C- l'envenimation scorpionique
L'envenimation scorpiornque est un problème de
santé publique fréquent dans les zones tropicales sèches
et subtropicales d'Afrique du nord, du Moyen Orient, d'Amérique Centrale
et d'Amérique du sud (Fig. 1). Quelques cas d'envenimation par des
scorpions importés ont été signalés dans des
régions ou le scorpionisme ne constitue pas un problème de
santé publique (Goyffon, 1984b).Tous les Scorpions
dangereux font partie de la famille des Buthidae (Francke 1982); sauf à
Madagascar et en Australie où les Buthidaes autochtones ne posent pas de
problèmes médicaux particuliers (Goyffon et Heurtault 1995). Les
espèces dangereuses appartiennent aux gemes Centruroides, Tityus en
Amérique latine et centrale et aux genres Androctonus, Buthacus et
Leiurus en Afrique du nord et au Moyen Orient (Francke 1982).
Fig. 1 : répartition géographique
mondiale des scorpions (d'après Goyffon et Heurtault,
1995)
1 - Appareil venimeux
Les scorpions sont définis, sans ambiguïté,
avec la vésicule à venin située à
l'extrémité de la queue prolongée par un aiguillon
permettant l'inoculation du venin. Cette vésicule renferme deux glandes
oblongues symétriques par rapport au plan sagital logées dans le
dernier segment caudal, lequel se termine par un aiguillon arqué robuste
et très acéré. Chaque glande est munie de son propre canal
dont l'orifice est situé plus
ou moins latéralement dans la portion subterminale de
l'aiguillon. Chaque glande est constituée d'un épithélium
glandulaire à cellules apocrines associé à des cellules
myoépithéliales et à du tissu conjonctif (Goyffon et
Kovoor, 1978). Cet épithélium est entouré d'une
musculature puissante permettant l'éjection du venin ce qui permet au
scorpion de doser la quantité de venin à inoculer (Goyffon et
Heurtault, 1995).
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Vésicule
Aiguillon
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Tubercule
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Aspect Dorsal Aspect Latéral Aspect Ventral
Fig. 2: anatomie du Telson
2 - Le venin :
Le scorpion se sert souvent de son venin pour paralyser les
grandes proies mais aussi pour se défendre. L'inoculation est
contrôlée par l'animal de sorte que toute piqûre ne signifie
pas obligatoirement injection de venin. Ce dernier peut être
composé, en plus de la fraction toxique, de diverses substances telles
les phospholipases, acétylcholinestérase, hyaluronidase,
sérotonine (Loret et Hammock 2001). Suivant leurs
caractéristiques immunologiques et chimiques, ces neurotoxines qui
agissent sur toutes les membranes cellulaires des tissus excitables (cellules
nerveuses et cellules musculaires) forment deux familles distinctes. Les
toxines «longues» (60 à 70 résidus et 4 ponts
disulfures) actives sur les canaux sodium (Goyffon et Heurtault 1995 ; Loret et
Hammock 2001).
-11- Profil
épidémiologique des piqûres et des envenimations
scorpioniques à l'hôpital provincial d'El Kelaa Des Sraghna de
2001 à 2004 PROTARS D63/13
Les toxines actives sur les canaux sodium, les
premières à être identifiées dans le
dépendant du potentiel membranaire des cellules excitables et les
toxines « courtes» (29 à 39 résidus et de 3 à 4
ponts disulfures) actives sur les canaux potassium, calcium et chlore venin du
scorpion Androctonus australis, présentent une
spécificité vis à vis des vertébrés, des
insectes et des crustacés et ne sont isolées que dans le venin
des Buthidae. Les toxines actives sur les canaux potassium, isolés pour
la première fois du venin du scorpion Leiurus quinquestriatus
hebraeus, présentent une spécificité vis à vis
des insectes et sans effets sur les mammifères. Elles agissent en
bloquant la repolarisation membranaire. Les toxines agissant au niveau des
canaux calcium et chlores ont été isolées du venin du
scorpion Pandinus imperator mais ne semblent pas avoir d'effet toxique
sur les mammifères (Goyffon et Heurtault 1995).
Feuillet â
Feuillet á
Pont dissulfure
Fig. 3: Structure d'une toxine de scorpion
déterminée par résonance magnétique
-12- Profil
épidémiologique des piqûres et des envenimations
scorpioniques à l'hôpital provincial d'El Kelaa Des Sraghna de
2001 à 2004 PROTARS D63/13
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