INTRODUCTION GENERALE
« Les jeunes - hommes et femmes - sont notre
plus précieux atout pour le présent et l'avenir mais ils forment
un groupe de population qui est très vulnérable. Durement
touchés par la montée générale du chômage
enregistrée ces dernières années, ils se trouvent
aujourd'hui dans une situation économique et sociale précaire. A
l'heure actuelle, les jeunes risquent trois fois plus que les adultes
d'être sans travail... ».
Tels sont les propos qui ressortent de
l'étude du Bureau International du Travail (BIT) sur "Les tendances
mondiales de l'emploi des jeunes" de Août 2004.
Parler d'employabilité et surtout
d'employabilité des jeunes, c'est toucher une préoccupation
majeure qui anime les débats aujourd'hui. L'emploi des jeunes fait
partie intégrante de la déclaration du millenium et des questions
dont dépend la réalisation d'autres objectifs, notamment la
réduction de la pauvreté.
Pouvant être définie comme la
probabilité de trouver un emploi ou la probabilité de sortir du
chômage, la notion d'employabilité n'est pas nouvelle ; comme
Mansfield (2001)1(*)
l'indique, cette idée a été émise au début
du XXième siècle aux Royaumes-Unis par Beveridge (1909).
Dans les années 50 et 60,
l'employabilité est considérée comme la capacité
potentielle d'un individu à obtenir un emploi. La notion
d'employabilité a ainsi traversé les décennies. Dans les
années 90, les divergences d'opinions se sont multipliées
à propos de sa définition exacte, de la manière de la
mesurer et de l'incidence qu'elle a sur les personnes.
Cependant, au delà des divergences
nous retiendrons la définition suivante : l'employabilité
d'un demandeur d'emploi exprime sa capacité et sa volonté
d'être et de rester attractif sur le marché du travail (facteurs
ayant trait à l'offre de travail) en réagissant aux modifications
des tâches et du cadre de travail et en les anticipant ( facteurs
relatifs à la demande de travail) ; cette capacité et cette
volonté étant favorisées par les instruments de la
valorisation des ressources humaines qui lui sont offerts (par les
institutions) (Andries de Grip et Al). Cette définition plus
large concerne aussi bien les primo offreurs de travail, notamment les jeunes,
que les personnes en activité.
Selon une étude du BIT, la situation
de chômage des jeunes a atteint un niveau record ; la moitié
des chômeurs de la planète a moins de 24 ans. Pour les tendances
mondiales de l'emploi des jeunes, le taux de chômage mondial des jeunes
se situe à 14,4% en 2003, c'est-à-dire que le nombre total de
jeunes chômeurs a augmenté de 26,8% au cours de la décennie
écoulée.
Aujourd'hui, 88 millions de jeunes de 15 à 24 ans sont
sans emploi. Le désavantage relatif des jeunes sur le marché du
travail est plus prononcé dans les régions en
développement où la proportion de ceux-ci dans la population
active est beaucoup plus forte que dans les économies
industrialisées (21,8% contre 14% en 2003). Pour les jeunes de ces
régions (pays en voie de développement), le risque de se trouver
au chômage et donc de réduire leur employabilité est 3.8
fois plus élevé que les adultes.
En outre, aussi bien dans les
régions en développement que dans les régions
industrialisées, les jeunes non seulement sont plus touchés par
le chômage mais encore, lorsqu'ils travaillent, risquent davantage
d'être astreints à des horaires lourds, dans des emplois de
courtes durées, peu rémunérés et offrant peu de
protection sociale, voire aucune.
Réduire de moitié le taux de
chômage des jeunes en le ramenant de 14,4% à 7,2% pourrait
rapporter entre 2,2 et 3,5 milliards de dollars à l'économie
mondiale, soit 4.4% à 7% du PIB mondial selon l'Organisation
Internationale du Travail (OIT). Toujours selon cette organisation, c'est
à l'Afrique SubSaharienne (ASS) que la création d'emplois
décents et productifs pour les jeunes serait le plus profitable :
son PIB augmenterait de 12% à 19%.
En Côte d'Ivoire, les agences de
gestion de l'emploi notamment l'Agence d'Etudes pour le Promotion de l'Emploi
(AGEPE), l'Agence pour la Formation Professionnelle (AGEFOP), le Fonds de
Développement de la Formation Professionnelle (FDFP) pour ne citer que
ceux-là, et l'Institut National de la Statistique (INS) ont
enregistré pour les années écoulées et pour la
ville d'Abidjan un taux moyen de 27,05% sur la période 1993-2002;
et pour les autres villes un taux de chômage moyen de 9,8% sur la
même période.
Cet état de faits sur la situation de
précarité de l'emploi des jeunes nous amène à nous
poser les questions suivantes : pourquoi ce niveau d'employabilité
dans la population des jeunes ? Qu'est ce qui pourrait expliquer la
difficile insertion des jeunes sur le marché du travail
ivoirien ?
L'objectif principal de notre
étude est de présenter des stratégies pouvant
améliorer l'employabilité des jeunes, après avoir
analysé les obstacles à leur entrée sur le marché
du travail.
Spécifiquement l'on s'attachera à :
ü Analyser les déterminants de la faible
employabilité des jeunes.
ü Proposer à la lumière de certaines
expériences des stratégies pouvant améliorer
l'employabilité des jeunes.
Notre analyse est fondée sur une série
d'hypothèses que la confrontation avec des données statistiques
aura à vérifier.
H1 : L'inadéquation entre le
système éducatif et de formation et le système de
production et l'inefficience du dispositif d'insertion professionnelle
expliquent le faible niveau d'employabilité des jeunes.
H2 : La formation par alternance,
l'entreprenariat, l'octroi de micro-crédits, etc. constituent des
réponses au problème de faible employabilité des
jeunes.
Nos données statistiques sont recueillies auprès de
l' AGEPE, de l'AGEFOP, de la Banque Mondiale (BM), de l'OIT, de l'INS et du
Ministère de l'Education Nationale de Côte d'Ivoire. En outre,
nous exploiterons la thèse du Docteur Kouakou Kouadio Clément sur
les " Déterminants du chômage des jeunes urbains et politiques de
l'emploi en Côte d'Ivoire."
Notre étude se divise en deux parties, elles
mêmes subdivisées en deux chapitres.
La première partie traite des déterminants de la
faible employabilité des jeunes, notamment de l'inadéquation
entre le système éducatif et de formation et le système
productif (Chapitre I), et de l'inefficience des structures d'insertion
professionnelle des jeunes (Chapitre II) avec passage en revue des
théories sous-jacentes.
La seconde partie traite des stratégies d'emploi-jeune,
précisément des politiques d'emploi axées sur les jeunes,
des stratégies de développement des compétences (Chapitre
I) ; et des politiques d'insertion dans les entreprises ainsi que de
l'entreprenariat (Chapitre II).
PREMIERE
PARTIE : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA FAIBLE
EMPLOYABILITE DES JEUNES.
L'employabilité des jeunes
dans la vie active constitue depuis un certain nombre d'années un
problème de société récurrent, souvent vécue
difficilement par les jeunes et leurs familles.
Selon le BIT, le taux de
chômage a atteint la barre des 10% de la population active ; les
jeunes de moins de 25 ans étant les plus durement touchés avec
près de 23% de chômage(en termes de proportion) en augmentation de
deux points par rapport à 2003.
Traiter de l'employabilité des
jeunes nécessite d'identifier les différents freins et obstacles
à leur accession à l'emploi ; c'est là l'objet de
cette première partie qui se divise en deux chapitres.
Le chapitre I se consacre à
l'analyse de l'inadéquation entre le système éducatif
(formations et acquisitions des demandeurs d'emploi) et le système
productif (offreurs d'emploi) avec passage en revue des théories
appropriées.
Le chapitre II analyse l'inefficience
du dispositif d'insertion professionnelle des jeunes qui n'est pas de nature
à favoriser une amélioration de leur
employabilité.
Chapitre I :
L'inadéquation entre le système éducatif et de
formation et le système productif.
Dans ce chapitre nous exposons les facteurs explicatifs de la
faible probabilité des jeunes à trouver un emploi.
L'inadéquation entre les différents
systèmes (éducation et de formation, productif) se traduit par un
faible niveau de capital humain en terme d'expérience professionnelle
(exigée par les employeurs) ; un mauvais signalement de la part des
demandeurs d'emploi ; par la discrimination à l'embauche et des
diverses méthodes de recherche d'emploi.
I) Les approches
théoriques.
I.1) Le problème de la
faiblesse du capital humain.
La question du niveau et de la composition du capital humain
est cruciale, étant donné que ces deux éléments
(composition et niveau) déterminent une éventuelle
insertion ; un faible niveau ainsi qu'une composition incomplète
(inexpérience professionnelle) du capital humain offrant peu de
perspectives d'embauche. La théorie du capital en fait un large
exposé.
Le concept de capital humain est constamment utilisé en
économie depuis les travaux de Schultz (1961) et Becker (1964) ;
certains auteurs le font remonter à Adams Smith au XVIIIième
siècle. On peut définir le capital humain comme l'ensemble des
capacités productives d'un individu (ou d'un groupe d'individus),
incluant les aptitudes opératoires au sens plus large :
connaissances générales ou spécifiques, savoir-faire et
savoir-être, expérience,... Il s'agit donc d'un stock que l'on
peut constituer, accumuler et user.
La théorie du capital humain est née devant un
double phénomène (Gambier) et (Verniers) (1985) :
ü incapacité des fonctions de production
traditionnelles où le travail est perçu uniquement sous l'aspect
quantitatif à expliquer une partie de la croissance ;
ü incapacité du modèle standard à
expliquer les disparités de salaires puisque les individus sont
considérés homogènes.
La théorie du capital humain établit une
relation positive entre l'éducation, la productivité et le
salaire. Ceux qui investissent y gagnent. Sur ce point de vue, ceux qui ont les
niveaux de formation les plus élevés ont plus de chance de
trouver un emploi, risquent ainsi d'être moins au chômage et
reçoivent en moyenne des rémunérations
supérieures.
Selon Gazier (1992), le capital humain comprend trois
composantes principales :
ü l'éducation et la formation au sens le plus
large ;
ü la santé, élément clé du
développement et du bien-être physique et mental des
individus ;
ü tous les autres facteurs qui permettent de mettre
concrètement les individus en position de produire. Exemple : la
migration.
Toutes ces composantes entraînent des coûts pour
chaque individu, coûts financiers, sociaux, psychologiques. Pour
l'employeur, la formation a pour effet d'accroître la productivité
du capital qui lui est associée d'où le lien entre la
rémunération offerte et le capital humain du salarié.
Cette situation va pousser les individus à investir dans
l'éducation ; et la rentabilité de cet investissement
réside dans l'inégalité des rémunérations
qui correspond aux différences de capital humain de chaque travailleur.
Partant de là, on peut calculer le
bénéfice net actualisé (), c'est-à-dire le
bénéfice escompté ramené à une date
donnée.
Soit et la recette
et la dépense prévisibles à la date
.
Rt - Dt
On a : = - I
(1+r) t
L'équilibre est atteint quand . Ce qui permet de
déterminer le Taux de Rendement Interne (TRI), lequel sert à la
comparaison des investissements alternatifs.
Des objections et prolongements ont
été développés à la suite de ce
modèle. En effet, si l'hypothèse suscitée est vraie, on ne
devrait pas observer par exemple de différences systématiques au
niveau des demandes (études longues et difficiles) d'individus
également doués.
Outre cette objection, on peut aussi avancer que
l'éducation, comme le soulignait déjà Schultz (1963) n'est
pas seulement demandée à des fins d'investissement, contrairement
à ce que suggère le modèle de demande, mais aussi comme un
bien de consommation durable (pour accroître son utilité future),
ou non durable (accroître son utilité immédiate).
Par ailleurs, le modèle ne prend pas en
compte l'influence du système éducatif sur la demande. Ces
critiques vont conduire aux prolongements du modèle de demande
originelle. Ainsi Pscharopoulos et Woodhal (1988) suggèrent de prendre
en compte comme déterminants de la demande plusieurs facteurs (taux de
chômage, région, sexe...), le plus important étant le
revenu disponible des individus.
Levy-Garboua (1979) développe lui, un
modèle prenant en compte les aspects consommations des dépenses
de formation : la demande d'éducation résulte d'un
comportement d'arbitrage de l'individu entre les avantages futurs liés
à la réussite et les avantages présents liés au
loisir ainsi qu'aux activités rémunérées permettant
d'accroître la consommation présente. Un modèle de gain et
de répartition du revenu peut en effet être dérivé
de la théorie du capital humain. Puisque la théorie stipule que
les individus sont rémunérés à leur
productivité marginale et que celle-ci est le reflet du capital humain
qu'ils incorporent, on doit voir dans la qualité et quantité
d'éducation reçues par un individu, un déterminant majeur
de ses gains. A celui-ci, il est possible d'ajouter les capacités
naturelles de l'individu. Toutefois, si l'on admet l'hypothèse de Becker
(1975) d'une liaison positive entre ces capacités et le niveau
d'éducation, on peut exprimer les gains (G) de façon simple en
fonction du capital humain ( niveau d'éducation : KH) pour un
individu (i) :
Gi = Gi (KHi)
Dès lors, il apparaît que les différences
systématiques de gains que l'on peut observer entre les individus ne
doivent résulter que des différences quantitatives et
qualitatives de leur éducation puisqu'à niveau de formation
donné, le marché égaliserait les gains.
Diverses études ont essayé d'en donner
une estimation en évaluant les performances productives des
employés exécutant une tâche donnée, ou des
entreprises d'une même branche, lorsque le degré
d'éducation de la force de travail varie. Par exemple, les études
économétriques de Gurgand (1993) sur la Côte d'Ivoire
indiquent que plus d'éducation n'améliore pas l'efficacité
productive et la productivité des agriculteurs comme l'ont
constaté avant lui Mook (1981) et Hopcraft (cité par Gurgand,
1993). Quoique de fortes présomptions existent, l'unanimité n'est
pas encore faite à propos de la vraisemblance de l'effet positif de
l'éducation (formation) sur la productivité.
Ces quelques développements semblent attester que les
canaux par lesquels l'éducation affecte la croissance sont d'une grande
variété. Tout en n'infirmant pas la théorie orthodoxe du
capital humain ils en établissent l'étroitesse, justifiant
peut-être ainsi les nombreuses contestations et prolongements dont elle
fait l'objet.
Un bon niveau de même qu'une bonne composition du
capital humain sont nécessaires. Cependant l'embauche d'un
éventuel candidat est fonction de la manière dont celui-ci s'y
prend pour émettre des « signaux » à
l'entreprise qui elle, procède par « filtre ».
I.2) L'inefficacité des
signaux émis par les candidats à l'embauche.
L'embauche d'un individu est conditionnée
non seulement par ses compétences, mais encore plus par la
manière dont celui-ci se « signale » sur le
marché du travail. Son éducation, ses diplômes, son
expérience professionnelle constituent des moyens de signalement.
Cette notion de signal a été prise
en compte dans les modèles de signalement (M.Spence, 1973) qui ont
cherché les principes de sélection de la main d'oeuvre à
partir des « signaux » (éducation) émis par
les offreurs et les demandeurs d'emploi. S'intéressant à la
prise de décision d'investissement dans un contexte d'incertitude,
Spence analyse comment les signaux se forment et comment ils sont
interprétés par les agents ; il arrive à la
conclusion que les diplômes ne constituent un signal de
productivité que s'ils sont perçus comme un indicateur de
rareté par l'employeur. Cependant la question de la
dévalorisation des diplômes est sous-jacente dans les
modèles de filtre et de signalement.
Aussi ces travaux présentent
l'intérêt de souligner l'importance du contrôle de
l'information par les firmes. Le relâchement des hypothèses
modifie la vision de la recherche d'emploi et relativise la marge de manoeuvre
des demandeurs d'emploi puisque leurs stratégies sont contraintes par
le comportement des employeurs.
S'il est vrai que le capital humain et le
signalement sont importants, il n'en demeure pas moins que la discrimination
à l'embauche vis-à-vis d'une catégorie d'individus est
réelle et mérite analyse.
I.3) Les jeunes, victimes de
discrimination à l'embauche.
L'un des freins à l'insertion professionnelle
des jeunes concerne la discrimination à l'embauche. Becker en fait un
exposé complet à travers la théorie de la discrimination.
Cette théorie est née d'un double
constat, d'ordre théorique et d'ordre factuel. D'une part, il s'agit de
rendre compte de phénomènes raciaux que connaissent les USA dans
les années 60 et qui n'ont jusqu'alors pas été pris en
compte par les économistes. D'autre part, de prendre acte de
l'incapacité de la théorie du capital humain à expliquer
les disparités de salaires observées au sein d'une population de
travailleurs dotés d'une efficacité productive a priori
identiques. Becker précise que la théorie s'applique à
la « discrimination » et au népotisme sous
toutes leurs manifestations, qu'il s'agisse de la discrimination contre les
noirs, les juifs, les femmes, les jeunes, etc.
Pour Becker, la discrimination relève
du goût des travailleurs soit de travailler, soit de ne pas travailler
aux côtés des gens d'une autre race, ou du sexe opposé, ou
des employeurs d'embaucher ou de ne pas embaucher certaines catégories
de personnes.
La discrimination de l'employeur pour un individu peut
être positive ou négative. Un employeur discriminera
« salarialement » un travailleur i, si à
caractéristique productive donnée il lui confère une
rémunération Wi se différenciant de celle du
marché Wn à partir de la relation suivante :
Wi = Wn (1+di) (1)
Où di = coefficient de discrimination de
l'employeur envers le travailleur i.
di >0
discrimination positive.
di<0
discrimination négative.
Rao et Bloch (2001) dans une étude
arrivent à montrer à travers un modèle économique
simple d' « assimilation » que le comportement social
d'un groupe dominant (il s'agit dans notre cas des insiders) dans une
société donnée est perçu comme un signal de
productivité pour les employeurs et utilisé comme
« baromètre » de sélection.
I.4) La recherche d'emploi et l'embauche.
La recherche d'emploi n'est pas une improvisation. A
côté des autres déterminants exposés ci-dessus
(capital humain, discrimination, signalement), elle (recherche d'emploi) occupe
une place importante.
La théorie de recherche d'emploi ou du job search
apporte un enseignement lié à la remise en cause d'une des
hypothèses relative à l'information acquise sans délai ni
coût, transparente et accessible à tous énoncée par
le modèle néoclassique de base.
Cette théorie s'efforce de prendre en
compte le caractère imparfait de l'information sur le marché du
travail et en même temps l'incertitude qui résulte de la
connaissance des emplois et des salaires.
Les offreurs de travail ne connaissent pas parfaitement les
disponibilités d'emploi et les niveaux de salaires pratiqués. La
recherche d'emploi est d'abord une recherche d'informations qui possède
un coût, qui est la perte de revenus liée à la durée
du temps de recherche. De même, elle a un rendement notamment, le gain
qui résulte d'une bonne prospection.
Le salaire de réservation (qui est le salaire qu'un
individu se fixe au regard de la distribution des salaires pratiqués sur
le marché du travail) joue un rôle prépondérant dans
la recherche d'emploi.
L'individu peut être en « chômage de
recherche » tant que les salaires pratiqués sur le
marché ne coïncident pas avec son salaire de réservation.
C'est dans ce genre de situation que nous rencontrons très souvent les
chômeurs de longue durée avec lesquels l'on estime le taux de
chômage élargi.
Nous nous attacherons à formaliser ces comportements,
en prenant en compte deux situations différentes : l'une où
chaque individu (demandeur d'emploi) à une connaissance parfaite de la
distribution des salaires offerts, et l'autre où cette connaissance est
imparfaite.
1. Recherche d'emploi en situation d'information
parfaite.
On suppose que l'individu doit faire face
à une séquence de n opportunités
supplémentaires à observer. Dans cette optique, le salaire de
réservation n'est plus constant. En supposant que la recherche se fait
sans rappel, le gain net espéré En(w), lorsque n observations
additionnelles sont permises, est :
En(w) = -c + ? max(En-1(w), w)dF(w)
(1)
N est la longueur de la séquence de la
recherche qui reste par hypothèse, Eo (w) = 0
E1 (w) = -c + ? wdF (w)
(2)
Par conséquent, lorsqu'il ne reste qu'un tirage
additionnel, chaque individu a seulement la possibilité de payer le
coût de la recherche et accepter tout ce qu'il tire de la distribution de
l'offre de salaire.
Comme l'ont prouvé LIPPMAN et MC CALL, le gain net
espéré de la recherche est une fonction croissante des n
observations (n tendant vers l'infini) et l'on a :
Lim En (w) = w*
(3)
L'hypothèse de connaissance de la distribution de
l'offre des salaires est cruciale dans le modèle et le rend
irréaliste. On va maintenant voir comment il (le modèle)
fonctionne lorsque l'information est imparfaite.
2. Recherche d'emploi en situation d'information
imparfaite.
Dans ce modèle, le salaire offert n'est pas seulement
une opportunité d'emploi, il donne aussi une information sur la
distribution de l'offre de salaire. Ainsi, au lieu seulement d'accepter ou de
rejeter un salaire offert, l'individu incorpore cette nouvelle information dans
son état de connaissance.
Soit (F (w)) une distribution subjective de l'offre de
salaire, indiquant les connaissances a priori de chaque individu par rapport
à chaque recherche. Par rapport à une séquence de la
recherche déjà effectuée, cela représente
l'état de connaissance d'un individu. Soit p le vecteur des salaires
offerts passés ; F (w, p) est la distribution subjective des
salaires offerts, compte tenu des observations passées.
On a donc :
En (p) = -c + ? max (w,
En-1(w, p)) dF (w, p) (4)
En (p) est le gain espéré de la recherche qui
dépend maintenant du vecteur des salaires passés offerts.
L'apport essentiel de ce modèle, c'est que le
chômage n'est plus interprété comme le résultat d'un
blocage sur le marché du travail. On peut même y voir un
chômage de recherche, véritable investissement rentable pour tous
les demandeurs d'emploi.
II) Les approches factuelles et
statistiques.
II.1) Employabilité et
niveau d'éducation.
Parler d'employabilité et de niveau d'éducation
c'est faire référence à la théorie du capital
humain citée précédemment. Pour cette théorie et
son pionnier BECKER, les individus sur le marché du travail ne sont pas
tous identiques et possèdent des qualités intrinsèques,
cognitives et éducationnelles différentes. L'éducation de
l'individu constitue un gain futur pour lui. En investissant il espère
un emploi et un rendement futur (encore faudrait-il que les formations suivies
soient de qualité ?)
. Qu'en est-il des jeunes instruits et sans instructions
en Côte d'Ivoire?
Tableau 1 : Taux de chômage des jeunes selon le
niveau d'éducation.
Niveaux d'éducation
|
Années
|
1993
|
1995
|
1998
|
2002
|
Abidjan
|
Autres villes
|
Abidjan
|
Autres villes
|
Abidjan
|
Autres villes
|
Abidjan
|
Autres villes
|
Aucun
|
14,8
|
4,6
|
15,7
|
7,9
|
11
|
2,5
|
13,2
|
5,5
|
Primaire
|
20,8
|
11,8
|
30,5
|
7
|
18,9
|
4,6
|
19,1
|
9,6
|
Secondaire1
|
48,9
|
27,4
|
42,2
|
15,8
|
30,1
|
17,8
|
31,1
|
13,3
|
Secondaire2
|
53,4
|
40,4
|
45
|
32,9
|
39,9
|
19,1
|
37,6
|
16
|
Supérieur
|
30,9
|
10,3
|
35
|
|
38
|
12,9
|
48,9
|
45,2
|
Total
|
29,6
|
11,7
|
31,1
|
10,4
|
22
|
7
|
25,5
|
10,1
|
Source :Kouakou K.Clément / AGEPE.
L'analyse du tableau montre qu'à part les sans
instructions et les élèves du primaire dont les taux de
chômage pour les quatre années sont très variables, on
remarque pour le secondaire 2 une baisse du taux de chômage.
Le secondaire 1 quant à lui connaît
également un taux de chômage en baisse depuis 1993 mais qui
croîtra légèrement en 2002. Ce qui constitue un paradoxe
à tous égards, c'est le taux de chômage dans le
supérieur. En effet ce taux va croissant, de 30,9% à 48,9%
respectivement pour les années 1993 et 2002 et pour la seule ville
d'Abidjan; soit une moyenne de croissance de 4,5% par année.
Pourquoi un tel paradoxe ?
Pourquoi, pour ceux ayant investi en
éducation le taux d'employabilité est si faible comparativement
à ceux qui en ont très peu investi ?
La théorie du capital humain serait-elle
un leurre ?
Introduite dans les années 60, la théorie du
capital humain pourrait se résumer ainsi : l'investissement en
éducation procure des bénéfices considérables en
termes de connaissances et de rémunérations pour l'investisseur.
Même si la théorie du capital humain s'est vérifiée
sous d'autres cieux cela ne saurait être totalement le cas pour la
Côte d'ivoire notamment pour les jeunes ayant investi dans le
système éducatif et surtout pour ceux qui ont achevé une
scolarité très élevée. Cette situation grandissante
dans la sous-population des diplômés du supérieur pourrait
trouver son explication dans le fait que ceux-ci ayant parcouru un niveau
d'étude élevé ne soient pas prêts à accepter
un emploi ne reflétant pas selon eux, leur aptitude et ne correspondant
pas à leur salaire de réservation (salaire minimum auquel un
offreur de travail accepterait pour louer ses services). Ces derniers
(diplômés du supérieur) préfèrent prendre du
temps dans la recherche d'un emploi (quand ils en cherchent
véritablement) qui reflèterait leurs aptitudes et connaissances
acquises au cours de leur cursus. C'est en cela que Lippman et Mc Call font
allusion à ce qu'on appellerait le « chômage de recherche
». A cause de leur connaissance incomplète de leurs
intérêts et aptitudes, les jeunes tâtent du marché du
travail pour acquérir de l'information et se livrer à des
expériences, ce qui est l'occasion de préciser ou réviser
leurs attentes. Ainsi les jeunes se chercheraient, tout autant qu'ils
chercheraient un emploi (Osterman, 1980, cité par François
Stankiewicz).
La rémunération proposée par les
employeurs eu égard au niveau d'étude des demandeurs d'emploi du
supérieur et à leur recherche d'emploi par un mode particulier
pourrait quelque part expliquer le faible niveau d'employabilité de ces
derniers. Cette situation pourrait également trouver réponse dans
le fort taux de diplômes du supérieur ces dernières
années (BTS, DEUG, Licence,...). Ce nombre pléthorique de
diplômes entraîne une certaine dévalorisation de ces
derniers (diplômes) et ne sont plus vus par les employeurs comme des
indicateurs de rareté et des critères de filtre (Spence).
En outre, les formations offertes par le système
éducatif et de formation ne sont pas toujours celles voulues par les
offreurs d'emploi (introduction de nouvelles filières de formations
importées des pays développés où les
réalités économiques ne coïncident pas avec les
nôtres.
Il s'agit donc d'une inadéquation entre les produits du
système éducatif et les attentes du système productif.
Il faut également noter, c'est que le taux de
chômage des catégories de jeunes autres que celui du
supérieure pourrait cacher quelques insuffisances; et c'est là
qu'il faut re-préciser la notion de chômeur.
Pour le BIT, est chômeur celui qui est d'abord sans
emploi, désireux de travailler et enfin qui a activement cherché
un emploi au cours des semaines ayant précédé
l'enquête. Nous imaginons combien cette définition du
chômeur peut prêter à confusion. En effet, s'il est
aisé de savoir celui qui est sans emploi et celui qui est
désireux de travailler (et là, rien ne nous prouve qu'un individu
désire réellement travailler), il n'est pas moins difficile de
connaître avec exactitude celui qui a activement cherché un emploi
au cours des semaines ayant précédé l'enquête.
L'équivoque étant levée, il est
nécessaire de prendre avec circonspection et mesure les chiffres
avancés. Les taux d'inemployabilité des jeunes issus du
secondaire et du primaire peuvent cacher des insuffisances liées au fait
que ceux-ci dans leur grande majorité n'aient pas été pris
en compte dans les enquêtes et n'aient jamais été l'objet
d'enregistrement dans une quelconque agence de placements ou de conseils.
La deuxième remarque à faire est celle
de la notion de sous-emploi. Les jeunes issus de l'enseignement secondaire et
du primaire figurent parmi les plus employés, mais faut-il là
encore préciser quels genres d'emplois ces derniers occupent ;
puisque l'objet de notre étude n'est pas de confiner la jeunesse dans
des emplois précaires, mal rémunérés avec des
perspectives de carrières quasi-inexistantes, mais de leur redonner
espoir à travers des stratégies d'insertion professionnelle
décentes.
En raison de tous ce qui précédent, nous pouvons
avancer ce qui suit : la situation de la jeunesse sur le marché du
travail ivoirien est précaire. Certes, comme nous l'avons constater les
mieux diplômés sont les plus inemployés, ce qui est en
contradiction avec la théorie du capital humain, mais cela ne saurait
nullement mettre en cause le fait que l'éducation et la formation sont
plus que nécessaires aujourd'hui, dans un monde et un marché du
travail gagnés par une concurrence farouche des entreprises dans le
recrutement d'une main d'oeuvre qualifiée, pragmatique et flexible.
II.2) Employabilité et
expérience professionnelle.
Les offreurs d'emploi, outre les caractéristiques
intrinsèques et acquis des demandeurs d'emploi comme, le niveau
d'éducation dont nous avons parlé plus haut, utilisent des
critères de recrutement qui amènent à sélectionner
tendanciellement la main d'oeuvre. En raison de l'évolution rapide et de
la flexibilité du marché du travail, les offreurs d'emploi
discriminent et sont de plus en plus enclin à choisir une main d'oeuvre
qualifiée, flexible et jouissant d'une expérience professionnelle
allant de un (1) à cinq (5) ans, voire plus ; atout qui manque
crucialement à la population des jeunes, puisque la majorité est
primo demandeur.
L'une des raisons du choix des expérimentés
professionnels résiderait dans le coût de formation. En effet,
dès après l'embauche d'un nouvel entrant, l'entreprise se doit
d'amener celui-ci à la maîtrise du poste qu'elle a à
pourvoir. De ce fait, selon toute logique, il apparaîtra que l'entreprise
aura plus à investir dans l'individu n'ayant aucune expérience
professionnelle comparativement à celui qui en a une; d'où son
intérêt pour ce dernier.
A cause que les entreprises veulent réduire
ces coûts en atténuant autant que possible les coûts de
formation, elles sont amenées dans la plupart des cas à offrir
des emplois exigeant une expérience professionnelle. Cela ne va pas sans
nuire à la jeunesse majoritairement primo demandeur et n'ayant
bénéficié d'aucune expérience professionnelle
(stages, par exemple) au cours de leur scolarité, puisque le
système de formation n'en prévoit pas. Cela témoigne de la
non concordance entre système de production de la main d'ouvre
(système éducatif et de formation) et système d'absorption
de la main d'oeuvre (entreprises) et de la discrimination dont les jeunes sont
victimes à l'embauche.
De plus pour les entreprises, le recours à
l'expérience professionnelle peut-être le moyen d'atténuer
certaines incertitudes liées aux recrutements : CV, lettre de
motivation, entretiens individuels et collectifs, tests psychotechniques...
(François Stankiewicz ,1999). Sur le marché du travail ivoirien,
l'expérience professionnelle ne fait pas défaut comme en
témoigne le tableau ci-après.
Tableau 2 : Offres d'emploi selon l'expérience
professionnelle.
Offre d'emplois
|
Années
|
1996 1998 1999 2000
|
Offres exigeant une expérience
professionnelle
|
67%
|
61,5%
|
77,7%
|
82,5%
|
Offres n'exigeant aucune expérience
professionnelle
|
33%
|
38,4%
|
22,3%
|
17,5%
|
Source: AGEPE / Observatoire.
De l'analyse du tableau, il ressort dans l'ensemble
qu'à part 1998, les offres d'emploi exigeant une expérience
professionnelle vont croissantes. Entre 1996 et 1999, on observe une
augmentation de plus de 10% des offres exigeant une expérience
professionnelle. Entre temps, les offres n'exigeant aucune expérience
professionnelle vont décroissantes ; cela porte à croire que
les employeurs sont de plus en plus friands de main d'oeuvre ayant
déjà exercé. Ainsi, ce sont les primo demandeurs qui sont
à même de postuler pour la deuxième catégorie
d'emploi puisqu'ils ne bénéficient d'aucune expérience
professionnelle; leur faible employabilité serait donc liée
à leur inexpérience sur le marché du travail.
Cela est justifié comme en témoigne le tableau
suivant concernant les bénéficiaires d'une expérience
professionnelle (stages) sur plus d'un millier de jeunes à travers le
Programme d'Aide à l'Embauche (PAE) exécuté par l'AGEPE.
Il faut noter ici que le programme n'était que dans sa phase
expérimentale.
Tableau 3 : Mise en stage du PAE de
l'AGEPE
Nombre de jeunes bénéficiaires de
stages
|
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2002
|
154
|
16
|
13
|
5
|
Source : Extrait du
PAE-AGEPE.
Sur plus d'un millier de jeunes demandeurs, seulement 154 ont
bénéficié d'une expérience professionnelle en 1998.
Pis encore, le nombre de bénéficiaires a décrut depuis
cette date jusqu'à atteindre 5 mises en stage en 2002. Pendant qu'en
2000, 82,5% des emplois exigeaient une expérience professionnelle,
seulement 13 jeunes avaient bénéficié d'une mise en stage.
Cela témoigne de l'ampleur du problème d'expérience dont
les jeunes paient le lourd tribut.
Face à cela, les théories de la discrimination
et du filtre trouvent tout leur sens.
Les offreurs d'emploi discriminent positivement les personnes
ayant une expérience professionnelle, expérience qui
apparaît comme un moyen de filtre pour eux.
II.3) Employabilité et
modes de recherche d'emploi.
La recherche d'emploi comporte un coût qui n'est rien
d'autre que la perte de revenu liée à la durée du temps de
recherche. De même, elle à un rendement qui est le gain
espéré qui résulte d'une meilleure prospection.
On retiendra que l'apport essentiel de la théorie du
job search, est que le chômage n'est plus interprété comme
le résultat d'un blocage sur le marché du travail. On peut
même y voir un chômage de recherche (pour les plus
diplômés), véritable investissement rentable pour tous les
agents économiques (individus, entreprises).
Voyons à présent ce qu'il en est sur le
marché du travail pour les jeunes en Côte d'Ivoire. Les
démarches pour la recherche d'un emploi par les jeunes sont multiples.
Elles vont des cabinets de placements privés aux structures de
placements publics en passant par les réseaux de solidarités
familiales, parentales et amicales.
Tableau 4 : Démarches de recherche
d'emploi.
Démarches de recherche d'emploi
|
AGEPE Cabinets
Contacts Réseaux
Autres
|
1998
|
4% 5% 14% 72%
10%
|
2002
|
3% 4% 30% 50%
8%
|
Source : Kouakou K. Clément.
Ce qu'il faut remarquer tout de suite, c'est le recours
très important vers les réseaux de solidarités parentales
et autres connaissances.
Les démarches de recherche d'emploi
via les réseaux enregistrent pour 1998 un taux de 72% et pour 2002 un
taux de 50%
Les démarches de recherche sont des
processus par lesquels ont recours les individus pour l'obtention d'un
emploi
L'analyse du tableau nous emmène
à nous poser la question suivante : Pourquoi une baisse en
pourcentage des démarches de recherche auprès des cabinets de
placements et de l'AGEPE ?
Une des raisons du faible taux de recours
aux agences de placement serait la méconnaissance de ces institutions
par les jeunes chômeurs ; l'enquête 1-2-3 effectué en 2002
montre que dans les principales agglomérations de sept Etats membres de
l'UEMOA (Abidjan, Bamako, Cotonou, Dakar, Lomé, Niamey et Ouagadougou),
56% des non-inscrits n'en ont jamais entendu parler. Une campagne d'envergure
doit donc être lancée dans les différentes
agglomérations suscitées pour que de plus en plus les jeunes
demandeurs s'y intéressent et s'y inscrivent.
Une autre raison résiderait dans une
perte de confiance progressive vis à vis de ces structures; cette baisse
de pourcentage proviendrait également d'une déstructuration et
d'un désagrégement des dites structures tant par la
précarité de leurs locaux que par une perte de qualité de
leurs services.
Par ailleurs, le manque de confiance semble
être dû à une asymétrie d'information entre cabinets
de placement et demandeurs d'emploi. Les derniers étant informés
tardivement ou pas de l'existence de besoins en main d'oeuvre exprimés
par les entreprises.
La perte de confiance est significative
d'autant plus qu'en 1998 et en 2002, seulement 4% et 3% des demandeurs d'emploi
ont entrepris des démarches de recherche d'emploi auprès de
l'AGEPE et des cabinets de placements.
De plus en plus, les réseaux de
connaissances sont sollicités en raison de l'accès à un
poste de travail rendu aisé par la présence d'une connaissance
dans une entreprise.
Cela nous montre clairement le manque de lien
qu'il y a entre le système de formation et le système
productif ; aujourd'hui, tout porte à croire que l'école ne
garantit pas un emploi ; puisque l'on peut être
diplômé, mais en manque de soutien, on se heurte à des
barrières (souvent non institutionnelles) à l'entrée des
entreprises ; or la situation aurait été plus aisée
si l'école créait des canaux de recommandations auprès des
entreprises ; cependant les jeunes, après leur scolarité
restent seuls dans la recherche d'emploi.
Des conséquences immédiates de
cet état semblent être la culture de l'insuccès, le manque
de compétition et la perpétuation des classes sociales.
Il ressort que la théorie de la
recherche d'emploi n'arrive pas à expliquer les principaux
déterminants tendanciels de chômage. L'emploi est tellement rare
et la main d'oeuvre abondante que la probabilité de trouver un meilleur
emploi à l'issue d'une prospection reste relativement faible. Ceci
suggère une dynamique de l'éducation et de l'emploi dont les
éléments sont à rechercher dans d'autres
théories.
A côté de l'inadéquation
entre le système de formation et le système productif,
inadéquation qui amoindri la probabilité des jeunes à
trouver un emploi, nous notons les difficultés et les lourdeurs des
systèmes d'insertion professionnelle qui devraient en principe faciliter
l'accession des jeunes sur le marché du travail.
Chapitre II : L'inefficience du
dispositif d'insertion professionnelle des jeunes.
Afin de faciliter l'insertion
professionnelle de tous les jeunes dans le tissu économique, des
structures comme l'AGEPE, l'AGEFOP, le FNS furent mises en place. Cependant,
des années après leur création, ces entités
semblent aujourd'hui ne plus être en mesure d'assurer convenablement les
tâches pour lesquelles elles ont été créées.
Les insuffisances des mécanismes d'insertion professionnelle en termes
de résultats des projets et différents programmes mis en place
par l'AGEPE et l'AGEFOP, exposées dans la première section de ce
chapitre ; ainsi que l'analyse des lourdeurs institutionnelles et les
contraintes financières de ces structures de promotion d'emploi jeune
(seconde section du chapitre), nous montrerons qu' à côté
de l'inadéquation des systèmes cités au chapitre
précédent, l'inefficience du dispositif d'insertion
professionnelle constitue un frein à l'employabilité des jeunes.
I) L'insuffisance des
résultats des mécanismes d'insertion professionnelle.
I.1) Résultats
des mécanismes d'insertion professionnelle mis en oeuvre par
l'AGEPE.
L'AGEPE qui a succédé à l'office
de la main d'oeuvre de Côte d'Ivoire (OMOCI) comprend deux directions
dont la direction de l'observatoire de l'emploi, des métiers et de la
formation ; et la direction de la promotion de l'emploi qui ont pour
missions respectives le recueillement et la gestion des banques de
données sur l'emploi, les métiers, la formation et le
chômage ; et l'initiative de toutes activités en vue de la
mise en oeuvre de la politique nationale de l'emploi.
Le Programme d'Aide à l'Embauche (PAE), le
Programme de Création de Micro-Entreprise (PCME) et le Fonds de Soutien
à l'Emploi par les Travaux à Haute Intensité de
Main-d'oeuvre (FSE-THIMO) sont autant de programmes mis en place par l'AGEPE,
mais dont les résultats restent non significatifs.
· Le PAE
Le PAE dans sa phase opérationnelle englobe les
formations qualifiantes en plus des mises en stages. En 1991 et 1992, le PAE a
permis de placer en entreprise 554 stagiaires dont 50% ont été
embauchés pour un coût de 1.140.017.302 F CFA. Sur la
période 1996-1997, 210 stagiaires ont été placés.
En 1997, 342 primo demandeurs ont bénéficié des formations
qualifiantes dans 12 spécialités (agents commerciaux, gestion des
ressources humaines, cadres commerciaux et de banque, reconversion de
secrétaires en secrétaires bilingues, etc.) pour un coût de
173.400.000 FCFA.
Tableau 5: Bilan des activités du PAE de
1998-2003.
Activités du PAE
|
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Mise en stage
|
Stagiaires
|
154
|
16
|
13
|
18
|
5
|
7
|
Placements
|
62
|
10
|
7
|
5
|
3
|
|
Formation Complémentaire
Qualifiante
|
Bénéficiaires
|
443
|
|
|
|
|
|
Formés placés
|
200
|
|
|
|
|
|
Placement (%)
|
45,14
|
|
|
|
|
|
Coût en millions de francs
|
324
|
|
|
|
|
|
Source : PAE-AGEPE
Cependant, l'analyse du tableau nous montre que de 1998
à 2002, on a une baisse considérable pour les mises en
stages : 154 à 5 ; et 62 à 3 pour les placements. On
constate avec désarroi qu'au fil des années les capacités
de placement en matière de stages et d'emploi de l'AGEPE laissent
à désirer.
La formation complémentaire qualifiante elle, n'est
plus fonctionnelle depuis 1998 où elle avait enregistré 443
bénéficiaires pour 200 formés et
placés avec un financement global de 324 millions de FCFA.
Concernant le PCME, 325 emplois seulement ont
été créés sur la période 96-99 (AGEPE,
1996).
L'instabilité politique depuis Décembre 1999 a
entraîné une stagnation des activités à partir de
l'année 2000. Les résultats attendus n'ont donc pas
été atteints.
· Le programme FSE-THIMO
On distingue deux phases dans la mise en oeuvre du
programme. La phase pilote et la phase de mise en oeuvre réelle. Dans sa
phase pilote entre 1994 et 1995, le programme a fonctionné avec une
dotation annuelle de 1 milliard de FCFA. Une opération a
été conduite avec la commune de Yopougon avec 840 jeunes femmes
utilisées dans les travaux d'entretien des rues et autres
édifices de la commune. Suite à la constatation des lacunes dans
son fonctionnement, le programme a été interrompu en 1995. La
phase dite opérationnelle du programme en 1997 n'a pas
été mise en oeuvre faute de moyens financiers.
Ce qu'il y a lieu de rappeler c'est qu'un travail
d'envergure avait été mise en place et effectué par
l'AGEPE en vue de la réactivation du programme. On note par exemple, la
confection de manuels de procédure pour sécuriser le programme.
Le lancement était prévu pour 1999 lorsque survint le coup
d'Etat. Il a donc fallu attendre 2005 pour réactiver effectivement le
programme. Cela s'est traduit par la fourniture de petits matériels de
travail à 83 communes sous contrôle gouvernemental sur les 96
communes de cette zone en fin d'année 2005 pour un coût de
150.000.000 FCFA. Il faut noter que même si des efforts ont
été entrepris, beaucoup reste encore à faire face à
l'ampleur du chômage et à la déscolarisation d'une frange
très importante de la population juvénile.
I.2) Résultats
des programmes d'apprentissage et de formation exécutés par
l'AGEFOP.
L'AGEFOP est un organisme de prospection,
d'élaboration et de gestion de projets de formation technique et
professionnelle, elle constitue l'ingénierie de la formation
professionnelle.
A ce titre, l'Agence a mis en place deux grands
projets que sont le projet apprentissage et le projet de formation à
distance dans le cadre du Programme d'Absorption des Jeunes
Déscolarisés (PAJD), projet qui avait pour mission de lutter
contre le chômage des jeunes déscolarisés, n'ayant aucune
qualification professionnelle qui leur permettent de s'insérer dans le
tissu économique. Le PAJD n'existe plus, mais des substituts existent
tels que la formation par apprentissage, la formation qualifiante de courte
durée, le Projet d'Appui des Personnes Handicapés à la
Formation Professionnelle (PAPHFP), les Unités Mobile (UM) et les
Ateliers d'Application et de Production (AAP).
Des différents projets, seul
l'apprentissage couvre l'ensemble du pays ; cela témoigne de la
tâche qui incombe aux partenaires des structures d'insertion
professionnelle.
D'autres programmes comme la formation
à distance de Bouaké, le programme d'appui au
développement de la formation continue et le programme d'accès et
d'appui au maintien des jeunes filles à l'enseignement professionnel
sont dysfonctionnels et cela en raison des moyens financiers.
En termes d'investissement, on note
la réhabilitation d'un centre de ressources; lieu de rencontre entre
les professionnels des différents secteurs d'activités et les
experts de la formation afin de dégager les besoins et les traduire en
projet.
Le Bilan des activités de l'AGEFOP est
consigné dans le tableau suivant.
Tableau 6 : Bilan des activités de l'AGEFOP de
2003 à 2006
Type de formation
|
Apprentissage
|
PAPHFP
|
Formation qualifiante
|
Apprentis certifiés
|
2003
|
Hommes
|
1311
|
116
|
94
|
285
|
Femmes
|
1013
|
39
|
11
|
Total
|
2324
|
155
|
105
|
Financement (en millions)
|
285
|
60
|
|
2004
|
Hommes
|
1351
|
116
|
124
|
176
|
Femmes
|
1046
|
32
|
17
|
Total
|
2397
|
148
|
144
|
Financement (en millions)
|
275
|
60
|
|
2005
|
Hommes
|
1096
|
62
|
60
|
143
|
Femmes
|
746
|
13
|
10
|
Total
|
1845
|
85
|
73
|
Financement (en millions)
|
250
|
50
|
|
2006
|
Hommes
|
1006
|
91
|
97
|
231
|
Femmes
|
818
|
34
|
11
|
Total
|
1824
|
125
|
197
|
Financement (en millions)
|
313.3
|
78
|
|
Source : AGEFOP.
L'analyse du tableau nous révèle que le
nombre de bénéficiaires à l'apprentissage a baissé
de 2003 à 2005 passant de 2324 à 1845 ; de même que
les bénéficiaires du PAPHFP de 155 en 2003 à 85 en 2005.
Au niveau du financement, la dotation allouée à la formation a
diminué également sur la période en ce qui concerne
l'apprentissage et le PAHPFP.
Ce qu'il faut noter aussi c'est que la formation
qualifiante et le PAPHFP sont uniquement exécutés dans la seule
ville d'Abidjan. Depuis 2003, les unités mobiles et les ateliers
d'application et de production ne sont plus fonctionnels.
Toutes les analyses suscitées témoignent
d'une réelle difficulté dans l'exécution des tâches,
ce qui est de nature à favoriser une insertion difficile pour les
jeunes.
II) Les contraintes
institutionnelles et financières des structures de promotion de
l'emploi.
Les obstacles dans la mise en oeuvre des différents
programmes sont de deux ordres principalement: insuffisances
financières, obstacles institutionnels auxquels on ajoute la faiblesse
au niveau de la qualité et de la quantité des ressources
humaines.
On note qu'au niveau institutionnel, la lourdeur
administrative et la lenteur des procédures de décaissement
résultant de la nature des structures en charge de la politique, de
même que les chevauchements d'activités constituent des obstacles
au niveau de toutes les structures.
Concernant l'AGEPE, on a pu noter que les agents
déjà en nombre insuffisant sont obligés de pré
financer leurs missions ; le volet quantité des ressources humaines
peut être réglé, mais ce n'est pas toujours que l'on a les
personnes qu'il faut à la place où elles doivent être.
Les faibles résultats de l'AGEPE sont la
résultante d'un dysfonctionnement des programmes d'emploi contenus dans
le plan national de l'emploi de 1995.
Il est à noter que malgré la rédaction
d'un nouveau plan national de développement de l'emploi en 2004, les
programmes rencontrent toujours des dysfonctionnements.
Concernant le volet financier, on note l'inexistence de
subventions pour la prise en charge réelle du traitement
économique du chômage. Par ailleurs, il était prévu
de consacrer deux tiers des recettes liés à l'allocation
chômage et au traitement économique du chômage, mais cela
n'a jamais été le cas.
Un autre frein à l'employabilité des jeunes
est dû au fait que les structures d'insertion ne se font pas assez
connaître. En effet, il revient aux structures de promotion des emplois
de vulgariser leurs activités à tous les secteurs de
l'économie, notamment aux entreprises privées ; il existe
souvent une asymétrie d'information entre les offres d'emploi
émanant des entreprises privées et les demandes d'emploi.
C'est très souvent que les postulants sont
informés tardivement des demandes de travail; ce faisant le temps pour
la collection des pièces administratives requises reste insuffisant
entraînant de fait des échecs programmés.
A côté de l'AGEPE, l'AGEFOP elle aussi,
n'enregistre pas des résultas satisfaisants. Les problèmes
logistiques (moyens de déplacement, matériels informatiques,...)
constituent des obstacles majeurs à la mise en place de politiques de
résorption de la main d'oeuvre.
Au niveau des projets d'apprentissage, on note des
dysfonctionnements dans l'encadrement des apprentis, l'insuffisance de
ressources humaines (conseillers d'apprentissage), la mauvaise qualité
des cours théoriques et l'insuffisance de matériels didactiques
et d'équipements motorisés.
Concernant les formations qualifiantes, on souligne le
problème de l'équivalence des certifiés de l'apprentissage
et des formations qualifiantes. Ce problème est un obstacle à
l'insertion des jeunes certifiés puisque les examens nationaux ne
tiennent pas compte d'une catégorie particulière de
formés. L'AGEFOP n'ayant pas les moyens de financer des cours
complémentaires pour une remise à niveau, on assiste à une
disqualification de ces derniers.
Les raisons de l'incapacité de l'AGEFOP à
assurer les cours supplémentaires sont de trois ordres. D'abord, une
insuffisance de ressources financières comme signifiée plus
haut ; ensuite un non respect des programmes à dispenser ce qui
entraînent une détérioration de la qualité de la
formation et enfin le nombre insuffisant des conseillers
pédagogiques.
Outre ces difficultés, on énumère celles
qui suivent :
· L'impossibilité d'obtenir des salles de
formation adaptées aux différents états physiques des
candidats à la formation comme les handicapés moteurs, les
sourds, les aveugles etc.,
· La méconnaissance des filières de
formation.
· Le manque d'informations pertinentes sur les secteurs
porteurs de l'économie.
· Une faible capacité d'orientation des jeunes.
· Le manque de dispositifs de suivie des jeunes
formés, et de répertoires des qualifiés de l'AGEFOP.
· La sénescence très prononcée des
matériels de travail.
· Le faible engouement au niveau des formations
qualifiantes à cause du caractère payant de la formation.
· L'inadéquation entre les modules de formations
et les besoins de formation ; donc l'absence de référentiels
de métiers et de compétences qui permettent d'appréhender
l'évolution et les tendances des métiers.
Parallèlement à l'AGEPE et à l'AGEFOP,
d'autres structures de promotion et de formation à l'emploi dont le
Fonds de Développement de la Formation Professionnelle (FDFP) et le
Fonds National de Solidarité (FNS) présentent des
difficultés dans la mise en application de leurs projets emploi
malgré leurs intentions affichées de participer à une
résorption considérable de la main d'oeuvre.
Le FDFP créé en Décembre 1991 est sous
double tutelle : le Ministère de l'économie et des finances
et le Ministère de l'enseignement technique et de la formation
professionnelle. Doté de la personnalité morale, ce fonds assure,
grâce à la taxe additionnelle pour la formation professionnelle
continue (1,5% de la masse salariale des entreprises), le financement des
actions de formation continue destinées aux salariés des
entreprises et des études ayant trait à la planification
générale de la formation professionnelle continue, mais aussi et
surtout grâce à la taxe sur l'apprentissage (0,5% de la masse
salariale), le financement des actions de formations professionnelles initiales
et d'apprentis et les études ayant trait à la planification
générale de la formation professionnelle et technique.
Avec l'ensemble de ses partenaires, le FDFP assure :
· La formation des nouveaux embauchés
(l'intégration).
· L'amélioration des acquis des stagiaires dans
les spécialités qui sont les leurs à travers le
perfectionnement.
· La formation permettant la promotion du travailleur.
· La formation par l'apprentissage souvent pour une
reconversion.
Les problèmes rencontrés par les
premières structures de gestion de la promotion de l'emploi
citées plus haut sont à peu près similaires à ceux
du FDFP.
La baisse des ressources liée à la fermeture des
entreprises et aux licenciements ne permet pas de satisfaire totalement la
demande de formation. Même si cette baisse a été
comblée en certains endroits par les réserves du FDFP, il n'en
demeure pas moins que ces réserves s'amenuisent depuis la crise, avec la
réduction du nombre d'entreprises cotisantes. Dès lors, il se
pose la question des financements complémentaires assurés par le
FDFP au profit des entreprises cotisantes et du financement des structures qui
ne participent pas aux cotisations.
Le coût du suivi-évaluation des projets
financés par la structure est très élevé. Il faut
suivre le jeune jusqu'à ce qu'il crée effectivement son
entreprise et cela peut durer entre 6 et 12 mois ; or le FDPF n'a pas
assez de moyens pour les suivre quotidiennement.
Aussi, compte tenu du désir grandissant pour la
formation à l'apprentissage et la création de micro entreprises,
les fonds ne suffisent plus ; les demandes étant supérieures
aux offres, toutes choses égales par ailleurs, on assiste à une
sélection de plus en plus restrictive des demandes de formation. Ce qui
engendre des désavantages pour un grand nombre.
Au niveau des projets d'insertion, on souligne des
difficultés d'ordre commercial, des problèmes avec certains
bénéficiaires qui n'arrivent pas à comprendre les
ambitions du projet à cause de leur faible niveau d'éducation et
de leur manque de créativité. Le FDFP rencontre donc de
sérieux problèmes liés à une transmission des
différentes formations.
Une mauvaise gestion des fonds alloués aux
bénéficiaires ou une utilisation de ces fonds à d'autres
fins n'est pas de nature à favoriser les choses et limite
déjà les possibilités de financement d'éventuels
futurs demandeurs.
Au niveau des formations par apprentissage, on souligne un
nombre non moins importants de difficultés :
· Les responsables de projets ne facilitent pas toujours
la tâche ; c'est rarement qu'ils tiennent compte des propositions
qui leur sont adressées.
· Le FDFP se heurte bien souvent à des cabinets de
formation qui ne sont pas toujours expertes en la matière.
· Les jeunes ne savent pas toujours très
exactement ce qu'ils veulent. Ceux d'entre eux qui ont des idées n'ont
pas les moyens de les réaliser et craignent de présenter leurs
idées au risque de se les faire dérober. Il est souvent vrai que
ceux qui ont les moyens n'ont pas d'idées. La stratégie
d'imitation devient dans ce cas la règle et aboutit souvent à une
congestion dans un même secteur et une concurrence destructive.
· Le manque de vulgarisation et de diffusion des
résultats de recherche et d'étude est un handicap à
l'innovation.
· La demande croissante de formation fait que le
personnel est devenu insuffisant face aux nombreux défis de la
structure.
Toutes ces difficultés rencontrées par le FDFP
annihilent les efforts déployés par cette structure, conduisant
à de sérieux blocages à l'entrée des jeunes dans un
secteur de l'économie.
Le Fonds National de Solidarité (FNS) pour la promotion
de l'emploi jeune institué en Décembre 2003 et placé sous
tutelle administrative, technique, économique et financière du
Ministère de l'économie et des finances et qui a pour mission de
favoriser, en partenariat avec le système bancaire et financier national
et international, l'accès au crédit de jeunes entrepreneurs et
entreprises créatrices d'emploi jeune, rencontre lui aussi des
difficultés de fonctionnement qui ne sont pas toujours dues à une
mauvaise gestion en son sein mais pour la plupart du temps provenant des
demandeurs de fonds.
S'il est vrai que les mesures de sélection et
d'acceptation de financement de projets ne sont pas toujours aisées, il
n'est pas faux que très souvent l'ensemble des projets individuels
présentés par les candidats à l'octroi aux crédits
ne sont pas toujours solides.
Cette fragilité proviendrait de la non
corrélation entre le profil du promoteur et la viabilité du
projet. Les projets ambitieux nécessitent en plus des fonds, un certain
niveau de formation requis, ce qui n'est pas toujours le cas. En outre, les
résultats de terrain relativement aux expériences
précédentes indiquent un risque majeur et récurrent, le
risque de gestion. La mise en place de mesures de suivi et d'évaluation
de proximité s'impose.
Au-delà de toutes ces difficultés, il
faut noter le problème de multiplicité des acteurs intervenant
dans la gestion des dispositifs d'insertion professionnelle (Kouadio
Bénié Marcel, 2007). En effet, parallèlement aux services
publics d'Emploi, les ministères en charge de l'emploi et de la
formation professionnelle interviennent directement au niveau de la
stratégie « Employabilité et
Entrepreneuriat », à partir des directions qui existent en son
sein.
Une telle multiplicité des centres de
conception et de décision pour l'employabilité des jeunes, pose
le problème de l'absence de coordination des actions à
entreprendre. Cette absence de coordination ne leur permet pas d'être en
synergie d'action dans la mesure où il n'existe pas de plate-forme
d'échange. Aussi, l'absence de complémentarité entre les
différents structures engendre leur inefficacité puisqu'elles ont
été conçues dans une logique de véritable
collaboration.
CONCLUSION PARTIELLE
La situation des jeunes sur le marché du
travail ivoirien est alarmante. Des années 90 aux années 2000,
les jeunes connaissent des difficultés de positionnement sur le
marché du travail.
Leur manque d'expérience professionnelle,
leur niveau d'éducation et de formation, les difficultés au
niveau des structures d'insertion professionnelle participent de la faiblesse
de leur employabilité. La majorité des jeunes étant primo
demandeurs, ceux-ci se heurtent à des barrières à
l'entrée du marché du travail.
Plus de la moitié d'entre eux n'ont
jamais connu une première expérience professionnelle et font
l'amère expérience d'une longue durée de chômage.
Leur vulnérabilité est très prononcée.
L'élaboration de politiques
ciblées et concrètes se rapprochant de cette couche de la
population est capitale pour la survie de notre économie et pour pallier
aux tensions qui naissent du fait du sentiment d'inutilité qui anime
plus d'un.
DEUXIEME PARTIE : STRATEGIES
SUSCEPTIBLES D'AMELIORER L'EMPLOYABILITE DES JEUNES.
Offrir aux jeunes la
possibilité d'accéder à un emploi décent dès
leur entrée dans la vie active contribuerait à les
préserver du cercle vicieux du chômage, des conditions de travail
médiocres, de la pauvreté et du découragement, qui, en
dernière analyse compromet l'avenir de la société toute
entière.
Depuis sa fondation, en
1919, l'OIT cherche à améliorer les conditions d'emploi et de
travail des jeunes. Pour leur part, les PVD depuis les deux chocs
pétroliers et les PAS des années 80-90, sont confrontés
à une montée en puissance du niveau de chômage, celui des
jeunes particulièrement.
La recherche de solutions
et de politiques ciblées pour toutes les couches de jeunes se pose de
manière impérieuse.
C'est justement la
recherche de solutions et de stratégies appropriées pour
l'amélioration de l'employabilité des jeunes de Côte
d'Ivoire, de tous les jeunes (instruits comme sans instruction) qui fait
l'objet de cette partie de notre travail.
Le chapitre I s'articule
autour des stratégies d'insertion au plan macroéconomique et
institutionnel.
Le chapitre II est
consacré à l'exposé des stratégies
d'amélioration de l'employabilité des jeunes au plan
microéconomique.
Ces stratégies
concerneront aussi bien la recherche de solutions pour les jeunes
diplômés, les jeunes sans instruction que pour ceux qui, en raison
du conflit armé qui a secoué la Côte d'ivoire, rencontrent
des difficultés d'insertion.
Chapitre I :
Stratégies au plan macroéconomique et institutionnel.
Il est question dans ce chapitre d'exposer quelques
actions en faveur d'une insertion de tous les jeunes sur le plan
macroéconomique et institutionnel.
La mise en place de politiques d'emploi
ciblées en direction des jeunes (première section) ; ainsi
que d'actions de développement des compétences (deuxième
section) constitueront la trame de ce chapitre.
I) Politiques d'emploi
axées sur l'insertion des jeunes.
I.I) Promouvoir une croissance
à forte intensité d'emploi.
Une politique effective de génération
d'emplois pour les jeunes doit être intégrée à une
stratégie globale de création d'emplois par la croissance
économique à forte intensité d'emploi. L'emploi et le
chômage des jeunes sont fortement tributaires du cycle économique
et les effets d'une faible demande du marché du travail sont
particulièrement problématiques pour les jeunes non
scolarisés. Il conviendrait d'adopter des politiques au niveau
macroéconomique saines qui permettent d'examiner les problèmes
d'emploi des jeunes sous l'angle de la croissance de l'emploi.
I.2) Créer des emplois par
l'investissement.
Une politique d'incitation à la création
d'emplois par les entreprises passe par une compréhension approfondie
des liens entre la décision d'investir et les mécanismes de
financement de cet investissement qui vont décider de la nature et en
particulier de son contenu en emploi. Une réactivation possible de
l'appétit des entreprises pour la création d'emplois pour les
jeunes par l'investissement passe par une politique fiscale appropriée
(par exemple dégrèvement fiscal incitant à
accélérer l'amortissement des matériels et des
capacités créées combiné ou non à une
réduction de l'impôt sur les sociétés à
hauteur d'un pourcentage des sommes investies), voire une réduction de
l'assiette de l'impôt (flat tax) et ou une politique
monétaire axée sur une baisse sélective des taux
d'intérêt à moyen et long terme.
Ces deux politiques : budgétaire et
monétaire si elles sont menées avec minutie permettront aux
entreprises d'absorber une grande partie de la main d'oeuvre.
S'il est vrai que l'imprévisibilité de la
croissance rend les perspectives d'activités économiques
aléatoires et donc pèse lourdement sur la décision
d'investir des entreprises, il serait vain de s'attendre à une politique
audacieuse quand le taux de croissance annuel moyen est de 1% en volume et que
le taux d'intérêt à long terme est plus de 5 fois
supérieur. L'exemple de réforme qu'un chef d'entreprise de France
souhaite est patent.
Encadré n°
1 : Les réformes que souhaitent les chefs
d'entreprises en France.
« Pour un chef d'entreprise, la seule raison valable
d'embaucher est l'augmentation de son chiffre d'affaire [...]. Il faudrait
donner aux entreprises la possibilité de remplacer le paiement de 10%
supplémentaire d'impôt sur les sociétés par la
création de nouveaux emplois, à coût égal...Les
finances publiques y trouveraient leur compte car cette activité
supplémentaire générerait des ressources fiscales
supplémentaires et pourrait amorcer le redressement de
l'économie. D'autant plus que cette méthode a été
employée avec succès, il y a 25 ans, pour la formation
professionnelle... ». (Le Figaro, 12.5.96).
I.3) Impulser un souffle nouveau aux agences de
gestion des emplois jeunes.
L'impulsion d'une dynamique nouvelle aux
agences ayant en charge la gestion des emplois jeunes est nécessaire,
puisque ces dernières jouent un rôle prépondérant
dans l'employabilité des jeunes.
Cette nouvelle dynamique concerne :
l'assainissement de l'environnement institutionnel des agences, leur
organisation et leur fonctionnement, leur clientèle, et leur dispositif
de formation professionnelle (Kouadio Bénié Marcel, 2007).
Concernant l'environnement institutionnel
des agences de promotion des emplois jeunes, il est
suggéré de :
- revoir le statut de certaines agences afin de réduire
les lourdeurs administratives dont elles sont sujettes.
- prendre des mesures incitatives à la création
d'emplois et de micros et petites entreprises destinés aux jeunes.
- établir un partenariat avec les autres institutions
du marché de l'emploi, les collectivités locales, les
associations d'employeurs, les ONG, etc. afin de favoriser
l'employabilité des jeunes.
Au sujet de l'organisation et du fonctionnement
des agences, l'accent doit être mis sur l'audit organisationnel et
financier des agences, sur l'élaboration d'un plan de
développement stratégique pour chaque structure, ainsi que la
diversification de leur source de financement.
L'audit organisationnel permettra de :
- reprécisez les organigrammes inadaptés,
- repréciser les missions des agences et certaines de
leurs directions et services,
- réallouer leurs budgets.
La nécessité d'élaborer un
plan de développement stratégique pour les agences, se justifie
par la volonté de repositionner certaines agences dans le dispositif
d'insertion professionnelle des jeunes. Elle s'explique également par la
préoccupation des agences de promotion de l'emploi des jeunes
d'atteindre les missions qui leur sont assignées et de mobiliser des
ressources financières additionnelles.
La stratégie de diversification et de
renforcement des sources de financements de ces agences, doit se traduire par
l'amélioration des moyens de collecte des taxes affectées
à l'emploi et à la formation (taxe d'apprentissage) et par la
stabilité et la pérennité des activités, programmes
et projets de ces agences.
Concernant la clientèle des agences de
promotion de l'emploi des jeunes, il est recommandé que ces
dernières (agences) informent suffisamment les jeunes des
différents programmes et projets conçus à leur intention.
Par ailleurs, elles doivent porter à leur connaissance les
créneaux économiques porteurs d'emploi pour les jeunes.
Enfin, il convient d'améliorer le
dispositif de la formation professionnelle en vue de :
- fournir du personnel jeune et qualifié à
l'ensemble de l'économie,
- disposer de structures de formation capable d'accueillir des
programmes et projets de formation en alternance, de formation de courte
durée, etc.
- disposer d'une équipe de formateurs capables de
concevoir et d'animer des modules de formations pour répondre aux
besoins en main d'oeuvre qualifiée de l'ensemble de
l'économie.
I.4) Faciliter l'octroi de
micro-crédits pour la création de PME.
Le salariat n'est pas la seule voie possible d'entrée
dans le monde du travail. Le goût d'entreprendre reste insuffisamment
valorisé chez les jeunes ivoiriens qui rencontrent un certain nombre de
difficultés culturelles, administratives et financières. Pourtant
la création ou la reprise d'activités peut constituer un
engagement professionnel et économique déterminant pour
l'expérience professionnelle des jeunes.
Le renforcement de l'information et l'accompagnement des
jeunes sur les opportunités offertes par le secteur libéral ainsi
que la création et la reprise d'entreprises doit être l'affaire
des institutions chargées de la promotion de l'emploi (AGEPE, AGEFOP,
etc.).
Créer une entreprise c'est participer à la
création de richesses d'une nation en termes de valeur ajoutée,
d'emplois et de recettes fiscales. Le goût pour le risque d'entreprendre
doit être cultivé et entretenu. Ces projets nécessitent
certes des moyens humains et la détermination, mais l'Etat devrait
soutenir aussi bien financièrement que techniquement les jeunes dans
leurs initiatives de création de richesses par la création de
micro-projets. Des comptes rendus réguliers des activités
menées sur le terrain par les jeunes entrepreneurs permettront de
constater si ces derniers ont utilisé les frais financiers et techniques
à bonne fin. On pourra instituer un comité qui se chargera de ces
contrôles. Tout jeune ou groupe de jeunes qui aura su créer de la
richesse se verra accorder d'autres facilités pour l'agrandissement de
ses activités.
Les groupes d'entraide (ou tontines) ont une longue tradition
et peuvent être utilisés comme base pour les institutions de
microfinance. Les membres de ces groupes se garantissent les prêts les
uns aux autres et lorsque les membres du groupe ont pu collectivement accumuler
quelque capital, le groupe lui-même peut devenir une agence de
crédit et d'épargne.
La microfinance est particulièrement utile pour les
femmes et les jeunes dans l'économie informelle. Un exemple est
donné par la société Citi Saving and Loans Ltd. au Ghana
qui, depuis 1992, a aidé des centaines de jeunes femmes qui auparavant
n'avaient pas accès au financement, en mobilisant les
dépôts, en accordant des crédits et en fournissant des
services financiers.
Organiser les jeunes en coopérative augmente la
probabilité de remboursement des prêts et encourage donc les
institutions à fournir le financement ; c'est le cas du programme
ACOPAM.
Encadré
n°2 : Le programme ACOPAM dans les pays du
Sahel.
Le programme ACOPAM (Appui des Coopératives pour
l'Amélioration des Communautés de Base), conçu pour
combattre les effets de la sécheresse dans les pays du Sahel,
était considéré par l'OIT comme un de ses programmes de
génération d'emplois les plus réussis.
Il organisait les gens à la base en coopératives
pour améliorer la sécurité alimentaire et les conditions
de vie par le biais de plans conjoints de gestion foncière et
d'irrigation, les banques de céréales, la commercialisation des
produits et des plans d'épargne et de crédit. Dans sa
dernière phase (1996-2000), le programme a crée 56.000 nouveaux
emplois.
ACOPAM a produit une large
gamme de manuels traduits en langues locales qu'il a diffusé parmi ses
partenaires et qui sont toujours disponibles. Son expérience doit
être réexaminée et il faut envisager de reproduire ses
stratégies les plus réussies dans d'autres pays d'Afrique de
l'Ouest.
Etudes thématiques de UNOWA,
seconde édition, Août 2006.
Tout jeune entrepreneur qui bénéficiera de
quelque financement que ce soit, devra à une échéance
restituer le capital qui aura servi à son financement pour l'accorder
à un autre désireux d'entreprendre ; et ainsi de suite il se
créera un effet de chaînes.
I.5) Valoriser l'image des
métiers jugés peu attractifs.
Il appartient aux partenaires sociaux et aux pouvoirs publics
d'aider à lever les préjugés et les représentations
négatives qui entourent certains métiers. Ainsi à l'instar
de l'apprentissage, dont la capacité à insérer est
démontrée mais toujours peu prisée, certains
métiers continuent à être mal appréhendés en
termes d'image au moment où leur présence commence à faire
défaut dans une société de plus en plus demandeuse de
services de proximité. Les PME sont encore trop souvent
présentées comme peu intéressantes en termes de
perspectives de carrière, et les grandes écoles
considérées comme vivier de professions élitistes. Sortir
des discours dualistes et des représentations collectives
connotées nécessite un effort de chacun, tant des familles que
des enseignants, des pouvoirs publics que des représentations patronales
au niveau des branches et des entreprises.
II) Stratégies de
développement des compétences.
II.1) Mettre en oeuvre des
politiques d'éducation, de marché du travail et des politiques
sociales adéquates.
Les systèmes éducatifs ont une importance
cruciale. Développer l'employabilité des jeunes est un
élément clé pour assurer aux jeunes un passage
réussi au marché du travail et leur permettre d'accéder
à un emploi préparant à une carrière. Les jeunes
doivent pouvoir acquérir des compétences, des connaissances et
des attitudes qui leur permettent de trouver un emploi et les préparant
aux imprévisibles fluctuations du marché auxquelles ils auront
à faire face tout au long de leur vie professionnelle. Toutefois, le
fait de terminer l'école n'est pas une condition suffisante pour entrer
de manière stable dans le marché du travail puisque la fin des
études constitue une vulnérabilité au chômage. Les
politiques devraient donc mettre l'accent sur l'employabilité des
jeunes, que ce soit au moment où ils entrent sur le marché du
travail comme pour leur positionnement.
En outre, de nombreux pays se préoccupent de plus en
plus de la façon dont l'éducation et la formation initiales
s'adaptent aux normes de sélection changeantes du marché du
travail dans un environnement d'innovation technologique rapide, de
restructuration économique et de concurrence exacerbée. A cet
égard, des pays ayant une forte tradition en matière
d'enseignement et de formation professionnels tentent de réadapter le
contenu de l'éducation. Ils placent de plus en plus l'accent sur la
définition ou la redéfinition de nouveaux profils de
compétences et de volets et moyens plus rapides et plus souples de
mettre à jour les programmes d'enseignement et les qualifications. Dans
des pays où les secteurs de l'enseignement professionnel sont moins
développés, des efforts ont été accomplis pour
créer de meilleures passerelles entre l'enseignement et l'emploi, par la
mise au point de cadres de qualification unifiés dans lesquels ils
peuvent juger les performances. Ces efforts sont axés sur la fourniture
de structures d'informations et d'incitations nécessaires pour stimuler
les réalisations des élèves et l'acquisition continue du
savoir. La formation par compétence (FPC) introduite il y a quelques
années en Côte d'Ivoire est un exemple. Un système de
normes nationales aide également les employeurs à informer les
prestataires de formation et les employés éventuels des
compétences dont ils ont besoin.
II.2) Développer des
compétences dans le secteur informel.
Les mesures visant à améliorer le capital
humain par l'éducation, la formation ou le perfectionnement
professionnel sont vitales pour les jeunes travailleurs du secteur informel qui
sont souvent analphabètes ou, tout au plus, faiblement
scolarisés, ce qui limite leurs capacités à
améliorer les méthodes de production et de commercialisation,
ainsi que la qualité des produits et services.
Pour acquérir de nouvelles compétences, la
grande majorité des acteurs du secteur informel ne peuvent compter
presque exclusivement que sur des processus et programmes d'apprentissage. La
formation « sur le tas » par l'apprentissage
représente dans les pays africains le mode dominant d'acquisition des
techniques de base pour l'exercice d'un métier. Elle s'adresse à
de nombreux jeunes qui, pour diverses raisons, se trouvent exclus du
système scolaire en vigueur et qui, de fait, en font un recours efficace
de « qualification » en vue d'une insertion sur le
marché du travail.
Mais l'apprentissage artisanal est toujours incomplet et
rencontre des difficultés tant du fait de déficit structurel
d'offre formelle ou non formelle de renforcement des compétences des
apprentis que du fait de l'insuffisance de qualification des maîtres
artisans et de leur incapacité à conceptualiser certaines notions
de manière à fournir un complément théorique
indispensable ; sans compter l'absence totale de progression
pédagogique structurée dans le cursus de formation.
D'autre part, les structures classiques de formation
professionnelle sont coûteuses et leurs enseignements ne sont pas
conçus pour des analphabètes totaux ou partiels. La formation
doit surtout être adaptée aux besoins et constituer de la sorte un
moyen parmi d'autres de résoudre les problèmes techniques de
gestion ou de développement des micro-entreprises. La formation doit
être axée sur le renforcement du savoir-faire et sur l'acquisition
de nouvelles compétences et de nouveaux comportements visant à
améliorer la productivité et la compétitivité des
micro et petites entreprises du secteur informel. La formation au travail
devra, le cas échéant, être complétée par des
services telles qu'une orientation professionnelle, une information sur
l'environnement de l'entreprise ou une aide à la résolution des
problèmes posés par l'accès aux crédits, aux
marchés ou à la technologie.
C'est dans cette perspective que le programme régional
du BIT, GERME (gérez mieux votre entreprise) a inscrit son action qui
vise à améliorer la qualité de la formation et de la
gestion et à établir un réseau sous-régional en
Afrique francophone. L'approche de ce projet se voulait participative, flexible
et basée sur les besoins exprimés. Le programme visait pour
l'essentiel à faciliter l'adaptation et la vulgarisation d'une
stratégie de formation des formateurs à trois composantes,
à savoir :
GERME (gérez mieux
votre entreprise)
CREE (créez votre
entreprise)
CLE (comprendre
l'entreprise)
Chaque composante dispose d'un matériel
spécifique de formation conçu à partir de la
capitalisation des expériences réussies en la matière.
L'objectif global étant de dispenser des connaissances sur les aptitudes
requises et les défis à relever pour créer et gérer
une entreprise, et particulièrement une petite entreprise.
Une étude d'impact de l'activité GERME a
été réalisée au cours du troisième trimestre
2001 auprès de 400 bénéficiaires dont 322 se sont
entièrement prêtés à l'exercice. Il ressort de
l'exploitation des enquêtes que les modules concernant la gestion des
stocks, le marketing et le calcul des coûts sont les mieux suivis. Du
point de vue de l'impact proprement dit, 83% des bénéficiaires
reconnaissent avoir amélioré leur bénéfice
d'exploitation, et 80% sont satisfaits d'avoir augmenté leur chiffre
d'affaire.
II.3) Accompagner les jeunes dans
la recherche d'emploi.
Très souvent, les jeunes, y compris ceux de
l'enseignement supérieur, manquent d'informations et de conseils pour
mieux s'orienter sur le marché du travail et surmonter les
difficultés liées aux manques d'expériences et de
relations. Il s'agira pour facilité l'employabilité des jeunes
d'agir de manière adaptée et individualisée. La situation
des jeunes sortant de l'enseignement supérieur est très
hétérogène, notamment au regard du caractère plus
ou moins opérationnel de leur diplôme sur le marché du
travail. Pour permettre aux jeunes de disposer des moyens adaptés
à la recherche d'emploi et de s'inscrire dans une démarche
constructive d'insertion professionnelle, il apparaît indispensable de
mettre en place un accompagnement individualisé. A cet égard,
l'individualisation semble fondamentale en apportant une réponse plus
adaptée au profil du jeune et un suivi plus attentif de son parcours.
Par ailleurs, le développement de l'organisation
d'ateliers d'accompagnement des jeunes dans la recherche d'emploi est
impérieux. Face à un marché du travail de plus en plus
complexe et de plus en plus tendu, la recherche d'emploi ne s'improvise pas et
s'organise selon des modalités et des techniques précises
auxquelles les jeunes se doivent d'être préparés et
formés. Or, les cursus de formation et les diplômes obtenus ne
répondent pas, en l'état actuel des enseignements
dispensés, à cette exigence de manière satisfaisante, en
raison de l'absence trop fréquente de prise en compte de cette dimension
au sein des établissements d'enseignement (comme vue dans la
première partie), à laquelle il convient de remédier.
Un nombre croissant d'acteurs du domaine public de l'emploi,
mais aussi d'opérateurs privés, mettent en place des ateliers
d'accompagnement dans la recherche d'emploi, que ce soit en termes
d'organisation de la recherche d'emploi (construction d'un curriculum vitae,
rédaction des lettres de candidature, préparation à
l'entretien d'embauche), ou pour l'élaboration d'un projet
professionnel...
Il apparaît nécessaire que ces ateliers soient
davantage développés, ouverts aux jeunes issus de l'enseignement
supérieur et que plus généralement ils leur soient
spontanément proposés.
Les jeunes sont confrontés à des choix
difficiles concernant les études à entreprendre ou la
carrière à embrasser. L'information sur l'offre et la demande de
compétences les aiderait à prendre des décisions en ce qui
concerne leur passage des études secondaires aux études
supérieures, à la formation ou à la vie active et à
tirer parti des perspectives du marché du travail émergent.
Toutefois, dans de nombreux pays, les jeunes rencontrent des difficultés
à trouver l'information dont ils ont besoin. Des études
menées dans quelques pays indiquent malheureusement que la plupart des
informations auxquelles ils peuvent accéder ne sont pas très
utiles. Un type d'information qui fait habituellement défaut se rapporte
aux passerelles entre l'éducation et les perspectives du marché
du travail. Il convient de combler ce fossé par la mise au point de
meilleurs systèmes d'information sur le marché du travail et la
transmission de l'information aux jeunes par le biais de documents
écrits, de conseils pédagogiques, d'ateliers sur les
carrières et par internet.
II.4) Assurer la formation et les
apprentissages professionnels pour la période post-conflit.
Dans les pays où les crises ont été
marquantes comme en Côte d'Ivoire, afin de faciliter la reconstruction et
l'intégration des jeunes affectés par le conflit, il faille
mettre l'accent sur la formation pour des compétences demandées
localement qui fournissent une rapide génération de revenus.
L'utilisation de méthodes intensives en travail pour
la réhabilitation des bâtiments publics et des routes
endommagés, est souvent la plus haute priorité. Elle exige
l'enseignement de compétences appropriées soutenu par une
supervision adéquate, par des matériaux de construction et des
fonds pour les salaires.
Les situations post-conflit sont à de nombreux
égards une rupture avec le passé et peuvent fournir une
possibilité de modifier les stéréotypes de genre dans une
société. La transition de sortie de conflit offre une
opportunité d'aller au-delà des rôles et modèles
sexuels « traditionnels » quant à la division
du travail. Les organisateurs de cours de formations pratiques et de formations
professionnelles doivent être avertis de ces opportunités.
La formation aux compétences doit être assez
large pour éviter de reléguer un participant dans un domaine
d'employabilité trop étroit. Les centres de formations au
Libéria, par exemple, ont commencé à offrir des cours en
compétences combinées basés sur les exigences locales et
post-crise. Par exemple, les garages préfèrent employer des
mécaniciens qui savent aussi conduire, les sociétés de
transport veulent des chauffeurs qui puissent effectuer des réparations
de moteurs élémentaires ; les cours d'économie
familiale enseignent aux femmes la cuisine, la fabrication de savon et la
couture, de sorte qu'elles peuvent adapter leurs compétences à ce
qui manque sur les marchés locaux.
Les jeunes ont souvent besoin à la fois de
compétences professionnelles et entreprenariales pour démarrer
une affaire et pour commercialiser leurs services et leurs produits, et les
cours doivent comprendre les deux. Des cours de base en entreprenariat doivent
également être universellement enseignés dans les
écoles secondaires et les universités.
Cibler les groupes vulnérables afin de les rendre
employables est nécessaire. Les jeunes handicapés en sont un
exemple et les femmes traumatisées par les viols un autre. Pour
éviter la stigmatisation et faciliter la réintégration, il
faut inclure ces groupes dans les services de formation professionnelle
existants. Toutefois, là où existent des besoins
spécifiques, les cours de formation professionnelle doivent être
spécialement conçus, en intégrant des
éléments supplémentaires tels que l'appui en conseils
psychosociaux, et il sera nécessaire de leur accorder une durée
plus longue.
Les contrats d'apprentissage sont un domaine ayant un
potentiel significatif pour la formation des jeunes, avec la possibilité
supplémentaire d'une offre d'emploi après son achèvement.
Les programmes nationaux de la jeunesse doivent subventionner ces initiatives
en fournissant une rémunération aux jeunes formés et en
encourageant les entreprises privées et publiques à prendre des
apprentis. L'Etat doit envisager des mesures incitatives appropriées
(les possibilités de crédits fiscaux, des subventions de
salaires, etc.) pour que les sociétés emploient plus d'apprentis.
Un programme intéressant dans ce domaine est le Plan National
d'Apprentissage Ouvert (PNAO) du Nigeria, qui a fourni une formation
professionnelle dans plus de 100 métiers aux jeunes chômeurs
à qui l'on enseigne aussi des compétences en affaire et en
administration pour compléter la formation pratique reçue. Plus
de 600.000 jeunes chômeurs ont été formés par le
biais du PNAO depuis 1987, dont une grande proportion en zone rurale, dans le
cadre d'un effort pour ralentir la migration vers les villes.
Chapitre II: Stratégies au
plan microéconomique.
S'il est vrai que la question de l'employabilité est du ressort des
gouvernements, des agences de gestion de l'emploi des jeunes et autres
structures du même genre, il n'en demeure pas moins que les plus
concernés sont les jeunes eux-mêmes et les entreprises.
La mise en place de stratégies visant à
faciliter l'insertion des jeunes en entreprises, ainsi que les propositions de
certaines des méthodes d'insertion professionnelle eu égard
à des expériences, font l'objet de ce second chapitre.
I) Politiques d'insertion
dans les entreprises.
I.1) Encourager les années
d'études cumulées d'expérience professionnelle par la
pratique des stages.
Cette stratégie s'adresse aussi bien aux offreurs
d'emploi dont les entreprises et l'Etat de Côte d'Ivoire, mais plus
encore aux demandeurs d'emploi.
Comme nous avons pu le constater dans la première
partie de notre travail, l'une des raisons de la faible employabilité
des jeunes serait le fait de leur manque d'expérience professionnelle.
Pour réduire considérablement le niveau de chômage des
jeunes, en raison de l'appétit grandissant des offreurs d'emploi pour la
main d'oeuvre expérimentée et surtout qualifiée, la mise
en place d'une stratégie incitant au prolongement des études
cumulé d'expériences professionnelles est impérieuse.
D'ailleurs, une des méthodes pour relever le niveau d'étude des
jeunes serait d'assurer des stages en permanence pour ceux qui auront à
poursuivre les études.
Pourquoi des années d'études
cumulées d'expériences professionnelles ?
Ce qu'il faut remarquer d'emblée, c'est l'arbitrage qui
a lieu entre poursuivre des études de manière continue et
acquérir une expérience professionnelle par la pratique des
stages. Cet arbitrage entraîne un coût d'opportunité que
l'individu (ici notre demandeur d'emploi) devrait supporter.
En effet, pour celui qui poursuit des études, il y a un
gain en termes d'accroissement du niveau de son capital humain (encore
faudrait-il qu'il réussisse ses années d'études ?)
sur le long terme, mais une perte en termes d'expérience professionnelle
puisqu'il aurait pu consacrer son temps passé aux études à
exercer une fonction dans le monde du travail. Pour celui qui exerce dans le
monde du travail, il y a un gain en termes d'expérience professionnelle
et une perte en termes d'accroissement de niveau de capital humain par les
études. Pour les jeunes (puisque c'est à leur
employabilité que nous nous intéressons), il serait judicieux
d'allier études et expériences professionnelles par la pratique
des stages. L'Etat en collaboration avec les entreprises pourraient mettre en
place des stratégies (comme les dégrèvements fiscaux)
incitant les seconds à assurer des stages bénéfiques aux
étudiants dont la plupart est primo demandeur.
En définitive, le couplage d'un emploi à temps
partiel avec l'enseignement en classe peut augmenter la motivation et le niveau
d'instruction des jeunes tout en leur permettant d'acquérir une
précieuse expérience de travail. Si l'expérience
professionnelle associée à la scolarité peut avoir un
incident positif sur l'intégration réussie des jeunes dans
l'emploi, il faut cependant veiller à ce que cela ne se traduise pas par
un nombre d'heures de travail excessif, auquel cas les jeunes oublieraient
l'essentiel qui est leurs études.
Les méthodes permettant d'assurer des
expériences positives vont de l'apprentissage à des stages
ponctuels dans les entreprises pendant la scolarité.
Le service civique initié par l'Etat de Côte
d'Ivoire depuis l'année 2006 constitue une réponse au
problème d'expérience professionnelle et d'emploi des jeunes,
encore faudrait-il que le programme touche tous les jeunes surtout ceux issus
des couches les plus fragiles de la population ?
I.2) Encadrer la pratique
des stages.
Si le développement des stages permet de
toute évidence de favoriser l'insertion professionnelle des
jeunes ; il convient toutefois de veiller à ce que leur pratique ne
se substitue pas à de véritables embauches de jeunes
diplômés en cours de formation.
Par ailleurs, il est prioritaire de
réduire les disparités constatées entre les jeunes issus
de l'enseignement supérieur en matière de stage. Plusieurs
études ont en effet montré que les diplômés des
écoles de commerce et d'ingénieurs ont en moyenne effectué
un stage avant de quitter le système éducatif. A contrario, la
majorité des diplômés des filières plus
généralistes n'en ont pas effectué pour la plupart du
temps ; Le nombre de stages effectués variant également
selon les disciplines. Alors qu'un jeune diplômé d'une
maîtrise de gestion à en moyenne effectué un stage, durant
ses études, le diplômé d'une maîtrise de lettres ou
sciences humaines n'en a effectué aucun.
Obligatoire principalement dans les filières
professionnelles, la possibilité d'effectuer au moins un stage de courte
durée tout au long du cursus scolaire devrait être étendue
à la plupart des filières académiques au regard du
bénéfice que peuvent en tirer les jeunes en matière de
connaissances du monde du travail et de mise en oeuvre des connaissances
universitaires en cours d'acquisition.
De même, après la fin de leur scolarité,
certains jeunes sont amenés à effectuer des stages dans des
entreprises, des structures libérales ou des administrations, sans pour
autant disposer de statut bien défini. Certes, ces stages peuvent
utilement contribuer à l'acquisition d'une expérience
professionnelle, mais le partage est parfois difficile à opérer
entre les situations où le statut de stagiaire est pleinement
justifié et les situations où les activités
exercées par le jeune et son apport à l'entreprise ou la
structure justifieraient qu'elles relèvent d'un contrat de travail de
droit commun ou d'un statut de collaborateur libéral.
L'indemnisation des temps de stages est donc également
à prendre en compte. Il est important que soit engagée sur ce
sujet une négociation interprofessionnelle portant sur les frais de
déplacement et de repas, ou encore l'ouverture des droits à la
retraite, aussi bien quand il s'agit d'un stage obligatoire que lorsqu'il est
effectué à l'initiative de l'étudiant.
Par ailleurs, la fonction tutorale en entreprise doit faire
l'objet d'une reconnaissance à la mesure de son importance. A l'heure
actuelle, elle se cumule avec d'autres tâches, laissant ainsi peu de
disponibilité ou de satisfaction professionnelle. Or le tuteur a un
rôle fondamental en ce qu'il permet à l'étudiant
d'acquérir une connaissance et des savoir-faire et ainsi de donner du
sens à son stage.
Afin de s'assurer que le stage est en adéquation avec
le cursus de l'étudiant, il est indispensable d'encourager le
développement des échanges entre les enseignants et l'entreprise
ou la structure d'accueil, au travers du tuteur, tant au moment de la
définition des objectifs et du contenu du stage qu'au moment de son
évaluation. Celle-ci (définition des objectifs) doit être
menée conjointement par le corps enseignant, l'entreprise ou la
structure et l'étudiant.
Enfin, la recherche de stages s'avère dans de nombreux
cas difficile. Il convient donc de mettre en oeuvre tous les outils permettant
de rapprocher les offres et les demandes de stages par un travail
d'informations et de communications, mais aussi de prospections et d'actions
tant vers les entreprises que vers les étudiants. La publication des
offres de stages via les sites Internet serait louable comme c'est le cas dans
de nombreux pays développés.
I.3) Adapter la gestion
des ressources humaines en entreprise.
Selon l'organisation des relations professionnelles et du
système éducatif, le passage de la formation initiale à la
vie active recouvre des réalités très différentes.
Repenser les stratégies de recrutement est nécessaire. Les
employeurs apparaissent rechercher principalement des salariés
formés, spécialisés dans le domaine de compétence
où ils vont exercer et disposant dans ce champ d'une expérience
professionnelle préalable. Il conviendrait que les entreprises, mais
aussi la fonction publique, apprennent à recruter différemment,
en cessant de procéder dans la période qui s'ouvre à une
discrimination de la main d'oeuvre, s'opérant à grands traits au
détriment des jeunes. Améliorer le système et permettre
aux jeunes issus d'une formation donnée de s'insérer suppose
notamment, entre autres modes d'action, que les entreprises repensent leurs
modes de recrutement, notamment en mettant davantage en avant dans les offres
d'emploi les compétences recherchées.
II) L'entreprenariat des
jeunes.
II.1) Entreprendre et
développer la micro-entreprise.
La relance du secteur productif ainsi que le
rétablissement des grands équilibres macroéconomiques
constituent pour la plupart des pays africains des objectifs prioritaires, en
vue de l'accroissement de l'emploi et de la diminution de la
pauvreté.
Le secteur informel étant le secteur amortisseur de la
majorité des jeunes diplômés comme non
diplômés, les acteurs dudit secteur ont besoin de connaître
l'environnement législatif et réglementaire concernant leurs
activités et d'être informés sur les formalités et
obligations (sociales, fiscales) relatives à l'exercice d'une quelconque
activité. Il est aussi souhaitable qu'ils aient connaissance des actions
de promotion initiées par les pouvoirs publics en leur faveur (appui
à la conception et à l'exécution des projets, aux
financements, aux exonérations fiscales et au perfectionnement technique
et en gestion). Les jeunes entrepreneurs se doivent de bien gérer les
relations avec les fournisseurs fondées sur la confiance et la
fidélité. Ils ont aussi intérêt à être
vigilants sur le suivi et l'évolution du marché de leurs intrants
en terme de changement de prix et de qualité, de même que le
marché des biens d'équipement. La politique à
l'égard de la clientèle doit être dynamique,
c'est-à-dire qu'il faut s'informer en permanence sur l'évolution
de la demande et s'y ajuster en étant exigeant et compétitif sur
la qualité et le prix des produits et services offerts. La mauvaise
gestion des approvisionnements dans le secteur informel (rupture
fréquente des stocks, faible capacité à satisfaire des
commandes importantes) entraîne souvent des pertes importantes de
marché et un manque de confiance de la part de la clientèle.
L'absence d'un entretien régulier des équipements et d'une
politique d'amélioration de la qualification professionnelle influent
négativement sur la qualité et la compétitivité des
produits du secteur informel. Les négligences dans la tenue d'une
comptabilité régulière ne permettent pas aux acteurs du
secteur informel d'assurer un bon suivi de l'évolution de leurs recettes
et dépenses, et de faire des projections à moyen terme. Les
actions menées dans ces différents domaines ont pour objectif de
développer l'esprit d'entreprise chez les jeunes s'engageant dans une
activité informelle et d'améliorer leurs productivités. En
particulier, elles devraient leur permettre d'améliorer la gestion
interne de leurs entreprises dans les domaines comme l'approvisionnement,
l'organisation de la production, la gestion des équipements de la
production, la gestion des ressources humaines et enfin la tenue d'une
comptabilité.
Ainsi, bien que l'esprit d'initiative ne soit pas la
panacée contre le chômage, il peut contribuer à
réduire et à améliorer l'employabilité des jeunes.
Pour être efficaces, les programmes axés sur l'entreprenariat des
jeunes devraient viser des éléments clés
nécessaires à la création et au développement de
nouvelles entreprises viables, notamment un financement approprié,
l'acquisition de nouvelles compétences, le soutien à l'expansion
des entreprises, la création de réseaux d'assistances, des
conseils en matière d'entreprise et un soutien d'encadrement. Une
approche de l'entreprenariat des jeunes dans le cadre d'une région
mérite une attention particulière de la part des
décideurs.
L'OIT a mis au point un kit de formation « Know About
Business », qui s'adresse aux jeunes en formation dans des instituts
professionnels ou techniques. Ce kit est destiné à encourager les
jeunes à faire des choix de carrière comme l'entreprenariat ou
l'auto-emploi.
Il donne des indications sur les atouts à réunir
et sur les défis à relever pour réussir à
créer ou à gérer une entreprise. Ce kit a
été utilisé dans bon nombre d'instituts de formation
professionnelle et technique en Afrique, en Asie et Pacifique, en Europe de
l'Est, Asie Centrale, Amérique Latine et Caraïbes.
L'exemple suivant de Monsieur Galaye GUEYE, achèvera de
nous persuader que l'on peut partir d'une petite entreprise dans l'informel
pour aboutir à une grande entreprise dans le formel.
Encadré
n°3 : De SANDAGA à la SODIDA2(*).
C'est l'itinéraire de l'informel au formel
de Monsieur Galaye GUEYE, Directeur Général de la
Société des Produits Kaftan (SOPROKA), spécialisée
dans la fabrication des produits d'entretien et d'embellissement des habits.
Originaire de la région de Louga
(Sénégal), l'intéressé, après une courte
scolarité primaire, franchit le pas de l'exode rural et se retrouve
à Dakar en instance d'émigration vers l'Europe ou les Etats-Unis.
Locataire en 1976 de la cantine n°46 au marché SANDAGA, Monsieur
GUEYE y tenait un petit commerce de produits naturels de cueillette ou de
traitement artisanal primaire (gomme arabique, gomme en vrac, gomme
pressée, karité, encens, etc.)
Les tentatives de diversification de ses activités avec
des produits manufacturés importés ont échoué face
à un mur de protectionnisme dressé par les diverses
administrations et les banques en faveur de l'industrie locale. C'était
l'époque où la répression des activités informelles
tenait lieu de politiques sous pression des entrepreneurs du secteur formel.
La perspective obstruée, M. GUEYE se ressaisit en 1989,
interroge son expérience des produits locaux, focalise sa
réflexion sur la gomme arabique et entreprend d'en revaloriser
l'utilisation à partir de tests d'amélioration et de
modernisation des procédés artisanaux de traitement. Cet exercice
de créativité aboutit à la mise au point d'un nouveau
produit intitulé " la gomme amidon, le KAFTAN". La Société
Nationale d'Etudes et de Promotion Industrielle (SONEPI) apporte son concours
et introduit l'inventeur auprès du Fonds de Promotion Economique et de
la Société de Domaine Industrielle de Dakar (SODIDA) qui
acceptent d'octroyer en 1990 un financement de 39.000.000 FCFA et de mettre
à la disposition du promoteur un terrain (lot n°102) pour
l'édification des ateliers et bureaux de la SOPROKA.
L'entreprise emploie actuellement 30 permanents et fait
travailler en moyenne décemment 100 journaliers par mois. Très
ambitieux, mais aussi organisé, M. GUEYE, qui a
bénéficié d'un perfectionnement en gestion et en marketing
après une formation en comptabilité en cours du soir, a
crée avec son équipe de recherche de nouveaux produits
très compétitifs et qui s'imposent de plus en plus sur le
marché de l'UEMOA.
Pour réduire les charges de production à partir
de la diminution des coûts d'importation et de dépendance par
rapport au marché de l'amidon, M.GUEYE a initié, avec l'appui de
la Fondation de Secteur Privé, un programme de culture et de
transformation industrielle de manioc en amidon et autres produits comme
«l'attiéké», un aliment de base en Côte d'
Ivoire.
Toutes ces initiatives ont influé sur la progression du
chiffre d'affaire de la SOPROKA, lequel est passé de 23.000.000Fcfa en
1990 à 700.000.000Fcfa en 2000, permettant ainsi à la
société de se classer parmi les moyennes entreprises de la
SODIDA. Pionnier dans son domaine d'activités, la SOPROKA commercialise
à l'exportation des produits de qualité qui lui ont valu
d'être couronnés en 1997 du premier prix de l'Oscar National de la
Qualité.
Source : Soulèye Kanté : le
secteur informel en ASS francophone
II.2) Exploiter les
opportunités dans le secteur des technologies de l'information et de la
communication.
Les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC)
ouvrent aux jeunes des perspectives de carrières passionnantes, que ce
soit comme employés ou comme entrepreneurs.
Dans certains pays, les jeunes créent des milliers de
sociétés de la nouvelle économie qui s'appuient sur les
technologies comme internet. Dans les pays développés, les
experts de l'industrie indiquent que les emplois existent dans tous les
domaines du commerce électronique y compris la programmation et
l'hébergement de sites web, ainsi que les services d'assistance aux
entreprises. Dans les pays en développement, les nouvelles technologies
sont un gisement à exploiter qui offre une chance sans
précédent de sauter les étapes intermédiaires du
développement. Pour réaliser de tels bénéfices, les
pays ont néanmoins besoin, entre autres, d'accroître leurs
investissements dans les infrastructures nécessaires pour utiliser les
TIC et dans l'éducation et la formation. Ces investissements devraient
être réalisés tant par le secteur public que le secteur
privé et s'effectuer en coopération avec des réseaux
locaux, nationaux et internationaux.
II.3) Etudes
générales, connaissance de l'outil informatique et pratique des
langues étrangères comme moyens de se positionner sur le
marché du travail.
« Aucun jeune ne devrait quitter l'université
sans remplir les pré requis à un recrutement. Ces pré
requis qui correspondent aux exigences des recruteurs pour occuper un poste
opérationnel concernent notamment la maîtrise de l'outil
informatique et de ses principales applications, la connaissance des langues
étrangères, la connaissance du monde de l'entreprise et du droit
du travail, une bonne expression écrite et orale... ».
Tels sont les propos émanant des avis et rapports du
conseil économique et social français datant de 2005
sur : « L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES ISSUS DE
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR. ».
Ces assertions somme toutes exactes semblent définir
quelques conditions nouvelles pour une entrée des jeunes
étudiants sur le marché du travail sans heurts. Même si le
système d'éducation et de formation ivoirien permet à
certains endroits (dans certaines écoles privées aux coûts
élevés et universités privées) de répondre
aux exigences des recruteurs, il n'en demeure pas moins que l'impact est
très insignifiant. Des assertions suscitées, il ressort que le
nouveau demandeur d'emploi doit être doté de capacités
nouvelles qui permettront de faire la différence sur le marché du
travail dans l'occupation d'un poste opérationnel. En plus des acquis
scolaires et universitaires qui sont en principe théoriques, le
demandeur d'emploi, même si le système éducatif ne lui
offre pas l'opportunité de se familiariser avec l'outil informatique et
toutes ses dérivées en termes de gratuité, devrait lui,
prendre l'initiative de s'y familiariser et d'y ajouter la pratique des langues
étrangères dont l'appropriation aujourd'hui est aisée et
à moindres coûts (CD audio, téléchargement de cours
à distance etc.).
Si hier, dans l'ère de la révolution
industrielle, la mécanisation et la robotisation ont
entraîné l'entrée massive des travailleurs au
chômage, aujourd'hui, l'absence d'adaptation, de pragmatisme et de
flexibilité en matière de savoir faire et de savoir être,
en terme de travail en équipe et de sens de la communication seraient
à même d'amoindrir les chances d'entrée sur le
marché du travail des jeunes
Le problème de la faible employabilité des
jeunes ivoiriens sur le marché du travail pourrait trouver une
réponse dans la pratique des méthodes aussi simples que celles
sus-citées ; pratiques de plus en plus demandées par les
offreurs d'emploi dont les exigences ont crut et dont le demandeur devrait en
faire siennes.
CONCLUSION
PARTIELLE
Eu égard à la situation de
précarité des jeunes sur le marché du travail ivoirien,
des stratégies ont été élaborées en vue de
l'accroissement de leur employabilité. Ce sont entre autres les
études générales associées à la pratique de
stages en raison de l'évolution du marché du travail, la pratique
de l'outil informatique, des langues étrangères; la culture de
l'esprit d'entreprise qui passe par les micro-crédits,
l'amélioration du secteur informel à travers des politiques de
redynamisation, l'apprentissage et la formation de jeunes pour la
période post-conflit dans la perspective d'une reconstruction, la
redynamisation du dispositif d'insertion professionnel, etc.
Cependant, toutes ces stratégies ne sauraient
connaître un franc succès qu'avec une synergie entre les divers
acteurs : demandeurs d'emploi, offreurs d'emploi dont les entreprises
privées et publiques et l'Etat.
La mise en place de politiques de suivi et
d'évaluation s'inscrivant dans une optique de bonne gouvernance est
nécessaire pour voir se réaliser les propositions
sus-citées.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La recherche d'un travail décent et productif marque
généralement le passage de l'enfance à l'âge adulte.
Pour les jeunes, obtenir un emploi devrait être synonyme
d'indépendance et leur donner la liberté de mener leur vie comme
ils l'entendent. Malheureusement, comme les débouchés sont
insuffisants, des millions de jeunes sont obligés de rester plus
longtemps à la charge de leur famille. Lorsque les liens familiaux sont
rompus ou inexistants, ils (jeunes) risquent de quitter
prématurément l'école et d'être exploités
dans le monde du travail.
Notre étude s'est attachée à expliciter
les raisons de la faible employabilité des jeunes en Côte d'Ivoire
d'une part, et à proposer des stratégies pour rehausser ce niveau
d'employabilité d'autre part.
En effet, dans la première partie de notre
étude, nous sommes arrivés à montrer que :
ü Le niveau d'éducation acquis par le demandeur
d'emploi influence significativement la probabilité de sortir du
chômage ;
ü Le manque d'expérience professionnelle des
jeunes les rend vulnérables sur le marché du travail ;
ü Les offreurs d'emploi sont de plus en plus friands
d'une main d'oeuvre bénéficiant d'une expérience
professionnelle allant de 1 à 5 ans voire plus ;
ü L'insuffisance des résultats des actions des
organismes chargés de l'insertion professionnelle des jeunes rend
difficile l' entrée de ceux-ci sur le marché du travail.
ü L'inefficience du dispositif d'insertion
professionnelle due en partie à des contraintes financières et
institutionnelles, ainsi qu'à une insuffisance de ressources humaines
adéquates participent significativement à une
détérioration de l'employabilité des jeunes.
Concernant la seconde partie, nous retenons que la mise en
place de politiques adéquates et ciblées en faveur de tous les
jeunes est nécessaire dans un monde gagné par la concurrence et
où l'entrée sur le marché du travail relève d'une
gageure.
C'est pendant les années de formation- l'enfance,
l'adolescence et la jeunesse- que se développent les aspects qui
détermineront plus tard les réussites et les échecs de la
vie. C'est pourquoi, il est fondamental de porter la plus grande attention aux
problèmes auxquels se heurtent les jeunes dans le monde du travail et de
leur apporter des solutions qui favorisent leur épanouissement et leur
insertion dans des emplois décents.
Au regard de cet aperçu général de notre
étude sur l'employabilité des jeunes, nous proposons les
recommandations suivantes :
ü Les jeunes ayant difficilement accès au
marché du travail, des réflexions sur la mise en place de
mécanismes favorisant des stages en entreprise est
nécessaire ;
ü La mise en place de politiques valorisant l'image des
métiers jugés peu attractifs s'impose ;
ü La création d'accords entre l'Etat et les
entreprises privées par des politiques de défiscalisation des
entreprises qui en retour assureraient une première expérience
professionnelle aux jeunes serait bénéfique ;
ü Repenser les orientations des jeunes issus de
l'enseignement secondaire pourrait permettre le départ d'une bonne
carrière professionnelle ;
ü Les jeunes se heurtent souvent dans la recherche d'un
emploi parce qu'il leur manque souvent la manière de chercher ; un
suivi plus rapproché dans la recherche d'un emploi pourrait faciliter
leur insertion ;
ü Pour les jeunes déscolarisés la mise sur
pied de projet à Haute Intensité de Main d'oeuvre (HIMO) est
capitale ;
ü Le secteur informel est un gros pourvoyeur de main
d'oeuvre ; le reformer à travers des sessions de formation et
d'apprentissage pour les personnes qui y exercent une activité pourrait
participer de l'amélioration dudit secteur.
ü Redynamiser les structures de promotion des emplois
jeunes (AGEPE, FNS, AGEFOP, FDFP) en mettant à leur disposition les
outils nécessaires (ressources financières, matériels
didactiques, ressources humaines, etc.) pour un meilleur suivi des demandes
à eux adressées et un traitement plus approfondi des questions
liées à l'employabilité.
Cependant d'autres pistes de réflexions peuvent
être abordées concernant :
· Le problème de chômage se posant avec
acuité, si les agents économiques (étudiants, parents
d'élèves) anticipent de plus en plus une rigidité au
niveau de l'insertion professionnelle, toutes choses égales par
ailleurs, ceux-ci pourraient trouver inutile de fréquenter
l'école, de poursuivre les études pour les uns, et pour les
autres d'y amener leur progéniture, puisque le système productif
se prête difficilement à leur absorption et que l'école
n'est pas la seule voie de réussite dans la vie active.
· La revalorisation du secteur informel comme secteur
institutionnalisé
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Union Africaine, Alger (2006), Cadre
régional de politiques intégrées d'emplois en Afrique du
Nord.
UNOWA (2006), Etudes
thématiques : Chômage des jeunes et insécurité
régional en Afrique de l'ouest.
Zerbo Adama (2001), "Les économies
urbaines subsahariennes et le problème de la mobilisation de ressources
via le secteur informel". Document de travail. Centre d'Economie du
Développement. Université Montesquieu - Bordeaux IV.
TABLE DES MATIERES
DECDICACE i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
LISTE DES TABLEAUX v
LISTE DES ENCADRES vi
ABREVIATIONS ET ACCRONYMES vii
RESUME......................................................................................................viii
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES DETERMINANTS DE
LA FAIBLE EMPLOYABILITE DES JEUNES.
5
Chapitre I : L'inadéquation entre le
système éducatif et de formation et le système
productif.
6
I) Les approches théoriques.
6
I.1) Le problème de la faiblesse du capital
humain.
6
I.2) L'inefficacité des signaux émis
par les candidats à l'embauche.
9
I.3) Les jeunes, victimes de discrimination
à l'embauche.
10
I.4) La recherche d'emploi et
l'embauche............................................................11
II) Les approches factuelles et statistiques.
13
II.1) Employabilité et niveau
d'éducation.
13
II.2) Employabilité et expérience
professionnelle.
16
II.3) Employabilité et modes de recherche
d'emploi.
18
Chapitre II : L'inefficience du dispositif
d'insertion professionnelle des jeunes.
21
I) L'insuffisance des résultats des
mécanismes d'insertion professionnelle.
21
I.1) Résultats des mécanismes
d'insertion professionnelle mis en oeuvre par l'AGEPE.
21
I.2) Résultats des programmes
d'apprentissage et de formation exécutés par l'AGEFOP.
24
II) Les contraintes institutionnelles et
financières des structures de promotion de l'emploi.
26
DEUXIEME PARTIE : STRATEGIES SUSCEPTIBLES
D'AMELIORER L'EMPLOYABILITE DES JEUNES.
33
Chapitre I : Stratégies au plan
macroéconomique et institutionnel.
34
I) Politiques d'emploi axées sur l'insertion
des jeunes.
34
I.I) Promouvoir une croissance à forte
intensité d'emploi.
34
I.2) Créer des emplois par
l'investissement.
34
I.4) Faciliter l'octroi de micro-crédits
pour la création de PME.
37
I.5) Valoriser l'image des métiers
jugés peu attractifs.
39
II) Stratégies de développement des
compétences.
39
II.1) Mettre en oeuvre des politiques
d'éducation, de marché du travail et des politiques sociales
adéquates.
39
II.2) Développer des compétences dans
le secteur informel.
40
II.3) Accompagner les jeunes dans la recherche
d'emploi.
42
II.4) Assurer la formation et les apprentissages
professionnels pour la période post-conflit.
43
Chapitre II: Stratégies au plan
microéconomique.
46
I) Politiques d'insertion dans les entreprises.
46
I.1) Encourager les années d'études
cumulées d'expérience professionnelle par la pratique des
stages.
46
I.2) Encadrer la pratique des stages.
48
I.3) Adapter la gestion des ressources humaines en
entreprise.
49
II) L'entreprenariat des jeunes.
50
II.1) Entreprendre et développer la
micro-entreprise.
50
II.2) Exploiter les opportunités dans le
secteur des technologies de l'information et de la communication.
53
II.3) Etudes générales, connaissance
de l'outil informatique et pratique des langues étrangères comme
moyens de se positionner sur le marché du travail.
53
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
56
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
59
* 1 Mansfield, Malcolm
2001: »Flying to the moon: Reconsidering the British labour exchange
system in the early twentieth century », Labour History Review
(Sheffield), vol. 66, n°1 (primetimes).
* 2 SANDAGA :
Grand marché central de Dakar
SODIDA : Espaces aménagés
pour l'installation des PME.
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