Contribution du Patrimoine Culturel au Développement du Système Educatif de la République du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée( Télécharger le fichier original )par Samuel Kidiba Université internationale de Langue Française au Service du Développement Africain à Alexandrie d'Egypte - Etudes Professionnelles Approfondies 1997 |
4. Pour une action culturelle en milieu scolaire
congolais
4.1. L'enseignement des arts et de l'artisanat au muséeIl ne s'agirait pas d'un enseignement tel qu'on l'entendrait dans une école des beaux-arts ou une école du patrimoine. Il sera plutôt question d'un enseignement à partir des objets du musée; un enseignement qui ne saurait en rien remplacer l'école ni la concurrencer. Il s'adressera aux enfants dès l'école maternelle (4ans) jusqu'au lycée (18ans). Les activités éducatives dans les musées seront gérées par un Centre éducatif relevant des ministères de l'Éducation Nationale et celui de la culture. Le centre aura pour mission de coordonner les visites et animations dans les différents musées, et de veiller à la qualité des programmes offerts. Dans les régions, les DRAC (Direction des Affaires Culturelles) et les DRE (Direction Régionale de l'Enseignement ) en assureront la coordination. L'enseignement des arts et de l'artisanat viendrait en complément à celui donné par l'école officielle. Nkanza Lutayi pense ainsi, que : « Comme institution, le musée a un but éducatif puisqu'il constitue un complément d'importance capitale de l'enseignement donné à l'école. Ce rôle éducatif est institutionnalisé parce qu'on le lui reconnaît officiellement et parce qu'une des activités muséales est précisément l'éducation »63(*).Tant il est vrai que, bien des objets, faunique et floral, des faits historiques, archéologiques et protohistoriques peuvent être exposés concrètement dans un musée mieux que ne le ferait l'école. C'est pourquoi, les objets du musée, loin d'être un fait de curiosité, sont des réalités à expérimenter et à vivre. «L'exposition donne une forme complète d'enseignement, parce que non seulement elle illustre une connaissance mais aussi peut en même temps procurer cette connaissance »64(*), renchérit Nkanza Lutayi. Le musée congolais, pour les scolaires, servirait de lieu de sensibilisation, d'information, de création, d'éveil à tout le patrimoine national et international. Élisabeth Faublée affirme qu'« en plus d'une meilleure assimilation d'un savoir qui, appris uniquement dans les livres, relève le plus souvent de l'abstraction, ces actions d'ouverture permettent aux élèves d'acquérir des connaissances et des savoir-faire autres que ceux transmis en classe. Basée sur la participation active où chacun apporte sa contribution dans la réalisation d'un projet commun, la démarche de projet qui définit ces actions, favorise l'épanouissement de tous les enfants, qu'ils soient bons ou mauvais élèves à l'intérieur du système scolaire, développent leur capacité d'invention et révèlent des aptitudes qui ne peuvent s'exprimer en classe. Les enfants se trouvent par ailleurs dans une situation d'apprentissage qui les responsabilise et les solidarise, les éduquant à la fois à l'autonomie et à la socialisation, finalité de cette éducation »65(*). Le nouveau musée congolais serait considéré, de ce point de vue, comme un centre de documentation et de recherche scientifique. La nouvelle politique éducative du musée aurait ainsi pour but, non seulement, l'accroissement du niveau culturel de la population scolaire congolaise, bien plus, elle s'insérerait dans les programmes du développement de l'éducation nationale. Le musée, pour accomplir cette tâche, pourrait aussi sortir de son cadre habituel pour aller vers l'école, le quartier ou le village. Par ailleurs, le travail avec les élèves au musée sera exempt de toute contrainte ou toute obligation. Le musée ne sera pas vu comme un lieu d'enseignement. On n'a pas à amener les gens à comprendre quelque chose. Cela n'exclut pas, pour autant, la présence du savoir au musée. Élisabeth Caillet et Odile Coppey affirment que « la notion de médiation repose sur cette distinction essentielle: "Je te fais savoir ", dit le médiateur, "Je t'apprends", dit l'enseignant. Il faut laisser de côté le système des contraintes de l'enseignement et travailler pour quelque chose dans lequel transparaissent le plaisir, le désir »66(*). Pour ce faire, nous nous proposons d'élaborer un programme d'enseignement ou d'activités au musée qui serait suivi pour atteindre ce but. L'enseignement des arts et de l'artisanat se fera par le biais des ateliers pédagogiques. * 63N'Kanza Lutayi "Apport des musées dans le développement national"in : La chronique PREMA n°5, 1995 p 9. * 64 N'Kanza Lutayi ibid. * 65 Faublée E., op. cit. p. 8. * 66 Caillet E. et Coppey O. Extrait d'un entretien réalisé avec Denis Guedy in : Lettre des Musées décembre 1991 cité par Faublée E., op. cit. p. 104. |
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