II - SYNTHESE BIBLOGRAPHIQUE SUR
LES SCORPIONS
A - Paléontologie et répartition
Les Scorpions sont considérés, après les
Limules, comme étant les plus grands des Arachnides (Brownell et Polis
2001). Actuellement, les plus grands d'entre eux sont Hadogenes troglodytes
(21cm) et Pandinus imperator (18 à 20 cm) (Farley 2001).
Les premiers scorpions fossiles dont l'apparition date du Silurien moyen (425 -
450 millions d'années) sont aquatiques ou du moins amphibies (Cloudsley
et Thompson 1992); puis ils ont évolués vers le milieu estuaire
en fin de silurien il y a 400 MA puis vers le milieu terrestre à partir
de la fin du Dévonien et au début du Carbonifère (350 -
325 MA) (Brigg 1987). Les scorpions actuels ressemblent très
étroitement aux formes du Paléozoïque à l'exception
des systèmes locomoteur et respiratoire qui ont dû s'adapter en
raison de la migration vers le milieu terrestre (Lourenço 1994). Les
scorpions les plus anciens sont déjà hautement
spécialisés et leur évolution semble s'être
arrêtée très tôt (Goyffon, 1984a). Ils ont peu
changé depuis près de 400 MA, pour cette raison plusieurs auteurs
considèrent ces animaux comme "fossiles vivants" ou "animaux
panchroniques" par leur morphologie extrêmement conservatrice (Bradley
1988).
Considérés comme des représentants
typiques de la faune des déserts ou des semi déserts chauds, les
scorpions se montrent capables de coloniser les milieux les plus variés
des régions tropicales ou tempérées jusqu'à 5000 m
d'altitude (Goyffon 1991).
Certaines espèces sont de véritables
cavernicoles et peuvent vivre à 800 m de profondeur (Polis, 1990a).
Cependant, ils ne s'étendent pas au delà des 50° au nord et
au sud de l'équateur (Hutt et Hought on 1998).
B - Biologie des scorpions
- Habitat :
Les scorpions sont des animaux thermophiles bien
adaptés aux milieux désertiques (Warburg et Polis, 1990;
Cloudsley et Thompson, 1993 ; Cloudsley-Thompson et Lourenço 1994). Ils
vivent presque toujours en colonies non socialement organisées. Il
s'agit d'une occupation de terrain de proche en proche car les jeunes
s'éloignent peu du lieu de leur naissance et les adultes ne se
déplacent jamais très loin (Millot et Vachon 1949). Du fait
qu'ils se caractérisent par une modeste capacité de
déplacement, les scorpions sont de bons indicateurs
biogéographiques. Ce mode de déplacement est attribué
essentiellement à leur dépendance stricte de micro habitats
particuliers (Brownell 2001). Actuellement, ils sont en bonne position pour les
études de la biodiversité avec des implications directes dans les
programmes de conservation (Lourenço 1991 et Goyffon 1992).
- Comportement:
Les scorpions ne sont actifs que pendant la belle saison.
L'hiver, leur vie est considérablement ralentie. Du fait qu'ils sont
photophobes, sensibles aux rayonnements visibles, ils ont des piqûres
essentiellement nocturnes et restent toute la journée cachés sous
les pierres, dans des terriers ou sous 1es écorces d'arbres. Certains
s'abritent à l'intérieur des habitations humaines. La
photoreception se produit dans les yeux latéraux de la plupart des
espèces de scorpions alors que les yeux médians sont
généralement moins sensibles à la lumière (Warburg
& Sissom, 1990). Plusieurs espèces de scorpions restent relativement
inactives dans leurs terriers pendant 92 à 97 % de leur vie (Polis, 1
990a).
-7- Profil
épidémiologique des piqûres et des envenimations
scorpioniques à l'hôpital provincial d'El Kelaa Des Sraghna de
2001 à 2004 PROTARS D63/13
- Régime alimentaire, prédation
et parasitisme:
Les scorpions, animaux à digestion externe très
lente (Quinlan 1995), sont généralement arthropophages (Mc
Cormick et Polis, 1990). Ils se nourrissent de proies vivantes ou
fraîchement tuées, essentiellement d'insectes (petits
coléoptères, papillons, criquets, sauterelles, fourmis, ...), de
crustacés (cloportes), d'arachnides (araignées, opilions...) et
d'autres arthropodes (Williams, 1987). Le cannibalisme est un
phénomène commun chez les scorpions (Polis et Mc Cormick
1987).
Cependant, certaines espèces peuvent se nourrir de
petits vertébrés (reptiles et rongeurs) (McCormick et Polis,
1990). Dès qu'une proie se trouve à sa portée, le scorpion
la happe et l'immobilise avec ses pinces. Tantôt il peut la
dévorer sans défense. Econome de venin, il attend prudemment
l'effet de la première piqûre avant d'intervenir à nouveau.
Les prédateurs de ces animaux incluent par ordre d'importance, les
oiseaux, les lézards, les mammifères (singes), les amphibiens,
les serpents, les arachnides et les insectes (Cloudsley et Thompson 1992). Les
scorpions sont généralement parasités par des
nématodes (larves de Mermithidae) au niveau des cavités du
mésosome et du métasome et des acariens (Acaridae,
Pterygosomidae,...) au niveau des peignes et la membrane articulaire de la
chitine (McCormick & Polis, 1990).
- Reproduction:
Les scorpions sont des animaux ovovivipares ou vivipares
(Bradley, 1988, Polis, 1990a; Farley, 2001). La période de gestation
s'étend de 3 à 18 mois et la maturité sexuelle est
atteinte après 6 à 96 mois soit après 5 à 7 mues
(Bradley, 1988 ; Pt 1990a). La portée peut contenir de 6 à 105
jeunes (Williams 1987). Juste après la mise, les petits scorpions
s'installent côte à côte sur le dos de la mère et y
restent de 1.5 à 10 jour (Polis et
-8- Profil
épidémiologique des piqûres et des envenimations
scorpioniques à l'hôpital provincial d'El Kelaa Des Sraghna de
2001 à 2004 PROTARS D63/13
Sissom 1990) jusqu'à subir la première mue
après laquelle ils sont capables de subvenir seuls à leurs
besoins et mener une vie entièrement i ndépendante.
- Particularités:
Les scorpions sont caractérisés par une
longévité élevée. La plupart d'entre eux peuvent
vivre de 2 à 10 ans et au moins quelques espèces 25 ans ou plus
(Polis et Sissom 1990). Une des propriétés les plus remarquables
des scorpions est leur capacité de devenir fluorescents quand ils sont
éclairés par de la lumière ultraviolette.
En général, d'après leurs stratégies
biodémographiques, ces arachnides peuvent être divisées en
deux groupes (Polis 1990):
- espèces à stratégies opportunistes (r -
sélection) pour la plupart des Buthidae,
- espèces à l'équilibre ou
(K-sélection) pour la plupart des non-Buthidae. Une des
caractéristiques physiologiques des scorpions et leur résistance
à toutes les formes d'agressions de l'environnement (thermique, jeune,
déshydratation, asphyxie, infections bactériennes, irradiation
ionisante) leur conférant une vëritable indépendance
à l'égard du milieu extérieur (Goyffon, 1990).
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