La banque et les PME: cas de la Société Générale Tchadienne des Banques (SGTB)( Télécharger le fichier original )par Ahmat Mahamat ABDELKERIM Institut Africain d'Administration et d'Etudes Commerciales (IAEC) Lomé-Togo - Maitrise en gestion commerciale et financière 2006 |
INTRODUCTIONL'origine des banques remonte dans la nuit des temps. Les chercheurs la trouvent dans des institutions datant de plusieurs millénaires avant Jésus-Christ. Les humoristes y voient « le plus vieux métier du marché ». C'est dire que sous les formes inévitablement très variées qu'a pris l'exercice du métier au cours du temps, des traits suffisamment stables permettent d'identifier la permanence de la fonction. Ainsi la banque se définit aujourd'hui comme une entreprise qui fait profession habituelle de recevoir du public, sous forme de dépôt ou autrement, des fonds qu'elle emploie pour son propre compte en opérations d'escompte, de crédit ou en opérations financières. Cette définition empruntée à la loi du 13 juin 19411(*), a pour mérite de mettre sur la conjonction de deux types d'opérations, la gestion des dépôts et l'octroi des crédits. Leurs liens caractérisent l'activité bancaire qui comporte en outre les éléments suivants : - la possibilité pour les banques de créer de la monnaie scripturale liée aux crédits consentis qui sont eux même générateurs d'un supplément de dépôts ; - leurs facultés de mettre en oeuvre divers moyens pour l'octroi de crédit : la création des monnaies, la transformation de dépôts à vue ou d'épargne liquide. Dans l'ensemble des institutions financières qualifiées de « banques » quelques établissements ne répondent pas exactement à cette définition : la banque d'émission ou banque centrale ne reçoit pas du public des fonds. En effet, les activités des banques intègrent la participation directe ou la fonction d'intermédiaire dans toutes les opérations de nature financière. Ainsi de longue date les banques entretiennent dans leurs activités d'intermédiation des relations d'affaires avec les entreprises. Principalement fondées sur l'allocation des capitaux, celles-ci ne sont pas exemptes d'aspects passionnels car l'entreprise souhaite choisir la partition qui lui plaît alors que la banque est tentée de marquer la mesure avec son propre métronome. Dès lors le délicat problème de l'équilibre des risques et des profits a trouvé au fil des ans des réponses diverses. En revanche les relations entre les banques et les entreprises ont évolué de façon manifeste au cours de dix dernières années. Les progrès technologiques et les innovations financières ont modifié les besoins des entreprises et accru la concurrence entre établissements de crédits ; ils ont également élargi l'offre des crédits bancaires. L'identification et la couverture des risques portées par les entreprises font maintenant partie du quotidien des directeurs financiers. Cependant dans les catégories très variées des entreprises, soulignons le cas important des petites et moyennes entreprises (PME) dont les besoins de trésorerie ne peuvent être satisfaits par les banques compte tenu des conditions qui ne sont pas toujours aisées. Dans ce cas, certaines d'entre elles déposent leurs bilans ou ne doivent leur salut qu'au soutien massif de leurs actionnaires. En effet, sont considérées comme PME au Tchad : - les entreprises dont le capital est détenu entre 51% et 100% par les nationaux et qui ont un encours de crédit n'excédant pas 30 millions de FCFA ; - les entreprises ayant un effectif de personnel inférieur à 10 , un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions de FCFA, et un capital social compris entre 10 et 30 millions. Notons toutefois que les chiffres ainsi avancés varient sensiblement d'un pays à un autre. Ce qu'il faut retenir, c'est le portrait robot d'une PME tchadienne : c'est une entreprise ayant un capital faible, peu de personnel et un chiffre d'affaires limité. Les entreprises qui répondent à ces critères sont généralement peu organisées ; elles ont des difficultés pour établir des comptes sociaux réels. Généralement le chef d'une telle entreprise, qui a certes un bon flair commercial, a peu de qualification en matière de gestion et de finances. Il emploie donc un personnel subalterne peu qualifié. Dans ces conditions, la difficulté d'accès au financement bancaire local a été souvent présentée comme étant l'obstacle majeur auquel se heurte l'entreprise tchadienne dans son expansion. Par contre en raison des crédits auxquels elles font appel, des dépôts qu'elles procurent, et des services qu'elles utilisent, les PME forment les gros bataillons du marché des entreprises. Aussi sont elles sujettes à une vive convoitise des banques qui se livrent à une concurrence acharnée pour accroître leurs parts de marché. Ainsi, les PME au Tchad n'ont qu'un accès très limité aux prêts à court terme et aux découverts. Les banques et les autres institutions financières se méfient des PME qui sont considérées comme des entreprises à hauts risques avec des taux d'échec très élevés. Elles appliquent des conditions très dures pour la garantie des prêts ; dans la plupart des cas, les PME ne peuvent remplir ces conditions. Tous ces obstacles sont du au fait que les PME ont des grands problèmes de structuration, c'est-à-dire que les PME ont pour la plupart des cas un problème de domiciliation. Elle ne mette que des adresses fictives afin de dévier le fisc. L'autre problème majeur réside au niveau du manque d'informations comptables et financières fiables. Cela est du au fait que les PME ne tiennent pas de comptabilité régulière sauf en cas de besoin. Nous soulignons également le problème de garantie ; c'est-à-dire que les entreprises ne proposent pas aux banques des garanties fiables leur permettant de se couvrir contre le risque de non remboursement. Face à cette situation, les banques commerciales ont dû, de tout temps, faire face à des nombreux types de risques, qu'ils se situent au niveau du transport des fonds, de la conservation des espèces, de la gestion des comptes, des fluctuations des taux, ou encore des activités de financement. Cette dernière fonction est la plus délicate compte tenu du risque de non remboursement inhérent à tout crédit. Il ne faut pas perdre de vue également que les banques commerciales ont non seulement une fonction commerciale comme le nom l'indique mais aussi une fonction économique. Elles concourent en effet, par les crédits consentis, à la création de richesses et d'emplois. L'octroi de crédit étant un acte de gestion d'une portée considérable, eu égard à ses enjeux économiques et financiers, son sujet nous amène à soulever les questions suivantes : dans quelles mesures l'octroi de crédit aux PME peut permettre à celles-ci d'atteindre leurs objectifs de croissance et de rentabilité sans pour autant mettre en cause la poursuite du profit de la banque ? Les banques commerciales peuvent-elles toujours répondre aux besoins de trésorerie des PME ? En quoi les PME trouvent-elles les modalités d'octroi de crédit contraignantes ? Quelles sont les perspectives stratégiques à prendre en compte par les PME pour avoir un accès facile au financement ? Quels sont les principaux obstacles à la croissance des investissements et des échanges des PME ? Pour trouver des réponses à ces questions, nous allons nous pencher sur le cas de la SGTB et les PME. Ce dernier confiant en son projet ou son affaire, a du mal à comprendre la trop grande prudence de son banquier tandis que le premier pragmatique, ne perd pas de vue qu'il prête l'argent de ses déposants. Le présent mémoire qui comporte deux parties vise l'étude du problème de financement des PME par les banques tchadiennes en général et la SGTB en particulier. La première partie présente la SGTB et les préoccupations bancaires des PME au TCHAD. La deuxième partie tient compte des conseils de la SGTB à ses clients. * 1 A. Boudinot J. Chardonnereau J.C. Frabot, Dictionnaire banque-bourse-commerce extérieur, CLET éditions banque, Paris 198. |
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