Une lecture de la coopération américano-camerounaise depuis 2001:contribution à l'étude des dimensions pétrolière et militaire( Télécharger le fichier original )par Alexis NZEUGANG Université de Yaoundé II (Soa) - Master II 2005 |
CHAPITRE 2LE CAMEROUN DANS LASTRATEGIE MILITAIRE DES ETATS-UNISAinsi qu'en témoigne la récurrence des visites des militaires américains de haut rang au Cameroun, les questions militaires semblent occuper une place croissante sur l'agenda des deux acteurs. Entre 2004 et 2006, on peut noter environ sept visites des personnalités américaines chargées des problèmes de sécurité au Cameroun. Nous aurons l'occasion de les mentionner plus amplement au cours des développements. Mais en attendant, l'on peut s'interroger sur l'inscription du Cameroun dans la nouvelle stratégie militaire des Etats-Unis. En effet, quelle est la place, voire le rôle que peut jouer le Cameroun dans la stratégie militaire des Etats-Unis en Afrique et plus précisément dans les sous-régions Afrique centrale et Golfe de Guinée ? En l'état actuel de cette coopération, les Etats-Unis ne semblent pas avoir une stratégie militaire spécifiquement camerounaise. La présence militaire américaine au Cameroun s'inscrirait dans la nouvelle stratégie africaine des Etats-Unis, ainsi que l'a soutenu le colonel Metogo (entretien, octobre 2006). Ceci pourrait laisser entendre que les Etats-Unis ont un certain nombre d'intérêts au Cameroun. Bien plus, au-delà de cet aspect global, l'émergence du Golfe de Guinée comme nouvel [eldorado] pétrolier (Mvomo Ela, 2005 :7-11 ; Awoumou, 2005 :15-20 ; Ntuda, 2004b : 44-47), en corrélation avec un certain nombre de problèmes semble susciter la révision de la géopolitique sous-régionale. Situation susceptible de rehausser la valeur géopolitique et géostratégique du Cameroun. Dans ce sens, le colonel Abba (entretien, octobre 2006) pense que «les Etats-Unis considérant que le Cameroun peut jouer un grand rôle pour la sécurité de la sous-région». Avis que partage le capitaine de vaisseau Tsanga (entretien, octobre 2006), ainsi que d'autres autorités militaires camerounaises. SECTION 1 : LA POLITIQUE AMERICAINE DE SECURITE EN AFRIQUE : UNE ERE NOUVELLELa question de sécurité n'a jamais occupé une place aussi abondante sur l'agenda des politiques américains que ces dernières années. Certes, par le passé, du moins avant l'effondrement de l'empire soviétique, les Etats-Unis connaissaient une présence minimale en Afrique. (Schraeder, 1994 :1). Celle-ci se limitait à quelques intérêts d'importance mineure tels que le maintien de l'influence américaine dans un climat dominé par l'affrontement est-ouest (guerre froide), la communication au monde des valeurs américaines (démocratie libérale, droits de l'homme, technologie, la puissance...) (Whitaker, 1981 : 189). Cette présence se manifestait aussi par une certaine coopération militaire marquée par une sous-traitance stratégique dont l'objectif fut l'endiguement du communisme à travers le monde. Situation qui explique le commerce d'armes que les Etats-Unis (quoique relativement timide) entretenaient avec certains pays africains, comme tel fut le cas avec le Cameroun dans les années 60 et 70 (Duignan et Gann, 1990 :382). Aujourd'hui par contre, l'impératif de diversification de l'approvisionnement en énergie (REDEEU, 2004), la mondialisation du terrorisme (Colomban, Lotte et Dorgeret, octobre 2005), les exigences de sécurité dans le monde en général et dans le Golfe de Guinée en particulier (James, 2006) ont amené les Etats-Unis à réviser leur géostratégie africaine en général. Le Cameroun se trouve au centre de la stratégie de sécurité pétrolière sous-régionale en même temps qu'il est un allié de choix dans la croisade américaine contre le terrorisme dans cette sous-région et même en Afrique33(*). * 33 Propos de Colin Powell, publiés sur le site www.afritude.net le 22 mars 2003 lors de la visite du Président Paul Biya aux Etats-Unis. |
|