Contribution du Patrimoine Culturel au Développement du Système Educatif de la République du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée( Télécharger le fichier original )par Samuel Kidiba Université internationale de Langue Française au Service du Développement Africain à Alexandrie d'Egypte - Etudes Professionnelles Approfondies 1997 |
C. Rapports entre institutions scolaires et patrimoine culturel au Congo1. L'absence d'une politique culturelleL'école congolaise connaît, depuis plusieurs décennies, une grave crise. Elle compte parmi les moins performantes du continent. Les raisons, qui l'étouffent, sont d'ordre structurel, financier et humain. Certes, elles sont indéniables et vraies, mais on pense peu à évoquer le côté culturel de ce mal. Cette dimension culturelle, à notre avis, désintègre l'école congolaise. Il s'agit, ici, de la formation de l'Etre, propre à l'enfant congolais. Le système éducatif congolais ne façonne pas des attitudes pouvant préparer l'enfant à affronter toutes les situations de la vie politique, économique, socioculturel, etc. Autrement dit, le milieu scolaire devrait être un lieu d'EDUCATION, mais pas seulement d'Instruction. IL devrait servir de lieu de transmission du patrimoine culturel. Malheureusement, les programmes scolaires, tels qu'ils sont conçus , ne préparent le jeune congolais qu'à se détourner de son patrimoine culturel, de ses réalités et de son environnement social. L'enseignement, au Congo, est un héritage colonial qui a été conçu, depuis le début, pour la formation des agents de l'administration coloniale. À présent, cette école est devenue une énorme fabrique de chômeurs, ou mieux, un lieu de formation des cadres qui n'ont aucune prise sur la réalité. Ce qui s'explique bien, car l'école ne prend pas en charge les cultures locales ; elle n'a pas réussi à s'enraciner de fond en comble. C'est donc dire que l'école congolaise ignore, pense Louis Riboulet, que : « l'éducation est l'art d'élever les enfants. Elle a pour but leur développement total par une formation à la fois physique, morale, religieuse et sociale. Elle ne doit jamais perdre de vue le temps qui passe et l'éternité qui n'a pas de fin. On la regarde comme l'oeuvre des oeuvres, dont l'importance est capitale pour l'avenir de l'enfant et celui de la société »30(*). Or, il n'existe aucun rapport entre l'école et le patrimoine culturel congolais. L'enfant ne reçoit pas de formation ni d'esprit ni du coeur ; il n'est donc pas préparé à l'accomplissement de tous ses devoirs, en tant que futur citoyen. En réalité, renchérit Louis Riboulet, l'école se doit de «...former l'homme de volonté ferme et droite, l'homme de devoir, de conscience et de foi, le patriote éclairé qui aime ses concitoyens et son pays jusqu'au sacrifice, en un mot, tel que Dieu l'a fait et que Jésus-Christ l'a régénéré »31(*). Certaines disciplines, telles que le français, la philosophie, l'histoire et la géographie, qui devraient réserver une part importante à l'éducation, n'assument pas cette tâche. Elles s'intéressent à l'instruction des enfants. Pour le cas particulier du français, aucune référence culturelle n'est faite. En effet, même quand le texte, à résumer ou à commenter, est d'un auteur congolais bien connu, on ne l'étudie pas en faisant référence au contexte culturel dans lequel ce dernier l'a produit. La dimension culturelle permettrait de mieux saisir le passage sur toutes ses façades. L'enfant qui arrive à l'école, a de la peine à maîtriser le français; parce qu'il est coupé de sa famille où on ne pratique pas la langue de Molière. Le jeune, avant d'être inscrit à l'école, parle au moins une langue maternelle et /ou une langue nationale. A ces langues, vient s'ajouter le français comme un corps étranger. À cet effet, la maîtrise de la langue française peut ainsi s'avérer difficile. Le modèle d'enseignement, du dessin qui est dispensé à l'école primaire et dans les collèges, n'est qu'une copie de celui de la France. Ce manque d'osmose entre l'école (l'instruction) et le patrimoine culturel national (l'éducation ) constitue un frein au développement du Congo. L'école qui devrait former la main habile, capable de contribuer à ce développement, n'a que la capacité de former des «... hommes déracinés, des déclassés, des irrités de la vie, des malheureux ou des méchants»32(*). Le sort de l'enfant congolais est tragique, il se retrouve entre deux mondes qui lui sont étrangers : sa culture et l'école. * 30 Riboulet L. Manuel de Pédagogie à l'usage des Ecoles Normales et de tous les Educateurs, 1958, Librairie Catholique Emmanuel Vitte, 5è éditoin, Paris, p. 5. * 31 Riboulet L. op. cit. p. 6. * 32 Brunetière, cité par Riboulet L. op. cit. p. 7. |
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