocks
Investissement en stock
Assurances
Coûts associés à la tenue de stock
Taxes
Coût intrinsèque des stocks
Entrepôts d'usine
Coûts associés à l'espace de stockage
Entrepôts publics
Entrepôts loués
Entrepôt propriété de l'entreprise
Coûts associés aux risques sur stock
Obsolescence
Dégâts
Déperditions (vols et pertes)
Transbordement ou transfert interne
Figure 6: Modèle du coût intrinsèque
des stocks
Constatant, l'immensité du coût des stocks
beaucoup de techniques ont été développées pour
amoindrir le niveau des stocks afin d'accroître la rentabilité des
entreprises. Les paragraphes qui suivent traitent des ces techniques.