VI- PERSPECTIVES
A l'issue de l'analyse de la situation de non-utilisation de
la MII au village et des représentations qui sont faites de cet outil,
quelques propositions méritent d'être
formulées.
· Il est nécessaire d'élaborer des
théories de communication de masse adaptées à un
changement de comportement individuel des paysans. Pour réaliser ce
projet, il faut partir d'une analyse approfondie du public villageois en tenant
compte des diverses représentations socioculturelles liées
à la MII ;
· La stratégie de marketing ou le plan de
promotion devra reposer sur une analyse préalable de la situation en
considérant par exemple le problème de non utilisation de la MII,
son contexte et les changements de comportement qui pourront aider à
modifier la tendance. Cet examen permettra de déboucher sur des choix
concernant le public, les messages et les moyens de communication à
utiliser ;
· La vulgarisation du message doit viser principalement
les besoins d'information du public villageois tout en l'aidant à
acquérir des compétences ou renforcer ses attitudes positives. Ce
message doit être pertinent, intelligible et facile à
mémoriser. Sa formulation doit tenir compte des dialectes du public
cible et les mots utilisés doivent être ceux dont les gens se
servent. Les radios communautaires peuvent être d'une grande
utilité dans ce sens ;
· On devrait organiser dans les villages des
séances de communication pour un changement de comportement en ciblant
plus les femmes âgées et les maris compte tenu de l'influence
qu'ils ont sur la décision des jeunes mères ;
· La promotion des micro crédits et autres
prêts pouvant permettre au personnes démunies qui n'ont pas la
possibilité d'acheter d'un trait une MII constitue également
une piste à explorer ;
· Enfin il convient d'adopter des moyens de communication
locaux tels que les troupes de théâtre, les crieurs public, les
griots, les chanteurs populaires, les annonces publiques faites par les leaders
religieux et politiques dans les assemblées. Ces canaux seront beaucoup
plus favorables pour aider à départir les paysans des
préjugés qu'ils ont de la MII tout en prônant son
utilisation régulière.
CONCLUSION GENERALE
Les comportements et attitudes vis-à-vis de la maladie,
de sa prise en charge ou de sa prévention restent pour une grande part
tributaire des représentations individuelles ou collectives qui y sont
associées. Il apparaît donc clairement au terme de cette
étude en milieu rural, que beaucoup reste à faire pour aboutir
à une adoption réelle de la MII. En fait, les
représentations sociales des uns et des autres sont des données
de base qui nous ont permis de comprendre qu'à l'étape actuelle,
dans les campagnes, il y a de sérieux handicaps à la promotion et
à l'usage de la MII pour prévenir le paludisme.
Les résultats de cette étude soulignent aussi
que la grande partie des paysans n'est pas ignorante de l'existence de la MII
en tant que moyen de protection individuelle contre les moustiques et de
prévention contre le paludisme. Seulement, les mentalités et les
habitudes des paysans ne sont pas encore prêtes pour intégrer la
MII dans leur couchage. En effet, les connaissances, attitudes et pratiques
relatives à la MII que nous avons évaluées sur le terrain
révèlent non seulement des pesanteurs sociologiques,
anthropologiques et économiques mais aussi des difficultés
sanitaires liées au système de soins. Bon nombre de ces
pesanteurs précitées sont inhérentes aux mauvaises
idées ou représentations que les acteurs ruraux ont de cet
instrument que la médecine moderne leur propose.
Il apparaît au terme de cette étude qu'une autre
stratégie de sensibilisation accrue et décentralisée doit
être mise en oeuvre dans les villages par le Programme National de Lutte
contre le Paludisme et les organisations non gouvernementales promotrices de la
MII. Les messages qui seront véhiculés devront tenir compte des
opinions et logiques paysannes. Ils prendront en compte les
spécificités de chaque aire socioculturelle. En outre, une
politique mise en place dans le sens d'un changement de comportement pourra
s'appuyer sur les chefs traditionnels et religieux qui sont des "faiseurs
d'idées" dans les villages. Tous les canaux de communication autochtones
sont bons à emprunter pour atteindre effectivement une proportion non
négligeable de façon efficiente. La promotion des structures de
financement peut aussi jouer un rôle important dans le processus. Mais
au-delà de tout ce qui précède, la réticence face
aux innovations qui est un attribut de la masse paysanne n'explique-t-elle pas
aussi le comportement défavorable qu'on observe à propos de la
MII en campagne ?
Références bibliographiques
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