a) Infrastructures
Le coeur d'Internet est constitué de systèmes
intermédiaires ou réseaux de taille inférieure
reliés entre eux par des liens que sont les supports de transmissions
comme les câbles de fibres optiques transocéaniques23,
le tout constituant un maillage.
Par ailleurs, le coeur du service DNS (annuaire) est
géré par 13 serveurs racines (root servers). Ils sont
répartis de la façon suivant et cela constitue déjà
un enjeu : 9 aux USA, 2 en Europe, 1 au Japon et 1 au Kenya. La racine (les 13
serveurs) est complétée par un grand nombre de serveurs DNS de
niveau inférieur.
Cependant, peut-être conscient de l'apparente
fragilité du système encore attaqué il y a peu de temps,
l'ICANN a mis en place un nombre relativement important de serveurs miroirs
(identique) à ces 13 serveurs. Le nombre de ces miroirs est entre 120 et
130.
22 LESSIG, L. (2001), The Internet Under Siege, Foreign Policy,
Nov.-Dec. 2001, p. 56-65
23 Cette définition de base est très largement
empruntée à l'ouvrage Internet, de la célèbre
collection « Que sais-je ? ». Voir bibliographie.
Par ailleurs, il faut être bien conscient que la plupart
du temps, les requêtes (ex. : lorsque vous tapez une adresse ou cliquez
sur un lien hypertexte) ne passent pas par les serveurs racines. Malgré
le peu d'information relatif dont disposent les serveurs de plus bas niveau, le
très grand nombre de ces serveurs et l'existence des « caches
»24 ont pour conséquence une utilisation relativement
rare de ces serveurs racines25.
L'organisation du DNS est faite de façon
hiérarchique en fonction de l'organisation des noms de domaines.
Cependant, cette organisation des serveurs DNS pose problème. En effet,
Paris par exemple, ne possède pas de tel serveur et est donc
obligé d'être connecté en plus à la fois à
celui du Kenya et à Tokyo. Par ailleurs, cela met aussi des pays en
situation de dépendance à Internet car malgré tout, le
service DNS reste indispensable dans le fonctionnement d'Internet.
Après avoir réussi à résoudre
l'adresse, l'ordinateur sait donc « où » il doit aller
chercher les informations. Cependant, il ne connaît pas toujours la route
à emprunter pour y aller. Or, ce « routage » comme est
appelé cette opération technique nécessite d'autres
serveurs et surtout des points de passages entre des réseaux
différents.
Ce routage est effectué très souvent par des
serveurs imposants, importants à des points de contacts qui ont
été décidés par des réseaux
différents. Par exemple, il n'existe que 7 points de contacts entre le
réseau des Etats-Unis et le réseau européen. Cela permet
donc de relativiser car il faut bien imaginer que tout le trafic passe par
là. Il peut certes emprunter des routes différentes et plus ou
moins longues et c'est ce qui fait la richesse d'Internet mais il reste certain
que ces autres routes auront aussi des points de passages obligés. Or,
ces points de passages sont gérés par des serveurs de taille plus
que conséquente, ce qui fait que certaines entreprises seules sont
capables de concevoir de telles machines et bénéficient d'un
marché important et d'une capacité d'action sur les flux
très importants aussi. C'est notamment le cas de CISCO.
Enfin, il est à savoir que ces routeurs entretiennent,
pour fonctionner, des tables de routage indiquant les prochains points de
passage pour les routes, gardant en fait en mémoire toutes
24 La mémoire cache est la mémoire contenue dans
les ordinateurs et qui mémorise à la fois les chemins
empruntés pour aller à telle ou telle adresse mais aussi les
liens entre les IP et les URL, se passant ainsi du service DNS.
25 Il existe 13 serveurs DNS pour la France, de niveau
intermédiaire et dont s'occupe notamment l'AFNIC, l'Association
Française pour le Nommage Internet en Coopération qui gère
en même temps le .fr.
les informations quant à ces routes. Cependant,
à la fois, la capacité de ces serveurs est limitée en
termes de mémoire d'abord et de capacité de gestion du nombre de
requêtes, ce qui crée aussi un enjeu.
Il est à noter qu'il existe aussi un maillage Internet
réalisé par satellite mais l'utilisation de cette technologie
pour certaines zones oubliées par les câbles, reste relativement
limitée. Par ailleurs, l'existence de la fracture numérique
montre bien l'incapacité de certaines zones à se doter d'Internet
et le fait que les grandes « lignes » de support de
télécommunication ont « oublié » ces zones. A ce
sujet, il est intéressant de savoir que la Banque Mondiale vient
d'approuver le déblocage de 123 milliards d'euros pour financer des
infrastructures Internet à haut-débit pour le Kenya, Madagascar
et le Burundi qui en sont dépourvus.
Enfin, il ne faut pas oublier actuellement le
développement des technologies WiMax26, transmission par
ondes radios à des échelles départementales ou
régionales, l'arrivée de la fibre optique chez les particuliers
(Fiber to The Home - FTH), et le financement par la commission
européenne27 d'un dernier support de transmission, le CPL ou
Courant Porteur en Ligne. Tout cela montre l'importance que prennent
actuellement la capacité de connexion et les enjeux que l'on peut
imaginer.
Avec l'exposé de ces dernières techniques prend fin
le développement concernant l'infrastructure d'Internet. Nous allons
maintenant nous intéresser aux protocoles de base.
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