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Etude des représentations socioculturelles liées à la moustiquaire imprégnée en milieu rural au Bénin : cas de l'arrondissement de Ouèdo à Abomey-Calavi

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par Aurélien A. AHOLOUKPE
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise es-lettres 2003
  

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VI- PERSPECTIVES

A l'issue de l'analyse de la situation de non-utilisation de la MII au village et des représentations qui sont faites de cet outil, quelques propositions méritent d'être formulées.

· Il est nécessaire d'élaborer des théories de communication de masse adaptées à un changement de comportement individuel des paysans. Pour réaliser ce projet, il faut partir d'une analyse approfondie du public villageois en tenant compte des diverses représentations socioculturelles liées à la MII ;

· La stratégie de marketing ou le plan de promotion devra reposer sur une analyse préalable de la situation en considérant par exemple le problème de non utilisation de la MII, son contexte et les changements de comportement qui pourront aider à modifier la tendance. Cet examen permettra de déboucher sur des choix concernant le public, les messages et les moyens de communication à utiliser ;

· La vulgarisation du message doit viser principalement les besoins d'information du public villageois tout en l'aidant à acquérir des compétences ou renforcer ses attitudes positives. Ce message doit être pertinent, intelligible et facile à mémoriser. Sa formulation doit tenir compte des dialectes du public cible et les mots utilisés doivent être ceux dont les gens se servent. Les radios communautaires peuvent être d'une grande utilité dans ce sens ;

· On devrait organiser dans les villages des séances de communication pour un changement de comportement en ciblant plus les femmes âgées et les maris compte tenu de l'influence qu'ils ont sur la décision des jeunes mères ;

· La promotion des micro crédits et autres prêts pouvant permettre au personnes démunies qui n'ont pas la possibilité d'acheter d'un trait une MII constitue également une piste à explorer ;

· Enfin il convient d'adopter des moyens de communication locaux tels que les troupes de théâtre, les crieurs public, les griots, les chanteurs populaires, les annonces publiques faites par les leaders religieux et politiques dans les assemblées. Ces canaux seront beaucoup plus favorables pour aider à départir les paysans des préjugés qu'ils ont de la MII tout en prônant son utilisation régulière.

CONCLUSION GENERALE

Les comportements et attitudes vis-à-vis de la maladie, de sa prise en charge ou de sa prévention restent pour une grande part tributaire des représentations individuelles ou collectives qui y sont associées. Il apparaît donc clairement au terme de cette étude en milieu rural, que beaucoup reste à faire pour aboutir à une adoption réelle de la MII. En fait, les représentations sociales des uns et des autres sont des données de base qui nous ont permis de comprendre qu'à l'étape actuelle, dans les campagnes, il y a de sérieux handicaps à la promotion et à l'usage de la MII pour prévenir le paludisme.

Les résultats de cette étude soulignent aussi que la grande partie des paysans n'est pas ignorante de l'existence de la MII en tant que moyen de protection individuelle contre les moustiques et de prévention contre le paludisme. Seulement, les mentalités et les habitudes des paysans ne sont pas encore prêtes pour intégrer la MII dans leur couchage. En effet, les connaissances, attitudes et pratiques relatives à la MII que nous avons évaluées sur le terrain révèlent non seulement des pesanteurs sociologiques, anthropologiques et économiques mais aussi des difficultés sanitaires liées au système de soins. Bon nombre de ces pesanteurs précitées sont inhérentes aux mauvaises idées ou représentations que les acteurs ruraux ont de cet instrument que la médecine moderne leur propose.

Il apparaît au terme de cette étude qu'une autre stratégie de sensibilisation accrue et décentralisée doit être mise en oeuvre dans les villages par le Programme National de Lutte contre le Paludisme et les organisations non gouvernementales promotrices de la MII. Les messages qui seront véhiculés devront tenir compte des opinions et logiques paysannes. Ils prendront en compte les spécificités de chaque aire socioculturelle. En outre, une politique mise en place dans le sens d'un changement de comportement pourra s'appuyer sur les chefs traditionnels et religieux qui sont des "faiseurs d'idées" dans les villages. Tous les canaux de communication autochtones sont bons à emprunter pour atteindre effectivement une proportion non négligeable de façon efficiente. La promotion des structures de financement peut aussi jouer un rôle important dans le processus. Mais au-delà de tout ce qui précède, la réticence face aux innovations qui est un attribut de la masse paysanne n'explique-t-elle pas aussi le comportement défavorable qu'on observe à propos de la MII en campagne ?

Références bibliographiques
Ouvrages

· Durand, J.P et al., Sociologie contemporaine, 2e édition revue et augm., Paris, Vigot, 1997, 775p.

· Harriet, F., La lutte contre les moustiques nuisants et vecteurs de maladies, Paris, Karthala, ORSTOM, 1998, 111p.

· Iroko, F.A., Une histoire des hommes et des moustiques en Afrique, France, l'Harmattan, 1994, 169p.

· Legenler, C. et al.,  Un mur contre la malaria :Du nouveau dans la prévention des décès dus au paludisme, Canada, OMS / CRDI, 1997, 219p.

· Olivier de Sardan, J.P., Anthropologie et développement :Essai en socio-anthropologie du changement social, Paris, APAD, Karthala, 1995, 202p.

· OMS , Lignes directrices concernant l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide, AFRO, HARARE, édition provisoire, 1997, 90p.

· Rozendaal, J.A., La lutte anti-vectorielle : Méthode à usage individuel et communautaire, Genève, OMS, 1999, 435p.

· Sofowora, A., Plantes médicinales et médecine traditionnelle d'Afrique, Paris, Karthala, 1996, 375p.

Thèses, mémoires et rapports

· Abdou, G.H., Connaissances, Attitudes et Pratiques de la planification familiale dans la communauté urbaine de Niamey, mémoire de maîtrise, UNB, FLASH, 1996, 96p.

· Dadjo, K.A., Impact de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée sur la morbidité palustre des enfants de moins de cinq ans dans la commune d'Agbado, Sous-préfecture de Savalou, UNB, FSS, 2000, 91p.

· MSP, OMS, L'analyse de la situation du paludisme et es autres maladies de l'enfant au Bénin dans le cadre de l'initiative « Faire Reculer le Paludisme », rapport d'étude, Cotonou, juillet 2000, 171p.

· PNLP, Evaluation du Programme National de Lutte contre le Paludisme du Bénin : Plan quinquennal 1994-1999, rapport préliminaire, Cotonou, 2000.

· PSI/ABMS, Enquête sur les Connaissances, Attitudes et Pratiques (CAP) relatives au Sida, à la diarrhée, au paludisme et à la planification familiale, rapport final, Cotonou, Avril 2000, 126p.

· OMS, Spécifications pour les tulles moustiquaires, rapport d'une réunion informelle, Genève, juin 2000, 24p.

· Soumaïla, Y., Opinions et attitudes des cadres de santé nigériens face à la médecine traditionnelle : cas de la commune de Dosso, mémoire de maîtrise, UNB -FLASH, 1993 -1994, 108p.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote