WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Contribution du Patrimoine Culturel au Développement du Système Educatif de la République du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée

( Télécharger le fichier original )
par Samuel Kidiba
Université internationale de Langue Française au Service du Développement Africain à Alexandrie d'Egypte - Etudes Professionnelles Approfondies 1997
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE SENGHOR

Université internationale de Langue Française au Service du Développement Africain à Alexandrie d'Égypte.

Département gestion du Patrimoine Culturel

Mémoire de fin d'Études Professionnelles Approfondies

SUJET DU MEMOIRE

Contribution du Patrimoine Culturel au Développement du Système Éducatif de la République du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée.

Présenté et soutenu

par

Samuel KIDIBA

Le 22 Janvier 1997

Promotion 1995-1997

JURY :

Président : Professeur Jean GALARD, chef de service culturel du musée du Louvre, Paris

Membres :- Mme Caroline GAULTIER, directeur du département Gestion du Patrimoine Culturel de l'Université Senghor, Alexandrie d'Égypte.

-Professeur André COURTMANCHE, directeur du département Administration Gestion de l'Université Senghor, Alexandrie d'Égypte

TABLE DES MATIÈRES

Pages

DÉDICACE .... I

REMERCIEMENTS .... II

LISTE DES FIGURES IV

AVANT-PROPOS .... V

TABLE DES MATIÈRES VII

INTRODUCTION .... 1

Chapitre I. Contexte du Problème .... 5

A. Approche historique du patrimoine dans le contexte africain .... 5

1. La définition du patrimoine .... 5

2. La conception de l'art africain en Occident. .... 7

3. Le patrimoine africain dans les collections françaises .... 11

4. Le rayonnement des Musées africains .... 13

5. La notion du patrimoine telle qu'elle est vécue en Afrique .... 15

5.1. Le patrimoine culturel et les changements sociopolitiques en Afrique .... 16

5.2. Les textes juridiques régissant le patrimoine en Afrique .... 17

B. Le cadre du patrimoine culturel au Congo ... 19

1. Présentation historique et géographique de la République du Congo 19

1.1. Présentation géographique 19

1.2. Présentation historique 23

2. Les institutions du patrimoine culturel au Congo . 25

3. Cas particulier des musées . 28

C. Rapports entre institutions scolaires et patrimoine culturel au Congo 31

1. L'absence d'une politique culturelle .. 31

2. L'enfant congolais entre sa culture et l'école .. 33

Chapitre II. Création d'une dynamique École Musée 35

A. Politique d'une action éducative dans des musées français 35

1. L'expérience pratique du service culturel du musée du Louvre 35

1.1. La médiathèque 35

1.2. Les ateliers 36

1.3. Les visites-coférences 39

1.4. Les contes 41

1.5. Les rapports entre le musée et la bibliothèque 42

1.6. Le musée et la communauté 43

1.7. Le point de vue des enseignants 45

2. Les expériences pratiques d'autres institutions 48

2.1. Le Musée national d'arts africains et océaniens 49

2.1.1. Entretien avec Phlippe Garcia de la Rosa 49

2.1.2. Les ateliers 50

2.2. Le Musée national des arts traditionnels et populaires 53

2.2.1 Présentation et vocation du MNTAP 53

2.2.2 Activités culturelles en direction des enfants et adolescents 54

2.3. Le Musée d'Orsay 56

2.3.1 Les visites animées par des conférenciers 56

2.3.2 Les visites libres 57

2.3.3 Les journées inter musées 57

2.3.4 La musique 58

2.3.5 Les conférences pour lycéens 58

2.3.6 La formation des enseignants 58

2.4. La Fondation Dapper 59

B. Pour une politique culturelle en milieu scolaire congolais. 61

1. La Valorisation de l'identité culturelle congolaise 62

2.Le rôle de l'identité culturelle dans une société en mutation socioéconomique 64

3. Le musée, miroir du patrimoine culturel 67

4. Pour une action culturelle en milieu scolaire congolais 68

4.1. L'enseignement des arts et de l'artisanat au musée 68

4.1.1 Les ateliers pédagogiques 70

4.1.2. Le musée, lieu de formation continue. 76

4.1. 3 Les expositions temporaires 76

4.2 Les mass média et leur rôle dans la promotion du patrimoine culturel 80

4.3. Le rôle de l'État 81

4.4. Les mouvements associatifs. 84

Chapitre III. Perspectives et suggestions 86

1. À court terme 86

2. À moyen terme 88

3. À long terme 89

CONCLUSION GÉNÉRALE 92

ABRÉVIATIONS ET SIGLES

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

Introduction

A mesure que le temps passe, l'environnement et la vie de l'homme, sur terre, sont de plus en plus soumis à des changements techniques et technologiques. Le progrès et les nouvelles technologies de pointe ont accéléré ce processus. Le coût des transports amoindris a permis une grande mobilité des individus, le contact multiforme entre les habitants du globe. De même, les changements commerciaux se sont accrus.

A partir de la fin des années 80, plusieurs entreprises ont vu les barrières frontalières voler en éclats. Quatre événements expliquent ce phénomène : l'écroulement de l'empire rouge (l'URSS) et du communisme a conduit des milliards des terriens vers l'économie de marché ; la libération totale des mouvements de capitaux et le décloisonnement des marchés ont renforcé la puissance et l'agilité de l'argent ; les accords du GATT (General Agreement on Tarifs and Trade ou Accord général sur le Commerce, devenu aujourd'hui OMC : Organisation Mondial du Commerce) ont considérablement réduit beaucoup de barrières commerciales et accéléré les échanges ; enfin, la révolution des technologies de l'information a rendu plus facile et aisée la communication entre les entreprises. Ainsi, d'un bout à l'autre de la Terre, on peut interroger une banque de données grâce au réseau des réseaux : l'Internet. Ce nouveau phénomène, dû à ces quatre événements, s'appelle la Mondialisation.

Selon Pascal Riche, « bien de libéraux pensent que le nouveau modèle de développement adapté à la mondialisation serait le modèle anglo-saxon du laisser-faire, reposant sur un État minimum, des salaires flexibles et un marché de travail souple »1(*) .

En conséquence, cet essor vertigineux des technologies de pointe risque d'entraîner la destruction, voire la dégradation de certaines cultures et de certaines identités. Autrement dit, cette uniformisation du monde pousse les gens au désintéressement de leurs propres activités culturelles. Le Tiers-monde, quant à lui, pris dans cet engrenage de l'essor technologique et de la suprématie culturelle du Nord, se perd de plus en plus dans son identité culturelle menacée de plus belle. Il reste en marge de presque toutes ces innovations. Toutefois,  «...les pays du Tiers-monde doivent parvenir à incorporer, à leur patrimoine culturel, les méthodes et techniques modernes, de telle manière que ni la liberté, ni la justice, ni la dignité de l'homme n'aient à en souffrir »2(*), affirme Sulwin Lewis. En d'autres termes, la notion de développement a pris un autre sens. Il devrait, dès lors, prendre en considération, non seulement la force humaine, mais aussi l'identité culturelle qui est le fondement de la vision du monde de toute société.

En effet, les technologies nouvelles, prenant d'assaut les pays du Tiers-monde, et africains en particulier, érodent les valeurs culturelles desdits pays. Et la conséquence immédiate, c'est que la richesse en biens matériels prend le pas sur des valeurs humaines, culturelles et morales. En d'autres termes, le sous-développement rime avec la tradition, et le développement est synonyme de possession des biens matériels. C'est l'idée de la toute puissante culture occidentale qui met l'accent sur l'importance des biens matériels, dans la recherche du bien-vivre. Aujourd'hui, de nombreux pays développés souffrent aussi de cet état de choses.

Dans beaucoup de pays, notamment ceux du Tiers-monde, les difficultés de compréhension, entre différentes générations, tendent à devenir un abîme à cause, justement, des mutations socio-économiques dues à l'urbanisation croissante, l'industrialisation, la bombe médiatique, et...l'accès plus large à l'éducation (l'école). Beaucoup de jeunes ont tendance à divorcer d'avec leur cordon ombilical culturel traditionnel.

Au Congo, le système éducatif a subi les contrecoups de ces changements. Il est déconnecté, de fond en comble, de son environnement social qui est lui-même pris dans la furie du modernisme. C'est ainsi que l'école congolaise n'a aucun rapport avec les cultures locales, et par conséquent, avec les institutions culturelles. Une violente et mortelle crise d'identité culturelle ronge la société congolaise. Du coup, l'école est décadente.

Cette décadence est expliquée diversement par les spécialistes, les gouvernants, les enseignants, les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes : manque de moyens financiers, structures inadaptées, enseignants incompétents, etc. On évoque peu la dimension culturelle qui permettrait l'adaptation aux exigences nouvelles du milieu et aux changements du monde. Pour ce faire, l'école a, dans cette perspective, le devoir d'aider l'élève à acquérir des savoirs et compétences de base, «...lui donner la faculté de s'adapter au changement, et surtout, le goût et la capacité d'apprendre et de réapprendre tout au long sa vie »3(*), comme le disent si bien Abar Hasan et Alan Wagner.

L'enseignement de l'art et de l'artisanat dans une institution culturelle comme le musée pourrait, en partie, aider l'école congolaise à sortir du creux du vase dans lequel elle se trouve. L'art et l'artisanat donneraient l'occasion à l'enfant congolais de saisir l'univers magique ou l'imaginaire qui occupe une place importante dans l'explication de certains phénomènes. C'est en fait, dans cet univers que l'on peut retrouver la société dans son intégralité, tant il vrai est qu'il concerne l'Être lui-même, avec toutes les formes d'interprétations et d'interrogations philosophiques, métaphysiques. Et Lévi-Strauss pense que,  « l'art s'insère à mi-chemin entre la connaissance scientifique et la pensée rituelle ou magico religieuse »4(*). En réalité, cet enseignement qui viserait l'esprit et la main ou la morale et le maniement de certains outils, cet enseignement, disons-nous, s'adapterait aux réalités, aux matériaux locaux (identité congolaise) et, selon les règles de jeu du milieu. Des activités pédagogiques traduiront cet enseignement.

En clair, un autre aspect à mettre en évidence, dans cette corrélation entre le musée (l'art et l'artisanat) et l'école, est que : bien des objets relatent des faits historiques, transmettent et traduisent une certaine réalité, une morale. Il ne s'agirait pas, ici, de faire de l'art pour l'art, ou du narcissisme artistique et artisanal. Il serait question, plutôt, de montrer les rapports entre l'art, l'artisanat et la morale de la société congolaise - nous allions dire africaine - dont la morale scolaire s'inspirerait. Il serait question de cette manière, de sensibiliser le jeune écolier à ce que le patrimoine culturel peut jouer comme rôle dans les deux sociétés : l'école et la vie en famille. L'institution muséale et l'école travailleraient, pour cette raison, en collaboration. Il y a lieu aussi de montrer la mesure importante que peuvent apporter l'art et l'artisanat dans l'orientation scolaire et professionnelle des élèves au niveau secondaire.

Il s'agirait d'un nouveau regard que l'on porterait sur l'école, qui aurait pour fondement l'intégration des aspects socioculturels, et dont le musée sera le partenaire. L'enfant et l'adolescent pourront se poser ces questions :

- D'où venons-nous?

- Pourquoi sommes-nous ici?

- Que serons-nous demain?

Pendant nos recherches, nous avons procédé par la méthode d'enquête. Elle a consisté à alller sur le terrain où nous avons rencontré des personnes-ressources. Question de savoir ce qui s'est fait ou qui est en train d'être fait sur les rapports entre l'école et le musée.

Par conséquent, il sera question de traiter, dans un premier temps, du contexte actuel de l'école et de l'institution muséale au Congo ; ensuite, suivra la présentation de la dynamique future entre l'école et le musée. En dernière instance, viendront les perspectives ou suggestions.

Chapitre I. Contexte du problème

A. Approche historique de la notion du patrimoine dans le contexte africain

1. Définition du Patrimoine

Il est difficile de vouloir définir de façon satisfaisante la notion de patrimoine. Ce terme, en effet, se rencontre dans différents domaines ; de plus, il connaît des changements au fil du temps. C'est ainsi que, plus on avance dans le temps, plus il devient difficile de le cerner.

Toutefois, les latins, sous le terme de patrimonium, le définissent comme l'héritage que l'on tient de son père et sur lequel on veille pour le transmettre à ses enfants.

Le mot va évoluer et aura un autre sens pendant la Révolution Française de 1789. En fait, l'Assemblée Constituante décida de donner à la Nation son "Patrimoine" qui était jusque-là propriété du clergé. Du cercle restreint de la famille royale, on arrive à un cadre plus élargi, le bien public, collectif.

En Italie, le Pape Sixte IV prend conscience de la grandeur de l'Antiquité Romaine, le 15 décembre 1471, en rattachant sa Rome à la Rome de l'Antiquité. Il fut question de reprendre le fil de l'histoire en montrant qu'il pouvait y avoir une continuité dans la Rome des Papes. Le Pape choisit le Capitole, siège du sénat, comme lieu devant abriter la donation, des sculptures romaines en bronze, qu'il fait au peuple romain qui en serait propriétaire. Rendre ces sculptures au peuple d'où elles étaient sorties. En tant que collectivité, le peuple de Rome ne disparaîtra jamais. Par conséquent, cette collection d'oeuvres d'Art devient une propriété collective qui doit durer autant que le monde, une perpétuité.

Le Patrimoine est ainsi considéré, progressivement, comme mémoire, histoire, monument qui est témoin de la grandeur du peuple auquel il appartient. A cet effet, le « Patrimoine constitue un lien privilégié entre passé, présent, avenir et, donc un facteur de stabilisation »5(*).

L'idée de le protéger va naître. Il y a une prise de conscience qui consiste à protéger les oeuvres qui sont menacées au fil des temps. Tout ce que les hommes produisent devient un héritage à perpétuer, à préserver et à comprendre. De cette idée de conservation, vont naître « en Occident, dès la fin du XVIIIème siècle, les formes de musées que nous connaissons aujourd'hui. On a tué les dieux et laissé les reliques des cultes anciens, qui sont collectées, répertoriées, stockées, sauvegardées. Le déclin de la religion donna au musée de nouvelles fonctions. Au départ, ces nouveaux musées chantaient la gloire des hommes illustres. A défaut d'avoir une place au paradis, les grands de ce monde cherchaient à se pérenniser dans un musée  »6(*).

Le professeur François Owono Nguema pense que « Le patrimoine culturel d'un peuple s'étend aux oeuvres de ses artistes, de ses architectes, de ses musiciens, de ses écrivains, de ses savants, aussi bien qu'aux créations anonymes, surgies de l'âme populaire, et à l'ensemble des valeurs qui donnent un sens à la vie »7(*).

Maurice Druon ajoute qu'« aujourd'hui, la notion de patrimoine culturel, dans son acception collective moderne, désigne une réalité abstraite, mais vivante et constante, une réalité qui importe à l'ensemble du peuple concerné et qui fait partie de son destin. Il y a un contenu de permanence, donc d'avenir dans cette conception-là »8(*).

En gros, le patrimoine est un terme évolutif, il sert à identifier un peuple dans son évolution. Il permet d'établir le lien entre le passé et le présent d'une communauté, d'un pays, etc. De cette manière, le patrimoine peut être considéré comme une attitude mentale un regard face à un objet, quelle que soit sa nature.

Ainsi, nous avons : le patrimoine monumental (monument, bâtiment, etc.) ; le patrimoine naturel (forêts, animaux, montagnes,... ) ; le patrimoine immatériel ( chants, contes, proverbes, mythes, devinettes, etc. ) ; le patrimoine artistique et artisanal.

Le continent africain a une richesse culturelle, spécifique en son genre. Il n'a pas produit des grands monuments qui pouvaient résister au temps. Il faut, cependant, y noter la présence d'un patrimoine artistique, artisanal, naturel,... Malgré tout, pendant longtemps, l'Occident a eu une conception négative de l'art africain.

2. La conception de l'art africain en Occident

« L'art nègre? Connais pas! » a dit Pablo Picasso en 1920. En effet, peut-on parler d'un art africain? Ou bien, existe-t-il un art du continent noir? Cette question, vieille de plusieurs décennies, a fait l'objet de débats dans les salons d'Art, dans les milieux intellectuels en Europe depuis presque un siècle. C'est le débat entre « esthètes » et « ethnologues ».

En effet, les oeuvres du continent africain étaient reléguées au second rang, en les qualifiant de grossières ou de magiques. En 1898, la Grande Encyclopédie affirmait que «  Chez les Nègres qui paraissent pourtant, comme toutes les races de l'Afrique centrale et méridionale, fort arriérés pour ce qui est affaire d'Art, on trouve des idoles représentant des hommes et reproduisant avec une grotesque fidélité les caractères de la race nègre »9(*). Cette attitude, des académistes eurocentristes, s'explique pour une raison qui est double : le manque de documents écrits qui pouvaient permettre une étude, en est la première, la deuxième trouve son fondement dans l'esclavage et la colonisation. Ces moments de l'histoire ont vite fait pour considérer les Noirs comme des sous-hommes. Au point où, Jean Laude pense qu'« une idéologie orienta l'image que se fit l'Europe des civilisations africaines : elle plongeait ses racines dans des mythes qui s'étaient élaborés au Moyen Age et qui voyaient dans le Continent Noir le Royaume des Idolâtres, le Royaume oublié de Dieu. L'Afrique, c'était bien, en effet, un monde à convertir, d'autant plus qu'on y avait depuis toujours situé le mystérieux royaume chrétien du Prêtre Jean, dont on recherchait l'alliance pour combattre les Infidèles et que les Portugais croiront découvrir, au début du XVIè siècle, en Ethiopie »10(*).

C'est donc dire que l'histoire (l'esclavage et le colonialisme) a eu des retentissements graves sur le regard que l'Europe aura des civilisations de l'Afrique. Tout le destin, de ces civilisations et de ces arts, devrait ainsi subir une terrifiante influence.

Par la suite, les européens jugeront le progrès de tout peuple suivant une voie unique et continue. En ce sens, le niveau de civilisation était déterminé par les progrès techniques du peuple auquel cette civilisation appartient. La culture européenne est la culture par excellence. Les civilisations n'appartenant pas à l'Europe suivent une classification dont leur niveau de technicité est le déterminant principal. En conséquence, l'infériorité technique d'un peuple impliquait son infériorité artistique.

La peinture est conçue comme le premier des arts, et les Nègres qui, eux, ne se limitent qu'à la sculpture sont, par ricochet, des artistes inférieurs. En 1846, Charles Baudelaire écrit que : « la sculpture est un art des Caraïbes »11(*). L'année précédente, le muséographe Jomard affirmait que : « La peinture est l'art des peuples déjà avancés en civilisation »12(*). Ces propos, il faut le dire, ont manqué d'analyse assez profonde, car la Grèce antique a dû son prestige à sa sculpture plutôt qu'à sa peinture qu'on ne connaît pas. Nous les reprenons dans notre travail pour expliquer toutes les considérations dont l'art africain a été l'objet tout au long de l'histoire.

C'est pourquoi d'ailleurs, des voix s'élevèrent contre le déterminisme mécaniste, c'est le cas de R. Andree, d'A. Riegl et de J. Lange. En 1885, R. Andree écrivait que : « Les peuples situés à un degré inférieur de culture peuvent avoir atteint un degré relativement élevé dans le domaine de l'art, [...] il n'apparaît pas toujours comme l'état le plus haut dans l'évolution d'un peuple»13(*). A partir de 1840, il y a une affluence matérielle en Europe qui vient enrichir les différents groupes qui ont vu le jour avec les anciens cabinets de curiosité. Les européens vont s'intéresser à l'art des sauvages. A. Bastian déclarait : « Avant tout, achetons en masse, pour les sauver de la destruction, les produits de la civilisation des sauvages et accumulons-les dans nos Musées »14(*). Ainsi, les oeuvres furent rassemblées pour faciliter leur étude, leur connaissance par tout le monde qui pouvait avoir affaire en Afrique. Ce fut le début d'une prédilection très manifeste aux description et observation qui sont faites de l'art nègre.

C'est pour cette raison, qu'à partir de 1906, des peintres furent attirés par cet art. Les expressionnistes allemands (du groupe Die Brück ) et bien d'autres peintres eurent un autre regard de la sculpture africaine, et ne la considèrent plus comme primitive. Avant 1914, les oeuvres nègres se côtoient avec des peintures modernes dans toutes les collections : On trouvait, dans la collection Stchoukhine, quelques bronzes du Bénin. En France, Paul Guillaume, Frank Havilland, Félix Fénéon, André Level détenaient de belles pièces. On vit une euphorie de l'art nègre : le jazz, les ballets nègres, Joséphine Baker15(*), etc. sont des événements parmi d'autres qui finissent par faire changer progressivement la conscience publique. Et en 1931, l'Exposition coloniale de Vincennes, à Paris, éleva cette négrophilie, disait-on alors. La conséquence immédiate en fut sans doute, le vote à l'Assemblée Nationale Française, des crédits qui vont financer la Mission Dakar-Djibouti (1931-1933)16(*).

Au regard de tout ce qui précède, on peut dire que le débat sur l'art africain est dépassé, à tout point de vue. L'art nègre a été l'objet d'admiration, de peintres, artistes et autres à travers le monde. Et Léopold Sédar Senghor de dire : « Je me rappelle encore Pablo Picasso me conduisant amicalement à la porte, comme je prenais congé de lui, et me disant, les yeux dans les yeux : « Il nous faut rester des sauvages ». Et moi de répondre : « Il nous faut rester des nègres ». Et il éclate de rire. C'est que nous nous étions compris. En effet, les artistes de Paris l'ont reconnu, le Cubisme ou l'école de Paris s'est inspiré, avant tout, de l'art négro-africain. Ce n'est pas par hasard si cette école d'Art s'est développée à Paris en même temps que le surréalisme »17(*). Dans le même sens, Etienne Féau et Hélène Joubert affirment que : « L'art africain ne s'arrête pas à une date fixée arbitrairement au début ou à la fin de l'ère coloniale, il reste toujours bien vivant : en brousse, certains secteurs sont restés aux expressions traditionnelles même si celles-ci ont tendance à perdre leur caractère religieux pour devenir profanes. En ville, de nouvelles expressions se multiplient dans des domaines aussi variés que la peinture, la sculpture, la photographie, la musique ou même la mode »18(*).

Cependant, le débat sur l'art africain a refait surface depuis le lancement de l'idée d'exposer, temporairement, au Musée du Louvre, quelques oeuvres appartenant aux Arts Premiers. Une idée qui est chère au Président de la République française, M. Jacques Chirac. Nous y reviendrons plus longuement dans les lignes qui suivent.

En réalité, cette question est toujours d'actualité, au regard de la présence, très remarquée, du patrimoine africain dans plusieurs musées dans le monde.

Le patrimoine culturel africain dans les collections

françaises et celles d'autres continents

L'art du continent africain a eu beaucoup de noms : art tribal, art primitif, art nègre et art premier. Peu importe l'épithète qu'on lui attribue. Il faut souligner, plutôt, ses formes variées, la dimension religieuse et culturelle, et les différentes oeuvres qui ont fait l'attrait des artistes et collectionneurs européens. Ce fait explique la présence, très marquée, hors d'Afrique, de Musées d'Art africain19(*) :

- Allemagne : quatre. ;

- Australie : un ;

- Belgique : deux ;

- Espagne : un ;

- Etats-Unis : dix ;

- France : treize ;

- Grande-Bretagne : quatre ;

- Italie : deux ;

- Japon : trois ;

- Pays-Bas : quatre ;

- Pologne : un ;

- Portugal : un ;

- Russie : un ;

- Suède : deux ;

- Suisse : cinq.

Pendant notre stage, nous avons eu l'occasion de visiter quatre de ces Musées d'Art africain ; il s'agit : du Musée National des Arts d'Afrique et d'Océanie, du Musée de l'Homme et de la Fondation Dapper à Paris ; et du Musée Royal de l'Afrique Centrale, Tervuren, à Bruxelles (Belgique).

Comment sont présentés ces objets sortis de leur lointain contexte africain? Jouent -ils leur rôle et leur fonction pour lesquels ils ont été créés? Autant de questions auxquelles on répondrait, tout naturellement, par la négative. En effet, l'oeuvre d'Art ne se crée pas par hasard en Afrique; l'artiste qui la conçoit a toujours une intention derrière la main.

Or, tels qu'ils sont présentés dans les belles vitrines, ces objets ne rendent plus toute la fonction et le rôle qu'ils jouaient dans leurs sociétés d'origine. Car, si les européens, décrètent la Beauté des objets, les africains ont un regard contraire à cela. Cette présentation enlève, à ces oeuvres d'Art, leur portée culturelle. Des européens qui n'ont jamais mis pied en Afrique, leur donnent un sens erroné, selon leur culture.

Ainsi, nous pensons que ces Musées d'Art africain devraient, désormais, changer leur façon de présenter ces objets. La participation des producteurs ou des représentants, si ce n'est des spécialistes, africains, venus d'Afrique, devrait s'imposer pendant les expositions temporaires par exemple. De cette manière, tout le monde, chercheurs africains et ceux des autres continents, aurait la possibilité de reconstituer une histoire de l'art africain ; une histoire que de nombreuses personnes feraient commencer vers 1900-1904. Ces moments donneraient aussi l'occasion au public de mieux lire les productions artistiques africaines. Ils permettraient un regard nouveau qui serait dégagé de toute étiquette ethnique ou ethnologique, limitée et dépassée, que le colonisateur avait de la culture africaine.

C'est avec raison que Yaya Savané s'écrie, parlant de l'exposition Corps sculptés, Corps parés, Corps masqués ; Chefs-d'oeuvre de la Côte-d'Ivoire, tenue aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, ( 17 octobre - 15 décembre 1989) : « La présentation du patrimoine africain dans le contexte occidental suscite un certain nombre de divergences fondamentales dans le milieu professionnel quand il s'agit surtout de partenaires aux sensibilités et cultures différentes. Présenter la culture de l'autre est une intention noble, voire une initiative à la fois courageuse et heureuse, mais la présenter selon son propre entendement, sa propre perception sans prendre en compte les préoccupations du concerné est une autre démarche qui piège le sujet »20(*).

Ce débat sur Comment présenter les arts africains dans les musées étrangers? est d'un intérêt tout particulier, lorsqu'on sait que les arts premiers ( africain, océanien et d'Amérique précolombienne ), auront un musée à partir du début du XXIème siècle prochain. Le rôle des musées africains d'Afrique est cardinal dans ce nouveau musée.

4. Le rayonnement des musées africains

Dans le cadre d'une nouvelle politique de coopération, le musée africain devrait se tourner vers les collections africaines présentes dans les musées européens. Des nouveaux rapports s'imposent, dans ce cas, et auront pour base les échanges. Mais, le musée africain se posera la question de savoir qu'est-ce qu'il peut apporter à ses collègues d'Europe? Et qu'attendra-t-il en retour de ceux-ci?

Au niveau des expositions temporaires par exemple, le musée africain peut avoir la même politique avec les musées européens ayant des collections africaines. Il s'agira de la question de présentation de ces collections. Un échange d'expérience permettrait, ainsi, une exposition capable de rendre aux objets leur dimension culturelle d'origine. Outre les expositions, les rapports se situeront au niveau du personnel, de la formation, du matériel,... Avec les autres musées, le musée africain étendra son expérience ; il s'agira, par exemple, de choisir des expériences qui peuvent être adaptées dans le contexte africain.

En réalité, la distinction entre les Musées d'Art africain et les autres musées est d'autant capitale au moment où, la question sur les arts premiers est à l'ordre du jour. Les Musées d'Art africain européens se distingueraient des autres musées en ayant une politique de collaboration avec leurs collègues d'Afrique. Autrement dit, des échanges se feraient à tous les niveaux en vue de faire connaître leurs collections au publiques européens. La création du musée des arts premiers, au Trocadéro à Paris, fait et fera rebondir, une fois de plus, le problème de statut des objets d'Art africain. Faudra-t-il continuer à les regarder comme on contemple un tableau d'un Léonard de Vinci21(*)? ou un paysage peint par Paul Gauguin22(*)? Le rayonnement de ce futur musée, à Paris et dans le monde, dépendra du statut et surtout de la présentation des objets qui y seront exposés. De cela découleront la réhabilitation et la (re)connaissance de la culture africaine par le public, européen, et français en particulier.

Grâce à des échanges multiformes, les deux publics (africain et européen) pourront mieux découvrir, les valeurs culturelles de l'un et de l'autre. Ce n'est que de cette manière, que le patrimoine africain pourrait, tant soit peu, être considéré, en Europe comme on le vit en Afrique même.

5. La notion du patrimoine telle qu'elle est vécue en Afrique

En Afrique au sud du Sahara, le patrimoine vivant et rituel se transmet de bouche à oreille. Autrement dit, l'oralité sous-tend le patrimoine matériel et immatériel,. Les objets ont un rôle rituel et initiatique, dans les communautés auxquelles ils appartiennent. C'est pourquoi, d'ailleurs, on trouve des objets sacralisés et désacralisés. On a eu des rois et d'autres membres de certaines sociétés qui détenaient des collections d'objets interdits au public. Elles servaient à la société sur divers plans : éducation des jeunes (filles et garçons), rites de chasse, naissance, décès, protection du clan ou du lignage contre les esprits maléfiques, etc. Ce fut donc des Maisons de la mémoire dont la conservation était assurée pour la postérité.

Le musée moderne devient, au fil du temps, un lieu où sont gardés des objets de culte défonctionnalisés, des galeries de portraits, des effigies en cire,... De ce point de vue, le musée moderne a longtemps été considéré comme une tradition occidentale. Cette conception occidentale du musée est apparue avec la colonisation. En effet, des collections entières furent réunies pour des besoins d'étude, de recherche ethnographique. Jean-Baptiste Kiéthéga, parlant des musées en Afrique, déclare : « dans les colonies, des musées furent construits dans les capitales afin d'y présenter aux étrangers et aux touristes, et surtout à la bourgeoisie de l'administration et du commerce coloniaux, un raccourci culturel des différents pays. Le musée colonial était un entrepôt sans rapport avec son environnement, qui d'ailleurs l'ignorait »23(*).

Après la période coloniale, les Etats africains vont assigner au musée le rôle de décolonisation culturelle et de la création d'une identité nationale. Au cours des années soixante dix, le musée est conçu comme un moyen d'expression d'une identité plurielle dans les pays africains, d'où, la naissance des musées régionaux.

Aujourd'hui, avec l'avènement de l'ère démocratique, le musée est perçu autrement.

5. 1 Le patrimoine culturel et les changements sociopolitiques en Afrique

L'Afrique est en pleine mutation socio-politique. Un grand nombre de pays africains sont passés, des régimes à parti unique au pluralisme démocratique, depuis le début de cette dernière décennie du XXème siècle.

Le patrimoine culturel n'est pas en reste. On constate que « les identités culturelles ne sont pas statiques, mais sont des phénomènes en constante évolution et changement historique. C'est ainsi que, autour des villes et des grands centres urbains, on voit de nouveaux phénomènes culturels qui ne sont ni ruraux, ni urbains ou citadins au sens classique du terme. Les identités culturelles forment des réseaux et présentent par conséquent une grande variété d'aspects constituant pour les différents individus et communautés autant de repères et de critères d'autodéfinition par rapport à leur histoire et leur environnement. Elles sont d'importants facteurs d'équilibre individuel et social »24(*), pense Jean -Baptiste Kiéthéga.

Ces démocraties africaines entraînent, en effet, une montée des revendications culturelles dans différentes communautés. Chaque communauté cherche à conserver sa mémoire ; des associations, pour la sauvegarde ou la défense de l'identité, naissent. Avec la décentralisation, les communautés traditionnelles, et même urbaines, se mobilisent autour de leur patrimoine. Il y a comme une tendance à créer des musées privés ou des musées associatifs.

Pour cette raison, nous pensons que, cette ère est favorable au musée africain. Le politique en Afrique est conscient, aujourd'hui, de la prise en compte de toutes les cultures nationales pour espérer un développement du continent. Et par conséquent, les politiques muséales se tourneront vers la contribution à la résolution des problèmes du monde, ou tout au moins, tenteront de les porter à la connaissance du public.

Cependant, pour réussir cette nouvelle orientation du musée, un nouveau cadre juridique devrait être créé. Des lois adaptées au contexte devraient être prises dans chaque pays, pour permettre une protection véritable du patrimoine africain.

5 2. Les textes juridiques régissant le patrimoine en Afrique

Pour jouer le rôle qui lui revient, le patrimoine culturel devrait être régi par des textes juridiques adaptés. Les pays africains devraient, ainsi, avoir de textes législatifs définissant ce rôle, protégeant les institutions culturelles nationales et la conservation du patrimoine. En parlant d'institutions culturelles, nous faisons allusion à des structures comme : musées, bibliothèques, archives, ateliers d'Art ou d'artisanat, forêts, galeries,... de l'État, tout comme ceux appartenant à des privés.

Ces législations pourraient, par exemple, donner une gestion plus ou moins autonome, aux musées. Ceux-ci seraient, ainsi, désengagés de tout contrôle direct des ministères . Il est, en fait, avéré, dans bien des pays, que cette gestion directe des ministères bloque la croissance de l'institution muséale.

Or, de manière générale, les pays africains, au sud du Sahara, ont des législations inadaptées et inappliquées. Ces pays n'ont pas de filières spécifiques pour la formation des spécialistes de musée ou du patrimoine culturel. La situation est plus criante dans les pays francophones que chez les anglophones. En effet, le séminaire, organisé en janvier 1996, par l'ICOM et notre département, a bien décrit cette situation peu reluisante en Afrique francophone. Le séminaire avait pour thème : "Les filières du patrimoine dans les pays francophones".

Dans beaucoup de pays francophones, les droits à la protection du patrimoine date de la colonisation, ils ne sont qu'une copie de la législation française qui a évolué. Au Congo, en République Centrafricaine et au Tchad, par exemple, le droit et les structures juridiques sont inadaptés aux réalités du milieu. Ce qui explique l'aliénation d'une grande partie du patrimoine africain. Et Gaël de Guichen considère que l'Afrique « a déjà été dépouillée de 50% de son patrimoine »25(*).

Le Congo, particulièrement, « n'a aucune réglementation concernant le commerce, la vente des biens culturels. Ceux-ci sont vendus partout »26(*), dit Jean Gilbert Jules Kouloufoua.

Pour cette raison, le patrimoine congolais attire peu de considération. Sa situation actuelle exige une véritable prise de conscience de tous les congolais.

B. Le cadre du patrimoine culturel au Congo

1. Présentation historique et géographique de la République du Congo

1.1. Présentation géographique

La République du Congo est située en Afrique centrale, elle a une superficie de 342.000km2. Le Congo est limité au Nord par le Cameroun et la Centrafrique, le Zaïre à l'Est, l'Angola au Sud Ouest et, le Gabon et 169 km de côte (Océan Atlantique) à l'Ouest.(voir carte n°1 page 21)

Le climat, chaud et humide, est subéquatorial. Il tombe 1473 mm de pluie par an. Le fleuve Congo a un débit moyen de 44000 m3 par seconde, il est deuxième du monde, par la puissance de ses eaux, après l'Amazone, et le cinquième, par la longueur, 4600 km.

Le Congo compte 2,5 millions d'habitants, selon le recensement de 1992. Selon les prévisions, la population congolaise passera à 3 millions d'habitants, en 2000.

La République du Congo a dix régions administratives ou préfectures (voir carte n°2 page 22).

Les villes principales du Congo sont :

- Brazzaville (capitale politique et administrative) : 850.000 habitants ;

- Poite-Noire (capitale économique) : 420.000 habitants ;

- Dolisie : 65.000 habitants ;

- Nkayi : 42.000 habitants ;

- Mossendjo : 16.000 habitants.

La langue officielle c'est le français ; on trouve aussi deux langues27(*) dites nationales : le Lingala et le Munukutuba (Kituba ou Kikongo).

1. 2. Présentation historique

Le Congo, au cours de son histoire, a connu des grands Royaumes : le Royaume du Kongo fondé par Nimi Lukéni, le Royaume de Loango et le Royaume Téké. Les deux derniers existent encore, jusqu'à ce jour, respectivement à Loango, près de Pointe-Noire, et à Mbé à environ 30 km, au Nord Est de Brazzaville.

Pierre Savorgnan de Brazza, explorateur français, arriva sur les rives du fleuve Congo, en 1875. Il fut accompagné de Ballay, Marche et Hamon.

A partir de 1908, la Fédération de l'Afrique Equatoriale Française (AEF) sera formée, et comptera : le Cameroun, le Congo, le Gabon, l'Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine) et le Tchad, elle sera sous la direction d'un gouverneur général résidant à Brazzaville. Suite à l'appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940, Brazzaville deviendra capitale de la France libre avec le Gouverneur Félix Eboué, le 26 août, de la même année. Le 30 juin 1944, se tiendra la Conférence de Brazzaville, prélude à la libération de l'empire colonial français.

Le 28 septembre 1958, le Congo devient un Etat autonome au sein de la Communauté française, par voie de référendum. Le 15 août 1960, le pays accède à l'indépendance et intègre l'Oganisation des Nations Unies en tant que membre à part entière.

Le 30 avril 1961, l'Abbé Fulbert Youlou devient le premier Président de la République du Congo. Il sera écarté du pouvoir, deux ans plus tard, par des émeutes populaires au cours des Trois Journées Glorieusesdes 13, 14 et 15 août 1963. L'ex-Président de l'Assemblée Nationale et ancien ministre, M. Alphonse Massambat Débat arrive au pouvoir. Ainsi, le Congo choisit la doctrine socialiste, le 29 juin 1964 au cours du congrès constitutif du Mouvement National de la Révolution (MNR). Le 3 septembre 1968, il démissionne à cause des brouilles entre l'armée et lui.

Suite au coup d'Etat militaire du 31 juillet 1968, le capitaine Marien Ngouabi devient Président du Conseil National de la Révolution (CNR) et chef de l'Etat congolais en janvier 1969. La date du 31 décembre 1968 marque la proclamation de la République Populaire du Congo et la fondation du Parti Congolais du Travail (PCT), parti unique, d'obédience marxiste-léniniste.

Le Président Marien Ngouabi est assassiné le 18 mars 1977 ; le 25 mars, de la même année, l'ancien Président Alphonse Massamba Débat est exécuté, accusé d'être impliqué dans le complot.

Le colonel Joachim Yhombi-Opango devient Président de la République, et crée le Comité Militaire du Parti (CMP). Le 5 févier1979, il est mis en minorité, sous pression de l'opinion publique, et sera déchu, lors du IIIè Congrès du PCT. Les congressistes vont choisir le colonnel Denis Sassou Nguesso comme Président de la République, chef de l'Etat, Président du Conseil des Ministres.

L'année 1990 est marquée par l'instauration du multipartisme ; le 9 décembre, le PCT renonce au marxisme-léninisme.

Du 25 février au 10 juin 1991, la Conférence Nationale Souveraine se tient, réduit les pouvoirs du Président de la République et prévoit un gouvernement de transition d'un an. Le 31 mai, André Milongo est élu Premier Ministre ; il est créé, par la suite, un Conseil Supérieur de la République (CSR) qui sera dirigé par Monseigneur Ernest Nkombo. Une nouvelle Constitution est adoptée, sous référendum, avec 96,3%, à la fin de l'année 1991.

En mars 1992, les premières élections législatives libres sont organisées. Le parti de Pascal Lissouba, l'Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS), est en tête, suivi du Mouvement Congolais pour la Démocratie et le Développement Intégrale (MCDDI) de Bernard Kolélas et celui de Denis Sassou Nguesso, le PCT.

En août 1992, organisation des premières élections présidentielles libres (1er et 2è tours). Et le 16 août , Pascal Lissouba est élu Premier Président du Congo démocratique, avec 61,3% des voix. Le 30 septembre 1992, scission dans la majorité présidentielle ; le 31 octobre, une motion de censure renverse le premier gouvernement démocratique, dirigé par le Premier Ministre Maurice Stéphane Bongo-Nouara. Le 31 novembre 1992, le Président de la République dissout l'Assemblée Nationale.

En juillet 1993, des violences et des luttes armées opposent, à Brazzaville, les partisans de Bernard Kolélas (préfecture du Pool) et ceux de Pascal Lissouba (préfectures de la Bouenza, de la Lékoumou et du Niari).

Le Congo se prépare à l'organisation des nouvelles élections présidentielles, le mandat de Pascal Lissouba prendra fin en août 1997.

Dans le domaine culturel, le pays compte quelques institutions patrimoniales. Nous parlerons de certaines d'entre elles, les autres seront notées à titre indicatif.

2. Les institutions du patrimoine culturel au Congo

La République du Congo n'est pas riche en institutions patrimoniales ; malgré la richesse culturelle qu'elle recèle. Toutefois, nous en comptons quelques unes, dont certaines ont une réputation internationale :

*L'Ecole de peinture de Poto-Poto : c'est un ancien atelier d'un peintre français, Pierre Lods, fondé au début des années 50. L'école de peinture de Poto-Poto est un témoignage de la richesse du Congo en matière de peinture contemporaine de chevalet. Plusieurs critiques et amateurs nationaux et étrangers se sont intéressés à ce mouvement très original. Des talents divers s'y sont épanouis ; des jeunes artistes y reçoivent une formation professionnelle tenant compte des traditions de leurs aînés.

Depuis des années, l'école accueille des artistes en résidence ; en 1990, le sculpteur français Frédéric Pollet a travaillé aux côtés du béninois Romuald Hazoumé et du peintre congolais Rémy Mongo Etsion. En 1991, les peintres Pierre Leloup, Mylène Besson et Vanick Laubreton, avec les artistes plasticiens brazzavillois, notamment Iloki, Mangouadza et autres, ont fait revivre les heures de création des années 60. L'école de peinture de Poto-Poto est très originale.

*L'Ecole des Beaux- Arts Paul Kamba(ENBA) : elle reçoit, sur concours, des bacheliers des lycées d'enseignement général.. On y enseigne : la musique, le dessin et la peinture. Après leur formation, les diplômés de cette école allaient enseigner dans les établissements scolaires du secondaire, collège. Aujourd'hui, avec la crise économique que le pays traverse, le recrutement à la fonction publique ne se fait plus.

*L'Institut National de la Jeunesse et des Sports(INJS) : outre le sport, cet Institut forme des animateurs socioculturels qui y accèdent avec le niveau du Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC).

*Le Centre de Formation et de Recherche d'Arts Dramatiques (CFRAD) : le centre se chargeait de la formation des artistes comédiens du Théâtre National et du Ballet National Congolais, il sert de lieu de spectacles à toutes les troupes théâtrales du pays. A présent, le centre est en mal de financement, et le Théâtre National ne vit presque plus.

*L'Industrie Africaine du Disque (IAD) : cette industrie, qui connaît, à présent, des difficultés financières, a joué un rôle très important dans la diffusion de la musique congolaise et africaine. En fait, la musique, très prisée, est un véhicule de la culture dans la société congolaise. Elle est chantée en différentes langues que compte le pays, pour la musique dite traditonnelle, en lingala et en munukutuba (kituba ou kinkongo) pour la musique dite moderne.

*Le Centre Culturel Sony Labou Tansi de Bacongo à Brazzaville : le centre porte le nom d'un grand écrivain congolais, Sony Labou Tansi (décédé en juin 1995), dont les oeuvres littéraires (romans et pièces de théâtre) et les activités théâtrales ont eu une réputation internationale. Le centre organise des activités culturelles de tout ordre.

*La Bibliothèque Nationale Publique (BNP) : elle ne joue pas véritablement son rôle de mémoire de la Nation congolaise. En effet, la Bibliothèque Nationale Publique du Congo connaît des difficultés financières. Ses collections, non renouvelées, expliquent la fréquentation, quasi inexistante, des congolais qui préfèrent, ainsi, aller se cultiver au Centre Culturel Français (CCF) ou au Centre Culturel Américain (CCA).

*La Manufacture d'Art et d'Artisanat Congolais (MAAC)

*Galerie Centrale du Kouilou à Pointe-Noire

*Galerie de Djambala

*Galerie du Niari à Dolisie

*Galerie d'Owando

En marge des institutions officielles, le Congo compte plusieurs galeries et ateliers privés d'artistes dans des villes du pays comme : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Kinkala et Sibiti. Nous avons aussi des artistes congolais qui ont des ateliers à l'étranger.

Certains artistes ont atteint une renommée qui a traversé les frontières nationales, tel est le cas de : Guy Léon Fylla (peinture), Marcel Gotene (peinture populaire, céramique et arts décoratifs), Michel Hengo (peinture), François Iloki (peinture populaire), Emile Mokoko (peinture et arts décoratifs), Laurentine Ngampika (peinture populaire), François Ntondo Ngoma (peinture), etc.

On trouve aussi à Brazzaville les Centres Culturels américain, français et russe. A Pointe-Noire, nous avons aussi un deuxième Centre Culturel Français.

Dans certaines villes, outre les institutions précitées, on trouve des musées.

3. Le cas particulier des musées

Le Congo compte un Musée National et quatre Musées Régionaux. Le mausolée Marien Ngouabi peut aujourd'hui être considéré comme un musée, depuis son ouverture au grand public.

Par ailleurs, la création des musées au Congo était liée au souci du Gouvernement de ressusciter l'art et la culture du pays détruits par la politique coloniale. C'est le souci de la sauvegarde et de la prise de conscience du patrimoine culturel du pays. Devant cette volonté, l'Assemblée Nationale du Congo adopta le 15 Août 1965 la loi n°32/65 donnant à l'tat la possibilité de créer des organismes tendant au développement de la culture et des arts.

« Les musées figuraient parmi les organismes à créer conformément aux dispositions de l'article 5, alinéa 2 de la loi précitée. Le Musée National est inauguré le 7 septembre 1965, et la création juridique fut entérinée par le décret n°68-45 du 19 février 1968.

Ce décret, somme toute, a exercé une grande influence sur l'évolution des musées au Congo.

Il est dit, à l'article 5 de ce décret, que lorsque les conditions le permettront, le musée national pourra créer des annexes régionales, c'est ainsi qu'ont été créés les musées régionaux ; l'objectif annoncé dans la création de ces musées est la conservation de cultures menacées de disparition »28(*).

Ainsi, le Congo a quatre musées régionaux :

- Le musée régional de Kinkala ou musée André Grenard Matsoua (Préfecture du Pool), 1978;

- Le musée régional Ma Loango de Diosso (Préfecture du Kouilou), 1982 ;

- Le musée régional d'Owando (Préfecture de la Cuvette Est) ;

- Le musée de Sibiti (Préfecture de la Lékoumou).

Le Musée National du Congo, quant à lui, fut conçu, comme bien d'autres en Afrique, après l'euphorie des indépendances, pour participer à l'éveil de la conscience nationale. Le musée était ainsi considéré comme symbole de l'unité nationale. Jean Gilbert Jules Kouloufoua pense qu'« ainsi, après la mise en place des institutions, un des points essentiels de la politique de l'État était de faire acquérir aux congolais le sens de la dignité humaine, de réveiller et d'accroître leur potentiel social. Puisque la politique coloniale avait sciemment éteint ce potentiel, comme elle avait également étouffé leur art et leur culture, en détruisant volontairement les témoignages les plus représentatifs de leur passé, par l'action des mouvements dits antifétichistes»29(*).

Or, aujourd'hui, tous les musées congolais sont dans une situation fort inquiétante et alarmante. D'après un inventaire fait par Jean Gilbert Jules Kouloufoua, à la demande de l'Unesco au sujet des musées congolais, on assiste lentement, mais sûrement, au dépérissement du patrimoine culturel congolais. Cette situation s'explique par le sous-équipement et par l'insuffisance de la formation du personnel.

Tous les musées congolais sont dépourvus de système de sécurité. Les musées régionaux, distants des grands centres, ne sont pas électrifiés. Cela est dû au manque de budget de fonctionnement. Cette situation, très critique, demande une dynamique.

Ceci nous amène à examiner les rapports existant entre l'école congolaise et les institutions patrimoniales ou le patrimoine, de manière générale.

C. Rapports entre institutions scolaires et patrimoine culturel au Congo

1. L'absence d'une politique culturelle

L'école congolaise connaît, depuis plusieurs décennies, une grave crise. Elle compte parmi les moins performantes du continent. Les raisons, qui l'étouffent, sont d'ordre structurel, financier et humain. Certes, elles sont indéniables et vraies, mais on pense peu à évoquer le côté culturel de ce mal. Cette dimension culturelle, à notre avis, désintègre l'école congolaise. Il s'agit, ici, de la formation de l'Etre, propre à l'enfant congolais. Le système éducatif congolais ne façonne pas des attitudes pouvant préparer l'enfant à affronter toutes les situations de la vie politique, économique, socioculturel, etc. Autrement dit, le milieu scolaire devrait être un lieu d'EDUCATION, mais pas seulement d'Instruction. IL devrait servir de lieu de transmission du patrimoine culturel.

Malheureusement, les programmes scolaires, tels qu'ils sont conçus , ne préparent le jeune congolais qu'à se détourner de son patrimoine culturel, de ses réalités et de son environnement social. L'enseignement, au Congo, est un héritage colonial qui a été conçu, depuis le début, pour la formation des agents de l'administration coloniale. À présent, cette école est devenue une énorme fabrique de chômeurs, ou mieux, un lieu de formation des cadres qui n'ont aucune prise sur la réalité. Ce qui s'explique bien, car l'école ne prend pas en charge les cultures locales ; elle n'a pas réussi à s'enraciner de fond en comble. C'est donc dire que l'école congolaise ignore, pense Louis Riboulet, que : « l'éducation est l'art d'élever les enfants. Elle a pour but leur développement total par une formation à la fois physique, morale, religieuse et sociale. Elle ne doit jamais perdre de vue le temps qui passe et l'éternité qui n'a pas de fin. On la regarde comme l'oeuvre des oeuvres, dont l'importance est capitale pour l'avenir de l'enfant et celui de la société »30(*). Or, il n'existe aucun rapport entre l'école et le patrimoine culturel congolais. L'enfant ne reçoit pas de formation ni d'esprit ni du coeur ; il n'est donc pas préparé à l'accomplissement de tous ses devoirs, en tant que futur citoyen. En réalité, renchérit Louis Riboulet, l'école se doit de «...former l'homme de volonté ferme et droite, l'homme de devoir, de conscience et de foi, le patriote éclairé qui aime ses concitoyens et son pays jusqu'au sacrifice, en un mot, tel que Dieu l'a fait et que Jésus-Christ l'a régénéré »31(*).

Certaines disciplines, telles que le français, la philosophie, l'histoire et la géographie, qui devraient réserver une part importante à l'éducation, n'assument pas cette tâche. Elles s'intéressent à l'instruction des enfants. Pour le cas particulier du français, aucune référence culturelle n'est faite. En effet, même quand le texte, à résumer ou à commenter, est d'un auteur congolais bien connu, on ne l'étudie pas en faisant référence au contexte culturel dans lequel ce dernier l'a produit. La dimension culturelle permettrait de mieux saisir le passage sur toutes ses façades. L'enfant qui arrive à l'école, a de la peine à maîtriser le français; parce qu'il est coupé de sa famille où on ne pratique pas la langue de Molière. Le jeune, avant d'être inscrit à l'école, parle au moins une langue maternelle et /ou une langue nationale. A ces langues, vient s'ajouter le français comme un corps étranger. À cet effet, la maîtrise de la langue française peut ainsi s'avérer difficile.

Le modèle d'enseignement, du dessin qui est dispensé à l'école primaire et dans les collèges, n'est qu'une copie de celui de la France.

Ce manque d'osmose entre l'école (l'instruction) et le patrimoine culturel national (l'éducation ) constitue un frein au développement du Congo. L'école qui devrait former la main habile, capable de contribuer à ce développement, n'a que la capacité de former des  «... hommes déracinés, des déclassés, des irrités de la vie, des malheureux ou des méchants»32(*).

Le sort de l'enfant congolais est tragique, il se retrouve entre deux mondes qui lui sont étrangers : sa culture et l'école.

2. L'enfant congolais entre sa culture et l'école 

Dans la situation décrite précédemment, le jeune congolais a perdu confiance. Il ne croit plus en ses parents, en lui-même et en toute la société. L'école, pour lui, ne devient qu'un simple pis aller, on y va malgré soi, faute d'un recours meilleur.

En effet, les enseignements, au Congo, se font en langue française, depuis le préscolaire jusqu'à l'université. Ce fait est un contraste avec la réalité en famille. Les langues nationales, lingala et munukutuba ne sont enseignées qu'à l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, par le département de linguistique et littérature orale. La conséquence, selon Dominique Matanga, est qu'« à l'école, le jeune écolier se lance dans une aventure. Il vient découvrir ce monde nouveau, cette nouvelle vie qui le prive de ses parents. L'école lui apparaît un lieu hostile »33(*).

De plus, l'école congolaise a été produite par un système orienté vers l'individualisme et l'intellectualité qui sont contraires à la  solidarité collective de la société qui l'abrite. C'est pourquoi, « dès qu'on entre à l'école, c'est ma place, mon sac, mon devoir, ma note, mon rang,...jusqu'au diplôme qui est regardé comme un capital privé ; [...] »34(*) affirme Joseph Ki-Zerbo.

Après avoir suivi une telle formation, les jeunes congolais, dans une majorité, ne se reconnaissent plus dans leur société villageoise. Celle-ci ne se reconnaît plus en eux. Il est fréquent que certains diplômés se sentent incapables de communiquer, convenablement dans leurs langues maternelles. Ils sont pris par un complexe de supériorité intellectualiste, ayant bu à la source de la civilisation par excellence.

Par conséquent, le jeune congolais formé à l'école des blancs, se renie ; il se veut autre que ce qu'il est réellement, Peau noire et masques blancs35(*) dirait Frantz Fanon. Au point où il est désorienté, socialement, affectivement, moralement et émotionnellement, bref! culturellement. L'échec, l'abandon, le retard scolaires et certaines pratiques clientélistes trouvent, en partie, ici, leur explication.

C'est pourquoi, nous pensons qu'il va falloir ajouter, à côté de la culture scientifique, mathématique et littéraire, une culture artistique et artisanale, et une culture physique. D'où, il faut créer une synergie entre l'école congolaise et le patrimoine culturel national, mieux, une dynamique École-Musée.

Chapitre II. Création d'une dynamique École-Musée.

A. Politique d'une action éducative dans des musées français.

1. L'expérience pratique du service culturel du musée du Louvre

1.1. La médiathèque

Le musée du Louvre, par l'intermédiaire du service culturel, a conçu une politique éducative en direction des jeunes scolarisés (écoliers et lycéens) et en situation postscolaire (étudiants) sans emploi. C'est une action éducative qui trouve son explication dans le fait que les adolescents ne visitent pas le musée, à moins d'y être conduits. C'est pourquoi, il est important de les y amener pour deux raisons : « la première est que certains ne viendront pas plus tard, en particulier les jeunes les moins familiarisés avec les activités culturelles. La seconde, c'est que la découverte de l'art pouvait représenter une expérience déterminante pour les adolescents en quête du sens de la vie et de leur place dans la société »36(*).

De fait , la politique éducative du Louvre est une initiation des jeunes à l'art. Pour atteindre ce but, le service culturel a mis en place une équipe chargée de l'action éducative qui aide les enseignants des cycles préélémentaire, secondaire et des classes préparatoires à intégrer l'étude de l'art au sein des pratiques scolaires.

Plusieurs activités sont organisées pour le public jeune. Nous évoquerons certaines d'entre elles auxquelles nous avons pris part. Nous parlerons aussi de quelques entretiens que nous avons eus avec des personnalités du service culturel. Autrement dit, le service culturel organise plusieurs activités spécifiques pour les enseignants et leurs classes :

- Conception d'ouvrages d'aide à la visite ;

- Mise au point et animation de stages de formation pour enseignants ;

- Conception d'activités pour les scolaires : visites-conférences, ateliers, conférences en auditorium, rencontres avec des artistes.

La médiathèque appuie la préparation des visites de groupes au musée. Elle le fait par des prêts gratuits de documents à leurs responsables, soit par correspondances, soit sur place. Les documents sont soit des ouvrages, soit des supports audiovisuels (cassettes-vidéo, diapositives ) portant sur le thème de la visite envisagée.

Ainsi, parmi les activités, nous avons les ateliers qui occupent une place importante au musée du Louvre.

1.2. Les ateliers.

Les ateliers consistent en l'organisation d'activités pratiques qui se déroulent dans des salles aménagées dans le musée. Ils permettent, aussi bien, aux élèves, qu'aux enseignants de découvrir le musée : les techniques artistiques anciennes, les matériaux, les maquettes, etc. Pendant ces pratiques, les enfants « vont à la recherche de leur propre approche de l'oeuvre, de ce qui pouvait faire sens pour eux »37(*). Les ateliers sont animés par des conférenciers des musées nationaux et des intervenants extérieurs : peintres, sculpteurs, architectes, cinéastes, etc.

Un entretien avec Manon Potvin nous a permis de comprendre la portée et les objectifs visés par ces ateliers.

*Entretien avec Manon Potvin chargée de l'enseignement préélémentaire, secteur activités pour le public (action éducative du service culturel) . Nous avons eu cet entretien suite à un atelier, auquel nous avons pris part et animé par Manon Potvin . Il est destiné à des enseignants en stage au musée du Louvre. Les enseignants sont venus de différents cycles et écoles de la ville de Paris et de ses banlieues . Le Louvre offre gratuitement des formations aux enseignants .

L'atelier a pour thème : « D'où vient la lumière? », l'oeuvre étudiée est intitulée l'Astronome ou l'homme au globe de Vermeer dit Vermeer de Delft38(*), peintre néerlandais. En introduction à l'atelier, l'animatrice a défini les objectifs techniques du thème :

- la mise en scène,

- les différents plans : blanc (position, l'objet absorbe la lumière), noir (position, l'objet reflète la lumière),

- l'éclairage,

- le cadrage,

- l'angle de vue.

Deux groupes ont été constitués. Les éléments de chaque groupe devraient photographier, à tour de rôle, l'objet en étude. La photographie est faite selon une mise en scène choisie librement par le photographe, tout en tenant compte de ce qu'il veut mettre en relief et en respectant les règles de jeu énoncées par l'animatrice : mise en scène, plans et les autres objectifs du thème .

Après la séance de photographie, a suivi la phase critique de chaque réalisation. Il a demandé à chaque élément de dire ce qu'il a voulu monter.

Nous avons posé les questions suivantes à l'animatrice :

1. Question : D'où viennent ces enseignantes?

- Réponse : Elles viennent des écoles maternelles et primaires de la ville de Paris et des banlieues. Elles sont en stage ici au musée du Louvre.

2. Que vise ce stage?

- Il vise la formation des enseignants qui visiteront, avec leurs élèves, le Louvre dans les prochains jours avec ou sans conférenciers. C'est une façon de les mettre dans l'ambiance du musée et surtout de les initier à l'art ou à l'histoire de l'art.

3. Qu'est ce qui a motivé le choix de votre thème « D'où vient la lumière?», il est quelque peu philosophique.

-« D'où vient la lumière? » parce que la présentation d'une oeuvre d'Art est magnifique lorsque la lumière est bien réglée. Vous devez savoir que la lumière fait beaucoup de choses mystérieuses et mystiques. La lumière peut permettre ou pas la lecture d'une oeuvre, selon qu'elle est bien réglée, bonne ou mauvaise. Vous pouvez avoir l'auréole, comme tout à l'heure, la silhouette ou l'ombre dans l'oeuvre, ou une partie de l'oeuvre est éclairée et donc mise en relief. Tout ceci peut traduire énormément de choses. Bref! La lumière c'est la représentation de l'oeuvre.

4. Pourquoi a-t-on plus insisté sur les techniques que sur l'histoire de l'oeuvre?

- C'est vrai, mais nous nous sommes fixés un objectif bien précis, les techniques de présentation d'une oeuvre d'Art photographiée, ou simplement présentée. Il faut toutefois reconnaître que l'histoire peut nous permettre d'imaginer ce que l'artiste a eu derrière la main, ce qu'il a voulu traduire en concevant son oeuvre. L'atelier a duré deux heures trente minutes: de 9h30' à 12h.

Outre les ateliers, le Louvre organise aussi des visites-conférences.

1.3. Les Visites-conférences

Comme les ateliers, les visites-conférences sont animées, dans le cadre de la découverte du musée, par des conférenciers des musées nationaux de France, spécialistes en histoire de l'art. Les élèves des collèges et des lycées, de même que les étudiants y prennent part. Le thème de la visite-conférence est choisi en fonction du niveau des élèves. Ceux-ci arrivent au musée, en compagnie de leurs enseignants.

Les visites du musée peuvent constituer un véritable support pédagogique pour l'enseignant. Ainsi, «...la visite au musée ne peut pas être conçue comme un simple divertissement destiné à rompre les travaux et les jours d'une classe orientée vers tout autre chose »39(*). Le musée serait considéré comme un prolongement de l'école et donc un milieu de formation informelle. En effet, les visites-conférences sont préalablement préparées en classe; elles peuvent servir d'illustration à un cours ; Elisabeth Faublée pense, à propos, que : « la sortie est un voyage, un voyage qui se prépare et prévoit un retour »40(*). Les enfants découvrent une autre réalité au musée, la réalité des oeuvres d'Art, des créations de l'artiste ou de l'artisan ; et, « ...outre les bénéfices que les élèves peuvent tirer de telles actions, elles offrent aux enseignants la possibilité de rompre avec l'isolement dans lequel les place leur fonction, de se régénérer par des rapports extérieurs, et leur ouvrent un espace de liberté où ils peuvent se laisser de rêver »41(*). Ainsi, au musée du Louvre, l'appréhension des objets d'Art se fait de préférence autour d'un thème reliant le passé au présent.

Au cours d'une visite-conférence intitulée « Le Parthénon »42(*), la conférencière Sandrine Bernardeau nous a dit que: « Les visites-conférences préparées en classe facilitent le travail des conférencier(e)s. Le conférencier n'étant pas un enseignant, il fait plutôt vivre aux élèves une réalité de l'oeuvre dont ils auront entendu parler en classe par leur enseignant. Ils partent de l'abstrait en classe au concret dans le musée. La tâche du conférencier s'avère difficile, dès lors que le thème abordé est inconnu des élèves ». Outre la préparation, il est préférable que le groupe de participants soit limité à un nombre raisonnable. La limite souhaitée est trente élèves par conférencier.

La visite-conférence de Sandrine Bernardeau s'adresse à trente élèves de 6è venus du collège Saint Martin à Angers. La moyenne d'âge est de treize ans, les élèves sont accompagnés par trois enseignantes des disciplines différentes : Éducation-physique, Biologie et Français. La visite-conférence s'est faite en trois étapes : la première devant des diapositives présentant le Parthénon dans tous ses compartiments. Diverses questions sont posées aux enfants sur cette oeuvre de la Grèce classique : son nom, ses différents compartiments, ses rapports avec l'histoire de la Grèce, de l'Egypte, son architecture (colonnes doriques ou ioniques, etc.), le Parthénon hier et aujourd'hui. Il s'est agi d'un tour d'horizon sur l'histoire de la Grèce liée à cette oeuvre.

Après les diapositives, on est passé à la deuxième étape : On touche ici le concret, le Parthénon en maquette, qui est démonté en pièces ; toute l'architecture de l'oeuvre est expliquée aux enfants. La dernière étape de la conférence se déroule dans les salles des collections grecques du musée. Dans la salle du Parthénon, la conférencière insiste sur tout ce qui a été dit pendant les deux premières phases.

La visite-conférence a été une véritable initiation à l'histoire de l'art de la Grèce antique. Un dialogue fort intéressant a eu lieu entre les enfants et la conférencière. Ce qui prouve que le thème a été abordé en classe avant la visite-conférence ; la tâche de la conférencière a été du coup facilitée.

La dernière activité à laquelle nous nous sommes intéressé, c'est la série des contes du musée du Louvre.

1.4. Les contes

La médiathèque du Louvre met à la disposition du public jeune et même adulte des films de la série «contes et légendes du Louvre». Les contes ont pour personnages les objets d'Art des différentes colletions du musée. Un conte peut avoir pour but de faire connaître une bonne partie d'une collection donnée. Tel est le cas du conte « Adapa le sage » dont l'intrigue est conçue autour de l'histoire de la Mésopotamie. Les objets-personnages du conte sont les oeuvres d'Art des antiquités orientales situées dans les collections Richelieu du musée.

Il faut toutefois dire qu'outre la promotion des collections, le conte garde sa fonction pédagogique ; il éveille l'esprit des enfants, les moralise, et les fait rêver. Il est une manière de dire « ...à travers la fiction, les malheurs, les contradictions, les désirs de tous les hommes43(*)».

La visite au musée, pour les jeunes, ne doit pas s'arrêter à la simple illustration d'un cours. On court, ainsi, le risque d'un discours réducteur. C'est pourquoi, au musée, à la différence de l'école, les enfants ont la possibilité de réagir selon leur sensibilité. Isabelle Franceschi, responsable de la médiathèque pense à propos que : « ...les questionnaires stéréotypés sont à éviter, il est fort souhaitable plutôt de donner aux enfants la possibilité d'émettre leur point de vue ; l'enfant ne doit pas être fixé à des détails préétablis ».

Outre les différentes activités précitées, le musée devrait aussi avoir des rapports avec d'autres institutions. Parmi celles-ci, on compte la bibliothèque.

1.5. Les rapports entre le musée et la bibliothèque

Pour jouer véritablement ses rôles de collection, de conservation, de protection et de communication, le musée du Louvre se voit obligé de travailler avec d'autres partenaires. C'est une nouvelle orientation que s'imposerait tout musée, celle qui consiste à s'ouvrir au grand public. Ainsi, le musée du Louvre le fait davantage en collaboration avec des institutions comme la bibliothèque. L'expérience type en la matière, c'est la Grande Bretagne avec la British Library et le British Museum. Isabelle Le Masne de Chermont, conservateur en chef, chef du service des bibliothèques et des archives des Musées Nationaux, nous a dit ce qui suit : « Le musée et la bibliothèque ont des points communs : la collecte, la conservation, la protection, la communication et l'éducation. En France, depuis longtemps, les contes sont présents en bibliothèque ; et celle-ci amène le musée à communiquer. Cependant, l'accroissement de la bibliothèque et du musée a entraîné la séparation des métiers tout à fait techniques ». Pour cette raison, on trouve en France l'Association des Bibliothécaires Français (ABF) qui n'a rien à voir avec le musée. La différence entre les deux institutions est que le bibliothécaire observe mieux son public, il le rencontre. L'entrée à la bibliothèque est gratuite. Au musée, par contre, le conservateur n'a presque pas de contact avec son public, et l'entrée est payante.

Le Louvre a une forte politique qui consiste à écouter son public. C'est une manière de s'ouvrir à la communauté qui le fait vivre.

1.6. Le musée et la communauté

Le service culturel du musée du Louvre a une politique de fidélisation du public. C'est le secteur Etudes et Développement des publics qui s'occupe de la question. Béatrice Grandchamp, responsable dudit secteur, que nous avons rencontrée, affirme : « Notre secteur s'occupe de la politique des publics du Louvre. C'est en créant, pour ce public, que nous arrivons à accomplir notre tâche. Le secteur vise les objectifs suivants: fidéliser le public existant, faire venir des publics qui ne viennent pas, mener des enquêtes qui sont une sorte d'études des publics ».

Parmi les outils de travail, on compte la carte Louvre jeunes et les visites nocturnes. Une réflexion est menée sur les non étudiants, et les relations avec les associations sont à créer. B. Grandchamp ajoute : « Une politique active en direction des jeunes est conçue pour éviter les inégalités sociales qui feraient que seuls les enfants de familles aisées viendraient au Louvre».

Un autre aspect de la politique du secteur Etudes et Développement des publics vise à vivre en communication avec le public, adapter l'information, l'informer, l'écouter. Un travail conjoint est fait entre, d'une part, le musée du Louvre (le service culturel) et d'autre part, les associations des jeunes et les associations culturelles. Par ailleurs, les thématiques sont adaptées en tenant compte de la catégorie de public. C'est dire que le secteur oeuvre en faveur d'un travail interactif et non passif entre les adolescents et leurs encadreurs. Le musée du Louvre, comme le Centre Georges Pompidou et le musée d'Orsay, rend possible l'adhésion via la société des Amis du Louvre dont la carte a une durée d'un an et coûte trois cents francs français. Le musée le fait directement grâce à la carte Louvre jeunes, lancée en 1995, qui coûte cent francs français pour les dix huit à vingt six ans, pour une durée d'un an. A présent, on compte seize mille adhérents ; l'affiche publicitaire pour la carte Louvre jeunes a été : « Une carte un an 100ff » .

En outre, des études quantitatives et qualitatives du public sont faites. Les premières consistent à demander au public ce qu'il pense du musée, ses goûts, ses envies. Quant aux études qualitatives, elles se font par la gratuité le premier dimanche de chaque mois, en se demandant qui vient au musée le dimanche? En nocturne, une gratuité est permise aux jeunes de la carte Louvre jeunes.

Les étudiants en sciences sociales, en histoire de l'art viennent travailler au Louvre pour leurs modules extra-pédagogiques. « Pour mieux intéresser les étudiants, élèves et écoliers au musée, il est important de savoir choisir le temps, la période et la saison. Il est, en effet, des périodes favorables et non favorables : juin-juillet (vacances), période favorable ; la rentrée scolaire et les mois des examens , périodes peu favorables. « Notre service accorde un grand intérêt au monde scolaire parce qu'il recèle des futurs partenaires et qu'il est structuré», a conclu Béatrice Grandchamp.

Après avoir pris part à quelques ateliers, visites-conférences et à d'autres activités avec le monde scolaire, nous avons voulu savoir ce que pensent les enseignants de leurs visites et des services que leur offre le musée du Louvre.

1.7. Le point de vue des enseignants

Nous avons ainsi discuté avec une enseignante et nous avons relevé des réactions, de quelques enseignants, comprises dans une enquête menée sous la direction de Martine Chaudron de l'université Paris VII Denis Diderot.

*Monique Charnel, enseignante au collège St Martin à Angers, en stage au musée du Louvre, nous a dit, en substance, ce qui suit : « ce stage nous permet, non seulement, de mieux nous préparer à conduire nos élèves au musée, mais il nous renseigne sur beaucoup d'aspects que nous ne maîtrisions pas. Nous ne comprenions pas au départ quel serait l'impact d'une visite avec nos enfants dans un musée. Ces visites poussent les enseignants et leurs élèves à aimer l'art. Mais aussi, elles poussent à l'esprit d'imagination et au discernement. Nous sommes frappé par le travail que nos élèves font dans des ateliers organisés à l'école même. De telle manière, les enfants aimeraient revenir plusieurs fois au musée ».

*L'enquête de Martine Chaudron a été menée auprès des enseignants ayant participé à l'une ou l'autre des deux formations proposées par l'Action Educative du musée du Louvre en 1994-1995. L'enquête a été donc initiée par le Secteur Etudes des publics du service culturel du musée. A travers cette étude, l'on visait l'objectif suivant: «...dresser un bilan d'une part des deux formations et d'autre part des six ans de création du service culturel en 1989, de l'ouverture de la pyramide et de l'auditorium. »44(*)

En effet, le musée a organisé ces deux formations en direction des enseignant(e)s, pour l'une, du préélémentaire et de l'élémentaire, pour l'autre, du secondaire. Le secteur Etudes des publics a bien voulu savoir quel(le)s sont les enseignant(e)s qui ont profité de cette offre du Louvre, quel(le)s sont ceux (celles) qui n'en ont pas profité. Les raisons, dans l'un ou l'autre cas, peuvent varier, elles sont de plusieurs ordres: matériels, caractéristiques socioculturelles particulières, et peut-être encore leurs élèves.

Nous avons sélectionné, entre autres thèmes, trois sur lesquels les enseignant(e)s ont donné leur point de vue à savoir : Le poids de la distance culturelle, le moyen d'ouvrir le programme et l'éveil artistique au service de la pédagogie. Et parmi les différentes réponses données, nous avons relevé quelques unes que nous avons jugées pertinentes. Notre choix se justifie en tenant compte d'un certain nombre de paramètres : thème de formation, niveau de classe, origine géographique, statut de l'enseignant (instituteur, professeur, etc.).

Nous avons voulu rendre, in extenso, les interviews. Ce qui justifiera la présence de certaines fautes dans la forme.

*Le poids de la distance culturelle

Ici, les enseignants sont réunis par les conditions dans lesquelles ils enseignent et la catégorie d'élèves qui ont des caractéristiques socioculturelles faibles : ce sont des enfants qui ne sont jamais allés au musée, dans leur majorité :

- Mr. C., Audiovisuel, Arts Plastiques Villeneuve dit : «ça fait dix ans que je suis dans établissement classé ZEP45(*) à Villeneuve Saint Georges, ce que j'ai constaté c'est que les élèves, malgré la proximité de Paris, s'y rendaient très peu aussi au musée ». (sic)

- Mme B., CM 2, Bondy : «Des enfants qui ne sont jamais entrés dans un musée et qui n'iront peut-être plus jamais dans un musée.». (sic) 

- Mr. M., Lycée agricole, Éducatoin culturelle, Vire : «...Ils ont un bon comportement, mais ils sont un peu bruyants des fois. Ils se font rarement rappeler à l'ordre, mais je sens qu'ils n'ont pas le même comportement que les urbains : on bavarde plus fort en campagne et ça agace un peu ». (sic)

- Mr. S., Sciences Physiques, Mont Saint Aignan : «On a des élèves qui sont déjà allés dans des musées et qui ne sont pas du tout surpris ; ils sont allés aussi à la Villette...Il faut justement les encadrer d'autant plus qu'ils ont l'habitude de ce genre d'endroit. Il faut fouiller». (sic)

*Un moyen d'ouvrir le programme

Le Département des Antiquités égyptiennes est le plus intéressé et a eu du succès, car, il s'agit plus des élèves des classes de sixième. Et pendant cette période de la visite, l'Egypte constitue l'essentiel du programme de ces classes.

- Mme L., Histoire-Géographie, Annoeullin : «Eh bien en fait, nous allons au Louvre uniquement pour les Antiquités égyptiennes, notre motivation c'est simplement le programme d'Histoire des 6èmes. Ce sont des 6èmes que nous emmenons ».(sic)

- Mme N., Français/Anglais, Saint Joachim : « Et puis ne me demandez pas...enfin avec un groupe scolaire j'ai toujours visité avec des classes de 6èmes, je ne sais pas, je ne connais pas le programme après... Mais, visiter d'autres parties j'ai jamais fait avec des groupes scolaires...et ça a toujours été dans le cadre d'Histoire-Géo, un prof d'Arts plastiques peut très bien voir des choses, mais ça nous, on n'a jamais fait ». (sic)

- Mme H, Histoire-Géographie, Clichy la Garenne : « En fait ça été une visite plutôt après, enfin alors qu'ils avaient déjà étudié la civilisation, donc c'était plutôt une reconnaissance, retrouver certaines choses, ça pas été une découverte...Pour que les enfants voient réellement ce qu'auparavant ils avaient vu sur le papier ou ce qu'on avait raconté ou autre, c'était pas une découverte c'était au contraire un approfondissement...C'est quand même une ouverture très intéressante, c'est très important, et puis avec les choses elles-mêmes avec les oeuvres. Et puis, le site lui-même, le cadre! qui évidemment quand on voit ces classes terribles à pleurer là, évidemment si on peut les emmener un petit peu dans un cadre un peu plus...beau...c'est important ».(sic)  

*L'éveil artistique au service de la pédagogie

- Mme T., Maternelle Neuilly Plaisance : «Plus que sur les arts plastiques j'essaye de travailler sur l'éveil de l'enfant (...) En maternelle il n'y a pas de programme bien défini et je travaille donc normalement en Arts plastiques qui est la matière la plus importante dans ces petites classes. Elle éveille l'enfant et permet de lui faire découvrir beaucoup de choses ».(sic)

En définitive, il faut dire que le musée du Louvre sert aux enseignants et aux élèves pour beaucoup de choses. Outre la délectation recherchée par tous devant une oeuvre d'Art, les visites, visites-conférences, visites guidées et ateliers au musée ont fait le bonheur du monde scolaire. Une véritable complémentarité existe entre le musée et les établissements scolaires. Le service culturel, pour atteindre ce but, joue un rôle médian au sein du musée. Une collaboration s'impose avec les sept départements qui existent.

2. Les expériences pratiques d'autres institutions

Pour avoir une vue plus ou moins large sur la question de l'action éducative, nous avons visité d'autres institutions. Au cours de ces visites, nous avons participé à certaines activités qui y ont été organisées. Il n'est pas question, ici, de faire une étude comparative avec l'expérience du Louvre. C'est ainsi que nous allons présenter quatre expériences, que nous avons vécues dans les institutions suivantes : Musée national des arts africains et océaniens (MNAAO), Musée national des arts et traditions populaires (MNATP ou ATP), Musée d'Orsay et Fondation Dapper.

2.1. Musée National des Arts Africains et Océaniens (MNAAO)

2.1.1. Entretien avec Philippe Garcia de la Rosa

Comme l'indique si bien son nom, ce musée abrite des oeuvres d'arts venues d'Afrique et d'Océanie. C'est la raison principale qui explique notre choix. En outre, le MNAAO est né de l'héritage du vieux musée colonial puis de celui de la France d'outre-mer.

Nous y avons rencontré et discuté avec M. Philippe Garcia de la Rosa, responsable de l'action culturelle. L'action éducative au MNAAO vise trois objectifs principaux : Gestion, Animation et Formation. Des ateliers sont animés au sein du musée pour le public scolaire, les enfants, les adolescents. Mais avant tout, une formation préalable des enseignants s'impose. Le musée organise aussi des conférences guidées. Toutefois, il se pose un problème de moyens et de personnel. La politique du musée est fondée sur le rapport Ecole-Musée et non Musée-Ecole. Ce qui veut dire que le musée ne va pas vers l'école, mais c'est le contraire qui se fait. Les lieux de l'action éducative restent les ateliers. M. Garcia de la Rosa souligne : «Le musée ne doit pas être vu comme un parc d'attraction pour les enfants, mais plutôt un lieu d'initiation, d'apprentissage. D'où une formation préalable des enseignants avant d'y arriver ».

Le MNAAO se considère comme un lieu d'encadrement physique et éducatif. Le rapport Musée-Ecole peut se faire à partir des expositions temporaires; malheureusement, celles-ci demandent un perpétuel renouvellement et, partant, des moyens financiers. L'intervention des artistes (conteurs, griots, sculpteurs, comédiens, etc.) au musée constitue un élément indispensable dans la réalisation d'une action éducative. Des coproductions sont faites par le musée et ces artistes. Dans le cas des expositions d'Art contemporain, le musée travaille avec des peintres africains, océaniens, français ou européens.

« Le travail de l'action culturelle consiste aussi en la revalorisation, la mise en valeur des collections. C'est pourquoi le MNAAO travaille pour son image en réalisant des publications. Mais, il fait précéder cela d'un travail de coordination, de conception, de programmation. D'où la nécessité d'avoir une communication efficace », dit Garcia de la Rosa. C'est ainsi que le musée se fixe une orientation en faisant des choix pour soigner cette image.

En dehors du public scolaire, le MNAAO fait un travail en direction du public non scolaire. Il cible un public qu'il est obligé de connaître, d'écouter attentivement en vue de le satisfaire, de le fidéliser. Des statistiques s'imposent, dans la mesure où différents publics viennent au MNAAO : le culturel (publics sans formation culturelle, mais qui s'intéressent à la culture), le scolaire, le public d'artistes et le public touristique ou étranger.

Comme on peut le constater, le MNAAO, malgré sa vocation, n'a pas de rapport d'échanges ou de tout autre ordre avec les musées africains. M. Garcia de la Rosa confirme que : «Le MNAAO et les musées africains entretiennent des relations individualisées. Autrement dit, elles dépendent des rapports qu'on peut avoir avec le directeur, ou un autre agent, d'un musée africain donné ».

Le MNAAO organise aussi des ateliers en direction des scolaires.

2.1.2. Les ateliers

« Au MNAAO, l'expérience des ateliers est vieille de dix ans. Ils visent l'intégration des immigrés, en vue de leur permettre d'avoir une attitude positive face à « l'autre », selon M. Jean Boson, responsable desdits ateliers, que nous avons rencontré. De cette façon, l'immigré reste conscient de son identité ; une attitude qui lui permet de ne pas craindre une agression culturelle. Ainsi, le musée fait venir des enfants d'immigrés et ceux d'autres horizons. C'est dans le but de leur y faire retrouver une affectivité, par la beauté, l'esthétique, ou une certaine rationalité, et de favoriser leur contact avec les oeuvres d'Art. A partir de celles-ci, ils créent librement dans les différents ateliers. La participation des enfants français aux ateliers vise principalement à leur faire connaître d'autres cultures, africaines et océaniennes.

Dans le cadre de la formation ou, mieux, de la préparation des enseignants, le musée travaille avec les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM).

Ainsi, M. Jean Boson nous a cité un projet que le MNAAO a conçu avec l'école Victor Hugo qui a pour thème : « Intégration de l'enfant dans l'Europe de demain par le musée ». Il veut, avant tout, intégrer le jeune français dans la société française avant « d'aller à l'Europe », ce qui est un préalable indispensable, pense Jean Boson.

*Nous avons aussi rencontré au MNAAO, Kra Nguessan , peintre, pédagogue, artiste conférencier au MNAAO, enseignant à l'École Normale Supérieure (ENS) d'Abidjan (Côte-d'Ivoire). Il a animé, avec un architecte, un historien et une psychopédagogue, un atelier parmi les ateliers dits d'été. Nous avons pris part à une séance, comme aide et assistant aux côtés des cinq animateurs. Chacun d'eux avait, à sa charge, cinq enfants, dont l'âge varie entre cinq (5) et douze (12) ans, pendant l'atelier. Après une visite guidée du musée, il a été demandé à chaque enfant de créer un masque ou n'importe quel autre objet de son choix.

Après cinq jours de séance, les enfants présentent, à tour de rôle, le fruit de leur imagination. Ils nomment l'objet, disent ce qu'il représente, sa nature. Ils justifient le choix de la forme, les couleurs. Nous avons eu des masques et des objets nommés différemment :

- masque de guêpe : « parce que la guêpe pique, elle fait peur aux enfants qui ne doivent pas jouer avec elle ».

- masque d'indien : « parce que les Indiens chassent ».

- masque Maurice : « la raison est que Maurice est trop méchant, il commande tout le monde, il se croit roi ; il veut tout casser, il aime provoquer les autres, il ne faut pas être son camarade ».

- objet rappelant un accident d'avion : « les couleurs: le blanc représente les nuages, le bleu c'est le ciel, le rouge c'est le sang parce que les gens sont morts après l'accident, le vert, la nature ».

Ce qui nous a frappé, c'est l'interprétation libre et juste faite par les enfants de leur création, mais surtout, le fait qu'ils arrivent à distinguer des couleurs symbolisant certains éléments et phénomènes de la nature. Ils arrivent à "peindre" des travers de la société. C'est une expérience passionnante de voir les enfants avoir une telle imagination.

Le peintre Kra Nguessan déclare qu'« au-delà de la culture d'initiation, d'imagination, d'éveil, le MNAAO, à travers ces ateliers, veut faire connaître le continent africain avec toutes ses composantes, et non le grand pays, comme on le voit et le pense ici en Occident. Le continent africain a un fonds culturel commun ; ce fonds fait, en même temps, la différence de l'Afrique dans sa diversité. L'enfant découvre ici certaines vertus morales et sociales qui nous restent. C'est le cas de la chaleur sociale, le respect de l'humain, la solidarité, les droits d'aînesse et j'en passe. Ici en Europe l'argent érode plusieurs vertus que ce continent avait ».

L'expérience du MNAAO aurait pu s'enrichir davantage, si ce musée avait des échanges avec les musées africains, tant il est souligné que l'oeuvre d'Art en Afrique a autour d'elle une immense actualité multidimensionnelle : cultuelle, morale, sociale, initiatique, etc.

Mais, avec l'ouverture en 2002 du futur musée des Arts Premiers au Trocadéro, le MNAAO va disparaître. Nous avons l'espoir que l'expérience du MNAAO se perpétuera dans ce futur grand musée d'Afrique et d'Océanie.

2.2. Le Musée National des Arts et Traditions Populaires (MNATP ou ATP)

2.2.1. Présentation et vocation du MNATP

C'est la vocation ethnographique qui a milité en faveur du choix que nous avons porté sur ce musée. Le musée des ATP, par sa vocation, est proche des musées congolais. Car il est constitué d'un saisissant hommage à la civilisation artisanale et paysanne et étend progressivement ses champs d'intérêt à l'époque moderne46(*).C'est pourquoi nous n'allons pas insister uniquement sur l'aspect «action culturelle et éducative» ; aussi sur les collections.

Il a été créé en 1936 pour être le musée d'Ethnographie de France. Ce musée comprend une partie consacrée aux salles d'exposition et aux réserves, une tour où sont situés les services, les salles de consultation et les bureaux. Ces deux volumes traduisent la double vocation de l'établissement : musée et laboratoire.

Les sections de recherches sont consacrées aux arts plastiques et graphiques, costumes, coutumes et croyances, habitats, jeux-spectacles-danses, littérature, matériel archéologique médiéval et moderne, musique, techniques d'acquisition et de production, techniques de transformation, vie domestique.

Les objets des ATP ont, chacun, une histoire. Ils retracent, tous, celle d'un pays proche en même temps lointain de la France actuelle, la France avant que la modernité ne soit venue bouleverser ses modes de vie traditionnels.

Les arts populaires : poteries, étains, cuivres, objets sculptés, estampes, meubles, costumes, instruments de musique, marionnettes, etc. travaillés dans des matériaux très divers témoignent de la fabuleuse créativité des véritables arts populaires, d'étonnantes prouesses.

Le musée des ATP est classé dans le groupe des « Musées des sociétés », pour le rappel qu'il nous fait d'une vie passée, une mémoire. Et, comme le dit si bien le Bulletin Liaison, ces « objets du temps qui passe, objets du temps passé : liés au temps de notre propre vie, il est certains objets qui nous disent notre histoire. Si tous nos objets nous racontent et si autour de nous, meubles et objets ont pour fonction de personnifier les relations humaines, ces objets du temps qui passe ont de surcroît la charge de rassurer notre mémoire, de maintenir un équilibre entre la sphère privée et la sphère publique, de garantir des correspondances entre nous et le monde »47(*).

Plusieurs activités sont organisées pour les enfants aux ATP.

2.2.2. Activités culturelles en direction des enfants et des adolescents

Le musée des ATP, depuis des années, est associé au Centre d'Ethnologie française du CNRS(Centre National de Recherche Scientifique), et s'implique dans le secteur scolaire : rencontres, enseignement, stages, expositions d'élèves et d'enseignants, échange de fiches pédagogiques. Musée d'ethnologie, « il se veut convivial, à l'écoute des pratiques sociales d'hier, d'aujourd'hui et de la culture qui s'élabore au quotidien, notamment celle d'un public de jeunes qu'il s'efforce de sensibiliser à une réflexion sur nos sociétés »48(*).

Des expositions destinées aux scolaires sont conçues sous un angle très vivant alliant savoir-faire et savoir-vivre.

Le musée fait venir des conteurs et des musiciens illustrant des contes et des intermèdes musicaux ; tel fut le cas de La nuit de la Saint Jean» du 24 juin 1994. Le MNATP est ainsi un lieu de rencontre et d'échange, un lieu pour construire des politiques collectives de conservation et de constitution du patrimoine ethnographique. Une rencontre entre le monde urbain, dans lequel vivent les enfants et le monde rural.

*La Galerie culturelle

Elle est le reflet global de la culture française préindustrielle par des présentations claires et vivantes. Elle s'adresse à un public très vaste, aux enfants comme aux adultes. Ici, le but est de faire revivre les objets présentés, de les situer dans un contexte tel «qu'ils n'aient pas l'air privé d'âme, voire de les intégrer aux ensembles dans lesquels ils se trouvaient et qui les ont reconstitués : le feu est allumé dans le foyer, l'oiseau est pris dans le piège, l'outil travaille la matière. »49(*)

La galerie culturelle représente l'univers dans lequel l'homme se trouve intégré: le milieu et l'histoire des données qui ont servi de cadre à la civilisation française, ainsi que les grands jalons de cette évolution culturelle, depuis l'âge du fer jusqu'à nos jours. Le secteur technique montre la façon dont l'homme a pris possession des ressources naturelles et les a transformées ; celui des coutumes et des croyances illustre que l'homme est saisi dans ses aspects à la fois biologiques, cosmiques et sociaux, tour à tour de la naissance à la mort, et dans le déroulement de l'année.

Comme on peut le constater, les ATP plongent autant les adultes que les enfants dans un passé de la société française. Un passé qui est indissociable d'une explication de certains changements que l'on a vécus et que l'on vit aujourd'hui.

2.3. Le Musée d'Orsay

Il présente, dans leur diversité, les arts de 1848 à 1914, aussi bien la peinture, la sculpture, les arts, que la photographie, le cinéma, la musique et la littérature. L'impressionnisme est l'un des célèbres courants picturaux de cette période. Mais, il y a une restitution, dans l'ensemble, de la création artistique. Le musée d'Orsay a une politique pédagogique qui vise « l'initiation des enfants aux arts sans trop forcer, comme on apprend à lire », nous dit M. Gilles Candar, responsable de l'équipe pédagogique.

La préparation des visites pour les enseignants se fait en s'adressant au service de documentation. L'entrée au musée est gratuite jusqu'à dix huit ans et pour les enseignants munis d'un certificat d'exercice de l'année en cours. Le tarif réduit pour les dix huit vingt et cinq ans s'élève à vingt quatre francs français.

A cet effet, le musée a diverses activités : les visites, les journées inter-musées, etc.

2.3.1. Les visites animées par des conférenciers

Il s'agit des visites : "apprendre à voir", "explorer" et "découvrir». Elles sont animées par des conférenciers des musées nationaux, concernent les collections permanentes du musée et, éventuellement, les expositions temporaires. Ces visites s'appuient sur l'observation d'une dizaine d'oeuvres reflétant le thème choisi. Les conférenciers peuvent présenter aux élèves des documents complémentaires. Ces visites durent 1h30 mn et intéressent de la maternelle au CM2, d'une part, et des 6ès aux 3ès d'autre part. La consistance du thème de la visite varie selon les niveaux.

*Visites "apprendre à voir": elles permettent aux élèves d'affiner leur regard sur les oeuvres. Ces visites s'appuient sur des notions plastiques. Une partie de la visite est consacrée à la présentation de la notion étudiée dans une salle équipée de divers supports pédagogiques. D'autre part, un parcours propose la présentation d'oeuvres sous un angle plus particulier de cette notion. La classe est répartie en deux groupes.

*Visites "explorer": destinées aux enfants de grande section de maternelle et de primaire, ces visites s'effectuent en classe dédoublée afin de permettre une meilleure participation des élèves.

*Visites "découvrir": elles sont proposées à tous les niveaux scolaires, de la grande section de maternelle aux classes de terminales, les visites s'effectuent en classe entière.

2.3.2. Les visites libres

Le professeur conçoit et conduit lui-même la visite. Il doit la réserver, afin d'être autorisé à prendre la parole dans le musée. Des documents sont mis à la disposition des enseignants, pour les aider à mener à bien de telles visites.

2.3.3. Les journées inter musées

Elles se passent au cours d'une même journée dans deux musées. C'est pour apporter des éclairages complémentaires sur un aspect des collections du musée d'Orsay. Elles concernent uniquement les classes, et ont été conçues pour les élèves des provinces qui viennent à Paris pour une journée. Dans chaque musée, la séance dure 1h30' au moins et deux heures au plus, par exemple Orsay/Louvre. Le musée du Louvre accueille le groupe de quinze élèves, pendant deux heures à partir de dix (10) heures ; le musée d'Orsay les accueille à partir de quatorze heures pendant une heure trente minutes.

2.3.4. La musique au musée

Ces séances se tiennent dans l'auditorium du musée. Elles comprennent, chacune, un bref exposé du thème de la séance, une présentation des compositeurs et une étude succincte de chaque morceau interprété par les musiciens. Chaque séance dure une heure.

2.3.5. Les conférences pour lycéens

Les sujets de ces conférences se rattachent aux programmes scolaires. Toutefois, cela peut aussi changer. La conférence, en elle-même, dure une heure, puis, les élèves, munis d'un plan, peuvent se rendre dans le musée pour voir librement ce dont il a été question au cours de la conférence.

2.3.6. La formation des enseignants

De courtes sessions de formation sont réservées aux enseignants. Elles sont appelées "Les portes ouvertes aux enseignants". Elles visent une meilleure connaissance du musée d'Orsay, de ses collections, de ses expositions et de la période 1848-1914. Ainsi, ils pourront conduire eux-mêmes des visites ou préparer leurs élèves à des visites commentées par des conférenciers au musée.

Ces sessions visent aussi l'analyse sur deux oeuvres d'artistes différents, à partir de deux regards, l'un plastique, et l'autre historique.

La philosophie du musée d'Orsay vise l'apprentissage des enfants à aimer ce qui est au musée : histoire, littérature, la philosophie du tableau d'un artiste. Et M. Gilles Candar pense qu'"en amenant tôt un enfant au musée, il est moins intimidé".

Nous avons été aussi intéressé par la Fondation Dapper, grâce à son statut et ses collections.

2.4. La Fondation DAPPER

C'est un organisme privé, à but non lucratif, créé en décembre 1983 à Amsterdam et implanté aussi à Paris. La Fondation Dapper a pour objet d'aider à la connaissance, et à la préservation du patrimoine artistique de l'Afrique noire précoloniale.

Dans ses séries d'animation, celle des contes nous a intéressé au premier chef.

En effet, tous les mercredis et, du lundi au vendredi pendant les vacances scolaires, des séances de contes sont proposées aux enfants de cinq à dix ans.

Nous avons assisté a une séance de contes animée par le conteur camerounais Tokoto dit Ashanti. Il raconte des contes africains à des enfants en majorité français. Il s'agit des contes tels que : «La forêt», «la panthère», «la biche»; «le lièvre», «grand génie de la forêt». A la fin de chaque conte, l'animateur tire une morale avec les enfants. Des comparaisons sont faites dans certains contes entre la réalité africaine et celle de l'Europe. C'est le cas de la princesse européenne et de la princesse africaine.

Et la grande leçon que nous en avons tirée, pour notre part, c'est que le conte africain a des vertus qui sont reconnues et dont tout le monde peut s'inspirer. Le conte peut ainsi servir tous les enfants du monde. C'est avec raison d'ailleurs que le conteur Tokoto, répondant à une de nos questions, s'adressant aux enfants pour conclure, a dit : « que le cerveau s'ouvre, que les oreilles s'ouvrent, que les yeux s'ouvrent , et le génie viendra se déposer dessus. Tous les enfants peuvent être intelligents et devenir génie». Et allant dans le même sens un proverbe biblique nous enseigne :

«Mon fils, sois attentif à mes

paroles,

Prête l'oreille à mes discours.

Qu'ils ne s'éloignent pas

de tes yeux ;

Garde-les dans le fond de ton coeur ;

car c'est la vie pour ceux qui

les trouvent,

C'est la santé pour tout leur corps. »50(*)

Comment adapter ces différentes expériences au contexte congolais qui n'est pas le même que celui de la France et d'ailleurs? L'école congolaise a, en effet, besoin d'une chaleur culturelle locale, et les musées, dont les collections sont en danger, attendent leur mise en valeur. Une politique culturelle est à concevoir pour l'école congolaise.

B. Pour une politique culturelle en milieu scolaire congolais

Plus de la moitié de la jeunesse congolaise est scolarisée, soit près de 95%51(*) de taux de scolarité. C'est pourquoi, l'élaboration d'une politique culturelle en milieu scolaire congolais est indispensable. Une politique qui s'adapterait à nos besoins et aux problèmes qui s'y posent. L'orientation de celle-ci, en priorité, vers l'école, trouve ainsi son explication. En effet, c'est à l'école que l'on trouve les futurs artisans du développement de nos États. Une sensibilisation de la jeunesse scolaire s'impose de plus en plus; cette dernière sera éduquée en vue d'une réappropriation des richesses culturelles du Congo.

Cependant, toute politique culturelle dans le contexte du système éducatif congolais ne pourrait s'imaginer sans penser à des emprunts. Car, comme le dit si bien Augustin Girard : « Il serait absurde [...] de parler d'autarcie culturelle en cette fin du XXè siècle: même si elle était souhaitable, et elle ne l'est pas (les cultures ont toujours été transnationales et se sont toujours fécondées mutuellement), cette autarcie ne serait pas possible: quels que soient les brouillages et les censures, jeunes et moins jeunes savent toujours se procurer les messages -littéraires, musicaux- dont ils ont envie et besoin. Mais il faut parler de non-dépendance culturelle, c'est-à-dire de la capacité pour un pays à la fois de limiter les importations superflues et d'assurer une production nationale compétitive»52(*). Autrement dit, nos propositions s'appuieront sur les différentes expériences décrites plus haut. Il n'est point question de les copier servilement; il s'agira plutôt de les adapter selon les réalités et les dimensions des moyens financiers, matériels et humains dont dispose l'État congolais. De plus, nous n'avons nullement l'intention d'ériger un musée à la mesure du Louvre en République du Congo.

1. La valorisation de l'identité culturelle congolaise

À cause de la Mondialisation vers laquelle il tend, le monde se banalise. Tous les peuples ressentent ainsi le besoin d'appartenir à une communauté; plus le patrimoine devient planétaire, et plus le patrimoine national et régional occupe une place importante. Chaque peuple revendique son identité, synonyme d'enracinement dans le temps et dans l'espace. Et pour répondre aux nouvelles exigences du monde cet enracinement est nécessaire. Allant dans le même sens, Alex Mucchielli dit que : «...toute société doit affronter et résoudre un certain nombre de problèmes. Les choix faits, concernant la réponse à ces problèmes, fixent les orientations de la culture et sont donc constitutifs du système culturel »53(*). Parmi les problèmes dont parle Mucchielli, nous pouvons citer entre autres : Les problèmes de l'environnement (la nature, l'air et l'eau), de l'organisation de la société (politique, économique, administratif), des rapports avec les semblables.

Pour le cas particulier du Congo, cet enracinement ou mieux, cette (re)valorisation est d'autant plus impérative compte tenu de la dégradation des moeurs que connaît ce pays. Il est donc temps que l'on apprenne à l'enfant et à l'adolescent congolais les valeurs d'hier qui caractérisaient l'Etre congolais, le code moral : La famille étant la cellule de base où se forge le futur citoyen, dans la société traditionnelle congolaise, elle avait pour fonction d'inculquer à l'enfant et à l'adolescent, les lois universelles coutumières : la solidarité familiale et sociale, l'esprit de groupe, le respect des aînés, le respect du bien collectif, l'amour pour le travail, l'apprentissage à s'affirmer par ses propres efforts, l'hospitalité, le respect de l'être humain, la gestion équitable de la nature, etc. Dans ce sens, François Itoua dit que ce code moral est l'« aboutissement de la formation et l'éducation qui préparent à l'insertion de l'enfant dans la production. Avant cette phase vitale, l'enfant doit être solide physiquement et moralement. Seule cette éducation vécue peut l'aider à soutenir l'intérêt au travail, car le salaire n'existe pas dans la société traditionnelle. Tout comme elle fera de lui un chef de famille responsable et digne de ce nom. Toutes les armes (physiques et morales) que l'individu se forge durant l'adolescence ont pour but, d'une part, de l'enraciner dans son milieu socioculturel et, d'autre part, de réussir son intégration sociale »54(*). Cela ne veut pas dire repartir vers le primitivisme sauvage ; Claude Mac Kay pense que : « plonger jusqu'aux racines de notre race et bâtir sur notre propre fonds, ce n'est pas retourner à l'état sauvage; c'est la culture même »55(*).L'enfant congolais devrait apprendre, dans ce sens, que l'identité sera un support et une référence pour lui. Et, comme l'affirme Henri Gobard :  « pour que l'être humain soit un homme, il faut qu'il appartienne d'abord à sa communauté, qui lui donne tout: la possibilité de naître, d'être aimé, nourri, élevé, protégé, d'entendre un langage, de vivre une culture natale sans laquelle le monde ne serait qu'un informe chaos. Or chaque culture est une conception du monde autonome qui ne s'autorise que d'elle-même et qui délimite l'acceptable et l'inacceptable »56(*). Mais, cela ne sera possible qu'en acceptant toutes les autres communautés linguistiques, si minoritaires où majoritaires soient elles, ce, quelles que soient leurs origines. Il sera question de puiser dans chacune d'elle qui, au fond, se valent. Car, ce n'est point le nombre d'individus qui fait la culture, mais, les valeurs qu'elle renferme.

C'est ainsi qu'on peut préparer des futurs adultes congolais confiants et conscients de ce qu'ils sont, de ce qu'ils feront, de leur rôle dans la société et de ce qu'ils peuvent apporter au reste du monde.

Par ailleurs, la question de la revalorisation de l'identité culturelle congolaise est de plus en plus posée compte tenu des différents changements que connaît la société tout entière. Nous faisons ici allusion aux changements socio-économiques.

2. Le rôle de l'identité culturelle dans une société en mutation socio-économique

Le monde aujourd'hui est dominé par une actualité dont le centre reste les conflits armés. Dans leur majorité, ces différents conflits ont un fonds ethnique ou mieux culturel. Ainsi cette situation exige que l'on redéfinisse les notions de cultures traditionnelles, d'appartenance ethnique, d'identité nationale, de citoyenneté voire d'intégration culturelle. Il s'agit d'une affaire d'éducation. Un dialogue entre les minorités et les majorités s'impose, et Henri Giodan pense à propos que : «...nous nous trouvons devant la nécessité impérieuse de poser les problèmes de la communication entre les cultures. Nous commençons à entrevoir que le système de valeurs sur lequel nous nous appuyons ne peut plus se limiter aux certitudes rassurantes d'une hiérarchie arbitraire établie par une instance régulatrice - une autorité supérieure ou un  ordre naturel dont la crédibilité est précisément mise en question par ces mouvements. »57(*)

Le Congo qui a longtemps été une République populaire, n'est pas en reste dans ces changements et même des troubles socio-politiques. En effet, le pays est sorti d'un régime socialiste à économie centralisée, dirigée et planifiée. Pendant longtemps, l'État a régné en maître absolu sur tous les plans, décide tout de la production en quantité, en qualité et en rationnement. La stagnation est vite arrivée comme dans tous les pays à économie dirigée. Le manque de concurrence a entraîné la résurgence des marchés noirs, l'absence des initiatives privées. Mais, nous pensons que pour réussir cette sortie, il va falloir tenir en compte la dimension culturelle. On parlerait ainsi d'une intégration culturelle à tous les niveaux politique, économique, administratif,...Il s'agirait d'une intégration culturelle vidée de toute velléité de domination culturelle, de n'importe quelle forme soit-elle. C'est pourquoi, le petit congolais devrait savoir dès le bas âge que la société congolaise, diverse dans son essence, construira son développement grâce à l'apport de tous les groupes sociolinguistiques. Et que la multitude de dialectes que compte le Congo devrait constituer une source sûre d'enrichissement. Elle serait conçue désormais non comme un mal, mais plutôt comme une nécessité pour le développement de la société congolaise. Boutros Boutros Ghali parlant des langues a dit que :  « l'histoire nous enseigne qu'une langue est universelle non parce qu'elle est parlée partout et par tous, mais parce qu'elle véhicule des valeurs dans lesquelles peuvent se reconnaître tous les peuples de la planète. »58(*) En d'autres termes, il s'agit de prendre en compte toutes les particularités religieuses, sociolinguistiques qui sont la condition, le mode de tous les congolais d'être ensemble. Alors, peu importe la différence des diverses communautés congolaises : qu'un suundi (communauté du sud-ouest) soit différent d'un mbochi (communauté du nord), ou d'un téké (communauté du centre) , d'un ndjem (communauté du nord) , d'un vili (communauté du littoral), etc. Ils ont une histoire commune et unique, une histoire de sang; « Terres sanguines, terres consanguines » dirait Aimé Césaire.De même, on ne parlerait plus au jeune congolais du Discours sur le colonialisme encore moins d'une traite négrière. L'identité culturelle, pour un développement socio-économique, dans ce nouveau contexte mondial, cesse d'être opposée à l'Autre pour s'affirmer. Il est plutôt question de l'assumer en ayant confiance en soi, en se dégageant d'un quelconque Vendredisme59(*) dont parle Axelle Kabou. De plus il est question de se débarrasser de toute forme d'orgueil narcissique, tant il est vrai que, comme le dit si bien Henri Lopes : « Sur le plan de la vie, le culte prononcé de l'identité culturelle, nationale ou religieuse, conduit à des attitudes d'exclusion qui font le lit de l'obscurantisme ou du fondamentalisme. Nos civilisations étaient riches de sagesse, mais elles possédaient, comme toutes les cultures des zones de barbarie. Le féticheur soignait et guérissait, tandis que le sorcier jetait des mauvais sorts et tuait. Nous avions des héros, des sages, mais aussi des esprits retors, vils et peu reluisants. Sans la complicité de nos ancêtres, la traite négrière n'aurait jamais fait d'aussi gros profits »60(*).

En somme, pour aspirer à un développement sûr et durable, il serait important d'enseigner à tous les petits congolais que l'économie, la politique, l'acquisition ou l'adaptation des nouvelles technologies devraient se faire avec la culture, le patrimoine culturel. Léopold Sédar Senghor parlant de la francophonie écrit : « Dans la francophonie, sans négliger l'aspect économique du problème, dont la zone franc est la préfiguration, il s'agit de mettre l'accent sur la culture, sans répudier, pour autant, l'économie ni la politique. Pourquoi l'accent sur la Culture? C'est que la pensée française, la culture, c'est-à-dire la création ou l'esprit d'une civilisation, est la condition, sine qua non, mieux, le facteur le plus efficace du développement scientifique et technique, partant, économique et social »61(*).

Nous pensons que le musée est, entre autres moyens, celui qui a un rôle primordial à jouer dans cette nouvelle situation de la République du Congo.

3. Le Musée, miroir du patrimoine culturel

Tout observateur averti peut se demander comment le musée, institution très mal connue des congolais, pourrait-il jouer ce rôle. Car il est entendu que les musées congolais sont en ruine à présent. C'est pour cette raison d'ailleurs que nous avons bien voulu mener cette réflexion. Autrement dit, nous voulons rendre au musée congolais son rôle, sa fonction et son importance dans la société. Il faut donc dire que cette réflexion peut entraîner une autre manière de voir le musée, un nouveau regard du musée par les autorités et toute l'opinion congolaise.

Pour atteindre ce but, une nouvelle politique muséale s'impose. En effet, il s'agirait de faire du musée congolais un lieu où toutes les traditions porteuses de progrès retrouveront vie. Un lieu de rencontre de toutes les cultures congolaises. Et ainsi, sera-t-il ouvert sur la société. Il est vrai que tout musée a pour rôle de collecter, de gérer, de conserver, de vulgariser, de transmettre et...d'éduquer. De cette manière il ne serait plus question de se contenter de collectionner des objets qui resteront longtemps muets. Le temps est venu où les objets des musées congolais doivent expliquer le passé et le présent, éclairer et projeter le futur. Reflet de l'identité culturelle, le musée servira désormais de trait d'union entre les différentes communautés linguistiques de toute la nation ou de toutes les dix préfectures que compte le pays, selon qu'on se trouve au musée national ou dans un musée régional. Une véritable unité nationale verrait ainsi le jour en son sein. Unité qui sera fondée non sur des compromis mais sur le maintien d'un équilibre sûr s'appuyant sur la littérature orale, les langues, les arts, l'artisanat venus de toutes les profondeurs du pays. La nouvelle fonction du musée congolais consisterait à engager les publics en plaçant l'éducation, au sens le plus large du terme, au centre de cette mission. Il s'agit du large public: rural, urbain, analphabète, scolaire, universitaire...Yaya Savané, parlant dans le même sens du musée d'Abidjan, dit : « ...il doit désormais assurer sa vocation de structure nationale au service de la société. Il doit rassembler les données les plus diverses sur la vie quotidienne afin de présenter à la postérité une image aussi variée et aussi représentative que possible de la vie du pays. Sa vocation est clairement définie »62(*).

Pour assurer effectivement ce rôle, le musée devrait travailler de façon complémentaire avec l'école.

4. Pour une action culturelle en milieu scolaire congolais

4.1. L'enseignement des arts et de l'artisanat au musée

Il ne s'agirait pas d'un enseignement tel qu'on l'entendrait dans une école des beaux-arts ou une école du patrimoine. Il sera plutôt question d'un enseignement à partir des objets du musée; un enseignement qui ne saurait en rien remplacer l'école ni la concurrencer. Il s'adressera aux enfants dès l'école maternelle (4ans) jusqu'au lycée (18ans). Les activités éducatives dans les musées seront gérées par un Centre éducatif relevant des ministères de l'Éducation Nationale et celui de la culture. Le centre aura pour mission de coordonner les visites et animations dans les différents musées, et de veiller à la qualité des programmes offerts. Dans les régions, les DRAC (Direction des Affaires Culturelles) et les DRE (Direction Régionale de l'Enseignement ) en assureront la coordination.

L'enseignement des arts et de l'artisanat viendrait en complément à celui donné par l'école officielle. Nkanza Lutayi pense ainsi, que : « Comme institution, le musée a un but éducatif puisqu'il constitue un complément d'importance capitale de l'enseignement donné à l'école. Ce rôle éducatif est institutionnalisé parce qu'on le lui reconnaît officiellement et parce qu'une des activités muséales est précisément l'éducation »63(*).Tant il est vrai que, bien des objets, faunique et floral, des faits historiques, archéologiques et protohistoriques peuvent être exposés concrètement dans un musée mieux que ne le ferait l'école. C'est pourquoi, les objets du musée, loin d'être un fait de curiosité, sont des réalités à expérimenter et à vivre. «L'exposition donne une forme complète d'enseignement, parce que non seulement elle illustre une connaissance mais aussi peut en même temps procurer cette connaissance »64(*), renchérit Nkanza Lutayi.

Le musée congolais, pour les scolaires, servirait de lieu de sensibilisation, d'information, de création, d'éveil à tout le patrimoine national et international. Élisabeth Faublée affirme qu'« en plus d'une meilleure assimilation d'un savoir qui, appris uniquement dans les livres, relève le plus souvent de l'abstraction, ces actions d'ouverture permettent aux élèves d'acquérir des connaissances et des savoir-faire autres que ceux transmis en classe. Basée sur la participation active où chacun apporte sa contribution dans la réalisation d'un projet commun, la démarche de projet qui définit ces actions, favorise l'épanouissement de tous les enfants, qu'ils soient bons ou mauvais élèves à l'intérieur du système scolaire, développent leur capacité d'invention et révèlent des aptitudes qui ne peuvent s'exprimer en classe. Les enfants se trouvent par ailleurs dans une situation d'apprentissage qui les responsabilise et les solidarise, les éduquant à la fois à l'autonomie et à la socialisation, finalité de cette éducation »65(*). Le nouveau musée congolais serait considéré, de ce point de vue, comme un centre de documentation et de recherche scientifique. La nouvelle politique éducative du musée aurait ainsi pour but, non seulement, l'accroissement du niveau culturel de la population scolaire congolaise, bien plus, elle s'insérerait dans les programmes du développement de l'éducation nationale.

Le musée, pour accomplir cette tâche, pourrait aussi sortir de son cadre habituel pour aller vers l'école, le quartier ou le village.

Par ailleurs, le travail avec les élèves au musée sera exempt de toute contrainte ou toute obligation. Le musée ne sera pas vu comme un lieu d'enseignement. On n'a pas à amener les gens à comprendre quelque chose. Cela n'exclut pas, pour autant, la présence du savoir au musée. Élisabeth Caillet et Odile Coppey affirment que « la notion de médiation repose sur cette distinction essentielle: "Je te fais savoir ", dit le médiateur, "Je t'apprends", dit l'enseignant. Il faut laisser de côté le système des contraintes de l'enseignement et travailler pour quelque chose dans lequel transparaissent le plaisir, le désir »66(*).

Pour ce faire, nous nous proposons d'élaborer un programme d'enseignement ou d'activités au musée qui serait suivi pour atteindre ce but.

L'enseignement des arts et de l'artisanat se fera par le biais des ateliers pédagogiques.

4.1.1. Les ateliers Pédagogiques

Une série d'animations seront coordonnées par un conservateur ou un conservateur adjoint qui aura sous sa direction le service ou la section culturelle. Les ateliers seront préparés, auparavant, par les animateurs et les différents services ou sections du musée. Ils seront animés par des conteurs, , des enseignants, des artisans, des artistes (écrivains peintres, musiciens), des universitaires, ... qui interviendront selon le thème du jour. Les musées pourront travailler en relais avec les galeries et les ateliers privés de la place. Les animations se feront soit en français ou en anglais, soit en lingala ou en munukutuba. Les dialectes du pays peuvent aussi servir, pour la communication dans les musées, aux animateurs qui les parlent et les maîtrisent bien. Ce qui serait une sorte de politique linguistique du musée. En effet, nos dialectes sont des véhicules de notre culture nationale. Ainsi, le musée qui est réputé pour prêcher la conservation du patrimoine ne doit pas oublier que le patrimoine est aussi ce qui a été transmis de génération en génération, y compris la langue. La langue est le moyen le plus important de transmettre la culture. Or, en « Afrique, c'est la somme totale de toutes les cultures locales qui constitue nos cultures nationales dans nos pays respectifs. La perte d'une langue locale, aussi réduit le groupe qui la parle soit-il, appauvrit encore notre culture nationale »67(*). En outre, cette orientation vise aussi l'interactivité musée-communauté. Cette question est d'autant cruciale que la communauté âgée, par exemple, détient la connaissance, les biens et dans certains cas, la richesse. L'utilisation des langues locales s'impose dans des musées comme ceux de Kinkala, Owando et Sibiti situés dans des petites localités urbaines et où les intellectuels sont peu nombreux. De ce fait, le jeune congolais apprendra que tout dialecte congolais recèle des potentialités culturelles fort estimables, peu importe son appartenance culturelle ou sociolinguistique.

Il faut toutefois préciser que les sorties au musée seront toujours précédées d'une préparation faite par l'enseignant en classe. La préparation est obligatoire car elle suscite la curiosité et l'intérêt de l'enfant. Elle facilite aussi l'accession de ce dernier à ce nouveau monde quasi inconnu et étranger. Car, « on aime mieux ce que l'on connaît »68(*). C'est pourquoi, les enseignants devraient avant tout suivre une formation qui leur permettrait une exploitation pédagogique du musée. Par voie de conséquence, des rencontres enseignants-conservateurs se feront pour atteindre ce but. Ces rencontres viseraient aussi la production des documents pédagogiques utiles pour les visites et autres activités au musée.

La formation des enseignants pourrait aussi se faire en collaboration avec les Écoles Normales où il leur sera enseigné comment utiliser le musée dans le cadre des activités d'éveil. Autrement dit, elle devra être incluse dans les cursus des enseignants congolais. Ce qui est une nécessité pour l'efficacité des sorties au musée avec les enfants. C'est un procédé qui domine dans plusieurs musées au monde. Ceux-ci « ...cherchent à former les enseignants à la pédagogie particulière du musée, voire à l'histoire de l'institution muséale. Dans cette démarche, il ne s'agit pas d'opposer gratuitement le musée à l'école, mais d'analyser, pour améliorer les spécificités de l'exposition et de l'action culturelle en musée, par rapport à l'action pédagogique en milieu scolaire »69(*).

Les ateliers pédagogiques porteront soit sur les collections du musée soit sur des oeuvres d'un artiste ou d'un artisan travaillant hors du musée. Ainsi, nous aurons des séances comme :

*Lecture d'une oeuvre

C'est une séance qui se fera autour des objets représentatifs ou oeuvres-clés du musée. Autrement dit, le choix sera fait sur un objet qui a une portée artistique, historique, économique, politique,...L'enfant apprendra et comprendra à reconnaître par lui-même ce qui fait la qualité intrinsèque de l'objet en question. Il se fera une idée du message qu'il transmet de génération en génération, d'éventuelles explications qu'il peut apporter dans un phénomène de quelque ordre soit-il. On peut par exemple choisir un objet en raphia, ce genre de tissu qui a fait et continue de faire la réputation et l'orgueil du Royaume Téké. Il va sans dire que l'animateur adaptera son discours au niveau du public : enfants, adolescents et même enseignants.

Toutefois, l'animateur ou le co-animateur pourra faire des analogies avec d'autres oeuvres artistiques du même ordre. Ce qui peut permettre à l'enfant d'être ouvert au monde. Car, le but de l'éducation muséale est aussi d'aider le public scolaire à « lire le monde » afin de pouvoir percevoir ou appréhender les collections des musées sous un angle enrichissant. En d'autres termes, le musée ne sera plus considéré comme une simple banque de données. L'enfant devant un objet apprendra à Voir, à Comprendre, à Observer et à s'Instruire tout en se délectant.

*Voir, Jouer, Écouter et Créer

L'une des tâches principales du musée congolais, c'est l'initiation des enfants à la création par des manipulations de certains outils ou matériels. La démarche tend à mettre en valeur le savoir des artistes et artisans du Congo. Ces derniers, en effet, se chargeront de traduire leur ingéniosité aux jeunes qui les remplaceront. "Voir, Jouer, Ecouter et Créer se fera sous forme ludique après une visite du musée par les enfants et l'animateur du jour. L'atelier aura pour matériels de travail, des objets de récupération : cartons, boîtes de conserve, fils de fer, tôles ondulées, vaisselles, objets en plastique, bref le genre Ingénieuse Afrique70(*). Il s'agirait là de la promotion de l'artisanat utilitaire qui a fait ses preuves dans certaines villes congolaises . Pour commencer, les enfants suivront une démonstration qui sera faite par l'artisan-animateur. Suivra ensuite le tour de chaque enfant de créer un objet de son choix. La durée de la séance variera selon le thème du jour, cependant, elle n'excédera pas deux heures. Au cours de cette séance on aura aussi recours aux enseignants et autres personnes employés dans les établissements et structures d'enseignement techniques et professionnelles.

*Contes, proverbes, mythes et légendes

Les dépositaires des traditions orales seront à l'honneur pendant ces séances. Outre la dimension morale, ou pédagogique de ces genres littéraires oraux, il sera traduit à l'enfant tout l'imaginaire, les formes de pensée et les modes d'expression que peut avoir chaque peuple. Il comprendra que « ...chaque groupe socioculturel a sa littérature, bien entendu orale et que celle-ci véhicule des normes, des catégories, des interdits, bref des us et coutumes propres à la société concernée »71(*).

Par ailleurs, un conte peut être axé autour d'un objet du musée qui explique un fait naturel, historique, et qui irait dans le même sens que l'esprit du conte.

Les différentes technologies de pointe donnent la possibilité de communiquer par l'image fixe ou animée. Le conte et les autres genres littéraires oraux peuvent se faire sur support audiovisuel ( cassettes audiovisuelles, CD ROM...). Ainsi, l'usage de l'audiovisuel, si simple soit-il, permettra aux musées d'avoir des programmes similaires et d'échanges d'expériences. Tant il est vrai que le conteur du musée d'Owando n'a pas la facilité de se déplacer pour aller par exemple au musée de Sibiti et vice versa.En dehors des genres littéraires oraux, il y aura aussi la littérature écrite.

*La littérature écrite:( genres littéraires écrits)

Le Congo est un pays où la littérature écrite d'expression française est très florissante. Nous pensons que celle-ci est aussi un patrimoine culturel congolais. Le musée a donc toutes les raisons de la conserver et de la diffuser comme tout le reste. Elle traduit en français l'imaginaire congolais. Mukala Kadima Nzuji pense que : «... la littérature écrite a, comme toutes les autres, une diversité de sources d'inspiration et d'idéologies qu'elle véhicule. Elle s'abreuve à l'histoire, lointaine ou immédiate, des peuples qui la portent; elle orchestre et expose des problèmes socio-politiques auxquels sont confrontés ces mêmes peuples »72(*).

Des extraits des oeuvres littéraires seront expliqués avec illustration par des oeuvres du musée. Où, mieux, on partirait d'un objet du musée pour aboutir au texte. Un écrivain sera invité à cette occasion pour s'adresser aux enfants à qui il peut parler de son oeuvre, sa ou ses sources d'inspiration, de son style... Nous appellerons cette séance "Les écrivains parlent ou La voix des écrivains.

Des conférences-débats seront organisées à l'endroit du grand public.

*Les conférences-Débats

Le musée congolais devrait désormais être considéré comme un véritable centre de recherche de diffusion et de partage du savoir. Par conséquent, on y aura des débats de tout ordre, quitte à aider les enfants et le grand public à y trouver leur compte. Les conférences-débats seront animées par des spécialistes de tous les horizons, question de faire du musée un lieu de rencontre multidisciplinaire. C'est dans le même sens que Jean Galard dit : « ainsi, est parfaitement préfiguré ce que sera le musée, tel que le XVIIIè siècle va l'instituer et le multiplier : un lieu de diffusion du savoir par l'exposition des productions de la nature et des productions humaines, ouvert à tous et non seulement aux savants et aux étudiants: un lieu destiné à l'instruction publique et à l'enchantement de tout un peuple...»73(*).

Cependant, des séances seront initiées dont les élèves du secondaire pourront être les animateurs et les adultes qui viendront au musée pour se (re)cultiver.

4.1.2. Le musée, lieu de formation continue

En dehors des jeunes scolarisés, les activités du nouveau musée congolais intéresseront aussi les jeunes en mal de scolarité et les adultes. C'est pourquoi, certaines activités telles que : les conférences, la littérature écrite, la lecture d'une oeuvre, etc. pourront être des moments de rencontre entre les jeunes et les adultes.

Pour les adultes, ces activités leur donneront l'occasion de compléter ou d'enrichir leur culture. Au Congo, en réalité, on rencontre beaucoup d'adultes qui ignorent leur propre identité culturelle, ils l'ont complètement perdue. Le musée sera, à cet effet, pour eux, une source où on peut réapprendre et renouer avec son passé pour comprendre son présent et mieux scruter son futur.

De la même manière, la participation des adultes aux expositions temporaires serait indispensable.

Parmi les diverses activités du musée, on aura, également, les expositions temporaires ou itinérantes.

4.1.3. Les expositions temporaires et itinérantes.

On notera qu'à présent, le musée congolais devra graduellement changer sa façon de fonctionner. C'est dire qu'en marge des objets qu'on y trouve, il procédera à des expositions temporaires ou itinérantes. Celles-ci pourront avoir des thèmes variés qui posent des problèmes réels, et qui répondent à certaines interrogations que se fait la société : Santé, habitat, journée mondiale de l'environnement, journée nationale de l'arbre (qui a lieu tous les 6 mars de l'année au Congo), démocratie, échec scolaire, aliénation culturelle, entrée scolaire, fête des enfants et du nouvel an, etc. Les thèmes pourront être liés à un événement historique (anniversaire du pays, ou d'un personnage politique, littéraire, artistique, scientifique), une activité traditionnelle, une fête traditionnelle. Le souci à retenir est l'intérêt des élèves. Pour cette raison, le choix de certains thèmes devrait être l'objet d'un débat avec les élèves des troisièmes, seconde, première et terminale. On posera, en fait, des questions sur l'exposition : Que veut-on montrer? à qui? et pourquoi?. De ce fait, le thème d'une exposition peut varier selon qu'on se trouve dans un centre urbain (d'un quartier à un autre ) ou dans une école de campagne, ou selon l'activité principale du milieu où se tient l'exposition. La ville, tout comme, la campagne, peut avoir une activité basée sur l'agriculture, l'industrie, la chasse, la pêche, etc. Pendant ces expositions, interviendront les artistes, artisans, scientifiques, politiques, économistes... Ainsi, le musée s'ouvrira à une politique multidisciplinaire qui lui permettrait une vie plus ou moins complète.

De cette manière, les expositions temporaires proposent une nouvelle forme de collectionner, une nouvelle interprétation de l'histoire. Car, « toute archive étant prise dans un flux, nous sommes aujourd'hui confrontés à une conception héraclitéenne où toutes les identités culturelles se trouvent dans un état d'extrême instabilité, et doivent être redéfinies en permanence »74(*). C'est pourquoi les expositions temporaires seront ouvertes à tous les événements tant nationaux qu'internationaux; elles constitueront le meilleur remède contre toute étroitesse d'une identité locale.

Le Congo est un pays à fort pourcentage agricole et forestier ; la forêt occupe 60 %75(*) du territoire national. C'est ainsi que certains thèmes des expositions temporaires devraient porter sur l'agriculture et la forêt. Par exemple, un thème peut être construit autour de la fabrication du manioc (ou chikwangue en congolais), de la farine du manioc (qu'on appelle foufou ici), la culture de certains aliments et plantes de première nécessité que les congolais consomment tant. Entre autres aliments, nous faisons allusion : à l'arachide, au maïs, au haricot. Il serait donc nécessaire de demander aux enfants de monter de petites expositions réalisables, à moindres coûts. De même, on aura des mamans, maîtrisant l'art culinaire, qui interviendront pour expliquer aux enfants la préparation des mets congolais. Il s'agirait là d'un enseignement sur l'art culinaire.

Dans les régions forestières, on peut imaginer de demander aux enfants de mettre en scène des objets: comment exploiter de façon rationnelle une forêt, comment sauvegarder l'équilibre et la survie de l'existence humaine sur la planète qui sont menacés par l'effet de serre ou, pire, le trou de la couche d'ozone.

Quant aux régions d'élevage, on penserait aux techniques d'élevage: comment soigner les animaux, les instruments destinés à le faire, etc. On déboucherait aussi sur la caractérisation des animaux selon leur robe (leurs couleurs), leurs cris, la forme de leurs pattes et de leurs cornes ...

On envisagerait par exemple pour une meilleure connaissance des problèmes liés à la forêt, une exposition qu'on appellerait Vies de la forêt congolaise. Vies" au pluriel : les plantes, les animaux et la vie invisible qui forment un tout. Il s'agit de la vie invisible dont il est question dans nos forêts sacrées. Celles-ci sont vierges grâce à cette sacralité qui les entoure. Elles le sont en effet parce que nos sociétés anciennes avaient ce souci de la conservation de la nature. Le travail du musée consisterait en la conciliation entre les méthodes d'hier et celles d'aujourd'hui. Il va falloir, dans ce sens, faire comprendre aux enfants la question portant sur la biodiversité qui se définit comme la diversité biologique, l'ensemble des gènes, des espèces et des systèmes d'une région. Autrement dit, la domestication et l'amélioration des variétés locales de plantes cultivées et de races d'animaux ont également façonné la biodiversité. Que les enfants apprennent que la nature a en soi une valeur spécifique qui ne saurait être compensée en cas d'altération: l'espèce animale et végétale est unique et irremplaçable, de même un site naturel qui disparaît ne peut pas être remplacé. Les écologistes confèrent ainsi des droits propres à la nature, l'exigence d'équité pour conserver la biosphère dans son ensemble: respecter l'équité intragénérationnelle et intergénérationnelle. Tout ce discours servirait à apprendre aux écoliers congolais les notions élémentaires et indispensables de développement durable. Le principe est de satisfaire les besoins présents sans compromettre l'aptitude des générations futures d'en jouir. Il implique de maintenir un accès permanent aux ressources naturelles et d'éviter les dommages persistants à l'environnement. La durabilité doit donc se traduire par une transmission, un legs du potentiel de croissance aux générations futures. Peter Raven pense justement à ce propos que « les plantes, animaux et micro-organismes de la planète, qui interagissent entre eux et avec l'environnement physique au sein des écosystèmes, sont à la base du Développement Durable. Cette profusion de ressources biotiques soutient les moyens d'existence et les aspirations de l'homme et lui permet de s'adapter aux variations de ses besoins et de l'environnement »76(*). C'est dire que la destruction répétée de tous ces éléments constituant la biotique à présent ne favorise pas une pérennité de la vie humaine sur terre. Cela montre qu'il y a absence d'équilibre entre ce que la nature peut nous offrir et nos besoins. La vie de l'homme dépend au plus haut point de la nature ou mieux de la forêt: la nourriture, la pharmacopée (santé), l'air pur . Un petit espace serait aménagé au musée pour les petits spécimens vivants. Ils pourront être des rats, des oiseaux, des singes, etc. qu'on élève à moindre frais au Congo. Les enfants les prendront en prêt avec tout le système nutritionnel et médical du petit animal. Ils viendront à chaque fin du mois soit pour l'échanger, soit pour renouveler le prêt une façon de les amener constamment au musée.

On pourrait aussi amener les enfants à enquêter sur comment se fait la récolte des plantes médicinales, les interdits qui les entourent, bref leur vie dans la nature.

C'est très important que ce savoir et ces notions de gestion de l'environnement soient portés à l'attention de l'enfant et de l'adolescent , mais aussi des maîtres parfois.

Le rôle des médias d'État est important dans ce nouveau paysage de la culture congolaise, compte tenu de leur emprise sur la population.

4.2. Les mass média et leur rôle dans la promotion du patrimoine culturel

On ne peut pas parler de la diffusion ou mieux de la médiation culturelle sans penser aux moyens de communication. Il s'agit de la radio, de la télévision et de la presse écrite de l'État ou relevant du secteur privé. Au Congo, la télévision occupe une place importante dans l'information, la politique, la distraction, le sport et les moeurs. Nous envisageons ici les rapports entre les médias d'État et la culture, particulièrement entre les médias et le musée. Le musée au Congo est l'institution culturelle dont on ne parle pas sur les antennes publiques. Pour cette raison nous pensons qu'il serait réservé une place aux musées. Autant dire que toutes les activités pédagogiques, ou autres, des musées du Congo seront portées à la connaissance du large public à travers une émission radiotélévisée. Elle s'intitulera : "Allons au Musée" et aura, entre autres tâches, de faire la promotion du musée, l'organisation des tables rondes sur toutes les questions propres au musée. Les professionnels de musée au Congo pourront ainsi imposer l'image de cette institution, son rôle dans les changements politique, économique, et socioculturel dans le pays.

Et, les autorités de l'État congolais prendront conscience de l'importance du musée. Le rôle de l'État est ainsi important.

4.3. Le rôle de l'État

La culture pour les romains de l'Antiquité, c'est le mot cultus qui pouvait signifier les honneurs rendus aux dieux et aux ancêtres, le labeur des champs, la pratique d'un art, l'état de civilisation d'un peuple, d'un groupe humain. C'est ainsi que l'on parle à présent d'un peuple cultivé, d'une société cultivée. Ainsi, la culture dans son essence est faite de deux notions: l'instruction et l'éducation. Et le Pape Jean Paul II de dire : « il existe une souveraineté fondamentale de la société qui se manifeste dans la culture de la Nation... Veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette souveraineté fondamentale que possèdent chaque peuple et chaque Nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour l'avenir de la grande famille humaine »77(*).

C'est donc dire que, la culture est un fait collectif, et pour cette raison l'État a le devoir de s'y intéresser. Car, pouvoir institutionnalisé, l'État sait que la culture est une pièce majeure de son action. Rémi Caron, parlant dans le même sens, de l'État français, écrit : « L'État est le dépositaire et le gardien du legs de l'histoire nationale, chargé d'assurer "la pérennité de l'être collectif". L'État moderne, à cet égard héritier direct des rois, incarne une sorte de conscience dynastique de la Nation, qui la persuade de devoir protéger les biens, quoiqu'ils vaillent, dont elle a hérité. Il y a là un sens de l'histoire, l'idée fidélité obligée, le soupçon que l'irrespect du passé menacerait la solidité de l'unité nationale, que l'État assume. Et la culture, qui elle aussi est mémoire et satisfaction, qui exerce à son profit sa mission séculaire de défense et d'élargissement du domaine royal »78(*).

Comme on parle des droits de liberté, des droits à l'éducation, on parlerait aussi d'un droit à la culture. Et par conséquent, l'État a ce devoir d'apporter aux structures et aux activités culturelles, les soutiens matériel et juridique voulus.

Les musées congolais sont des établissements d'État et donc ayant un statut juridique public. Pendant tout le règne du parti unique, le Congo a connu un État centralisé. Ainsi l'État-providence était seul habilité à défendre, à encourager la création culturelle. La gestion peu orthodoxe des structures de l'État n'a pas atteint ces objectifs.

La culture est toujours reléguée au second rang des laisser-pour-compte, parce que non génératrice d'argent. L'État devrait à présent porter une attention particulière à la culture, tenant compte des changements qui sont intervenus au Congo. Il octroierait des financements, des subventions aux musées qui fonctionneraient en partenariat avec l'école pour certaines activités. De telle sorte que, l'école s'occuperait de l'instruction et le musée jouerait le rôle d'éducateur en mettant un pont entre l'ancien et le nouveau, le local et l'étranger, le passé, le présent et le futur. L'État veillerait à ce que l'école s'adapte aux réalités de terrain et au rythme où va le monde. Ceci se fera par l'intégration de l'enseignement des arts et de l'artisanat dans les programmes scolaires. L'expérience ne demande que courage et volonté aux décideurs congolais qui sont aujourd'hui conscients de la pertinence de cette question. On peut s'en rendre compte par la déclaration d'un Ministre de la Culture et de l'Enseignement, chargé du Patrimoine National du Congo qui dit : « La prise de conscience, par les africains de l'intérêt de leurs cultures ancestrales, est une déterminante du développement de la société contemporaine. L'esprit, de nombreux projets muséographiques et patrimoniaux qui ont vu le jour en Afrique ces dernières années, reste fidèle à cette idée. Outre la collecte et la conservation - tâches propres à la muséographie - les actions menées dans le domaine du patrimoine se tournent vers le grand public et contribuent à l'évolution des mentalités par le biais de l'éducation et de la recherche »79(*).

Par ailleurs, le dessin et la musique qui sont enseignés dans les établissements publics seraient revus de fond en comble. De telle manière, qu'ils devraient traduire, dans leur nouvelle formule, une véritable transmission ou une inculcation, de l'identité, de la morale et une initiation à la création, aux enseignés. Pour le compte des musées, chaque établissement scolaire aurait un correspondant qui diffuserait l'information et accueillerait les réalisations de ceux-ci : expositions et autres activités. Ce correspondant peut être un enseignant, un élève ou toute autre personne évoluant dans l'établissement. Le travail du correspondant sera appuyé par des clubs des amis du musée dont les enseignants et les enseignés seraient membres. Toutes ces expériences se feront, de façon expérimentale, dans des établissements pilotes.

Outre les moyens financiers susmentionnés, l'État congolais devra créer un cadre juridique en vue de la protection et de la promotion du patrimoine culturel national. Nous voulons parler des textes juridiques en vue d'empêcher toute aliénation dudit patrimoine : vol, trafic illicite, vente de certains objets d'art de grande portée, etc. De la même manière, le gouvernement congolais devra ratifier les différentes conventions internationales qui protègent le patrimoine et garantissent la coopération avec les organismes internationaux. Il s'agit, entre autres, des conventions suivantes:

- Convention universelle sur le droit d'auteur, adoptée en 1952 révisée en 1971 ;

- Convention sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, dite « convention de la Haye », adoptée en 1954 ;

- Convention internationale, dite « de Rome », sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, élaborée conjointement par l'Unesco, l'organisation internationale du travail, et l'organisation mondiale de la propriété intellectuelle, adoptée en 1961 ;

- Convention sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert illicite de biens culturels, adoptée en 1970 ;

- Convention sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, dite « convention sur le patrimoine mondial », adoptée en 1972.

Cependant, il faut reconnaître que l'État seul ne peut pas assurer cette lourde tâche. D'où l'apport des mouvements associatifs, fondations, entreprises, mieux du mécénat, est très important.

4.4. Les mouvements associatifs.

Pendant longtemps, les congolais n'ont pas connu de culture associative. Ce fait s'explique par le fait du régime politique marxiste-léniniste (1968-1991) dans lequel le pays a baigné. C'est donc dire que l'initiative privée était interdite, seul l'État devrait tout faire.

Aujourd'hui, on vit un véritable balbutiement dans la prise d'initiative personnelle ou associative chez les congolais. Or, l'État seul ne peut faire la promotion et la sauvegarde du patrimoine culturel national. La raison est double : l'éternel manque de moyens financiers et la non prise en compte effective de la dimension culturelle du développement. Les mouvements associatifs serviraient de groupes de pression sur l'État et à tous ceux qui voudront faire usage des structures culturelles du patrimoine. Pour plus d'efficacité, les associations auront dans leur composition, des professionnels du patrimoine et des non professionnels. Elles devraient travailler en connivence avec leurs consoeurs africaines et des autres continents. Dans cette perspective, il serait encouragé la création d'associations pour la défense des arts et de l'artisanat en milieu scolaire et surtout dans les campagnes. L'État jouera, dans ce nouveau paysage, le rôle d'incitation et d'arbitre de ces associations en créant un cadre juridique favorable.

Toutefois, ce programme ne peut pas être réalisable sans un cadre général favorable. Nous envisageons, pour ce faire, des perspectives qui pourront s'étaler graduellement dans le temps.

Chapitre III PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS

1. À court terme (3 ans)

- Création d'une émission radiotélévisée intitulée,  "ALLONS AU MUSEE" ; elle consistera à faire connaître la vie et les activités des musées congolais ;

- Organisation permanente des séminaires ou des rencontres de diverses formes permettant au personnel des musées congolais d'être informé sur la nouvelle politique de gestion des musées, il s'agira de la gestion multidimensionnelle ;

- Redynamiser le Conseil National de la Culture et des Arts créé au cours des années 80. Conseil consistant à mener une réflexion, large et concertée, sur les problèmes du développement culturel au Congo ;

- Mener une campagne de sensibilisation en milieu scolaire sur la vie du musée au Congo, par des semaines du musée avec la collaboration des DRAC et des DRE . La campagne sera appuyée par l'émission radiotélévisée indiquée plus haut. Les DRAC et les DRE auront la charge de coordonner les antennes régionales ;

- Organisation d'une exposition temporaire dénommée "Dimensions Dix" (D/D ou D/10) consistant à demander à toutes les dix préfectures, que compte le Congo, d'apporter, au moins deux objets au plus quatre, représentatifs de chacune d'elle. L'idée à transmettre, à travers cette exposition, c'est : Le Congo, ôté d'une préfecture, n'est plus complet, on l'appelle ainsi en tenant compte de ses Dimensions qui sont faites par les Dix. L'exposition sera inaugurée et ouverte au public à partir du 15 août (l'année sera déterminée), date anniversaire de l'indépendance du pays ;

- Mise en place des équipes qui réfléchiront, sur un développement intégré qui tiendra de compte de la dimension culturelle locale et étrangère, elles seront composées des représentants des ministères suivants : Culture, Éducation Nationale, Formation Professionnelle et Technique, Tourisme, Santé, Construction et Habitat, Environnement et Finances. Ces équipes pourront s'inspirer du programme de l'Unesco sur " La Décennie mondiale du développement culturel 1988-1997. De telle manière que, tous les projets des ministères susmentionnés devraient tenir compte des aspects culturels dans leur réalisation optimale ;

- Implantation du musée national du Congo dans un local adéquat conformément à l'acte 204 de la Conférence Nationale Souveraine ;

- Le musée national du Congo servira dans un premier temps de musée pilote dans l'expérimentation de ce programme avant de l'étendre aux musées régionaux : Kinkala, Ma Loango, Owando et Sibiti ;

- Encourager les galeries et les ateliers privés à collaborer avec les écoles de leurs localités et avec les musées ;

- Vivifier le comité national de l'ICOM ;

- Les musées congolais doivent créer une collaboration avec le département de Gestion du Patrimoine Culturel de l'Université Senghor d'Alexandrie Egypte ;

- Formation des professionnels de musée( voir tableau page suivante).

Besoin estimatif en formation des professionnels du patrimoine culturel dans les musées au Congo :

Nom du Musée

Restaurateurs

Juristes culturels

Économistes de la culture

Médiareurs culturels

Musée national du Congo et Mausolée Marien Ngouabi

2

2

2

2

Musées de Kinkala et Nkankata

1

1

1

1

Musée Ma Loango

1

1

1

1

Musée d'Owando

1

1

1

1

Musée de Sibiti

1

1

1

1

Soit un total de vingt quatre professionnels à former;

- Veiller au rayonnement de la culture congolaise à l'étranger en confiant aux ambassades, cette mission de coopération culturelle, pour une diplomatie culturelle véritable. Ce qui permettra un échange qui exclut toute domination par la culture vers laquelle tend le monde avec la mondialisation économique. La coopération culturelle aura, entre autres, une politique de placement des cadres culturels dans les institutions culturelles internationales ;

2. À moyen terme (5 ans)

- Procéder à un inventaire de tout le patrimoine congolais en vue d'une meilleure protection et, une gestion objective dudit patrimoine ; sur la base de cet inventaire, on pensera à l'informatisation des musées et la création de banques de données sur le patrimoine culturel national ;

- Instituer un mois national du patrimoine et du musée ;

- Collaboration des musées congolais avec certains départements de l'université Marien Ngouabi , Faculté des Lettres et des Sciences Humaines comme : Anthropologie, Histoire, Littérature Orale, Linguistique, Littératures et Civilisations Africaines, Sociologie et Psychologie. La collaboration aura pour fondement la recherche scientifique au musée ;

- Utiliser les jeunes animateurs culturels sortis de l'INJS (Institut National de la Jeunesse et des Sports) dans les écoles et les musées pour les activités culturelles qui y seront instaurées ;

- « Revaloriser les fonctions muséale et enseignante, cela stimulera les enseignants à intégrer le patrimoine à la vie de leur classe et, partant, de leurs élèves »80(*) ;

- Créer un nouveau cadre juridique dans le pays en vue d'empêcher tout trafic illicite et l'entrée frauduleuse des objets d'art sur le territoire national, protéger les artistes et artisans, et leurs oeuvres, adopter un statut particulier des travailleurs de la culture et des arts ;

- Le musée national du Congo redeviendra une direction et on lui donnera, à la longue, un statut semi-autonome avec des souplesses de gestion et le directeur deviendra l'ordonnateur secondaire, l'équivalent d'un service extérieur national à la française ;

- Etablir des rapports d'échanges d'expériences entre les musées du Congo et les musées d'Europe et d'Amérique ayant des collections africaines ; il s'agit entre autres de : Musée royal de l'Afrique Centrale, Tervuren (Belgique) et particulièrement avec le futur Musée des Arts Premiers de Paris.

3. À long terme (10 ans)

- Intégration de la dimension culturelle dans l'instruction du jeune congolais, il sera question, en priorité, de la culture du pays et de celle de toute l'Afrique dans son fonds culturel commun, en insistant sur le fait que le développement sera intériorisé par les populations qui doivent en être partie prenante ; c'est ainsi que les hommes qui tiennent le développement connaissent celui des autres pays en tenant compte de leur tempérament, de leurs habitudes, de leurs croyances. La méconnaissance de tout ceci entraîne au rejet du développement non à son intériorisation ;

- Inclure des cours d'histoire de l'art et de muséologie dans le cursus de formation des enseignants à l'ENS et dans les deux Écoles Normales d'Instituteurs que compte le pays (ENI de Brazzaville et d'Owando), cette formation viserait à donner aux enseignants une éducation au musée, une manière de les préparer à mieux assurer le relais entre l'école et les musées ou toutes autres structures relevant du patrimoine national ;

- Transformer le mausolée Marien Ngouabi en Musée National d'Histoire Politique du Congo, il permettrait de garder toute l'histoire politique congolaise pleine de renseignements aussi bien pour les nationaux que pour les étrangers. Ce futur musée aurait pour tâche de prévenir les passions politique et ethnique ; il servirait de lieu de réconciliation de toute la classe politique nationale. Par ailleurs, un tel projet peut aussi permettre de réécrire l'histoire politique du Congo qui a été, pendant longtemps, tronquée ;

- Création des départements d'histoire de l'art et de muséologie à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines. Ce qui ne sera qu'une concrétisation car le projet fut adopté par le gouvernement congolais depuis plus de huit ans. Le manque d'enseignants freina sa réalisation

- Créer dans chaque région un musée régional de telle façon que les objets restent dans leur terroir sans être coupés de leurs racines, de leur contexte, ainsi garderont-ils leur originalité. Par ailleurs, la participation des communautés locales pourra être effective. Chaque musée régional devra avoir un service culturel et un conservateur à sa tête ;

- Création des galeries culturelles dans toutes les écoles congolaises à partir d'une opération Une école, une galerie ; les galeries joueront le rôle des musées dans les localités où il n'y a pas de musée. Dans un souci d'efficacité, l'expérience débutera par une phase expérimentale dans des écoles à désigner en fonction des critères qui seront définis ;

- Création d'un Institut d'art et d'artisanat qui aura pour rôle, non seulement de donner des enseignements, mais aussi, de se livrer à des recherches sur l'artisanat dans l'ensemble du pays. L'Institut présenterait, en permanence, des expositions de ses fabrications : habitat, tissage, nattes, instruments de musique, poterie etc. En outre, il assurerait le lien entre la technologie nouvelle et l'artisanat traditionnel.

Conclusion

Notre réflexion paraîtra ambitieuse et utopique, aux yeux de nombreux compatriotes. Elle s'explique non seulement du fait de l'enlisement du système éducatif congolais, mais aussi à cause du désintéressement à la culture nationale du grand public. Ce travail se veut une revalorisation des métiers d'artistes et d'artisanat au Congo. Dès lors, une politique s'impose, en vue de créer un contexte culturel favorable à la réalisation optimale de ce projet. C'est tout le sens de nos suggestions. Tout le grand public congolais devrait, ainsi, prendre conscience de la nécessité d'une identité culturelle nationale. C'est le fondement de toute société qui se veut responsable de son avenir.

Il faut, cependant, dire que nos idées ne sont pas originales. Nous nous sommes inspiré des expériences du musée du Louvre et d'autres musées de la ville de Paris. Ces musées, en effet, ont une expérience fort inspiratrice. C'est ainsi que la politique d'action culturelle proposée est toute proche de celle de ces musées. Toutefois, les contextes congolais et français n'étant pas les mêmes, il sera question d'une adaptation qui tienne compte des moyens et des réalités du milieu. C'est dans cette mesure que les gouvernants et tous les citoyens du pays sont interpellés. Il est question de financer ce projet afin de le voir se réaliser.

De même, les associations et les organisations non gouvernementales, nationales et internationales, peuvent apporter leur secours à l'école et au patrimoine culturel congolais. A ce niveau, il serait aussi question d'une collaboration avec d'autres États pour une coopération culturelle. De cette façon, le jeune écolier s'inspirerait des cultures qui viennent d'ailleurs et qui complèteront sa culture locale.

Il y a, en effet, des raisons de croire et d'espérer que ce mariage entre l'école et le musée apporte des nouveautés à ces deux institutions. Qu'il entraînera surtout une amélioration en milieu scolaire qui est, pour tout pays, le lieu de formation de la main habile. Celle-ci est fort indispensable dans la construction d'une société nouvelle.

Avec un peu de volonté et de persévérance, on parlerait d'un début de développement du système éducatif congolais, et partant, de toute la société. La contribution du patrimoine culturel est une solution partielle et nécessaire à un problème qui est social.

Cependant, pour une réalisation effective de ce projet, il serait prudent de prévoir des garde-fous, afin d'éviter toute récupération politicienne de la question. Cette prudence est d'autant plus importante à un moment où les communnautés linguistiques, dans beaucoup de pays, veulent chacune s'affirmer de peur d'être écrasées les unes par les autres. Le travail du professionnel consisterait, à juste titre, de mettre un pont entre elles en vue d'une culture nationale. Celle-ci s'apprendra sur le banc de l'école.

Résumé.

Orientation Bibligraphique

Ouvrages, Conférences et Actes de colloques

Actes des 13ès journées Internationales sur la communication, l'éducation et la culture scientifiques et industrielles 1991: Ecole et Médias face aux défis de l'environnement, Centre Jean FRANCO CHAMONIX 29, 30 et 31 Janv. 1991, Editeurs A.GIORDAN, J.-L. MARTINANDA et C. SOUCHON.

BAYONA-BA-MEYA (CICIBA, sous la direction ) (1989) Facteurs culturels et projets de développement rural en Afrique centrale. Points de repère, Editions L'Harmattan, Paris.

BELLEGO, J.-Y. (1989) Vaincre l'échec scolaire et professionnelle, Editions Album Ellébore, Paris.

BERGER et al. (1993) Esprit d'entreprise, cultures et sociétés. Maxima.

CHAUDRON, M. (sous la direction), (1996) L'accueil des scolaires au musée du Louvre. Une enquête auprès des enseignant(e)s, Rapport de recherche pour le service culturel du musée du Louvre.

CHATELAIN, J. (1993) Droit et administration des musées, Documentation française, Paris.

CHERBUY, C. (sous la direction) (1994) Tourisme et culture, CAHIERS ESPACES 37 AFI, Paris.

CONSEIL NATIONAL DU TOURISME, (Session 1994) Economie touristique et patrimoine culturel, Paris.

COPEFERMANN, E. (1968) Problèmes de la jeunesse, Editions Maspero, Paris.

DAVIDSON, B. (1971) Les Africains. Introduction à l'histoire d'une culture, Editions du Seuil, Paris.

DELANGE, J. (1967) Arts et peuples de L'Afrique noire : Introduction à l'analyse des créations plastiques, Gallimard, Paris.

DRUON, M. (de l'Académie française) (1985) La culture et l'Etat, Paris.

FEAU, E. et JOUBERT, H. (1996) L'Art africain, Editions Scala, Paris.

GALARD, J. « Les lieux du partage du savoir : musée, université, média »( Conférence prononcée le 23 février 1995) in Actes 2 1996 Université SENGHOR Alexandrie d'Egypte.

GOBARD, H. (1979) La guerre culturelle : logique du désastre, Editions Copernic, Paris.

GOMBRICH, E. (1986) Histoire de l'Art, Flammarion, Paris.

GOTTESDIENER, H. (sous la direction) Freins et motivations à la visite dans les musées, Ministère de la Culture, Département des Etudes de la Prospective.

ICOM (1992) Quels musées pour l'Afrique? Patrimoine en devenir, actes du colloque Benin, Ghana,Togo,1991, ICOM 1992, Paris.

ITOUA, F., TETTEKPOE; TRAORE, A. et al. (1988) Famille, enfant et développement en Afrique, Unesco, Paris.

KABOU, A. (1991) Et si l'Afrique refusait le développement? Editions L'Harmattan, Paris.

KELLERMANN, L. (1992) La dimension culturelle du développement. Bibliographie sélective et annotée 1985-1990, Editions L'Harmattan, Unesco, Paris.

KERCHACHE, J. PAUDRAT, J.-L. et STEPHAN, L.(1988) L' Art africain, Citadelles et Mazedo, Paris.

KI-ZERBO, J. (1984) Eduquer ou périr, Présence Africaine, Paris.

LAUDE, J. (1988) Les Arts de l'Afrique noire, Sté Nouvelle des Editions du Chêne.

LEIRIS, M. (1994) « Au-delà du regard », entretien sur l'art africain par Paul LEBEER, Editions Sainte-Opportune, Bruxelles.

LETHEL, E. (1987) Arts primitifs : Les Iles du Pacifique. L'Afrique .Les Amériques

Librairie GRUND pour l'adaptation française, Paris.

LIMBOS, E. (1971) L'animateur socio-culturel, Editions Fleureus, Paris.

M'BOKOLO ELIKIA (1992) Afrique noire. Histoire et civilisations, Editions Hatier, TomeII, Paris.

Ministère de l'Education, (1977) Le musée et l'école , Paris.

« Musée et éducation », Actes du séminaire, Guadalajara, Jalisco, Mexico 3-7 mars 1986, Rapport final.

NANTET, B. (1992) Afrique. Les mots clés, Bordas, Paris.

NDIAYE, F.(1995) De l'Art d'Afrique à l'Art moderne, Editions Sépia,Paris.

OBENGA, Th. (sous la direction) (1989) Les peuples Bantu migrations, expansion et Identité culturelle, actes ducolloque international CICIBA Libreville 1-6 Avril 1985 Tome II, L'Harman, Paris.

POISSON, G. (1976) Les musées de France, PUF, collection Que sais-je? 3è édition, Paris.

RIBOULET, L. (1958) Manuel de pédagogie générale à l'usage des écoles normales et de tous les éducateurs, Librairie Catholique Emmanuel VITTE, 5è édition, Paris.

ROY, J.-R. (1993) Mondialisation et Culture, Editions Hurtubise HMH Ltée, Québec.

SENGHOR, L. S. (de l'Académie française) (1988) Ce que je crois, Editions Grasset et Fasquell, Paris.

SIKOUNMO H. (1992) L'école du sous-développement. Gros plan sur l'enseignement secondaire en Afrique, L'Harmattan, Paris.

ULLA KEDINGO (1979) Les musées et les enfants, Unesco, Paris.

VAQUETTE, Ph. (1996) Le Guide de L'éducateur Nature, 43 jeux d'éveil sensoriel

à la nature pour enfants de 5 à12 ans, Nouvelle édition, Paris.

VOGÜE, A. de (1973) L'Orientation, Armand Colin, Paris.

WILLETT, F. (1990) L'Art Africain, Editions Thames et Udson, sarl, Paris.

Journaux et Périodiques

AfriquEducation, bimensuel, février-mars 1995.

AFRIQUE GOLFE Magazine n°7, juillet-août 1996.

Archéologia n°319, janvier 1996.

Art tribal, hiver 1995-1996.

Beaux-Arts février 1996.

Cahiers Pédagogiques n° 331, février 1995.

Chronique PREMA 1990-2000 n°5 1995, ICCROM Rome.

Connaissance des Arts n°526, mars1996, Paris.

Croissance n°395, juillet-août1996.

DIAGONALES n°34, Mai 1995, « Cultures et Identités Nationales», Paris. 

Diaspora Africaine (Tribune panafricaine des Peuples Noirs) n°9 Actes des 2ès Assises Culturelles Panafricaines.

Guide pratique de la décennie mondiale du Développement Culturel 1988-1997, Unesco, 1987-1988, Paris.

Jeune Afrique Economie n°225, 16 septembre 1996.

Journal des Arts, janvier 1996.

LES ARTS AFRICAINS, Catalogues de l'exposition, organisée et présentée par l'Association Les Amis de L'Art et les Jeunesses artistiques, Paris, Juin -Juillet 1955.

Le Figaro 20 et 23 février 1996, Paris.

Le Quotidien du tourisme, juin 1996, Paris.

Libération 14 février 1996, Paris.

L'observateur de l'OCDE n°199, mai-juin 1996.

Museum n°174, Unesco, 1996, Paris.

Nouvelles de L'ICOM, Education au Musée, n°2 Vol. 47 ,1994.

WAMP (bulletin) n°1, 1990; n°2,1991; n°3 , 1992; n°5, 1994.

Orientation Bibliographique

Ouvrages, Conférences et Actes de colloques

Actes des 13ès journées Internationales sur la communication, l'éducation et la culture scientifiques et industrielles 1991: Ecole et Médias face aux défis de l'environnement, Centre Jean FRANCO CHAMONIX 29, 30 et 31 Janv. 1991, Editeurs A.GIORDAN, J.-L. MARTINANDA et C. SOUCHON.

BAYONA-BA-MEYA (CICIBA, sous la direction) (1989) Facteurs culturels et projets de développement rural en Afrique centrale. Points de repère, Editions L'Harmattan, Paris.

BELLEGO, J.-Y. (1989) Vaincre l'échec scolaire et professionnelle, Editions Album Ellébore, Paris.

BERGER et al. (1993) Esprit d'entreprise, cultures et sociétés. Maxima.

CHAUDRON, M. (sous la direction), (1996) L'accueil des scolaires au musée du Louvre. Une enquête auprès des enseignant(e)s, Rapport de recherche pour le service culturel du musée du Louvre.

CHATELAIN, J. (1993) Droit et administration des musées, Documentation française, Paris.

CHERBUY, C. (sous la direction) (1994) Tourisme et culture, CAHIERS ESPACES 37 AFI, Paris.

CONSEIL NATIONAL DU TOURISME, (Session 1994) Economie touristique et patrimoine culturel, Paris.

COPEFERMANN, E. (1968) Problèmes de la jeunesse, Editions Maspero, Paris.

DAVIDSON, B. (1971) Les Africains. Introduction à l'histoire d'une culture, Editions du Seuil, Paris.

DELANGE, J. (1967) Arts et peuples de L'Afrique noire : Introduction à l'analyse des créations plastiques, Gallimard, Paris.

DRUON, M. (de l'Académie française) (1985) La culture et l'Etat, Paris.

FEAU, E. et JOUBERT, H. (1996) L'Art africain, Editions Scala, Paris.

GALARD, J. « Les lieux du partage du savoir : musée, université, média » (Conférence prononcée le 23 février 1995) in Actes 2 1996 Université SENGHOR Alexandrie d'Egypte.

GOBARD, H. (1979) La guerre culturelle : logique du désastre, Editions Copernic, Paris.

GOMBRICH, E. (1986) Histoire de l'Art, Flammarion, Paris.

GOTTESDIENER, H. (sous la direction) Freins et motivations à la visite dans les musées, Ministère de la Culture, Département des Etudes de la Prospective.

ICOM (1992) Quels musées pour l'Afrique? Patrimoine en devenir, actes du colloque Bénin, Ghana, Togo, 1991, ICOM 1992, Paris.

ITOUA, F., TETTEKPOE; TRAORE, A. et al. (1988) Famille, enfant et développement en Afrique, Unesco, Paris.

KABOU, A. (1991) Et si l'Afrique refusait le développement? Editions L'Harmattan, Paris.

KELLERMANN, L. (1992) La dimension culturelle du développement. Bibliographie sélective et annotée 1985-1990, Editions L'Harmattan, Unesco, Paris.

KERCHACHE, J. PAUDRAT, J.-L. et STEPHAN, L.(1988) L' Art africain, Citadelles et Mazedo, Paris.

KI-ZERBO, J. (1984) Eduquer ou périr, Présence Africaine, Paris.

LAUDE, J. (1988) Les Arts de l'Afrique noire, Sté Nouvelle des Editions du Chêne.

LEIRIS, M. (1994) « Au-delà du regard », entretien sur l'art africain par Paul LEBEER, Editions Sainte-Opportune, Bruxelles.

LETHEL, E. (1987) Arts primitifs : Les Iles du Pacifique. L'Afrique .Les Amériques

Librairie GRUND pour l'adaptation française, Paris.

LIMBOS, E. (1971) L'animateur socioculturel, Editions Fleureus, Paris.

M'BOKOLO ELIKIA (1992) Afrique noire. Histoire et civilisations, Editions Hatier, TomeII, Paris.

Ministère de l'Education, (1977) Le musée et l'école, Paris.

« Musée et éducation », Actes du séminaire, Guadalajara, Jalisco, Mexico 3-7 mars 1986, Rapport final.

NANTET, B. (1992) Afrique. Les mots clés, Bordas, Paris.

NDIAYE, F.(1995) De l'Art d'Afrique à l'Art moderne, Editions Sépia,Paris.

OBENGA, Th. (sous la direction) (1989) Les peuples Bantu migrations, expansion et Identité culturelle, actes du colloque international CICIBA Libreville 1-6 Avril 1985 Tome II, L'Harmatan, Paris.

POISSON, G. (1976) Les musées de France, PUF, collection Que sais-je? 3è édition, Paris.

RIBOULET, L. (1958) Manuel de pédagogie générale à l'usage des écoles normales et de tous les éducateurs, Librairie Catholique Emmanuel VITTE, 5è édition, Paris.

ROY, J.-R. (1993) Mondialisation et Culture, Editions Hurtubise HMH Ltée, Québec.

SENGHOR, L. S. (de l'Académie française) (1988) Ce que je crois, Editions Grasset et Fasquell, Paris.

SIKOUNMO H. (1992) L'école du sous-développement. Gros plan sur l'enseignement secondaire en Afrique, L'Harmattan, Paris.

ULLA KEDINGO (1979) Les musées et les enfants, Unesco, Paris.

VAQUETTE, Ph. (1996) Le Guide de L'éducateur Nature, 43 jeux d'éveil sensoriel

à la nature pour enfants de 5 à12 ans, Nouvelle édition, Paris.

VOGÜE, A. de (1973) L'Orientation, Armand Colin, Paris.

WILLETT, F. (1990) L'Art Africain, Editions Thames et Udson, sarl, Paris.

Journaux et Périodiques

AfriquEducation, bimensuel, février-mars 1995.

AFRIQUE GOLFE Magazine n°7, juillet-août 1996.

Archéologia n°319, janvier 1996.

Art tribal, hiver 1995-1996.

Beaux-Arts février 1996.

Cahiers Pédagogiques n° 331, février 1995.

Chronique PREMA 1990-2000 n°5 1995, ICCROM Rome.

Connaissance des Arts n°526, mars1996, Paris.

Croissance n°395, juillet-août1996.

DIAGONALES n°34, Mai 1995, « Cultures et Identités Nationales», Paris. 

Diaspora Africaine (Tribune panafricaine des Peuples Noirs) n°9 Actes des 2ès Assises Culturelles Panafricaines.

Guide pratique de la décennie mondiale du Développement Culturel 1988-1997, Unesco, 1987-1988, Paris.

Jeune Afrique Economie n°225, 16 septembre 1996.

Journal des Arts, janvier 1996.

LES ARTS AFRICAINS , Catalogues de l'exposition, organisée et présentée par l'Association Les Amis de L'Art et les Jeunesses artistiques, Paris, Juin -Juillet 1955.

Le Figaro 20 et 23 février 1996, Paris.

Le Quotidien du tourisme, juin 1996, Paris.

Libération 14 février 1996, Paris.

L'observateur de l'OCDE n°199, mai-juin 1996.

Museum n°174, Unesco,1996, Paris.

Nouvelles de L'ICOM, Education au Musée, n°2 Vol. 47 ,1994.

WAMP (bulletin) n°1, 1990; n°2,1991; n°3 , 1992; n°5, 1994.

* 1Riche P. Les fantômes de la Mondialisation in : Libération du mois de mars 1996.

* 2 Lewis S. Les principes de la coopération culturelle in : Etudes et documents d'information, n°61, Unesco, 1972, p. 9.

* 3 Hasan A. et Wagner A. "L'école de demain" in : L'observateur de l'OCDE n°199 avril mai 1996, p. 6.

* 4 Lévi-Strauss cité par Sylvain Djache Nzefa in : Les chefferies Bamiléké dans l'enfer du modernisme...Une chefferie de demain, 1994, Paris, p. 119.

* 5 Yekpon G. Th. Le partage du patrimoine culturel national et les perspectives de participation des structures éducatives: le cas du Bénin, Mémoire de fin d'études présenté dans le cadre des études menant au Diplôme d'Etudes Professionnelles Approfondies (DEPA), soutenu le 22 Février 1995 à l'Université SENGHOR d'Egypte, p. 10.

* 6 Kiéthéga J. B. "Patrimoine et culture contemporaine, l'évolution du concept et collections", in : Quels Musées pour lAfrique? Patrimoine en devenir, actes du colloque tenu au Bénin, Ghana, Togo, en 1991, Icom, 1992, Paris, p. 284.

* 7 Owono Nguema F. in : Inventaire des activités, ressources et infrastructures des pays membres de l'Acct, Acct, Paris, 1983, p. 80.

* 8 Druon M. (de l'Académie francaise) La culture et l'Etat, 1985, Paris, p. 9.

* 9 La Grande Encyclopédie cité par Feau E. et Joubert H. in : L'art africain , 1996, Editions Scala, Paris, p. 8.

* 10Laude J. Les arts de l'Afrique noire, 1988, Sté Nle des Editions du Chêne, p. 8.

* 11 Baudelaire Ch. cité par Laude J. op. cit. p 16.

* 12 Jomard cité par Laude J. op. cit. ibid.

* 13 Andree R. cité par Laude J. op. cit. p. p. 16-17.

* 14 Bastian A. cité par Laude J. op. cit. ibid .

* 15 Joséphine Baker, artiste de music-hall française d'origine américaine ( Saint Louis 1906 Paris 1975). Elle fut découverte en 1925 à Paris, elle connut la renommée comme chanteuse, danseuse, actrice de cinéma et animatrice de revues.

* 16 Mission Dakar - Djibouti fut ethnographique et linguistique. Une loi, du 31 mars 1931 du Parlement français, votée à l'unanimité, porta sa création. Elle se fixa pour objectif des enquêtes de terrain ( en Afrique) de l'ethnologie française, en même temps qu'elle clôt celles des grandes Nations colonisatrices d'Europe occidentale avant la Première Guerre Mondiale. Parmi les membres de la Mission, on peut citer, entre autres, Marcel Griaule et Michel Leiris.

* 17 Sédar Senghor L. Ce que je crois, 1988, Editions Grasset , Paris, p. 222.

* 18 Féau E. et Joubert H., op. cit., p. 21.

* 19 Féau E. et Joubert H., op. cit. p. 122.

* 20 Savané Yaya Musée et Patrimoine en Afrique in Bulletin Wamp, 1991, n° 2, p. 3.

* 21 Léonard de Vinci, peintre, sculpteur, architecte, ingénieur et savant italien. Il vécut surtout à Florence et à Milan, avant de partir pour la France, en 1516, à l'invitation de François 1er. Il est célèbre comme peintre, auteur de la Joconde et d'autres oeuvres que l'on trouve au Musée du Louvre. Initiateur de la seconde Renaissance, il s'intéressa à toutes les branches de l'art et de la science.

* 22 Paul Gauguin, peintre français (1848-1903). Issu de l'impressionnisme, il réagit contre celui-ci en procédant par des larges aplats de couleur sur un dessin également résumé.Il voulut aussi, en symboliste, conférer à ses tableaux un sens d'ordre spirituel. Il a fortement influencé les nabis et les fauves.

* 23 Kiéthéga J. -B. op. cit. ibid.

* 24 Kiethéga J. -B. op. cit. p. 366.

* 25 Guichen de G., cité par Anne -Marie Romero in : Figaro du mardi 31 décembre 1996, p.

* 26 Kouloufoua J. G. J. Patrimoine en danger : le cas du Congo, p. 1, inédit.

* 27 Le Lingala et le Munukutuba ( kituba ou kikongo) sont deux langues décrétées nationales au Congo, elles sont parlées et comprises par une majorité de congolais, citadins notamment. Elles sont parlées à la radio et à la télévision nationales.

* 28 Koulofoua J. G. J. Patrimoine en danger : le cas du Congo, communication faite à Kinshasa, lors des ateliers organisés par l'Icom, sur Le trafic illicite des biens culturels en Afrique centrale, du 26 au 29 Juin 1996.

* 29 Kouloufoua J. G. J. Le nouveau rôle pour le Musée National du Congo : Protection, Sauvegarde et Mise en valeur du patrimoine culturel, Mémoire de fin d'études pour l'obtention du Diplôme Professionnel d'Etudes Approfondies (DEPA), présenté le 28 février 1994, à l'Université Senghor, Alexandrie d'Egypte, p. 21.

* 30 Riboulet L. Manuel de Pédagogie à l'usage des Ecoles Normales et de tous les Educateurs, 1958, Librairie Catholique Emmanuel Vitte, 5è éditoin, Paris, p. 5.

* 31 Riboulet L. op. cit. p. 6.

* 32 Brunetière, cité par Riboulet L. op. cit. p. 7.

* 33 Matanga D. Des langues face à face in : Diagonales n° 34, mai 1995, p. 77

* 34 Ki-Zerbo J. Eduquer ou Périr, 1984, Présence Africaine, Paris, p. 77.

* 35 Peau noire et masques blancs titre d'un ouvrage de Frantz Fanon, psychiatre et sociologue français né à Fort-de-France, ses écrits constituent un plaidoyer passionné contre le colonialisme.

* 36 Protoyerides, M. « Action expérimentale entre janvier 1994 et avril 1995 », 1996, Louvre, p. 6.

* 37 0p. cit. p-p 9-10. n

* 38 Vermeer de Delft (1632-1675) il a été longtemps oublié, il est considéré comme l'un des plus grands peintres du XVIIès. Son oeuvre est peu abondante. Son goût pour l'essence silencieuse des choses est servi par la rigueur d'une technique aussi subtile dans les jeux de la lumière et de l'espace que dans le rendu des matières et les accords chromatiques.

* 39 Faublée, E. En sortant de l'école... musée et patrimoine , 1992, Hachette, Paris, p. p. 8-9

* 40Faublée, E. ibid.

* 41Faublée, E. ibid.

* 42 Temple d'Athéna Parthénos, bâti à l'initiative de Périclès, au Vè s. av. J. C.,sur L'Acropole d'Athènespar Phidias, qui, assisté de nombreux artistes, dont les artistes Ictinos et Callicratès, en assumala riche décoration sculptée (frise des Panathénées ). Cetemple périptère, en mabre pentélique, représente la perfection et l'équilibre de l'ordre dorique.

* 43 Textes et documents TDC pour la classe n°664 du 15 au 30 Nov. 1993.

* 44 Chaudron, M. Enquête auprès des enseignants: Rapport de recherche pour le service culturel du musée du Louvre en 1994-1995 p. 9

* 45 ZEP : Zone d'Éducation Prioritaire, ce sont des établissements, ainsi classés, qui travaillent avec les musées en France.

* 46 Bulletin de liaison (Société des Amisdu MNATP) n°18 mars 1995 p. 25.

* 47Bulletin de liaison Op. cit. p. 27.

* 48 ATP, idées-éléments, notes sur l'exposition Temporaire: Objets des mains objets des rêves ( du 24 juin au 1er sept. 1996).

* 49 Bulletin de liaison (Socité des Amis du MNATP) n° 18 mars 1995 p.26.

* 50 Bible , proverbe 4, 20-22 Ancien Testament.

* 51 Source : Marchés tropicaux et méditerranéens n°2229 du 4 octobre 1996, p. 2123.

* 52 Girard A. Développement culturel, 1982, Paris.

* 53 Mucchielli A., L'identité 1986, PUF, Paris, p. 28.

* 54ITOUA F., Tettkpo et al. Famille, Enfant et Développement en Afrique, 1988, Unesco, Paris, , p. 27.

* 55 Senghor L. S., op. cit., p. 139.

* 56 Gobard H., La Guerre Culturelle 1979, Copernic, Paris, p. 14.

* 57 Giodan H. Les identités Culturelles in : Diagonales n°34, mai 1995, p. 14.

* 58 Cité par Roy J.-L. in Mondialisation Développement et Culture, Edition Hurtubise H. M. p. 19.

* 59 Vendredisme vient de Vendredi , le Noir, personnage du roman de Daniel Defoe , La vie et les Etranges Aventures de Robinson Crusoe (1719), inspiré par l'histoire réelle d'un marin écossais, Alexander Selkirk, abandonné pendant cinq ans sur une des îles Juan Fernandez. Robinson, naufragé sur une île déserte, vivra vingt-huit ans dans un bonheur relatif avant de rencontrer le Noir Vendredi qui le suivra lorsqu'il regagnera sa patrie. cité par KABOU A. in : Et si l'Afrique refusait le développement? 1988, Editions l'Hamattan, Paris. p.32.

* 60 Lopes H. Discours prononcé à la séance inaugurale des États généraux de la Francophonie scientifique, à Paris en Sorbonne le 17 février 1995.

* 61 Senghor L. S. op. cit. p. 173.

* 62 Wamp Bulletin n°2 1991, p. 3.

* 63N'Kanza Lutayi "Apport des musées dans le développement national"in : La chronique PREMA n°5, 1995 p 9.

* 64 N'Kanza Lutayi ibid.

* 65 Faublée E., op. cit. p. 8.

* 66 Caillet E. et Coppey O. Extrait d'un entretien réalisé avec Denis Guedy in : Lettre des Musées décembre 1991 cité par Faublée E., op. cit. p. 104.

* 67 Madondo Tarsayi W. "Expositions itinérantes et utilisation des langues nationales."in : Icom, Quels musées pour l'Afrique? Patrimoine en devenir, actes du colloque Bénin, Ghana, Togo, 1991, Icom, 1992, Paris, p.332.

* 68 Enquête sur le public et l'art moderne, Toronto, 1969, Muséum 3/4.

* 69 Van-Praët M. et Poucet B. "Les musées lieux de contre-éducation et de partenariat avec l'école", in : Éducation et Pédagogies: Des élèves au musée n° 16 1992 Revue du Ciep (Centre International d'Etudes Pédagogiques), p. 23.

* 70 Exposition itinérante des artisans de la récupération et du recyclage qui a eu lieu au Centre de Promotion Artisanale de Cotonou du 14 décembre 1994 au 10 février 1995.

* 71 Megbemado H. Contribution à la sauvegarde du patrimoine oral en République du Bénin, Mémoire de fin de formation dans le cadre des études menant au Diplôme d'Etudes Apprfondies, présenté à l'unversitéSenghor d'Alexandrie d'Egypte, le 22 mars 1995 p. p. 25-26.

* 72 Mukala Kadima Nzuji La littérature comparée et l'identité culturelle des peuples de langues bantu in Obenga Th.(sous la direction) Les Peuples Bantu. Migrations expansion et identité culturelle , tome II, 1989, L'Harmattan, Paris, p. 357.

* 73 GALARD J. Les lieux du partage du savoir : musée, université, média, conférence prononcée le 23 février 1995 à l'université Senghor Alexandrie d'Égypte, p. 62.

* 74 Goys B. Nouvelles de l'Icom n°2 vol. 2 p. 3.

* 75 Source : Marchés Tropicaux et Méditerranéens n°2657, du vendredi 11 octobre 1996, p. 2183.

* 76 Raven P. La biodiversité, 1992, Pnue, p. 5.

* 77 Jean-Paul II, Discours à l'Unesco, cité par Druon M. op. cit. p. 10.

* 78 Caron R. L'État et la culture, 1989, Editions ECONOMICA, , Paris, p. 10.

* 79 Dandou Bibimbou A. Préface au document produit après l'exposition sur Les sociétés traditionnelles dans la région de la cuvette congolaise, Pouvoirs, 1991, Centre Culturel Français de Brazzaville, p. 5.

* 80 YEKPON G. Th. : .op. cit. p. 98.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo