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INSTITUT DE GESTION DE RENNES
UNIVERSITE DE RENNES I
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MASTER MARKETING
Spécialité : Marketing stratégique
et opérationnel
QUELLE STRATEGIE MARKETING ENVISAGER
SUR LE MARCHE DES SENIORS DANS
LA BANCASSURANCE ?
APPLICATION AU CREDIT MUTUEL DE BRETAGNE
Nom : LE MOAL Prénom :
Isabelle Promotion : 2004 - 2005
Soutenu en : novembre 2005
Noté : __ / 20
INTRODUCTION
GENERALE
Quel est le point commun entre Catherine Deneuve, Patrick
Poivre d'Arvor et Michel Platini exception faite de leur renommée ? A
priori, rien ne les réunit. La comparaison de leur sexe, de leur
activité, de leur statut familial, de leur région d'appartenance,
de leur religion ne nous éclaire pas. Et pourtant, ces
personnalités ont deux points communs : leur âge (elles ont
toutes plus de 50 ans) et leur appellation (elles sont des seniors).
Ces personnalités détonnent avec l'image des seniors
âgés, retirés et en situation de dépendance qu'ont
donné les médias suite à la canicule de
l'été 2003.
S'il nous est difficile de déterminer l'âge
à partir duquel un individu devient un senior, la littérature
s'accorde à présenter les seniors comme des sujets qui prennent
le pouvoir dans notre société. Plus nombreux qu'hier et moins que
demain, les seniors sont en bonne santé. Disposant de plus d'argent, ils
ont également plus de temps pour le dépenser.
Ces aspects nous conduisent à nous interroger
sur le potentiel des seniors dans la bancassu rance.
L'intérêt de notre
réflexion.
Cette réflexion a un intérêt
universitaire dans le domaine du comportement des consommateurs et
notamment celui des seniors. Mêlant des générations et des
situations familiales et socioprofessionnelles très différentes,
les seniors renvoient aujourd'hui des reflets multiples au miroir des
comportements. Pour répondre à leurs attentes, il devient
indispensable de les segmenter et les modèles ne font pas défaut.
Néanmoins, il convient de déterminer parmi eux lequel s'adapte le
mieux aux seniors dans le domaine de la bancassurance.
A cela s'ajoute l'intérêt professionnel.
Le Crédit Mutuel de Bretagne est une banque qui s'organise depuis
plus de cent ans pour répondre concrètement aux besoins
financiers des habitants de son territoire. Cet établissement,
fondé sur des valeurs humanistes (le mutualisme et la
coopération), renforce sa volonté d'écoute, de
transparence et d'attention grâce à son organisation
démocratique. Cela en fait une banque différente des autres.
Le Crédit Mutuel de Bretagne ne peut pas ignorer les
seniors. Si l'établissement pénètre plus de la
moitié du marché en Bretagne, les seniors constituent plus d'un
tiers de son portefeuille de particuliers.
Nonobstant, le Crédit Mutuel de Bretagne s'adresse aux
seniors comme à un autre sociétaire ne différenciant pas
ses politiques de produit, de prix, de distribution et de communication.
L'organisation craint que ses seniors « n'aillent voir ailleurs »,
séduits par des offres plus attractives. Le risque de « butinage
» menace sa stratégie de fidélisation et la Direction
Marketing doit reconsidérer sa démarche marketing dans le cadre
du Plan 2005 - 2010. De ce fait, elle doit s'atteler à mieux
connaître ses seniors pour affiner leur segmentation (réduite
aujourd'hui à l'âge des sujets).
Notre problématique et son
hypothèse.
Cela nous conduit donc à nous interroger sur la
stratégie marketing à envisager auprès des seniors dans la
bancassurance.
Proposer une telle stratégie suppose, au
préalable, d'en vérifier la nécessité. Les seniors
requièrent-ils une approche différente d'un étudiant de 20
ans ou d'une mère active ayant deux enfants scolarisés ? La
réponse à cette question demande de s'assurer de la
spécificité des seniors.
Une stratégie marketing distincte requière un
investissement considérable pour une organisation en terme de ressources
humaines, financières et techniques. Si nous n'avons donc pas le droit
de nous tromper, nous avons le devoir de prendre toutes les précautions
d'usage en répondant à des questions majeures. Sont-ils assez
nombreux pour justifier une démarche marketing particulière ?
Sont-ils économiquement intéressants pour prétendre
à un retour sur investissement ? Dans ce contexte, nous devons
également vérifier que les seniors constituent une cible
intéressante.
Cela nous amène à formuler notre
hypothèse de recherche : les seniors constituent une cible attractive et
spécifique dans la bancassurance.
Notre hypothèse renvoie à deux champs
d'investigation. Le premier champ de recherche concerne les sujets auxquels
nous nous intéressons : les seniors. Sont-ils des quinquagénaires
en quête du grand frisson ou des vieux hommes grisonnants, fragiles et
retirés ? Avons-nous à faire à des individus
généreux ou égoïstes ? Sont-ils aisés ou
démunis ? Sont-ils cigales ou fourmis ? Investissent-ils dans la pierre
ou dans les technologies ?
Second champ d'investigation : la bancassurance. La bancassurance
est un récent concept qui a connu de profondes mutations avec la
déréglementation. Nous avons pu assister à la convergence
de la banque et de l'assurance puis à l'émergence de banques
spécialisées (banque de fortunes, banque par internet, banque
des Portugais et même une banque des seniors). Si certaines banques
segmentent pour mieux répondre aux attentes de leurs clients que ne le
font leurs concurrents, d'autres segmentent pour exploiter de nouvelles
opportunités de marchés ou encore pour concentrer leurs forces et
choisir leur lieu de bataille. Renoncer ici pour mieux conquérir
là s'apparente à de la stratégie militaire et c'est
inévitable dans un environnement fortement concurrentiel. C'est
pourquoi, il est nécessaire de déterminer si les seniors
constituent un enjeu dans la bancassurance et de l'évaluer le cas
échéant.
Cela nous conduit à analyser le marché des
seniors au Crédit Mutuel de Bretagne dans l'optique finale de
répondre à notre problématique.
Notre méthodologie
Nous allons réaliser une recherche documentée
afin de valider l'hypothèse selon laquelle les seniors constituent une
cible attractive et spécifique dans la bancassurance.
Notre étude documentaire va permettre de faire le point
sur l'existant. Technique de recensement et d'analyse d'informations provenant
de sources secondaires, elle va se dérouler en trois étapes.
En premier lieu, nous allons sélectionner des sources.
Internes et externes, elles sont nombreuses et portent sur des données
très diverses. Une difficulté va se poser. Elle réside
dans la détermination du degré de fiabilité de ces
informations lorsque celles-ci sont externes. En réponse, nous allons
privilégier des sources externes reconnues (INED, INSEE, CCI)
aux sociétés de conseils en marketing, communication et
publicité.
En second lieu, nous allons procéder au
dépouillement de ces informations. Nous allons analyser et
contrôler ces informations par recoupement. Cela va nous permettre
d'éliminer des sources douteuses. Notre sujet étant vaste, nous
allons rédiger des fiches thématiques (démographie,
revenus, consommation, patrimoine) pour structurer notre recherche.
En troisième lieu, nous allons établir une
synthèse à l'aide des fiches thématiques. Cela va nous
permettre de présenter les données importantes et formuler des
conclusions. Cette synthèse va prendre la forme de deux chapitres au
sein de notre recherche.
Nous allons proposer une stratégie marketing au
Crédit Mutuel de Bretagne sur le marché des seniors.
Cet objectif suppose de procéder à une analyse
préalable du marché des seniors dans l'établissement. Nous
allons réaliser une étude quantitative de type statistique qui va
concerner les 560 000 seniors clients du Crédit Mutuel de Bretagne.
Notre travail va consister à recueillir, à compter et à
comparer des données pour prendre des décisions selon la
procédure générale des tests d'hypothèses.
Nous allons orienter notre analyse de façon
thématique (assurances, crédit et épargne) sur
l'équipement, l'offre du Crédit Mutuel de Bretagne et de ses
concurrents. Cela va nous permettre d'identifier des similitudes et des
dissimilitudes de comportements entre les segments en interne. Par ailleurs,
nous allons être en mesure de situer le Crédit Mutuel de Bretagne
dans le paysage de la bancassurance.
A l'issue de l'étude, nous allons dresser un tableau de
synthèse sous forme d'un SWOT afin de souligner les atouts et les points
à améliorer au Crédit Mutuel de Bretagne ainsi que ses
opportunités et menaces sur le marché des seniors.
En second lieu, nous allons nous nourrir du diagnostic
précédent et de notre recherche théorique liminaire pour
proposer au Crédit Mutuel de Bretagne une stratégie marketing
tournée vers les seniors.
Nous allons nous efforcer de proposer des solutions
concrètes et opérationnelles par champs d'application dans une
double optique : répondre aux attentes des seniors et maintenir la
rentabilité de l'organisation.
Par ailleurs, nous allons décliner ces mesures avec un
objectif, une méthodologie, des supports et une estimation des moyens
(humains, techniques et financiers). Cela permettra à
l'organisation d'évaluer la nature de la démarche marketing
qu'elle a à entreprendre et au demeurant de définir ses
priorités.
Notre plan
- PARTIE I : Les seniors, une cible attractive et
spécifique dans la bancassurance.
- PARTIE II : Diagnostic du marché des seniors au CMB.
PARTIE I
LES SENIORS, UNE
CIBLE ATTRACTIVE ET
SPECIFIQUE DANS LA
BANCASSU RANCE
CHAPITRE I : LES SENIORS
A) PORTRAIT D'UN SENIOR
1. Qu'est ce qu'un senior ?
Le terme (( senior ,, est un terme ancestral apparu
en France en 1884. D'origine latine, il signifie (( plus âgé
,,. Dans sa définition liminaire, il désignait les guerriers
romains les plus âgés. Ceux-ci étaient valeureux et
respectables.
Ce terme a connu quelques évolutions : de (( seigneur
)) dans notre langue pour désigner les maîtres ... à une
catégorie sportive (les 25-35 ans rendant l'appellation dynamique)
... en passant par (( señor )) en espagnol pour désigner
l'homme. Ces définitions donnent du (( senior ,, l'image d'un
individu respectable, valeureux, sportif et plutôt jeune.
Or, le terme (( senior ,, désigne aujourd'hui
des individus de plus de 50 ans1. Aujourd'hui nul ne se
risque à désigner une personne de plus de 50 ans par les termes
(( vieux ,,, (( troisième âge ,, ou (( fossile ,,
de peur de paraître irrespectueux ou (( has been )). C'est ce qu'on
appelle faire du (( politiquement correct )) en société.
Cette acceptation n'est apparue que très
récemment dans notre langage et notre société sous
l'impulsion de la publicité et du marketing. Jean Paul
TREGUER2 souligne dans son ouvrage (( Le Senior Marketing
)) que ce terme est naturellement (( le plus positif ,, de tous. Il
renforce cette affirmation par le fait qu'elle permet à tous de s'y
retrouver dans la pléthore d'offres commerciales et pu blicitaires.
Cette catégorisation n'est pas sans poser des
difficultés pour deux raisons majeures. D'abord, le terme (( senior ))
est spontanément associé aux retraités ou aux individus en
passe de le devenir à court terme. Il devient ainsi beaucoup plus
délicat d'associer ce terme aux individus exerçant encore une
activité professionnelle.
Ensuite, le terme est perçu par les
intéressés comme la création sociale d'institutions
recherchant à globaliser une tranche d'âge économiquement
intéressante.
2. Quelles sont ses valeurs ?
L'identité des seniors se fonde en premier lieu sur un
système de valeurs communes et non sur
l'homogénéité des situations. Ce système de valeur
s'organise autour d'éléments relativement traditionnels
perçus par les seniors comme les produits d'une éducation. Une
étude de Seniors Association fait apparaître des valeurs communes,
présentées dans la figure 1 ci-contre,
telles que la famille, l'honnêteté, la tolérance, la
liberté, ..., l'argent3.
L'identité d'un senior se fonde également sur la
notion valorisée de dynamisme. Celle-ci est liée aux
évolutions physiologiques d'une part. En effet, la médecine et la
réduction de la pénibilité du travail ont allongé
le temps de vie et reculé l'âge où l'on entre
véritablement dans la vieillesse. La notion de dynamisme tient d'autre
part à l'exigence sociale qui influe sur le comportement d'un senior.
Le senior entretient un rapport particulier face à
l'argent, au temps, à la retraite.
21. L'argent, un moyen d'accéder à ses
valeurs
Si l'argent apparaît comme un moyen d'accès aux
valeurs revendiquées précédemment, son utilisation
obéit à une double logique chez le senior. La première est
de satisfaire ses besoins et la seconde de satisfaire ses envies. La
satisfaction de ses envies répond à la volonté
d'améliorer sa qualité de vie et s'exprime d'une part dans la
consommation de loisir (voyage, culture) et d'autre part dans
l'investissement de son logement (réparation et entretien).
L'utilisation de son argent varie à l'occasion de la
disparition de postes de dépenses importants comme le départ de
son dernier enfant et la fin de son crédit immobilier. Cela lui permet
de redécouvrir l'idée d'une possession personnelle de l'argent.
Si des postes de dépenses disparaissent, d'autres apparaissent pour lui
permettre de continuer à plaire dans une société où
l'esthétique est un élément valorisé. Ainsi, le
senior consacre plus de moyens à sa santé et au maintien de son
hygiène.
Si un senior estime avoir « suffisamment d'argent
pour vivre »3, il considère comme
« un souci »3 la charge que peuvent
représenter financièrement ses enfants et ses parents.
Néanmoins, cela ne l'empêche pas d'apporter une aide
financière régulière à ceux-ci.
Le temps ... conditionné par sa situation
Le rapport au temps du senior est conditionné par sa
situation. Pour près de 7 seniors sur 10, le terme « pré
retraite > est perçu comme (( plutôt
positif4».
Si un senior inactif trouve des vertus au temps : absence de
contraintes extérieures et liberté de gestion
individualisée, le senior actif trouve le temps fragilisant. Ce dernier
conjugue des occupations très diverses sur le plan professionnel,
familial et personnel. Un senior a conscience de la relative
brièveté de la période allant de la cessation de son
activité profession nelle à l'impossibilité physique
d'accomplir les initiatives sou haitées. Ses principales craintes du
vieillissement ont un caractère physiologique à travers le
handicap physique, l'état de santé et la dépendance. La
figure 2, ci-contre, présente les
résultats d'une étude de Seniors Association sur le sujet.
Un senior dispose de plus de temps libre et l'utilise à
des occupations très diverses. Si 58% des seniors jardinent, entre 40 et
42% d'entre eux s'adonnent à la lecture, au bricolage, à la
musique et à la cuisine. Près d'un tiers des seniors consacre ce
temps libre à leurs courses ou au marchandisage (lèche
vitrine)5. Plus de temps libre permet également aux plus
de 50 ans de partir en vacances. Cela constitue près de 50% de leurs
dépenses. En meilleure santé, un senior sur deux déclare
pratiquer une activité sportive aujourd'hui. Ils étaient 7 fois
moins il y a 15 ans5. Actif et entreprenant, il veut rester en
forme. De plus, la santé constitue l'une de ses préoccupations
principales. Il rencontre son médecin plus souvent que les individus
plus jeunes.
22. La retraite, un préambule à sa
vieillesse biologique
La retraite, en tant que telle, est un préambule
à la (( vieillesse biologique »4.
Correspondant à la fin de l'activité professionnelle, une
nouvelle appellation apparaît aujourd'hui : c'est la (( vieillesse
sociale »4.
C'est sur le système de retraite actuel qu'il convient
de s'attarder. Celui-ci est basé sur un système de
répartition et l'âge de départ. Sans fondement
philosophique, il est dicté par la loi. Cela lui confère un
caractère arbitraire et inégalitaire. En effet, une étude
menée par Senior Association en 1999 fait apparaître qu'un senior
sur deux le considère (( plutôt
injuste »6. Néanmoins,
l'évolution de la structure démographique tend à rendre le
système de retraite par répartition actuel fragile. Cela tient du
poids des actifs dans leur ensemble et des retraités. Si en 1976, il y
avait quatre actifs pour un retraité, il y aura 1,2 actifs pour un
retraité en 2020. Cela rend donc le montant des pensions incertain.
(Figure 3)
Dans ce contexte fragilisé, le débat
ininterrompu sur les retraites a pris une nouvelle ampleur avec la
récente campagne du gouvernement annonçant une réforme sur
les retraites. La réforme sur les retraites vise à dissiper les
inquiétudes liées à l'équilibre du système
par répartition. Cela se traduit par l'instauration d'un nouveau
dispositif et de nouveaux produits.
Ainsi, la loi Fillon du 21 août 2003 définit un
cadre général permettant à chacun de se constituer un
complément retraite. Si cet avantage était jusqu'à
présent réservé à certaines populations (les
fonctionnaires depuis 1967, les agriculteurs depuis 1988, les travailleurs
indépendants depuis 1994), cette réforme permet aux
salariés du secteur privé d'épargner de manière
spécifique pour leur retraite avec un régime fiscal
adapté. Deux produits sont nés de cette réforme : le PERP
et le PERCO.
En définitive, si ce système de valeurs communes
conduit à caractériser un senior d'un individu plus jeune, il
n'en demeure pas moins que nous n'avons pas affaire à une population
monolithique. Cela conduit les acteurs économiques à
catégoriser les seniors entre eux.
3. L'art de les catégoriser sans pratiquer la
ghettoïsation
Avant de présenter les modèles de segmentation,
il convient au préalable de décrire ce qu'est la segmentation et
les raisons de son usage. En premier lieu, segmenter une population consiste
à la découper en groupes homogènes, distincts les uns des
autres, en fonction de critères déterminés afin d'en faire
la cible d'actions marketing. En second lieu, trois facteurs et non des
moindres incitent les organisations à segmenter leur marché :
mieux répondre aux attentes de ses clients que ne le font ses
concurrents, exploiter de nouvelles opportunités de marché,
concentrer ses forces et choisir son lieu de bataille7. Le
dessein d'une telle opération revêt un caractère d'abord
stratégique puis mercatique dans l'entreprise. La maxime «
Divide ut règnes » qui signifie « Divise, afin de
régner » de MACHIAVEL illustre bien cette approche.
Il existe une multitude de segmentations envisageables :
géographique (région, catégorie de villes, type
d'habitat, climat...), socio-démographique (âge, sexe,
taille du foyer, catégorie socioprofessionnelle, niveau
d'éducation, race...), psychographique (classe sociale, style
de vie, personnalité), comportementale (occasions d'achat,
avantages recherchés, taux d'utilisation, fidélité
à la marque...).8 Il ne saurait
être question de s'attarder sur chacune de ces segmentations. Nous allons
étudier les modèles qui font le plus parler d'eux aujourd'hui
soit parce qu'ils soulèvent des discussions ou parce qu'ils font
consensus dans la littérature.
31. Les styles de vie, un modèle largement
contesté
« Accomplis, Dévoués ou
Détachés >. Lequel d'entre nous n'a pas entendu ou fait usage
d'une telle expression ? Ces termes font désormais partie du langage
commun et expriment notre appartenance à un style de vie. Un
modèle bancaire est présenté dans la figure 4
ci-contre. D'autres acteurs du domaine bancaire se sont
également aventurés dans cette voie. Les socio-styles portent
à controverse et ont même conduit des universitaires
français devant la justice. Jean-Claude BOISDEVEZY déclare dans
une interview que ce modèle est « inopérant
»9. Ceci étant posé, il serait
intéressant d'identifier les difficultés que son utilisation
soulève. Pierre VALETTE-FLORENCE nous
éclaire par un bilan critique des
socio-styles10. Si les styles de vie sont
développés de manière empirique (absence de cadre
conceptuel, inadéquation des concepts utilisés), ils
manquent de caractère opérationnel (procédures
suivies, enchaînements statistiques, pouvoir prédictif des
comportements, terminologie employée).
32. L'âge des sujets, un critère
discutable
Selon Jean Paul TREGUER, six critères
socio-démographiques permettent d'identifier les seniors. Dans son livre
« Le Senior Marketing »11, il
mentionne six critères (âge, niveau de revenu, en
activité ou non, état de santé, temps disponible et
génération d'appartenance). C'est le critère de
l'âge qu'il retient pour proposer quatre segments présentés
ci-dessous.
Les Masters ont entre 50 et 59 ans.
Majoritairement en activité professionnelle, ils disposent de
relativement peu de temps entre 50 et 55 ans. A l'apogée
financière de leur carrière, leur endettement disparaît. Si
leur santé est globalement très satisfaisante, le port de
lunettes de vue se généralise à leur âge.
Les Libérés sont
âgés de 60 à 75 ans. Ils assistent progressivement à
leur fin professionnelle pour se consacrer au bénévolat. S'ils
découvrent le temps libre, ils profitent d'un revenu disponible maximum.
Leur santé reste bonne mais leur vue continue de baisser pendant que
d'autres signes de sénescence apparaissent : déclin de l'ouie,
dégradation de la mobilité. Ces signes les invitent à la
prudence.
Les Retirés ont entre 76 et 85
ans. Leur bénévolat se raréfie malgré leur temps
libre. Ils restent davantage à leur domicile entrant peu à peu
dans la solitude. Ils rencontrent des difficultés financières
courantes en raison de la baisse de leur revenu disponible. La santé
devient une variable majeure dans la mesure où ils sont forts
consommateurs de soins médicaux. Nous pouvons assister dans ce groupe
à l'émergence de la dépendance.
Les Grands Aînés,
âgés de plus de 85 ans, sont peu actifs. Ils
consacrent leur temps disponible à leur domicile ou en
établissement spécialisé. Dans le besoin financier, les
phénomènes de dépendance financière et physique
apparaissent.
Nous venons d'identifier quatre segments basés sur le
critère de l'âge. Néanmoins, un récent dossier de
Marketing Magazine précise que toute typologie reposant sur le
critère de l'âge n'est pas pertinente12. En
effet, les enfants désirent être perçus comme des adultes
alors même que les adultes refusent leur maturité et que les
seniors aspirent à une deuxième jeunesse. C'est ce que confirme
un article de LSA à l'occasion d'une enquête consommation : ((
L'âge est encore un sujet tabou dans notre société. ... il
est difficile de leur faire parler de leur âge.
»13
33. La génération, un critère
difficile à saisir
Le terme de (( génération »
renvoie aussi bien à la classe d'âge (des sujets du
même âge) qu'à la cohorte. Une cohorte
représente un groupe de sujets vivant un même
événement au même moment. La notion de
génération pose problème dans sa définition et dans
son acceptation. La (( génération 68 » se compose
t-elle de tous les individus âgés de 18 à 20 ans en mai
1968 ou bien uniquement de ceux ayant participé aux
événements ? Complétons cela par le fait qu'une
génération ne chasse pas l'autre.
C'est tout le contraire qui se produit : les
différentes générations se chevauchent et s'influencent
continuellement entre elles, ne se renouvelant que de manière graduelle
et continue.
Deux approches du concept sont alors envisageables. La
première consiste à accorder au temps une place centrale en
retenant des phénomènes démographiques comme l'âge
et la naissance dans une période donnée (exemple dans la
figure 5 ci-contre). La seconde repose sur l'utilisation
d'un événement auquel sont affiliés des sujets : c'est le
concept de marqueur social.
Nous pouvons ainsi regrouper les seniors en trois grandes
catégories sur la base de critères divers tels que l'âge et
leur activité pour constituer les segments subséquents.
Le segment des papy-boomers : Les auteurs emploient ce
néologisme en référence aux baby boomers. Il s'agit d'une
génération avec des valeurs et des comportements en rupture avec
les générations précédentes. Deux
générations se chevauchent au sein de ce segment : la ((
génération 68 » et la génération ((
guerre d'Algérie ».
Nous sommes en présence d'une génération
à part en raison de son narcissisme (celle du miroir # celle du
devoir). Elle est également Robinson (( je reste sur moi, sur
mes idées ,,.14 , elle connaît
l'amertume (( nous pensions être uniques, nous n'étions
que
typiques ,,.14
Le segment des retraités actifs est formé
d'individus de la génération (( guerre d'Algérie ,,
âgés de 55 à 65 ans et de la génération
des (( 30 glorieuses ,, ayant plus de 65 ans. Si celle-ci a
vécu des difficultés liées à la guerre, elle a
connu l'euphorie de la reconstruction et de la croissance.
Le segment des aînés est pour sa part
constitué de sujets de plus de 75 ans.
34. Les stades de vie, un avenir prometteur
Les stades de vie ou (( situations de vie ,, sont des
étapes, voulues ou non, qui influencent l'état physique et
psychologique d'un individu. Cela se traduit par des attitudes, des besoins et
des comportements particuliers à chaque stade de
vie15. Une réflexion de CONFUCIUS éclaire ces
propos (( la nature fait les hommes semblables, la vie les rend
différents ,,.
La segmentation par étape est une nouvelle approche et
ses perspectives d'évolution semblent considérables. Elle permet
aux organisations d'accompagner leurs clients tout au long de leur vie. La
difficulté consiste à définir les différentes
étapes ou situations de vie les plus discriminantes dans les
comportements de consommation. Sur le marché des seniors par exemple,
les étapes sont « marquées » par des
évènements clés et spécifiques portant sur
l'âge (50 et 60 ans), sur la condition physique (maladie,
effet du vieillissement et dépendance), financière
(remboursement du logement principal et héritage) et
professionnelle (pré retraite et retraite).
Il apparaît clairement que les familles avec enfants
n'adoptent pas des comportements d'achat similaires aux foyers sans enfants. Le
croisement de critères sociodémographiques (âge,
présence et nombre d'enfants, revenus, ...) avec des
critères comportementaux (consommation des enfants) permet
d'identifier des cibles distinctes.
Chez les seniors, la présence d'enfants dans leur foyer et
leurs revenus influencent leurs attitudes et leurs comportements.
Le Crédoc a ainsi créé un indicateur
« situations de vie »16 à partir d'une
combinaison de plusieurs variables socio-démographiques afin de mieux
expliquer et prédire les comportements (figure 6).
Ces groupes peuvent être classés en quatre grandes
familles : les jeunes sans enfant, les familles, les adultes sans enfant et les
retraités. Nous ne nous intéresserons qu'aux trois derniers
groupes dans la mesure où ils comprennent des seniors.
a)
Les familles
Les familles d'âge intermédiaire consomment
par plaisir et par nécessité. Très focalisées sur
le prix, leur consommation est peu spontanée. Si elles souhaitent
disposer de plus d'argent, elles cherchent également à se
constituer une épargne. Les familles d'âge mûr
consomment plus souvent par nécessité que par plaisir. Peu
aisées, elles ont le sentiment de se restreindre dans des achats non
impulsifs. Leur tendance est à puiser dans l'épargne plutôt
que de baisser leur niveau de vie. Les familles aisées consomment
des loisirs et aspirent à plus de temps libre. Très sensibles au
prix, leur consommation peut s'avérer spontanée. Celle-ci allie
plaisir et nécessité.
Les familles nombreuses allient également
plaisir et nécessité dans leur consommation. Toutefois, elles
accordent une plus grande importance au prix qu'elles veulent
compétitif. Très volontaires en matière d'épargne,
elles sont prêtes à baisser leur niveau de vie pour y parvenir.
b)
Les adultes sans enfant
Les célibataires manifestent une réelle
sensibilité au prix qu'ils comparent systématiquement. Peu
tournés vers les achats impulsifs, ils préfèrent l'argent
au temps libre. Très soucieux de maintenir leur niveau de vie, ils
préfèrent puiser dans leur épargne.
Les adultes peu aisés vivant en couple
consomment par nécessité et sont très sensibles aux
prix. Ne laissant pas de place au superflu, ils souhaitent disposer de plus
d'argent. Ils sont également prêts à puiser dans leur
épargne pour maintenir leur niveau de vie.
Les adultes aisés vivant en couple consomment
largement pour le plaisir et les loisirs grâce à leur aisance
matérielle et financière. Peu spontanés dans leur
consommation, leur position est assez critique vis à vis de l'hyper
choix en magasin. Cela pouvant les conduire à la procrastination de leur
achat.
c) Les retraités
Les retraités peu aisés vivants seuls ou en
couple affichent des comportements assez négatifs vis à vis
de la consommation en raison de leur modestie financière. Si la
consommation apparaît comme une nécessité, les soins
médicaux constituent le poste de dépense
privilégié. S'ils ont peu d'attentes (donc pas de
frustrations), leurs achats sont plutôt réfléchis et
font l'objet d'un comparatif en ce qui concerne le prix.
Les retraités aisés vivants seuls ou en
couple consomment pour le plaisir. A l'abri du besoin financier, ils
affichent une sensibilité moins élevée aux prix.
Tournés vers les autres (leur famille en particulier), ils
souhaitent garder un lien social fort. Cela se traduit dans leur consommation
(dépenser pour leurs enfants ou petits-enfants, dépenser dans
la communication, dépenser dans les soins médicaux).
Les retraités vivant dans un foyer de plus de deux
personnes ont une consommation dynamique. La priorité est au poste
de santé, aux soins de beauté, à l'équipement
ménager ou encore aux enfants. Si les prix restent un critère
d'achat important : ils font l'objet d'u ne comparaison systématiq
ue.
Conséquemment, les modèles de segmentation qui
se présentent aux acteurs économiques pour découper leur
marché des seniors sont nombreux. L'un chassant l'autre au rythme des
tendances ou des discussions. Cet hyper choix ne favorise pas la construction
d'une stratégie marketing et le modèle retenu résulte des
intérêts de l'organisation à s'intéresser au
marché des seniors.
B) POURQUOI S'Y INTERESSER ?
« C'est incroyable le nombre de présentations sur
les seniors que nous avons fait depuis quelques mois ... cela prouve ... que
l'on ne peut pas passer à côté des seniors.
»17 Pascale LEVEQUE, Directrice d'études chez
Interdeco Expert.
1. Le vieillissement de la population, un
phénomène de société incontestable
Le vieillissement de la population est un
phénomène planétaire auquel la France n'échappe
pas. Celle-ci apparaît même comme l'un des pays d'Europe les plus
dynamiques sur la question. Depuis 1996, « un senior naît toutes
les cinquante secondes » d'après le Président de
l'agence Senioragency.
11. Poids des seniors dans la population
française
On dénombre en France plus de 20 millions de sujets de
plus de 50 ans en 2005. Les seniors représentent donc aujourd'hui 34,32%
de la population française contre 25% en 1965.
Le scénario central de l'Ined nous permet d'affirmer
que leur invasion ne va pas s'arrêter là. Un scénario est
défini comme une combinaison d'hypothèses sur la
fécondité, la mortalité et les migrations. Le
scénario central retient donc des hypothèses centrales :
fécondité constante (Indicateur Conjoncturel de
Fécondité égal à 1,8), mortalité
tendancielle et solde migratoire net de 50 000 par an. Ainsi, les seniors
pèseraient pour 40% de la population française d'ici 15 ans et
pour près de 47% en 2050 comme illustré dans la
figure 7 ci-contre.
Si les seniors ne cessent de prendre de l'ampleur en France,
les femmes de plus de 60 ans prennent le pouvoir au sein de ce marché
créant même une rupture dès 75 ans. La figure
8, ci-contre, fait apparaître que deux seniors de plus de
75 ans sur trois sont des femmes.
Nous assistons dès à présent au
basculement du monde des juniors à celui des seniors. Cela tient de la
combinaison de trois phénomènes dans l'histoire : une
espérance de vie plus longue, une natalité en déclin et
l'arrivée massive de la génération du baby boom à
l'âge de 50 ans.
12. Facteurs explicatifs de ce phénomène
a) Une espérance de vie plus
longue
A chaque année de naissance, trois mois
d'espérance de vie supplémentaire sont gagnés. Dans ce
contexte, les Français ont gagné depuis le début du
siècle dernier trente ans d'espérance de vie, les femmes plus que
les hommes avec 33 ans contre 28 ans. D'ici 30 ans, l'espérance de vie
d'une femme devrait être de 89 ans contre 82 ans chez l'homme comme
présenté dans la figure 9 ci-contre.
L'accroissement de l'espérance de vie tient de
l'amélioration des conditions de travail, de l'amélioration de
l'hygiène corporelle et de l'alimentation, de la prévention
médicale et des traitements médicaux. Ces améliorations se
traduisent par un recul du seuil d'entrée dans la vieillesse : âge
à partir duquel les premiers signes de sénescence apparaissent.
Avoir 76 ans aujourd'hui correspond biologiquement à 60 ans en
193018.
Si les seniors d'aujourd'hui ne paraissent pas l'âge de
leurs parents à ce même âge, ils se sentent bien plus jeunes
dans leur tête et dans leurs corps. Cela nous amène à
évoquer les notions de l'âge réel et de l'âge
subjectif dans la mesure où les seniors ont tendance à se
rajeunir comme illustré dans la figure 10
ci-contre19.
A cela, il convient de préciser qu'une espérance
de vie plus longue conduit à l'augmentation du nombre de centenaires.
Ceux-ci représentaient 6 000 individus en 1994. Ils devraient être
150 000 en 2050.
b)
L'effondrement de la
natalité
L'effondrement des naissances concourt également
à expliquer ce véritable raz de marée des seniors. Le taux
de fécondité ne cesse de s'amoindrir en France comme en Europe
avec respectivement 1,85 en France contre 1,4 en Europe. Ces chiffres sont
préoccupants dans la mesure où 2,1 enfants sont
nécessaires pour assurer le renouvellement de la population
française20.
c)
L'arrivée massive des baby-boomers
à l'âge de 50 ans
Le 20e siècle a été dominé par un
rajeunissement sans précédent dans l'histoire. Le baby-boom
survenu en 1945 a duré une dizaine d'années. Les enfants
nés en 1945 ont de ce fait débuté leur séniorat en
1995 et se rapprochent de leur retraite à grands pas. Les derniers
enfants du baby-boom entament leur séniorat en 2005. Cela
créé ainsi le phénomène de papy-boom ou plus
exactement de mamy-boom (figure 8).
Nous venons d'établir que le vieillissement de la
population est un phénomène de société
avéré. Il est le contrecoup de l'histoire, des progrès
couvrant divers domaines et des hommes. Le poids des seniors dans la population
d'aujourd'hui et de demain rend ces sujets attractifs. Ce raz de marée
n'est pas sans effets à l'échelon économique et social.
2. Les caractéristiques et les conséquences
socioéconomiques de l'évolution démographique des
seniors
21. Des revenus supérieurs et un pouvoir d'achat
élevé
Nous venons d'établir que les seniors sont plus
nombreux. Plus aisés également, une étude
d'Ipsos21 fait apparaître que le revenu des seniors
explose dès 50 ans pour être au plus haut entre 66 et 70 ans. Ces
données sont semblables à l'indicateur de l'aisance
financière mesuré par l'Insee.
Les seniors concentrent l'essentiel des revenus financiers
(43% des revenus des ménages en 1998 contre 60% en
2015)22 et patrimoniaux (63% du patrimoine des
ménages comme illustré dans la figure
11). L'aspect patrimonial fera l'objet d'une
analyse approfondie dans le chapitre 2 de cette partie.
Les seniors sont plus riches que leurs descendants. Leur
niveau de vie dépasse aujourd'hui celui des plus jeunes. Le
Crédoc fait apparaître que les seniors gagnent 17 000 € par
tête contre 13 000 € chez les moins de 50 ans. L'appauvrissement des
jeunes générations dans le temps profite aux seniors. Depuis
1950, les moins de 50 ans ont perdu 30% de revenus contrairement aux seniors
(figure 12). Le pouvoir d'achat des seniors a
été multiplié par 7 en 20 ans et progressera encore selon
le Crédoc.
Ceci étant énoncé, il convient de
s'attarder sur les facteurs explicatifs. L'aisance financière des
seniors résulte de trois causes principales.
En premier lieu, leurs contraintes financières
s'amoindrissent avec le temps. Le remboursement de leur emprunt immobilier vers
l'âge médian de 49 ans leur permet de dégager 30% de revenu
disponible additionnel. A cela s'ajoutent deux événements
clés : le départ du foyer de leur dernier enfant à charge
et la perception d'un héritage vers l'âge de 51 ans.
En second lieu, ils ont mieux gagné leur vie que leurs
aînés.
Dernier facteur majeur contribuant à expliquer ce
pouvoir financier : le montant de l'allocation retraite chez les seniors
inactifs. Ceux-ci profitent actuellement d'un droit à la retraite plus
élevé qu'il y a 20 ou 30 ans.
Une question mérite tout de même d'être
soulignée dans une conjoncture financière aussi propice. Les
seniors sont-ils pour autant tous les nantis ? Si l'on tient compte des 900 000
allocataires du fond de solidarité vieillesse (9% des
retraités) et du million de veuves bénéficiant de la
pension de réversion de leur défunt conjoint, il ne saurait
être question d'affirmer que tous les seniors sont
aisés.23
Nous venons de déceler que les seniors disposent de
meilleurs revenus et d'un pouvoir d'achat nettement supérieur. Il
convient subséquemment d'analyser l'usage qu'ils en font.
22. Une consommation ciblée aux comportements
distinctifs
Plus nombreux, leur aisance financière leur permet de
soutenir l'économie. Leurs attitudes en matière de consommation
se forgent entre 30 et 40 ans. Les fondamentaux acquis au fil des années
ne sont pas remis en cause avec les modifications de la structure familiale, le
passage à la retraite ou même les problèmes de santé
qui ponctuent l'avancée en âge. L'étude « Les seniors,
des consommateurs accomplis » réalisée par le Crédoc
en 2001 fait donc apparaître que pour plus des deux tiers des seniors :
consommer c'est d'abord une nécessité ... les 27% restant
consommant pour le plaisir.
Toujours selon le Crédoc, leur consommation a
augmenté de 64% contre 22% pour l'ensemble de la population entre 1977
et 1993. Ceci étant formulé, il convient de déterminer
leurs domaines de consommation et leurs spécificités.
a) Domaines de consommation
. Consommation /
Loisirs
Globalement, les seniors consomment plus que les autres dans
l'électroménager, les voyages et vacances, les automobiles et la
décoration24. Plus précisément, les
seniors représentent 60% des voyages organisés, 70% des achats de
camping-cars, 80% des ventes de voitures haut de gamme et 50% des produits de
beauté. Les plus de 50 ans dépensent près de 18% de leur
budget dans la décoration de leur intérieur et près de 16%
dans les livres (principalement des romans autres
que policiers et des livres sur l'histoire) et les
compacts disques25. De plus, les seniors
représentent 53% du marché de la
thalassothérapie26.
Les seniors représentent un marché très
significatif dans l'alimentaire27. Ils concentrent 60% des
achats de légumes frais ; plus de 55% des achats de cafés
solubles, de viandes fraîches, de thés et infusions, de soupes et
potages ; près de 53% des eaux. Ne soyons donc pas surpris de lire dans
un article de LSA26 que les seniors représentent 43% des
produits de grande consommation, soit 25 milliards d'euros.
. Les médias
Grands consommateurs de médias, les seniors font un
usage intensif de la télévision, de la presse et de la
radio28. Ils regardent la télévision
plus de quatre heures par jour et manifestent de l'intérêt
pour les séries policières étrangères
(Inspecteur Barnaby, Derrick), les jeux (Des chiffres et des
lettres) et les magazines historiques sur des chaînes diverses
(Arte, La Cinquième, France 2 et surtout France 3). Les seniors
font également un usage intensif de la presse. L'enquête du
ministère de la Culture et de la Communication menée en 1998 fait
apparaître que les seniors sont majoritairement abonnés aux
journaux, revues et magazines. Leur lecture concerne principalement TV
Magazine, Télé 7 Jours, Notre Temps et Femme Actuelle.
Les seniors sont adeptes des radios généralistes telles que
Radio Bleue, France Musique, Radio Classique, etc. Un quart des femmes
de plus de 65 ans écoutent la radio plus de trois heures par jour, le
matin en particulier.
Et pourtant, les seniors ne font rêver ni les annonceurs
ni les publicitaires. Il ne saurait être question de leur reprocher un
déficit culturel. La télévision préfère
s'adresser à Madame Michu. D'ailleurs Jean-Bernard ICHAC, Directeur
Adjoint de TF1 Publicité, ne s'en cache pas « Les chaînes
sont comme les seniors, elles ne veulent pas vieillir. C'est pourquoi
l'objectif est toujours d'aller chercher les
jeunes. »29.
Fort heureusement, Pascale LEVEQUE raisonne
différemment. Elle explique dans le même article que les marques
ont capitalisé sur la génération des seniors. Elle ajoute
que le média planning a même été conçu pour
eux et précise « ... et après on devrait les oublier !
». Dove a comprit cet enjeu avec sa récente campagne mettant
en avant des seniors30.
. Le tourisme31
Lorsque 48% des seniors disposent d'un surplus financier, leur
idée première est de l'affecter aux voyages. C'est davantage que
les moins de 50 ans.
Si 40% des seniors privilégient la France comme
destination, un rapport de l'observatoire national du tourisme
révèle des régions plus visitées que d'autres :
PACA (27,3% des nuitées en 1995), Rhône-Alpes
(23,1%), Languedoc-Roussillon (18%), Bretagne (15,3%)
et Aquitaine pour clôturer le top cinq avec plus de 14%.
Au-delà des destinations françaises, les seniors
apprécient les destinations organisées et lointaines. Les Pays
scandinaves (15,2%), les Etats-Unis (10,1%) et l'Australie
(8,1%) semblent être plus prisés.
Les formules de vacances varient : 30% des seniors disposent
d'une résidence secondaire. Ils sont 25% à opter pour
l'hôtel, la location ou le camping. Près de 6 seniors sur 10 se
déplacent hors vacances scolaires, de préférence au
printemps.
Nous venons d'identifier les domaines de consommation des
seniors. Non seulement ils sont majoritaires mais leur « RFM »
(Récence, Fréquence, Montant) est plus
élevé que le reste de la population. Cela n'est pas sans impact
au niveau économique et sectoriel. Cela profite directement à de
nombreux acteurs du tourisme, des médias, de l'automobile, de
l'agroalimentaire.
Abordons dès à présent les comportements
spécifiques des seniors en matière de consommation.
b) Spécificités
Les seniors manifestent des comportements distinctifs dans
leur consommation malgré les fondamentaux acquis au fil des
années. Le Crédoc a relevé cinq particularités dans
son enquête consommation réalisée en 2001 et en
200232.
· Les seniors réalisent nettement moins
d'achats impulsifs.
En effet, les seniors ne sont que 35% à effectuer des
achats sur un coup de tête contre 75% des moins de 30 ans. Ils savent
faire la distinction entre l'achat plaisir et l'achat spontané trop
souvent induit par les procédés marketing. « Se faire
plaisir oui, se faire avoir non.». (Figure
13)
· Les seniors sont moins à la recherche de
nouveautés.
En avançant dans l'âge, la compréhension
d'une nouvelle offre et la révision de leur position demandent davantage
d'efforts. Nonobstant, les seniors reconnaissent que les progrès
techniques ont permis d'améliorer leur confort et de développer
leurs loisirs. (Figure 14)
· Les seniors ont un intérêt
modéré pour la marque.
Avec l'âge, la marque perd de son attrait même si
celui-ci reste corroboré. L'apprentissage joue un rôle
considérable par rapport à l'attrait de la marque. Si nous nous
référons au modèle indirect de la hiérarchie des
effets (cognitif, affectif, conatif), leurs expériences
heureuses ou malheureuses leur ont montré qu'une marque n'est pas
toujours garante de qualité et qu'elle est parfois surfaite.
Néanmoins, près de deux tiers des seniors
déclarent être incités à l'achat d'une marque parce
que celle-ci lui inspire confiance. Nous pouvons donc en déduire que si
une marque perd de son attrait, elle garantit cependant la
sécurité et in fine rassure.
· Les seniors sont très
intéressés par la dimension régionale et par l'origine
française d'un produit.
Trois seniors sur quatre sont incités à acheter
un produit pour son origine régionale. Ce type de produit évoque
la qualité parce qu'ils vont le chercher auprès d'artisans au
savoir-faire reconnu. De plus, un produit régional rassure car ils le
connaissent depuis longtemps. (Figure 15)
Plus de deux seniors sur trois achètent un produit en
revendiquant son origine française. Il y a deux raisons majeures
à cela. La première repose sur la sécurité. Un
produit d'origine française est perçu comme plus sur parce qu'il
est supposé subir plus de contrôle et satisfaire à des
normes nationales à priori plus contraignantes. La seconde raison repose
sur la protection de l'emploi. (Figure 15)
23. Une solidarité
intergénérationnelle
Les seniors ne sont pas affectés directement par les
faits sociaux. Ils vivent l'impact des évolutions sociales au travers de
leurs proches, et notamment de leurs enfants. Ce rapport social s'organise
autour de deux axes.
En premier lieu, les seniors apportent un concours moral à
leurs descendants. En effet, ceux-ci se sentent plus en phase et davantage
valorisé par leur expérience.
En second lieu, les seniors ont tendance à soutenir
leurs proches. Une étude de Senior Association établit que cette
tendance s'intensifie avec l'âge. Si un senior de plus de 60 ans consacre
6% de ses revenus aux générations plus jeunes (enfants et
petits-enfants), un senior de plus de 80 ans consacre le
double33. Nous sommes encore loin des seniors
américains « Les Baboons )) affichant sur leur véhicule un
autocollant proclamant qu'ils sont sortis dépenser l'héritage de
leurs enfants. Le terme « Baboons )) est une contraction de «
Baby-boomers no savings )) décrivant une nouvelle
génération de parents indignes et égoïstes qui
comptent profiter de leur argent pour se faire
plaisir34.
De plus, les seniors dédient parfois beaucoup de leur
temps disponible à leurs petits-enfants. Jeunes grands-parents, ils se
sentent très concernés par leurs petits-enfants et acceptent
volontiers de répondre à la demande de baby-sitting de leurs
enfants35.
En définitive les seniors d'hier
caractérisés par des revenus inférieurs, une absence de
consommation et un repli sur eux-mêmes laissent place à des
seniors qui peuvent et veulent aujourd'hui profiter de la vie.
Nous venons d'observer que si les seniors sont plus nombreux
et plus aisés financièrement, ils sont aussi en meilleure
santé et disposent de plus de temps libre. Ces quatre facteurs les
rendent économiquement intéressants. Pour ces raisons, nous
pouvons admettre que les seniors constituent une cible à fort potentiel.
Toutefois, il convient de relativiser ces propos dans la mesure où
l'intérêt des seniors résulte fortement du domaine
d'activité. A ce stade de la recherche, nous ne pouvons soutenir que les
seniors forment une cible attractive et spécifique dans la
bancassurance. Sur cette allégation, nous allons dans un premier temps
analyser de plus près le récent concept de la bancassurance et
son potentiel de développement et postérieurement approfondir les
spécificités du marché des seniors dans la
bancassurance.
CHAPITRE II : LES SENIORS DANS LA
BANCASSURANCE
A) LA BANCASSURANCE, UN RECENT CONCEPT AUX PERSPECTIVES
PROMETTEUSES
1. Concept de la bancassurance
11. Qu'est ce que la bancassurance ?
Le concept de bancassurance ne connaît pas de
définition unique. Si l'on retient l'approche organisationnelle, le
terme recouvre les différents modes de rapprochement entre les
activités bancaires et d'assurance. En d'autres termes, cela concerne la
distribution de produits bancaires et d'assurance par un même
réseau. Dans ce cas, la bancassurance couvre un champ très large
de possibilités : simple distribution de produits d'assurance par les
guichets bancaires ; intégration d'un établissement bancaire et
d'une société d'assurance au sein d'un même groupe afin
d'exploiter au mieux les synergies potentielles ; activité d'assurance
fournie par une filiale spécialisée d'une
banque1.
Le terme bancassurance est également utilisé
pour caractériser d'autres situations quel que soit le sens de
diversification des activités. Dans ce contexte, au côté
des banques développant des activités d'assurance (la
bancassurance stricto sensu) coexistent des compagnies d'assurance qui
distribuent des produits bancaires (on parle alors d'assurbanque) et
des holdings regroupant les deux types d'activités : « allfinanz
» 2.
12. Un développement ponctué
d'étapes
Le concept actuel de la bancassurance est le résultat
de trois phases successives et tient de plusieurs facteurs relatifs à la
réglementation, au marché, aux réseaux de distribution et
au degré d'équipement des ménages.
a)
Trois étapes
En premier lieu, l'intervalle 1975 - 1985 correspond aux
pionniers. Les premières expériences de bancassurance reposaient
sur la vente de services d'assurance directement liés aux services
bancaires. Il s'agissait là d'une extension de base de l'activité
constituée de produits élémentaires.
En second lieu, les banques ont développé des
produits d'épargne liés à l'assurance vie. Ceux-ci
étaient positionnés à mi-chemin entre les services
bancaires et les services d'assurance. Bénéficiant d'un
régime fiscal avantageux, les produits d'épargne liés
à l'assurance vie ont largement contribué à l'essor de la
bancassurance ... la conduisant à l'âge de maturité sur le
cycle de vie du marché.
Aujourd'hui, la bancassurance entre dans une troisième
ère où les structures évoluent de façon permanente.
En effet, nous assistons à des accords entre banquiers, entre assureurs
et réseaux de distribution. Nous assistons également à des
alliances entre banquiers et assureurs ainsi qu'à l'intégration
capitalistique intra-groupes.
b) Facteurs explicatifs
. L'environnement
réglementaire
Les décisions des législateurs sur la
fiscalité des produits d'épargne longue ont fortement joué
pour accélérer la convergence entre banque et assurance. L'Etat a
ainsi privilégié le transfert de l'épargne longue de
produits de bilan vers des produits hors bilan ... favorisant l'assurance vie
comme enveloppe fiscale d'épargne. L'Etat a, de facto, donné un
avantage aux banques qui ont pu basculer leur stock d'épargne
bilantielle en assurance vie.
De plus, les grandes tendances socio-économiques,
particulièrement liées au vieillissement de la population, sont
actuellement source de nombreuses réflexions qui tournent autour de deux
axes : le financement du système des retraites et le financement du
système de couverture médicale.
La situation financière des systèmes en place
ainsi que les solutions préconisées et acceptables politiquement
vont influencer les développements de l'assurance et de la
bancassurance.
· La structure et la dynamique du
marché
Le deuxième facteur influençant le degré
de convergence entre banque et assurance réside dans la dynamique du
marché, à la fois dans sa composante réglementaire
(règles régissant les liens capitalistiques entre ban quiers
et assureurs) et dans le degré de concentration des acteurs.
Concernant la réglementation des liens capitalistiques
et les activités croisées, une analyse transversale montre que la
pénétration de la bancassurance dépend de la date à
laquelle le régulateur a autorisé les banques à vendre des
produits d'assurance. Ces deux professions ont été pendant
longtemps fortement régulé (principalement pour des raisons
prudentielles). La loi bancaire de 1984, sans marquer de réelle
rupture, autorise explicitement les banques à vendre des produits
d'assurance vie (et tout produit financier). Les banques avaient,
dès les années 70, le droit de détenir des filiales
d'assurance, seule la production leur étant interdite.
Au-delà du cadre réglementaire, trois facteurs
influencent les mouvements de concentration sur le marché et
par-là même le degré de convergence capitalistique entre
banque et assurance : le degré de concentration initial du
marché, les opportunités d'acquisition sur le marché
national et le degré de mutualisation. Sur ce dernier aspect, la
présence de nombreuses Mutuelles Sans Intermédiaires en France
n'offre pas autant de possibilités de rachats et de consolidation.
· L'accès au client et le poids des
réseaux de distribution
La structure initiale de la distribution d'assurance, telle
qu'elle était organisée il y a dix ans, avec du courtage, des
agents ou de la banque, a fortement influencé la réussite de la
convergence et la capacité des banques à conquérir ce
marché.
. Le degré d'équipement des ménages
: un rôle inversé en vie et non-vie
Le quatrième facteur explicatif du degré de
convergence et de la réussite des banques en assurance réside
dans le degré de maturité et d'équipement de la
clientèle. Sur l'assurance vie, une analyse des parts de marché
des agences bancaires comparées avec le chiffre d'affaires vie par
habitant montre une forte corrélation entre le succès des banques
et la taille du marché3.
Ceci s'explique de deux manières. Soit il s'agit d'un
marché en plein essor, comme c'est particulièrement le cas en
Espagne et en Italie où les banques ont su s'imposer en prenant de
vitesse les assureurs traditionnels. Soit il s'agit d'un marché plus
mature et les banques n'ont pas su accompagner la croissance. C'est le cas au
Royaume-Uni où le poids très important des courtiers (65%)
et la forte désintermédiation expliquent la faible part des
banques dans la collecte d'assurance vie. On observe le même
phénomène dans la distribution de fonds où les courtiers
représentent plus de 70% de la collecte.
Il est remarquable de noter qu'à l'inverse, sur le
marché de l'assurance non-vie, la même analyse
révèle une corrélation positive entre le succès des
banques en IARD et la taille du marché exprimé en chiffre
d'affaires par habitant. Ici, le succès des banques dans des pays comme
les Pays-Bas ou le Royaume-Uni s'explique par le fort taux d'équipement
en assurances IARD des ménages, ce qui laisse une place aux banquiers
pour compléter les offres des assureurs traditionnels. Cela leur permet
même dans certains cas d'innover sur les produits et y être
ponctuellement leader (c'est le cas de la Garantie des Accidents de la Vie
en France).
La convergence sur les segments vie et non-vie répond
à des logiques de développement différentes et les
facteurs clés de succès ne sont pas les mêmes pour ces deux
branches.
2. Panorama de la bancassurance
21. Chiffres clés
Une étude Capa Conseil de juin 2002 présente la
part de marché des principaux bancassureurs en France
(figure 16)4.
A elles seules, les banques mutualistes (Crédit
Agricole, Crédit Mutuel et Banque Populaire) totalisent 57% de
parts du marché. Cela tient au fait qu'elles ont été les
premières à se pourvoir d'une filiale d'assurance. Ces parts de
marché concernent l'ensemble des produits d'assurance, notamment les
assurances auto, habitation, santé individuelle, vie et
décès.
Encore très positionnée dans son coeur de
métier, la bancassurance a encore beaucoup de chemin à faire sur
le secteur de l'assurance IARD. Dans ce secteur, la bancassurance
détient peu de parts de marché (2% en santé, 8% en
habitation et 6% en auto) et se retrouve largement dominée par les
autres réseaux de distribution : agents généraux,
courtiers, etc. (figure 17). Néanmoins, il
convient de préciser que ces parts de marchés ont
été mesurés quatre ans après le lancement de
produits IARD par les bancassureurs. Le marché de la bancassurance en
IARD est dominé par deux acteurs mutualistes qui détiennent
à eux seul 90% des parts de marché des bancassureurs. Le
Crédit Agricole détient 46% de part de marché contre 40%
au Crédit Mutuel.
Les bancassureurs progressent nettement sur les produits
décès (20%) et vie (37%) prenant petit à
petit des parts de marché aux autres distributeurs (figure
17). Le Crédit Agricole conserve sa position de
leader dans l'assurance vie avec 19% de part de marché (soit deux
fois la part de marché du Crédit Mutuel). La Poste tire
également son épingle du jeu avec une part de marché
proche de celle du Crédit Agricole.
22. Voies d'entrée
Au cours des vingt dernières années, la
concurrence accrue entre les banques s'est notamment traduite par une
détérioration de la marge d'intermédiation. Les banques
ont donc cherché à diversifier leurs sources de revenus en
déployant d'autres activités
génératrices de commissions. Toute diversification
se caractérise par la voie d'entrée retenue pour
développer son activité. Quatre voies sont en
général suivies5.
a)
Un accord de distribution
Il s'agit d'un accord entre une banque et un assureur pour
permettre à la première de commercialiser les produits du second
à ses guichets. Si cette voie d'entrée a l'avantage d'être
souple et d'offrir des résultats rapides en terme de diversification et
de synergies, elle comporte des inconvénients majeurs :
instabilité, conflits d'intérêts dont le règlement
apparaît délicat et effet de levier limité.
b)
Une joint venture
La seconde voie d'entrée consiste à
créer une joint venture pour faciliter la gestion d'activités
communes. Elle comporte les mêmes avantages que l'accord de distribution.
Si cette voie d'entrée fait apparaître des conflits
d'intérêts et présente une limite en terme d'effet de
levier, la création de valeur est à partager.
c) Une filiale
La création d'une filiale dans le cadre d'une
stratégie de développement interne constitue la troisième
voie. Le Crédit Mutuel a ainsi crée les ACM en 1974
(Assurances du Crédit Mutuel). Si l'intégration des
activités est facilitée, cette voie présente
l'inconvénient d'une montée en régime progressive sur la
durée. Cela se traduit par un exercice de la nouvelle activité
progressif et des résultats moins rapides.
d) Une fusion acquisition
Une fusion acquisition relève d'une croissance externe
conduisant à des mouvements de concentration considérables. Entre
1998 et 2003, de grandes fusions ne sont opérées dans la banque.
C'est le cas de Bnp et de Paribas, du Crédit Agricole et du
Crédit Lyonnais en France. C'est également le cas de la Deutsch
Bank et de Dresdner en Allemagne ; de JP Morgan et de Chase Manhattan aux Etats
Unis6.
Cette quatrième voie d'entrée présente
l'avantage de pouvoir exercer immédiatement la nouvelle activité.
Néanmoins, intégrer deux sociétés existantes se
révèle être complexe à mettre en oeuvre.
Si les banquiers français ont investi le marché
de l'assurance vie comme le prolongement de leur activité bancaire, le
développement des banques dans l'assurance non-vie constitue un enjeu de
diversification. La diversification vers une nouvelle activité est non
seulement complexe mais elle réclame une formation et des
compétences spécifiques en ce qui concerne la vente et de la
gestion. Si 44% de l'assurance non-vie est distribuée par les guichets
suite aux accords de distribution, les filiales non-vie se développent
également. Cette allégation ne tient que pour trois filiales
non-vie (figurant parmi les vingt premiers assure urs de France)
et deux acteurs (se partageant 90% des contrats en stock) : le
Crédit Agricole et le Crédit Mutuel. Plus volontaristes, les
banques mutualistes ont développé leur propre compagnie
d'assurance dommages. Si le Crédit Mutuel a initié le mouvement
en 1974 avec les Assurances du Crédit Mutuel, le Crédit Agricole
a suivi ce mouvement en 1982 avec la Camca puis en 1990 avec Pacifica.
23. Les bénéfices et les perspectives de la
convergence banque assurance
a) Les bénéfices de la
convergence banque - assurance
. Des effets de
synergie
La combinaison des activités de banque et d'assurance a
fait naître des synergies commerciales7, notamment en
matière de distribution (figure 18). La
commercialisation conjointe de produits bancaires et d'assurance permet de
mieux rentabiliser les réseaux d'agence. A cela s'ajoutent les ventes
jointes de produits d'assurance liés à des produits bancaires.
De plus, des synergies structurelles en matière de
production et de gestion sont apparues. C'est sur des produits d'assurance -
épargne que les analogies avec les activités bancaires sont les
plus marquées. Cette similitude s'accentue avec l'apparition de produits
d'assurance vie normalisés.
La bancassurance n'est rien d'autre qu'un positionnement
spécifique qui s'appuie non seulement sur une offre globale de produits
standards et de packages mais également sur des processus de ventes
simples et intégrées (figure 19).
. Le développement de l'offre
Au sein des grandes banques à réseau, la
création de compagnies d'assurance vie est ancienne. Elle remonte pour
certaines à plus de trente ans et au plus tard au tout début des
années 90. Le Crédit Mutuel a créé les Assurances
du Crédit Mutuel en 1974, la fondation Natio Vie au sein de BNP remonte
à 1980, celle de Prédicta du Crédit Agricole à
19868.
Le développement de l'offre s'est réalisé
en trois étapes successives. La proximité des produits a d'abord
conduit les banques à s'intéresser à l'assurance vie. Dans
ce domaine, les filiales ont conquis, en quelques années, des parts de
marché significatives aux assureurs traditionnels. Fortes de ce
succès, les banques ont ensuite étendu leur domaine
d'intervention à la prévoyance (santé et accidents)
avant de s'intéresser à l'assurance de biens. L'assurance
est ainsi devenue une activité à part entière, voir un axe
stratégique pour les banques.
Entre 1993 et 2002, la part des produits d'assurance dans les
placements financiers des ménages français est passée de
22,8% à près de 40%. Les produits d'assurance ont
cannibalisé les actions détenues en direct (passées de
7,6% à 3,3%) ainsi que les OPCVM et autres fonds d'investissement
(perdant 7,3 points) 9.
b) Des perspectives
encourageantes
Si ce marché reste très ouvert, ce n'est pas
tant au sens classique du terme (augmentation du volume de contrats
souscrits) mais plus dans la nature des prestations proposées. Le
marché sera celui de l'offre de services personnalisée où
le consommateur choisit librement le lieu, la forme et le moment de son usage.
Malgré des résultats encourageants, la bancassurance cherche
à renouveler son modèle de croissance et ce pour deux raisons. En
premier lieu, cela lui permettra de séduire la clientèle haut de
gamme souvent attirée par la gestion privée et ses conseillers
spécialisés en gestion de patrimoine. En second lieu, cela lui
permettra de faire face à la réforme des retraites.
La bancassurance doit en conséquence trouver de
nouveaux créneaux de développement. Les perspectives,
présentées ci-après, sont encourageantes. Le marché
de l'assurance n'est pas un marché saturé.
En dommage, la banalisation de l'offre et la guerre des prix
exigent une forte reprise de l'innovation.
En assurance de personnes, les demandes de garanties
santé, prévoyance et retraite se développent car elles
satisfont à la recherche d'un confort toujours plus grand d'une part et
d'autre part à l'allongement de la durée de vie.
Enfin, tous les domaines de la vie courante font naître
un besoin de sécurité. Celui-ci se traduit dans des domaines
très divers tels que l'écologie, l'hygiène alimentaire,
les loisirs, etc. Si l'assurance dommage constitue déjà une
première étape, d'autres développements s'annoncent dans
la prévoyance (décès, dépendance).
Si le concept de bancassurance est récent, son
développement résulte de facteurs clés non
négligeables. L'extension des activités vers l'assurance a
été bénéfique pour les banques françaises.
Si elles fidélisent leur clientèle, elles diversifient
également leur profil d'activité réduisant ainsi les
risques. Cela n'est pas sans contribuer de façon déterminante
à leurs résultats. Ceci étant établi, il convient
d'identifier les spécificités des seniors dans la
bancassurance.
B) LES SENIORS DANS LA BANCASSURANCE
Dans le premier chapitre, nous avons abordé les
caractéristiques et les conséquences économiques et
sociales de l'évolution démographique des seniors. A cette
occasion, nous avons établi que les seniors disposent de revenus
supérieurs (au plus haut entre 66 et 70 ans) et d'un pouvoir
d'achat très élevé. Par ailleurs, les seniors concentrent
l'essentiel du patrimoine financier et immobilier. Leur consommation et leurs
préoccupations ne sont pas sans impact dans la bancassurance et c'est ce
que nous allons nous efforcer de confirmer.
1. L'impact de leur consommation dans la
bancassurance
11. Automobile
Si les seniors détiennent moins de contrats automobiles
que les individus plus jeunes, ils n'en demeurent pas moins attractifs. Nous
avons préalablement identifié que les seniors totalisent 45% des
acquisitions de véhicules neufs dont 80% des ventes haut de gamme. Cela
n'est pas sans avoir d'incidences sur la vente de produits (crédit
et assurance) ainsi que sur la rentabilité des bancassureurs.
(Figure 20)
En premier lieu, l'achat d'un véhicule s'opère
couramment à crédit. C'est ce que révèle
l'observatoire de la bancassurance en 2004. En effet, les crédits
consommation concernent 34,3% de la population contre 34,8% chez les seniors.
(Figure 21).
En second lieu, l'achat d'un véhicule se traduit par la
souscription d'une assurance et la garantie couvre tous les risques. Si son
montant est plus élevé qu'au tiers, il est singulièrement
proportionnel à la gamme du véhicule.
En troisième lieu, les seniors sont des conducteurs
plus prudents. Selon l'OPERBAC, un senior sur deux bénéficie d'un
bonus supérieur à 50% contre 35% du reste de la population. Cela
fait des seniors une cible lucrative. Elle abreuve les bancassureurs sans pour
autant faire appel à l'indemnisation. (Figure
22).
12. Habitat
Toujours selon l'OPERBAC, les seniors sont plus de 11%
à détenir un crédit immobilier contre 12,8% de la
population et près de 30% des 25-49 ans. Cela s'explique par le
remboursement de leur résidence principale à l'âge de 49
ans. Néanmoins, leur propriété vieillit et occasionne des
travaux plus ou moins considérables. De ce fait, ils ont recours au
crédit consommation.
L' UCB, une société de Bnp Paribas a
comprit l'enjeu que représentent les seniors sur le crédit.
L'initiative de créer un crédit conçu pour les plus de 50
ans est particulièrement séduisante. Son crédit «
Idealia »10 permet de financer l'achat - revente ou
l'achat d'un bien (concept de prêt relais) et de programmer des
baisses de mensualités qui seront effectives lors du passage à la
retraite.
Des événements de la vie des seniors motivent
cette perspective. Premièrement, leurs enfants ont quitté le
foyer et leur propriété devient trop spacieuse.
Deuxièmement, l'apparition des effets du
vieillissement ne leur permet plus de vivre dans une maison où l'usage
des escaliers devient difficile ou dans un immeuble sans ascenseur.
Troisièmement, ils quittent la région dans
laquelle ils ont fait leur carrière pour rejoindre leurs terres natales
au moment de la retraite. Entre 1990 et 1999, un nouvel arrivant dans le
Languedoc Roussillon sur cinq était un senior.
Compte-tenu de leur âge « avancé »,
les seniors sont-ils à même de solder leur emprunt immobilier ?
Nous avons établit dans le chapitre liminaire que la durée du
séniorat s'allonge. Elle était de 20 ans pour un homme en 2000 et
de 25 ans pour une femme. A cette condition, un senior a suffisamment de temps
devant lui pour rembourser son prêt.
13. Santé
Si les seniors sont plus équipés en assurance
santé que les moins de 50 ans, cela augmente avec l'âge
jusqu'à 75 ans. (Figure 23)
Cela constitue t-il, pour autant, un enjeu dans la
bancassurance ? Plus nombreux à souscrire un contrat d'assurance
santé, les seniors sont également plus dépensiers dans le
domaine et cela ne s'arrange pas avec l'âge pour des raisons
légitimes de sénescence.
Le vieillissement physiologique des seniors concerne trois
sens : le sens visuel d'une part avec la presbytie, le sens auditif d'autre
part (diminution auditive et confusion) et le sens du toucher
(notion de kinesthésie). Cette détérioration
progressive tient de l'altération du système nerveux. Celui-ci
subit avec l'âge des modifications neurophysiologiques (une baisse de
vitesse de convection traduit une augmentation du temps de réaction),
neurobiochimiques (les neurotransmetteurs sont en décin)
et neuroanatomiques (la perte de neurones et de substance blanche
provoquent la maladie de l'alzheimer).11
Une question mérite donc d'être posée
à ce stade de la réflexion. Les seniors sont-ils rentables en
matière d'assurance santé ? S'ils bénéficiaient de
garanties identiques aux individus plus jeunes, ils ne constitueraient pas une
cible attractive pour les bancassureurs et ceux-ci l'ont bien
appréhendé en distribuant des offres restrictives dont les tarifs
font l'objet d'une majoration avec l'âge.
Suravenir, filiale du Crédit Mutuel de Bretagne, propose
un contrat d'assurance santé « Senior » où les
restrictions vont bon train.
En cas d'hospitalisation par exemple, les seniors disposent d'un
forfait journalier limité en nombre de jour. Cette règle
prévaut également pour le bénéfice d'une chambre
seule. Etre senior, c'est aussi voir son remboursement de prothèses
dentaires rogné (si la prothèse dentaire est prise en charge
par le régime général) ou encore supprimé si
elle n'est pas prise en charge par le régime général.
Tout ceci semble paradoxal dans la mesure où un senior
a plus d'occasion qu'un autre individu de passer du temps à
l'hôpital, de consulter des spécialistes en raison des effets du
vieillissement. C'est mal comprendre, a priori, leurs besoins et leurs
spécificités. Nonobstant, c'est miser sur la rentabilité
de son organisation et ne pas laisser de côté une population non
rentable.
2. Leur patrimoine, un enjeu de 36 milliards d'euros
21. Une appétence particulière dans
l'immobilier et l'épargne
Le patrimoine représente l'ensemble des biens et des
dettes d'un individu à un moment donné. Les différents
éléments constitutifs d'un patrimoine sont détenus dans
des proportions extrêmement variables selon les individus. Nous
distinguerons ici deux grandes familles. La première correspond à
l'ensemble des avoirs bancaires tels que les comptes à vues (compte
chèque), les comptes d'épargne et les placements financiers.
La seconde eng lobe tout le reste (les meubles et objets d'art).
Une enquête de l'Insee12
révèle que les seniors réunissent plus de 60% du
patrimoine immobilier et financier des ménages. Marie-Laure GUENA de
TNS13 évalue le patrimoine médian des
ménages français à environ 140 000 euros dont 71,4% dans
l'immobilier. Si le patrimoine augmente avec l'âge jusqu'à 69 ans
pour atteindre
185 000 euros chez les 55-69 ans, il diminue de plus de 10%
dès 70 ans. Cela coïncide avec une réorganisation
progressive du patrimoine immobilier vers le patrimoine financier. Les seniors
ont un besoin de liquidité et de commodité. (Figure
24)
Le patrimoine des français a évolué entre
2000 et 2004 légèrement en ce qui concerne le patrimoine
immobilier. Le patrimoine financier est en léger recul en raison de la
perte de vitesse des livrets défiscalisés, des valeurs
mobilières et des produits assurance vie, PEP et épargne
retraite. Ces derniers accusent un recul allant jusqu'à 6 points. Grands
vainqueurs du patrimoine financier : l'épargne logement et
l'épargne salariale gagnent beaucoup de terrain. (Figure
25)
a) Le patrimoine
immobilier14
Le patrimoine immobilier moyen des ménages
français d'élève à 100 000 euros,
représentant près des deux tiers du patrimoine total. Si 3
ménages retraités sur 4 sont propriétaires, leur
proportion se renforce avec l'âge pour décliner après 70
ans. Cette évolution résulte de deux effets. En premier lieu, il
s'agit de l'effet de l'âge.
A sa première installation le ménage est jeune
et le plus fréquemment locataire. Il cherche ensuite à devenir
propriétaire. En fin de cycle de vie, il transmet son bien ou le vend
afin d'emménager dans un établissement spécialisé.
En second lieu, il s'agit de l'effet générationnel. Cela tient
des comportements collectifs de chacune des cohortes dictées notamment
par le contexte économique et social. (Figure
24)
Les maisons individuelles sont prisées par les seniors.
L'enquête SIMM 2001 fait apparaître de 45% des seniors
résident dans une propriété individuelle contre 33%
privilégiant l'appartement.
Dans les années 90, nous avons pu assister à la
migration des seniors dans le Sud de la France. Cela s'est traduit par 80 000
installations dans le Languedoc Roussillon. Cela représente un arrivant
sur cinq, un arrivant sur quatre quittant la région
parisienne15. La migration des seniors s'explique par la
cessation d'activité professionnelle.
b) Le patrimoine financier
Le patrimoine financier des ménages français
s'élève à 39 000 euros. Il augmente avec l'âge pour
être maximal après le passage des 70 ans (66 000 euros).
Cela peut s'expliquer par le fruit de la vente de leur résidence
immobilière. (Figure 24)
Le patrimoine financier peut revêtir plusieurs formes.
L'épargne liquide constitue la première forme de patrimoine
financier à travers ses livrets d'épargne (jeunes, A, Bleu,
Codevi, LEP, etc.). La seconde englobe des produits d'épargne
à long terme. C'est ce que nous appelons l'épargne contractuelle
: épargne logement (plans et comptes), assurance vie,
épargne retraite. La troisième réunit des produits
financiers : valeurs mobilières, obligations et emprunts d'Etat, Sicav
ou FCP.
. L'épargne liquide
Dans son enquête « Patrimoine des ménages
début 2004 », l'Insee fait apparaître que les seniors sont
amateurs de livrets défiscalisés sans pour autant en
détenir plus que les moins de 50 ans. Leur détention de livrets A
ou Bleu et de Codevi est supérieure au reste de la population.
(Figure 26)
· L'épargne contractuelle
Les seniors sont en retrait sur les produits liés au
logement (plan d'épargne logement et compte épargne logement)
dans la mesure où ce domaine ne les préoccupe plus. En
effet, les seniors ont soldé leur dernier prêt immobilier à
l'âge de 49 ans. (Figure 27)
Les seniors consomment davantage les produits d'assurance
vie, les plans d'épargne populaire et les produits d'épargne
retraite. Ces produits répondent plus à leurs
préoccupations : mieux faire face à la baisse des revenus au
moment de la retraite par une épargne complémentaire et
protéger ses proches.
Nous avons constaté dans le chapitre premier que
l'entraide intergénérationnelle est l'une des
caractéristiques substantielles des seniors.
Elle se traduit dans la bancassurance par des aides à
l'habitat, des donations et des crédits. Précédemment, les
seniors ouvraient des comptes à leurs descendants directs. À
présent, nous assistons à l'émergence de plans
d'épargne réservés aux petits-enfants.
La Société de Banque et d'Expansion du Groupe
Banque Populaire a saisit cet enjeu en imaginant le « Plan Epargne Enfant
»16 . Il permet aux seniors de placer de l'argent pour
leurs petits-enfants tout en restant propriétaires de l'épargne.
Le concept d'un contrat d'assurance vie inter génération a pour
avantage de permettre aux seniors de choisir l'âge de transmission
(entre 16 et 25 ans) et le mode de versement (capital,
rente).
· L'épargne financière
Les seniors sur consomment les produits d'épargne
financière créant des écarts avec les moins de 50 ans
quels que soient les produits : valeurs mobilières, obligations, Sicav,
FCP. Leur revenu supérieur de 30% aux individus plus jeunes auquel nous
ajoutons 30% de revenu disponible (lié au remboursement de leur
emprunt immobilier) leur permet de se constituer une épargne
financière. (Figure 28)
Nous venons de déterminer que les seniors sont grands
consommateurs d'épargne quelle que soit sa forme. Est-ce un paradoxe
d'épargner pour sa retraite lorsque nous avons plus de 50 ans ?
Les individus auxquels vous posez la question lors d'un
déjeuner développent avec condescendance qu'il est trop tard, que
l'épargne retraite est un virage à amorcer bien avant. Le
modèle pyramidal, présenté dans la figure 29
ci-contre, de la Banque Populaire17 ne va pas
dans ce sens. Il évoque la pyramide de Maslow. Les niveaux
d'épargne inférieurs doivent être satisfaits pour aspirer
aux niveaux supérieurs. En conséquence, un individu ne pourra
épargner pour sa retraite tant qu'il ne sera en mesure d'épargner
pour ses placements par exemple. De plus, Il fixe la durée de
l'épargne retraite à 10 ans ou plus. Dans ces circonstances, un
jeune senior de 50 ans dispose encore de suffisamment de temps pour
épargner pour sa retraite.
22. La succession, une préoccupation
partagée
La transmission de patrimoine n'est pas uniquement une des
préoccupations des seniors. C'est également une forte
préoccupation des bancassureurs. Selon Frédéric
COLLARDEAU, le montant des donations équivaut à celui des
successions18.
La transmission de patrimoine consiste à
protéger et simplifier les démarches de ses héritiers.
Elle permet également d'éviter de trop se démunir. La
figure 30 ci-contre fait apparaître les deux
étapes clés de la transmission. Dans la première
étape, le senior est un client préparant sa transmission. Dans la
seconde étape, le senior est décédé et ses
héritiers bénéficient des avantages de la convention.
Compte tenu des enjeux de la transmission de patrimoine chez
les seniors, La Poste propose à ses clients une convention
transmission18. Nous allons donc aborder les bénéfices
de ce service à la fois chez les bancassureurs et chez les seniors.
a) Bénéfices
bancassureur
La convention transmission n'est pas un service anodin et
purement altruiste dans une société où les plus de 50 ans
prennent le pouvoir. C'est même un service à double détente
qui offre deux opportunités de conserver le patrimoine de son client.
En premier lieu, la convention transmission permet de vendre
des produits exonérés de droits de succession et de
conquérir les héritiers par recommandation immédiate du
vivant du senior. En second lieu, elle permet de conserver les
encours et de conquérir les héritiers par recommandation
différée.
Nous l'avons bien saisi, la convention transmission a la
particularité d'être une stratégie plus qu'un service. Il
s'agit là d'une initiative remarquable de La Poste qui a trouvé
le moyen de prévenir de la fuite des capitaux au moment de la
succession. Apporte t-elle réellement un service quelconque aux seniors
? Nous allons tenter de répondre à cette question en
l'étudiant point par point.
b) Bénéfices
client
Du côté des seniors, la convention transmission
permet de connaître les règles de la transmission et les mesures
possibles pour transmettre au mieux son patrimoine.
. Analyse critique de la Convention
Transmission
La convention transmission comporte trois blocs : un guide, un
diagnostic et des avantages pour les ayants droit.
C'est d'abord un guide remis au moment de l'adhésion.
Il contient les règles de base de la transmission (fonctionnement de
l'héritage, importance du régime matrimonial, ordre des
héritiers, calcul des droits de succession), des informations sur
l'organisation de la succession, des recommandations de notaire, des
définitions à connaître et les droits du conjoint survivant
en matière de logement.
Compte tenu de sa teneur, nous pouvons affirmer qu'il
n'apporte rien au souscripteur de la convention. En effet, un client peut faire
appel au service juridique de sa banque et bénéficier de conseils
pour tout bien assuré. De la même façon, un client muni
d'une protection juridique se verra offrir les mêmes services.
C'est également un diagnostic personnalisé. Ce
bilan précise les règles successorales. Qui hérite ? Dans
quelle proportion ? Il permet aussi d'estimer le montant des droits de
succession à régler.
Le constat est similaire au point ci-dessus. Sans même
signer une convention, un client peut établir un diagnostic
personnalisé gratuit avec son conseiller et s'il s'agit d'un client haut
patrimoine : le diagnostic sera réalisé par un conseiller en
gestion du patrimoine.
C'est enfin des avantages pour les ayants droit. Signer une
convention transmission permet au souscripteur et à ses héritiers
de bénéficier d'avantages divers (assistance pour les
démarches administratives à entreprendre suite au
décès, gratuité du traitement du dossier succession,
conditions tarifaires préférentielles).
Là encore, nous ne pouvons qu'être dubitatifs de
la valeur ajoutée de ce service. Ces bénéfices peuvent
être octroyés à tout client ou héritier si ceux-ci
disposent de suffisamment d'encours. En effet, nous devons accepter la largesse
des bancassureurs et leur capacité à réduire le montant
d'un service ou à l'offrir selon la tête du client.
. Des résultats déjà
prometteurs
Ce service a été commercialisé
progressivement. Il a d'abord été vendu par des conseillers
spécialisés en patrimoine avant d'être
généralisé à l'ensemble des conseillers
financiers.
Ses résultats sont encourageants. Plus de 1,2 million
de contrats ont été souscrits. Cela représente 40% des
seniors équipés à La Poste.
Le patrimoine immobilier et financier des seniors constitue un
véritable enjeu pour les bancassureurs. Plus de 35 milliards d'euros ...
de quoi susciter les convoitises. Abordons maintenant la prévoyance et
regardons en quoi les seniors constituent un nouveau créneau pour la
profession.
3. Leurs craintes du vieillissement trouvent un écho
dans la prévoyance
Nous avons préalablement établi que la
prévoyance est l'une des perspectives de développement de la
bancassurance. Les seniors y constitueraient même le coeur de cible.
Cette hypothèse est née du chapitre premier où nous avons
eu l'opportunité d'identifier que les seniors sont inquiets pour leur
avenir. Ils sont également soucieux de leur autonomie financière.
Ils veulent pouvoir subvenir aux dépenses liées à leur
dépendance, à leurs obsèques. Dans ces circonstances, la
prévoyance semble être une réelle solution à leurs
crai ntes.
31. Dépendance
La Dépendance se caractérise par un besoin
d'aide pour accomplir les actes de la vie quotidienne (se déplacer,
se nourrir, s'habiller). Devons-nous pour autant réduire la
dépendance des seniors à de l'incapacité physique ?
Répondre par l'affirmative reviendrait à ne pas prendre en compte
les variables psychologiques et sociales. Une grille AGGIR a donc
été développée dans ce sens et comporte six niveaux
basés sur les critères de l'autonomie mentale et locomotrice.
(Figure 31)
Devenir dépendant, c'est perdre son d'autonomie et le
degré varie selon les individus. Nous avons admis
précédemment que la dépendance constitue l'une des
principales craintes des seniors face à leur sénescence parce
qu'elle a un coût. Une étude de Dafsa19
révèle que les dépenses occasion nées pour la
dépendance permanente représentent plus de 15 millions d'euros
pour près de 2 millions de personnes âgées. Si la
dépendance par tête coûte en moyenne près de 8 000
euros, elle peut aller jusqu'à 30 OOO euros. Toujours selon Dafsa, le
coût de la dépendance devrait doubler dans les vingt prochaines
années. Le raz de marée des seniors y serait-il pour quelque
chose ?
Les seniors ont conscience des coûts engendrés
par la dépendance et veulent pouvoir subvenir à ses
dépenses (aide à domicile, hébergement en
établissement spécialisé). Une étude de
CSA20 révèle que plus de un senior sur deux
compte sur son assurance ou sa mutuelle pour régler ces frais. Ils sont
moins de 40% à compter sur l'Etat et la
sécurité sociale ; environ 37% sur leur
épargne ou leurs proches. Nous pouvons donc en déduire que cela
constitue un potentiel pour les bancassureurs.
32. Décès
Alain AZEROUAL, Président de Senior
Avenir21, précise que les contrats d'obsèques
sont des produits d'avenir pour aborder le marché des seniors. En 2005,
30% des obsèques sont payées par ce biais. Cela tient d'une
volonté de ne pas être une charge pour ses descendants.
Dans ce contexte, la Société de Banque et
d'Expansion du Groupe Banque Populaire distribue le « Plan
Fructi-Obsèques 22»
permettant d'organiser et de financer ses obsèques. Si la
souscription est possible jusqu'à 79 ans, les seniors ont la
possibilité de définir le montant du capital sans la moindre
formalité médicale (quel que soit l'âge au moment de
l'adhésion). Des services 7 jours sur 7 sont proposés :
informations juridiques et pratiques, garantie pour le rapatriement du corps et
un service inédit: « le respect des dernières
volontés ».
Nous venons d'établir que les produits de
prévoyance apparaissent comme une vérifiable solution pour
annihiler les craintes des seniors face à leur sénescence. Si la
prévoyance rassure les seniors, elle constitue un enjeu dans la
bancassurance.
Cette première partie nous a permis de faire
connaissance avec une population dont tout le monde parle comme d'un nouvel
eldorado. Nous avons identifié leur système de valeurs, la
façon de les catégoriser pour mieux les cibler et les nombreuses
raisons de s'y intéresser.
Les seniors d'hier caractérisés par des revenus
inférieurs, une absence de consommation et un repli sur eux-même
laissent place à une nouvelle génération de seniors.
Ceux-ci sont plus nombreux et plus aisés que le reste de la population.
En meilleure santé, ils disposent de plus de temps libre. Cela a des
impacts économiques et sociaux. Si leur consommation s'adresse à
des secteurs lointains de la bancassurance, elle y a un effet au travers de
l'automobile, de l'habitat et de la santé.
Les seniors accordent une place de choix à leur famille
au travers d'une solidarité intergénérationnelle
descendante ou ascendante. Quelle que soit l'expression de cette
solidarité (aide personnelle, dons ou transmission de valeurs et de
savoir), elle traduit une volonté de transmission anticipée
où l'enjeu représente 36 milliards d'euros pour les
bancassureurs.
La générosité des seniors est
avérée mais reste modérée. Ceux-ci aspirent d'abord
à bien vivre, même s'ils s'approprient la paternité de la
culture de l'épargne. Leur taux d'épargne élevé
résulte de leurs préoccupations légitimes de maintenir
leur pouvoir d'achat lors de leur retraite, mais également de faire face
à des dépenses de dépendance. Très soucieux de ne
pas accabler financièrement leurs descendants, l'épargne
constitue la première alternative pour conserver leur autonomie.
Nous sommes donc à même de confirmer
l'hypothèse que les seniors représentent une cible attractive et
spécifique dans la bancassurance. Pouvons-nous pour autant affirmer
qu'il s'agit d'un marché d'avenir au Crédit Mutuel de Bretagne ?
Sommes-nous à même de préciser la stratégie
marketing à envisager dans cette banque mutualiste à ce stade de
la recherche ?
La confrontation des données internes à celles
du marché nous permettra t-elle d'établir à l'oeil nu un
diagnostic fiable du marché des seniors au Crédit Mutuel de
Bretagne ? Répondre par l'affirmative reviendrait à nier
l'existence des études statistiques et à prendre de gros risques
dans nos conclusions. C'est pourquoi, nous allons - sur la base
d'hypothèses formulées à l'oeil nu - réaliser des
tests statistiques adaptés pour confirmer ou infirmer en toute
objectivité nos hypothèses préalables.
Ensuite, nous serons en mesure de dresser un diagnostic
interne du marché des seniors au Crédit Mutuel de Bretagne et
enfin prêt à formuler des recommandations sur la stratégie
marketing à envisager.
« L'essence de la stratégie est le
choix
d'accomplir ses activités d'une
manière
différente de celle de ses concurrents.
»
Michaël Porter
Professeur et théoricien
américain
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout particulièrement
Monsieur Olivier DESOUBRY, Maître de conférences à
l'Institut de Gestion de Rennes, pour avoir dirigé ce travail avec
implication. Son expertise, ses conseils avisés et ses encouragements
ont été précieux.
Je remercie Monsieur Yannick CADIOU, Directeur Marketing du
Crédit Mutuel de Bretagne, et son successeur Monsieur Dominique ANDRO
pour avoir accueilli favorablement ma recherche théorique et
appliquée au sein de la structure pendant neuf mois.
Je tiens à remercier plus particulièrement
Madame Lorraine DOLLFUS-ROUSSEAU, Chargée d'Etude Haut Patrimoine, pour
ses observations, son soutien méthodologique et l'expérience dont
elle m'a fait profiter.
De nombreux collaborateurs m'ont reçu en entretien.
Leur expérience et leur recul ont contribué à
l'élaboration de mon mémoire.
Je remercie Monsieur André FADY, Responsable du Master
Marketing en Formation Continue, pour la qualité des enseignements
dispensés par l'ensemble des enseignants.
PARTIE II
DIAGNOSTIC DU
MARCHE DES
SENIORS AU CMB
CHAPITRE I : L'ETUDE STATISTIQUE
La partie première de ce mémoire concerne
l'analyse du marché des seniors dans la bancassurance. Désormais,
nous devons analyser ce marché et identifier les opportunités et
menaces qu'il représente pour le Crédit Mutuel de Bretagne. Pour
ce faire, nous allons confronter les données du marché des
seniors dans la bancassurance à celles du Crédit Mutuel de
Bretagne.
A) METHODOLOGIE
Une étude statistique est une étude quantitative
dont l'objectif majeur est de compter et de comparer pour décider.
L'approche quantitative repose sur différentes hypothèses et ses
tests inhérents s'appuient sur une procédure
générale précise. Sa description détaillée
est présentée en annexe 1.
Déterminer la probabilité
associée à la statistique du test
Comparer la probabilité avec le niveau de signification
alpha
Tirer une conclusion pour l'étude marketing
Choisir le niveau de signification alpha
Rejeter ou ne pas rejeter H0 et H1
Calculer la statistique du test
Choisir un test approprié
Collecter les données
Formuler H0 et H1
Déterminer si la VCST appartient à la région
de rejet ou de non-rejet
Déterminer la valeur critique de la statistique du test
(VCST)
1. Procédure générale des tests
d'hypothèses1
2. Collecte des données
21. Collecte des données
théoriques
L'étude requiert la collecte de deux types de
données. Les premières sont théoriques. Elles concernent
la population française et l'équipement des seniors dans la
bancassurance.
Concernant la population française, nous nous appuierons
sur les données de l'INED
(Institut National des Etudes Démographiques).
Celles-ci sont téléchargées sur le site de l'INED et
présentées dans l'annexe 2.
L'équipement des seniors dans la bancassurance sont
des données de l'OPERBAC (Observatoire de la bancassurance).
Disponibles à la Direction Marketing du Crédit Mutuel de
Bretagne, elles sont présentées dans l'annexe
3.
22. Collecte des données
observées
Les secondes données sont observées au sein du
Crédit Mutuel de Bretagne, périmètre de notre recherche.
Des données telles que la situation familiale, la situation du logement,
le nombre d'enfant à charge, les flux créditeurs, les encours,
..., sont particulièrement intéressantes à étudier
à l'occasion d'un diagnostic interne. Elles nécessitent la
participation d'un chargé d'études statistiques et ne peuvent
être collectées par un chargé d'études marketing
seul.
Dans ces circonstances, nous nous arrêterons à la
collecte et à la comparaison de données sur la détention
de produits des clients en fonction de leur âge. Celles-ci sont extraites
dans une base de données Access qui permet aux chargés
d'études marketing de la structure de générer seuls des
statistiques sur la détention de produits des clients en fonction de
leur âge.
L'annexe 4 décrit la procédure de
collecte et d'extraction et l'annexe 5 présente
l'équipement des moins de 50 ans et des seniors au Crédit Mutuel
de Bretagne.
B) ETUDE ET ANALYSE
1. Les seniors au Crédit Mutuel de Bretagne
11. Une définition du marché cohérente
et une segmentation discutable
Le Crédit Mutuel de Bretagne définit le
marché des seniors comme celui des individus âgés de plus
de 50 ans. Ce périmètre est également retenu par deux
concurrents (le Crédit Agricole et la Banque des seniors) alors
même que la Caisse d'Epargne et La Poste s'adressent aux 55 ans et
plus.
Dans le domaine de la bancassurance, le marché des
seniors comporte généralement trois segments (exception faite
au Crédit Agricole où quatre segments sont définis).
Si la segmentation du marché au Crédit Mutuel de Bretagne
est identique à un nouveau bancassureur (les AGF), le premier
établissement parle de « Papy-Boomers », de «
Retraités Actifs » et d' « Aînés » pour
désigner les 50-59 ans, les 60-75 ans et les plus de 75 ans alors
même que le second emprunte ses dénominations à Jean-Paul
TREGUER (Masters, Libérés et Retirés).
A leurs côtés, la Caisse d'Epargne, La Poste et
la Banque des seniors élargissent le premier segment jusqu'à
l'âge de 64 ans, retardent le second à l'âge de 65 ans et
maintiennent le dernier segment aux plus de 75 ans. Cette approche semble
être plus en phase avec les évolutions récentes du code du
travail. Le second segment est souvent définit pour des seniors
n'exerçant plus professionnellement. Or, la réforme du 21
août 2003 sur les retraites encourage les individus à exercer leur
activité professionnelle audelà de 60 ans (une sur-côte
de 3% par an en cas de poursuite d'activité). Par ailleurs, depuis
le premier janvier 2005, les retraités peuvent cumuler un emploi et une
retraite (décrets n°1130 et n°1131 du 19 octobre 2004).
Cet assouplissement a donné naissance en septembre dernier à
la première agence d'intérim pour les seniors en France «
Actif Senior Plus ».
12. Une bonne représentativité des
seniors
Le Crédit Mutuel de Bretagne compte plus de 1 500 000
clients au 31 décembre 2004 dont 560 000 seniors (35,52% de ses
clients). C'est plus qu'en France où les seniors
représentent 33,87% de la population (annexes 2 et
5).
Sommes-nous pour autant capables de conclure à
l'absence de différence significative entre le poids des seniors en
France et au Crédit Mutuel de Bretagne ? Afin de répondre
objectivement à cette hypothèse, nous allons réaliser un
premier test statistique selon la procédure générale des
tests d'hypothèses.
Nous sommes en présence d'une variable de type nominale
et d'un échantillon unique. Notre objectif est de comparer les
observations du Crédit Mutuel de Bretagne aux effectifs
théoriques de la population française. Compte tenu de ces
caractéristiques, nous allons réaliser un test de Khi-deux
(noté 2) présenté en
annexe 6.1.
Le test fait apparaître que le Khi-deux calculé
(2 cal) est inférieur au Khi-deux de la table (2
tab). Nous ne pouvons donc pas rejeter l'hypothèse H0 selon
laquelle il n'existe pas de différence significative entre la structure
de la population française et celle du Crédit
Mutuel de Bretagne.
13. Un marché conforme à la structure
française
Ceci étant posé, il convient de regarder de plus
près le marché des seniors. Jusqu'à 75 ans, les seniors
sont plus nombreux au Crédit Mutuel de Bretagne qu'en France.
Au-delà de 75 ans, l'étude à l'oeil nu fait
apparaître une sous représentation des aînés. Ceux-ci
sont 6,6% au Crédit Mutuel de Bretagne contre 7,1% en France
(annexes 2 et 5).
Nous sommes en mesure d'affirmer qu'il existe un écart
entre le marché des seniors au Crédit Mutuel de Bretagne et en
France. Pouvons-nous pour autant soutenir qu'il est significatif ? Une
réponse objective nécessite un second test statistique.
Les caractéristiques de ce nouveau test sont analogues au
test précédent et les résultats présentés en
annexe 6.2.
Le Khi-deux calculé étant inférieur au
Khi-deux de la table, nous ne pouvons rejeter l'hypothèse H0 selon
laquelle il n'y a pas de différence significative entre le marché
des seniors au Crédit Mutuel de Bretagne et le marché des seniors
en France.
Chiffres clés du marché des seniors au
Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- 560 000 seniors.
- 35,52% des sociétaires ou clients.
- Augmentation du nombre de seniors sur le territoire d'ici 2010
de 13%
- Augmentation du nombre de seniors sur le territoire de 44%
d'ici 2030.
Nous venons d'établir qu'une étude statistique
au Crédit Mutuel de Bretagne (compte tenu du nombre de seniors)
n'induirait pas des résultats différents par rapport
à une étude statistique sur la population française.
En d'autres termes, la structure de ce marché au
Crédit Mutuel de Bretagne est conforme au marché français.
Etudions dès à présent l'équipement des seniors en
produits d'assurance.
2. Les assurances de biens et de personnes
21. Automobile et habitat, un défaut d'innovation
produit
a) Analyse de l'équipement
Qu'il s'agisse d'automobile ou d'habitat, le taux
d'équipement en assurance des seniors au Crédit Mutuel de
Bretagne est conforme aux seniors français de moins de 50 ans. Il est
respectivement de 7% en automobile et de 8% en habitation. Du chemin reste
à parcourir pour le Crédit Mutuel de Bretagne. Leur
pénétration sur ces produits d'assurance est faible mais reste
conforme aux autres bancassureurs. En effet, nous avons identifié dans
la première partie que les bancassureurs détenaient 6% du
marché automobile et 8% de l'habitation. Annexe 5.
Ce constat s'avère contradictoire avec l'analyse de la
première partie selon laquelle les seniors français
détiennent moins de contrats d'assurance automobile et habitation que
les jeunes et les actifs réunis.
La différence n'est cependant pas significative. Elle
se vérifie de manière non scientifique sur un échantillon
de 1 000 individus. Sur le marché des seniors en France, ils seraient 3%
d'individus de moins à être équipés d'une assurance
automobile et 1,9% d'une assurance habitation. Annexe 3.
La détention d'assurance automobile diminue avec
l'âge au Crédit Mutuel de Bretagne, le fossé se
créant à partir de 76 ans.
Sur le plan français, nous assistons au même
effet. Cela tient d'une part à la sénescence des individus et
d'autre part de l'histoire. Les seniors de plus de 75 ans sont nés avant
1929. Beaucoup d'entre eux n'ont jamais conduit de leur vie ni même
possédé un véhicule alors même que nous avons pu
assister à une utilisation plus massive de l'automobile après la
seconde guerre mondiale.
Les seniors du Crédit Mutuel de Bretagne sont-ils pour
autant moins bien équipés que les seniors français en
assurance automobile ?
Le test statistique du Khi-deux présenté en
annexe 6.3 nous permet de soutenir qu'il n'existe pas de
différence significative entre la population que nous observons au
Crédit Mutuel de Bretagne et la population française.
b)
Analyse de l'offre
Le Crédit Mutuel de Bretagne ne commercialise pas
d'assurance automobile et habitation à destination exclusive des
seniors. Cela ne constitue pas pour autant une faiblesse dans la mesure
où aucun autre bancassureur de la place ne s'est aventuré dans
cette voie.
c)
Analyse de la concurrence
Quelques acteurs de l'assurance s'y sont hasardés
depuis plus de sept ans déjà. C'est le cas de Lloyd Continentale
qui a été rachetée par le groupe SwissLife. Cette
organisation, dont l'objectif est de devenir « la compagnie partenaire
des seniors au quotidien », propose une assurance automobile et une
multirisque habitation. A ses côtés, Zuritel propose
également une assurance automobile.
Données clés de l'assurance automobile
et habitat au Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- 7% des seniors sont équipés d'une assurance
automobile et 8% d'une assurance habitation.
- L'équipement en assurance automobile diminue avec
l'âge, plus particulièrement dès 76 ans.
- Aucun produit spécifique n'est commercialisé
auprès des seniors.
- Menace des assureurs spécialisés sur le
marché des seniors concurrençant l'établissement dans les
domaines de la santé et la prévoyance.
|
22. La complémentaire santé, un manque
d'attractivité
a) Analyse de
l'équipement
Au Crédit Mutuel de Bretagne, les seniors sont moins
équipés en assurances santé que les jeunes et les actifs
réunis. Si l'écart reste faible dans cette organisation, les
résultats sont contraires à l'analyse de la partie une selon
laquelle les seniors français détiendraient davantage de
complémentaire santé que les moins de 50 ans. Les écarts
dans la détention sont considérables et supérieurs
à 10%. Annexe 3 et 5.
Trois explications prévalent pour expliquer ce
phénomène au Crédit Mutuel de Bretagne.
En premier lieu, l'assurance santé est un produit
récent qui a su conquérir les sociétaires les plus jeunes
au Crédit Mutuel de Bretagne.
En second lieu, le Crédit Mutuel de Bretagne fait face
à la concurrence indirecte des complémentaires imposées
par les entreprises. Si ces complémentaires constituent un frein durant
l'activité professionnelle de ses clients, une opportunité se
dégage lors du passage à la retraite de ceux-ci.
En troisième lieu, le changement de
complémentaire constitue un risque pour les seniors. Cela tient des
caractéristiques du produit : âge limité lors de la
souscription et tarification plus élevée.
La détention d'assurance santé diminue avec
l'âge au Crédit Mutuel de Bretagne. Nous pouvons même
observer une rupture à partir de 76 ans. Le Crédit Mutuel de
Bretagne perd 6 points alors même que sur le plan général
nous assistons à une baisse de plus de 2 points. Comment expliquer cet
écart alors même que les seniors d'un âge avancé ont
davantage recours aux soins médicaux que les autres individus ? Cela
tiendrait, à priori, au fait qu'ils bénéficient à
un âge avancé de soins médicaux gratuits : la prise en
charge à 100% pour les affections longues durée (7 millions
d'individus en France2) et de la Couverture Maladie
Universelle crée par la loi du 27 juillet 1999 pour les plus
démunis (près de 5 millions d'individus en France au 31
décembre 2003 dont 15% de seniors et 125 000 individus en
Bretagne3).
Les seniors du Crédit Mutuel de Bretagne sont-ils pour
autant moins bien équipés que les seniors français en
assurance santé ? Le test statistique présenté en
annexe 6.3 nous permet de soutenir qu'il n'existe pas de
différence significative entre l'équipement des seniors au
Crédit Mutuel de Bretagne et celui des seniors français.
b)
Analyse de l'offre
Le Crédit Mutuel de Bretagne commercialise à
destination des seniors une complémentaire santé via sa filiale
d'assurance Suravenir. La souscription de ce produit est possible à
partir de 60 ans alors même que le Crédit Mutuel de Bretagne
définit le marché des seniors aux plus de 50 ans. Nous sommes
donc à même de supposer que cette offre n'est pas cohérente
avec la segmentation de l'établissement. Contrairement aux produits
concurrents, la cotisation d'un senior est quatre fois supérieure
à un trentenaire pour une couverture identique.
Si ces deux points nous permettent de nous interroger sur
l'attractivité de ce produit par rapport à la concurrence, nous
devons admettre que le Crédit Mutuel de Bretagne commercialise un bon
produit étant donné que ses garanties couvrent bien les besoins
des seniors qui craignent souvent d'être moins bien assurés en
vieillissant.
c)
Analyse de la concurrence
La complémentaire santé « Senior » du
Crédit Mutuel de Bretagne a des concurrents directs dans la
bancassurance.
Si le Groupe Banque Populaire propose « Fructi
Santé » une complémentaire sans limite d'âge à
l'adhésion, la Poste propose « Completys Santé » dont
la souscription est possible jusqu'à 65 ans seulement. De plus, la
cotisation semble plus attractive et conforme aux tarifs applicables chez les
moins de 50 ans.
Données clés de l'assurance
santé au Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- Les seniors sont sous représentés dans
l'assurance santé.
- L'équipement d'assurance santé diminue avec
l'âge.
- Opportunité de capter les jeunes retraités.
- Menace de l'Etat providence permettant à 125 000
bretons démunis de bénéficier de la CMU.
- L'attractivité de certains produits concurrents peut
limiter la progression du produit santé au Crédit Mutuel de
Bretagne.
|
23. Dépendance et obsèques, un défaut
de positionnement
a) Analyse de
l'équipement
La prévoyance au Crédit Mutuel de Bretagne est
un domaine émergeant encore très peu développé.
Seulement 7% des sociétaires sont équipés de produits
dépendance ou obsèques, les seniors sont les moins nombreux
(2%).
La détention diminue avec l'âge avant
d'être nulle sur le segment des plus de 75 ans. Si 3% des 50-59 ans
détiennent un produit de prévoyance, les 60-75 ans sont trois
fois moins nombreux.
Nous pourrions avancer l'hypothèse qu'il y a un
âge à partir duquel les individus ne capitalisent plus pour leur
dépendance ou leur décès parce qu'il est trop tard. Cette
proposition ne saurait prospérer dans une société
où la durée de vie des individus s'allonge.
Ces produits pourraient être commercialisés
exclusivement auprès des plus de 50 ans voir même auprès
des sexagénaires. Si l'on part de l'hypothèse qu'un individu
devient dépendant à 70 ans et décède à
l'âge de 80 ans : ce même individu dispose de 20 ans devant lui
pour capitaliser sur la dépendance et de 30 ans pour ses
obsèques.
b) Analyse de l'offre et de la concurrence
Ces produits qui surfent sur la prévoyance suscitent la
convoitise de nombreux bancassureurs. Tous sont présents sur les couples
produit / marché
(dépendance / seniors ; obsèques / seniors)
comme présentés dans l'annexe 7.
L'offre de produits dépendance
L'analyse des offres de dépendance montre des garanties
homogènes d'un bancassureur à un autre, seul le montant de la
rente varie.
L'offre du Crédit Mutuel de Bretagne - premier
bancassureur - se distingue par l'âge limité de souscription
(réduit à 70 ans contre 75 ans chez les concurrents) ;
par une rente mensuelle moins élevée que le leader du
marché (le Crédit Agricole) ; et par une tarification
attractive (13 euros par mois).
L'offre de produits obsèques
Les produits obsèques s'avèrent nettement moins
homogènes dans leur concept que les produits de dépendance.
L'âge limite de souscription oscille entre 80 et 85 ans et le montant du
capital passe du simple au double.
L'offre du Crédit Mutuel de Bretagne est bien
positionnée avec son produit « Assur Obsèques » qu'il
propose aux seniors de 85 ans et moins alors même que trois concurrents
affichent 80 ans. Toutefois, limiter l'âge d'adhésion peut
s'avérer rédhibitoire lorsqu'un seul acteur - la Caisse d'Epargne
- renforce son attrait en permettant à chaque senior de souscrire
à son produit quel que soit son âge.
Données clés de la prévoyance au
Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- 2% des seniors sont équipés d'un produit
prévoyance.
- La détention diminue avec l'âge.
- Les produits dépendance et obsèques sont
à priori mal positionnés.
- Menace d'une forte concurrence sur le créneau
L'analyse de l'assurance de biens et de personnes nous enseigne
que le Crédit Mutuel de Bretagne ne propose peu ou pas de produits
spécifiques ou adaptés aux seniors.
Les produits automobiles et habitats ciblant les seniors font
défaut au Crédit Mutuel de Bretagne et chez l'ensemble des
bancassureurs.
Ses produits santé et dépendance manquent parfois
d'attrait face à des produits concurrents dont les
caractéristiques intrinsèques tiennent mieux compte du quotidien
des seniors. Son produit obsèques reste cohérent avec les besoins
des seniors et distinctif sur le critère de l'âge (meilleur
que trois de ses concurrents).
3. Les crédits, un potentiel inexploité
Au Crédit Mutuel de Bretagne, 75% des
sociétaires détiennent un crédit. Les seniors sont plus
nombreux que les moins de 50 ans. En effet, 77% d'entre eux ont
contracté un emprunt au Crédit Mutuel de Bretagne contre 66% des
25-49 ans. Ces résultats se révèlent surprenants et
portent à discussion. Si nous prenons en compte les étapes de vie
des individus et leurs besoins inhérents, il serait logique de soutenir
que les actifs (25-49 ans) sont davantage à emprunter pour leur
logement principal et pour leur véhicule. Or tel n'est pas le cas au
Crédit Mutuel de Bretagne.
Une hypothèse prévaut pour expliquer ce
phénomène. Une fois leur emprunt immobilier remboursé, les
seniors du Crédit Mutuel de Bretagne sont peut-être plus enclins
à contracter des crédits consommation (automobile,
camping-car, bateau, .) ou revolving (voyages, travaux, .).
Annexe 5
Pouvons-nous pour autant soutenir que les crédits
représentent davantage de potentiel sur le marché des seniors que
sur celui des actifs dans l'organisation ? Le calcul de la détention des
seniors et des actifs sur le nombre total de détenteurs de
crédits au sein du Crédit Mutuel de Bretagne montre un
écart de 1% en faveur des seniors entre ces deux marchés. Les
effectifs diffèrent de 14 000 individus. De plus, les encours des
seniors s'avèrent être moins élevés (15 574
euros) compte tenu de la durée moyenne de crédit restant
(5 ans en habitat). Ainsi, cet écart dans les effectifs
couplé à un encours amoindri ne rend pas le marché des
seniors plus attractif que celui des actifs au Crédit Mutuel de
Bretagne.
Par ailleurs, 23% des seniors français ont un
crédit contre 40% des 25-49 ans. L'équipement des seniors diminue
plus modérément avec l'âge. Le premier segment affiche 23%
contre 20% sur le second et près de 8% chez les aînés.
Annexe 3
De nouveau, les clients du Crédit Mutuel de Bretagne se
particularisent des français. Ces écarts sont-ils en
définitive importants ? Le test statistique du Khi-deux,
présenté en annexe 6.3, permet de soutenir qu'il
y a un écart significatif dans la détention de crédit
entre les
seniors du Crédit Mutuel de Bretagne et les seniors
français. Il apparaît donc une appétence des seniors
bretons pour les crédits jusqu'à l'âge de 75 ans.
Pouvons-nous pour autant établir une correspondance
entre l'âge des clients et le type de crédit ? Les tests
statistiques du Khi-deux et du Coefficient de contingence,
présentés en annexe 6.4, permettent d'affirmer
qu'il existe une relation entre l'âge des clients et le type de
crédit. Nonobstant, l'intensité de la corrélation
s'avère faible.
Ceci étant posé, il convient à
présent d'analyser l'équipement et l'offre des différents
types de crédits. Nous étudierons ici les principaux : le
crédit consommation et le crédit immobilier.
31. Crédit consommation
a) Analyse de
l'équipement
Un quart des sociétaires possèdent un
crédit consommation au Crédit Mutuel de Bretagne. Les seniors
sont moins nombreux que les jeunes et les actifs réunis (23% vs
27%). La possession de crédit consommation diminue avec l'âge
chez les seniors. Si les 50-59 ans sont 33% à détenir un
crédit consommation, le segment suivant affiche 20% et les plus de 75
ans 5%. Annexe 5
En France, près de 35% des seniors disposent d'un
crédit consommation contre 65% des moins de 50 ans. Si
l'équipement des seniors diminue également avec l'âge, ce
déclin est important d'un segment à l'autre : 48% (50-59
ans), 32% (60-75 ans) et 15% (plus de 75 ans).
Annexe 3
Compte tenu de l'équipement des seniors au
Crédit Mutuel de Bretagne et des seniors en France, nous sommes en
mesure d'admettre que les seniors du Crédit Mutuel de Bretagne
consomment moins de crédit consommation que les autres.
b) Analyse de l'offre et la concurrence
Le Crédit Mutuel de Bretagne ne commercialise pas de
crédit consommation auprès des seniors. Cependant, trois de ses
concurrents s'y sont aventurés. Ils procurent notamment des
crédits dont la souscription est réalisable jusqu'à 80
ans. Si le montant de l'emprunt diffère selon l'établissement
(750 à 32 000 euros) ; le taux (4,54% à 16,08%)
et la durée n'échappent pas à ce fait (1 à
7 ans). Annexe 8
Le Crédit Mutuel de Bretagne est absent du
marché des seniors. Si d'autres établissements en viennent
à se positionner sur ce créneau, cela devrait constituer une
menace pour le Crédit Mutuel de Bretagne. Ses clients risquent de «
butiner » vers des établissements répondant à leurs
besoins.
Données clés du crédit
consommation au Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
. 23% des seniors détiennent un crédit
consommation.
. L'équipement diminue avec l'âge.
. Pas de produit spécifique aux seniors.
. Menace de trois concurrents directs sur le créneau
32. Crédit habitat
a) Analyse de
l'équipement
Quinze pour cent des sociétaires du Crédit
Mutuel de Bretagne sont détenteurs d'un crédit habitat. Les
seniors sont moins nombreux que les actifs 14% vs 26% des 25-49 ans. La
détention de crédit immobilier diminue avec l'âge sur le
marché des seniors. Si les 50-59 ans représentent 22%, cette part
devient deux fois moins importante sur le segment des 60-75 ans pour atteindre
1% chez les aînés. Annexe 5
En France, les seniors restent les moins nombreux à
détenir un crédit immobilier. Ils sont plus de 11%. Au sein de ce
marché, nous assistons à la même diminution qu'au
Crédit Mutuel de Bretagne avec l'âge des sujets. Si le segment des
50-59 ans totalise 23%, le suivant compte seulement 6,6% de détenteurs
et les aînés 1%. Annexe 3
Nous pouvons donc déduire que les seniors du
Crédit Mutuel de Bretagne consomment à priori comme l'ensemble
des seniors en France dans la bancassurance. Par contre, les seniors
âgés de 60 à 75 ans au Crédit Mutuel de Bretagne
consomment davantage de crédit habitat que les seniors en France. Ce
phénomène trouve son explication dans la migration des nouveaux
retraités. Si ceux-ci changent d'agence bancaire ou
d'établissement avant leur arrivée dans la région ; ils
doivent parfois contracter un emprunt immobilier afin d'acquérir leur
nouvelle résidence faute d'un apport suffisant.
b)
Analyse de la concurrence
Le Crédit Mutuel de Bretagne est également
absent du marché des seniors. Si ce marché regroupe trois
bancassureurs, il est composé de cinq produits le plus souvent
commercialisés par des filiales de grands groupes. Entenial (Caisse
d'Epargne) et la Banque des Seniors (Groupe Ban ques Populaires)
proposent chacun deux produits immobiliers. Ces produits ne disposent
d'aucune caractéristique commune hormis la modification du montant des
mensualités au passage de la retraite pour l'UCB Cap Retraite (BNP
Parisbas) et le prêt Cadence Retraite d'Entenial. Annexe
8
La multiplication de ces produits sur ce segment constitue une
véritable menace pour le Crédit Mutuel de Bretagne. Si celui-ci
n'est pas en mesure de répondre aux besoins de ses seniors, ils iront
voir ailleurs.
Données clés du crédit
immobilier au Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- 14% des seniors détiennent un crédit.
- L'équipement diminue avec l'âge.
- Aucun produit spécifique n'est commercialisé
auprès des seniors.
- Risque de « butinage » des seniors.
Dans le domaine du crédit, le Crédit Mutuel de
Bretagne ne commercialise aucune offre spécifique ou adaptée aux
seniors alors même que ses concurrents lancent souvent une offre minimum
via leur filiale. Cette stratégie de lancement par la filiale leur
permet de détecter des niches qui deviendront peut-être de
véritables marchés compte tenu de l'attrait des seniors et de
leur appétence envers le patrimoine immobilier. Une question
mérite donc d'être formulée à ce stade de
l'étude : la fusée du Crédit Mutuel de Bretagne
aurait-elle délibérément raté sa correspondance
vers la planète Seniors ?
Si nous ne sommes pas en mesure de répondre à cette
interrogation, étudions de plus près le domaine de
l'épargne.
4. L'épargne, un potentiel limité à
l'assurance vie
Au Crédit Mutuel de Bretagne, près de 9
sociétaires sur 10 détiennent de l'épargne sous la forme
bancaire, d'assurance ou financière. La première forme regroupe
le maximum d'épargnants (85%).
A première vue, les seniors détiennent autant
d'épargne que les moins de 50 ans (87%) mais davantage que les
25-49 ans (81%). Cela tient souvent du niveau de revenu disponible
supérieur de 30% une fois l'emprunt immobilier soldé.
Contrairement aux analyses précédentes portant
sur l'assurance et le crédit, la détention augmente avec
l'âge chez les seniors. Si elle s'élève à 84% chez
les 50-59 ans, elle est supérieure de 5% chez les 60-75 ans pour
atteindre 92% chez les aînés. Ce phénomène
s'explique par la diminution des besoins des seniors à mesure qu'ils
progressent dans leur séniorat. Annexe 5
Une question mérite donc d'être posée dans
ce contexte. Alors même que la majeure partie de sa vie est
derrière lui, pourquoi un senior épargne t-il plus que les autres
individus ? Dans la partie liminaire de cette recherche, nous avons
établit que les seniors craignent pour leur avenir. Ils souhaitent
être en mesure de maintenir leur pouvoir d'achat lors de leur retraite et
faire face aux dépenses de dépendance. Ainsi, le maintien de leur
autonomie les amènerait à être plus économes que les
moins de 50 ans.
Pouvons-nous pour autant établir une correspondance
entre l'âge des clients et le type d'épargne ? Les tests
statistiques du Khi-deux et du Coefficient de contingence,
présentés en annexe 6.5, permettent d'affirmer
qu'il existe une relation entre l'âge des clients et le type
d'épargne. Toutefois, l'intensité de la corrélation
s'avère faible.
Ceci étant posé, il convient à
présent d'analyser la détention des seniors selon le type
d'épargne (bancaire, assurance et financière).
41. L'épargne bancaire
L'épargne bancaire couvre des produits
différents tels que l'épargne logement, le livret, le Plan
d'Epargne Populaire. Cette forme d'épargne réunit 85% des
sociétaires qu'ils aient plus de 50 ans ou moins de 50 ans.
La détention augmente avec l'âge sur le
marché des seniors. Elle est respectivement de 81% sur le premier
segment, de 86% sur le second segment et de 90% sur le segment des
aînés. Les aînés montrent une appétence
particulière sur chacun des produits d'épargne bancaire alors
même qu'ils approchent de la dépendance.
Les livrets d'épargne réunissent le plus d'adeptes
chez les seniors avec respectivement 69%.
Aucun produit d'épargne bancaire n'est
spécifique aux seniors aujourd'hui au Crédit Mutuel de Bretagne
et chez les concurrents. Il leur est difficile de se montrer innovant dans le
domaine dans la mesure où ces produits sont crées par des
instances gouvernementales.
Données clés l'épargne bancaire
au Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
. 85% des seniors détiennent de l'épargne.
. L'équipement augmente avec l'âge pour être
de 90% sur le segment des aînés (plus de 75 ans).
. Pas de produit spécifique aux seniors quel que soit le
bancassureur.
|
42. L'épargne sous forme d'assurance vie
Cette forme d'épargne couvre des produits d'assurance
vie divers de type inter générationnels par exemple. L'assurance
vie permet également de préparer sa retraite et sa succession.
a) Analyse de
l'équipement
Au Crédit Mutuel de Bretagne, 29% des
sociétaires détiennent un produit d'épargne sous forme
d'assurance vie. Les seniors sont plus nombreux que les jeunes et les actifs
réunis (43% vs 21%). Sur le marché des seniors, la
détention augmente avec l'âge jusqu'à 75 ans. Si le premier
segment représente 36%, les plus de 60 ans sont 47% à
détenir un produit d'épargne de la gamme « Prévi
» commercialisée par Suravenir. La part belle revient à
cette gamme qui concentre 41% des seniors dont 46% des 60-75 ans.
b)
Analyse de l'offre
Le Crédit Mutuel de Bretagne ne commercialise aucun
produit spécifique ou adapté aux besoins de ses seniors. Cela
constitue une faiblesse face à la pléthore de produits existant
sur le marché.
Si ses produits d'assurance vie sont nombreux avec notamment
la gamme « Prévi », ils ciblent l'ensemble des
sociétaires âgés de 18 à 65 ans alors même que
la Caisse d'Epargne ne limite pas l'âge de l'adhésion. Ce
critère de l'âge constitue une réelle faiblesse au
Crédit Mutuel de Bretagne. En effet, l'établissement se prive du
segment des aînés (18,68% du marché des seniors)
et en grande partie du segment des retraités actifs
âgés de 60 à 75 ans (39,75% du marché).
c) Analyse de la concurrence
L 'assurance vie inter
génération
Dans le domaine de l'assurance vie inter
génération, trois produits existent aujourd'hui sur le
marché des seniors. Ils permettent aux seniors de constituer un capital
pour leurs petits-enfants : Nuances Grenadine (Caisse d'Epargne), Plan
Epargne Enfant (La Banque des Seniors) et le Livret Avenir
(Crédit Mutuel d'Ile de France). Annexe 9
L'assurance vie pour préparer sa retraite ou sa
succession
Les produits d'assurance vie, permettant de préparer sa
retraite ou sa succession, sont plus nombreux et les bancassureurs mieux
représentés. Ils s'adressent généralement à
de jeunes seniors. BNP Paribas se distingue par son positionnement haut de
gamme avec le PEP Assurance permettant de compléter ses revenus lors du
passage à la retraite.
D'autres bancassureurs n'hésitent pas à lancer
plusieurs produits répondant ainsi aux besoins des seniors. Si le Groupe
Banque Populaire positionne un produit par type de besoin, la Caisse d'Epargne
commercialise un produit retraite et deux produits successoraux. Le
Crédit Agricole propose un produit 2 en 1 et la Société
Générale reste spécialisée sur les produits
retraites. Annexe 9
En définitive, dans le domaine de l'épargne sous
forme d'assurance vie, la Caisse d'Epargne se montre plus offensive que ses
concurrents et ses produits plus conformes aux attentes et aux
spécificités des seniors.
Données clés l'assurance vie au
Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- 43% des seniors détiennent une assurance vie.
- L'équipement augmente avec l'âge jusqu'à
75 ans.
- Aucun produit spécifique n'est commercialisé
auprès des seniors.
- Opportunité dans le domaine de l'assurance vie inter
génération afin de répondre au besoin qu'a un senior
d'aider financièrement ses descendants.
- Risque de butinage des seniors faute de réponse
à leurs besoins spécifiques : garder leur pouvoir d'achat et leur
autonomie.
|
43. L'épargne financière
Cette forme d'épargne couvre des produits divers tels
que les comptes (gérés, ordinaires, spéciaux), le
Plan Epargne Action ou encore l'épargne salariale. Point commun de ces
produ its financiers : valoriser son capital.
a) Analyse de
l'équipement
Au Crédit Mutuel de Bretagne, 9% des
sociétaires détiennent un produit d'épargne financier. Les
seniors sont plus nombreux que les jeunes et les actifs réunis. Ils sont
16% contre 6% des moins de 50 ans. La détention augmente avec
l'âge chez les seniors. Une explication prévaut pour
décrire ce phénomène. Cela tient de la migration du
patrimoine immobilier vers le patrimoine financier. Les seniors vendent leur
bien immobilier et investissent le fruit de cette vente dans des actifs
financiers.
b) Analyse de l'offre et de la concurrence
Le Crédit Mutuel de Bretagne ne propose pas de produits
d'épargne financière spécifiques ou adaptés aux
seniors.
Seule La Poste propose une gamme d'OCPVM « Investir
Autrement » répondant aux valeurs des seniors. Ceux-ci sont
attachés à l'éthique, à l'environnement et au
développement durable. Ainsi, chacun de ses produits est
constitué à partir d'entreprises qui versent une partie de leurs
intérêts à une fondation. Son produit «
Téléthon Poste D » concerne la recherche médicale et
son produit « Liberté et Solidarité D » concerne les
droits de l'homme.
En conclusion, le domaine de l'épargne
financière n'a peu ou pas encore vu émerger des produits prenant
en compte les particularités des seniors et leurs attentes. Si l'absence
du Crédit Mutuel de Bretagne sur ces produits ne constitue pas une
réelle faiblesse, une opportunité se dessine à terme.
Données clés l'épargne
financière au Crédit Mutuel de Bretagne en 2004
- 16% des seniors détiennent un produit financier
d'épargne.
- L'équipement augmente avec l'âge.
- Pas de produit spécifique aux seniors.
- Opportunité de concurrencer La Poste et sa gamme
d'OCPVM en lançant un produit permettant aux seniors de valoriser leur
capital.
|
|
Le Crédit Mutuel de Bretagne ne commercialise aucun
produit ciblant exclusivement les seniors dans le domaine de l'épargne
bancaire ou financière et de l'assurance vie. Ses produits s'adressent
à l'ensemble des particuliers alors même que ses concurrents
directs ont choisi de répondre aux besoins spécifiques des
seniors.
L'étude du Crédit Mutuel de Bretagne montre
quelques faiblesses (plus particulièrement en ce qui concerne
l'offre). Par ailleurs, l'établissement dispose de points d'appuis
non négligeables sur le marché des seniors. Ceci étant
établit, il convient à présent de dresser un diagnostic
interne.
C) SYNTHESE
Sur la base de l'étude préalable et de son
analyse, nous allons nous efforcer de dresser un diagnostic du marché
des seniors au Crédit Mutuel de Bretagne. Pour y parvenir, nous allons
nous aider d'une matrice SWOT (Strenghts, Weaknesses, Opportunities,
Threats) Cette démarche est systématiquement retenue par les
chargés d'études de l'établissement et est
réalisée en accord avec la Direction Marketing. Il s'agit d'une
étape importante étant donné qu'elle nous permettra, in
fine, de répondre à trois questions.
- Comment pouvons-nous nous appuyer sur nos forces pour tirer
profit des opportunités ?
- Comment pouvons-nous employer nos forces pour faire face aux
menaces identifiées ?
- Que devons-nous faire pour réduire nos faiblesses afin
de prévenir les menaces et saisir les opportunités.
Avant de réaliser ce diagnostic, il convient de
préciser que le Crédit Mutuel de Bretagne appartient au Groupe
Crédit Mutuel. Celui-ci étant le 1er groupe bancaire
en Bretagne et la 3e banque des seniors en France, cela
profite au Crédit Mutuel de Bretagne.
1. Forces et faiblesses
|
FORCES
|
FAIBLESSES
|
|
Produit
|
Produit
|
|
- Une grande part des seniors est
|
- L'établissement ne réalise pas
|
|
bancarisée et son équipement est
|
d'innovation produit en général sur le
|
|
multiple.
|
marché des seniors.
|
|
- Le produit obsèques dispose d'un
|
- Le Crédit Mutuel de Bretagne ne
|
|
avantage concurrentiel. L'âge de
|
commercialise aucun produit de crédit et
|
|
l'adhésion est supérieur à la
concurrence.
|
d'épargne spécifique aux seniors.
|
|
|
- La gamme de produits d'assurance
ciblant les seniors est réduite au
|
O
|
|
|
|
|
minimum. Seul un produit santé est commercialisé
sur le marché des seniors.
|
F
|
|
|
|
|
- L'assurance santé et la
prévoyance
|
F
|
|
manquent parfois d'attractivité. Le produit santé
est restrictif. Le produit dépendance
|
R
|
|
limite l'âge d'adhésion et propose la rente
mensuelle la moins élevée.
|
E
|
Prix
|
Prix
|
|
- Le prix du produit dépendance est
|
- Le prix de l'assurance santé est très
|
|
attractif (13 euros par mois).
|
élevé par rapport à la concurrence
|
|
|
(rapport de 4).
|
|
FORCES
|
FAIBLESSES
|
|
Canaux de distribution
|
Canaux de distribution
|
|
- Choix vaste de canaux de distribution et
|
- L'ergonomie du site internet est limitée
|
O
|
|
|
|
de contact augmentant le potentiel
|
(pas de prise en compte des problèmes
|
F
|
commercial de l'offre.
|
physiologiques des seniors).
|
|
- Réseau d'agences dense, y compris
|
- Pas d'aménagement spécifique en
|
F
|
dans les zones rurales.
|
agence.
|
R
|
Communication
|
Communication
|
|
- Des réunions « Clarté
» sont organisées
|
- Absence de campagne de
|
E
|
|
|
|
sur des thèmes intéressant les seniors
|
communication ciblant les seniors.
|
|
(gestion de patrimoine, préparation de sa
retraite).
|
- Absent dans les médias ciblant
les seniors.
|
|
- La définition du marché des seniors est
|
- Le potentiel des papy-boomers est
|
|
cohérente et conforme aux autres acteurs
|
inexploité (élevé jusqu'en 2015).
Absence
|
D
|
(les plus de 50 ans).
|
de stratégie à court terme.
|
|
- Le renouvellement de la clientèle est
|
- Pas d'intérêt affiché pour les seniors.
|
E
|
assuré. Le marché des jeunes est au coeur de sa
stratégie à long terme (clients
|
- La part d'agriculteurs est forte chez les concurrents
(domaine qui regroupe de
|
M
|
de demain).
|
nombreux seniors).
|
|
- La stratégie de fidélisation est
préférée à
|
|
A
|
la stratégie de captation pour limiter le
|
- BNP Paribas et le Crédit
Agricole détiendraient de nombreux seniors à haut
|
|
« butinage » des seniors.
|
|
N
|
|
revenus (déclaratif auprès d'Eurostaf).
|
|
- Parts de marché élevées sur le
territoire.
|
|
D
|
- Important portefeuille de clients seniors au
Crédit Mutuel de Bretagne (un tiers de
|
|
E
|
|
|
|
la clientèle).
|
|
2. Opportunités et menaces
|
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
Produit
|
Produit
|
|
- Commercialiser des produits
|
- Les produits concurrents d'assurance
|
|
d'assurances automobiles et habitat
|
santé et dépendance sont plus attractifs
|
|
spécifiques aux seniors dans la mesure où
|
(âge d'adhésion, montant de la rente
pour
|
|
aucun bancassureur, stricto sensu, n'est
|
les seconds).
|
|
présent.
|
- La concurrence est forte dans le
|
|
- Commercialiser un produit d'assurance
|
domaine des crédits quel que soit le type
|
|
vie inter génération afin de concurrencer
|
et le Crédit Mutuel de Bretagne est absent
|
|
deux produits existants. Le Crédit Mutuel
|
de ce créneau.
|
O
|
de Bretagne peut d'ailleurs profiter de
l'expérience du Crédit Mutuel Ile de
|
- Les concurrents sont nombreux dans le domaine de l'assurance
vie permettant de
|
F
|
France qui a déjà innové dans ce sens.
|
préparer sa retraite ou sa dépendance.
|
|
- Commercialiser un produit d'épargne
|
|
F
|
financière adapté aux seniors pour
concurrencer La Poste et sa gamme
|
|
R
|
d'OPCVM.
|
|
E
|
Prix
|
Prix
|
|
- Globalement, le Crédit Mutuel de
|
- Les produits concurrents d'assurance
|
|
Bretagne affiche des tarifs très compétitifs.
|
santé sont plus attractifs en terme de tarification.
|
|
|
Communication
|
|
|
- Un établissement qui ne communique
pas auprès des seniors, communique quand même
mais mal.
|
|
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
D
|
- Capter les jeunes retraités perdant
leur
|
- Augmentation du nombre d'assurés
|
|
complémentaire santé imposée par leur
|
démunis en Bretagne profitant d'une
|
E
|
société lors de leur activité
|
couverture santé gratuite (4 millions
|
|
professionnelle.
|
d'individus).
|
M
|
|
- Butinage des clients à l'occasion d'un
crédit immobilier faute de produit adapté à
|
A
|
|
leur proposer.
|
|
|
- Les seniors risquent de se sentir ignorés
|
N
|
|
|
|
|
faute de produits, de canaux ou de communication
adaptés à leurs besoins.
|
D
|
|
|
E
|
|
|
Le Crédit Mutuel de Bretagne privilégie une
stratégie de fidélisation plutôt que de captation pour
éviter le « butinage » des seniors. Cette stratégie se
traduit par la commercialisation de produits plutôt classiques qui sont
vendus avec d'autres produits sous forme de solutions globales.
Cette stratégie prive le Crédit Mutuel de
Bretagne du potentiel des Papy-Boomers dont l'intérêt est
avéré jusqu'en 2015. De plus, l'établissement court le
risque de perdre des capitaux au moment de la succession.
Par ailleurs, le Crédit Mutuel de Bretagne n'exploite
pas son appartenance à un groupe d'envergure nationale composé de
nombreuses filiales spécialisées. Celles-ci peuvent être
utilisées pour lancer de nouveaux produits sur le marché des
seniors. Cela a pour avantage de limiter les risques et permet de
détecter des niches qui deviendront peut-être des marchés
à terme.
Aussi, le Crédit Mutuel de Bretagne doit se doter d'une
stratégie à court terme et à moyen terme sur le
marché des seniors. Le chapitre suivant préconise des actions
à mener dans ce sens.
CHAPITRE II : PRECONISATIONS
A) AU NIVEAU DU MARKETING INFORMATIONNEL
1. Une base de données opérationnelle
Le Crédit Mutuel de Bretagne dispose d'une base
commerciale (( Topaze )). Ses données manquent de fiabilité pour
être exploitées dans une démarche marketing
stratégique ou opérationnelle. C'est une étude statistique
interne antérieure à notre recherche qui a permit de
déceler des incohérences (des individus de 70 ans sont
étudiants, d'autres individus de 80 ans exercent une activité
professionnelle).
Nous ignorons donc si un senior est toujours marié,
s'il est encore en activité, si ses enfants sont toujours à sa
charge. Ces éléments conditionnent le comportement des seniors et
la Direction Marketing souhaiterait mieux les prédire. Rendre (( Topaze
)) opérant est source de bénéfices pour l'organisation et
un moyen efficace et peu coûteux se dessine.
11. Les effets de sa qualification
Une base de données opérationnelle permet
d'intervenir à deux niveaux dans la démarche marketing.
Dans une démarche stratégique, sa qualification
permet d'affiner la segmentation du marché des seniors réduite
aujourd'hui à l'âge des sujets (50-59 ans, 60-75 ans et les
plus de 75 ans). Des sous segments peuvent ainsi être établis
(( seul ou en couple )), (( avec enfants autonomes ou non )) sur le premier
segment ; (( en activité ou non )), (( seul ou en couple )), (( avec
enfants autonomes ou non )) pour le second segment ; (( seul ou en couple )),
(( dépendant ou non )) sur le troisième segment.
Par ailleurs, elle permet de détecter des
opportunités de marché à moyen et à long terme en
anticipant les besoins des seniors.
Dans une approche opérationnelle, elle donne
l'opportunité de réaliser des campagnes de marketing direct
auprès des seniors. Nous établirons les possibilités
d'actions dans le point B relatif au marketing-mix.
12. La force de vente, un moyen efficient
Qualifier une base de donnée de plus de 500 000
sociétaires sur le marché des seniors est un véritable
sacerdoce pour une Direction Marketing. Qui mieux que les conseillers
connaissent leurs clients et les rencontrent régulièrement ?
Personne sinon eux et la solution repose par leur biais sous forme d'un
challenge.
a) Principe du challenge
Nous suggérons au Crédit Mutuel de Bretagne
d'utiliser sa force vente pour corriger et compléter les dossiers des
seniors. Leur motivation repose sur un challenge d'une durée de trois
mois à six mois maximum avec des récompenses à la
clé.
Chaque conseiller profite d'un rendez-vous avec les seniors de
son portefeuille pour actualiser ses données. Si cette
opportunité ne se présente pas, il a la possibilité
d'utiliser l'outil téléphonique pour les contacter.
Un mailing, présenté dans l'annexe 11
à titre d'exemple, s'adresse aux directeurs de caisses pour
présenter l'opération, son objectif et les récompenses.
b) Le catalyseur d'action
Comment impliquer les directeurs de caisses dans
l'opération ? Comment les inciter à s'inscrire ? Voilà
deux questions majeures auxquelles nous nous efforçons de
répondre en proposant un catalyseur d'action. Celui-ci est très
simple. Nous leur permettons de recevoir le même prix que leurs
conseillers en cas de réussite de ces derniers. Annexe
12
c) Les incentives
Déclencher l'inscription des directeurs de caisses au
Challenge ne suffit pas. Il nous est nécessaire de rendre la
participation des conseillers active et efficace.
Pour ce faire, nous conseillons aux organisateurs de les
récompenser aux moyens de voyages, de week-ends, de croisières,
de bons d'achat. Ces prix font l'objet d'une présentation
détaillée dans l'annexe 12 en guise
d'exemple.
d) Les ressources
Des ressources sont nécessaires pour mener à
bien l'opération de qualification. D'ordre humaines et
financières, elles sont décrites ci-après.
La Direction Marketing nomme un coordinateur de
l'opération parmi ses collaborateurs. Celui-ci prend en charge
l'organisation, l'animation et le suivi du challenge. De plus, elle fait appel
à la Direction Juridique pour établir le règlement du
Challenge.
Les voyages, proposés via la filiale ACTA/CMB Voyages,
réduisent ainsi le coût. A raison d'un vainqueur par
département et de son directeur de caisse : huit voyages sont à
gagner et le budget s'élève à 4 544 € HT
(annexe 12). La seconde moitié du budget est
consacrée aux week-ends (2 256 € Hi), aux
croisières en mer (960 € Hi) et aux bon d'achat (1 080
€). Au total, 42 lots sont à gagner grâce à un
budget inférieur à 9 000 € HT.
2. Des chargés d'études plus communicants
Le Crédit Mutuel de Bretagne dispose au sein de sa
Direction Marketing un Département Analyse de données
(chargés d'études statistiques) et un Département
Etudes Marketing (chargés d'études marketing). A cela
s'ajoutent de nombreux chargés d'études spécialisés
répartis au sein d'autres Départements (Banque à
Distance, Services, Titres, etc.). Si les premiers chargés
d'études au sein de la Direction Marketing se complètent, leurs
échanges avec les chargés d'études
spécialisés sont plus ou moins développés selon les
individus. Ce manque de communication n'est pas sans impact et nous proposons
un moyen d'y remédier.
21. Les effets d'une meilleure communication entre les
chargés d'études
Communiquer permettra de déclencher deux effets
majeurs dans l'organisation. Le premier relève de l'économie
d'échelle. Aujourd'hui, nous avons pu relever que des études ont
été mené à deux occasions
(phénomène de doublons).
Le second relève de l'effet de synergie. Les
chargés d'études de la Direction Marketing se privent parfois de
données que seuls les chargés d'études
spécialisés détiennent dans leur domaine. Leur
collaboration enrichirait les études.
22. Des échanges réels et virtuels ...
deux moyens rapides et peu coûteux
Pour développer ces relations et identifier des
études transversales, les responsables des départements peuvent
se rencontrer et échanger sur leurs dossiers respectifs afin d'alerter
leurs collaborateurs lors de réunions hebdomadaires.
De plus, un espace web commun (un onglet dans le portail
de communication existant dans la structure) peut-être ouvert pour
que chaque chargé d'étude partage ses méthodes, ses
sources, ses données et ses études.
3. Des études supplémentaires sur les
seniors
La partie liminaire de ce mémoire, servant
d'étude préliminaire sur la marché des seniors au sein de
la Direction Marketing du Crédit Mutuel de Bretagne, doit être
approfondie et faire l'objet d'études ad hoc.
31. Affiner l'étude
préliminaire
L'étude préliminaire nous a permis de mieux
connaître les seniors, leurs valeurs, les raisons de s'y
intéresser, etc. Un point n'a pas été abordé
cependant. Il s'agit des flux migratoires des seniors et plus
particulièrement des seniors entrants dans le périmètre
géographique du Crédit Mutuel de Bretagne. Pour ce faire, une
étude documentaire est nécessaire et peut être
réalisée avec les données de l'INSEE. Ces seniors
représentent un potentiel qu'il convient d'évaluer.
En parallèle des flux migratoires, le Crédit
Mutuel de Bretagne doit tenir compte de ses seniors délocalisés
(pour des raisons professionnelles essentiellement) ayant
conservé leurs comptes et leurs contrats dans une agence de Bretagne.
Pourquoi s'intéresser aux seniors expatriés ? Une seule
réponse prévaut : ils reviendront certainement vivre dans leur
région natale et auront peut-être des besoins de crédit,
d'assurances de biens et de person nes.
32. Réaliser une étude qualitative a)
Objectif
La réalisation d'une étude qualitative permettra
d'analyser les attentes des trois segments du marché des seniors, de
vérifier leur pertinence et de renforcer le Crédit Mutuel de
Bretagne sur les trois points décrits ci-après.
. Son image : proximité, solidarité,
qualité relationnelle et expertise.
. Son développement de l'offre dans le champ de
l'épargne, de la retraite, de la
prévoyance, des assurances (dépendance,
obsèques, voire automobile), des services (voyage...).
. Son approche commerciale : bilan patrimonial quelques
années avant l'âge de la
retraite et après le passage en retraite, offres
packagées, communication adaptée à la sensibilité
des segments.
b) Méthodologie
Le Crédit Mutuel de Bretagne sous-traite ses
études qualitatives auprès de cabinets
spécialisés.
Cela nous amène à proposer en premier lieu un
brief d'étude (annexe 13). Il présente le
contexte général de la recherche (société,
marché), les objectifs (formulation du problème
marketing et du problème d'étude, les indications
méthodologiques, les spécifications techniques) et les
informations que le cabinet doit intégrer dans son projet d'étude
(méthodologie, structure de la recherche, description de
l'échantillon, prestations concrètes et la partie
contractuelle).
En second lieu, nous recommandons cinq cabinets sur la base de
critères précis (annexe 14). Trois d'entre eux
ont déjà réalisé des études pour la
structure, deux autres sont spécialisés dans les études
qualitatives ou encore spécialisés sur les seniors.
En troisième lieu, nous proposons une structure des
guides d'animation par segment d'âge (annexe 15).
Trois à quatre volets sont abordés selon le
segment en présence. Point commun de chaque segment : les mots, les
préoccupations actuelles et le rôle de la banque. Sur le segment
des retraités actifs (60-75 ans), nous proposons un volet
retraite.
Nous venons de suggérer un ensemble d'actions portant
sur l'information, sa collecte et son exploitation. Ceci étant
posé, il convient de s'intéresser aux éléments de
la politique marketing.
B) AU NIVEAU DU MARKETING MIX
Nous présentons dans ce point des initiatives qui
peuvent être réalisées par le Crédit Mutuel de
Bretagne afin d'exploiter le potentiel du marché des seniors à
court et à moyen terme. Nous proposons notamment des actions portant sur
la gamme de produit. Il ne saurait être question pour le Crédit
Mutuel de Bretagne de se lancer dans un tel exercice sans avoir
vérifié au préalable - au moyen d'études ad hoc -
que chaque action répond aux besoins de ses seniors dans leur ensemble
ou sur l'un des segments.
1. Une politique de produit tournée vers
l'innovation
L'innovation est un instrument de conservation et de
conquête de part de marché. Elle a du sens pour stimuler la
demande et créer de nouvelles sources de revenus. Permettant de mieux
faire face à la concurrence, elle permet de prendre et de reprendre la
parole (elle donne de l'intérêt à la
communication).
Nous avons préalablement identifié une faiblesse
en terme d'innovation produit sur le marché des seniors au Crédit
Mutuel de Bretagne. A l'aide de la matrice relative à la typologie des
innovations, nous allons suggérer trois types d'innovations.
En premier lieu, nous allons préconiser des
innovations de « renouvellement ». Elles concernent
l'amélioration de deux produits (santé et dépendance),
l'élargissement de la gamme actuelle par la commercialisation de
produits déjà lancés par la concurrence (une
convention transmission et un produit d'épargne inter
générationnel). Cette démarche a l'avantage
d'éviter les ruptures technologiques et clients fortes (dans leur
perception).
En second lieu, nous allons recommander des
innovations de « rupture » dans le domaine de l'assurance.
Nous sommes en présence d'une innovation de concept où la rupture
technologique est faible et la perception du changement par les clients est
forte (assurances automobile, habitation et animaux domestiques).
En troisième lieu, nous allons suggérer
une innovation « radicale » pour répondre
à la crainte de la dépendance (hypothèque
inversée). Il s'agit d'une nouvelle catégorie de produit
permettant de répondre à des besoins latents ou à
créer de nouveaux besoins.
11. Modeler la gamme existante
La gamme de produit du Crédit Mutuel de Bretagne
s'adressant aux seniors se limite à un produit d'assurance santé
et à deux produits de prévoyance.
a)
Repositionner le produit
santé
Ciblant le marché des seniors au Crédit Mutuel
de Bretagne, la « Complémentaire Santé Senior )) peut faire
l'objet d'un repositionnement en ce qui concerne sa cible et de sa tarification
(point qui sera décliné dans la politique de prix).
Ce produit s'adresse aux plus de 60 ans et exclut donc les
seniors âgés de 50 à 59 ans. Ce repositionnement
permettrait de conquérir ce premier segment qui représente
près de 42% du marché des seniors.
b) Modifier la form ule du produit
dépendance
Le produit « Rente Vermeil Plus )) est moins attractif
que la concurrence. Dans ce contexte, nous recommandons d'élargir
l'âge de l'adhésion à 75 ans. Cette évolution porte
sur la seconde dimension du produit, soit sa formule.
Cette démarche serait à priori peu
coûteuse et rapide à mettre en oeuvre dans la mesure où
elle nécessiterait de modifier les documents commerciaux (remis au
bénéficiaire) ainsi que les sites web d'informations
(l'intranet pour les conseillers et l'extranet pour les
sociétaires).
12. Lancer de nouveaux produits
Compte-tenu du potentiel avéré des seniors sur
lequel nous ne reviendrons pas, nous recommandons de lancer de nouveaux
produits qui répondent aux besoins des seniors tout en répondant
aux objectifs de l'organisation.
a) Conserver les encours au moment de la
succession
Lors du décès d'un senior, ses descendants ont
l'opportunité de placer les capitaux hérités dans un
établissement concurrent. Aucune mesure n'est prise à ce jour au
Crédit Mutuel de Bretagne pour éviter cette fuite de capitaux.
Dans ce contexte, nous préconisons de mettre en place
une convention ou un contrat signé du vivant du senior permettant
à ses ayants droits de bénéficier d'avantages divers
(tarifs préférentiels sur les réinvestissements,
gratuité de traitement du dossier, assistance dans les démarches
administratives) s`ils maintiennent les capitaux dans
l'établissement.
La question de la légalité se pose
légitimement et nous sommes à même de rassurer
l'organisation. Cette opportunité est déjà
exploitée par La Poste qui ne fait l'objet d'aucune poursuite
judiciaire.
De plus, nous bénéficions d'un retour sur
expérience. Les résultats de La Poste étant encourageants,
nous pensons que le Crédit Mutuel de Bretagne a tout à gagner en
initiant une convention auprès de ses seniors et peut - au demeurant -
capter de nouveaux clients.
b)
Répondre au besoin de
solidarité
La commercialisation d'un produit d'assurance vie inter
générationnel auprès des seniors arriverait à point
nommé dans un climat social difficile que seule la solidarité des
parents et des grands-parents atténue.
En conséquence, nous recommandons au Crédit
Mutuel de Bretagne de lancer un produit d'épargne auprès des
seniors dont les bénéficiaires seraient les enfants ou les
petits-enfants sous la forme de plan d'épargne ou de livret
d'épargne.
Seuls, deux concurrents exploitent à ce jour cette
opportunité (Caisse d'Epargne et La Banque des Seniors). Le
Crédit Mutuel de Bretagne a donc sa place sur ce nouveau segment. Il lui
reste à trouver le positionnement adéquat pour répondre
aux attentes de ses seniors et capter de nouveaux sociétaires.
c) Répondre à la crainte de la
dépendance
Les seniors, plus que les autres individus, craignent leur
sénescence et ses effets. La perte de leur autonomie et les
dépenses inhérentes les amènent à solliciter des
produits d'épargne ou de prévoyance.
Tous les seniors n'ont pas l'opportunité de se montrer
si prévoyant compte tenu de leur revenu mais la plupart d'entre eux
disposent d'un patrimoine immobilier (leur habitation). Cela nous
permet donc de préconiser la commercialisation d'un nouveau produit
bancaire sous forme d'hypothèque inversée.
A ce jour aucun établissement exploite ce
créneau. Pourtant, le principe d'hypothèque inversée est
simple. Un senior perçoit une rente mensuelle depuis son arrivée
en établissement spécialisé jusqu'à son
décès sur la base de l'évaluation financière de son
habitation. A sa mort, le Crédit Mutuel de Bretagne saisit ce bien, le
met en vente par abjudication et conserve le fruit de la vente.
d)
Répondre au besoin de
protéger ses biens et des proches très particuliers
En matière d'assurance IARD, aucun bancassureur ne
commercialise de produit réservé aux seniors. Le Crédit
Mutuel de Bretagne a donc dans ce domaine l'opportunité de se distinguer
de ses concurrents et au demeurant détenir un avantage concurrentiel.
Pour ce faire, nous recommandons ci-après le lancement de trois
produits.
Une assurance automobile senior
Nous conseillons au Crédit Mutuel de Bretagne de
distribuer une assurance automobile senior dont les garanties seraient
adaptées à leurs caractéristiques distinctives.
Un senior bénéficierait d'une tarification
liée à son expérience, à son kilométrage
parfois faible ou au nombre d'années de souscription.
Par ailleurs, il profiterait de services palliant les
problématiques de l'âge : assistance dès le seuil du
domicile (remplacement de pneus en cas de crevaison), assistance
psychologique, gestion distante du contrat). Ce type de services
associés additionnels (non tarifés) est potentiellement
différenciateur dans une approche concurrentielle et apporte des
bénéfices aux clients.
Une assurance camping-car senior
La commercialisation d'une assurance camping-car n'est pas
anodine alors même que nous assistons à l'essor de ce
marché dans un contexte où les seniors favorisent les
dépenses de loisirs.
Cette assurance permettrait au senior de
bénéficier des même garanties et avantages d'une assurance
automobile senior. Par ailleurs, elle permettrait de garantir les accessoires,
aménagements (antenne satellite, cimatiseur) et les objets
contenus dans le camping-car (ordinateur, télé vision,
habillement).
Une assurance santé animaux
domestiques
Dans un contexte de solitude, les seniors se tournent vers les
animaux domestiques et les considèrent parfois comme leurs enfants. Ils
en prennent soin et se sentent responsables.
Une assurance santé pour leur chien, leur chat ou leur
perroquet leur permettrait de prolonger la vie de leur animal de compagnie en
cas d'intervention chirurgicale très coûteuse. Egalement inquiets
sur leur garde en cas d'hospitalisation, cette assurance pourrait garantir une
prise en charge de leur animal.
2. Une politique de prix tournée vers la
continuité
21. Maintenir le positionnement de
l'établissement
Le Crédit Mutuel de Bretagne est une banque mutualiste
dont la tarification des produits est jugée plutôt bonne par les
associations de consommateurs dans le contexte effervescent de septembre
2004.
Contrairement à BNP Paribas et au Crédit
Agricole (depuis sa fusion avec Le Crédit Lyonnais) qui
privilégient les seniors à haut revenus, sa tarification
s'avère généralement moins élevée pour
servir des seniors plus modestes.
Aussi, nous recommandons de poursuivre cette politique de
prix y compris sur le marché des seniors. La prudence s'impose. Les
seniors d'aujourd'hui que l'on estime bien portant financièrement
risquent de laisser place à des seniors plus modestes à long
terme en raisons des évolutions ou - devrions-nous dire - des
régressions sociales prévisibles.
22. Ajuster la complémentaire
santé
Le diagnostic nous a permis d'identifier qu'un senior paye
plus cher qu'un trentenaire sa complémentaire santé au
Crédit Mutuel de Bretagne pour bénéficier des même
garanties (rapport de quatre). Par ailleurs, ses concurrents affichent
une politique tarifaire plus ou moins similaire entre les seniors et les moins
de 50 ans sur ce produit.
Dans ce contexte, nous sommes à même de
préciser que le prix de la complémentaire santé n'est pas
un (( prix marché » (alignement sur le prix des concurrents).
Nous ignorons quelle démarche a utilisé le Crédit
Mutuel de Bretagne pour fixer son prix (coûts, concurrence, demande
ou autres facteurs pertinents).
La modulation du prix n'étant pas adaptée au
produit, il serait intéressant de réfléchir à une
baisse tarifaire permanente de ce produit. Cela permettrait de limiter le
risque de (( butinage » qui caractérise les seniors.
Comment baisser son prix sans rogner sa marge ? Comment
baisser le prix de la complémentaire santé et maintenir la
rentabilité de ce produit ? Voilà deux questions majeures
auxquelles nous allons nous efforcer de répondre en proposant de le
commercialiser par le canal internet.
La commercialisation d'un produit par internet suppose de
numériser l'offre. Etant donné que le produit est existant, le
produit numérisé se substituerait de façon totale ou
partielle au produit existant. (selon la matrice relative à la
politique de numérisation de l'offre). Bénéficiant
d'un avantage élevé sur le coût et d'une faible
différenciation, nous serions en présence d'une segmentation par
le prix.
Internet n'est pas un gadget. Il a un impact sur le prix de
revient et de vente. En effet, ce canal permet de diminuer les coûts de
production marginale et de distribution. Véritable outil de commerce
aujourd'hui, le Crédit Mutuel de Bretagne a prit deux orientations. La
première concerne la commercialisation de cartes de paiement
sécurisées et virtuelles comme réponse à la
volonté des sociétaires de réaliser leurs achats sur
internet. La seconde repose sur la commercialisation de quelques-uns uns de ses
produits par ce canal. Une leçon a d'ailleurs été
tiré par la Direction Commerciale suite à une campagne en
septembre 2004 sur les cartes GOLD. Des sociétaires ont eu
l'opportunité de souscrire à cette carte bancaire par internet
sans faire l'objet d'un contrôle dans le processus alors même que
l'organisation ne les ciblait pas (en raison de flux insuffisants). Ce
problème ne se pose pas à l'occasion de la commercialisation
d'une complémentaire santé par internet. Cette orientation est
par ailleurs largement exploitée par la concurrence.
3. Une politique de distribution progressiste
Le risque de ghettoïsation est élevé
lorsque qu'une structure souhaite prendre en compte les
spécificités d'une part de sa clientèle, en l'occurrence
les seniors. Nous avons identifié que ceux-ci souhaitent être
traités comme les autres individus par leur conseiller. Si un
chargé d'étude du Crédit Mutuel du Massif Central a
proposé de créer une banque des seniors et soulevé
l'intérêt de disposer de conseillers seniors, nos
préconisations se veulent être moins radicales et plus
opérantes.
31. Mieux préparer les conseillers
a) Objectif
Le Crédit Mutuel de Bretagne doit permettre à
ses conseillers de prendre conscience des particularités et des
préoccupations des seniors qu'ils rencontrent. Cela leur donnera
l'opportunité d'adopter un savoir-être adéquat mais
également de réfléchir à des solutions pertinentes
immédiates ou à moyen terme.
b)
Moyens Un portrait des
seniors
Nous proposons l'élaboration d'un portrait des seniors
pour les conseillers en charge de la clientèle des particuliers. La
partie une de ce mémoire peut servir de base à sa conception.
Un guide comportemental
Par ailleurs, nous préconisons l'élaboration
d'un guide concernant le comportement à adopter face à un senior
pour chaque segment. Les thèmes à aborder s'intéressent
notamment à son approche :
. organisationnelle : type - lieu - durée de l'entretien,
suivi,
. relationnelle : rythme de parole, intonation, vocabulaire,
. informationnelle : choix des informations et des supports,
pédagogie,
. commerciale : détection de besoins, argumentation,
illustration.
La détection des besoins par exemple est liée
à la connaissance d'événements proches ou lointains dans
la vie de son client. Cela nécessite d'un conseiller qu'il mette de
côté ses objectifs de placement à court terme pendant
quelques minutes pour s'impliquer dans la vie de son client. Il peut ainsi
l'interroger sur lui-même et ses proches à propos de
scolarité, de carrière professionnelle, de naissance, de
décès, de santé, de départ en retraite et de
départ des enfants.
Dans l'hypothèse où une information n'est pas
exploitable immédiatement pour proposer une solution, le conseiller peut
la faire apparaître dans le dossier de son client. Cela permettra une
prise de contact ultérieure et in fine de proposer le bon service au bon
client au bon moment.
32. Développer le conseil thématique
Certains sujets intéressent tout
particulièrement les seniors. Si les jeunes seniors sont davantage
préoccupés par leur future retraite, des seniors plus
âgés s'interrogent sur la dépendance, la succession et la
donation.
Nous conseillons donc de développer le conseil dans
ces domaines auprès des seniors en créant le concept de
rendez-vous thématiques : les rendez-vous « Patrimoine »,
« Retraite » et « Prévoyance ».
Ces rencontres prennent la forme d'un bilan entre le
conseiller et son client. A l'occasion d'un rendez-vous « Patrimoine
» par exemple, le conseiller aborde le chapitre de la transmission en
quatre points :
. il réalise un diagnostic portant sur les biens de son
client et sur sa situation familiale,
. il présente les règles de la transmission
(héritage, régime matrimonial, ordre des
héritiers) et les mesures prenant effet du
vivant et au décès de son client (donation, viager,
testament, assurance-vie).
. il estime le montant des droits de succession, des
exonérations.
. il propose une solution si la situation de son client s'y
prête.
La mise en place de ces rendez-vous thématiques exige
une campagne d'information ou de formation interne afin de former les
conseillers concernés aux problématiques de patrimoine, de
retraite et de prévoyance.
33. Renforcer le canal internet
Nous avons établit préalablement que 47% des
seniors en 2004 utilisent internet régulièrement comme un moyen
de s'informer par un contenu éditorial, comme un lieu d'expression et
d'achat. Cela nous amène à proposer le canal internet pour :
- informer les seniors sur les problématiques de
retraite, de dépendance, de transmission grâce à des
dossiers spéciaux,
- distribuer des produits simples tels que les assurances de
biens et de personnes.
Par ailleurs, un effort doit être porté sur
l'ergonomie du site internet. Actuellement, le site du Crédit Mutuel de
Bretagne ne prend pas en compte les troubles visuels liées et
l'âge. Selon l'ASNAV (Association Nationale pour
l'Amélioration de la Vue), 85% des seniors rencontrent des
problèmes pour voir de près. Le Crédit Mutuel de Bretagne
doit intégrer que le canal internet est une vitrine dont
l'accessibilité est définie dans un cadre légal en
France.
Le point suivant, relatif à la politique de
communication, présente des recommandations de forme.
4. Une politique de communication ciblée
Le Crédit Mutuel de Bretagne communique auprès
de tous ses sociétaires sans distinction sur des valeurs humanistes de
mutualisme et de coopération. Cette approche est conforme à la
Communication Corporate de type institutionnel.
Néanmoins, décider d'émettre
volontairement des informations, des messages et des signaux en direction de
publics choisis (des cibles) : c'est adopter une Politique de
Communication. Si cette approche fait défaut sur le marché des
seniors au Crédit Mutuel de Bretagne, des annonceurs de la bancassurance
ont résolument choisi d'influencer leurs attitudes et leurs
comportements grâce à des campagnes médias (presse,
radio et internet) et hors médias (marketing direct,
partenariats, sponsoring et mécénat).
C'est pourquoi, nous proposons dans ce point des orientations
de campagnes qui tiennent compte à la fois des caractéristiques
distinctives des seniors et des campagnes concurrentes. Au préalable, il
convient d'émettre quelques recommandations générales
portant sur le contenu des messages et leur forme.
41. Le message
a) Recommandations de fond
- Parler du produit. Les Seniors attendent d'une campagne
qu'elle les informe sur le
produit. La communication sur un produit suppose de mettre en
situation un senior alors que la communication sur un service se prête
aux évocations de l'âge et des avantages.
- Formuler des arguments qui cadrent avec les
préoccupations des seniors. Ils portent sur la protection de leurs
proches par exemple.
- Communiquer en offrant des solutions au lieu de mettre en
avant leurs problèmes et leurs préoccupations.
- Les montrer tels qu'ils se voient (actifs et
séduisants) et les gratifier (les représenter en train
de réussir ou encore d'aider les autres).
- Etre transparent au niveau des prix. L'expression «
à partir de » est à bannir.
b) Recommandations de forme
Adopter la culture de l'écrit avec les seniors permet
de les rassurer. Les seniors ont toujours peur de se tromper et d'oublier.
Avides d'explications détaillées, ils affichent leur
préférence pour des dépliants, des catalogues et des
fiches descriptives. Par ailleurs, une attention particulière doit
être portée sur les visuels et la scène.
Les visuels
- Contraster les premiers plans et les arrière-plans dans
les films publicitaires, les annonces publicitaires et les mailing.
- Eviter les effets tels que rouge sur fond bleu. Éviter
également les couleurs noires et grises (évocation de
tristesse).
- Eviter les surfaces brillantes sur les plaquettes produits.
- Utiliser une taille de caractère plus
élevée (12 à 14).
- Privilégier une présentation écrite
aérée (un interligne plus élevé). Les
symboles
- Leur sérénité s'exprime à travers
la représentation d'un couple de seniors heureux se promenant en
forêt ou le long d'une plage.
- Le lien inter générationnel s'exprime à
travers la représentation d'un senior
et son petit-fils, à travers une femme senior
entourée de photographies de ses petits-enfants. Elle peut
également s'exprimer à travers la représentation de
l'intérieur du logement : meubles anciens, papier peint désuet et
une commode sur laquelle est présentée une photographie de
famille (senior, enfants, petits-enfants).
- Leur bien-être physique s'exprime à travers la
représentation d'un couple de seniors riant et faisant du sport en
pleine nature.
Ceci étant posé, préconisons dès
à présent les grandes orientations de campagnes de communication
médias et hors-médias.
42. La stratégie de moyens
a) La presse, un média incontournable
Avant de s'intéresser aux médias et plus
particulièrement à la presse, il convient de préciser que
leur utilisation permet d'engager une politique d'image de marque et de produit
à moyen et long terme.
Les seniors sont majoritairement abonnés aux journaux
et aux revues. Lecteurs de presse quotidienne régionale, ils sont
également nombreux à lire la presse magazine. C'est ce support
que nous suggérons pour les raisons exposées ci-après.
La presse magazine est un excellent support pour le
publi-reportage. Il s'agit d'une publicité sous format
rédactionnel qui essaie de se fondre avec la maquette du magazine. Ce
format est très apprécié des seniors pour trois raisons
majeures. Le publi-reportage permet d'informer, de montrer le produit et semble
plus crédible. Un comparatif des magazines seniors portant sur
l'audience, les tarifs de publicité et les parts de marché est
présenté en annexe 16 à titre
indicatif.
Nous préconisons les revues « Notre Temps )) et
« Pleine vie )) dans la mesure où elles s'adressent tout
particulièrement aux seniors.
L'audience de « Notre Temps )) s'élève
à plus de 4 millions d'individus dont 82% de seniors, 68% d'inactifs et
69% de femmes. De son côté, « Pleine vie ))
bénéficie d'une audience de plus de 3 millions d'individus dont
76% de seniors, 70% d'inactifs et 77% de femmes1.
« Notre Temps )) reste néanmoins la revue
à privilégier sachant qu'elle est régulièrement
retenue par les annonceurs de la bancassurance sur le marché des seniors
(Caisse d'Epargne, La Poste, AGF, ING Direct, Aviva).
b) Le mailing, un canal du marketing direct
efficient
Le marketing direct permet de communiquer de façon
directe et individualisée auprès des seniors les incitants
à une réponse immédiate. Ce mode de communication est de
plus en plus utilisé pour toucher les seniors pour deux raisons
majeures. En premier lieu, il est en adéquation avec leur
disponibilité et leur boulimie d'information. En second lieu, il permet
de créer et d'entretenir des relations de proximité et de
sympathie avec les seniors.
Le Crédit Mutuel de Bretagne réalise ses
campagnes de marketing direct auprès de ses seniors sous la forme de
mailing.
Il comporte un courrier personnalisé (nom du
senior et du conseiller), une enveloppe porteuse (sans accroche ni
positionnement), un élément réponse (demande de
documentation ou de souscription). Par contre, des progrès peuvent
être réalisés pour le rendre plus conforme aux attentes des
seniors.
Nous avons préalablement émis des
recommandations portant sur la forme et le contenu du message. Le courrier
personnalisé peut s'en inspirer.
Il convient d'ajouter qu'un courrier personnalisé ne
doit, en aucune manière, contenir une promesse que l'organisation ne
compte pas honorer. Le Crédit Mutuel de Bretagne indique par exemple que
le conseiller prendra contact sous quelques jours pour proposer une entrevue.
Or, tel n'est pas le cas et cela risque de frustrer un senior.
Par ailleurs, une brochure de 4 à 5 pages
permettrait de répondre au besoin d'information des seniors. La
réponse à cette attente peut générer un coût
non négligeable pour une organisation qui adresse de nombreux mailing
lors d'une campagne de communication.
La limitation de ces coûts suppose de bien
définir son objectif stratégique, sa cible (des femmes
urbaines de plus de 50 ans encore en activité dont les enfants sont
autonomes) et le nombre de contacts. La cible étant définit,
il convient d'exploiter le datamining pour réunir dans un même
fichier la liste des contacts.
De plus, les seniors apprécient des annonceurs qu'ils
donnent de la valeur à leur proposition au moyen de :
- remises (1 mois de cotisation offert, 10% de remise sur
la cotisation annuelle),
- cadeaux ciblés (sac de voyage, chèques
cadeaux),
- de jeux concours ciblés (week-end Relais &
Châteaux, appareil photo numérique),
- d'avantages supplémentaires (droit de renonciation
au contrat de 30 jours, 90 jours),
- de garanties de qualité supérieure
(remboursement ou rente supérieure à la concurrence).
Nous venons de formuler dans ce chapitre des
préconisations portant sur le marketing informationnel et
opérationnel.
CONCLUSION
GENERALE
Quelle stratégie marketing envisager sur le
marché des seniors dans la bancassurance ? Nous avons entrepris de
répondre à cette question par une recherche théorique et
appliquée. Que pouvons-nous mettre en avant comme éléments
de réponse à notre problématique ?
Les seniors sont au coeur d'un enjeu
économique.
Nous avons débuté par une recherche documentaire
afin de dresser un portrait des seniors en 2005. Cette recherche nous a permis
de découvrir que les seniors d'aujourd'hui ne ressemblent guère
à leurs aïeuls.
Ils sont plus nombreux (un tiers de la
population) et vivent plus longtemps (deux
années d'espérance de vie supplémentaire en 5 ans).
Leurs revenus supérieurs de 30% leur permettent de
consommer plus largement pour eux (loisirs, médias,
tourisme, équipement) et pour leur proches (notion de
solidarité).
Ces caractéristiques les rendent «
économiquement » intéressants dans des domaines
étrangers à la bancassurance. Néanmoins, nous n'avions pas
envisagé au début de notre recherche que leur consommation dans
l'automobile et le tourisme par exemple aurait un impact dans la
bancassurance.
Les seniors, un marché lucratif pour les
bancassureurs.
Les seniors constituent un véritable enjeu dans la
bancassurance. Ils détiennent 60% du patrimoine immobilier et
financier. Cela représente près de 40 milliards
d'euros.
Par ailleurs, les seniors se distinguent des autres clients de
la bancassurance (jeunes et actifs réunis) par trois
particularités.
Leur consommation dans l'automobile, dans l'habitat et
dans leur santé génère un potentiel élevé
dans les crédits et les assurances.
Leur principale valeur, qu'est la famille, se traduit dans le
quotidien par une solidarité inter générationnelle envers
leurs enfants et leurs petits-enfants. Les seniors ont la volonté de
transmettre leur patrimoine par anticipation.
Leurs préoccupations de maintenir leur pouvoir
d'achat (lors du passage à la retraite) et de faire face
à leurs dépenses de dépendance se traduisent par une
culture de l'épargne. Les seniors considèrent l'épargne
comme une alternative non négligeable afin de conserver leur
autonomie.
Les seniors requièrent une approche marketing
distincte des autres individus au Crédit Mutuel de Bretagne.
Plus d'un senior sur deux en Bretagne est client
(sociétaire) du Crédit Mutuel de Bretagne. Par ailleurs,
les seniors représentent plus d'un tiers du portefeuille des
particuliers dans l'établissement. Cela nous a encouragé à
poursuivre notre recherche documentée par une recherche
appliquée au Crédit Mutuel de Bretagne.
Nous y avons analysé le marché des seniors au
moyen d'une étude quantitative de type statistiq ue.
Notre étude a mis en évidence que
l'établissement privilégie une stratégie de
fidélisation pour limiter le « butinage » des seniors
étant donné que le renouvellement de la clientèle est
assuré par les jeunes à long terme. Cela se traduit par la
commercialisation de produits classiques auprès de l'ensemble
des sociétaires. Or, ces produits classiques ne sont toujours pas en
mesure de satisfaire les attentes des seniors. Dans ce cas,
l'établissement court le risque de perdre des clients et leurs encours.
C'est ce que l'on appelle la fuite des capitaux.
L'absence d'une stratégie de captation
auprès des seniors ne permet pas au Crédit Mutuel de Bretagne
d'exploiter pleinement le potentiel des Papy-Boomers (incontestable
jusqu'en 2015).
Notre étude a également
révélé un déficit dans trois
éléments du marketing-mix (ses produits, sa distribution
et sa communication). Par ailleurs, l'étude nous a permis de
détecter des opportunités majeures relatives à une
stratégie de différenciation dans un domaine fortement
concurrentiel.
La stratégie marketing à envisager sur
le marché des seniors au Crédit Mutuel de Bretagne.
Notre recherche appliquée nous a conduit à
émettre des recommandations couvrant deux champs d'application du
marketing (informationnel et opérationnel). Nous avions pour
objectifs liminaires de proposer des mesures opérantes (en
réponse aux attentes des seniors tout en maintenant la
rentabilité de l'organisation) et de les préciser
(objectif, méthodologie, supports et moyens). Il nous a pas
toujours été possible de décliner les mesures dans leur
intégralité faute d'informations suffisantes.
Nous avons recommandé une démarche
marketing informationnelle tournée vers les outils
(requalification de la base de donnée), les hommes (savoir,
savoir-faire et faire-savoir) et l'information (études ad
hoc).
Nous avons également préconisé une
démarche marketing opérationnelle
orientée majoritairement sur trois éléments du
marketing-mix.
Notre politique de produit tournée vers l'innovation
doit permettre de conserver les encours (convention transmission)
; de répondre au besoin de solidarité (plan
épargne inter générationnel) ; de répondre au
besoin de protéger ses biens (assurances automobiles et camping-car)
; de répondre à la crainte de la dépendance
(hypothèque inversée). Notre politique n'oriente pas ses
actions uniquement du côté des lancements. Elle concerne la gamme
d'assurance existante (repositionnement du produit santé,
modification de la formule du produit dépendance).
Notre politique de vente et de distribution est
résolument tournée vers la progression de ses hommes (une
meilleure préparation des conseillers aux attitudes et aux comportements
des seniors), vers le développement du conseil thématique et
vers le renforcement du canal internet.
Notre politique de communication est tournée vers la
spécialisation du message, des visuels et des scènes
(symboles). A cette occasion, nous proposons une stratégie de
moyens à la fois dans les médias (presse) et dans le
hors-médias (marketing direct).
Limites de la recherche
Notre recherche appliquée concerne un
établissement mutualiste dans une région fortement peuplée
de seniors. La stratégie préconisée n'est donc pas
applicable par tous les bancassureurs et ne saurait être
appropriée dans toutes les régions françaises en raison -
notamment - du phénomène migratoire lors du passage à la
retraite.
Par ailleurs, nous avons soulevé l'intérêt
de s'adresser aux seniors compte tenu de leur attrait en 2005 et du potentiel
des Papy-Boomers jusqu'en 2015. Nos conseils ne sauraient être pertinents
dans une stratégie à très long terme. Au-delà, nous
ne pouvons être certains de leur santé stricto sensu et
financière.
La recommandation inhérente à la requalification
de la base de données commerciales dans la démarche marketing
informationnelle n'est pas une fin en soi. Notre travail peut donc être
poursuivi par l'étude des bénéfices d'un outil de Customer
Relationship Management (Gestion de la Relation Client). Ce
système favorise l'orientation stratégique d'une organisation
autour des besoins de ses clients dans une optique de fidélisation.
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