UNIVERSITE SENGHOR
Université internationale de Langue Française au
Service du Développement Africain à Alexandrie
d'Égypte.
Département gestion du Patrimoine
Culturel
Mémoire de fin d'Études
Professionnelles Approfondies
SUJET DU MEMOIRE
Contribution du Patrimoine Culturel au
Développement du Système Éducatif de la République
du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée.
Présenté et soutenu
par
Samuel KIDIBA
Le 22 Janvier
1997
Promotion
1995-1997
JURY :
Président : Professeur Jean GALARD,
chef de service culturel du musée du Louvre, Paris
Membres :- Mme Caroline GAULTIER,
directeur du département Gestion du Patrimoine Culturel de
l'Université Senghor, Alexandrie d'Égypte.
-Professeur André COURTMANCHE,
directeur du département Administration Gestion de
l'Université Senghor, Alexandrie d'Égypte
TABLE DES MATIÈRES
Pages
DÉDICACE .... I
REMERCIEMENTS .... II
LISTE DES FIGURES IV
AVANT-PROPOS .... V
TABLE DES MATIÈRES VII
INTRODUCTION .... 1
Chapitre I. Contexte du Problème ....
5
A. Approche historique du patrimoine dans le
contexte africain .... 5
1. La définition du patrimoine .... 5
2. La conception de l'art africain en Occident.
.... 7
3. Le patrimoine africain dans les collections
françaises .... 11
4. Le rayonnement des Musées africains
.... 13
5. La notion du patrimoine telle qu'elle est
vécue en Afrique .... 15
5.1. Le patrimoine culturel et les changements
sociopolitiques en Afrique .... 16
5.2. Les textes juridiques régissant
le patrimoine en Afrique .... 17
B. Le cadre du patrimoine culturel
au Congo ... 19
1. Présentation historique et géographique de
la République du Congo 19
1.1. Présentation
géographique 19
1.2. Présentation historique 23
2. Les institutions du patrimoine culturel au
Congo . 25
3. Cas particulier des musées . 28
C. Rapports entre institutions
scolaires et patrimoine culturel au Congo 31
1. L'absence d'une politique culturelle ..
31
2. L'enfant congolais entre sa culture et
l'école .. 33
Chapitre II. Création d'une dynamique
École Musée 35
A. Politique d'une action éducative dans
des musées français 35
1. L'expérience pratique du service
culturel du musée du Louvre 35
1.1. La médiathèque 35
1.2. Les ateliers 36
1.3. Les visites-coférences 39
1.4. Les contes 41
1.5. Les rapports entre le musée et
la bibliothèque 42
1.6. Le musée et la
communauté 43
1.7. Le point de vue des enseignants 45
2. Les expériences pratiques d'autres
institutions 48
2.1. Le Musée national d'arts africains et
océaniens 49
2.1.1. Entretien avec Phlippe Garcia de la Rosa
49
2.1.2. Les ateliers 50
2.2. Le Musée national des arts
traditionnels et populaires 53
2.2.1 Présentation et vocation du MNTAP
53
2.2.2 Activités culturelles en direction
des enfants et adolescents 54
2.3. Le Musée d'Orsay 56
2.3.1 Les visites animées par des
conférenciers 56
2.3.2 Les visites libres 57
2.3.3 Les journées inter
musées 57
2.3.4 La musique 58
2.3.5 Les conférences pour
lycéens 58
2.3.6 La formation des enseignants 58
2.4. La Fondation Dapper 59
B. Pour une politique culturelle en milieu
scolaire congolais. 61
1. La Valorisation de l'identité
culturelle congolaise 62
2.Le rôle de l'identité culturelle dans une
société en mutation socioéconomique 64
3. Le musée, miroir du patrimoine
culturel 67
4. Pour une action culturelle en milieu
scolaire congolais 68
4.1. L'enseignement des arts et de
l'artisanat au musée 68
4.1.1 Les ateliers pédagogiques
70
4.1.2. Le musée, lieu de formation
continue. 76
4.1. 3 Les expositions temporaires 76
4.2 Les mass média et leur rôle dans
la promotion du patrimoine culturel 80
4.3. Le rôle de l'État 81
4.4. Les mouvements associatifs. 84
Chapitre III. Perspectives et suggestions
86
1. À court terme 86
2. À moyen terme 88
3. À long terme 89
CONCLUSION GÉNÉRALE 92
ABRÉVIATIONS ET SIGLES
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
Introduction
A mesure que le temps passe, l'environnement et la vie de
l'homme, sur terre, sont de plus en plus soumis à des changements
techniques et technologiques. Le progrès et les nouvelles technologies
de pointe ont accéléré ce processus. Le coût des
transports amoindris a permis une grande mobilité des individus, le
contact multiforme entre les habitants du globe. De même, les changements
commerciaux se sont accrus.
A partir de la fin des années 80, plusieurs entreprises
ont vu les barrières frontalières voler en éclats. Quatre
événements expliquent ce phénomène :
l'écroulement de l'empire rouge (l'URSS) et du
communisme a conduit des milliards des terriens vers l'économie de
marché ; la libération totale des mouvements de capitaux et
le décloisonnement des marchés ont renforcé la puissance
et l'agilité de l'argent ; les accords du GATT (General Agreement
on Tarifs and Trade ou Accord général sur le Commerce, devenu
aujourd'hui OMC : Organisation Mondial du Commerce) ont
considérablement réduit beaucoup de barrières commerciales
et accéléré les échanges ; enfin, la
révolution des technologies de l'information a rendu plus facile et
aisée la communication entre les entreprises. Ainsi, d'un bout à
l'autre de la Terre, on peut interroger une banque de données
grâce au réseau des réseaux : l'Internet. Ce
nouveau phénomène, dû à ces quatre
événements, s'appelle la Mondialisation.
Selon Pascal Riche, « bien de
libéraux pensent que le nouveau modèle de développement
adapté à la mondialisation serait le modèle anglo-saxon du
laisser-faire, reposant sur un État minimum, des salaires
flexibles et un marché de travail souple »1(*) .
En conséquence, cet essor vertigineux
des technologies de pointe risque d'entraîner la destruction, voire la
dégradation de certaines cultures et de certaines identités.
Autrement dit, cette uniformisation du monde pousse les gens au
désintéressement de leurs propres activités culturelles.
Le Tiers-monde, quant à lui, pris dans cet engrenage de l'essor
technologique et de la suprématie culturelle du Nord, se perd
de plus en plus dans son identité culturelle menacée de plus
belle. Il reste en marge de presque toutes ces innovations. Toutefois,
«...les pays du Tiers-monde doivent parvenir à incorporer, à
leur patrimoine culturel, les méthodes et techniques modernes, de telle
manière que ni la liberté, ni la justice, ni la dignité de
l'homme n'aient à en souffrir »2(*), affirme Sulwin Lewis. En d'autres
termes, la notion de développement a pris un autre sens. Il devrait,
dès lors, prendre en considération, non seulement la force
humaine, mais aussi l'identité culturelle qui est le fondement de la
vision du monde de toute société.
En effet, les technologies nouvelles, prenant d'assaut les
pays du Tiers-monde, et africains en particulier, érodent les valeurs
culturelles desdits pays. Et la conséquence immédiate, c'est que
la richesse en biens matériels prend le pas sur des valeurs humaines,
culturelles et morales. En d'autres termes, le
sous-développement rime avec la tradition, et le
développement est synonyme de possession des biens
matériels. C'est l'idée de la toute puissante culture
occidentale qui met l'accent sur l'importance des biens matériels, dans
la recherche du bien-vivre. Aujourd'hui, de nombreux pays
développés souffrent aussi de cet état de choses.
Dans beaucoup de pays, notamment ceux du Tiers-monde, les
difficultés de compréhension, entre différentes
générations, tendent à devenir un abîme à
cause, justement, des mutations socio-économiques dues à
l'urbanisation croissante, l'industrialisation, la bombe
médiatique, et...l'accès plus large à
l'éducation (l'école). Beaucoup de jeunes ont tendance à
divorcer d'avec leur cordon ombilical culturel traditionnel.
Au Congo, le système éducatif a subi les
contrecoups de ces changements. Il est déconnecté, de fond en
comble, de son environnement social qui est lui-même pris dans la furie
du modernisme. C'est ainsi que l'école congolaise n'a aucun
rapport avec les cultures locales, et par conséquent, avec les
institutions culturelles. Une violente et mortelle crise d'identité
culturelle ronge la société congolaise. Du coup, l'école
est décadente.
Cette décadence est expliquée diversement par
les spécialistes, les gouvernants, les enseignants, les parents
d'élèves et les élèves eux-mêmes :
manque de moyens financiers, structures inadaptées, enseignants
incompétents, etc. On évoque peu la dimension culturelle qui
permettrait l'adaptation aux exigences nouvelles du milieu et aux changements
du monde. Pour ce faire, l'école a, dans cette perspective, le devoir
d'aider l'élève à acquérir des savoirs et
compétences de base, «...lui donner la faculté
de s'adapter au changement, et surtout, le goût et la
capacité d'apprendre et de réapprendre tout au long sa
vie »3(*), comme
le disent si bien Abar Hasan et Alan
Wagner.
L'enseignement de l'art et de l'artisanat dans une
institution culturelle comme le musée pourrait, en partie, aider
l'école congolaise à sortir du creux du vase dans lequel elle se
trouve. L'art et l'artisanat donneraient l'occasion à l'enfant congolais
de saisir l'univers magique ou l'imaginaire qui occupe une place importante
dans l'explication de certains phénomènes. C'est en fait, dans
cet univers que l'on peut retrouver la société dans son
intégralité, tant il vrai est qu'il concerne l'Être
lui-même, avec toutes les formes d'interprétations et
d'interrogations philosophiques, métaphysiques. Et
Lévi-Strauss pense que, « l'art
s'insère à mi-chemin entre la connaissance scientifique et la
pensée rituelle ou magico religieuse »4(*). En réalité, cet
enseignement qui viserait l'esprit et la main ou la morale et
le maniement de certains outils, cet enseignement, disons-nous, s'adapterait
aux réalités, aux matériaux locaux (identité
congolaise) et, selon les règles de jeu du milieu. Des activités
pédagogiques traduiront cet enseignement.
En clair, un autre aspect à mettre en évidence,
dans cette corrélation entre le musée (l'art et l'artisanat) et
l'école, est que : bien des objets relatent des faits historiques,
transmettent et traduisent une certaine réalité, une morale. Il
ne s'agirait pas, ici, de faire de l'art pour l'art, ou du narcissisme
artistique et artisanal. Il serait question, plutôt, de montrer les
rapports entre l'art, l'artisanat et la morale de la société
congolaise - nous allions dire africaine - dont la morale scolaire
s'inspirerait. Il serait question de cette manière, de sensibiliser le
jeune écolier à ce que le patrimoine culturel peut jouer comme
rôle dans les deux sociétés : l'école et la vie en
famille. L'institution muséale et l'école travailleraient, pour
cette raison, en collaboration. Il y a lieu aussi de montrer la mesure
importante que peuvent apporter l'art et l'artisanat dans l'orientation
scolaire et professionnelle des élèves au niveau secondaire.
Il s'agirait d'un nouveau regard que l'on porterait sur
l'école, qui aurait pour fondement l'intégration des aspects
socioculturels, et dont le musée sera le partenaire. L'enfant et
l'adolescent pourront se poser ces questions :
- D'où venons-nous?
- Pourquoi sommes-nous ici?
- Que serons-nous demain?
Pendant nos recherches, nous avons procédé par
la méthode d'enquête. Elle a consisté à alller sur
le terrain où nous avons rencontré des personnes-ressources.
Question de savoir ce qui s'est fait ou qui est en train d'être fait sur
les rapports entre l'école et le musée.
Par conséquent, il sera question de traiter, dans un
premier temps, du contexte actuel de l'école et de l'institution
muséale au Congo ; ensuite, suivra la présentation de la
dynamique future entre l'école et le musée. En dernière
instance, viendront les perspectives ou suggestions.
Chapitre I. Contexte du problème
A. Approche historique de la notion du patrimoine dans
le contexte africain
1. Définition du Patrimoine
Il est difficile de vouloir définir de façon
satisfaisante la notion de patrimoine. Ce terme, en effet, se rencontre dans
différents domaines ; de plus, il connaît des changements au fil
du temps. C'est ainsi que, plus on avance dans le temps, plus il devient
difficile de le cerner.
Toutefois, les latins, sous le terme de patrimonium,
le définissent comme l'héritage que l'on tient de son père
et sur lequel on veille pour le transmettre à ses enfants.
Le mot va évoluer et aura un autre sens pendant la
Révolution Française de 1789. En fait, l'Assemblée
Constituante décida de donner à la Nation son "Patrimoine" qui
était jusque-là propriété du clergé. Du
cercle restreint de la famille royale, on arrive à un cadre plus
élargi, le bien public, collectif.
En Italie, le Pape Sixte IV prend conscience
de la grandeur de l'Antiquité Romaine, le 15 décembre 1471, en
rattachant sa Rome à la Rome de l'Antiquité. Il fut
question de reprendre le fil de l'histoire en montrant qu'il pouvait y avoir
une continuité dans la Rome des Papes. Le Pape choisit le Capitole,
siège du sénat, comme lieu devant abriter la donation, des
sculptures romaines en bronze, qu'il fait au peuple romain qui en
serait propriétaire. Rendre ces sculptures au peuple d'où elles
étaient sorties. En tant que collectivité, le peuple de Rome
ne disparaîtra jamais. Par conséquent, cette collection d'oeuvres
d'Art devient une propriété collective qui doit
durer autant que le monde, une perpétuité.
Le Patrimoine est ainsi
considéré, progressivement, comme mémoire, histoire,
monument qui est témoin de la grandeur du peuple auquel il appartient. A
cet effet, le « Patrimoine constitue un lien privilégié
entre passé, présent, avenir et, donc un facteur de
stabilisation »5(*).
L'idée de le protéger va naître. Il y a
une prise de conscience qui consiste à protéger les oeuvres qui
sont menacées au fil des temps. Tout ce que les hommes produisent
devient un héritage à perpétuer, à préserver
et à comprendre. De cette idée de conservation, vont naître
« en Occident, dès la fin du XVIIIème siècle,
les formes de musées que nous connaissons aujourd'hui. On a tué
les dieux et laissé les reliques des cultes anciens, qui sont
collectées, répertoriées, stockées,
sauvegardées. Le déclin de la religion donna au musée de
nouvelles fonctions. Au départ, ces nouveaux musées chantaient la
gloire des hommes illustres. A défaut d'avoir une place au paradis, les
grands de ce monde cherchaient à se pérenniser dans un
musée »6(*).
Le professeur François Owono Nguema
pense que « Le patrimoine culturel d'un peuple s'étend aux
oeuvres de ses artistes, de ses architectes, de ses musiciens, de ses
écrivains, de ses savants, aussi bien qu'aux créations anonymes,
surgies de l'âme populaire, et à l'ensemble des valeurs qui
donnent un sens à la vie »7(*).
Maurice Druon ajoute
qu'« aujourd'hui, la notion de patrimoine culturel, dans son
acception collective moderne, désigne une réalité
abstraite, mais vivante et constante, une réalité qui importe
à l'ensemble du peuple concerné et qui fait partie de son destin.
Il y a un contenu de permanence, donc d'avenir dans cette
conception-là »8(*).
En gros, le patrimoine est un terme évolutif, il sert
à identifier un peuple dans son évolution. Il permet
d'établir le lien entre le passé et le présent d'une
communauté, d'un pays, etc. De cette manière, le patrimoine peut
être considéré comme une attitude mentale un regard face
à un objet, quelle que soit sa nature.
Ainsi, nous avons : le patrimoine monumental (monument,
bâtiment, etc.) ; le patrimoine naturel (forêts, animaux,
montagnes,... ) ; le patrimoine immatériel ( chants, contes, proverbes,
mythes, devinettes, etc. ) ; le patrimoine artistique et artisanal.
Le continent africain a une richesse culturelle,
spécifique en son genre. Il n'a pas produit des grands monuments qui
pouvaient résister au temps. Il faut, cependant, y noter la
présence d'un patrimoine artistique, artisanal, naturel,...
Malgré tout, pendant longtemps, l'Occident a eu une conception
négative de l'art africain.
2. La conception de l'art africain en Occident
« L'art nègre? Connais pas! » a
dit Pablo Picasso en 1920. En effet, peut-on parler d'un art
africain? Ou bien, existe-t-il un art du continent noir? Cette question,
vieille de plusieurs décennies, a fait l'objet de débats dans les
salons d'Art, dans les milieux intellectuels en Europe depuis presque un
siècle. C'est le débat entre
« esthètes » et
« ethnologues ».
En effet, les oeuvres du continent africain étaient
reléguées au second rang, en les qualifiant de grossières
ou de magiques. En 1898, la Grande Encyclopédie affirmait que
« Chez les Nègres qui paraissent pourtant, comme toutes les
races de l'Afrique centrale et méridionale, fort arriérés
pour ce qui est affaire d'Art, on trouve des idoles représentant des
hommes et reproduisant avec une grotesque fidélité les
caractères de la race nègre »9(*). Cette attitude, des
académistes eurocentristes, s'explique pour une raison qui est double :
le manque de documents écrits qui pouvaient permettre une étude,
en est la première, la deuxième trouve son fondement dans
l'esclavage et la colonisation. Ces moments de l'histoire ont vite fait pour
considérer les Noirs comme des sous-hommes. Au point où,
Jean Laude pense qu'« une idéologie orienta
l'image que se fit l'Europe des civilisations africaines : elle plongeait ses
racines dans des mythes qui s'étaient élaborés au Moyen
Age et qui voyaient dans le Continent Noir le Royaume des
Idolâtres, le Royaume oublié de Dieu. L'Afrique,
c'était bien, en effet, un monde à convertir, d'autant plus qu'on
y avait depuis toujours situé le mystérieux royaume
chrétien du Prêtre Jean, dont on recherchait l'alliance pour
combattre les Infidèles et que les Portugais croiront découvrir,
au début du XVIè siècle, en Ethiopie »10(*).
C'est donc dire que l'histoire (l'esclavage et le
colonialisme) a eu des retentissements graves sur le regard que l'Europe aura
des civilisations de l'Afrique. Tout le destin, de ces civilisations et de ces
arts, devrait ainsi subir une terrifiante influence.
Par la suite, les européens jugeront le progrès
de tout peuple suivant une voie unique et continue. En ce sens, le niveau de
civilisation était déterminé par les progrès
techniques du peuple auquel cette civilisation appartient. La culture
européenne est la culture par excellence. Les civilisations
n'appartenant pas à l'Europe suivent une classification dont leur niveau
de technicité est le déterminant principal. En
conséquence, l'infériorité technique d'un peuple
impliquait son infériorité artistique.
La peinture est conçue comme le premier des arts, et
les Nègres qui, eux, ne se limitent qu'à la sculpture sont, par
ricochet, des artistes inférieurs. En 1846, Charles Baudelaire
écrit que : « la sculpture est un art des
Caraïbes »11(*). L'année précédente, le
muséographe Jomard affirmait que : « La
peinture est l'art des peuples déjà avancés en
civilisation »12(*). Ces propos, il faut le dire, ont manqué
d'analyse assez profonde, car la Grèce antique a dû son prestige
à sa sculpture plutôt qu'à sa peinture qu'on ne
connaît pas. Nous les reprenons dans notre travail pour expliquer toutes
les considérations dont l'art africain a été l'objet tout
au long de l'histoire.
C'est pourquoi d'ailleurs, des voix s'élevèrent
contre le déterminisme mécaniste, c'est le cas de R.
Andree, d'A. Riegl et de J.
Lange. En 1885, R. Andree écrivait que
: « Les peuples situés à un degré
inférieur de culture peuvent avoir atteint un degré relativement
élevé dans le domaine de l'art, [...] il n'apparaît pas
toujours comme l'état le plus haut dans l'évolution d'un
peuple»13(*). A
partir de 1840, il y a une affluence matérielle en Europe qui vient
enrichir les différents groupes qui ont vu le jour avec les anciens
cabinets de curiosité. Les européens vont s'intéresser
à l'art des sauvages. A. Bastian
déclarait : « Avant tout, achetons en masse, pour les sauver
de la destruction, les produits de la civilisation des sauvages et
accumulons-les dans nos Musées »14(*). Ainsi, les oeuvres furent rassemblées pour
faciliter leur étude, leur connaissance par tout le monde qui pouvait
avoir affaire en Afrique. Ce fut le début d'une prédilection
très manifeste aux description et observation qui sont faites de l'art
nègre.
C'est pour cette raison, qu'à partir de 1906, des
peintres furent attirés par cet art. Les expressionnistes allemands (du
groupe Die Brück ) et bien d'autres peintres eurent un autre regard de la
sculpture africaine, et ne la considèrent plus comme primitive. Avant
1914, les oeuvres nègres se côtoient avec des peintures modernes
dans toutes les collections : On trouvait, dans la collection Stchoukhine,
quelques bronzes du Bénin. En France, Paul Guillaume,
Frank Havilland, Félix
Fénéon, André Level
détenaient de belles pièces. On vit une euphorie de l'art
nègre : le jazz, les ballets nègres, Joséphine
Baker15(*), etc. sont des événements
parmi d'autres qui finissent par faire changer progressivement la conscience
publique. Et en 1931, l'Exposition coloniale de Vincennes, à Paris,
éleva cette négrophilie, disait-on alors. La
conséquence immédiate en fut sans doute, le vote à
l'Assemblée Nationale Française, des crédits qui vont
financer la Mission Dakar-Djibouti (1931-1933)16(*).
Au regard de tout ce qui précède, on peut dire
que le débat sur l'art africain est dépassé, à tout
point de vue. L'art nègre a été l'objet d'admiration, de
peintres, artistes et autres à travers le monde. Et Léopold
Sédar Senghor de dire : « Je me rappelle
encore Pablo Picasso me conduisant amicalement à la
porte, comme je prenais congé de lui, et me disant, les yeux dans les
yeux : « Il nous faut rester des sauvages ». Et moi de
répondre : « Il nous faut rester des
nègres ». Et il éclate de rire. C'est que nous nous
étions compris. En effet, les artistes de Paris l'ont reconnu, le
Cubisme ou l'école de Paris s'est inspiré, avant tout, de l'art
négro-africain. Ce n'est pas par hasard si cette école d'Art
s'est développée à Paris en même temps que le
surréalisme »17(*). Dans le même sens, Etienne Féau
et Hélène Joubert affirment que :
« L'art africain ne s'arrête pas à une date fixée
arbitrairement au début ou à la fin de l'ère coloniale, il
reste toujours bien vivant : en brousse, certains secteurs sont restés
aux expressions traditionnelles même si celles-ci ont tendance à
perdre leur caractère religieux pour devenir profanes. En ville, de
nouvelles expressions se multiplient dans des domaines aussi variés que
la peinture, la sculpture, la photographie, la musique ou même la
mode »18(*).
Cependant, le débat sur l'art africain a refait
surface depuis le lancement de l'idée d'exposer, temporairement, au
Musée du Louvre, quelques oeuvres appartenant aux Arts Premiers. Une
idée qui est chère au Président de la République
française, M. Jacques Chirac. Nous y reviendrons plus
longuement dans les lignes qui suivent.
En réalité, cette question est toujours
d'actualité, au regard de la présence, très
remarquée, du patrimoine africain dans plusieurs musées dans le
monde.
Le patrimoine culturel africain dans les collections
françaises et celles d'autres continents
L'art du continent africain a eu beaucoup de noms :
art tribal, art primitif, art nègre et art premier. Peu importe
l'épithète qu'on lui attribue. Il faut souligner, plutôt,
ses formes variées, la dimension religieuse et culturelle, et les
différentes oeuvres qui ont fait l'attrait des artistes et
collectionneurs européens. Ce fait explique la présence,
très marquée, hors d'Afrique, de Musées d'Art
africain19(*) :
- Allemagne : quatre. ;
- Australie : un ;
- Belgique : deux ;
- Espagne : un ;
- Etats-Unis : dix ;
- France : treize ;
- Grande-Bretagne : quatre ;
- Italie : deux ;
- Japon : trois ;
- Pays-Bas : quatre ;
- Pologne : un ;
- Portugal : un ;
- Russie : un ;
- Suède : deux ;
- Suisse : cinq.
Pendant notre stage, nous avons eu l'occasion de visiter
quatre de ces Musées d'Art africain ; il s'agit : du Musée
National des Arts d'Afrique et d'Océanie, du Musée de l'Homme et
de la Fondation Dapper à Paris ; et du Musée Royal de l'Afrique
Centrale, Tervuren, à Bruxelles (Belgique).
Comment sont présentés ces objets sortis de
leur lointain contexte africain? Jouent -ils leur rôle et leur fonction
pour lesquels ils ont été créés? Autant de
questions auxquelles on répondrait, tout naturellement, par la
négative. En effet, l'oeuvre d'Art ne se crée pas par hasard en
Afrique; l'artiste qui la conçoit a toujours une intention
derrière la main.
Or, tels qu'ils sont présentés dans les belles
vitrines, ces objets ne rendent plus toute la fonction et le rôle qu'ils
jouaient dans leurs sociétés d'origine. Car, si les
européens, décrètent la Beauté des objets, les
africains ont un regard contraire à cela. Cette présentation
enlève, à ces oeuvres d'Art, leur portée culturelle. Des
européens qui n'ont jamais mis pied en Afrique, leur donnent un sens
erroné, selon leur culture.
Ainsi, nous pensons que ces Musées d'Art africain
devraient, désormais, changer leur façon de présenter ces
objets. La participation des producteurs ou des représentants, si ce
n'est des spécialistes, africains, venus d'Afrique, devrait s'imposer
pendant les expositions temporaires par exemple. De cette manière, tout
le monde, chercheurs africains et ceux des autres continents, aurait la
possibilité de reconstituer une histoire de l'art africain ; une
histoire que de nombreuses personnes feraient commencer vers 1900-1904. Ces
moments donneraient aussi l'occasion au public de mieux lire les
productions artistiques africaines. Ils permettraient un regard nouveau qui
serait dégagé de toute étiquette ethnique ou ethnologique,
limitée et dépassée, que le colonisateur avait de la
culture africaine.
C'est avec raison que Yaya Savané
s'écrie, parlant de l'exposition Corps sculptés, Corps
parés, Corps masqués ; Chefs-d'oeuvre de la Côte-d'Ivoire,
tenue aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, ( 17 octobre - 15
décembre 1989) : « La présentation du patrimoine
africain dans le contexte occidental suscite un certain nombre de divergences
fondamentales dans le milieu professionnel quand il s'agit surtout de
partenaires aux sensibilités et cultures différentes.
Présenter la culture de l'autre est une intention noble, voire une
initiative à la fois courageuse et heureuse, mais la présenter
selon son propre entendement, sa propre perception sans prendre en compte les
préoccupations du concerné est une autre démarche qui
piège le sujet »20(*).
Ce débat sur Comment présenter les arts
africains dans les musées étrangers? est d'un
intérêt tout particulier, lorsqu'on sait que les arts premiers (
africain, océanien et d'Amérique précolombienne ), auront
un musée à partir du début du XXIème siècle
prochain. Le rôle des musées africains d'Afrique est cardinal dans
ce nouveau musée.
4. Le rayonnement des musées africains
Dans le cadre d'une nouvelle politique de coopération,
le musée africain devrait se tourner vers les collections africaines
présentes dans les musées européens. Des nouveaux rapports
s'imposent, dans ce cas, et auront pour base les échanges. Mais, le
musée africain se posera la question de savoir qu'est-ce qu'il peut
apporter à ses collègues d'Europe? Et qu'attendra-t-il en retour
de ceux-ci?
Au niveau des expositions temporaires par exemple, le
musée africain peut avoir la même politique avec les musées
européens ayant des collections africaines. Il s'agira de la question de
présentation de ces collections. Un échange d'expérience
permettrait, ainsi, une exposition capable de rendre aux objets leur dimension
culturelle d'origine. Outre les expositions, les rapports se situeront au
niveau du personnel, de la formation, du matériel,... Avec les autres
musées, le musée africain étendra son expérience ;
il s'agira, par exemple, de choisir des expériences qui peuvent
être adaptées dans le contexte africain.
En réalité, la distinction entre les
Musées d'Art africain et les autres musées est d'autant capitale
au moment où, la question sur les arts premiers est à l'ordre du
jour. Les Musées d'Art africain européens se distingueraient des
autres musées en ayant une politique de collaboration avec leurs
collègues d'Afrique. Autrement dit, des échanges se feraient
à tous les niveaux en vue de faire connaître leurs collections au
publiques européens. La création du musée des arts
premiers, au Trocadéro à Paris, fait et fera rebondir, une fois
de plus, le problème de statut des objets d'Art africain. Faudra-t-il
continuer à les regarder comme on contemple un tableau d'un
Léonard de Vinci21(*)? ou un paysage peint par Paul
Gauguin22(*)? Le rayonnement de ce futur musée,
à Paris et dans le monde, dépendra du statut et surtout de la
présentation des objets qui y seront exposés. De cela
découleront la réhabilitation et la (re)connaissance de la
culture africaine par le public, européen, et français en
particulier.
Grâce à des échanges multiformes, les
deux publics (africain et européen) pourront mieux découvrir, les
valeurs culturelles de l'un et de l'autre. Ce n'est que de cette
manière, que le patrimoine africain pourrait, tant soit peu, être
considéré, en Europe comme on le vit en Afrique même.
5. La notion du patrimoine telle qu'elle est vécue
en Afrique
En Afrique au sud du Sahara, le patrimoine vivant et rituel
se transmet de bouche à oreille. Autrement dit, l'oralité
sous-tend le patrimoine matériel et immatériel,. Les objets ont
un rôle rituel et initiatique, dans les communautés auxquelles ils
appartiennent. C'est pourquoi, d'ailleurs, on trouve des objets
sacralisés et désacralisés. On a eu des rois et d'autres
membres de certaines sociétés qui détenaient des
collections d'objets interdits au public. Elles servaient à la
société sur divers plans : éducation des jeunes (filles et
garçons), rites de chasse, naissance, décès, protection du
clan ou du lignage contre les esprits maléfiques, etc. Ce fut donc des
Maisons de la mémoire dont la conservation était
assurée pour la postérité.
Le musée moderne devient, au fil du temps, un lieu
où sont gardés des objets de culte
défonctionnalisés, des galeries de portraits, des effigies en
cire,... De ce point de vue, le musée moderne a longtemps
été considéré comme une tradition occidentale.
Cette conception occidentale du musée est apparue avec la colonisation.
En effet, des collections entières furent réunies pour des
besoins d'étude, de recherche ethnographique. Jean-Baptiste
Kiéthéga, parlant des musées en Afrique,
déclare : « dans les colonies, des musées furent
construits dans les capitales afin d'y présenter aux étrangers et
aux touristes, et surtout à la bourgeoisie de l'administration et du
commerce coloniaux, un raccourci culturel des différents pays. Le
musée colonial était un entrepôt sans rapport avec son
environnement, qui d'ailleurs l'ignorait »23(*).
Après la période coloniale, les Etats africains
vont assigner au musée le rôle de décolonisation culturelle
et de la création d'une identité nationale. Au cours des
années soixante dix, le musée est conçu comme un moyen
d'expression d'une identité plurielle dans les pays africains,
d'où, la naissance des musées régionaux.
Aujourd'hui, avec l'avènement de l'ère
démocratique, le musée est perçu autrement.
5. 1 Le patrimoine culturel et les changements
sociopolitiques en Afrique
L'Afrique est en
pleine mutation socio-politique. Un
grand nombre de pays africains sont passés, des régimes à
parti unique au pluralisme démocratique, depuis le début de cette
dernière décennie du XXème siècle.
Le patrimoine culturel n'est pas en reste. On constate que
« les identités culturelles ne sont pas statiques, mais sont
des phénomènes en constante évolution et changement
historique. C'est ainsi que, autour des villes et des grands centres urbains,
on voit de nouveaux phénomènes culturels qui ne sont ni ruraux,
ni urbains ou citadins au sens classique du terme. Les identités
culturelles forment des réseaux et présentent par
conséquent une grande variété d'aspects constituant pour
les différents individus et communautés autant de repères
et de critères d'autodéfinition par rapport à leur
histoire et leur environnement. Elles sont d'importants facteurs
d'équilibre individuel et social »24(*), pense Jean -Baptiste
Kiéthéga.
Ces démocraties africaines entraînent, en effet,
une montée des revendications culturelles dans différentes
communautés. Chaque communauté cherche à conserver sa
mémoire ; des associations, pour la sauvegarde ou la défense de
l'identité, naissent. Avec la décentralisation, les
communautés traditionnelles, et même urbaines, se mobilisent
autour de leur patrimoine. Il y a comme une tendance à créer des
musées privés ou des musées associatifs.
Pour cette raison, nous pensons que, cette ère est
favorable au musée africain. Le politique en Afrique est conscient,
aujourd'hui, de la prise en compte de toutes les cultures nationales pour
espérer un développement du continent. Et par conséquent,
les politiques muséales se tourneront vers la contribution à la
résolution des problèmes du monde, ou tout au moins, tenteront de
les porter à la connaissance du public.
Cependant, pour réussir cette nouvelle orientation du
musée, un nouveau cadre juridique devrait être créé.
Des lois adaptées au contexte devraient être prises dans chaque
pays, pour permettre une protection véritable du patrimoine africain.
5 2. Les textes juridiques régissant le patrimoine
en Afrique
Pour jouer le rôle qui lui revient, le patrimoine
culturel devrait être régi par des textes juridiques
adaptés. Les pays africains devraient, ainsi, avoir de textes
législatifs définissant ce rôle, protégeant les
institutions culturelles nationales et la conservation du patrimoine. En
parlant d'institutions culturelles, nous faisons allusion à des
structures comme : musées, bibliothèques, archives, ateliers
d'Art ou d'artisanat, forêts, galeries,... de l'État, tout comme
ceux appartenant à des privés.
Ces législations pourraient, par exemple, donner une
gestion plus ou moins autonome, aux musées. Ceux-ci seraient, ainsi,
désengagés de tout contrôle direct des ministères .
Il est, en fait, avéré, dans bien des pays, que cette gestion
directe des ministères bloque la croissance de l'institution
muséale.
Or, de manière générale, les pays
africains, au sud du Sahara, ont des législations inadaptées et
inappliquées. Ces pays n'ont pas de filières spécifiques
pour la formation des spécialistes de musée ou du patrimoine
culturel. La situation est plus criante dans les pays francophones que chez les
anglophones. En effet, le séminaire, organisé en janvier 1996,
par l'ICOM et notre département, a bien décrit cette situation
peu reluisante en Afrique francophone. Le séminaire avait pour
thème : "Les filières du patrimoine dans les pays
francophones".
Dans beaucoup de pays francophones, les droits à la
protection du patrimoine date de la colonisation, ils ne sont qu'une copie de
la législation française qui a évolué. Au Congo, en
République Centrafricaine et au Tchad, par exemple, le droit et les
structures juridiques sont inadaptés aux réalités du
milieu. Ce qui explique l'aliénation d'une grande partie du patrimoine
africain. Et Gaël de Guichen considère que
l'Afrique « a déjà été
dépouillée de 50% de son patrimoine »25(*).
Le Congo, particulièrement, « n'a aucune
réglementation concernant le commerce, la vente des biens culturels.
Ceux-ci sont vendus partout »26(*), dit Jean Gilbert Jules Kouloufoua.
Pour cette raison, le patrimoine congolais
attire peu de considération. Sa situation actuelle exige une
véritable prise de conscience de tous les congolais.
B. Le cadre du patrimoine culturel au Congo
1. Présentation historique et géographique
de la République du Congo
1.1. Présentation géographique
La République du Congo est située en Afrique
centrale, elle a une superficie de 342.000km2. Le Congo est limité au
Nord par le Cameroun et la Centrafrique, le Zaïre à l'Est, l'Angola
au Sud Ouest et, le Gabon et 169 km de côte (Océan Atlantique)
à l'Ouest.(voir carte n°1 page 21)
Le climat, chaud et humide, est subéquatorial. Il
tombe 1473 mm de pluie par an. Le fleuve Congo a un débit moyen de 44000
m3 par seconde, il est deuxième du monde, par la puissance de ses eaux,
après l'Amazone, et le cinquième, par la longueur, 4600 km.
Le Congo compte 2,5 millions d'habitants, selon le
recensement de 1992. Selon les prévisions, la population congolaise
passera à 3 millions d'habitants, en 2000.
La République du Congo a dix régions
administratives ou préfectures (voir carte n°2 page 22).
Les villes principales du Congo sont :
- Brazzaville (capitale politique et administrative) : 850.000
habitants ;
- Poite-Noire (capitale économique) : 420.000 habitants
;
- Dolisie : 65.000 habitants ;
- Nkayi : 42.000 habitants ;
- Mossendjo : 16.000 habitants.
La langue officielle c'est le français ; on trouve
aussi deux langues27(*)
dites nationales : le Lingala et le Munukutuba (Kituba ou
Kikongo).
1. 2. Présentation historique
Le Congo, au cours de son histoire, a connu des
grands Royaumes : le Royaume du Kongo fondé par Nimi
Lukéni, le Royaume de Loango et le Royaume Téké.
Les deux derniers existent encore, jusqu'à ce jour, respectivement
à Loango, près de Pointe-Noire, et à Mbé à
environ 30 km, au Nord Est de Brazzaville.
Pierre Savorgnan de Brazza, explorateur français,
arriva sur les rives du fleuve Congo, en 1875. Il fut accompagné de
Ballay, Marche et Hamon.
A partir de 1908, la Fédération de l'Afrique
Equatoriale Française (AEF) sera formée, et comptera : le
Cameroun, le Congo, le Gabon, l'Oubangui-Chari (actuelle République
Centrafricaine) et le Tchad, elle sera sous la direction d'un gouverneur
général résidant à Brazzaville. Suite à
l'appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940,
Brazzaville deviendra capitale de la France libre avec le Gouverneur
Félix Eboué, le 26 août, de la même
année. Le 30 juin 1944, se tiendra la Conférence de Brazzaville,
prélude à la libération de l'empire colonial
français.
Le 28 septembre 1958, le Congo devient un Etat autonome au
sein de la Communauté française, par voie de
référendum. Le 15 août 1960, le pays accède à
l'indépendance et intègre l'Oganisation des Nations Unies en tant
que membre à part entière.
Le 30 avril 1961, l'Abbé Fulbert
Youlou devient le premier Président de la
République du Congo. Il sera écarté du pouvoir, deux ans
plus tard, par des émeutes populaires au cours des Trois Journées
Glorieusesdes 13, 14 et 15 août 1963. L'ex-Président de
l'Assemblée Nationale et ancien ministre, M. Alphonse Massambat
Débat arrive au pouvoir. Ainsi, le Congo choisit la doctrine
socialiste, le 29 juin 1964 au cours du congrès constitutif du Mouvement
National de la Révolution (MNR). Le 3 septembre 1968, il
démissionne à cause des brouilles entre l'armée et lui.
Suite au coup d'Etat militaire du 31 juillet 1968, le
capitaine Marien Ngouabi devient Président du Conseil
National de la Révolution (CNR) et chef de l'Etat congolais en janvier
1969. La date du 31 décembre 1968 marque la proclamation de la
République Populaire du Congo et la fondation du Parti Congolais du
Travail (PCT), parti unique, d'obédience marxiste-léniniste.
Le Président Marien Ngouabi est
assassiné le 18 mars 1977 ; le 25 mars, de la même année,
l'ancien Président Alphonse Massamba Débat est
exécuté, accusé d'être impliqué dans le
complot.
Le colonel Joachim Yhombi-Opango devient
Président de la République, et crée le Comité
Militaire du Parti (CMP). Le 5 févier1979, il est mis en
minorité, sous pression de l'opinion publique, et sera déchu,
lors du IIIè Congrès du PCT. Les congressistes vont choisir le
colonnel Denis Sassou Nguesso comme Président de la
République, chef de l'Etat, Président du Conseil des Ministres.
L'année 1990 est marquée par l'instauration du
multipartisme ; le 9 décembre, le PCT renonce au
marxisme-léninisme.
Du 25 février au 10 juin 1991, la Conférence
Nationale Souveraine se tient, réduit les pouvoirs du Président
de la République et prévoit un gouvernement de transition d'un
an. Le 31 mai, André Milongo est élu Premier
Ministre ; il est créé, par la suite, un Conseil Supérieur
de la République (CSR) qui sera dirigé par Monseigneur Ernest
Nkombo. Une nouvelle Constitution est adoptée, sous
référendum, avec 96,3%, à la fin de l'année 1991.
En mars 1992, les premières élections
législatives libres sont organisées. Le parti de Pascal
Lissouba, l'Union Panafricaine pour la Démocratie
Sociale (UPADS), est en tête, suivi du Mouvement Congolais pour la
Démocratie et le Développement Intégrale (MCDDI) de
Bernard Kolélas et celui de Denis Sassou
Nguesso, le PCT.
En août 1992, organisation des premières
élections présidentielles libres (1er et 2è tours). Et le
16 août , Pascal Lissouba est élu Premier
Président du Congo démocratique, avec 61,3% des voix. Le 30
septembre 1992, scission dans la majorité présidentielle ; le 31
octobre, une motion de censure renverse le premier gouvernement
démocratique, dirigé par le Premier Ministre Maurice
Stéphane Bongo-Nouara. Le 31 novembre 1992, le
Président de la République dissout l'Assemblée
Nationale.
En juillet 1993, des violences et des luttes armées
opposent, à Brazzaville, les partisans de Bernard Kolélas
(préfecture du Pool) et ceux de Pascal
Lissouba (préfectures de la Bouenza, de la
Lékoumou et du Niari).
Le Congo se prépare à l'organisation des
nouvelles élections présidentielles, le mandat de Pascal
Lissouba prendra fin en août 1997.
Dans le domaine culturel, le pays compte quelques
institutions patrimoniales. Nous parlerons de certaines d'entre elles, les
autres seront notées à titre indicatif.
2. Les institutions du patrimoine culturel au Congo
La République du Congo n'est pas riche en institutions
patrimoniales ; malgré la richesse culturelle qu'elle recèle.
Toutefois, nous en comptons quelques unes, dont certaines ont une
réputation internationale :
*L'Ecole de peinture de Poto-Poto : c'est un
ancien atelier d'un peintre français, Pierre Lods,
fondé au début des années 50. L'école de peinture
de Poto-Poto est un témoignage de la richesse du Congo en matière
de peinture contemporaine de chevalet. Plusieurs critiques et amateurs
nationaux et étrangers se sont intéressés à ce
mouvement très original. Des talents divers s'y sont épanouis ;
des jeunes artistes y reçoivent une formation professionnelle tenant
compte des traditions de leurs aînés.
Depuis des années, l'école accueille des
artistes en résidence ; en 1990, le sculpteur français
Frédéric Pollet a travaillé aux
côtés du béninois Romuald Hazoumé
et du peintre congolais Rémy Mongo Etsion. En
1991, les peintres Pierre Leloup, Mylène Besson
et Vanick Laubreton, avec les artistes plasticiens
brazzavillois, notamment Iloki, Mangouadza et
autres, ont fait revivre les heures de création des années 60.
L'école de peinture de Poto-Poto est très originale.
*L'Ecole des Beaux- Arts Paul Kamba(ENBA) :
elle reçoit, sur concours, des bacheliers des lycées
d'enseignement général.. On y enseigne : la musique, le dessin et
la peinture. Après leur formation, les diplômés de cette
école allaient enseigner dans les établissements scolaires du
secondaire, collège. Aujourd'hui, avec la crise économique que le
pays traverse, le recrutement à la fonction publique ne se fait plus.
*L'Institut National de la Jeunesse et des
Sports(INJS) : outre le sport, cet Institut forme des animateurs
socioculturels qui y accèdent avec le niveau du Brevet d'Etudes du
Premier Cycle (BEPC).
*Le Centre de Formation et de Recherche d'Arts
Dramatiques (CFRAD) : le centre se chargeait de la formation des
artistes comédiens du Théâtre National et du Ballet
National Congolais, il sert de lieu de spectacles à toutes les troupes
théâtrales du pays. A présent, le centre est en mal de
financement, et le Théâtre National ne vit presque plus.
*L'Industrie Africaine du Disque (IAD) :
cette industrie, qui connaît, à présent, des
difficultés financières, a joué un rôle très
important dans la diffusion de la musique congolaise et africaine. En fait, la
musique, très prisée, est un véhicule de la culture dans
la société congolaise. Elle est chantée en
différentes langues que compte le pays, pour la musique dite
traditonnelle, en lingala et en munukutuba (kituba ou
kinkongo) pour la musique dite moderne.
*Le Centre Culturel Sony Labou Tansi de Bacongo
à Brazzaville : le centre porte le nom d'un grand
écrivain congolais, Sony Labou Tansi
(décédé en juin 1995), dont les oeuvres
littéraires (romans et pièces de théâtre) et les
activités théâtrales ont eu une réputation
internationale. Le centre organise des activités culturelles de tout
ordre.
*La Bibliothèque Nationale Publique (BNP) :
elle ne joue pas véritablement son rôle de mémoire
de la Nation congolaise. En effet, la Bibliothèque Nationale Publique du
Congo connaît des difficultés financières. Ses collections,
non renouvelées, expliquent la fréquentation, quasi inexistante,
des congolais qui préfèrent, ainsi, aller se cultiver au Centre
Culturel Français (CCF) ou au Centre Culturel Américain (CCA).
*La Manufacture d'Art et d'Artisanat Congolais
(MAAC)
*Galerie Centrale du Kouilou à Pointe-Noire
*Galerie de Djambala
*Galerie du Niari à Dolisie
*Galerie d'Owando
En marge des institutions officielles, le
Congo compte plusieurs galeries et ateliers privés d'artistes dans des
villes du pays comme : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Kinkala et
Sibiti. Nous avons aussi des artistes congolais qui ont des ateliers à
l'étranger.
Certains artistes ont atteint une renommée qui a
traversé les frontières nationales, tel est le cas de : Guy
Léon Fylla (peinture), Marcel Gotene
(peinture populaire, céramique et arts décoratifs), Michel
Hengo (peinture), François Iloki
(peinture populaire), Emile Mokoko (peinture et arts
décoratifs), Laurentine Ngampika (peinture populaire),
François Ntondo Ngoma (peinture), etc.
On trouve aussi à Brazzaville les
Centres Culturels américain, français et russe. A Pointe-Noire,
nous avons aussi un deuxième Centre Culturel Français.
Dans certaines villes, outre les institutions
précitées, on trouve des musées.
3. Le cas particulier des musées
Le Congo compte un Musée National et quatre
Musées Régionaux. Le mausolée Marien Ngouabi peut
aujourd'hui être considéré comme un musée, depuis
son ouverture au grand public.
Par ailleurs, la création des musées au Congo
était liée au souci du Gouvernement de ressusciter l'art et la
culture du pays détruits par la politique coloniale. C'est le souci de
la sauvegarde et de la prise de conscience du patrimoine culturel du pays.
Devant cette volonté, l'Assemblée Nationale du Congo adopta le 15
Août 1965 la loi n°32/65 donnant à l'tat la
possibilité de créer des organismes tendant au
développement de la culture et des arts.
« Les musées figuraient parmi les organismes
à créer conformément aux dispositions de l'article 5,
alinéa 2 de la loi précitée. Le Musée National est
inauguré le 7 septembre 1965, et la création juridique fut
entérinée par le décret n°68-45 du 19 février
1968.
Ce décret, somme toute, a exercé une grande
influence sur l'évolution des musées au Congo.
Il est dit, à l'article 5 de ce décret, que
lorsque les conditions le permettront, le musée national pourra
créer des annexes régionales, c'est ainsi qu'ont
été créés les musées régionaux ;
l'objectif annoncé dans la création de ces musées est la
conservation de cultures menacées de disparition »28(*).
Ainsi, le Congo a quatre musées régionaux :
- Le musée régional de Kinkala ou musée
André Grenard Matsoua (Préfecture du Pool),
1978;
- Le musée régional Ma Loango de Diosso
(Préfecture du Kouilou), 1982 ;
- Le musée régional d'Owando (Préfecture
de la Cuvette Est) ;
- Le musée de Sibiti (Préfecture de la
Lékoumou).
Le Musée National du Congo, quant à lui, fut
conçu, comme bien d'autres en Afrique, après l'euphorie des
indépendances, pour participer à l'éveil de la conscience
nationale. Le musée était ainsi considéré comme
symbole de l'unité nationale. Jean Gilbert Jules Kouloufoua
pense qu'« ainsi, après la mise en place des
institutions, un des points essentiels de la politique de l'État
était de faire acquérir aux congolais le sens de la
dignité humaine, de réveiller et d'accroître leur potentiel
social. Puisque la politique coloniale avait sciemment éteint ce
potentiel, comme elle avait également étouffé leur art et
leur culture, en détruisant volontairement les témoignages les
plus représentatifs de leur passé, par l'action des mouvements
dits antifétichistes»29(*).
Or, aujourd'hui, tous les musées congolais sont dans
une situation fort inquiétante et alarmante. D'après un
inventaire fait par Jean Gilbert Jules Kouloufoua, à la
demande de l'Unesco au sujet des musées congolais, on assiste lentement,
mais sûrement, au dépérissement du patrimoine culturel
congolais. Cette situation s'explique par le sous-équipement et par
l'insuffisance de la formation du personnel.
Tous les musées congolais sont dépourvus de
système de sécurité. Les musées régionaux,
distants des grands centres, ne sont pas électrifiés. Cela est
dû au manque de budget de fonctionnement. Cette situation, très
critique, demande une dynamique.
Ceci nous amène à examiner les rapports
existant entre l'école congolaise et les institutions patrimoniales ou
le patrimoine, de manière générale.
C. Rapports entre institutions scolaires et
patrimoine culturel au Congo
1. L'absence d'une politique culturelle
L'école congolaise connaît,
depuis plusieurs décennies, une grave crise. Elle compte parmi les moins
performantes du continent. Les raisons, qui l'étouffent, sont d'ordre
structurel, financier et humain. Certes, elles sont indéniables et
vraies, mais on pense peu à évoquer le côté culturel
de ce mal. Cette dimension culturelle, à notre avis,
désintègre l'école congolaise. Il s'agit, ici, de la
formation de l'Etre, propre à l'enfant congolais. Le
système éducatif congolais ne façonne pas des attitudes
pouvant préparer l'enfant à affronter toutes les situations de la
vie politique, économique, socioculturel, etc. Autrement dit, le milieu
scolaire devrait être un lieu d'EDUCATION, mais pas seulement
d'Instruction. IL devrait servir de lieu de transmission du patrimoine
culturel.
Malheureusement, les programmes scolaires,
tels qu'ils sont conçus , ne préparent le jeune congolais
qu'à se détourner de son patrimoine culturel, de ses
réalités et de son environnement social. L'enseignement, au
Congo, est un héritage colonial qui a été conçu,
depuis le début, pour la formation des agents de l'administration
coloniale. À présent, cette école est devenue une
énorme fabrique de chômeurs, ou mieux, un lieu de formation des
cadres qui n'ont aucune prise sur la réalité. Ce qui s'explique
bien, car l'école ne prend pas en charge les cultures locales ; elle n'a
pas réussi à s'enraciner de fond en comble. C'est donc dire que
l'école congolaise ignore, pense Louis Riboulet, que :
« l'éducation est l'art d'élever les enfants. Elle a
pour but leur développement total par une formation à la fois
physique, morale, religieuse et sociale. Elle ne doit jamais perdre de vue le
temps qui passe et l'éternité qui n'a pas de fin. On la regarde
comme l'oeuvre des oeuvres, dont l'importance est capitale pour l'avenir de
l'enfant et celui de la société »30(*). Or, il n'existe aucun rapport
entre l'école et le patrimoine culturel congolais. L'enfant ne
reçoit pas de formation ni d'esprit ni du coeur ; il n'est donc pas
préparé à l'accomplissement de tous ses devoirs, en tant
que futur citoyen. En réalité, renchérit Louis
Riboulet, l'école se doit de «...former l'homme de
volonté ferme et droite, l'homme de devoir, de conscience et de foi, le
patriote éclairé qui aime ses concitoyens et son pays jusqu'au
sacrifice, en un mot, tel que Dieu l'a fait et que Jésus-Christ l'a
régénéré »31(*).
Certaines disciplines, telles que le français, la
philosophie, l'histoire et la géographie, qui devraient réserver
une part importante à l'éducation, n'assument pas cette
tâche. Elles s'intéressent à l'instruction des enfants.
Pour le cas particulier du français, aucune référence
culturelle n'est faite. En effet, même quand le texte, à
résumer ou à commenter, est d'un auteur congolais bien connu, on
ne l'étudie pas en faisant référence au contexte culturel
dans lequel ce dernier l'a produit. La dimension culturelle permettrait de
mieux saisir le passage sur toutes ses façades. L'enfant qui arrive
à l'école, a de la peine à maîtriser le
français; parce qu'il est coupé de sa famille où on ne
pratique pas la langue de Molière. Le jeune, avant
d'être inscrit à l'école, parle au moins une langue
maternelle et /ou une langue nationale. A ces langues, vient s'ajouter le
français comme un corps étranger. À cet effet, la
maîtrise de la langue française peut ainsi s'avérer
difficile.
Le modèle d'enseignement, du dessin qui est
dispensé à l'école primaire et dans les collèges,
n'est qu'une copie de celui de la France.
Ce manque d'osmose entre l'école (l'instruction) et le
patrimoine culturel national (l'éducation ) constitue un frein au
développement du Congo. L'école qui devrait former la main
habile, capable de contribuer à ce développement, n'a que la
capacité de former des «... hommes
déracinés, des déclassés, des irrités de la
vie, des malheureux ou des méchants»32(*).
Le sort de l'enfant congolais est tragique, il se retrouve
entre deux mondes qui lui sont étrangers : sa culture et
l'école.
2. L'enfant congolais entre sa culture et
l'école
Dans la situation décrite précédemment,
le jeune congolais a perdu confiance. Il ne croit plus en ses parents, en
lui-même et en toute la société. L'école, pour lui,
ne devient qu'un simple pis aller, on y va malgré soi, faute d'un
recours meilleur.
En effet, les enseignements, au Congo, se font en langue
française, depuis le préscolaire jusqu'à
l'université. Ce fait est un contraste avec la réalité en
famille. Les langues nationales, lingala et munukutuba ne
sont enseignées qu'à l'Université Marien Ngouabi
de Brazzaville, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines,
par le département de linguistique et littérature orale. La
conséquence, selon Dominique Matanga, est
qu'« à l'école, le jeune écolier se lance dans
une aventure. Il vient découvrir ce monde nouveau, cette
nouvelle vie qui le prive de ses parents. L'école lui apparaît un
lieu hostile »33(*).
De plus, l'école congolaise a été
produite par un système orienté vers l'individualisme et
l'intellectualité qui sont contraires à la
solidarité collective de la société qui
l'abrite. C'est pourquoi, « dès qu'on entre à
l'école, c'est ma place, mon sac, mon devoir, ma note, mon
rang,...jusqu'au diplôme qui est regardé comme un capital
privé ; [...] »34(*) affirme Joseph Ki-Zerbo.
Après avoir suivi une telle
formation, les jeunes congolais, dans une majorité, ne se
reconnaissent plus dans leur société villageoise. Celle-ci ne se
reconnaît plus en eux. Il est fréquent que certains
diplômés se sentent incapables de communiquer, convenablement dans
leurs langues maternelles. Ils sont pris par un complexe de
supériorité intellectualiste, ayant bu à la
source de la civilisation par excellence.
Par conséquent, le jeune congolais formé
à l'école des blancs, se renie ; il se veut autre que ce qu'il
est réellement, Peau noire et masques blancs35(*) dirait Frantz
Fanon. Au point où il est désorienté,
socialement, affectivement, moralement et émotionnellement, bref!
culturellement. L'échec, l'abandon, le retard scolaires et certaines
pratiques clientélistes trouvent, en partie, ici, leur explication.
C'est pourquoi, nous pensons qu'il va falloir ajouter,
à côté de la culture scientifique, mathématique et
littéraire, une culture artistique et artisanale, et une culture
physique. D'où, il faut créer une synergie entre l'école
congolaise et le patrimoine culturel national, mieux, une dynamique
École-Musée.
Chapitre II. Création d'une dynamique
École-Musée.
A. Politique d'une action éducative dans des
musées français.
1. L'expérience pratique du service culturel du
musée du Louvre
1.1. La médiathèque
Le musée du Louvre, par l'intermédiaire du
service culturel, a conçu une politique éducative en direction
des jeunes scolarisés (écoliers et lycéens) et en
situation postscolaire (étudiants) sans emploi. C'est une action
éducative qui trouve son explication dans le fait que les adolescents ne
visitent pas le musée, à moins d'y être conduits. C'est
pourquoi, il est important de les y amener pour deux raisons : « la
première est que certains ne viendront pas plus tard, en particulier les
jeunes les moins familiarisés avec les activités culturelles. La
seconde, c'est que la découverte de l'art pouvait représenter une
expérience déterminante pour les adolescents en quête du
sens de la vie et de leur place dans la
société »36(*).
De fait , la politique éducative du Louvre est une
initiation des jeunes à l'art. Pour atteindre ce but, le service
culturel a mis en place une équipe chargée de l'action
éducative qui aide les enseignants des cycles
préélémentaire, secondaire et des classes
préparatoires à intégrer l'étude de l'art au sein
des pratiques scolaires.
Plusieurs activités sont organisées pour le
public jeune. Nous évoquerons certaines d'entre elles auxquelles nous
avons pris part. Nous parlerons aussi de quelques entretiens que nous avons eus
avec des personnalités du service culturel. Autrement dit, le service
culturel organise plusieurs activités spécifiques pour les
enseignants et leurs classes :
- Conception d'ouvrages d'aide à la visite ;
- Mise au point et animation de stages de formation pour
enseignants ;
- Conception d'activités pour les scolaires :
visites-conférences, ateliers, conférences en auditorium,
rencontres avec des artistes.
La médiathèque appuie la préparation des
visites de groupes au musée. Elle le fait par des prêts gratuits
de documents à leurs responsables, soit par correspondances, soit sur
place. Les documents sont soit des ouvrages, soit des supports audiovisuels
(cassettes-vidéo, diapositives ) portant sur le thème de la
visite envisagée.
Ainsi, parmi les activités, nous avons les ateliers
qui occupent une place importante au musée du Louvre.
1.2. Les ateliers.
Les ateliers consistent en l'organisation
d'activités pratiques qui se déroulent dans des salles
aménagées dans le musée. Ils permettent, aussi bien, aux
élèves, qu'aux enseignants de découvrir le musée :
les techniques artistiques anciennes, les matériaux, les maquettes, etc.
Pendant ces pratiques, les enfants « vont à la recherche de
leur propre approche de l'oeuvre, de ce qui pouvait faire sens pour
eux »37(*). Les
ateliers sont animés par des conférenciers des musées
nationaux et des intervenants extérieurs : peintres, sculpteurs,
architectes, cinéastes, etc.
Un entretien avec Manon Potvin nous a permis de comprendre la
portée et les objectifs visés par ces ateliers.
*Entretien avec Manon Potvin chargée
de l'enseignement préélémentaire, secteur activités
pour le public (action éducative du service culturel) . Nous avons eu
cet entretien suite à un atelier, auquel nous avons pris part et
animé par Manon Potvin . Il est destiné à des enseignants
en stage au musée du Louvre. Les enseignants sont venus de
différents cycles et écoles de la ville de Paris et de ses
banlieues . Le Louvre offre gratuitement des formations aux enseignants .
L'atelier a pour thème : «
D'où vient la lumière? », l'oeuvre étudiée est
intitulée l'Astronome ou l'homme au globe de Vermeer dit
Vermeer de Delft38(*), peintre néerlandais. En introduction à
l'atelier, l'animatrice a défini les objectifs techniques du
thème :
- la mise en scène,
- les différents plans : blanc (position, l'objet
absorbe la lumière), noir (position, l'objet reflète la
lumière),
- l'éclairage,
- le cadrage,
- l'angle de vue.
Deux groupes ont été constitués. Les
éléments de chaque groupe devraient photographier, à tour
de rôle, l'objet en étude. La photographie est faite selon une
mise en scène choisie librement par le photographe, tout en tenant
compte de ce qu'il veut mettre en relief et en respectant les règles de
jeu énoncées par l'animatrice : mise en scène, plans et
les autres objectifs du thème .
Après la séance de photographie, a suivi la
phase critique de chaque réalisation. Il a demandé à
chaque élément de dire ce qu'il a voulu monter.
Nous avons posé les questions suivantes à
l'animatrice :
1. Question : D'où viennent ces
enseignantes?
- Réponse : Elles viennent des
écoles maternelles et primaires de la ville de Paris et des banlieues.
Elles sont en stage ici au musée du Louvre.
2. Que vise ce stage?
- Il vise la formation des enseignants
qui visiteront, avec leurs élèves, le Louvre dans les prochains
jours avec ou sans conférenciers. C'est une façon de les mettre
dans l'ambiance du musée et surtout de les initier à l'art ou
à l'histoire de l'art.
3. Qu'est ce qui a motivé le choix de votre
thème « D'où vient la lumière?», il est
quelque peu philosophique.
-« D'où vient la
lumière? » parce que la présentation d'une oeuvre d'Art
est magnifique lorsque la lumière est bien réglée. Vous
devez savoir que la lumière fait beaucoup de choses mystérieuses
et mystiques. La lumière peut permettre ou pas la lecture d'une oeuvre,
selon qu'elle est bien réglée, bonne ou mauvaise. Vous pouvez
avoir l'auréole, comme tout à l'heure, la silhouette ou l'ombre
dans l'oeuvre, ou une partie de l'oeuvre est éclairée et donc
mise en relief. Tout ceci peut traduire énormément de choses.
Bref! La lumière c'est la représentation de l'oeuvre.
4. Pourquoi a-t-on plus insisté sur les
techniques que sur l'histoire de l'oeuvre?
- C'est vrai, mais nous nous sommes
fixés un objectif bien précis, les techniques de
présentation d'une oeuvre d'Art photographiée, ou simplement
présentée. Il faut toutefois reconnaître que l'histoire
peut nous permettre d'imaginer ce que l'artiste a eu derrière la main,
ce qu'il a voulu traduire en concevant son oeuvre. L'atelier a duré deux
heures trente minutes: de 9h30' à 12h.
Outre les ateliers, le Louvre organise aussi des
visites-conférences.
1.3. Les Visites-conférences
Comme les ateliers, les visites-conférences sont
animées, dans le cadre de la découverte du musée, par des
conférenciers des musées nationaux de France, spécialistes
en histoire de l'art. Les élèves des collèges et des
lycées, de même que les étudiants y prennent part. Le
thème de la visite-conférence est choisi en fonction du niveau
des élèves. Ceux-ci arrivent au musée, en compagnie de
leurs enseignants.
Les visites du musée peuvent constituer un
véritable support pédagogique pour l'enseignant. Ainsi,
«...la visite au musée ne peut pas être conçue comme
un simple divertissement destiné à rompre les travaux et les
jours d'une classe orientée vers tout autre chose »39(*). Le musée serait
considéré comme un prolongement de l'école et donc un
milieu de formation informelle. En effet, les visites-conférences sont
préalablement préparées en classe; elles peuvent servir
d'illustration à un cours ; Elisabeth Faublée
pense, à propos, que : « la sortie est un voyage, un
voyage qui se prépare et prévoit un retour »40(*). Les enfants découvrent
une autre réalité au musée, la réalité des
oeuvres d'Art, des créations de l'artiste ou de l'artisan ; et,
« ...outre les bénéfices que les élèves
peuvent tirer de telles actions, elles offrent aux enseignants la
possibilité de rompre avec l'isolement dans lequel les place leur
fonction, de se régénérer par des rapports
extérieurs, et leur ouvrent un espace de liberté où ils
peuvent se laisser de rêver »41(*). Ainsi, au musée du Louvre,
l'appréhension des objets d'Art se fait de préférence
autour d'un thème reliant le passé au présent.
Au cours d'une visite-conférence intitulée
« Le Parthénon »42(*), la conférencière Sandrine
Bernardeau nous a dit que: « Les
visites-conférences préparées en classe facilitent le
travail des conférencier(e)s. Le conférencier n'étant pas
un enseignant, il fait plutôt vivre aux élèves une
réalité de l'oeuvre dont ils auront entendu parler en classe par
leur enseignant. Ils partent de l'abstrait en classe au concret dans le
musée. La tâche du conférencier s'avère difficile,
dès lors que le thème abordé est inconnu des
élèves ». Outre la préparation, il est
préférable que le groupe de participants soit limité
à un nombre raisonnable. La limite souhaitée est trente
élèves par conférencier.
La visite-conférence de Sandrine
Bernardeau s'adresse à trente élèves de 6è
venus du collège Saint Martin à Angers. La moyenne d'âge
est de treize ans, les élèves sont accompagnés par trois
enseignantes des disciplines différentes : Éducation-physique,
Biologie et Français. La visite-conférence s'est faite en trois
étapes : la première devant des diapositives présentant le
Parthénon dans tous ses compartiments. Diverses questions sont
posées aux enfants sur cette oeuvre de la Grèce classique : son
nom, ses différents compartiments, ses rapports avec l'histoire de la
Grèce, de l'Egypte, son architecture (colonnes doriques ou ioniques,
etc.), le Parthénon hier et aujourd'hui. Il s'est agi d'un tour
d'horizon sur l'histoire de la Grèce liée à cette oeuvre.
Après les diapositives, on est passé
à la deuxième étape : On touche ici le concret, le
Parthénon en maquette, qui est démonté en pièces ;
toute l'architecture de l'oeuvre est expliquée aux enfants. La
dernière étape de la conférence se déroule dans les
salles des collections grecques du musée. Dans la salle du
Parthénon, la conférencière insiste sur tout ce qui a
été dit pendant les deux premières phases.
La visite-conférence a été une
véritable initiation à l'histoire de l'art de la Grèce
antique. Un dialogue fort intéressant a eu lieu entre les enfants et la
conférencière. Ce qui prouve que le thème a
été abordé en classe avant la visite-conférence ;
la tâche de la conférencière a été du coup
facilitée.
La dernière activité à laquelle nous
nous sommes intéressé, c'est la série des contes du
musée du Louvre.
1.4. Les contes
La médiathèque du Louvre met à la
disposition du public jeune et même adulte des films de la série
«contes et légendes du Louvre». Les contes ont pour
personnages les objets d'Art des différentes colletions du musée.
Un conte peut avoir pour but de faire connaître une bonne partie d'une
collection donnée. Tel est le cas du conte « Adapa le
sage » dont l'intrigue est conçue autour de l'histoire de la
Mésopotamie. Les objets-personnages du conte sont les oeuvres d'Art des
antiquités orientales situées dans les collections Richelieu du
musée.
Il faut toutefois dire qu'outre la promotion des collections,
le conte garde sa fonction pédagogique ; il éveille l'esprit des
enfants, les moralise, et les fait rêver. Il est une manière de
dire « ...à travers la fiction, les malheurs, les
contradictions, les désirs de tous les hommes43(*)».
La visite au musée, pour les jeunes, ne doit pas
s'arrêter à la simple illustration d'un cours. On court, ainsi, le
risque d'un discours réducteur. C'est pourquoi, au musée,
à la différence de l'école, les enfants ont la
possibilité de réagir selon leur sensibilité. Isabelle
Franceschi, responsable de la médiathèque pense
à propos que : « ...les questionnaires
stéréotypés sont à éviter, il est fort
souhaitable plutôt de donner aux enfants la possibilité
d'émettre leur point de vue ; l'enfant ne doit pas être
fixé à des détails
préétablis ».
Outre les différentes activités
précitées, le musée devrait aussi avoir des rapports avec
d'autres institutions. Parmi celles-ci, on compte la bibliothèque.
1.5. Les rapports entre le musée et la
bibliothèque
Pour jouer véritablement ses rôles de
collection, de conservation, de protection et de communication, le
musée du Louvre se voit obligé de travailler avec d'autres
partenaires. C'est une nouvelle orientation que s'imposerait tout
musée, celle qui consiste à s'ouvrir au grand public. Ainsi, le
musée du Louvre le fait davantage en collaboration avec des institutions
comme la bibliothèque. L'expérience type en la matière,
c'est la Grande Bretagne avec la British Library et le British Museum. Isabelle
Le Masne de Chermont, conservateur en chef, chef du service
des bibliothèques et des archives des Musées Nationaux, nous a
dit ce qui suit : « Le musée et la bibliothèque ont des
points communs : la collecte, la conservation, la protection, la communication
et l'éducation. En France, depuis longtemps, les contes sont
présents en bibliothèque ; et celle-ci amène le
musée à communiquer. Cependant, l'accroissement de la
bibliothèque et du musée a entraîné la
séparation des métiers tout à fait techniques ».
Pour cette raison, on trouve en France l'Association des Bibliothécaires
Français (ABF) qui n'a rien à voir avec le musée. La
différence entre les deux institutions est que le bibliothécaire
observe mieux son public, il le rencontre. L'entrée à la
bibliothèque est gratuite. Au musée, par contre, le conservateur
n'a presque pas de contact avec son public, et l'entrée est payante.
Le Louvre a une forte politique qui consiste à
écouter son public. C'est une manière de s'ouvrir à la
communauté qui le fait vivre.
1.6. Le musée et la communauté
Le service culturel du musée du Louvre a une politique
de fidélisation du public. C'est le secteur Etudes et
Développement des publics qui s'occupe de la question. Béatrice
Grandchamp, responsable dudit secteur, que nous avons
rencontrée, affirme : « Notre secteur s'occupe de la politique des
publics du Louvre. C'est en créant, pour ce public, que nous arrivons
à accomplir notre tâche. Le secteur vise les objectifs suivants:
fidéliser le public existant, faire venir des publics qui ne viennent
pas, mener des enquêtes qui sont une sorte d'études des
publics ».
Parmi les outils de travail, on compte la carte Louvre
jeunes et les visites nocturnes. Une réflexion est menée sur
les non étudiants, et les relations avec les associations sont à
créer. B. Grandchamp ajoute : « Une politique
active en direction des jeunes est conçue pour éviter les
inégalités sociales qui feraient que seuls les enfants
de familles aisées viendraient au Louvre».
Un autre aspect de la politique du secteur Etudes et
Développement des publics vise à vivre en communication avec le
public, adapter l'information, l'informer, l'écouter. Un travail
conjoint est fait entre, d'une part, le musée du Louvre (le service
culturel) et d'autre part, les associations des jeunes et les associations
culturelles. Par ailleurs, les thématiques sont adaptées en
tenant compte de la catégorie de public. C'est dire que le secteur
oeuvre en faveur d'un travail interactif et non passif entre les adolescents et
leurs encadreurs. Le musée du Louvre, comme le Centre Georges
Pompidou et le musée d'Orsay, rend possible
l'adhésion via la société des Amis du Louvre dont la carte
a une durée d'un an et coûte trois cents francs français.
Le musée le fait directement grâce à la carte Louvre
jeunes, lancée en 1995, qui coûte cent francs français
pour les dix huit à vingt six ans, pour une durée d'un an. A
présent, on compte seize mille adhérents ; l'affiche
publicitaire pour la carte Louvre jeunes a été :
« Une carte un an 100ff » .
En outre, des études quantitatives et qualitatives du
public sont faites. Les premières consistent à demander au public
ce qu'il pense du musée, ses goûts, ses envies. Quant aux
études qualitatives, elles se font par la gratuité le premier
dimanche de chaque mois, en se demandant qui vient au musée le dimanche?
En nocturne, une gratuité est permise aux jeunes de la carte Louvre
jeunes.
Les étudiants en sciences sociales, en histoire de
l'art viennent travailler au Louvre pour leurs modules
extra-pédagogiques. « Pour mieux intéresser les
étudiants, élèves et écoliers au musée, il
est important de savoir choisir le temps, la période et la saison. Il
est, en effet, des périodes favorables et non favorables : juin-juillet
(vacances), période favorable ; la rentrée scolaire et les mois
des examens , périodes peu favorables. « Notre service accorde
un grand intérêt au monde scolaire parce qu'il recèle des
futurs partenaires et qu'il est structuré», a conclu
Béatrice Grandchamp.
Après avoir pris part à quelques ateliers,
visites-conférences et à d'autres activités avec le monde
scolaire, nous avons voulu savoir ce que pensent les enseignants de leurs
visites et des services que leur offre le musée du Louvre.
1.7. Le point de vue des enseignants
Nous avons ainsi discuté avec une enseignante et nous
avons relevé des réactions, de quelques enseignants, comprises
dans une enquête menée sous la direction de Martine
Chaudron de l'université Paris VII Denis
Diderot.
*Monique Charnel, enseignante au
collège St Martin à Angers, en stage au musée du Louvre,
nous a dit, en substance, ce qui suit : « ce stage nous permet, non
seulement, de mieux nous préparer à conduire nos
élèves au musée, mais il nous renseigne sur beaucoup
d'aspects que nous ne maîtrisions pas. Nous ne comprenions pas au
départ quel serait l'impact d'une visite avec nos enfants dans un
musée. Ces visites poussent les enseignants et leurs
élèves à aimer l'art. Mais aussi, elles poussent à
l'esprit d'imagination et au discernement. Nous sommes frappé par le
travail que nos élèves font dans des ateliers organisés
à l'école même. De telle manière, les enfants
aimeraient revenir plusieurs fois au musée ».
*L'enquête de Martine Chaudron a
été menée auprès des enseignants ayant
participé à l'une ou l'autre des deux formations proposées
par l'Action Educative du musée du Louvre en 1994-1995. L'enquête
a été donc initiée par le Secteur Etudes des publics du
service culturel du musée. A travers cette étude, l'on visait
l'objectif suivant: «...dresser un bilan d'une part des deux formations
et d'autre part des six ans de création du service culturel en 1989, de
l'ouverture de la pyramide et de l'auditorium. »44(*)
En effet, le musée a organisé ces deux
formations en direction des enseignant(e)s, pour l'une, du
préélémentaire et de l'élémentaire, pour
l'autre, du secondaire. Le secteur Etudes des publics a bien voulu savoir
quel(le)s sont les enseignant(e)s qui ont profité de cette offre du
Louvre, quel(le)s sont ceux (celles) qui n'en ont pas profité. Les
raisons, dans l'un ou l'autre cas, peuvent varier, elles sont de plusieurs
ordres: matériels, caractéristiques socioculturelles
particulières, et peut-être encore leurs élèves.
Nous avons sélectionné, entre autres
thèmes, trois sur lesquels les enseignant(e)s ont donné leur
point de vue à savoir : Le poids de la distance culturelle, le moyen
d'ouvrir le programme et l'éveil artistique au service de la
pédagogie. Et parmi les différentes réponses
données, nous avons relevé quelques unes que nous avons
jugées pertinentes. Notre choix se justifie en tenant compte d'un
certain nombre de paramètres : thème de formation, niveau de
classe, origine géographique, statut de l'enseignant (instituteur,
professeur, etc.).
Nous avons voulu rendre, in extenso, les interviews. Ce qui
justifiera la présence de certaines fautes dans la forme.
*Le poids de la distance
culturelle
Ici, les enseignants sont réunis par les conditions
dans lesquelles ils enseignent et la catégorie d'élèves
qui ont des caractéristiques socioculturelles faibles : ce sont des
enfants qui ne sont jamais allés au musée, dans leur
majorité :
- Mr. C., Audiovisuel, Arts Plastiques Villeneuve dit :
«ça fait dix ans que je suis dans établissement
classé ZEP45(*)
à Villeneuve Saint Georges, ce que j'ai constaté c'est que
les élèves, malgré la proximité de Paris,
s'y rendaient très peu aussi au musée ».
(sic)
- Mme B., CM 2, Bondy : «Des enfants qui ne sont
jamais entrés dans un musée et qui n'iront peut-être plus
jamais dans un musée.». (sic)
- Mr. M., Lycée agricole,
Éducatoin culturelle, Vire : «...Ils ont un bon
comportement, mais ils sont un peu bruyants des fois.
Ils se font rarement rappeler à l'ordre, mais je sens
qu'ils n'ont pas le même comportement que les urbains : on bavarde plus
fort en campagne et ça agace un peu ». (sic)
- Mr. S., Sciences Physiques, Mont Saint Aignan :
«On a des élèves qui sont déjà
allés dans des musées et qui ne sont pas du tout surpris
; ils sont allés aussi à la Villette...Il faut justement
les encadrer d'autant plus qu'ils ont l'habitude de ce genre d'endroit. Il faut
fouiller». (sic)
*Un moyen d'ouvrir le programme
Le Département des Antiquités
égyptiennes est le plus intéressé et a eu du
succès, car, il s'agit plus des élèves des classes de
sixième. Et pendant cette période de la visite, l'Egypte
constitue l'essentiel du programme de ces classes.
- Mme L., Histoire-Géographie, Annoeullin : «Eh
bien en fait, nous allons au Louvre uniquement pour les Antiquités
égyptiennes, notre motivation c'est simplement le programme
d'Histoire des 6èmes. Ce sont des 6èmes
que nous emmenons ».(sic)
- Mme N., Français/Anglais, Saint Joachim :
« Et puis ne me demandez pas...enfin avec un groupe scolaire
j'ai toujours visité avec des classes de 6èmes, je ne sais pas,
je ne connais pas le programme après... Mais, visiter d'autres
parties j'ai jamais fait avec des groupes scolaires...et ça a
toujours été dans le cadre d'Histoire-Géo, un prof d'Arts
plastiques peut très bien voir des choses, mais ça nous, on n'a
jamais fait ». (sic)
- Mme H, Histoire-Géographie, Clichy
la Garenne : « En fait ça été une visite
plutôt après, enfin alors qu'ils avaient
déjà étudié la civilisation, donc c'était
plutôt une reconnaissance, retrouver certaines choses, ça pas
été une découverte...Pour que les enfants voient
réellement ce qu'auparavant ils avaient vu sur le papier ou ce qu'on
avait raconté ou autre, c'était pas une découverte
c'était au contraire un approfondissement...C'est quand
même une ouverture très intéressante, c'est très
important, et puis avec les choses elles-mêmes avec les oeuvres. Et puis,
le site lui-même, le cadre! qui évidemment quand on voit ces
classes terribles à pleurer là, évidemment si on peut les
emmener un petit peu dans un cadre un peu plus...beau...c'est
important ».(sic)
*L'éveil artistique au service de la
pédagogie
- Mme T., Maternelle Neuilly Plaisance :
«Plus que sur les arts plastiques j'essaye de travailler sur
l'éveil de l'enfant (...) En maternelle il n'y a pas de programme bien
défini et je travaille donc normalement en Arts plastiques qui
est la matière la plus importante dans ces petites classes. Elle
éveille l'enfant et permet de lui faire découvrir beaucoup de
choses ».(sic)
En définitive, il faut dire que le musée du
Louvre sert aux enseignants et aux élèves pour beaucoup de
choses. Outre la délectation recherchée par tous devant une
oeuvre d'Art, les visites, visites-conférences, visites guidées
et ateliers au musée ont fait le bonheur du monde scolaire. Une
véritable complémentarité existe entre le musée et
les établissements scolaires. Le service culturel, pour atteindre ce
but, joue un rôle médian au sein du musée. Une
collaboration s'impose avec les sept départements qui existent.
2. Les expériences pratiques d'autres
institutions
Pour avoir une vue plus ou moins large sur la question de
l'action éducative, nous avons visité d'autres institutions. Au
cours de ces visites, nous avons participé à certaines
activités qui y ont été organisées. Il n'est pas
question, ici, de faire une étude comparative avec l'expérience
du Louvre. C'est ainsi que nous allons présenter quatre
expériences, que nous avons vécues dans les institutions
suivantes : Musée national des arts africains et océaniens
(MNAAO), Musée national des arts et traditions populaires (MNATP ou
ATP), Musée d'Orsay et Fondation Dapper.
2.1. Musée National des Arts Africains et
Océaniens (MNAAO)
2.1.1. Entretien avec Philippe Garcia de la Rosa
Comme l'indique si bien son nom,
ce musée abrite des oeuvres d'arts venues d'Afrique et
d'Océanie. C'est la raison principale qui explique notre choix. En
outre, le MNAAO est né de l'héritage du vieux musée
colonial puis de celui de la France d'outre-mer.
Nous y avons rencontré et discuté avec M.
Philippe Garcia de la Rosa, responsable de l'action
culturelle. L'action éducative au MNAAO vise trois objectifs principaux
: Gestion, Animation et Formation. Des ateliers sont animés au sein du
musée pour le public scolaire, les enfants, les adolescents. Mais avant
tout, une formation préalable des enseignants s'impose. Le musée
organise aussi des conférences guidées. Toutefois, il se pose un
problème de moyens et de personnel. La politique du musée est
fondée sur le rapport Ecole-Musée et non Musée-Ecole. Ce
qui veut dire que le musée ne va pas vers l'école, mais c'est le
contraire qui se fait. Les lieux de l'action éducative restent les
ateliers. M. Garcia de la Rosa souligne : «Le
musée ne doit pas être vu comme un parc d'attraction pour les
enfants, mais plutôt un lieu d'initiation, d'apprentissage. D'où
une formation préalable des enseignants avant d'y arriver ».
Le MNAAO se considère comme un lieu d'encadrement
physique et éducatif. Le rapport Musée-Ecole peut se faire
à partir des expositions temporaires; malheureusement, celles-ci
demandent un perpétuel renouvellement et, partant, des moyens
financiers. L'intervention des artistes (conteurs, griots, sculpteurs,
comédiens, etc.) au musée constitue un élément
indispensable dans la réalisation d'une action éducative. Des
coproductions sont faites par le musée et ces artistes. Dans le cas des
expositions d'Art contemporain, le musée travaille avec des peintres
africains, océaniens, français ou européens.
« Le travail de l'action culturelle consiste aussi
en la revalorisation, la mise en valeur des collections. C'est pourquoi le
MNAAO travaille pour son image en réalisant des publications. Mais, il
fait précéder cela d'un travail de coordination, de conception,
de programmation. D'où la nécessité d'avoir une
communication efficace », dit Garcia de la
Rosa. C'est ainsi que le musée se fixe une orientation
en faisant des choix pour soigner cette image.
En dehors du public scolaire, le MNAAO fait un travail en
direction du public non scolaire. Il cible un public qu'il est obligé de
connaître, d'écouter attentivement en vue de le satisfaire, de le
fidéliser. Des statistiques s'imposent, dans la mesure où
différents publics viennent au MNAAO : le culturel (publics sans
formation culturelle, mais qui s'intéressent à la culture), le
scolaire, le public d'artistes et le public touristique ou étranger.
Comme on peut le constater, le MNAAO, malgré sa
vocation, n'a pas de rapport d'échanges ou de tout autre ordre avec les
musées africains. M. Garcia de la Rosa confirme que :
«Le MNAAO et les musées africains entretiennent des relations
individualisées. Autrement dit, elles dépendent des rapports
qu'on peut avoir avec le directeur, ou un autre agent, d'un musée
africain donné ».
Le MNAAO organise aussi des ateliers en direction des
scolaires.
2.1.2. Les ateliers
« Au MNAAO, l'expérience des ateliers est vieille
de dix ans. Ils visent l'intégration des immigrés, en vue de leur
permettre d'avoir une attitude positive face à «
l'autre », selon M. Jean Boson, responsable desdits
ateliers, que nous avons rencontré. De cette façon,
l'immigré reste conscient de son identité ; une attitude qui lui
permet de ne pas craindre une agression culturelle. Ainsi, le musée fait
venir des enfants d'immigrés et ceux d'autres horizons. C'est dans le
but de leur y faire retrouver une affectivité, par la beauté,
l'esthétique, ou une certaine rationalité, et de favoriser leur
contact avec les oeuvres d'Art. A partir de celles-ci, ils créent
librement dans les différents ateliers. La participation des enfants
français aux ateliers vise principalement à leur faire
connaître d'autres cultures, africaines et océaniennes.
Dans le cadre de la formation ou, mieux, de la
préparation des enseignants, le musée travaille avec les
Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM).
Ainsi, M. Jean Boson nous a cité un
projet que le MNAAO a conçu avec l'école Victor Hugo qui a pour
thème : « Intégration de l'enfant dans l'Europe de
demain par le musée ». Il veut, avant tout, intégrer le
jeune français dans la société française avant
« d'aller à l'Europe », ce qui est un
préalable indispensable, pense Jean Boson.
*Nous avons aussi rencontré au MNAAO, Kra
Nguessan , peintre, pédagogue, artiste
conférencier au MNAAO, enseignant à l'École Normale
Supérieure (ENS) d'Abidjan (Côte-d'Ivoire). Il a animé,
avec un architecte, un historien et une psychopédagogue, un atelier
parmi les ateliers dits d'été. Nous avons pris part à une
séance, comme aide et assistant aux côtés des cinq
animateurs. Chacun d'eux avait, à sa charge, cinq enfants, dont
l'âge varie entre cinq (5) et douze (12) ans, pendant l'atelier.
Après une visite guidée du musée, il a été
demandé à chaque enfant de créer un masque ou n'importe
quel autre objet de son choix.
Après cinq jours de séance, les enfants
présentent, à tour de rôle, le fruit de leur imagination.
Ils nomment l'objet, disent ce qu'il représente, sa nature. Ils
justifient le choix de la forme, les couleurs. Nous avons eu des masques et des
objets nommés différemment :
- masque de guêpe : « parce que la guêpe
pique, elle fait peur aux enfants qui ne doivent pas jouer avec elle ».
- masque d'indien : « parce que les Indiens chassent
».
- masque Maurice : « la raison est que Maurice est trop
méchant, il commande tout le monde, il se croit roi ; il veut tout
casser, il aime provoquer les autres, il ne faut pas être son camarade
».
- objet rappelant un accident d'avion : « les couleurs:
le blanc représente les nuages, le bleu c'est le ciel, le rouge c'est le
sang parce que les gens sont morts après l'accident, le vert, la nature
».
Ce qui nous a frappé, c'est l'interprétation
libre et juste faite par les enfants de leur création, mais surtout, le
fait qu'ils arrivent à distinguer des couleurs symbolisant certains
éléments et phénomènes de la nature. Ils arrivent
à "peindre" des travers de la société. C'est une
expérience passionnante de voir les enfants avoir une telle
imagination.
Le peintre Kra Nguessan déclare
qu'« au-delà de la culture d'initiation, d'imagination,
d'éveil, le MNAAO, à travers ces ateliers, veut faire
connaître le continent africain avec toutes ses composantes, et
non le grand pays, comme on le voit et le pense ici en Occident. Le
continent africain a un fonds culturel commun ; ce fonds fait, en même
temps, la différence de l'Afrique dans sa diversité. L'enfant
découvre ici certaines vertus morales et sociales qui nous restent.
C'est le cas de la chaleur sociale, le respect de l'humain, la
solidarité, les droits d'aînesse et j'en passe. Ici en Europe
l'argent érode plusieurs vertus que ce continent avait ».
L'expérience du MNAAO aurait pu s'enrichir davantage,
si ce musée avait des échanges avec les musées africains,
tant il est souligné que l'oeuvre d'Art en Afrique a autour d'elle une
immense actualité multidimensionnelle : cultuelle, morale, sociale,
initiatique, etc.
Mais, avec l'ouverture en 2002 du futur musée des Arts
Premiers au Trocadéro, le MNAAO va disparaître. Nous avons
l'espoir que l'expérience du MNAAO se perpétuera dans ce futur
grand musée d'Afrique et d'Océanie.
2.2. Le Musée National des Arts et Traditions
Populaires (MNATP ou ATP)
2.2.1. Présentation et vocation du MNATP
C'est la vocation ethnographique qui a milité en
faveur du choix que nous avons porté sur ce musée. Le
musée des ATP, par sa vocation, est proche des musées congolais.
Car il est constitué d'un saisissant hommage à la civilisation
artisanale et paysanne et étend progressivement ses champs
d'intérêt à l'époque moderne46(*).C'est pourquoi nous n'allons
pas insister uniquement sur l'aspect «action culturelle et
éducative» ; aussi sur les collections.
Il a été créé en 1936 pour
être le musée d'Ethnographie de France. Ce musée comprend
une partie consacrée aux salles d'exposition et aux réserves, une
tour où sont situés les services, les salles de consultation et
les bureaux. Ces deux volumes traduisent la double vocation de
l'établissement : musée et laboratoire.
Les sections de recherches sont consacrées aux arts
plastiques et graphiques, costumes, coutumes et croyances, habitats,
jeux-spectacles-danses, littérature, matériel
archéologique médiéval et moderne, musique, techniques
d'acquisition et de production, techniques de transformation, vie
domestique.
Les objets des ATP ont, chacun, une histoire. Ils retracent,
tous, celle d'un pays proche en même temps lointain de la France
actuelle, la France avant que la modernité ne soit venue bouleverser ses
modes de vie traditionnels.
Les arts populaires : poteries, étains, cuivres,
objets sculptés, estampes, meubles, costumes, instruments de musique,
marionnettes, etc. travaillés dans des matériaux très
divers témoignent de la fabuleuse créativité des
véritables arts populaires, d'étonnantes prouesses.
Le musée des ATP est classé dans le groupe des
« Musées des sociétés », pour le
rappel qu'il nous fait d'une vie passée, une mémoire. Et, comme
le dit si bien le Bulletin Liaison, ces « objets du temps qui
passe, objets du temps passé : liés au temps de notre propre
vie, il est certains objets qui nous disent notre histoire. Si tous nos objets
nous racontent et si autour de nous, meubles et objets ont pour fonction de
personnifier les relations humaines, ces objets du temps qui passe ont de
surcroît la charge de rassurer notre mémoire, de maintenir un
équilibre entre la sphère privée et la sphère
publique, de garantir des correspondances entre nous et le monde
»47(*).
Plusieurs activités sont organisées pour les
enfants aux ATP.
2.2.2. Activités culturelles en direction des
enfants et des adolescents
Le musée des ATP, depuis des années, est
associé au Centre d'Ethnologie française du CNRS(Centre National
de Recherche Scientifique), et s'implique dans le secteur scolaire :
rencontres, enseignement, stages, expositions d'élèves et
d'enseignants, échange de fiches pédagogiques. Musée
d'ethnologie, « il se veut convivial, à l'écoute des
pratiques sociales d'hier, d'aujourd'hui et de la culture qui s'élabore
au quotidien, notamment celle d'un public de jeunes qu'il s'efforce de
sensibiliser à une réflexion sur nos sociétés
»48(*).
Des expositions destinées aux scolaires sont
conçues sous un angle très vivant alliant savoir-faire et
savoir-vivre.
Le musée fait venir des conteurs et des musiciens
illustrant des contes et des intermèdes musicaux ; tel fut le cas de La
nuit de la Saint Jean» du 24 juin 1994. Le MNATP est ainsi un lieu de
rencontre et d'échange, un lieu pour construire des politiques
collectives de conservation et de constitution du patrimoine ethnographique.
Une rencontre entre le monde urbain, dans lequel vivent les enfants et le monde
rural.
*La Galerie culturelle
Elle est le reflet global de la culture française
préindustrielle par des présentations claires et vivantes. Elle
s'adresse à un public très vaste, aux enfants comme aux adultes.
Ici, le but est de faire revivre les objets présentés, de les
situer dans un contexte tel «qu'ils n'aient pas l'air privé
d'âme, voire de les intégrer aux ensembles dans lesquels ils se
trouvaient et qui les ont reconstitués : le feu est allumé dans
le foyer, l'oiseau est pris dans le piège, l'outil travaille la
matière. »49(*)
La galerie culturelle représente l'univers dans lequel
l'homme se trouve intégré: le milieu et l'histoire des
données qui ont servi de cadre à la civilisation
française, ainsi que les grands jalons de cette évolution
culturelle, depuis l'âge du fer jusqu'à nos jours. Le secteur
technique montre la façon dont l'homme a pris possession des ressources
naturelles et les a transformées ; celui des coutumes et des croyances
illustre que l'homme est saisi dans ses aspects à la fois biologiques,
cosmiques et sociaux, tour à tour de la naissance à la mort, et
dans le déroulement de l'année.
Comme on peut le constater, les ATP plongent autant les
adultes que les enfants dans un passé de la société
française. Un passé qui est indissociable d'une explication de
certains changements que l'on a vécus et que l'on vit aujourd'hui.
2.3. Le Musée d'Orsay
Il présente, dans leur diversité, les arts de
1848 à 1914, aussi bien la peinture, la sculpture, les arts, que la
photographie, le cinéma, la musique et la littérature.
L'impressionnisme est l'un des célèbres courants picturaux de
cette période. Mais, il y a une restitution, dans l'ensemble, de la
création artistique. Le musée d'Orsay a une politique
pédagogique qui vise « l'initiation des enfants aux arts sans trop
forcer, comme on apprend à lire », nous dit M. Gilles
Candar, responsable de l'équipe pédagogique.
La préparation des visites pour les enseignants se
fait en s'adressant au service de documentation. L'entrée au
musée est gratuite jusqu'à dix huit ans et pour les enseignants
munis d'un certificat d'exercice de l'année en cours. Le tarif
réduit pour les dix huit vingt et cinq ans s'élève
à vingt quatre francs français.
A cet effet, le musée a diverses activités : les
visites, les journées inter-musées, etc.
2.3.1. Les visites animées par des
conférenciers
Il s'agit des visites : "apprendre à voir", "explorer"
et "découvrir». Elles sont animées par des
conférenciers des musées nationaux, concernent les collections
permanentes du musée et, éventuellement, les expositions
temporaires. Ces visites s'appuient sur l'observation d'une dizaine d'oeuvres
reflétant le thème choisi. Les conférenciers peuvent
présenter aux élèves des documents complémentaires.
Ces visites durent 1h30 mn et intéressent de la maternelle au CM2,
d'une part, et des 6ès aux 3ès d'autre part. La consistance du
thème de la visite varie selon les niveaux.
*Visites "apprendre à voir": elles
permettent aux élèves d'affiner leur regard sur les oeuvres. Ces
visites s'appuient sur des notions plastiques. Une partie de la visite est
consacrée à la présentation de la notion
étudiée dans une salle équipée de divers supports
pédagogiques. D'autre part, un parcours propose la présentation
d'oeuvres sous un angle plus particulier de cette notion. La classe est
répartie en deux groupes.
*Visites "explorer": destinées aux
enfants de grande section de maternelle et de primaire, ces visites
s'effectuent en classe dédoublée afin de permettre une meilleure
participation des élèves.
*Visites "découvrir": elles sont
proposées à tous les niveaux scolaires, de la grande section de
maternelle aux classes de terminales, les visites s'effectuent en classe
entière.
2.3.2. Les visites libres
Le professeur conçoit et conduit lui-même la
visite. Il doit la réserver, afin d'être autorisé à
prendre la parole dans le musée. Des documents sont mis à la
disposition des enseignants, pour les aider à mener à bien de
telles visites.
2.3.3. Les journées inter musées
Elles se passent au cours d'une même journée
dans deux musées. C'est pour apporter des éclairages
complémentaires sur un aspect des collections du musée d'Orsay.
Elles concernent uniquement les classes, et ont été
conçues pour les élèves des provinces qui viennent
à Paris pour une journée. Dans chaque musée, la
séance dure 1h30' au moins et deux heures au plus, par exemple
Orsay/Louvre. Le musée du Louvre accueille le groupe de quinze
élèves, pendant deux heures à partir de dix (10) heures ;
le musée d'Orsay les accueille à partir de quatorze heures
pendant une heure trente minutes.
2.3.4. La musique au musée
Ces séances se tiennent dans l'auditorium du
musée. Elles comprennent, chacune, un bref exposé du thème
de la séance, une présentation des compositeurs et une
étude succincte de chaque morceau interprété par les
musiciens. Chaque séance dure une heure.
2.3.5. Les conférences pour lycéens
Les sujets de ces conférences se rattachent aux
programmes scolaires. Toutefois, cela peut aussi changer. La conférence,
en elle-même, dure une heure, puis, les élèves, munis d'un
plan, peuvent se rendre dans le musée pour voir librement ce dont il a
été question au cours de la conférence.
2.3.6. La formation des enseignants
De courtes sessions de formation sont
réservées aux enseignants. Elles sont appelées "Les portes
ouvertes aux enseignants". Elles visent une meilleure connaissance du
musée d'Orsay, de ses collections, de ses expositions et de la
période 1848-1914. Ainsi, ils pourront conduire eux-mêmes des
visites ou préparer leurs élèves à des visites
commentées par des conférenciers au musée.
Ces sessions visent aussi l'analyse sur deux oeuvres
d'artistes différents, à partir de deux regards, l'un plastique,
et l'autre historique.
La philosophie du musée d'Orsay vise
l'apprentissage des enfants à aimer ce qui est au musée :
histoire, littérature, la philosophie du tableau d'un artiste. Et M.
Gilles Candar pense qu'"en amenant tôt un enfant au
musée, il est moins intimidé".
Nous avons été aussi intéressé
par la Fondation Dapper, grâce à son statut et ses collections.
2.4. La Fondation DAPPER
C'est un organisme privé, à but non
lucratif, créé en décembre 1983 à Amsterdam et
implanté aussi à Paris. La Fondation Dapper a
pour objet d'aider à la connaissance, et à la préservation
du patrimoine artistique de l'Afrique noire précoloniale.
Dans ses séries d'animation, celle des contes
nous a intéressé au premier chef.
En effet, tous les mercredis et, du lundi au vendredi pendant
les vacances scolaires, des séances de contes sont proposées aux
enfants de cinq à dix ans.
Nous avons assisté a une séance de contes
animée par le conteur camerounais Tokoto dit Ashanti.
Il raconte des contes africains à des enfants en majorité
français. Il s'agit des contes tels que : «La
forêt», «la panthère», «la biche»;
«le lièvre», «grand génie de la
forêt». A la fin de chaque conte, l'animateur tire une morale
avec les enfants. Des comparaisons sont faites dans certains contes entre la
réalité africaine et celle de l'Europe. C'est le cas de la
princesse européenne et de la princesse africaine.
Et la grande leçon que nous en avons tirée,
pour notre part, c'est que le conte africain a des vertus qui sont reconnues et
dont tout le monde peut s'inspirer. Le conte peut ainsi servir tous les enfants
du monde. C'est avec raison d'ailleurs que le conteur Tokoto,
répondant à une de nos questions, s'adressant aux enfants pour
conclure, a dit : « que le cerveau s'ouvre, que les oreilles s'ouvrent,
que les yeux s'ouvrent , et le génie viendra se déposer dessus.
Tous les enfants peuvent être intelligents et devenir génie».
Et allant dans le même sens un proverbe biblique nous enseigne :
«Mon fils, sois attentif à mes
paroles,
Prête l'oreille à mes discours.
Qu'ils ne s'éloignent pas
de tes yeux ;
Garde-les dans le fond de ton coeur ;
car c'est la vie pour ceux qui
les trouvent,
C'est la santé pour tout leur corps. »50(*)
Comment adapter ces différentes expériences au
contexte congolais qui n'est pas le même que celui de la France et
d'ailleurs? L'école congolaise a, en effet, besoin d'une chaleur
culturelle locale, et les musées, dont les collections sont en danger,
attendent leur mise en valeur. Une politique culturelle est à concevoir
pour l'école congolaise.
B. Pour une politique culturelle en milieu scolaire
congolais
Plus de la moitié de la jeunesse congolaise est
scolarisée, soit près de 95%51(*) de taux de scolarité. C'est pourquoi,
l'élaboration d'une politique culturelle en milieu scolaire congolais
est indispensable. Une politique qui s'adapterait à nos besoins et aux
problèmes qui s'y posent. L'orientation de celle-ci, en priorité,
vers l'école, trouve ainsi son explication. En effet, c'est à
l'école que l'on trouve les futurs artisans du développement de
nos États. Une sensibilisation de la jeunesse scolaire s'impose de plus
en plus; cette dernière sera éduquée en vue d'une
réappropriation des richesses culturelles du Congo.
Cependant, toute politique culturelle dans le contexte du
système éducatif congolais ne pourrait s'imaginer sans penser
à des emprunts. Car, comme le dit si bien Augustin
Girard : « Il serait absurde [...] de parler
d'autarcie culturelle en cette fin du XXè siècle: même si
elle était souhaitable, et elle ne l'est pas (les cultures ont toujours
été transnationales et se sont toujours fécondées
mutuellement), cette autarcie ne serait pas possible: quels que soient les
brouillages et les censures, jeunes et moins jeunes savent toujours se procurer
les messages -littéraires, musicaux- dont ils ont envie et besoin. Mais
il faut parler de non-dépendance culturelle, c'est-à-dire de la
capacité pour un pays à la fois de limiter les importations
superflues et d'assurer une production nationale
compétitive»52(*). Autrement dit, nos propositions s'appuieront sur les
différentes expériences décrites plus haut. Il n'est point
question de les copier servilement; il s'agira plutôt de les adapter
selon les réalités et les dimensions des moyens financiers,
matériels et humains dont dispose l'État congolais. De plus, nous
n'avons nullement l'intention d'ériger un musée à la
mesure du Louvre en République du Congo.
1. La valorisation de l'identité culturelle
congolaise
À cause de la Mondialisation vers laquelle il tend, le
monde se banalise. Tous les peuples ressentent ainsi le besoin d'appartenir
à une communauté; plus le patrimoine devient planétaire,
et plus le patrimoine national et régional occupe une place importante.
Chaque peuple revendique son identité, synonyme d'enracinement dans le
temps et dans l'espace. Et pour répondre aux nouvelles exigences du
monde cet enracinement est nécessaire. Allant dans le même sens,
Alex Mucchielli dit que : «...toute société
doit affronter et résoudre un certain nombre de problèmes. Les
choix faits, concernant la réponse à ces problèmes, fixent
les orientations de la culture et sont donc constitutifs du système
culturel »53(*).
Parmi les problèmes dont parle Mucchielli, nous pouvons
citer entre autres : Les problèmes de l'environnement (la nature, l'air
et l'eau), de l'organisation de la société (politique,
économique, administratif), des rapports avec les semblables.
Pour le cas particulier du Congo, cet enracinement ou mieux,
cette (re)valorisation est d'autant plus impérative compte tenu de la
dégradation des moeurs que connaît ce pays. Il est donc temps que
l'on apprenne à l'enfant et à l'adolescent congolais les valeurs
d'hier qui caractérisaient l'Etre congolais, le code moral
: La famille étant la cellule de base où se forge le futur
citoyen, dans la société traditionnelle congolaise, elle avait
pour fonction d'inculquer à l'enfant et à l'adolescent, les lois
universelles coutumières : la solidarité familiale et sociale,
l'esprit de groupe, le respect des aînés, le respect du bien
collectif, l'amour pour le travail, l'apprentissage à s'affirmer par ses
propres efforts, l'hospitalité, le respect de l'être humain, la
gestion équitable de la nature, etc. Dans ce sens,
François Itoua dit que ce code moral est l'«
aboutissement de la formation et l'éducation qui
préparent à l'insertion de l'enfant dans la production. Avant
cette phase vitale, l'enfant doit être solide physiquement et
moralement. Seule cette éducation vécue peut l'aider
à soutenir l'intérêt au travail, car le salaire n'existe
pas dans la société traditionnelle. Tout comme elle fera de lui
un chef de famille responsable et digne de ce nom. Toutes les armes (physiques
et morales) que l'individu se forge durant l'adolescence ont pour but, d'une
part, de l'enraciner dans son milieu socioculturel et, d'autre part, de
réussir son intégration sociale »54(*). Cela ne veut pas dire
repartir vers le primitivisme sauvage ; Claude Mac Kay pense
que : « plonger jusqu'aux racines de notre race et bâtir sur notre
propre fonds, ce n'est pas retourner à l'état sauvage; c'est la
culture même »55(*).L'enfant congolais devrait apprendre, dans ce sens,
que l'identité sera un support et une référence pour lui.
Et, comme l'affirme Henri Gobard : « pour que
l'être humain soit un homme, il faut qu'il appartienne d'abord à
sa communauté, qui lui donne tout: la possibilité de
naître, d'être aimé, nourri, élevé,
protégé, d'entendre un langage, de vivre une culture natale sans
laquelle le monde ne serait qu'un informe chaos. Or chaque culture est une
conception du monde autonome qui ne s'autorise que d'elle-même et qui
délimite l'acceptable et l'inacceptable »56(*). Mais, cela ne sera possible
qu'en acceptant toutes les autres communautés linguistiques, si
minoritaires où majoritaires soient elles, ce, quelles que soient leurs
origines. Il sera question de puiser dans chacune d'elle qui, au fond, se
valent. Car, ce n'est point le nombre d'individus qui fait la culture, mais,
les valeurs qu'elle renferme.
C'est ainsi qu'on peut préparer des futurs adultes
congolais confiants et conscients de ce qu'ils sont, de ce qu'ils feront, de
leur rôle dans la société et de ce qu'ils peuvent apporter
au reste du monde.
Par ailleurs, la question de la revalorisation de
l'identité culturelle congolaise est de plus en plus posée compte
tenu des différents changements que connaît la
société tout entière. Nous faisons ici allusion aux
changements socio-économiques.
2. Le rôle de l'identité culturelle dans une
société en mutation socio-économique
Le monde aujourd'hui est dominé par une
actualité dont le centre reste les conflits armés. Dans leur
majorité, ces différents conflits ont un fonds ethnique ou mieux
culturel. Ainsi cette situation exige que l'on redéfinisse les notions
de cultures traditionnelles, d'appartenance ethnique, d'identité
nationale, de citoyenneté voire d'intégration culturelle. Il
s'agit d'une affaire d'éducation. Un dialogue entre les minorités
et les majorités s'impose, et Henri Giodan pense
à propos que : «...nous nous trouvons devant la
nécessité impérieuse de poser les problèmes de la
communication entre les cultures. Nous commençons à entrevoir que
le système de valeurs sur lequel nous nous appuyons ne peut plus se
limiter aux certitudes rassurantes d'une hiérarchie arbitraire
établie par une instance régulatrice - une autorité
supérieure ou un ordre naturel dont la crédibilité
est précisément mise en question par ces
mouvements. »57(*)
Le Congo qui a longtemps été une
République populaire, n'est pas en reste dans ces changements et
même des troubles socio-politiques. En effet, le pays est sorti d'un
régime socialiste à économie centralisée,
dirigée et planifiée. Pendant longtemps, l'État a
régné en maître absolu sur tous les plans, décide
tout de la production en quantité, en qualité et en rationnement.
La stagnation est vite arrivée comme dans tous les pays à
économie dirigée. Le manque de concurrence a
entraîné la résurgence des marchés noirs, l'absence
des initiatives privées. Mais, nous pensons que pour réussir
cette sortie, il va falloir tenir en compte la dimension culturelle. On
parlerait ainsi d'une intégration culturelle à tous les niveaux
politique, économique, administratif,...Il s'agirait d'une
intégration culturelle vidée de toute velléité de
domination culturelle, de n'importe quelle forme soit-elle. C'est pourquoi, le
petit congolais devrait savoir dès le bas âge que la
société congolaise, diverse dans son essence, construira son
développement grâce à l'apport de tous les groupes
sociolinguistiques. Et que la multitude de dialectes que compte le Congo
devrait constituer une source sûre d'enrichissement. Elle serait
conçue désormais non comme un mal, mais plutôt comme une
nécessité pour le développement de la
société congolaise. Boutros Boutros Ghali
parlant des langues a dit que : « l'histoire nous enseigne
qu'une langue est universelle non parce qu'elle est parlée partout et
par tous, mais parce qu'elle véhicule des valeurs dans lesquelles
peuvent se reconnaître tous les peuples de la planète.
»58(*) En d'autres
termes, il s'agit de prendre en compte toutes les particularités
religieuses, sociolinguistiques qui sont la condition, le mode de tous les
congolais d'être ensemble. Alors, peu importe la différence des
diverses communautés congolaises : qu'un suundi
(communauté du sud-ouest) soit différent d'un mbochi
(communauté du nord), ou d'un téké
(communauté du centre) , d'un ndjem (communauté du
nord) , d'un vili (communauté du littoral),
etc. Ils ont une histoire commune et unique, une histoire de sang;
« Terres sanguines, terres consanguines » dirait
Aimé Césaire.De même, on ne parlerait plus
au jeune congolais du Discours sur le colonialisme encore moins d'une
traite négrière. L'identité culturelle, pour un
développement socio-économique, dans ce nouveau contexte mondial,
cesse d'être opposée à l'Autre pour s'affirmer. Il
est plutôt question de l'assumer en ayant confiance en soi, en se
dégageant d'un quelconque Vendredisme59(*) dont parle Axelle
Kabou. De plus il est question de se débarrasser de toute forme
d'orgueil narcissique, tant il est vrai que, comme le dit si bien Henri
Lopes : « Sur le plan de la vie, le culte prononcé de
l'identité culturelle, nationale ou religieuse, conduit à des
attitudes d'exclusion qui font le lit de l'obscurantisme ou du fondamentalisme.
Nos civilisations étaient riches de sagesse, mais elles
possédaient, comme toutes les cultures des zones de barbarie. Le
féticheur soignait et guérissait, tandis que le sorcier jetait
des mauvais sorts et tuait. Nous avions des héros, des sages, mais aussi
des esprits retors, vils et peu reluisants. Sans la complicité de nos
ancêtres, la traite négrière n'aurait jamais fait d'aussi
gros profits »60(*).
En somme, pour aspirer à un développement
sûr et durable, il serait important d'enseigner à tous les petits
congolais que l'économie, la politique, l'acquisition ou l'adaptation
des nouvelles technologies devraient se faire avec la culture, le patrimoine
culturel. Léopold Sédar Senghor parlant de la
francophonie écrit : « Dans la francophonie, sans négliger
l'aspect économique du problème, dont la zone franc est la
préfiguration, il s'agit de mettre l'accent sur la culture, sans
répudier, pour autant, l'économie ni la politique.
Pourquoi l'accent sur la Culture? C'est que la pensée
française, la culture, c'est-à-dire la création ou
l'esprit d'une civilisation, est la condition, sine qua non, mieux, le
facteur le plus efficace du développement scientifique et technique,
partant, économique et social »61(*).
Nous pensons que le musée est, entre autres moyens,
celui qui a un rôle primordial à jouer dans cette nouvelle
situation de la République du Congo.
3. Le Musée, miroir du patrimoine culturel
Tout observateur averti peut se demander comment le
musée, institution très mal connue des congolais, pourrait-il
jouer ce rôle. Car il est entendu que les musées congolais sont en
ruine à présent. C'est pour cette raison d'ailleurs que nous
avons bien voulu mener cette réflexion. Autrement dit, nous voulons
rendre au musée congolais son rôle, sa fonction et son importance
dans la société. Il faut donc dire que cette réflexion
peut entraîner une autre manière de voir le musée, un
nouveau regard du musée par les autorités et toute l'opinion
congolaise.
Pour atteindre ce but, une nouvelle politique muséale
s'impose. En effet, il s'agirait de faire du musée congolais un lieu
où toutes les traditions porteuses de progrès retrouveront vie.
Un lieu de rencontre de toutes les cultures congolaises. Et ainsi, sera-t-il
ouvert sur la société. Il est vrai que tout musée a pour
rôle de collecter, de gérer, de conserver, de vulgariser, de
transmettre et...d'éduquer. De cette manière il ne
serait plus question de se contenter de collectionner des objets qui resteront
longtemps muets. Le temps est venu où les objets des musées
congolais doivent expliquer le passé et le présent,
éclairer et projeter le futur. Reflet de l'identité culturelle,
le musée servira désormais de trait d'union entre les
différentes communautés linguistiques de toute la nation ou de
toutes les dix préfectures que compte le pays, selon qu'on se trouve au
musée national ou dans un musée régional. Une
véritable unité nationale verrait ainsi le jour en son sein.
Unité qui sera fondée non sur des compromis mais sur le maintien
d'un équilibre sûr s'appuyant sur la littérature orale, les
langues, les arts, l'artisanat venus de toutes les profondeurs du pays. La
nouvelle fonction du musée congolais consisterait à engager les
publics en plaçant l'éducation, au sens le plus large du terme,
au centre de cette mission. Il s'agit du large public: rural, urbain,
analphabète, scolaire, universitaire...Yaya
Savané, parlant dans le même sens du musée
d'Abidjan, dit : « ...il doit désormais assurer sa vocation de
structure nationale au service de la société. Il doit rassembler
les données les plus diverses sur la vie quotidienne afin de
présenter à la postérité une image aussi
variée et aussi représentative que possible de la vie du pays. Sa
vocation est clairement définie »62(*).
Pour assurer effectivement ce rôle, le musée
devrait travailler de façon complémentaire avec l'école.
4. Pour une action culturelle en milieu scolaire
congolais
4.1. L'enseignement des arts et de l'artisanat au
musée
Il ne s'agirait pas d'un enseignement tel qu'on l'entendrait
dans une école des beaux-arts ou une école du patrimoine. Il sera
plutôt question d'un enseignement à partir des objets du
musée; un enseignement qui ne saurait en rien remplacer l'école
ni la concurrencer. Il s'adressera aux enfants dès l'école
maternelle (4ans) jusqu'au lycée (18ans). Les activités
éducatives dans les musées seront gérées par un
Centre éducatif relevant des ministères de l'Éducation
Nationale et celui de la culture. Le centre aura pour mission de coordonner les
visites et animations dans les différents musées, et de veiller
à la qualité des programmes offerts. Dans les régions, les
DRAC (Direction des Affaires Culturelles) et les DRE (Direction
Régionale de l'Enseignement ) en assureront la coordination.
L'enseignement des arts et de l'artisanat viendrait en
complément à celui donné par l'école officielle.
Nkanza Lutayi pense ainsi, que : « Comme
institution, le musée a un but éducatif puisqu'il constitue un
complément d'importance capitale de l'enseignement donné à
l'école. Ce rôle éducatif est institutionnalisé
parce qu'on le lui reconnaît officiellement et parce qu'une des
activités muséales est précisément
l'éducation »63(*).Tant il est vrai que, bien des objets, faunique et
floral, des faits historiques, archéologiques et protohistoriques
peuvent être exposés concrètement dans un musée
mieux que ne le ferait l'école. C'est pourquoi, les objets du
musée, loin d'être un fait de curiosité, sont des
réalités à expérimenter et à vivre.
«L'exposition donne une forme complète d'enseignement, parce que
non seulement elle illustre une connaissance mais aussi peut en même
temps procurer cette connaissance »64(*), renchérit Nkanza Lutayi.
Le musée congolais, pour les scolaires, servirait de
lieu de sensibilisation, d'information, de création, d'éveil
à tout le patrimoine national et international. Élisabeth
Faublée affirme qu'« en plus d'une meilleure
assimilation d'un savoir qui, appris uniquement dans les livres, relève
le plus souvent de l'abstraction, ces actions d'ouverture permettent aux
élèves d'acquérir des connaissances et des savoir-faire
autres que ceux transmis en classe. Basée sur la participation active
où chacun apporte sa contribution dans la réalisation d'un projet
commun, la démarche de projet qui définit ces actions, favorise
l'épanouissement de tous les enfants, qu'ils soient bons ou mauvais
élèves à l'intérieur du système scolaire,
développent leur capacité d'invention et révèlent
des aptitudes qui ne peuvent s'exprimer en classe. Les enfants se trouvent par
ailleurs dans une situation d'apprentissage qui les responsabilise et les
solidarise, les éduquant à la fois à l'autonomie et
à la socialisation, finalité de cette
éducation »65(*). Le nouveau musée congolais serait
considéré, de ce point de vue, comme un centre de documentation
et de recherche scientifique. La nouvelle politique éducative du
musée aurait ainsi pour but, non seulement, l'accroissement du niveau
culturel de la population scolaire congolaise, bien plus, elle
s'insérerait dans les programmes du développement de
l'éducation nationale.
Le musée, pour accomplir cette tâche, pourrait
aussi sortir de son cadre habituel pour aller vers l'école, le quartier
ou le village.
Par ailleurs, le travail avec les élèves au
musée sera exempt de toute contrainte ou toute obligation. Le
musée ne sera pas vu comme un lieu d'enseignement. On n'a pas
à amener les gens à comprendre quelque chose. Cela n'exclut pas,
pour autant, la présence du savoir au musée.
Élisabeth Caillet et Odile Coppey
affirment que « la notion de médiation repose sur cette
distinction essentielle: "Je te fais savoir ", dit le médiateur, "Je
t'apprends", dit l'enseignant. Il faut laisser de côté le
système des contraintes de l'enseignement et travailler pour quelque
chose dans lequel transparaissent le plaisir, le désir »66(*).
Pour ce faire, nous nous proposons d'élaborer un
programme d'enseignement ou d'activités au musée qui serait suivi
pour atteindre ce but.
L'enseignement des arts et de l'artisanat se fera par le biais
des ateliers pédagogiques.
4.1.1. Les ateliers Pédagogiques
Une série d'animations seront coordonnées par
un conservateur ou un conservateur adjoint qui aura sous sa direction le
service ou la section culturelle. Les ateliers seront préparés,
auparavant, par les animateurs et les différents services ou sections du
musée. Ils seront animés par des conteurs, , des enseignants, des
artisans, des artistes (écrivains peintres, musiciens), des
universitaires, ... qui interviendront selon le thème du jour. Les
musées pourront travailler en relais avec les galeries et les ateliers
privés de la place. Les animations se feront soit en français ou
en anglais, soit en lingala ou en munukutuba. Les
dialectes du pays peuvent aussi servir, pour la communication dans les
musées, aux animateurs qui les parlent et les maîtrisent bien. Ce
qui serait une sorte de politique linguistique du musée. En effet, nos
dialectes sont des véhicules de notre culture nationale. Ainsi, le
musée qui est réputé pour prêcher la conservation du
patrimoine ne doit pas oublier que le patrimoine est aussi ce qui a
été transmis de génération en
génération, y compris la langue. La langue est le moyen le plus
important de transmettre la culture. Or, en « Afrique, c'est la somme
totale de toutes les cultures locales qui constitue nos cultures nationales
dans nos pays respectifs. La perte d'une langue locale, aussi réduit le
groupe qui la parle soit-il, appauvrit encore notre culture
nationale »67(*). En outre, cette orientation vise aussi
l'interactivité musée-communauté. Cette question est
d'autant cruciale que la communauté âgée, par exemple,
détient la connaissance, les biens et dans certains cas, la richesse.
L'utilisation des langues locales s'impose dans des musées comme ceux de
Kinkala, Owando et Sibiti situés dans des petites localités
urbaines et où les intellectuels sont peu nombreux. De ce fait, le jeune
congolais apprendra que tout dialecte congolais recèle des
potentialités culturelles fort estimables, peu importe son appartenance
culturelle ou sociolinguistique.
Il faut toutefois préciser que les sorties au
musée seront toujours précédées d'une
préparation faite par l'enseignant en classe. La préparation est
obligatoire car elle suscite la curiosité et l'intérêt de
l'enfant. Elle facilite aussi l'accession de ce dernier à ce nouveau
monde quasi inconnu et étranger. Car, « on aime mieux ce que
l'on connaît »68(*). C'est pourquoi, les enseignants devraient avant tout
suivre une formation qui leur permettrait une exploitation pédagogique
du musée. Par voie de conséquence, des rencontres
enseignants-conservateurs se feront pour atteindre ce but. Ces rencontres
viseraient aussi la production des documents pédagogiques utiles pour
les visites et autres activités au musée.
La formation des enseignants pourrait aussi se faire en
collaboration avec les Écoles Normales où il leur sera
enseigné comment utiliser le musée dans le cadre des
activités d'éveil. Autrement dit, elle devra être incluse
dans les cursus des enseignants congolais. Ce qui est une
nécessité pour l'efficacité des sorties au musée
avec les enfants. C'est un procédé qui domine dans plusieurs
musées au monde. Ceux-ci « ...cherchent à former les
enseignants à la pédagogie particulière du musée,
voire à l'histoire de l'institution muséale. Dans cette
démarche, il ne s'agit pas d'opposer gratuitement le musée
à l'école, mais d'analyser, pour améliorer les
spécificités de l'exposition et de l'action culturelle en
musée, par rapport à l'action pédagogique en milieu
scolaire »69(*).
Les ateliers pédagogiques porteront soit sur les
collections du musée soit sur des oeuvres d'un artiste ou d'un artisan
travaillant hors du musée. Ainsi, nous aurons des séances comme
:
*Lecture d'une
oeuvre
C'est une séance qui se fera autour des objets
représentatifs ou oeuvres-clés du musée. Autrement dit, le
choix sera fait sur un objet qui a une portée artistique, historique,
économique, politique,...L'enfant apprendra et comprendra à
reconnaître par lui-même ce qui fait la qualité
intrinsèque de l'objet en question. Il se fera une idée du
message qu'il transmet de génération en génération,
d'éventuelles explications qu'il peut apporter dans un
phénomène de quelque ordre soit-il. On peut par exemple choisir
un objet en raphia, ce genre de tissu qui a fait et continue de faire la
réputation et l'orgueil du Royaume Téké. Il va sans dire
que l'animateur adaptera son discours au niveau du public : enfants,
adolescents et même enseignants.
Toutefois, l'animateur ou le co-animateur pourra faire des
analogies avec d'autres oeuvres artistiques du même ordre. Ce qui peut
permettre à l'enfant d'être ouvert au monde. Car, le but de
l'éducation muséale est aussi d'aider le public scolaire à
« lire le monde » afin de pouvoir percevoir ou
appréhender les collections des musées sous un angle
enrichissant. En d'autres termes, le musée ne sera plus
considéré comme une simple banque de données. L'enfant
devant un objet apprendra à Voir, à
Comprendre, à Observer et à
s'Instruire tout en se délectant.
*Voir, Jouer, Écouter et
Créer
L'une des tâches principales du musée congolais,
c'est l'initiation des enfants à la création par des
manipulations de certains outils ou matériels. La démarche tend
à mettre en valeur le savoir des artistes et artisans du Congo. Ces
derniers, en effet, se chargeront de traduire leur ingéniosité
aux jeunes qui les remplaceront. "Voir, Jouer, Ecouter et Créer se fera
sous forme ludique après une visite du musée par les enfants et
l'animateur du jour. L'atelier aura pour matériels de travail, des
objets de récupération : cartons, boîtes de conserve, fils
de fer, tôles ondulées, vaisselles, objets en plastique, bref le
genre Ingénieuse Afrique70(*). Il s'agirait là de la promotion de
l'artisanat utilitaire qui a fait ses preuves dans certaines villes
congolaises . Pour commencer, les enfants suivront une
démonstration qui sera faite par l'artisan-animateur. Suivra ensuite le
tour de chaque enfant de créer un objet de son choix. La durée de
la séance variera selon le thème du jour, cependant, elle
n'excédera pas deux heures. Au cours de cette séance on aura
aussi recours aux enseignants et autres personnes employés dans les
établissements et structures d'enseignement techniques et
professionnelles.
*Contes, proverbes, mythes et
légendes
Les dépositaires des traditions orales seront à
l'honneur pendant ces séances. Outre la dimension morale, ou
pédagogique de ces genres littéraires oraux, il sera traduit
à l'enfant tout l'imaginaire, les formes de pensée et les modes
d'expression que peut avoir chaque peuple. Il comprendra que
« ...chaque groupe socioculturel a sa littérature, bien
entendu orale et que celle-ci véhicule des normes, des
catégories, des interdits, bref des us et coutumes propres à la
société concernée »71(*).
Par ailleurs, un conte peut être axé autour d'un
objet du musée qui explique un fait naturel, historique, et qui irait
dans le même sens que l'esprit du conte.
Les différentes technologies de pointe donnent la
possibilité de communiquer par l'image fixe ou animée. Le conte
et les autres genres littéraires oraux peuvent se faire sur support
audiovisuel ( cassettes audiovisuelles, CD ROM...). Ainsi, l'usage de
l'audiovisuel, si simple soit-il, permettra aux musées d'avoir des
programmes similaires et d'échanges d'expériences. Tant il est
vrai que le conteur du musée d'Owando n'a pas la facilité de se
déplacer pour aller par exemple au musée de Sibiti et vice
versa.En dehors des genres littéraires oraux, il y aura aussi la
littérature écrite.
*La littérature écrite:( genres
littéraires écrits)
Le Congo est un pays où la littérature
écrite d'expression française est très florissante. Nous
pensons que celle-ci est aussi un patrimoine culturel congolais. Le
musée a donc toutes les raisons de la conserver et de la diffuser comme
tout le reste. Elle traduit en français l'imaginaire congolais.
Mukala Kadima Nzuji pense que : «... la
littérature écrite a, comme toutes les autres, une
diversité de sources d'inspiration et d'idéologies qu'elle
véhicule. Elle s'abreuve à l'histoire, lointaine ou
immédiate, des peuples qui la portent; elle orchestre et expose des
problèmes socio-politiques auxquels sont confrontés ces
mêmes peuples »72(*).
Des extraits des oeuvres littéraires seront
expliqués avec illustration par des oeuvres du musée. Où,
mieux, on partirait d'un objet du musée pour aboutir au texte. Un
écrivain sera invité à cette occasion pour s'adresser aux
enfants à qui il peut parler de son oeuvre, sa ou ses sources
d'inspiration, de son style... Nous appellerons cette séance "Les
écrivains parlent ou La voix des écrivains.
Des conférences-débats seront organisées
à l'endroit du grand public.
*Les
conférences-Débats
Le musée congolais devrait désormais être
considéré comme un véritable centre de recherche de
diffusion et de partage du savoir. Par conséquent, on y aura des
débats de tout ordre, quitte à aider les enfants et le grand
public à y trouver leur compte. Les conférences-débats
seront animées par des spécialistes de tous les horizons,
question de faire du musée un lieu de rencontre multidisciplinaire.
C'est dans le même sens que Jean Galard
dit : « ainsi, est parfaitement préfiguré ce
que sera le musée, tel que le XVIIIè siècle va l'instituer
et le multiplier : un lieu de diffusion du savoir par l'exposition des
productions de la nature et des productions humaines, ouvert à tous et
non seulement aux savants et aux étudiants: un lieu destiné
à l'instruction publique et à l'enchantement de tout un
peuple...»73(*).
Cependant, des séances seront initiées dont les
élèves du secondaire pourront être les animateurs et les
adultes qui viendront au musée pour se (re)cultiver.
4.1.2. Le musée, lieu de formation continue
En dehors des jeunes scolarisés, les activités
du nouveau musée congolais intéresseront aussi les
jeunes en mal de scolarité et les adultes. C'est pourquoi, certaines
activités telles que : les conférences, la littérature
écrite, la lecture d'une oeuvre, etc. pourront être des moments de
rencontre entre les jeunes et les adultes.
Pour les adultes, ces activités leur donneront
l'occasion de compléter ou d'enrichir leur culture. Au Congo, en
réalité, on rencontre beaucoup d'adultes qui ignorent leur propre
identité culturelle, ils l'ont complètement perdue. Le
musée sera, à cet effet, pour eux, une source où on peut
réapprendre et renouer avec son passé pour comprendre son
présent et mieux scruter son futur.
De la même manière, la participation des adultes
aux expositions temporaires serait indispensable.
Parmi les diverses activités
du musée, on aura, également, les expositions temporaires ou
itinérantes.
4.1.3. Les expositions temporaires et
itinérantes.
On notera qu'à présent, le musée
congolais devra graduellement changer sa façon de fonctionner. C'est
dire qu'en marge des objets qu'on y trouve, il procédera à des
expositions temporaires ou itinérantes. Celles-ci pourront avoir des
thèmes variés qui posent des problèmes réels, et
qui répondent à certaines interrogations que se fait la
société : Santé, habitat, journée mondiale de
l'environnement, journée nationale de l'arbre (qui a lieu tous les 6
mars de l'année au Congo), démocratie, échec scolaire,
aliénation culturelle, entrée scolaire, fête des enfants et
du nouvel an, etc. Les thèmes pourront être liés à
un événement historique (anniversaire du pays, ou d'un personnage
politique, littéraire, artistique, scientifique), une activité
traditionnelle, une fête traditionnelle. Le souci à retenir est
l'intérêt des élèves. Pour cette raison, le
choix de certains thèmes devrait être l'objet d'un débat
avec les élèves des troisièmes, seconde, première
et terminale. On posera, en fait, des questions sur l'exposition : Que
veut-on montrer? à qui? et pourquoi?. De ce fait, le thème
d'une exposition peut varier selon qu'on se trouve dans un centre urbain (d'un
quartier à un autre ) ou dans une école de campagne, ou selon
l'activité principale du milieu où se tient l'exposition. La
ville, tout comme, la campagne, peut avoir une activité basée sur
l'agriculture, l'industrie, la chasse, la pêche, etc. Pendant ces
expositions, interviendront les artistes, artisans, scientifiques, politiques,
économistes... Ainsi, le musée s'ouvrira à une politique
multidisciplinaire qui lui permettrait une vie plus ou moins
complète.
De cette manière, les expositions temporaires
proposent une nouvelle forme de collectionner, une nouvelle
interprétation de l'histoire. Car, « toute archive étant
prise dans un flux, nous sommes aujourd'hui confrontés à une
conception héraclitéenne où toutes les identités
culturelles se trouvent dans un état d'extrême instabilité,
et doivent être redéfinies en permanence »74(*). C'est pourquoi les
expositions temporaires seront ouvertes à tous les
événements tant nationaux qu'internationaux; elles constitueront
le meilleur remède contre toute étroitesse d'une identité
locale.
Le Congo est un pays à fort pourcentage agricole et
forestier ; la forêt occupe 60 %75(*) du territoire national. C'est ainsi que certains
thèmes des expositions temporaires devraient porter sur l'agriculture et
la forêt. Par exemple, un thème peut être construit autour
de la fabrication du manioc (ou chikwangue en congolais), de la farine
du manioc (qu'on appelle foufou ici), la culture de certains aliments
et plantes de première nécessité que les congolais
consomment tant. Entre autres aliments, nous faisons allusion : à
l'arachide, au maïs, au haricot. Il serait donc nécessaire de
demander aux enfants de monter de petites expositions réalisables,
à moindres coûts. De même, on aura des mamans,
maîtrisant l'art culinaire, qui interviendront pour expliquer aux enfants
la préparation des mets congolais. Il s'agirait là d'un
enseignement sur l'art culinaire.
Dans les régions forestières, on peut imaginer
de demander aux enfants de mettre en scène des objets: comment exploiter
de façon rationnelle une forêt, comment sauvegarder
l'équilibre et la survie de l'existence humaine sur la planète
qui sont menacés par l'effet de serre ou, pire, le trou de la couche
d'ozone.
Quant aux régions d'élevage, on penserait aux
techniques d'élevage: comment soigner les animaux, les instruments
destinés à le faire, etc. On déboucherait aussi sur la
caractérisation des animaux selon leur robe (leurs couleurs), leurs
cris, la forme de leurs pattes et de leurs cornes ...
On envisagerait par exemple pour une meilleure connaissance
des problèmes liés à la forêt, une exposition qu'on
appellerait Vies de la forêt congolaise. Vies" au pluriel : les
plantes, les animaux et la vie invisible qui forment un tout. Il s'agit de la
vie invisible dont il est question dans nos forêts sacrées.
Celles-ci sont vierges grâce à cette sacralité qui les
entoure. Elles le sont en effet parce que nos sociétés anciennes
avaient ce souci de la conservation de la nature. Le travail du musée
consisterait en la conciliation entre les méthodes d'hier et celles
d'aujourd'hui. Il va falloir, dans ce sens, faire comprendre aux enfants la
question portant sur la biodiversité qui se définit comme la
diversité biologique, l'ensemble des gènes, des espèces et
des systèmes d'une région. Autrement dit, la domestication et
l'amélioration des variétés locales de plantes
cultivées et de races d'animaux ont également
façonné la biodiversité. Que les enfants apprennent que la
nature a en soi une valeur spécifique qui ne saurait être
compensée en cas d'altération: l'espèce animale et
végétale est unique et irremplaçable, de même un
site naturel qui disparaît ne peut pas être remplacé. Les
écologistes confèrent ainsi des droits propres à la
nature, l'exigence d'équité pour conserver la biosphère
dans son ensemble: respecter l'équité
intragénérationnelle et intergénérationnelle. Tout
ce discours servirait à apprendre aux écoliers congolais les
notions élémentaires et indispensables de développement
durable. Le principe est de satisfaire les besoins présents sans
compromettre l'aptitude des générations futures d'en jouir. Il
implique de maintenir un accès permanent aux ressources naturelles et
d'éviter les dommages persistants à l'environnement. La
durabilité doit donc se traduire par une transmission, un legs du
potentiel de croissance aux générations futures. Peter
Raven pense justement à ce propos que « les
plantes, animaux et micro-organismes de la planète, qui interagissent
entre eux et avec l'environnement physique au sein des
écosystèmes, sont à la base du Développement
Durable. Cette profusion de ressources biotiques soutient les moyens
d'existence et les aspirations de l'homme et lui permet de s'adapter aux
variations de ses besoins et de l'environnement »76(*). C'est dire que la destruction
répétée de tous ces éléments constituant la
biotique à présent ne favorise pas une pérennité de
la vie humaine sur terre. Cela montre qu'il y a absence d'équilibre
entre ce que la nature peut nous offrir et nos besoins. La vie de l'homme
dépend au plus haut point de la nature ou mieux de la forêt: la
nourriture, la pharmacopée (santé), l'air pur . Un petit espace
serait aménagé au musée pour les petits spécimens
vivants. Ils pourront être des rats, des oiseaux, des singes, etc. qu'on
élève à moindre frais au Congo. Les enfants les prendront
en prêt avec tout le système nutritionnel et médical du
petit animal. Ils viendront à chaque fin du mois soit pour
l'échanger, soit pour renouveler le prêt une façon de les
amener constamment au musée.
On pourrait aussi amener les enfants à enquêter
sur comment se fait la récolte des plantes médicinales, les
interdits qui les entourent, bref leur vie dans la nature.
C'est très important que ce savoir et ces notions de
gestion de l'environnement soient portés à l'attention de
l'enfant et de l'adolescent , mais aussi des maîtres parfois.
Le rôle des médias d'État est important
dans ce nouveau paysage de la culture congolaise, compte tenu de leur emprise
sur la population.
4.2. Les mass média et leur rôle dans la
promotion du patrimoine culturel
On ne peut pas parler de la diffusion ou mieux de la
médiation culturelle sans penser aux moyens de communication. Il s'agit
de la radio, de la télévision et de la presse écrite de
l'État ou relevant du secteur privé. Au Congo, la
télévision occupe une place importante dans l'information, la
politique, la distraction, le sport et les moeurs. Nous envisageons ici les
rapports entre les médias d'État et la culture,
particulièrement entre les médias et le musée. Le
musée au Congo est l'institution culturelle dont on ne parle pas sur les
antennes publiques. Pour cette raison nous pensons qu'il serait
réservé une place aux musées. Autant dire que toutes les
activités pédagogiques, ou autres, des musées du Congo
seront portées à la connaissance du large public à travers
une émission radiotélévisée. Elle s'intitulera :
"Allons au Musée" et aura, entre autres tâches,
de faire la promotion du musée, l'organisation des tables rondes sur
toutes les questions propres au musée. Les professionnels de
musée au Congo pourront ainsi imposer l'image de cette institution, son
rôle dans les changements politique, économique, et socioculturel
dans le pays.
Et, les autorités de l'État congolais prendront
conscience de l'importance du musée. Le rôle de l'État est
ainsi important.
4.3. Le rôle de l'État
La culture pour les romains de l'Antiquité, c'est le
mot cultus qui pouvait signifier les honneurs rendus aux dieux et aux
ancêtres, le labeur des champs, la pratique d'un art, l'état de
civilisation d'un peuple, d'un groupe humain. C'est ainsi que l'on parle
à présent d'un peuple cultivé, d'une société
cultivée. Ainsi, la culture dans son essence est faite de deux notions:
l'instruction et l'éducation. Et le Pape Jean
Paul II de dire : « il existe une souveraineté
fondamentale de la société qui se manifeste dans la culture de la
Nation... Veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette
souveraineté fondamentale que possèdent chaque peuple et chaque
Nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de
vos yeux pour l'avenir de la grande famille humaine »77(*).
C'est donc dire que, la culture est un fait collectif, et
pour cette raison l'État a le devoir de s'y intéresser. Car,
pouvoir institutionnalisé, l'État sait que la culture est une
pièce majeure de son action. Rémi
Caron, parlant dans le même sens, de l'État
français, écrit : « L'État est le
dépositaire et le gardien du legs de l'histoire nationale, chargé
d'assurer "la pérennité de l'être collectif". L'État
moderne, à cet égard héritier direct des rois, incarne une
sorte de conscience dynastique de la Nation, qui la persuade de devoir
protéger les biens, quoiqu'ils vaillent, dont elle a
hérité. Il y a là un sens de l'histoire, l'idée
fidélité obligée, le soupçon que l'irrespect du
passé menacerait la solidité de l'unité nationale, que
l'État assume. Et la culture, qui elle aussi est mémoire et
satisfaction, qui exerce à son profit sa mission séculaire de
défense et d'élargissement du domaine royal »78(*).
Comme on parle des droits de liberté, des droits
à l'éducation, on parlerait aussi d'un droit à la culture.
Et par conséquent, l'État a ce devoir d'apporter aux structures
et aux activités culturelles, les soutiens matériel et juridique
voulus.
Les musées congolais sont des établissements
d'État et donc ayant un statut juridique public. Pendant tout le
règne du parti unique, le Congo a connu un État
centralisé. Ainsi l'État-providence était seul
habilité à défendre, à encourager la
création culturelle. La gestion peu orthodoxe des structures de
l'État n'a pas atteint ces objectifs.
La culture est toujours reléguée au second rang
des laisser-pour-compte, parce que non génératrice d'argent.
L'État devrait à présent porter une attention
particulière à la culture, tenant compte des changements qui sont
intervenus au Congo. Il octroierait des financements, des subventions aux
musées qui fonctionneraient en partenariat avec l'école pour
certaines activités. De telle sorte que, l'école s'occuperait de
l'instruction et le musée jouerait le rôle d'éducateur en
mettant un pont entre l'ancien et le nouveau, le local et l'étranger, le
passé, le présent et le futur. L'État veillerait à
ce que l'école s'adapte aux réalités de terrain et au
rythme où va le monde. Ceci se fera par l'intégration de
l'enseignement des arts et de l'artisanat dans les programmes scolaires.
L'expérience ne demande que courage et volonté aux
décideurs congolais qui sont aujourd'hui conscients de la pertinence de
cette question. On peut s'en rendre compte par la déclaration d'un
Ministre de la Culture et de l'Enseignement, chargé du Patrimoine
National du Congo qui dit : « La prise de conscience, par les
africains de l'intérêt de leurs cultures ancestrales, est une
déterminante du développement de la société
contemporaine. L'esprit, de nombreux projets muséographiques et
patrimoniaux qui ont vu le jour en Afrique ces dernières années,
reste fidèle à cette idée. Outre la collecte et la
conservation - tâches propres à la muséographie - les
actions menées dans le domaine du patrimoine se tournent vers le grand
public et contribuent à l'évolution des mentalités par le
biais de l'éducation et de la recherche »79(*).
Par ailleurs, le dessin et la musique qui sont
enseignés dans les établissements publics seraient revus de fond
en comble. De telle manière, qu'ils devraient traduire, dans leur
nouvelle formule, une véritable transmission ou une inculcation, de
l'identité, de la morale et une initiation à la création,
aux enseignés. Pour le compte des musées, chaque
établissement scolaire aurait un correspondant qui diffuserait
l'information et accueillerait les réalisations de ceux-ci : expositions
et autres activités. Ce correspondant peut être un enseignant, un
élève ou toute autre personne évoluant dans
l'établissement. Le travail du correspondant sera appuyé par des
clubs des amis du musée dont les enseignants et les enseignés
seraient membres. Toutes ces expériences se feront, de façon
expérimentale, dans des établissements pilotes.
Outre les moyens financiers susmentionnés,
l'État congolais devra créer un cadre juridique en vue de la
protection et de la promotion du patrimoine culturel national. Nous voulons
parler des textes juridiques en vue d'empêcher toute aliénation
dudit patrimoine : vol, trafic illicite, vente de certains objets d'art de
grande portée, etc. De la même manière, le gouvernement
congolais devra ratifier les différentes conventions internationales qui
protègent le patrimoine et garantissent la coopération avec les
organismes internationaux. Il s'agit, entre autres, des conventions suivantes:
- Convention universelle sur le droit d'auteur,
adoptée en 1952 révisée en 1971 ;
- Convention sur la protection des biens culturels en cas de
conflit armé, dite « convention de la Haye »,
adoptée en 1954 ;
- Convention internationale, dite « de
Rome », sur la protection des artistes interprètes ou
exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion, élaborée conjointement par l'Unesco,
l'organisation internationale du travail, et l'organisation mondiale de la
propriété intellectuelle, adoptée en 1961 ;
- Convention sur les mesures à prendre pour interdire
et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert illicite de
biens culturels, adoptée en 1970 ;
- Convention sur la protection du patrimoine mondial culturel
et naturel, dite « convention sur le patrimoine mondial »,
adoptée en 1972.
Cependant, il faut reconnaître que l'État seul
ne peut pas assurer cette lourde tâche. D'où l'apport des
mouvements associatifs, fondations, entreprises, mieux du
mécénat, est très important.
4.4. Les mouvements associatifs.
Pendant longtemps, les congolais n'ont pas connu de culture
associative. Ce fait s'explique par le fait du régime politique
marxiste-léniniste (1968-1991) dans lequel le pays a baigné.
C'est donc dire que l'initiative privée était interdite, seul
l'État devrait tout faire.
Aujourd'hui, on vit un véritable balbutiement dans la
prise d'initiative personnelle ou associative chez les congolais. Or,
l'État seul ne peut faire la promotion et la sauvegarde du patrimoine
culturel national. La raison est double : l'éternel manque de moyens
financiers et la non prise en compte effective de la dimension culturelle
du développement. Les mouvements associatifs serviraient de groupes
de pression sur l'État et à tous ceux qui voudront faire usage
des structures culturelles du patrimoine. Pour plus d'efficacité, les
associations auront dans leur composition, des professionnels du patrimoine et
des non professionnels. Elles devraient travailler en connivence avec leurs
consoeurs africaines et des autres continents. Dans cette perspective, il
serait encouragé la création d'associations pour la
défense des arts et de l'artisanat en milieu scolaire et surtout dans
les campagnes. L'État jouera, dans ce nouveau paysage, le rôle
d'incitation et d'arbitre de ces associations en créant un cadre
juridique favorable.
Toutefois, ce programme ne peut pas être
réalisable sans un cadre général favorable. Nous
envisageons, pour ce faire, des perspectives qui pourront s'étaler
graduellement dans le temps.
Chapitre III PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS
1. À court terme (3 ans)
- Création d'une émission
radiotélévisée intitulée, "ALLONS AU
MUSEE" ; elle consistera à faire connaître la vie et les
activités des musées congolais ;
- Organisation permanente des séminaires ou des
rencontres de diverses formes permettant au personnel des musées
congolais d'être informé sur la nouvelle politique de gestion des
musées, il s'agira de la gestion multidimensionnelle ;
- Redynamiser le Conseil National de la Culture et des Arts
créé au cours des années 80. Conseil consistant à
mener une réflexion, large et concertée, sur les problèmes
du développement culturel au Congo ;
- Mener une campagne de sensibilisation en milieu scolaire sur
la vie du musée au Congo, par des semaines du musée avec la
collaboration des DRAC et des DRE . La campagne sera appuyée par
l'émission radiotélévisée indiquée plus
haut. Les DRAC et les DRE auront la charge de coordonner les antennes
régionales ;
- Organisation d'une exposition temporaire
dénommée "Dimensions Dix" (D/D ou D/10)
consistant à demander à toutes les dix
préfectures, que compte le Congo, d'apporter, au moins deux objets au
plus quatre, représentatifs de chacune d'elle. L'idée à
transmettre, à travers cette exposition, c'est : Le Congo,
ôté d'une préfecture, n'est plus complet, on l'appelle
ainsi en tenant compte de ses Dimensions qui sont faites par
les Dix. L'exposition sera inaugurée et ouverte au
public à partir du 15 août (l'année sera
déterminée), date anniversaire de l'indépendance du pays
;
- Mise en place des équipes qui
réfléchiront, sur un développement intégré
qui tiendra de compte de la dimension culturelle locale et
étrangère, elles seront composées des représentants
des ministères suivants : Culture, Éducation Nationale, Formation
Professionnelle et Technique, Tourisme, Santé, Construction et Habitat,
Environnement et Finances. Ces équipes pourront s'inspirer du programme
de l'Unesco sur " La Décennie mondiale du
développement culturel 1988-1997. De telle manière
que, tous les projets des ministères susmentionnés devraient
tenir compte des aspects culturels dans leur réalisation optimale ;
- Implantation du musée national du Congo dans un local
adéquat conformément à l'acte 204 de la Conférence
Nationale Souveraine ;
- Le musée national du Congo servira dans un premier
temps de musée pilote dans l'expérimentation de ce programme
avant de l'étendre aux musées régionaux : Kinkala, Ma
Loango, Owando et Sibiti ;
- Encourager les galeries et les ateliers privés
à collaborer avec les écoles de leurs localités et avec
les musées ;
- Vivifier le comité national de l'ICOM ;
- Les musées congolais doivent créer une
collaboration avec le département de Gestion du Patrimoine Culturel de
l'Université Senghor d'Alexandrie Egypte ;
- Formation des professionnels de musée( voir tableau
page suivante).
Besoin estimatif en formation des professionnels du
patrimoine culturel dans les musées au Congo :
Nom du Musée
|
Restaurateurs
|
Juristes culturels
|
Économistes de la culture
|
Médiareurs culturels
|
Musée national du Congo et Mausolée Marien
Ngouabi
|
2
|
2
|
2
|
2
|
Musées de Kinkala et Nkankata
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Musée Ma Loango
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Musée d'Owando
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Musée de Sibiti
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Soit un total de vingt quatre professionnels à
former;
- Veiller au rayonnement de la culture congolaise à
l'étranger en confiant aux ambassades, cette mission de
coopération culturelle, pour une diplomatie culturelle véritable.
Ce qui permettra un échange qui exclut toute domination par la culture
vers laquelle tend le monde avec la mondialisation économique. La
coopération culturelle aura, entre autres, une politique de placement
des cadres culturels dans les institutions culturelles internationales ;
2. À moyen terme (5 ans)
- Procéder à un inventaire de tout le
patrimoine congolais en vue d'une meilleure protection et, une gestion
objective dudit patrimoine ; sur la base de cet inventaire, on pensera à
l'informatisation des musées et la création de banques de
données sur le patrimoine culturel national ;
- Instituer un mois national du patrimoine et du musée
;
- Collaboration des musées congolais avec certains
départements de l'université Marien Ngouabi , Faculté des
Lettres et des Sciences Humaines comme : Anthropologie, Histoire,
Littérature Orale, Linguistique, Littératures et Civilisations
Africaines, Sociologie et Psychologie. La collaboration aura pour fondement la
recherche scientifique au musée ;
- Utiliser les jeunes animateurs culturels sortis de l'INJS
(Institut National de la Jeunesse et des Sports) dans les écoles et les
musées pour les activités culturelles qui y seront
instaurées ;
- « Revaloriser les fonctions muséale et
enseignante, cela stimulera les enseignants à intégrer le
patrimoine à la vie de leur classe et, partant, de leurs
élèves »80(*) ;
- Créer un nouveau cadre juridique dans le pays en vue
d'empêcher tout trafic illicite et l'entrée frauduleuse des objets
d'art sur le territoire national, protéger les artistes et artisans, et
leurs oeuvres, adopter un statut particulier des travailleurs de la culture et
des arts ;
- Le musée national du Congo redeviendra une direction
et on lui donnera, à la longue, un statut semi-autonome avec des
souplesses de gestion et le directeur deviendra l'ordonnateur secondaire,
l'équivalent d'un service extérieur national à la
française ;
- Etablir des rapports d'échanges d'expériences
entre les musées du Congo et les musées d'Europe et
d'Amérique ayant des collections africaines ; il s'agit entre autres de
: Musée royal de l'Afrique Centrale, Tervuren (Belgique) et
particulièrement avec le futur Musée des Arts Premiers de
Paris.
3. À long terme (10 ans)
- Intégration de la dimension culturelle dans
l'instruction du jeune congolais, il sera question, en priorité, de la
culture du pays et de celle de toute l'Afrique dans son fonds culturel commun,
en insistant sur le fait que le développement sera
intériorisé par les populations qui doivent en être partie
prenante ; c'est ainsi que les hommes qui tiennent le développement
connaissent celui des autres pays en tenant compte de leur tempérament,
de leurs habitudes, de leurs croyances. La méconnaissance de tout ceci
entraîne au rejet du développement non à son
intériorisation ;
- Inclure des cours d'histoire de l'art et de
muséologie dans le cursus de formation des enseignants à l'ENS et
dans les deux Écoles Normales d'Instituteurs que compte le pays (ENI de
Brazzaville et d'Owando), cette formation viserait à donner aux
enseignants une éducation au musée, une manière de les
préparer à mieux assurer le relais entre l'école et les
musées ou toutes autres structures relevant du patrimoine national ;
- Transformer le mausolée Marien Ngouabi en
Musée National d'Histoire Politique du Congo, il permettrait de garder
toute l'histoire politique congolaise pleine de renseignements aussi bien pour
les nationaux que pour les étrangers. Ce futur musée aurait pour
tâche de prévenir les passions politique et ethnique ; il
servirait de lieu de réconciliation de toute la classe politique
nationale. Par ailleurs, un tel projet peut aussi permettre de
réécrire l'histoire politique du Congo qui a été,
pendant longtemps, tronquée ;
- Création des départements d'histoire de l'art
et de muséologie à la Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines. Ce qui ne sera qu'une concrétisation car le projet fut
adopté par le gouvernement congolais depuis plus de huit ans. Le manque
d'enseignants freina sa réalisation
- Créer dans chaque région un musée
régional de telle façon que les objets restent dans leur terroir
sans être coupés de leurs racines, de leur contexte, ainsi
garderont-ils leur originalité. Par ailleurs, la participation des
communautés locales pourra être effective. Chaque musée
régional devra avoir un service culturel et un conservateur à sa
tête ;
- Création des galeries culturelles dans toutes les
écoles congolaises à partir d'une opération Une
école, une galerie ; les galeries joueront le
rôle des musées dans les localités où il n'y a pas
de musée. Dans un souci d'efficacité, l'expérience
débutera par une phase expérimentale dans des écoles
à désigner en fonction des critères qui seront
définis ;
- Création d'un Institut d'art et d'artisanat qui aura
pour rôle, non seulement de donner des enseignements, mais aussi, de se
livrer à des recherches sur l'artisanat dans l'ensemble du pays.
L'Institut présenterait, en permanence, des expositions de ses
fabrications : habitat, tissage, nattes, instruments de musique, poterie etc.
En outre, il assurerait le lien entre la technologie nouvelle et l'artisanat
traditionnel.
Conclusion
Notre réflexion paraîtra ambitieuse et utopique,
aux yeux de nombreux compatriotes. Elle s'explique non seulement du fait de
l'enlisement du système éducatif congolais, mais aussi à
cause du désintéressement à la culture nationale du grand
public. Ce travail se veut une revalorisation des métiers d'artistes et
d'artisanat au Congo. Dès lors, une politique s'impose, en vue de
créer un contexte culturel favorable à la réalisation
optimale de ce projet. C'est tout le sens de nos suggestions. Tout le grand
public congolais devrait, ainsi, prendre conscience de la
nécessité d'une identité culturelle nationale. C'est le
fondement de toute société qui se veut responsable de son
avenir.
Il faut, cependant, dire que nos idées ne sont pas
originales. Nous nous sommes inspiré des expériences du
musée du Louvre et d'autres musées de la ville de Paris. Ces
musées, en effet, ont une expérience fort inspiratrice. C'est
ainsi que la politique d'action culturelle proposée est toute proche de
celle de ces musées. Toutefois, les contextes congolais et
français n'étant pas les mêmes, il sera question d'une
adaptation qui tienne compte des moyens et des réalités du
milieu. C'est dans cette mesure que les gouvernants et tous les citoyens du
pays sont interpellés. Il est question de financer ce projet afin de le
voir se réaliser.
De même, les associations et les organisations non
gouvernementales, nationales et internationales, peuvent apporter leur secours
à l'école et au patrimoine culturel congolais. A ce niveau, il
serait aussi question d'une collaboration avec d'autres États pour une
coopération culturelle. De cette façon, le jeune écolier
s'inspirerait des cultures qui viennent d'ailleurs et qui complèteront
sa culture locale.
Il y a, en effet, des raisons de croire et d'espérer
que ce mariage entre l'école et le musée apporte des
nouveautés à ces deux institutions. Qu'il entraînera
surtout une amélioration en milieu scolaire qui est, pour tout pays, le
lieu de formation de la main habile. Celle-ci est fort indispensable dans la
construction d'une société nouvelle.
Avec un peu de volonté et de
persévérance, on parlerait d'un début de
développement du système éducatif congolais, et partant,
de toute la société. La contribution du patrimoine culturel est
une solution partielle et nécessaire à un problème qui est
social.
Cependant, pour une réalisation effective de ce
projet, il serait prudent de prévoir des garde-fous, afin
d'éviter toute récupération politicienne de la question.
Cette prudence est d'autant plus importante à un moment où les
communnautés linguistiques, dans beaucoup de pays, veulent chacune
s'affirmer de peur d'être écrasées les unes par les
autres. Le travail du professionnel consisterait, à juste titre, de
mettre un pont entre elles en vue d'une culture nationale. Celle-ci s'apprendra
sur le banc de l'école.
Résumé.
Orientation Bibligraphique
Ouvrages, Conférences et Actes de colloques
Actes des 13ès journées Internationales sur la
communication, l'éducation et la culture scientifiques et industrielles
1991: Ecole et Médias face aux défis de
l'environnement, Centre Jean FRANCO CHAMONIX 29, 30 et 31 Janv. 1991,
Editeurs A.GIORDAN, J.-L. MARTINANDA et C. SOUCHON.
BAYONA-BA-MEYA (CICIBA, sous la direction )
(1989) Facteurs culturels et projets de développement rural en
Afrique centrale. Points de repère, Editions L'Harmattan, Paris.
BELLEGO, J.-Y. (1989) Vaincre
l'échec scolaire et professionnelle, Editions Album
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cultures et sociétés. Maxima.
CHAUDRON, M. (sous la direction), (1996)
L'accueil des scolaires au musée du Louvre. Une enquête
auprès des enseignant(e)s, Rapport de recherche pour le service
culturel du musée du Louvre.
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administration des musées, Documentation française,
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partage du savoir : musée, université,
média »( Conférence prononcée le 23
février 1995) in Actes 2 1996 Université SENGHOR Alexandrie
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logique du désastre, Editions Copernic, Paris.
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Présence Africaine, Paris.
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Arts de l'Afrique noire, Sté Nouvelle des Editions du
Chêne.
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clés, Bordas, Paris.
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Identités Nationales», Paris.
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Développement Culturel 1988-1997, Unesco, 1987-1988, Paris.
Jeune Afrique Economie n°225, 16 septembre
1996.
Journal des Arts, janvier 1996.
LES ARTS AFRICAINS, Catalogues de l'exposition,
organisée et présentée par l'Association Les Amis de
L'Art et les Jeunesses artistiques, Paris, Juin -Juillet 1955.
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Le Quotidien du tourisme, juin 1996, Paris.
Libération 14 février 1996, Paris.
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Museum n°174, Unesco, 1996, Paris.
Nouvelles de L'ICOM, Education au Musée,
n°2 Vol. 47 ,1994.
WAMP (bulletin) n°1, 1990; n°2,1991; n°3 ,
1992; n°5, 1994.
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L'éducateur Nature, 43 jeux d'éveil sensoriel
à la nature pour enfants de 5 à12 ans, Nouvelle
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Identités Nationales», Paris.
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Noirs) n°9 Actes des 2ès Assises Culturelles Panafricaines.
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Développement Culturel 1988-1997, Unesco, 1987-1988, Paris.
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L'Art et les Jeunesses artistiques, Paris, Juin -Juillet 1955.
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Museum n°174, Unesco,1996, Paris.
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1992; n°5, 1994.
* 1Riche P. Les fantômes
de la Mondialisation in : Libération du mois de mars
1996.
* 2 Lewis S. Les principes de la
coopération culturelle in : Etudes et documents
d'information, n°61, Unesco, 1972, p. 9.
* 3 Hasan A. et Wagner A.
"L'école de demain" in : L'observateur de l'OCDE n°199 avril mai
1996, p. 6.
* 4 Lévi-Strauss
cité par Sylvain Djache Nzefa in : Les chefferies
Bamiléké dans l'enfer du modernisme...Une chefferie de
demain, 1994, Paris, p. 119.
* 5 Yekpon G. Th. Le partage
du patrimoine culturel national et les perspectives de participation des
structures éducatives: le cas du Bénin, Mémoire de
fin d'études présenté dans le cadre des études
menant au Diplôme d'Etudes Professionnelles Approfondies (DEPA), soutenu
le 22 Février 1995 à l'Université SENGHOR d'Egypte, p.
10.
* 6 Kiéthéga J. B.
"Patrimoine et culture contemporaine, l'évolution du concept et
collections", in : Quels Musées pour lAfrique? Patrimoine en
devenir, actes du colloque tenu au Bénin, Ghana, Togo, en 1991,
Icom, 1992, Paris, p. 284.
* 7 Owono Nguema F. in :
Inventaire des activités, ressources et infrastructures des pays membres
de l'Acct, Acct, Paris, 1983, p. 80.
* 8 Druon M. (de
l'Académie francaise) La culture et l'Etat, 1985, Paris, p.
9.
* 9 La Grande
Encyclopédie cité par Feau E. et Joubert H. in : L'art
africain , 1996, Editions Scala, Paris, p. 8.
* 10Laude J. Les arts de
l'Afrique noire, 1988, Sté Nle des Editions du Chêne, p.
8.
* 11 Baudelaire Ch. cité
par Laude J. op. cit. p 16.
* 12 Jomard cité par
Laude J. op. cit. ibid.
* 13 Andree R. cité par
Laude J. op. cit. p. p. 16-17.
* 14 Bastian A. cité
par Laude J. op. cit. ibid .
* 15 Joséphine Baker,
artiste de music-hall française d'origine américaine ( Saint
Louis 1906 Paris 1975). Elle fut découverte en 1925 à Paris,
elle connut la renommée comme chanteuse, danseuse, actrice de
cinéma et animatrice de revues.
* 16 Mission Dakar - Djibouti
fut ethnographique et linguistique. Une loi, du 31 mars 1931 du Parlement
français, votée à l'unanimité, porta sa
création. Elle se fixa pour objectif des enquêtes de terrain ( en
Afrique) de l'ethnologie française, en même temps qu'elle
clôt celles des grandes Nations colonisatrices d'Europe occidentale avant
la Première Guerre Mondiale. Parmi les membres de la Mission, on peut
citer, entre autres, Marcel Griaule et Michel Leiris.
* 17 Sédar Senghor L.
Ce que je crois, 1988, Editions Grasset , Paris, p. 222.
* 18 Féau E. et Joubert
H., op. cit., p. 21.
* 19 Féau E. et Joubert
H., op. cit. p. 122.
* 20 Savané Yaya
Musée et Patrimoine en Afrique in Bulletin Wamp, 1991, n°
2, p. 3.
* 21 Léonard de Vinci,
peintre, sculpteur, architecte, ingénieur et savant italien. Il
vécut surtout à Florence et à Milan, avant de partir pour
la France, en 1516, à l'invitation de François 1er. Il est
célèbre comme peintre, auteur de la Joconde et d'autres
oeuvres que l'on trouve au Musée du Louvre. Initiateur de la seconde
Renaissance, il s'intéressa à toutes les branches de l'art et de
la science.
* 22 Paul Gauguin, peintre
français (1848-1903). Issu de l'impressionnisme, il réagit contre
celui-ci en procédant par des larges aplats de couleur sur un dessin
également résumé.Il voulut aussi, en symboliste,
conférer à ses tableaux un sens d'ordre spirituel. Il a fortement
influencé les nabis et les fauves.
* 23 Kiéthéga J.
-B. op. cit. ibid.
* 24 Kiethéga J. -B. op.
cit. p. 366.
* 25 Guichen de G., cité
par Anne -Marie Romero in : Figaro du mardi 31 décembre 1996,
p.
* 26 Kouloufoua J. G. J.
Patrimoine en danger : le cas du Congo, p. 1, inédit.
* 27 Le Lingala et
le Munukutuba ( kituba ou kikongo) sont deux langues
décrétées nationales au Congo, elles sont parlées
et comprises par une majorité de congolais, citadins notamment. Elles
sont parlées à la radio et à la télévision
nationales.
* 28 Koulofoua J. G. J.
Patrimoine en danger : le cas du Congo, communication faite à Kinshasa,
lors des ateliers organisés par l'Icom, sur Le trafic illicite des
biens culturels en Afrique centrale, du 26 au 29 Juin 1996.
* 29 Kouloufoua J. G. J.
Le nouveau rôle pour le Musée National du Congo : Protection,
Sauvegarde et Mise en valeur du patrimoine culturel, Mémoire de fin
d'études pour l'obtention du Diplôme Professionnel d'Etudes
Approfondies (DEPA), présenté le 28 février 1994, à
l'Université Senghor, Alexandrie d'Egypte, p. 21.
* 30 Riboulet L. Manuel
de Pédagogie à l'usage des Ecoles Normales et de tous les
Educateurs, 1958, Librairie Catholique Emmanuel Vitte, 5è
éditoin, Paris, p. 5.
* 31 Riboulet L. op. cit. p.
6.
* 32 Brunetière,
cité par Riboulet L. op. cit. p. 7.
* 33 Matanga D. Des langues
face à face in : Diagonales n° 34, mai 1995, p. 77
* 34 Ki-Zerbo J. Eduquer ou
Périr, 1984, Présence Africaine, Paris, p. 77.
* 35 Peau noire et masques
blancs titre d'un ouvrage de Frantz Fanon, psychiatre et
sociologue français né à Fort-de-France, ses écrits
constituent un plaidoyer passionné contre le colonialisme.
* 36 Protoyerides, M.
« Action expérimentale entre janvier 1994 et avril 1995
», 1996, Louvre, p. 6.
* 37 0p. cit. p-p 9-10.
n
* 38 Vermeer de Delft
(1632-1675) il a été longtemps oublié, il est
considéré comme l'un des plus grands peintres du XVIIès.
Son oeuvre est peu abondante. Son goût pour l'essence silencieuse des
choses est servi par la rigueur d'une technique aussi subtile dans les jeux de
la lumière et de l'espace que dans le rendu des matières et les
accords chromatiques.
* 39 Faublée, E. En
sortant de l'école... musée et patrimoine , 1992,
Hachette, Paris, p. p. 8-9
* 40Faublée, E. ibid.
* 41Faublée, E. ibid.
* 42 Temple d'Athéna
Parthénos, bâti à l'initiative de Périclès,
au Vè s. av. J. C.,sur L'Acropole d'Athènespar Phidias, qui,
assisté de nombreux artistes, dont les artistes Ictinos et
Callicratès, en assumala riche décoration sculptée (frise
des Panathénées ). Cetemple périptère, en mabre
pentélique, représente la perfection et l'équilibre de
l'ordre dorique.
* 43 Textes et documents TDC
pour la classe n°664 du 15 au 30 Nov. 1993.
* 44 Chaudron, M.
Enquête auprès des enseignants: Rapport de recherche pour
le service culturel du musée du Louvre en 1994-1995 p. 9
* 45 ZEP : Zone
d'Éducation Prioritaire, ce sont des établissements, ainsi
classés, qui travaillent avec les musées en France.
* 46 Bulletin de liaison
(Société des Amisdu MNATP) n°18 mars 1995 p. 25.
* 47Bulletin de liaison Op.
cit. p. 27.
* 48 ATP,
idées-éléments, notes sur l'exposition Temporaire: Objets
des mains objets des rêves ( du 24 juin au 1er sept. 1996).
* 49 Bulletin de liaison
(Socité des Amis du MNATP) n° 18 mars 1995 p.26.
* 50 Bible , proverbe 4, 20-22
Ancien Testament.
* 51 Source : Marchés
tropicaux et méditerranéens n°2229 du 4 octobre 1996, p.
2123.
* 52 Girard A.
Développement culturel, 1982, Paris.
* 53 Mucchielli A.,
L'identité 1986, PUF, Paris, p. 28.
* 54ITOUA F., Tettkpo
et al. Famille, Enfant et Développement en Afrique, 1988,
Unesco, Paris, , p. 27.
* 55 Senghor L. S., op.
cit., p. 139.
* 56 Gobard H., La Guerre
Culturelle 1979, Copernic, Paris, p. 14.
* 57 Giodan H. Les
identités Culturelles in : Diagonales n°34, mai 1995, p.
14.
* 58 Cité par Roy J.-L.
in Mondialisation Développement et Culture, Edition Hurtubise
H. M. p. 19.
* 59 Vendredisme vient
de Vendredi , le Noir, personnage du roman de Daniel Defoe , La vie et les
Etranges Aventures de Robinson Crusoe (1719), inspiré par
l'histoire réelle d'un marin écossais, Alexander Selkirk,
abandonné pendant cinq ans sur une des îles Juan Fernandez.
Robinson, naufragé sur une île déserte, vivra vingt-huit
ans dans un bonheur relatif avant de rencontrer le Noir Vendredi qui le suivra
lorsqu'il regagnera sa patrie. cité par KABOU A. in : Et si
l'Afrique refusait le développement? 1988, Editions l'Hamattan,
Paris. p.32.
* 60 Lopes H. Discours
prononcé à la séance inaugurale des États
généraux de la Francophonie scientifique, à Paris en
Sorbonne le 17 février 1995.
* 61 Senghor L. S. op. cit. p.
173.
* 62 Wamp Bulletin n°2
1991, p. 3.
* 63N'Kanza Lutayi "Apport des
musées dans le développement national"in : La chronique PREMA
n°5, 1995 p 9.
* 64 N'Kanza Lutayi ibid.
* 65 Faublée E., op.
cit. p. 8.
* 66 Caillet E. et Coppey O.
Extrait d'un entretien réalisé avec Denis Guedy in : Lettre
des Musées décembre 1991 cité par Faublée E.,
op. cit. p. 104.
* 67 Madondo Tarsayi W.
"Expositions itinérantes et utilisation des langues nationales."in :
Icom, Quels musées pour l'Afrique? Patrimoine en devenir, actes du
colloque Bénin, Ghana, Togo, 1991, Icom, 1992, Paris, p.332.
* 68 Enquête sur le
public et l'art moderne, Toronto, 1969, Muséum 3/4.
* 69 Van-Praët M. et
Poucet B. "Les musées lieux de contre-éducation et de partenariat
avec l'école", in : Éducation et Pédagogies: Des
élèves au musée n° 16 1992 Revue du Ciep (Centre
International d'Etudes Pédagogiques), p. 23.
* 70 Exposition
itinérante des artisans de la récupération et du recyclage
qui a eu lieu au Centre de Promotion Artisanale de Cotonou du 14
décembre 1994 au 10 février 1995.
* 71 Megbemado H.
Contribution à la sauvegarde du patrimoine oral en République
du Bénin, Mémoire de fin de formation dans le cadre des
études menant au Diplôme d'Etudes Apprfondies,
présenté à l'unversitéSenghor d'Alexandrie
d'Egypte, le 22 mars 1995 p. p. 25-26.
* 72 Mukala Kadima Nzuji La
littérature comparée et l'identité culturelle des peuples
de langues bantu in Obenga Th.(sous la direction) Les Peuples Bantu.
Migrations expansion et identité culturelle , tome II, 1989,
L'Harmattan, Paris, p. 357.
* 73 GALARD J. Les lieux du
partage du savoir : musée, université, média,
conférence prononcée le 23 février 1995 à
l'université Senghor Alexandrie d'Égypte, p. 62.
* 74 Goys B. Nouvelles de
l'Icom n°2 vol. 2 p. 3.
* 75 Source : Marchés
Tropicaux et Méditerranéens n°2657, du vendredi 11 octobre
1996, p. 2183.
* 76 Raven P. La
biodiversité, 1992, Pnue, p. 5.
* 77 Jean-Paul II, Discours
à l'Unesco, cité par Druon M. op. cit. p. 10.
* 78 Caron R. L'État
et la culture, 1989, Editions ECONOMICA, , Paris, p. 10.
* 79 Dandou Bibimbou A.
Préface au document produit après l'exposition sur Les
sociétés traditionnelles dans la région de la cuvette
congolaise, Pouvoirs, 1991, Centre Culturel Français de
Brazzaville, p. 5.
* 80 YEKPON G. Th. : .op.
cit. p. 98.
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