Les manifestations cliniques sont très variées.
Certaines dominent par leur grande fréquence (douleur et état
d'agitation) ou leur gravité (oedème pulmonaire ou collapsus
vasculaire). (EL AMINN; 1995). Les effets neurotoxiques et cardio-respiratoires
dominent la symptomatologie et détermine la
sévérité du tableau clinique (RHALEM, 1998).
1-1 : La douleur:
La douleur au point de piqûre est la manifestation la
plus fréquente. Elle est très intense, sous forme de sensation de
brûlure. Sa durée varie selon les auteurs de quelques minutes
à quelques heures.
Elle est parfois accompagnée d'une réaction
érythémateuse (ISMAIL; 1994) avec ou sans oedème. Le
scorpion peut piquer sans inoculer le venin, la piqûre n'est
généralement pas douloureuse dans ce cas.
1-2. Les signes
généraux:
Ils sont inconstants et d'intensité variable, fonction
de l'âge du malade, de l'espèce du scorpion, de la
venimosité et de la quantité du venin injecté ( Osnaya
Romero, 2001).
L'apparition de certains signes généraux,
cardiovasculaires, pulmonaires, neurologiques, digestifs est le stigmate de
l'injection du venin lors de la piq û re.
Les symptômes apparaissent 5 à 30mn après
l'injection de venin, 91% des patients piqués développent des
symptômes dans un délai de 2 h à 4h (GAJNAN et al.1999), se
diversifient et s'aggravent plus ou moins rapidement, donnant un tableau
polymorphe d'atteintes multiviscérales, pouvant aboutir à des cas
de décès.
1-2-a. Les signes digestifs
Des nausées et des vomissements annoncent
généralement l'apparition des signes généraux et du
syndrome muscarinique avec diarrhées et douleurs abdominales.
1-2-b. Les signes
neurovégétatifs:
Ils sont les plus spectaculaires à type de sueurs
profuses, hypersialorrhée, hyperthermie, hypothermie, myosis, mydriase
et priapisme chez le sexe masculin (AMITAI, 1998).
Patel (1994) par des expériences sur le lapin et le rat
a démontré que la température augmente suite à une
piqûre de Buthus tamulus par différents mécanismes
autre que l'activité pyrogénique des prostaglandines noté
par Ismail et al. (1990). Le priapisme apparent chez le sexe masculin est
causé par une stimulation du système nerveux autonome
principalement le parasympathique (Dittrich, 2002).
1-2-c. les signes neurologiques et
musculaires:
Les spasmes musculaires sont fréquents, bien que
d'intensité variable, localisés ou
généralisés, intéressant le plus souvent les
membres, la paroi abdominale et le pharynx. Des convulsions sont possibles
surtout chez le nourrisson et le petit enfant. (EL AMNIN, 1995). Les
complications cerebrovasculaires dues aux envenimations scoprioniques sont
rares, notamment des cas de thromboses intravasculaires.
L'hémorragie de l'intracérébral peut
suivre une hypertension. Thacker en 2004 a noté chez un patient de 17
ans de multiples infarctus cérébraux, des ischémies des
membres et des neuropathies optiques bilatéraux.
1-2-d. les signes respiratoires:
Ils peuvent apparaître à tout moment. Il s'agit
le plus souvent d'une polypnée mais le rythme respiratoire peut
être irrégulier.
A l'extrême il peut y avoir une insuffisance
respiratoire aiguë ou un oedème aigu pulmonaire: cyanose, signes de
lutte, mousse aux lèvres, blockpnée, stridor, wheezing,
râles crépitants.
1-2-e. les signes
cardiovasculaires:
Les signes cardiovasculaires sont fréquemment
décrits comme cause essentielle de décès (BAWASKAR, 1986;
AMARAL, 1991; KARNAD, 1998). La tachycardie sinusale est très
fréquente mais elle peut être remplacée par une
bradycardie. On peut également observer aussi un rythme cardiaque
irrégulier et différents troubles du rythme. Le plus souvent une
pression artérielle est présente au début; elle peut
atteindre des valeurs très élevées (180-320 mm Hg.) de la
28éme à la 40éme minute a l'envenimation (MURTHY,2003),
puis elle reviens à la normale et peut parfois faire place à une
hypotension artérielle. (ISMAIL, 1990).
L'effet de l'hypertension est parfois si durable et
prononcé qu'il est considéré comme l'un des facteurs
étiologiques de l'insuffisance cardiaque et de l'oedème
pulmonaire suite à la piqûre de scorpion. (ABROUG, 1994).
L'hypotension peut être transitoire, sans conséquences ou
prolongée et résistante aux agents hypertenseurs. L'hypotension
artérielle peut évoluer vers le collapsus et l'arrêt
cardiaque.
L'exploration de la perfusion myocardique par scintigraphie
au thallium 201 chez des patients à problème cardiaque a pu
montrer une hypoperfusion du myocarde responsable de l'eschemie cardiaque.
(Bahloul; 2003) résultant d'un effet inotrope des
catécholamines.
Ce sont surtout les manifestations cardiorespiratoires,
principalement le choc cardiologique et l'oedème pulmonaire qui
mènent vers le décès des cas d'envenimations scorpioniques
(Gueron; 1992 Alamin; 1995). Plusieurs auteurs ont proposé une
classification des manifestations cardiovasculaires. Ainsi Gueron et Ovsyscher
distinguent cinq catégories:
· Hypertension;
· Hypotension;
· OEdème pulmonaire avec hypertension;
· OEdème pulmonaire avec hypotension;
· Troubles du rythme cardiaque.
Il existe une élévation fréquente de la
glycémie (2 à 2,5g/l). Selon Murthy (1994), la libération
massive des catécholamines suite à la stimulation du
système nerveux autonome, fais augmenter le taux d'angiotensine II et
inhibe la sécrétion de l'insuline.
Bahloul (2002) a observé une augmentation de
l'hémoglobine et des protéines plasmatiques chez les patients
atteints d'oedème pulmonaire, une protidémie >72 g/l
représente un signe prédictif de survenue d'oedème
pulmonaire chez les patients piqués par scorpion. Les métabolites
des catécholamines au niveau des urines sont aussi augmentés
(Bouaziz1 996).