Troisième Partie : Vision critique
méthodique et quelques éléments
d'évolutions envisageables
Toute étude, toute recherche en science sociale se base
sur une méthode et sur un cadre d'analyse. La méthode, les outils
méthodologiques de recherche utilisés tout autant que le cadre
d'analyse présentent des défauts, des biais. Ces biais sont de
plusieurs natures : principalement, ils seront méthodologiques ou bien
normatifs. Méthodologiques lorsqu'on s'intéressera aux outils de
recherche et à leur utilisation, normatifs lorsqu'on
s'intéressera aux partis-pris du chercheur dans le cadre logique de son
analyse ou dans les développements. Cela constituera le premier sujet de
cette partie.
La seconde doit permettre de relativiser et de donner une
ampleur plus importante aux sujets traités dans ce mémoire. Ce
sera aussi le moment de donner un écho plus philosophique,
réflexif notamment en tenant compte des différentes croyances et
des différentes tendances des personnes interrogées ou des
auteurs des textes appartenant à la bibliographie.
I- Des outils de recherche biaisés par nature et
utilisation
De façon logique, ce développement sera
divisé en deux. La première partie sera consacrée aux
biais normatifs qui ont pu être développés par l'auteur de
ce mémoire au cours de la recherche et dans ces développements.
La seconde partie reviendra sur la capacité des outils
méthodologiques utilisés à approcher la
vérité et les biais méthodologiques qu'ils peuvent induire
par nature et par utilisation.
A- Biais Normatifs
On s'intéressera d'abord aux biais normatifs analytiques
avant de s'intéresser aux biais normatifs relevant plus du parti-pris ou
de l'opinion.
Par biais analytiques, on se réfèrera aux
limites du cadre d'analyse et du cadre logique utilisés et aux limites
dans l'utilisation de ces cadres de travail.
Le cadre d'analyse choisi était donc une analyse
stratégique. Le but était d'étudier et d'essayer de mettre
à jour les différentes « stratégies » que l'on
pouvait observer de la part des différents acteurs du système.
Cependant, le but final reste toujours la problématique qui est
d'essayer de montrer l'intégration d'Internet à
l'intérieur d'un cadre plus général, celui du
Système International. Cette volonté de pouvoir constater
l'intégration nécessitait deux vérifications : la mise
à jour d'acteurs identiques et déjà connus et le
développement de dynamiques déjà observées dans le
système international.
On peut se poser la question de savoir, et c'est une
première limite, si l'analyse stratégique a pu bien
établir cette analogie. En effet, si l'analyse stratégique a pour
but la reconstruction d'un système, on peut d'abord se demander si le
passage de ce système Internet ainsi construit au Système
International, est aussi facile que ce qu'il a été
prétendu au début de ce mémoire. En effet, une fois ce
système reconstruit, l'étude concernant l'analogie n'a sans doute
pas été assez poussée car cela aurait pu nécessiter
un second travail de réflexion en tant que tel.
Par ailleurs, une analyse stratégique se base sur un
certain nombre d'indicateurs dont la définition n'a pas
été assez précisée. Cela se retrouve notamment dans
l'exercice de veille stratégique : quels ont été les
indicateurs (identiques à ceux utilisés dans l'analyse
bibliographique) qui ont présidé aux choix des articles retenus ?
Cela n'a pas du tout été réalisé ou alors de
façon incomplète dans l'exposé sur l'analyse
stratégique et l'importance des relations de pouvoir.
Concernant les partis-pris ou les opinions, il est possible
d'en relever un certain nombre, essentiellement dus aux positions de l'auteur
sur certains sujets et à sa propre expérience.
On peut d'abord noter une certaine indulgence à
l'égard de certains acteurs. Les hackers, les membres d'Internet «
underground » ont toujours inspirés une certaine crainte
révérencielle et une certaine envie de pouvoir réaliser ce
qui est souvent désigné, sans doute à tort, par «
leurs exploits ». Par ailleurs, l'utilisation des moyens mis à
disposition par Internet pour obtenir de la musique à peu de coûts
ou bien des oeuvres cinématographiques ont un effet néfaste sur
le normal détachement qu'aurait dû éprouver l'auteur. De
manière générale, on peut noter un préjugé
favorable envers Internet, préjugé assez
généralisable malgré la
connaissance certaine des dérives très
dangereuses que peut apporter Internet (terrorisme, cybercriminalité
à grande échelle, soutien de la grande criminalité...).
Dans un autre registre, on peut noter un certain agacement de
l'auteur à la vue des menées orchestrées par les
états pour essayer de rattraper un retard dans la prise en compte de
leurs desideratas. En effet, la conception d'Internet défendue par
l'auteur reste très largement celle des débuts. Si l'auteur reste
persuadé de la nécessaire évolution de l'ICANN, ne
serait-ce que parce que la résistance aux pressions de toutes parts ne
sera possible que pour un temps, il n'est pas du tout certain que la gestion
par les états lui conserve les caractéristiques qui en font un
objet si précieux. Cependant, l'auteur néglige aussi très
certainement le problème déjà traité de cette
balkanisation d'Internet tout en restant sceptique devant une gestion
exclusivement privée ou « commerciale » de la ressource.
Enfin, l'excellent contact avec le personnel de l'ICANN n'a sans doute pas
aidé à garantir l'objectivité des analyses liées
à cette institution.
Ces quelques éléments développés,
nous allons maintenant essayer de réaliser une analyse critique des
outils méthodologique de recherche.
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