INTRODUCTION
« Tout le monde est développable »,
l'économiste et écrivain G. Sorman rapporte dans son
ouvrage1(*) une
théorie d'Arthur Lewis2(*) qui s'annonce comme suit :
« L'histoire, la culture, le climat, les traditions, les
ressources naturelles, la situation géopolitique jouent bien entendu un
rôle déterminant qu'il serait absurde de nier. Les conditions de
départ confèrent à chacun atouts et handicaps ; mais
sur ces facteurs objectifs, il est à peu près impossible d'agir.
Il n'en va pas de même avec les politiques. Les stratégies suivies
peuvent aggraver les handicaps ou favoriser les atouts. » A
priori, « chaque nation est donc relativement
développable si ses institutions s'y prêtent.»
Le modèle de Lewis, basé sur un contrat entre
le pouvoir politique et le pouvoir économique, a conduit cet auteur
à se poser la question suivante : « Si tout le monde
est développable et si le modèle à suivre est tellement
clair, pourquoi tout le monde n'est-il pas
développé ? »3(*). Cette question qui peut paraître simpliste,
trouve tout à fait sa pertinence si nous nous penchons sur le cas de
Madagascar. En effet, concernant le pays, l'éternelle question du
sous-développement - donc du développement - de la Grande Ile est
vieille comme l'indépendance4(*). Depuis plus de 40 ans, les dirigeants successifs de
ce pays, plus grand que la France et la Belgique réunies s'appliquent
à résoudre, chacun avec leurs Plans et Idéologies
respectifs, la perpétuelle problématique de la pauvreté,
conséquences de quatre décennies de régression quasiment
ininterrompue des niveaux de vie5(*).
La longue aventure commence en 1972 lorsque Madagascar met fin
à sa « légendaire » stabilité
politique avec le renversement de Philibert Tsiranana6(*) et de son régime
« néo-colonial » qui avait pratiqué un
capitalisme « marchand et financier » en dépit
de sa couleur « socialiste réaliste7(*) »
déclarée. Ce régime fut marqué par une politique de
développement excentrée8(*) qui favorisait le secteur moderne étranger au
détriment du secteur traditionnel malgache.
De 1972 à 1975, le pays a ainsi connu quatre
gouvernements successifs9(*)
qui ont entrepris, chacun à leur manière, la
« malgachisation » de son économie, de son
Administration, de ses emplois et de ses capitaux. En 1975, Madagascar entama
ensuite une ère nouvelle de son histoire moderne avec l'avènement
de la deuxième République10(*) et du régime socialiste que prônait le
dirigeant de l'époque, Didier Ratsiraka.
Le pays a, de nouveau, traversé deux phases de
développement économique de 1975 à 1980. La
malgachisation, conséquence inéluctable des mouvements de
révolte populaire de 1972 aboutit rapidement à une
nationalisation massive et à une étatisation presque
complète de l'économie11(*). Mais cette politique, menée dans un processus
brutal, n'a pas permis le décollage économique tant attendu. Au
contraire, elle s'est soldée par un énorme retard, notamment en
termes d'investissement et l'économie est entrée dans une longue
phase stagnante.
De 1978 à 1980, l'Etat tente de rattraper ce retard en
mettant en oeuvre une politique d'« investissements à
outrance », consistant à investir dans tous les domaines. La
démesure des projets, dictée par un
« mimétisme » envers la technologie des pays
développés a rapidement abouti à un endettement sans
précédent du pays12(*). Sous le poids des contraintes financières et
avec la pression des institutions internationales, le régime
autocentré et socialiste de Ratsiraka a dû s'accommoder, en 1981,
d'une économie plus libérale, réintroduire les
règles du marché et favoriser le développement du secteur
privé.
Cette réorientation s'inscrivait dans le cadre du
Programme d'Ajustement Structurel (PAS) qui est « un programme
négocié avec la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International dont l'objectif est le rétablissement des grands
équilibres macroéconomiques et financiers. » Il faut
préciser que le programme d'ajustement est un processus permettant aux
pays bénéficiaires de recevoir des aides de la part des bailleurs
de fonds, qu'il s'agisse des facilités financières comme
l'allègement ou le rééchelonnement de la dette ou encore
le financement de projets de développement ou d'assistance technique et
de conseil dans la réalisation de politiques prioritaires pour le pays.
Les pays bénéficiaires sont obligés de fournir des efforts
draconiens faisant partie des conditionnalités exigées pour le
déblocage de crédits octroyés13(*), conditionnalités qui,
il faut le dire, sont assez mal ressenti et surtout incomprises par la
population. Madagascar a signé son premier accord avec le FMI en 1979 et
les réformes qui s'en sont suivies intéressent plusieurs
domaines14(*).
A partir de 1996, après le passage difficile de 1991 -
199615(*), le pays s'est
lancé dans une libéralisation effrénée de
l'économie en vue de son ouverture au monde. Mais si le taux de
croissance a ainsi remonté de 1997 à 2001, la pauvreté
n'est pas encore sur la voie d'être éradiquée, loin s'en
faut.
L'année 2001 marque la fin d'un règne, celui de
Ratsiraka et de ses 21 ans de pouvoir. Sur le plan économique, cette
année est celle de la mise oeuvre de la Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et de la Croissance (FRPC) qui n'est
rien d'autre que la nouvelle dénomination du PAS.
L'année 2002 débute une nouvelle ère.
Elle porte tout l'espoir d'un peuple qui ne cesse de croire en des lendemains
meilleurs. Cette année prend le relais des actions de
relance économique amorcées auparavant mais, cette fois ci,
l'Etat s'est donné des priorités qui tiennent davantage compte
des citoyens, du social et surtout des pauvres. A l'éternelle
question : « comment éradiquer ? » ou
plutôt, « comment réduire la
pauvreté ? », le gouvernement actuel a répondu en
mettant en place le Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP)16(*).
Notre travail, qui s'intitule « Politique fiscale et
Investissement : Le cas de Madagascar » trouve tout
naturellement son intérêt à un moment où le
gouvernement malgache veut énormément miser sur l'investissement
privé, notamment les investissements directs étrangers (IDE) pour
relancer la croissance économique.
Que faut-il entendre par IDE et pourquoi en parler
particulièrement ? D'après la définition du FMI, les IDE
doivent se manifester sous 4 formes : la création d'une entreprise
ou d'un établissement à l'étranger, l'acquisition d'au
moins 10% du capital social d'une entreprise déjà existante, le
réinvestissement de bénéfices par la succursale ou la
filiale, enfin, les opérations entre la maison mère et les
filiales. Le choix de notre sujet trouve sa justification pour au moins deux
raisons :
- en premier lieu, le contexte économique mondial : les
deux dernières décennies ont été marquées
par une internationalisation croissante de la production et de la consommation
de biens et services au niveau mondial. L'investissement direct est
perçu, depuis le milieu des années 80, comme un stimulant
efficace de la croissance durable. Comment ? D'abord parce que l'ouverture
aux marchés favorise une utilisation plus efficiente et plus productive
des ressources du pays hôte. Une étude de l'OCDE16(*) avance que l'entrée des
IDE donne aux pays d'accueil des avantages comme le développement de
l'appareil de production, l'introduction de nouvelles compétences et
technologies et la création d'emplois. Cette même étude
affirme également que les IDE véhiculent des
éléments d'actifs corporels et incorporels ayant un fort impact
sur le développement, augmente la productivité dans les pays,
sert de catalyseur à l'investissement intérieur et au
progrès technologique. En somme, les IDE ont un effet positif sur la
productivité des entreprises nationales.
- La seconde raison justifiant le choix du thème est
qu'un rapprochement est à faire à un moment où le pays
fait justement appel aux investissements directs étrangers (IDE) et au
soutien des bailleurs de fonds pour améliorer la performance du secteur
productif encore très faible. Comme il ressort de l'expérience
internationale que les bons résultats escomptés ne
dépendent pas uniquement de l'ouverture à l'extérieur, le
gouvernement malgache est en train de mettre en place une politique
macroéconomique saine et un cadre institutionnel et juridique
sécurisant pour espérer récolter les fruits des IDE.
Lors de la présentation de la loi de finances pour
2004, le Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget malgache annonce que
« Cette loi de finances mettra en oeuvre une politique fiscale
permettant de sécuriser les investissements privés et de
mobiliser les épargnes nationales pour une économie plus
compétitive. (...) Une politique fiscale qu incitera les investisseurs
étrangers à venir s'installer à Madagascar.
(...). » La politique fiscale fait ainsi partie
intégrante des actions et mesures allant dans le sens de l'incitation
à l'investissement. Se définissant comme
« l'ensemble des décisions prises pour instituer,
organiser et appliquer les prélèvements fiscaux
conformément aux objectifs des pouvoirs publics17(*) », la politique
fiscale malgache s'infléchit dès lors vers une politique
d'incitation visant à attirer les investisseurs. Elle apparaît
dans ce cadre comme un « élément de la politique
globale de développement économique18(*).»
D'ailleurs, le gouvernement malgache annonce clairement dans
la présentation de la loi de finances pour 2004 que « les
autorités se proposent de mettre en exergue le rôle
économique de la fiscalité.»Avec l'adoption récente
de la loi N° 2003 - 026 du 27 août 2003 portant détaxation
des tarifs douanier et fiscal, il n'est pas inopportun de se poser la question
de l'efficacité du recours systématique à une politique
d'incitation fiscale pour la promotion des investissements.
La première partie de notre travail sera
consacrée à l'étude du contexte général des
investissements privés, notamment l'environnement économique et
le cadre institutionnel et juridique (Partie I). Il
procèdera ensuite à l'analyse critique des incitations fiscales
ainsi mises en place et de leurs impacts sur l'investissement (Partie
II).
PARTIE I
LE CADRE GENERAL DES INVESTISSEMENTS
PRIVES A MADAGASCAR
L'intérêt des investisseurs privés
étrangers pour Madagascar est un fait indiscutable. La venue des
missions économiques étrangères en témoigne mais
une réserve est quand même à apporter. Entre l'engouement
de la mission de prospection et la concrétisation d'un projet, il y a un
écart. La prospection peut même n'aboutir à aucune
décision d'investir. En effet, malgré les atouts
considérables dont dispose la Grande Ile, le taux d'investissement de
20% prévu dans le Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté ( DSRP) est encore loin d'être atteint19(*) en 2004. Au sortir de la crise
de 2002, les analystes s'accordent à dire que le recours aux
Investissements Directs Etrangers constitue pour Madagascar la première
solution pour la croissance rapide. La remise en confiance des investisseurs
constitue donc une des priorités pour la relance économique du
pays. Le gouvernement malgache oeuvre actuellement dans la préparation
d'un environnement sain des affaires (Chapitre I) et dans
l'instauration d'un cadre institutionnel et juridique sécurisant qui
permettront d'attirer le maximum d'investisseurs (Chapitre
II).
Chapitre I - L'environnement économique de la
Grande Ile
La crise de 2002 a fortement influencé la conjoncture
économique malgache des dernières années. Ainsi, afin de
mieux cerner la conjoncture économique du pays ainsi que les contours
des investissements privés à Madagascar, il convient d'apporter
quelques éléments de rappel historique sur cette crise politique
qui est devenue économique et sociale.
Section préliminaire - La crise de 2002
Cette crise, initialement politique, a eu des
conséquences catastrophiques sur la vie économique et sociale du
pays à un moment où la Grande Ile commençait à
retrouver ses marques en matière de performance économique et
à gagner une réputation favorable en tant que destination pour
des IDE20(*).
§1 - Rappel historique des faits
A - Contexte politique avant le scrutin
présidentiel
L'année 2001 marque pour Madagascar une année de
forte expansion économique bien que le pays se trouve toujours dans les
rangs des pays les plus pauvres du monde21(*), dénommés par le terme
générique teinté d'euphémisme de Pays Moins
Avancés (PMA)22(*).
Les réformes préconisées par les Programmes d'Ajustement
Structurel lancés depuis 1985 semblent porter leurs fruits et ont
donné naissance à une économie plus ouverte et plus
orientée vers le marché. Dans l'ensemble, le résultat est
assez satisfaisant puisque la croissance économique a atteint en 2001,
son plus haut niveau des 20 dernières années23(*). Madagascar semblait enfin
être lancé dans un cycle « vertueux » de
croissance économique. Mais l'envers du décor laissait
apparaître un malaise plus profond : derrière les bonnes
performances économiques et un fond de stabilité politique
apparente se cachaient en vérité un désir profond de
changement et une tension sociale dus à la pauvreté de la grande
majorité de la population.
Gouverné pendant plus de 21 ans24(*) par Didier Ratsiraka, le
peuple malgache s'est trouvé embarqué depuis trop longtemps dans
les convictions idéologiques de son président qui est
passé de la révolution socialiste pure et dure à la
République « humaniste écologique » en
passant par la libéralisation de l'économie avec une
déconcertante facilité. R.Rabetafika25(*)décrit la situation en
ces termes : « Après avoir navigué pendant dix
ans dans les eaux calmes d'un régime libéral teinté de
quelques touches socialisantes (ndlr : 1960-1975), puis bravé les
flots tumultueux d'un interventionnisme étatique
« musclé » au cours des deux dernières
décennies (ndlr : 1975-1995), Madagascar semble de nouveau vouloir
faire de l'initiative privée le moteur principal de sa croissance
économique (ndlr : 1995-2001). »
Par ailleurs, la population supportait de moins en moins les
dérives perpétrées par le régime notamment les abus
flagrants orchestrés par la famille et les proches de Ratsiraka alors
qu'environ deux tiers d'entre elle sont pauvres. Mais le peuple malgache est
« patient », il a attendu la voie légale des urnes
pour s'exprimer. Comme le dit R.W Rabemananjara26(*) : « Le cas est celui d'un peuple
paisible mais sensible. Quand il est déçu, il bouge. Comme il est
patient, les tribuns en profitent pour occuper la scène jusqu'au bout de
leurs jeux souvent stériles. »
B - Le scrutin présidentiel du 16 décembre
2001 et la crise consécutive
Le 16 décembre 2001 se tient le premier tour d'une
élection présidentielle qui opposait principalement le
Président sortant Didier Ratsiraka et le Maire de la capitale, Marc
Ravalomanana. Ce dernier, plus connu dans le milieu des affaires, notamment
agroalimentaire27(*), a
fait ses premiers pas dans la scène politique en remportant les
communales de 1999 à Antananarivo Renivohitra28(*). Ayant fait preuve d'une
volonté audacieuse et d'une efficacité convaincante, le maire de
la capitale a vite conquis la confiance des Malgaches notamment Tananariviens
et a été vu comme « l'homme du changement »,
porteur du « rêve malgache »29(*). Considérée avec
mépris comme non alarmante par le camp du Président sortant, sa
candidature a rapidement changé la donne de la scène politique de
ces élections.
Le déroulement de la campagne électorale
s'annonce prometteur pour la frange de la population qui a cessé de
croire aux promesses d'un « avenir meilleur30(*) » du
président sortant et de son « humanisme
écologique ». Le scrutin se déroule relativement dans
le calme et les résultats semblent de plus en plus donner faveur au
candidat « merina » 31(*), Ravalomanana. Mais le Ministère de
l'Intérieur annonce des résultats différents. Seulement,
la particularité de ce scrutin est justement de voir la participation de
différentes instances de contrôle32(*) dans les décomptes. Cette situation conduit
rapidement à la nécessité de confronter les
résultats qui ne coïncident pas.
Pour mémoire, les résultats proclamés par
la Haute Cour Constitutionnelle avoisinaient ceux du ministère de
l'Intérieur avec un score de 46,2% pour Ravalomanana et de 40,9% pour
Ratsiraka. Le comité de soutien de Ravalomanana quant à lui,
estimait qu'avec un score de 52,15% contre 35,67% pour le président
sortant, leur candidat emportait le scrutin au premier tour. Le Consortium
proclamait également (avec néanmoins une réserve car ne
disposant pas de la totalité des résultats du suffrage) une
victoire de Ravalomanana au premier tour avec un score de 50,49% contre 37,61%
pour Ratsiraka.
Les manifestations populaires commençaient le 04
janvier 2002 avec l'appel public à contestation de Ravalomanana, ce
dernier exigeant la confrontation des Procès Verbaux des
élections. Ces manifestations populaires, suivies d'une grève
générale dans la capitale trouvèrent de plus en plus de
sympathisants et annoncèrent la crise politique qui allait durer six
mois. La venue successive des médiateurs de l'OUA et de l'ONU
(février 2002) n'a pas porté ses fruits. Au contraire, les
malgaches semblent assez mécontents de la tournure des
évènements et les partisans vont jusqu'à pousser
« leur » président à prendre le pouvoir.
Ravalomanana s'«autoproclame » Président de la
République de Madagascar le 22 février 2002.
Comme il fallait s'y attendre, le camp adverse n'allait pas
abdiquer aussi facilement et de son côté, Ratsiraka proclame
l'état de nécessité nationale et transfère à
Tamatave le gouvernement de son Premier ministre Tantely Andrianarivo. Se
sentant dangereusement menacés, Ratsiraka et ses hommes commencent
à mettre en place des stratégies peu orthodoxes en
commençant par la mise en place des barrages anti-économiques
dans tout le pays, destinés à
« étouffer » la capitale qui dépend, de
par sa situation géographique, des régions qui l'entourent. De
plus, le dynamitage des ponts reliant la ville aux autres provinces
complète l'isolement d'Antananarivo.
Entre temps, une rencontre entre les deux protagonistes a
été organisée à Dakar (Dakar I) sous l'auspice de
l'OUA, de l'ONU et sous l'égide du Président
sénégalais Wade. A la suite de cette rencontre, la Haute Cour
Constitutionnelle déclare, légitimement cette fois-ci,
Ravalomanana vainqueur au premier tour des élections du 16
décembre 2001. Mais les barrages persistent, les pénuries
s'accentuent et le pays sombre dans une paralysie économique croissante.
Les interventions militaires, menées non sans pertes humaines et
matérielles navrantes conjuguées avec l'influence de l'accord de
Dakar II dénouent la crise politique avec la prise de la dernière
province résistante et l'exil de Ratsiraka en France en juin 2002.
§ 2 - Les conséquences économiques et
sociales
Initialement politique, la crise de 2002 a pris une ampleur
sans précédent. Les barrages anti-économiques, les
dynamitages de ponts, les pénuries de toutes natures que nous avons
évoqués ont littéralement asphyxié
l'économie malgache. En mai 2002, le coût direct de la crise a
été estimé à 600 millions de dollars par la Banque
Mondiale33(*), estimation
qui ne tient même pas encore compte des coûts de reconstruction
pour les infrastructures détruites et sabotées. Le PNUD34(*) quant à lui,
évalue dans son étude les pertes de recettes fiscales à
450 Md FMG.Touchant la quasi- totalité de la population et des
activités, ces évènements de 2002 ont plongé le
pays dans la énième nouvelle bataille de reconstruction
économique.
A - Les conséquences économiques de la
crise
D'une manière générale, la crise s'est
manifestée par la pénurie des biens, la fermeture d'entreprises,
les pertes d'emploi, la hausse générale des prix, le blocage de
l'administration, la fermeture du Marché Interbancaire de Devises (MID),
l'arrêt de l'émission de bons du trésor, le gel des avoirs
extérieurs, la suspension des relations commerciales et
financières avec le reste du monde et la diminution des revenus.
Sur le plan économique, les conséquences
peuvent se résumer par le ralentissement sinon la cessation des
activités en général. En six mois de troubles, les impacts
sont ressentis non seulement au niveau des trois secteurs d'activités
mais encore et surtout sur l `ensemble du pays.
1. Les impacts sectoriels de la
crise
Aucun secteur n'a été épargné par
la crise. Certes, de par la nature même des activités relevant de
chaque secteur, l'intensité des pertes n'est pas la même car
certains secteurs sont obligatoirement plus touchés que d'autres mais
les effets sont ressentis aussi bien dans le secteur primaire que secondaire et
tertiaire35(*).
a) Le secteur primaire
Le secteur primaire touche l'agriculture, l'élevage, la
pêche et la sylviculture36(*). Le secteur agricole aurait été le
moins touché directement par la crise. Ceci s'explique sans doute par
le fait que la crise a été postérieure à la saison
culturale des paysans. Néanmoins, le monde rural a été
touché au niveau de la commercialisation et de l'écoulement des
produits. En effet, les troubles de la circulation causés par les ponts
et routes dynamités, par les barrages anti-économiques
combinés avec la pénurie de carburants permettent
péniblement aux collecteurs de venir auprès des producteurs. Pour
compenser la hausse des coûts de collecte, les collecteurs diminuent
forcément les prix aux producteurs. Ces derniers n'ont pas vraiment le
choix dans ce cas car soit ils imposaient leur prix au risque de ne pas
écouler et de perdre ainsi leurs produits (fruits, légumes...),
soit ils étaient obligés de vendre à des prix très
bas voire à perte. L'impact indirect de la crise se
ressent également surtout au niveau du pouvoir d'achat des paysans car
parallèlement à la baisse des prix à la
production37(*), les prix
à la consommation des produits de première
nécessité (huile alimentaire, savon, sucre, sel, pétrole
lampant...) ont tendance à augmenter. Face à ces situations, le
revenu des paysans se dégrade38(*) aggravant davantage la pauvreté rurale.
b) Le secteur secondaire
Le secteur secondaire est le secteur des industries qui
regroupe entre autres l'agro-industrie, l'industrie du tabac, l'industrie de
corps gras, l'industrie extractive, l'industrie textile, l'industrie
métallique, l'industrie du papier etc. Une distinction peut être
aussi faite entre Zones Franches Industrielles et secteur secondaire hors Zones
Franches Industrielles.
Toujours selon la même étude, de la Banque
Mondiale citée ci-dessus, le secteur secondaire a été le
plus (pm : environ -25% de baisse d'activité). Le secteur
industriel en général a été profondément
affecté mais il convient d'accorder une attention particulière au
secteur de la zone franche. Les entreprises franches ont été plus
sensibles à la crise du fait que c'est au cours du premier trimestre que
se déroulent les livraisons de la saison de production et les
négociations des commandes de l'année suivante. A ce
problème de calendrier s'ajoutent les problèmes de libre
circulation aussi bien en amont39(*) qu'en aval40(*). Face à ces situations, de nombreuses
entreprises ont dû fermer leurs portes et certains opérateurs ont
ainsi pris la décision de quitter Madagascar du fait de l'accumulation
de difficultés irrésolues depuis la crise. Une perte
significative d'emplois s'en est suivie : pour l'ensemble des industries
manufacturières locales, environ 50.000 emplois ont été
supprimés41(*).
Concernant les entreprises franches, sur les 156 entreprises
répertoriées, 50 ont été en chômage
technique42(*). En terme
d'emplois, sur les 100 000 emplois référencés, 40 000
auraient été supprimés, et 40 000 seraient en
chômage technique conduisant à une baisse de la valeur
ajoutée et des exportations de -30 %43(*).
c) Le secteur tertiaire
Le secteur tertiaire est celui des services. Il englobe le
transport, les télécommunications, les banques, l'assurance, le
commerce etc. Ce secteur n'a pas non plus été
épargné et certaines activités ont même subi des
pertes massives. Vu le contexte dans lequel a évolué la crise, le
secteur transport a été le plus sévèrement
touché. Concernant le transport routier, la hausse du prix des
carburants44(*) à
laquelle s'est greffée la destruction de ponts45(*) et la dégradation des
réseaux routiers a réduit le trafic routier à 10%46(*) de sa capacité. Par
ailleurs, l'annulation de vols intérieurs et internationaux a
baissé l'activité aérienne et partant, a
entraîné une baisse de 60%47(*) du nombre de touristes enregistrés jusqu'au
mois de juillet 2002 par rapport à la même période de
l'année précédente. Le transport et le tourisme ont
été les plus fortement atteints dans le secteur tertiaire avec
une diminution des chiffres d'affaires atteignant 82%48(*) dans le tourisme49(*). Néanmoins, une baisse
généralisée du taux d'activité a été
enregistrée dans les banques (40%50(*)) et dans les BTP et les
télécommunications(75%51(*)). Concernant le secteur bancaire, les banques ont vu
leurs portefeuilles se détériorer puisque les entreprises qui ont
subi les débâcles financières de la crise n'ont pas pu
honorer leurs échéances bancaires. La fermeture
du MID ainsi que le gel des avoirs extérieurs ont ralenti les
activités d'exportation de l'ensemble du secteur (-63%52(*)).
S'il est démontré que la crise n'a
épargné aucun secteur, il est tout aussi vrai qu'elle n'a
épargné aucune province.
2. Les impacts de la crise au niveau de chaque
province
Sur le plan de l'organisation administrative, Madagascar est
composée de six Provinces53(*) : la capitale, Antananarivo (Tananarive) sur les
hauts plateaux du centre et les 5 autres autour : Fianarantsoa au Centre
Sud, Toamasina ( Tamatave) à l'Est, Toliara (Tuléar) qui
s'étend du Sud à la moitié Ouest, Mahajanga (Majunga) au
Nord Ouest et Antsiranana (Diégo-Suarez) au Nord. Les données de
l'étude du PSUE54(*) montrent que les entreprises de Toamasina ont subi
les plus grosses pertes en terme de chiffres d'affaires, une baisse de
près de 100%. Cette situation s'explique par le fait que le barrage
anti-économique le plus virulent se situait à la frontière
de cette province et de la capitale. Les produits ne pouvaient pas s'acheminer
librement vers Antananarivo et l'absorption par les autres provinces ne
représentait pas une grande partie de la production. Cette situation de
disproportion entre l'offre et la demande y a entraîné une
inflation galopante, réduisant considérablement le pouvoir
d'achat de la population locale.
Fianarantsoa n'échappe pas à la crise car toute
transaction doit passer par la capitale du fait de l'enclavement de la ville.
Elle a subi un recul des chiffres d'affaires de 72% et une baisse des taux
d'activité de 75%.
Concernant Antananarivo, elle a été
confrontée à une hausse exorbitante des coûts de production
que les ventes effectuées n'arrivèrent pas à combler, ce
qui engendra une proportion relativement élevée des pertes
(environ 17%).
Tuléar était confronté aux mêmes
problèmes et a subi, quant à lui, une perte de 37%. Cette hausse
se répercuta inévitablement sur les prix du marché,
engendrant des abus de la part de certains commerçants.
Les entreprises de la ville de Mahajanga et d'Antsiranana
furent les moins atteintes car les barrages y étaient plus souples et
les produits ont pu passer moyennant des « péages »
négociables. Particulièrement pour Mahajanga, les chiffres
d'affaires n'ont subi aucune baisse et la proportion des pertes était la
moins sévère (4% contre 38% pour Toamasina ou 37% pour
Toliara).
B- Les conséquences sociales de la crise
Au delà des impacts économiques, la crise a eu
inévitablement des effets négatifs sur la vie quotidienne de la
population en général et sur la capacité de cette
dernière à satisfaire ses besoins les plus
élémentaires en particulier. Les conséquences
néfastes du chômage et de la baisse de revenu ont influencé
les domaines de la vie sociale entre autre l'emploi, l'éducation et la
santé ainsi que le bien être de la population. A cela s'ajoute un
autre problème de société.
1. La crise et l'emploi
Des pertes d'emploi considérables ont été
enregistrées dans la plupart des régions de l'île. Par
ordre d'importance, les provinces les plus frappées sont Toliara (-50%),
Fianarantsoa (33%) et Antananarivo (30%). En milieu rural, la crise frappait
surtout les petits producteurs qui, implantés loin des points
d'écoulement notamment des marchés ou points de collecte, se
voyaient victimes des problèmes de barrages et de circulation. Cette
situation a considérablement diminué leur revenu et aggravait la
pauvreté qui touche 85% des ruraux.
Le problème d'emploi en milieu urbain ajoute à
son paysage les nouveaux chômeurs victimes de la fermeture massive
d'usines notamment d'entreprises franches. En situation de
« chômage technique », ces personnes viennent
augmenter le nombre des plus démunis avant la crise.
2. La crise, l'éducation et la santé
Au niveau de l'éducation, les impacts se manifestent
essentiellement par la hausse de l'abandon scolaire due aux difficultés
financières engendrées par la baisse des activités pendant
la période de crise. Un autre problème plus grave se passe en
milieu rural. Puisque les parents d'élèves ne peuvent plus se
permettre de payer le salaire des enseignants, ces derniers n'ont d'issue que
de s'adonner à des activités plus rémunératrices
pour vivre au détriment de leurs missions pédagogiques. L'on ne
peut porter de jugement sur ces choix étant donné qu'eux
même n'ont pas vraiment le choix. Seulement, les conséquences qui
en résulteraient à long terme seraient davantage
d'affaiblissement dans le niveau d'instruction rurale qui n'est
déjà pas élevé55(*) et donc davantage moins de chance de sortir de la
pauvreté pour les générations futures.
Dans le domaine de la santé, l'impact de la crise fut
une aggravation de la situation existante déjà peu reluisante et
s'est traduit par la prévalence des maladies endémiques, la
diminution alarmante de la fréquentation des centres de santé
notamment par la population des régions éloignées de la
province.
3. La crise et le bien être
La conséquence la plus manifeste est sans doute la
diminution croissante du pouvoir d'achat de la population. Pour
illustration, la part de la population qui ne pouvait pas se
procurer les produits alimentaires de base est passée de 32% avant la
crise à environ 42% après. La satisfaction des besoins
fondamentaux est devenue un luxe.
Par ailleurs, faute d'entretien et de réhabilitation,
la détérioration déjà avancée des
infrastructures socioéconomiques a été aggravée par
les actes de barbaries perpétrés ici et là. A tout cela
s'ajoute l'insécurité surtout en milieu rural où le vol de
boeufs a connu une recrudescence accentuée durant le premier semestre
2002.
En conclusion de cette section préliminaire, il
convient d'évoquer une autre conséquence déplorable de
cette crise : l'incitation au tribalisme. Les questions
ethniques toujours sensibles dans l'île servent souvent d'instrument de
propagande à certains politiciens véreux pour défendre
leurs intérêts personnels vides de patriotisme. Les gouverneurs
des régions et les supposés notables des provinces se livraient
à une chasse à l'homme jamais vue pour des questions de
divergence d'opinions ou pire par simple différence d'origine56(*). Par ailleurs, cette crise a
vu se perpétrer une série de bafouages sans
précédant de la démocratie et des droits de
l'homme57(*) sans parler
des violations incessantes de la constitution.
Cette incursion au contexte politique est nécessaire
pour avoir des éléments d'explication sur la situation
récente qui prévaut dans le pays. La conjoncture
économique des deux dernières années, qui s'inscrit dans
le registre de la relance économique, de la reconstruction (des
infrastructures du pays notamment) et de la réduction de la
pauvreté renvoie une image du paysage dans lequel évoluent les
investissements privés à Madagascar.
Section 1 - La conjoncture économique des deux
dernières années (2003-2004)58(*)
L'année 2003 est l'année du
« décollage » pour un développement
« rapide » et « durable ». Elle a
été marquée par le redressement de l'économie avec
un taux de croissance du PIB de 9,6% et un taux de pression fiscale de
10,3%59(*). L'année
2004 a pris le relais et se présente comme une année riche en
programmes et en projets en matière de relance économique. Lors
de la présentation de la Loi de Finances 2004, le Ministre de
l'Economie, des Finances et du Budget l'annonce en ces termes :
« L'année 2004 sera une année pour le
développement de notre pays. (...) Elle sera une année laborieuse
non seulement pour le Gouvernement et les pouvoirs législatifs mai aussi
pour le secteur privé, dans le développement de notre pays.(...)
Elle sera aussi fructueuse à travers les actions qui seront entreprises
pour la relance économique. » Cette année se
démarque particulièrement comme étant la première
année d'application du DSRP complet.
§1 - Les éléments structurels de
l'économie malgache
L'économie malgache a été
sérieusement affaiblie par la crise de 2002 et ses conséquences.
Après avoir donné un aperçu de la situation au lendemain
de la crise, ce paragraphe dressera un état des lieux de
l `économie deux ans après cette crise.
Avec ses 587 000 km2, la Grande Ile est la quatrième
île du monde par sa taille après le Groenland, la Nouvelle
Guinée et Bornéo. L'île s'étend sur 1600 km de long
du nord au sud pour une largeur moyenne de 570 km d'est en ouest.
A -Population et démographie
La population malgache évolue avec un taux
démographique assez élevé de l'ordre de 2,8%. On
dénombre actuellement près de 17 millions d'habitants soit une
densité de l'ordre de 29 habitants au km260(*). La majorité de la
population est rurale et représente environ 77% de la population
totale. A part une couche infime61(*) de la population qui forme la classe aisée, la
population malgache est une population démunie qui ne dispose que
d'environ 286 USD de revenu par habitant en 200262(*). Avec 75% de la population
vivant en dessous du seuil de pauvreté, Madagascar est actuellement le
troisième pays le plus pauvre du monde. En se référant aux
Indicateurs de Développement Humain (IDH)63(*), la Grande Ile occupe
aujourd'hui le 168ème rang des 174 pays répertoriés.
B- Cadre macro-économique
La remarque générale que l'on pourrait
émettre sans hésitation est sans doute le rétablissement
des grands équilibres économiques, tant au niveau des finances
publiques qu'au niveau des échanges extérieurs et de la monnaie.
Nous nous sommes proposée de faire un état des lieux des deux
dernières années mais comme l'année 2004 est encore en
cours, avec les données de l'année 2003 dont nous disposons, nous
nous baserons pour l'année 2004 sur les prévisions de la loi de
finances.
1. Croissance économique
Comparée à 2002, l'activité
économique en 2003 a connu une reprise certaine en 2003. La relance est
constatée surtout dans les secteurs, agricole, du tourisme, du
bâtiment et des transports. Au cours du premier semestre, la consommation
d'électricité s'est accrue de 4,4% par rapport à cette
même période en 2002. Durant les huit premiers mois de 2003, la
consommation de produits pétroliers a été de 45% plus
élevé comparé à la même période de
l'année dernière et l'activité portuaire a augmenté
de 81%.
La croissance économique en 2003 provenait
essentiellement de la reprise des activités des secteurs secondaire et
tertiaire.
Pour le secteur primaire, les différentes actions
entreprises pour la relance telles que la réhabilitation des
différents périmètres irrigués ou
l'amélioration du fonctionnement des réseaux hydroagricoles, les
mesures fiscales prises en matière d'engrais, d'intrants et
d'équipements agricoles ont entraîné une bonne performance
de l'agriculture. Par ailleurs, la branche élevage a pris une certaine
amélioration à la suite de l'accroissement constaté des
cheptels.
Les activités du secteur secondaire ont
repris grâce à des mesures incitatives : la mise en place d'un
fonds de garantie bancaire pour les besoins de financement des entreprises et
l'octroi de prêt à certaines entreprises publiques en
difficulté. Six branches d'activités ont également connu
un regain d'activité notable : l'industrie du bois, la pharmacie et les
industries chimiques, l'industrie du corps gras, l'industrie textile,
l'industrie du papier, les matériaux de construction. Les
activités des entreprises franches industrielles ont retrouvé une
certaine vigueur même si elles n'ont pas encore atteint le niveau de leur
production de l'année 2001.
Le secteur tertiaire a connu une bonne performance. La plupart
des branches d'activités ont pu dépasser leur niveau de 2001,
surtout la branche Bâtiments et Travaux Publics suite aux programmes de
construction et de réhabilitation d'infrastructures routières,
ainsi qu'à la relance des activités dans le logement,
facilitée par la suppression des taxes sur les matériaux de
construction. La branche Transports a présenté une
évolution remarquable grâce au retour à la normale de la
circulation routière et à la reprise des activités de
transports aériens et ferroviaires. La branche
Télécommunication a connu un essor remarquable à cause de
la réalisation des investissements non effectués en 2002 ainsi
que des nouveaux investissements, surtout en téléphonie
mobile.
Pour l'ensemble de l'année 2003, le
taux de croissance économique est estimé à 9,6% contre une
prévision de 7,8% dans la Loi de Finances 2003.
2. Au niveau des finances
publiques
Le taux de pression fiscale pour l'année 2004 est
estimé à 11,2% contre 10% en 2003 et 6,9% en 2002. Cette
augmentation s'explique par une croissance économique plus forte, des
efforts dans la collecte des taxes et une amélioration de
l'efficacité des administrations fiscale et douanière.
Le renforcement des services des impôts a conduit
à une amélioration du recouvrement des recettes, plus
particulièrement au niveau des grandes entreprises. La mise en place
d'un guichet unique au sein des services de la douane devrait
accélérer la procédure de dédouanement. Par
ailleurs, le partenariat avec la SGS, une société d'inspection
avant embarquement assurera plus de sécurisation des recettes
douanières.
Toujours dans un objectif de transparence et
d'efficacité, le contrôle budgétaire a été
renforcé au niveau de l'Inspection Générale de l'Etat, du
Conseil de Discipline Budgétaire et Financière, de la Direction
Générale du Contrôle des Dépenses Engagées et
de la Chambre des Comptes.
Le déficit des opérations globales du
Trésor, sur base caisse, s'est amélioré : -4,5% du PIB en
2003 contre -6,2% en 2002. Pour le financement de ce déficit, le
Gouvernement s'est efforcé d'obtenir le soutien des partenaires
extérieurs.
3. Inflation et monnaie
Le début de l'année a été
marqué par une dépréciation importante du franc malgache.
Les prix à la consommation n'ont pas cessé d'augmenter à
cause de la hausse du prix du pétrole et des conséquences du
passage des cyclones successifs. L'économie subit une forte pression
inflationniste. Malgré l'enregistrement d'un rétablissement de la
situation économique, l'inflation reste encore mal
maîtrisée. Au mois de mai 2004, son taux qui devait descendre
à 5% est passé à 9,3%.
4. Secteur extérieur
La relance du commerce extérieur en 2003 traduit bien
le retour à la normale des activités économiques. En terme
de DTS, les exportations se sont accrues de 52,8% et les importations ont
augmenté de 51,3% en raison principalement des achats de biens
d'équipements et de matières premières.
5. Le service de la dette :
L'encours nominal de la dette extérieure s'est
élevé à 4587 millions USD fin 2002 soit 100,6% du PIB.
Actuellement et après les réaménagements, la valeur nette
de la dette s'est chiffrée à 2277 millions USD soit
l'équivalent de 49,9% du PIB, 211,3% des exportations de biens et de
services non facteurs et 624,7 pour cent des recettes fiscales. A la lecture de
ces chiffres, la situation est plus qu'alarmante. Avec l'assistance
intérimaire au titre de l'IPPTE64(*), la valeur actualisée nette du stock de la
dette s'est établie à 1397 millions USD représentant
respectivement 30,6% du PIB, 129,7% des recettes d'exportations de biens et de
services non facteurs, et 383,3% des recettes fiscales. Mais la situation
révélée par les données officielles prévoit
que l'endettement extérieur du pays continuera à ne pas
être viable pendant une dizaine d'années65(*).
Le service de la dette extérieure devrait
également rester assez élevé, puisqu'il a atteint 128
millions USD en 2002, soit 11,9% des recettes d'exportations de biens et de
services non facteurs, et 35,2% des recettes fiscales. Néanmoins,
après l'assistance intérimaire, le service de la dette est
passé à 50 millions USD, soit 4,7% de recettes d'exportations de
biens et de services non facteurs et 13,8% des recettes fiscales.
On peut donc conclure que Madagascar sera encore sensible
à une modification des paramètres tels qu'un choc
extérieur défavorable, qui mettrait le pays dans une position
insoutenable en aggravant le fardeau de la dette même dans le cadre d'un
environnement et d'une politique stable. Des chocs additionnels
défavorables augmenteraient le besoin de financement extérieur.
§ 2 - La loi de finances 2004
L'objectif de la loi de finances pour 2004 est de constituer
un outil de réalisation de la politique économique et
financière reflétant les priorités du DSRP. Dans
l'ensemble, la loi de finances 2004 ne comporte aucune disposition nouvelle
spectaculaire sauf une innovation qui intéresserait notre travail :
la simplification du système fiscal.
A - Les grandes lignes pour 2004
Le budget de l'Etat pour cette année
s'élève à 21 000 milliards de FMG contre 14 800 milliards
en 200366(*). L'objectif
de l'année 2004 est la réalisation d'un taux de croissance
économique d'au moins 6% en maîtrisant un taux d'inflation
inférieur à 5%67(*) avec un déficit des opérations globales
du Trésor ne devant pas dépasser 3%. Les actions menées
dans ce sens se résument en trois points principaux :
- la révision de la politique fiscale,
- la mise en oeuvre d'un budget programme
réorienté vers les missions essentielles de l'Etat,
- et l'assainissement de la gestion des finances publiques.
1. La révision de la politique fiscale
La révision se fixe comme objectif la rationalisation,
la simplification, l'équité et l'efficacité du
système fiscal. L'action la plus innovante est sans doute la politique
de détaxation des biens d'équipements importés que nous
nous proposons d'évoquer dans la deuxième partie.
Au niveau des recettes fiscales, les actions tournent autour
de l'abaissement du taux de certains impôts et taxes et de faciliter leur
calcul et leur recouvrement. Cette action vise notamment les
taxes intérieures afin de ne pas trop léser les opérateurs
économiques malgaches par rapport aux produits importés. Pour ce
faire, l'administration fiscale procèdera à la suppression de
certaines taxes, à une baisse du taux des impôts et taxes et
prévoit par contre un élargissement de l'assiette fiscale.
Par exemple, de nouveaux produits comme les produits de
l'agriculture (sauf le riz et le paddy), de l'élevage et de la
pêche destinés à l'alimentation humaine ainsi que les
services de transport terrestre de personnes seront désormais assujettis
aux différentes taxes telles que la TVA ou la TST (Taxe sur les
Transactions).
Un autre des objectifs de l'administration est de faire
rentrer dans le secteur officiel tout ce qui est encore dans le secteur
l'informel68(*).
L'introduction de l'Impôt synthétique par la loi de finances de
1998 aurait pu être une solution car cet impôt vise à
fiscaliser les cultivateurs et les petits entrepreneurs indépendants qui
échappent actuellement à l'impôt. La mise en application
d'un nouvel Impôt Synthétique (IS), prévue en 1999
après un recensement des contribuables éventuels,
rétablira l'imposition des ménages ruraux et des acteurs du
secteur informel. A travers une procédure simplifiée, qui reste
à définir, les autorités fiscales ont l'intention de
regrouper en une seule taxe les éléments de la taxe
professionnelle, de l'impôt général sur les revenus et des
taxes sur le chiffre d'affaire. Ceci augmentera radicalement la base des
contributions directes.
Mais la mise en application de cette loi, qui était
prévue dans la loi de finances pour 2000 est plus que laborieuse
à cause des difficultés auxquelles elle est confrontée, ce
qui fait que l'Impôt Synthétique figure dans le Code
Général des Impôts en vigueur mais n'est pas encore
appliqué jusqu'à présent.
Pour aider les entreprises à avoir une culture
documentaire (facturation, comptabilité, déclaration fiscale,
renseignement d'ordre statistique), des centres de gestion
agréés seront créés, en partenariat avec le secteur
privé, pour assister les entreprises dans leurs obligations.
La fiscalité douanière rejoint aussi cette
volonté de l'Etat de mettre en exergue le rôle économique
de la fiscalité. La politique fiscale en matière douanière
se manifestera en trois points :
- le renforcement de l'Administration douanière et la
poursuite des actions visant à accélérer les
procédures de dédouanement des marchandises.
- la restructuration et réduction du nombre de taux.
- et la simplification de la structure tarifaire
Malgré la contestation des industriels nationaux, ce
choix était conforme à la détaxation et se veut toujours
répondre à l'action d'incitation des investissements.
2. La mise en oeuvre d'un budget
programme
Le deuxième point concerne la mise en oeuvre d'un
« budget programme » réorienté vers les
missions essentielles de l'Etat à savoir la gouvernance,
l'infrastructure, l'éducation et la santé. L'objectif de cette
action est de redéfinir le rôle de l'Etat qui intervient trop dans
les domaines où il devrait se détacher (le coton, le sucre, les
télécommunications et le transport aérien,
l'économie en général) au détriment de ceux pour
lesquels il doit mieux se consacrer (éducation, santé,
infrastructure).
Ce budget programme définit au préalable les
objectifs spécifiques que chaque département devrait atteindre et
les moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs.
L'innovation concerne l'obligation pour le gouvernement de revoir les
dépenses publiques tous les quatre mois et de déterminer les
crédits suivants à allouer à partir des résultats
issus de ces revues. Ce système a au moins le
mérite de vouloir éviter que les deniers publics soient
dilapidés néanmoins, dans la pratique, nous sommes assez
sceptique quant à son efficacité. En effet, le
régime a changé, l'équipe a aussi changé dans la
plupart des cas mais la pratique ne change pas aussi facilement et surtout
aussi rapidement. Nous pouvons quand même espérer
plus de responsabilisation des gestionnaires de crédits avec les
actions effectuées pour équiper et renforcer les organes de
contrôle comme l'Inspection Générale de l'Etat, la
création de l'Inspection Générale des finances, la Cour
des Comptes, la refonte de la Commission centrale des Marchés. Un
contrôle plus rigoureux est donc attendu sans alourdir l'utilisation du
budget pour qu'il n'y ait plus de retards dans son exécution.
L'efficacité de telles réformes reste à démontrer.
3. L'assainissement et la gestion des finances
publiques
L'assainissement et la gestion des finances publiques visent
notamment le règlement d'arriérés et la révision de
relation financière entre la banque centrale et le Trésor public.
L'objectif est d'assurer une transparence en faisant une
nette distinction les activités de la Banque Centrale et celles
Trésor public. L'Etat s'efforcera de rembourser en 10
ans les dettes (dettes du Trésor public envers la banque centrale) qui
se sont accumulées depuis des années (qui s'élèvent
à 1620 milliards FMG) et qui ont commencé à être
comptabilisées cette année. Parallèlement aux efforts
à maintenir pour le paiement des arriérés qui nuisent au
bon fonctionnement de l'administration notamment au niveau des
collectivités seront déployés d'autres
pour garantir l'effectivité de la transparence
concrétiser la bonne gouvernance.
B - Les principales nouvelles dispositions du CGI tirées
de la loi de finances
2004
La loi de finances de cette année se remarque par la
volonté des autorités d'utiliser la fiscalité comme
instrument de politique économique et prévoit dans cette optique
des simplifications (notamment dans les modalités de recouvrement) et
des restructurations (l'élargissement de l'assiette).
Afin d'avoir une vision d'ensemble des innovations, nous avons
relevé les nouvelles dispositions par rapport à la loi de
finances de 2003.
1. Innovations touchant la fiscalité
intérieure :
Ø Concernant l'Impôt sur les Revenus Non
Salariaux ou l'IRNS69(*)
des personnes physiques, on ne comptera plus que 4 tranches de
revenus imposables (contre 7 auparavant) dont :
- Jusqu'à 1 000 000 FMG70(*)..................10 000 FMG
- 1 101 000 à 2 500 000.....................5%
- 2 501 000 à 20 000 000.....................15%
- plus de 20 000 000.....................30%
Le montant obtenu ne doit pas être inférieur ni
à 5p1000 du CA réalisé pendant l'exercice
considéré ni à 25 000 Fmg pour les contribuables non
soumis à la taxe professionnelle sauf pour les contribuables vendant du
carburant au détail pour lesquels ce minimum est ramené à
1p1000 du CA réalisé pendant l'exercice considéré.
Par ailleurs, une hausse de la réduction d'impôts
correspondant à chaque personne à charge dont
bénéficie les contribuables soumis à l'impôt est
prévue qui passe de 6 000 FMG à 12 000 FMG par an.
Pour l'Impôt sur les revenus salariaux et
assimilés ou l'IRSA71(*), on ne comptera plus également que 4 tranches
de revenus contre 5 précédemment :
- Jusqu'à 250 000 FMG......................1 500 FMG
- 251 000 à 500 000...................... 5%
- 501 000 à 1 500 000......................15%
- plus de 1 500 000...................... 30%
En aucun cas, le montant de l'impôt ne doit être
ramené en dessous des minima qui sont de 1500 FMG pour le contribuable
dont le revenu imposable est inférieur ou égal à 500 000
FMG et de 12 500 FMG pour les contribuables dont le revenu imposable est
supérieur à 500 000 FMG. De même pour l'IRSA, une hausse de
la réduction d'impôt par personne à charge est
relevée. Elle passe de 500 FMG à 1 000 FMG.
Ø Concernant l'Impôt sur le revenu des capitaux
mobiliers ou l'IRCM72(*) ,
le taux est également revu à la baisse. Il est fixé
à 20% contre 25% auparavant.
Ø En ce qui concerne la Taxe Forfaitaire sur les
Transferts ou TFT73(*),
une revue à la baisse de la taxe est également prévue.
Elle est fixée à 10% contre 15% auparavant.
Ø Concernant les droits d'enregistrement, on assistera
à une baisse généralisée des tarifs.
Pour les mutations à titre onéreux, actes et
mutations imposables dont font partie les mutations de
propriété à titre onéreux de Fonds de Commerce ou
de clientèle sont soumises à un droit de 6 FMG pour 100 FMG
(contre 8 FMG pour 100 FMG précédemment).
Pour les ventes et autres actes translatifs de
propriété à titre onéreux de meubles et objets
mobiliers, les cessions de parts d'intérêts dans les SARL sont
assujetties à un droit de 2 FMG par 100 FMG au lieu de 4 FMG par 100
FMG.
Enfin, le droit pour les transports, cessions et autres
mutations à titre onéreux de créances sont assujettis
à 0,50 FMG par 100 FMG au lieu de 1,50 FMG par 100 FMG auparavant.
Ø Concernant les droits d'accises ou DA74(*), la loi de finances
prévoit la hausse des redevances sur les tabacs et les boissons et
exonère une liste de produits comme les matières
premières servant dans la fabrication de produits soumis aux droits
d'accises, l'alcool destiné à des usages médicaux, les
produits entrant dans la fabrication de médicaments.
2. Innovations touchant la fiscalité
douanière
La restructuration et la diminution du nombre de taux ont
ramené à quatre ceux des droits et taxes douaniers: 5%, 10%, 20%,
25% contre sept auparavant 3%, 8%, 13%, 18%, 23%, 28%, 33%.
Quant à la simplification, elle a permis de ne garder
que deux catégories de droits et taxes : le Droit de Douane et la Taxe
d'Importation obtenue de la fusion des trois anciennes taxes : la Taxe
d'Importation, la Taxe Statistique à l'Importation et le Droit de Timbre
Douanier.
Section 2 - Le contexte des investissements privés
à Madagascar
Les objectifs ambitieux de croissance économique que le
gouvernement s'est fixés d'atteindre requièrent un volume
d'investissements considérables. S'il s'avère que
l'environnement fiscal constitue un des critères décisifs
d'implantation, il ne faut pas oublier qu'il y a plusieurs autres
paramètres à prendre en compte dans la décision
d'investir, entre autres les secteurs porteurs, la main d'oeuvre, le coût
des transports, la stabilité politique, les risques-pays, le
régime des changes etc. Cette section a pour objet, d'une part de voir
quels sont les avantages que Madagascar peut faire valoir aux yeux des
investisseurs, d'autre part les conditions dans lesquelles une
société peut s'implanter dans la Grande Ile.
§1 - Les avantages comparatifs de la Grande Ile
Madagascar possède des atouts spécifiques et un
capital d'avantages comparatifs qui ne demande qu'à être
exploités. Avant de voir quels sont les secteurs porteurs de
l'économie malgache, nous nous proposons de procéder à
l'étude des atouts de la Grande Ile. Nous ne manquerons pas, par la
même occasion, de souligner les contraintes y afférentes.
A - Les atouts et faiblesses du pays
1. Les atouts indéniables de la Grande
Ile
Sa population représente pour Madagascar sa
première richesse. Elle est jeune75(*) , importante et constitue une main d'oeuvre facile
à former et de bon marché, de très bon marché
même76(*).
Parallèlement, malgré le faible taux des diplômés de
l'enseignement supérieur, Madagascar possède une frange
intéressante de jeunes intellectuels de plus en plus conscients de la
pauvreté qui règne dans le pays et qui sont prêts à
s'investir dans des activités productives.
En second lieu, l'insularité du pays peut
être considérée comme un avantage important si on tient
compte de la disponibilité de grandes zones de pêche et de la
proximité des chemins maritimes internationaux. Par ailleurs, la
diversité climatique permet non seulement une diversité de
cultures mais constitue un énorme potentiel touristique faisant de
Madagascar une destination tropicale intéressante77(*).
Ensuite, malgré l'insuffisance handicapante
des infrastructures de la Grande Ile, l'aménagement, la
réhabilitation et l'entretien de ces dernières font partie des
priorités de l'Etat malgache exprimées dans le DSRP.
Par ailleurs, le développement important de la zone
franche industrielle présente des avantages
majeurs78(*) pour
l'installation des IDE.
L'intégration régionale de la Grande Ile
permet également d'accéder à différents
marchés extérieurs :
- notamment européens, dans le cadre de la
Convention de Lomé.
- vers les autres pays industrialisés grâce aux
dispositions du SGP (Système Généralisé de
Préférence), qui prévoient des tarifs
préférentiels ou d'entrées en franchise de droits pour une
gamme étendue de produits
- vers les régions avoisinant Madagascar pour les pays
membres de la COI (Commission de l'Océan Indien) et ceux de la COMESA (
Common Market of Eastern and southern Africa), les barrières tarifaires
et non tarifaires ayant été complètement levées
voici quelques années.
- L'adhésion de Madagascar à l'AGOA79(*) est aussi un atout
considérable.
La protection de la propriété intellectuelle,
qui est une des craintes es investisseurs est également assurée
depuis la création de l'Office Malgache de Protection Intellectuelle.
Enfin, concernant l'entrée et le séjour des
étrangers, une facilitation est octroyée depuis le 1er octobre
1997. Les hommes d'affaires dont les activités nécessitent des
déplacements fréquents à Madagascar peuvent obtenir des
visas de circulation valables pour une période pouvant aller
jusqu'à trois ans, la durée de chaque séjour
n'excédant pas trois mois.
Depuis le 1er janvier 2001 a été institué
pour les étrangers la délivrance de cartes de résidents
infalsifiables dont le montant des droits varie en fonction de la durée
de séjour.
2. Les faiblesses et les obstacles au
développement de
l'économie malgache
Malgré l'existence de tous ces atouts, il reste de
nombreux obstacles à l'investissement qui sont d'ordre
réglementaire, administratif ou autres que le gouvernement actuel
s'applique à lever.
a/ Les obstacles d'ordre
réglementaire
Les obstacles réglementaires touchent le foncier, la
fiscalité, la douane, les visas de long séjour, la refonte du
droit des affaires, etc.
Ø Les obstacles fonciers
Le foncier représente le frein à
l'investissement le plus évoqué. La loi n° 95-020 du 27
novembre 1995 interdisait explicitement aux étrangers l'acquisition,
à quelque titre que ce soit, de biens immobiliers. Une telle disposition
trouve son explication dans le droit coutumier malgache. La question
foncière est un domaine très délicat pour la
société malgache puisque le malgache accorde une valeur
sacrée à la terre et l'idée que les étrangers
puissent en avoir librement la propriété constitue une offense
à la terre des ancêtres. Un tel problème de culture peut
paraître anodine et peut être mal compris par certains mais les
troubles sociaux qui peuvent en résulter ne sont pas
négligeables.
La loi 96-016 du 13 août 1996 est venue ouvrir la
possibilité de contracter un bail emphytéotique dont la
durée peut s'étendre jusqu'à 99 ans. Ce bail
confère désormais au contractant un droit réel immobilier
cessible, hypothécable, nantissable, susceptible de transfert et de
cession. A Madagascar l'enregistrement des mutations foncières par le
service des domaines s'est partiellement interrompu dans les années
1975. Depuis cette date, de nombreuses transactions n'ont pas été
enregistrées rendant chronique l'absence des titres fonciers.
La propriété foncière devrait avoir une
grande valeur mais elle est devenue très précaire à
Madagascar.
Les détenteurs de baux connaissent d'importantes
difficultés dès lors que les recours de tiers sont légion
et que la justice malgache donne souvent satisfaction aux requérants. De
plus, et c'est une des faiblesses les plus handicapantes, un titre foncier est
devenu sans valeur en tant que garantie bancaire. Or, on sait que l'octroi de
crédits bancaires primordial à l'investissement dépend en
grande partie des garanties que le client peut fournir. Cette difficulté
a été récemment levée par l'adoption de la loi
n° 2003 - 028 du 27 août 2003 modifiant et complétant
certaines dispositions de la loi n° 62-006 du 06 juin 1962 fixant
l'organisation et le contrôle de l'immigration modifiée par la loi
n ° 95-020 du 27 novembre 1995 qui donne désormais la
possibilité pour les investisseurs d'avoir accès à la
propriété foncière dès q'ils présentent un
plan et un projet d'investissement de plus de 500 000 dollars en fonds
d'investissement80(*).
Ø Au niveau de la fiscalité et des douanes
Les reproches souvent adressés au service de la douane
concernent la corruption et la lenteur. Mais les priorités du
gouvernement ont justement pour objectif de combler ces failles par le biais
des différentes réformes en cours notamment l'abrogation du Code
des investissements par la loi du 13 août 199681(*) et la mise en place d'un
système de contrôle avant expédition géré
depuis le 1er avril 2003 par la Société générale de
Surveillance (SGS)82(*)
.
En ce qui concerne les services fiscaux, il leur est
reproché entre autre l'opacité de leurs interventions,
conséquences inévitables de la complexité du
système fiscal malgache : plus de 20 taxes différentes sont
perçues au titre du régime de droit commun et les réformes
demandées par le FMI tardent à être appliquées. Les
critiques portée à l'encontre du système fiscal malgache
vont être traités plus en détail dans la deuxième
partie.
Ø L'administration les formalités
administratives
Les reproches s'adressent à
l'administration malgache en général pour sa lenteur et la
corruption qui y sévit. Outre l'administration fiscale et
douanière, les services de l'immigration et de la gestion des
étrangers sont aussi visées pour leurs mauvaises
« habitudes » de « monnayer » la
revalidation des autorisations provisoires.
Concernant la justice, les problèmes se situent au
niveau de sa partialité vis à vis des nationaux au
détriment des opérateurs étrangers mais ce penchant sans
doute compréhensible n'est pas pour autant admissible. La mise en place
d'un système d'arbitrage et de médiation83(*) en 1998 concourt à
écarter ce souci en proposant aux opérateurs une procédure
neutre et adaptée.
Une des failles de la Fonction Publique peut aussi se situer
dans le fait que l'administration malgache ne dispose pas de cadres ou
d'experts formés aux questions internationales. En conséquence,
les enjeux des différentes ces intégrations régionales
sont quasiment ignorés, alors que la Grande Ile est membre de plusieurs
organisations régionales et internationales (COI, COMESA etc. )
b/Obstacles par secteur d'activité
Il nous paraît utile maintenant de procéder au
recensement des obstacles à l'investissement dans les différents
secteurs d'activités.
Pour le secteur primaire, nous avons relevé le mauvais
état des infrastructures routières, la faiblesse du
système de financement du monde rural, le manque de sécurisation
foncière, l'insuffisance et la hausse du coût des intrants. Pour
l'aquaculture en particulier, le volume de stocks maxima en crevettes est
presque atteint.
Pour le secteur secondaire, notamment textile, on peut relever
l'insuffisance de la demande intérieure, l'obsolescence et
l'insuffisance des équipements, l'inadéquation du système
fiscal et la concurrence déloyale des produits d'importation
(contrefaçons, friperies, ...).
Pour l'industrie extractive, l'anarchie et l'exploitation
sauvage y règnent. Le manque de professionnalisme des opérateurs
représente un danger car depuis quelques années, si on
n'évoque que le cas d'un célèbre gisement de saphir d'une
région du sud84(*),
les trafiquants internationaux sont en train de puiser les richesses
souterraines de la région au détriment de la population locale.
De plus, la ruée suscitée par les découvertes de nouveaux
gisements a rendu dangereuse l'activité par un manque cruel de
sécurité. A titre anecdotique, il n'est pas rare à Ilakaka
de croiser une personne qui se déclare exploitant minier dès lors
qu'il possède une pioche et une lampe.
Enfin, le tourisme quant à lui, souffre du
manque de structures d'accueil, de l'insuffisance et du prix
élevé des dessertes aériennes malgré le
début de la concurrence. Par ailleurs, le système fiscal
inadapté est aussi critiqué ainsi que l'inexistence de
financement spécifique pour les investissements.
B - Les filières d'opportunité
Afin d'avoir une vision d'ensemble des filières
d'opportunités exploitables à Madagascar, nous avons
regroupé les opportunités par secteur.
1. Secteur primaire
Le secteur primaire regroupe plus de 80% de la population
active et
apporte sa contribution au PIB pour à 34% au PIB. Madagascar
propose des produits agricoles d'exportation de qualité tels que le
café, la vanille, le girofle, le poivre ou encore le sisal. Par
ailleurs, la pêche et l'aquaculture malgache sont deux domaines
très porteurs qui contribuent à 90% des recettes d'exportation du
secteur primaire85(*).
Les potentialités sont encore énormes dans ce secteur du fait de
l'étendue des surfaces non encore exploitées86(*).
Par ailleurs, l'intérêt de ce secteur
réside dans l'effort que le gouvernement envisage d'y porter. En effet,
les objectifs visés dans le DSRP, s'ils sont atteints, permettront sans
doute d'obtenir des résultats intéressants.
2. Secteur secondaire
L'intérêt du secteur secondaire réside
dans le bâtiment et les travaux publics, l'agroalimentaire et
l'agro-industrie en général, l'industrie du textile et de
l'habillement et l'industrie extractive et l'énergie.
L'explosion du secteur du Bâtiment et des Travaux
publics s'explique par la priorité fixée par le gouvernement
à la réhabilitation des routes et des infrastructures
routières87(*).
Le textile est sans doute le domaine qui a le plus dynamiser
l'exportation malgache depuis les années 90. En effet, la
création de la zone franche industrielle en 1989 a encouragé les
investissements directs étrangers à intervenir dans cette
branche. Elle demeure la plus performante du secteur secondaire. Le secteur du
textile et de l'habillement a représenté plus de 90% de la valeur
de la production des entreprises franches en 2001. L'éligibilité
et par la suite la qualification de Madagascar pour l'AGOA depuis 2000 a
davantage fait du textile un moteur de développement palpable pour le
pays puisque presque 80% des investissements étrangers sont
attirés par ce secteur à cause des avantages offerts par cette
adhésion.
L'industrie agroalimentaire est intéressante de par la
diversité des matières premières et la diversité du
tissu industriel local.
L'industrie extractive quant à elle dispose d'une forte
potentialité. En effet, Madagascar regorge de produits miniers
très diversifiés couvrant la majeure partie de l'île, tels
les matériaux de carrière (marbre, granite...), les gemmes et
minéraux de collection (rubis, saphir, émeraude...), minerais
(nickel, titane, cobalt...), minéraux industriels (mica, graphite...),
ressources énergétiques (charbon, hydrocarbures, chromite...).
Une nouvelle loi sur les grands investissements miniers
visant les investissements de plus de 250 Millions de dollars US a
été adoptée. Elle prévoit des dispositions
fiscales et financières particulièrement intéressantes
(exonération de l'impôt sur les bénéfices durant les
cinq premières années, garantie de rapatriement des fonds et de
liberté de conversion des capitaux...). Par ailleurs,
l'intérêt du secteur réside dans le fait qu'actuellement on
n'y dénombre que deux projets d'exploitation de grande
envergure88(*).
3. Le secteur tertiaire
Le secteur tertiaire est dominé par le
tourisme, l'informatique, les télécommunications et les banques.
Le tourisme est le deuxième secteur pourvoyeur
de devises et dispose de potentialités énormes car Madagascar
est un lieu de destination de premier choix si on n'évoque que sa faune
et sa flore endémiques, ses réserves naturelles ou sa
potentialité balnéaire.
La libéralisation du secteur de la
télécommunication a par ailleurs permis au secteur de la
téléphonie mobile de prendre un essor remarquable. De plus ,
le régime de l'entreprise franche a donné une ouverture à
la création d'entreprises spécialisées en traitement de
données informatiques ou en travaux informatiques de sous-traitance. Les
investissements nécessaires pour cette branche ne sont pas lourds
financièrement, la main d'oeuvre est abondante, facile à former
et de très bon rapport qualité/prix.
Dans sa bataille pour le développement durable,
le gouvernement malgache mise énormément sur l'investissement
privé aussi bien national qu'étranger pour développer
l'économie de la Grande. L'orientation économique actuelle semble
se tourner davantage vers les investisseurs étrangers puisque le
leitmotiv actuel est d'« attirer par tous les moyens les investisseurs
à s'installer à Madagascar ».
Comme l'Etat ne dispose pas des moyens pouvant lui
permettre de faire lui-même les investissements, le recours aux
investissements étrangers constitue pour Madagascar la première
solution pour la croissance économique rapide.
§2 - L'implantation des sociétés
à Madagascar
Pour s'implanter à Madagascar, trois formes de
sociétés sont possibles : l'entreprise individuelle, la
Société à Responsabilité Limitée ou SARL, la
Société Anonyme ou SA. Actuellement, on dénombre une forte
proportion d'entreprises individuelles (94%) contre un nombre faible de
sociétés. Les SARL représentent environ 3% de l'ensemble
tandis que les SA ne représentent que la part infime de 0,5%.
Pour faciliter la création d'entreprise, l'Etat
malgache a mis en place un Guichet Unique des Investissements et du
Développement des Entreprises ou GUIDE89(*) qui a pour objectifs de faciliter les
investissements nationaux et étrangers et de mettre en confiance les
investisseurs. La procédure d'installation d'une société
à Madagascar a été largement simplifiée depuis la
mise en place de ce Guichet unique. Nous allons voir qu'avant la mise en place
du Guide, la procédure de constitution et d'implantation était
lourde et source de problèmes.
A - Les procédures d'implantation
1. Les formalités pratiques
administratives
Il est très facile matériellement de
réunir toutes les conditions nécessaires pour la création
d'une entreprise puisque le capital minimum est de 500 000 Fmg90(*) pour les SARL et les SA non
financières et 5 000 000 Fmg91(*) pour les SA financières.
Pour l'installation dans le territoire, la procédure
ne se différencie pas particulièrement de toutes
formalités d'entrée qu'on connaît : possession d'un
passeport en cours de validité, titulaire d'un visa d'entrée et
de séjour délivré par les représentants
diplomatiques ou consulaires malgache et autres formalités relatives au
titre de transport , à la déclaration d'identité, à
la résidence.
Les formalités administratives sont simples pour un
investisseur désirant s'installer à Madagascar. Il lui faut
produire : quatre photos d'identités, une demande motivée,
timbrée et adressée à Monsieur le ministre de
l'Intérieur, une notice de renseignement, un extrait du casier
judiciaire délivré par son pays d'origine de moins de 6 mois, une
photocopie du passeport et du visa accompagnée d'une enveloppe
timbrée avec adresse à Madagascar enfin, un
récépissé justifiant le paiement du cautionnement
auprès du Trésor public. Ce n'est pas le volume des documents en
soi qui peut retarder l'installation de l'investisseur mais plutôt
l'attente de la suite à donner à sa demande. De plus, les
problèmes de corruption et de trafics divers surviennent au moment du
traitement des dossiers, certains services étant souvent
« monnayés » par les agents chargés de leur
instruction.
Par ailleurs, s'il s'agit d'une société,
l'investisseur doit également fournir en plus le statut de la
société, une déclaration d'existence, une inscription au
registre de commerce. Pour les entreprises individuelles, il faut une
attestation de paiement de la taxe professionnelle. Qu'il s'agisse d'une
société ou d'une entreprise individuelle, le demandeur doit
fournir une attestation bancaire délivrée par une banque locale
attestant l'existence d'un compte, une attestation de dépôt de
demande d'une carte professionnelle, une carte de numéro
d'identification fiscale, une attestation de paiement d'impôt ou
état 211 bis, une attestation de régularité
vis-à-vis de la réglementation de changes délivrée
par le service compétent à la direction du Trésor.
Ces procédures permettent de s'assurer du statut de
l'investisseur potentiel afin de distinguer les vrais opérateurs des
investisseurs dits « sac à dos » mais elles ont le
désavantage de prendre beaucoup de temps.
2. Les étapes de la
constitution
Le passage montre la complexité de la
procédure avant la mise en place du Guide car les activités sont
nombreuses et devaient se faire dans des lieux différentes.
Après avoir défini l'objet et le siège
social et procédé à l'Assemblée
générale constitutive, le promoteur doit légaliser et
enregistrer les statuts et documents annexes à la Mairie dont
dépend le siège.
Il doit ensuite faire une déclaration d'existence
auprès du Bureau des Sociétés et publier ensuite la
création de la société dans un quotidien national.
La procédure fiscale prend ensuite le relais avec
l'enregistrement fiscal et la réalisation d'une déclaration
fiscale qui se fait au bureau des sociétés.
Le promoteur doit par la suite régler la taxe
professionnelle ou la patente auprès du bureau de perception dont
dépend le siège social afin d'obtenir l'extrait du rôle qui
sera délivré au bureau du Trésor.
Il doit par la suite procéder aux
immatriculations : au registre du commerce près du Greffe du
Tribunal de Commerce pour obtenir un numéro analytique et chronologique,
immatriculation statistique auprès de l'INSTAT pour obtenir un
numéro statistique et immatriculation fiscale auprès du centre
fiscal pilote pour obtenir un Numéro d'Identification Fiscale (NIF).
Enfin, les dernières procédures concernent
l'obtention de la carte professionnelle auprès des Contributions
directes, la publication légale dans le Journal Officiel auprès
de l'imprimerie nationale, l'ouverture d'un compte bancaire, la
rédaction d'une déclaration d'ouverture auprès du
Ministère du Travail et l'affiliation à la Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale et l'adhésion à l'Organisation
Sanitaire Inter-Entreprise (OSIE).
En ce qui concerne les entreprises franches, les
procédures sont distinctes et se font auprès du Bureau Unique de
Domiciliation des Opérations de Régimes suspensifs ou BUDORS qui
s'occupe des créations d'entreprises, de l'octroi de visas et du permis
de travail pour les expatriés, la délivrance de toute
autorisation nécessaire aux investissements à Madagascar :
agrément en entreprise franche, diverses activités pour les
activités touristiques... dans un délai de 15 à 20 jours.
B- Une procédure facilitée
La facilitation de la procédure est due essentiellement
à la création du GUIDE, organe rattaché au
ministère de l'industrialisation, du Commerce et du développement
du Secteur privé qui a pour missions de fournir des informations,
conseils et orientations aux investisseurs.
Afin de pallier les problèmes de complication
de procédure entraînant une grosse perte de temps, les
démarches administratives se rapportant à la création,
à l'investissement et au fonctionnement de l'entreprise ont
été allégées : la création, la
modification et la cessation d'activité des entreprises (03 jours), le
visa pour les investisseurs étrangers (05 jours), l'octroi de permis de
travail pour les salariés étrangers (72 heures), la
réception et l'instruction des demandes d'acquisition de terrains pour
les étrangers (60 jours), les demandes d'avis préalable dans le
tourisme (25 jours), l'agrément des entreprises franches (20 jours).
Une telle facilitation pose quand même la
question de l'effectivité et d'uniformité dans l'application des
mesures. Les mesures d'accompagnement de telles réformes ne sont pas
mises en place automatiquement faute de moyens et de prévisions et une
telle instabilité risque de favoriser encore plus l'usage abusif de
mesures discrétionnaires et la corruption. Par ailleurs, un tel
empressement peut empêcher l'étude des dossiers
présentés car malgré toute l'intention de promouvoir
l'investissement, nous ne pensons pas que l'objectif est de faire entrer tout
le monde avec n'importe quoi. La réalité est aussi que
malgré ces délais, les promoteurs se plaignent toujours
Par ailleurs, le GUIDE a pour mission de mettre en place un
système de communication opérationnel étant donné
qu'un des problèmes majeurs à Madagascar est l'absence de points
d'information.
La présentation de l'environnement économique
existant à Madagascar a permis d'asseoir l'environnement dans son
contexte qui est plutôt propice à la venue des investisseurs. Nous
allons voir que le gouvernement entend également instaurer un cadre
institutionnel et juridique incitatif.
Chapitre II - Un cadre institutionnel et juridique
plutôt propice à l'investissement
Au sortir des évènements de 2002, l'effort du
nouveau gouvernement a été concentré dans les
stratégies à court terme pour la sortie de la crise et à
plus long terme pour installer la bonne gouvernance et la transparence. La
lourde tache qui incombait aux nouveaux dirigeants était surtout de
rétablir la confiance des opérateurs économiques et des
usagers des services publics, et de mettre en place un développement
« rapide » et au mieux « durable » et
« équitable » qui impliquerait tout le monde dans la
lutte contre la pauvreté qui ronge le pays depuis trop longtemps. Dans
cette optique, les pouvoirs publics ont mis en place un cadre institutionnel et
juridique à vocation sécurisante.
Section 1 - Les stratégies du gouvernement pour un
cadre institutionnel sécurisant
Depuis 1990, Madagascar s'est lancé dans une politique
de libéralisation de l `économie92(*) économique
tournée de plus en plus vers les échanges internationaux. De
multiples programmes de réforme93(*) et de réajustement ont été
instaurés et soutenus par les institutions de Bretton Woods. Le nouveau
cadrage macroéconomique prévu par le DSRP répond au
désir d'installer une économie de marché basée sur
l'initiative privée. L'Etat fera l'effort désormais de se
consacrer essentiellement à ses fonctions régaliennes. Pour
réaliser ce programme, les autorités étatiques se sont
fixées des « défis » visant un
développement rapide et durable tout en oeuvrant pour la mise en place
d'un cadre juridique sain et clair.
§1 - Les défis d'un développement
durable
L'héritage du peuple malgache en général
et de son gouvernement actuel en particulier est un pays plongé dans un
extrême dénuement où la pauvreté frappe avec
acuité la majorité de la population. Madagascar s'est vu
appliquer des plans de développement depuis la Charte de la
Révolution Socialiste de 1975 jusqu'aux récentes politiques
d'ajustements structurels. La problématique reste entière 44
années après l'indépendance. Cette situation conduit
naturellement tout observateur à se poser cette lancinante
question : « au seuil de l'an 2000, Madagascar a t-elle encore
un avenir »94(*) ?
La pauvreté combinée avec « l'absence
de stratégie d'ensemble en matière de développement et de
protection sociale ou l'inefficacité de celles qui ont pu être
menées95(*) » et conjuguée avec les
conséquences dramatiques de la crise de 2002 ont nourri la
volonté des pouvoirs publics actuels de redresser rapidement la
situation socio-économique du pays et de réaliser un
développement économique rapide et durable en adoptant des
stratégies radicales. L'objectif est de réduire la
pauvreté de moitié en 10 ans.
A - Développement rapide et durable ?
1. Définition
La définition du DSRP n'entend pas encore le
développement comme le fait de « parvenir au stade de la
modernité économique et de la réussite
industrielle96(*) » mais dans un sens plus primaire
« de la possession et/ ou la maîtrise des moyens de
production » d'une part et de l'«effectivité de la
jouissance des fruits de la croissance » d'autre part. Puisque l'objectif
final est la lutte contre la pauvreté, ce développement doit
être conçu « pour » et
« avec » les pauvres.
Si on raisonne en terme d'organisation, rapidité et
durabilité ne font pas forcément bon ménage. Nous verrons
pourquoi le gouvernement allie t-il ces deux concepts ?
En premier lieu, la rapidité tient à l'urgence
de la situation97(*). Les
actions doivent pouvoir être mises en oeuvre immédiatement. Dans
son allocution lors de la présentation officielle du DSRP, le
Président Ravalomanana parle « d'actions immédiates et
d'urgence car nombre de préoccupations quotidiennes ne peuvent attendre
et les catégories sociales les plus vulnérables de la
société sont en péril » . Et lui d'ajouter
« des actions pour le court et moyen termes pour asseoir les bases
d'une société moderne, forte et véritablement
démocratique ».
La durabilité rejoint cette notion de fondation car
pour mettre en place un développement pérenne, il faut
établir des bases solides. Cela nécessite conditions
matérielles et un cadre psychologique et juridique
approprié : redécouverte de la morale malgache, la
trilogie : bonne gouvernance, transparence, lutte contre la
corruption , etc.
2. Les axes stratégiques
Le programme d'actions s'étale sur trois ans (2003,
2004, 2005) et va s'articuler autour de trois « axes
stratégiques ».
En premier lieu, l'urgence tient à la mise en place
d'un environnement favorable au développement rapide et durable. Le
premier axe stratégique répond à cette priorité en
visant à « restaurer un Etat de droit » et une
« société bien gouvernancée ». La
stratégie a trait au développement d'un cadre institutionnel de
bonne gouvernance. Qu'est ce que la bonne gouvernance ? La bonne
gouvernance aborde la manière dont les affaires de l'Etat sont
menées. Elle implique l'obligation de rendre compte, la concertation
entre gouvernement et société civile, la responsabilisation, la
transparence, la lutte contre la corruption, l'Etat de droit, un système
judiciaire efficace et neutre, la confiance de la population et la
crédibilité des gouvernants98(*).
Le second axe devra « susciter et promouvoir une
croissance économique à base sociale très
élargie ». En d'autres termes, la croissance économique
reposera sur une politique économique qui veillera à faire
participer tous les secteurs d'activités. Le DSRP prévoit la mise
en place de cadre d'action de partenariat et de solidarité visant
à intégrer le plus grand nombre, notamment les pauvres. Cet axe a
pour stratégie « d'accélérer la croissance par
l'augmentation d'investissements efficaces et par l'ouverture à
l'économie mondiale ». Cet axe veillera au
développement des secteurs porteurs, au développement des
infrastructures structurantes, au développement et à la
dynamisation du secteur privé et à l'ouverture à la
concurrence mondiale
Enfin, la stratégie du troisième axe consiste
à « susciter et promouvoir des systèmes de
sécurisation humaine et matérielle et de protection sociale
élargie ». Ce programme vise à réduire
l'écart entre riches et pauvres, entre villes et campagnes, entre hommes
et femmes quant à la sécurisation alimentaire, la santé,
l'éducation, l'habitat, l'environnement pour que les fruits de la
croissance puissent bénéficier à tous.
B - La mise en oeuvre de la stratégie
La mise en oeuvre des programmes permettant d'atteindre les
objectifs s'articule autour des trois axes. Malgré
l'intérêt des deux autres axes, notre travail développera
essentiellement le deuxième axe stratégique qui contient les
impératifs relatifs à l'investissement.
1. Le programme de mise en oeuvre
Pour rappel, le deuxième axe
stratégique a pour objectif d'atteindre un taux de croissance
économique de 8 à 10%, d'atteindre un taux d'investissement de
20%, de dynamiser le secteur privé afin qu'il participe à hauteur
de 12 à 14% au taux d'investissement et à ouvrir
l'économie à une plus grande concurrence.
Les actions porteront sur 5 points
fondamentaux : la mise en oeuvre d'une politique budgétaire, le
développement des secteurs porteurs, le développent et la
densification des infrastructures structurantes, le développement et la
dynamisation du secteur privé et enfin l'ouverture à la
concurrence mondiale.
Le plan d'action prévoit le
développement des infrastructures qui constitue la première
priorité du pays. Après la mise à la disposition des
investisseurs d'une infrastructure adéquate, l'amélioration de
l'environnement constitue le deuxième priorité.
L'investissement privé étant
influencé par un cadre incitatif et sécurisant Le principe de
"partenariat public-privé" (3P) aura un rôle
prépondérant dans la mise à contribution des acteurs dans
le développement. L'Etat jouera son rôle de facilitateur et
d'animateur de l'économie et agira en tant que levier de
développement dans l'affectation des ressources. Le Secteur
Privé, quant à lui, sera le moteur de la croissance.
Le Gouvernement vise l'accélération de
la croissance par l'augmentation de l'investissement et l'ouverture à
l'économie mondiale.
Des actions publiques importantes dans le volet
social: l'Etat mettra en oeuvre des systèmes de gestion
spatialisée et solidaire, de programmes de sécurisation
alimentaire, de santé, d'éducation, d'habitat et d'environnement,
afin que la croissance profite au plus grand nombre.
Bénéficiant de l'initiative en faveur
des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE), le Gouvernement malgache
attend une réduction du taux de pauvreté de moitié dans 10
ans, entre autres, grâce aux ressources générées par
l'annulation de 50% du stock de la dette, dans un horizon d'une année.
Cela dépend de la réalisation d'un taux de croissance
économique de 8 à 10% et d'un taux d'investissement de 20%, avec
une participation à hauteur de 12 à 14% du Secteur Privé.
Madagascar est appuyé par ses partenaires et
amis qui affichent clairement leur volonté d'apporter leur soutien au
redressement de sa situation socio-économique, à travers la
promesse de financement de l'ordre de 2,477 milliards de dollars pendant une
période de 4 ans, obtenue lors de la Conférence tenue à
Paris en juillet 2002 des Amis de Madagascar regroupant les principaux
bailleurs institutionnels.
Le travail est de longue haleine et les mesures
ambitieuses. La réussite du plan dépend de la maîtrise de
plusieurs paramètres qui ne sont pas toujours quantifiables.
2. Les craintes pour la mise en oeuvre de la
stratégie
Malgré tout l'attrait de ces stratégies et tout
l'espoir qui pourrait en découler, la mise en oeuvre de tous ces
programmes risque de prendre beaucoup de temps encore. Non seulement le projet
est ambitieux mais il cherche à remettre en cause tout un système
qui s'est ancré dans le laisser aller et le fatalisme. Malgré
l'état d'esprit positif du peuple malgache au sortir de la crise et de
sa volonté de connaître enfin autre chose que l'extrême
pauvreté, le défi est de taille. Si on se réfère au
contexte pour lequel le DSRP a été élaboré, on
pourrait penser que le document s'est doté de toutes les bonnes
résolutions pour être éligible à l'initiative IPPTE,
qui rappelons-le est une initiative qui permettra la réduction totale ou
partielle des dettes d'un pays pauvre très endetté, comme c'est
le cas de Madagascar.
Nous n'avançons pas que les programmes en occurrence,
le défi de réduire la pauvreté de moitié en 10 ans,
sont impossibles à réaliser, nous émettons juste des
réserves qui permettront d'en juger objectivement ce qui pourrait se
faire.
L'une des contraintes est la durée. Comme les actions
s'inscrivent dans le cadre d'un développement
« rapide » et « durable », la question
se pose de savoir si avec tout ce qu'il y a à faire, le pari sera
tenable.
Par ailleurs, une autre contrainte concerne les acteurs de ces
projets, un projet fait « pour » et
« par » le peuple. Mais le peuple en question a t- il
vraiment les moyens pour agir ? La pauvreté, l'ignorance, le manque
de volonté engendrés par une politique qui les a trop longtemps
écartée, pourront-ils encore permettre à une population de
prendre en main activement son destin ? Certes, les données et
formulations du DSRP se basent sur une approche participative des citoyens mais
nous faisons quand même un distinguo entre théorie et pratique.
Les questions de ce genre sont nombreuses et à ce
stade des évènements, nous ne pouvons que nous interroger
à défaut de disposer de résultats concrets.
Les autres contraintes, plus
« économiques » cette fois ci concernent les
faiblesses et menaces quantifiables. La liste n'est pas exhaustive mais nous
avons essayé de relever les plus flagrantes d'entre elles.
A côté de la faible croissance économique,
le taux démographique continue d'être toujours autant
élevé (autour de 2,8% ces dernières années contre
2,7% en 1975, 2,2% en 1966 et 1% jusqu'en 1950).
Par la suite, le poids contraignant de la dette est un
sérieux handicap qui bloque le pays dans toutes ses actions.
La crise post électorale de 2002 a laissé des
séquelles qui fragilisent particulièrement les industries
nationales et les entreprises franches. Cette situation implique la
difficulté de mobiliser les secteurs porteurs, pourtant, pilier central
de la relance économique.
Enfin, malgré les efforts importants
déployés par les organismes internationaux et ONG travaillant
dans le domaine, la dégradation de l'environnement constitue depuis
quelques années un problème majeur pour la société
malgache(100 000 ha de forêts environ continuent à
disparaître chaque année).
§2 - Les mesures d'incitation prises par le
gouvernement actuel
Dans le souci de sécuriser davantage l'environnement
des affaires, les dernières mesures prises par le gouvernement
rejoignent les efforts engagés pour l'instauration d'un cadre propice
à l'investissement : libéralisation de l'économie
à travers le processus de privatisation des sociétés
d'Etat et la libéralisation du mouvement des capitaux, liberté de
transfert des apports effectués par les étrangers
non-résidents et résidents, liberté de transfert des
dividendes par les actionnaires étrangers non-résidents,
suppression des taxes à l'exportation, intégration
régionale de Madagascar: appartenance au Marché Commun des pays
d'Afrique Australe (COMESA), à la Commission de l'Océan indien
(C.O.I), à la création de la Zone franche industrielle depuis
1989 pour les activités tournées vers l'exportation qui constitue
un régime d'exception en matière d'investissement et accorde des
avantages et des incitations sur les plans fiscal, douanier, financier et
social.
Les mesures prises ont trait non seulement à
l'environnement institutionnel mais également juridique. Les mesures
d'ordre juridique seront évoquées dans la section suivante.
Ces mesures se rapportent en premier lieu à
l'allégement des procédures de dédouanement de
marchandises avec la mise en place de Guichet Unique des douanes au niveau de
ports de Tamatave et de Mahajanga, l'utilisation du Document Douanier Unique
dans le cadre de la zone de libre échange (COMESA), la fluidification du
trafic par la sélectivité du contrôle,
l'accélération du passage en Douane, le libre transfert ou la
cession entre entreprises franches etc.
D'autres dispositifs administratifs servent d'appui au
développement du secteur privé. La mise en place du GUIDE qui
vise à faciliter et à alléger les formalités
administratives relatives à la création d'entreprises, à
l'investissement et au fonctionnement de l'entreprises. Dans la même
lignée, le Bureau d'Information pour les Entreprises (BIPE) est
actuellement opérationnel et appuie tout Secteur Privé dans la
démarche d'installation et de prospection.
Le partenariat établi entre l'Administration et le
Secteur Privé par la création du Comité d'Appui au
Pilotage pour la Relance de l'Entreprise (CAPE), favorise l' exécution
des mesures d'accompagnement au développement du Secteur privé.
Par ailleurs, le Programme national d'Appui au secteur privé offre des
informations de référence sur la situation du secteur
privé à Madagascar.
Dans le même esprit, il faut également citer les
mesures institutionnelles qui accordent aux investisseurs des garanties contre
les risques politiques et non commerciaux (adhésion à l'Agence
Multinationale pour la Garantie des Investissements MIGA/AMGI) ainsi les
risques relatifs aux transactions financières ou commerciales
(adhésion à l'Assurance du Commerce en Afrique ACA/ATI).
Enfin, la mise en place de lignes de crédit pour le
financement des besoins en fonds de roulement (Banque Européenne
d'Investissement, crédit mauricien, fonds subsaharien et dons japonais)
ainsi que celle d'un fonds de garantie destiné à sécuriser
les crédits de relance de l'économie devront atténuer les
problèmes que rencontrent les investisseurs en matière de
financement.
Section 2 - Un cadre juridique spécifique à
vocation sécurisante
Etant plus que jamais conscients de la nécessité
de mettre en place un environnement juridique sain et clair pour attirer les
investisseurs à participer au développement économique de
Madagascar, les autorités malgaches ont mis en place un cadre
réglementaire moins complexe et plus sécurisant tant au niveau
des biens que des transactions commerciales. L'objectif est de permettre
à toutes personnes morales d'investir librement sous conditions, bien
entendu, de respecter la législation et la réglementation en
vigueur. Le gouvernement veut s'appliquer à garantir la
sécurité des capitaux et des investissements, le respect des
droits de propriété individuelle ou collective ainsi que
l'égalité de traitement entre investisseurs nationaux et
étrangers sur le territoire national et le libre fonctionnement des
entreprises.
Madagascar accélère sa réforme judiciaire
ainsi que celle du droit des affaires. Une batterie de lois a été
adoptée pour renforcer les garanties offertes aux investisseurs. Elles
peuvent être classées en deux catégories : celles qui
visent à protéger directement l'investissement et celles qui
veillent à améliorer l'environnement dans lequel évoluent
les investisseurs.
§1 - Les lois visant directement les
investissements
Il faut rappeler que la Constitution de la République
de Madagascar reconnaît et garantit la libre entreprise et la libre
circulation des biens, des personnes et des capitaux .
Avec l'adoption de la loi n° 96-015 du 13 août 1996
abrogeant le Code des investissements de 1989 qui n'a pas permis d'atteindre
les objectifs prévus, tout investissement tombe désormais, soit
dans le régime de droit commun, soit dans le régime de zone
franche industrielle. Et tous les nouveaux investissements effectués
sont régis par le droit commun sauf option pour le régime de
Zone Franche Industrielle, plus particulièrement pour tout ce qui se
rapporte au régime fiscal.
La loi n°96-011 du 02 août 1996 portant
désengagement de l'Etat des entreprises publiques concrétise la
volonté du Gouvernement malgache de recentrer ses actions vers ses
missions essentielles (fonctions sociales, missions de service public,
fonctions régaliennes). Cette mesure a été prise afin
d'améliorer l'efficacité et la productivité des
entreprises, de créer les conditions pour développer les
investissements privés et d'élargir le rôle du secteur
privé dans toutes les activités économiques et, enfin,
d'alléger les charges de l'Etat.
Avec la loi n°96-013 du 02 août 1996 portant
autorisation de la signature d'un accord de crédit pour le Projet
d'Appui Institutionnel à la Gestion Publique entre le Gouvernement de
Madagascar et l'Association Internationale de Développement, le
Le Gouvernement malgache se propose de mieux assurer ses
missions essentielles en répondant aux besoins des utilisateurs des
services publics . Le projet a pour objectif d'améliorer la
capacité de gestion économique de l'Etat et de renforcer
l'efficacité du processus de décentralisation et de
réforme de la fonction publique et du cadre juridique.
Plus récemment, le Président de la
République a promulgué une série de lois visant à
simplifier les conditions d'investissements à Madagascar dont celle
relative au régime foncier de l'immatriculation .
L'accès des étrangers à la
propriété foncière mérite d'être
mentionné de par son caractère révolutionnaire.
La loi n°2003-028 du 21.08.2003 permet désormais à
tout étranger d'acquérir des biens immobiliers à
Madagascar sous réserve de présentation d'un plan et d'un
programme d'investissement et à condition de fournir une attestation
d'apport de fonds d'investissement égal ou supérieur à 500
000 USD.
Les superficies susceptibles d'être acquises varient
suivant les secteurs d'activité99(*) et vont de 5000 m2 à 25000 m2 avec
possibilité de dérogation suivant l'importance de
l'investissement en devises. Le secteur agricole quant à lui,
reste régi par le bail emphytéotique consenti pour une
durée supérieure à 18 ans mais n'excédant pas 99
ans.
§2- Les garanties offertes aux investisseurs
Les textes régissant le statut des investisseurs
garantissent par ailleurs:
- La liberté d'investir sans condition d'autorisation
d'investissement préalable
- La liberté de transfert des apports en capitaux et de
leurs revenus
- Le respect des droits de propriété individuelle
ou collective
- L'égalité de traitement des investisseurs
- Le libre fonctionnement de l'entreprise conformément
à ses règles statutaires
- La libre gestion du personnel dans le cadre du Code du Travail
et du Code de Prévoyance Sociale
Pour finir, il faut rappeler que l'ouverture sur
l'international est garantie par l'adhésion de Madagascar à
diverses conventions internationales (Convention de Paris sur la
propriété intellectuelle, Convention fiscale entre la France et
Madagascar).
PARTIE II
LES INCITATIONS FISCALES ET LEURS IMPACTS SUR
L'INVESTISSEMENT
A l'instar de ses compagnons d'infortune faisant partie
intégrante des pays « pauvres » de la
planète100(*),
Madagascar n'échappe pas à un système fiscal
lacunaire : par son volume (pression fiscale
inférieure à 20%), par sa structure
(prépondérance des impôts indirects et forte
dépendance aux impôts sur le commerce extérieur) et par sa
mal-administration ( insuffisance de personnel de l'administration fiscale
favorisant l'évasion fiscale)101(*). L'autre caractéristique commune de la Grande
Ile avec les autres pays du tiers monde est l'utilisation de l'impôt pour
atteindre des objectifs qui dépassent largement la simple couverture des
charges publiques. En effet, la fonction économique de l'impôt y
est largement exploité à un point où l'instrument fiscal
est considéré comme le « facteur décisif du
développement »102(*). L'incitation fiscale à l'investissement, fer
de lance du gouvernement actuel, s'inscrit justement dans ce cadre.
La deuxième partie de notre travail nous conduira
à voir comment les pouvoirs publics malgaches ont procédé
pour promouvoir l'investissement, de la mise en place des Zones Franches
Industrielles jusqu'à la récente politique de détaxation
massive (Chapitre I). Nous tenterons par la suite d'en dresser
un bilan (Chapitre II) qui nous permettra de dégager
les perspectives d'avenir. Mais auparavant, il nous paraît utile de
procéder à l'étude sommaire du système fiscal
malgache (Chapitre préliminaire).
CHAPITRE PRELIMINAIRE - LE SYSTEME FISCAL
MALGACHE
Dans les années 90, Madagascar faisait partie des pays
pour lesquels un programme rigide d'ajustement structurel s'avérait
nécessaire pour rétablir les grands équilibres
macroéconomiques et financiers. Les recommandations des bailleurs
de fonds étrangers (FMI et Banque Mondiale) visaient une réforme
en profondeur des structures de son économie. Ces réformes, qui
font partie de ce que les économistes appellent réformes
« sectorielles » englobent entre autres la privatisation
des sociétés d'Etat, la restructuration des dépenses
publiques et de l'administration mais aussi les réformes de
l'environnement institutionnel et, enfin, les réformes fiscales.
Ces dernières retiendront particulièrement
l'attention de notre travail puisque le constat, depuis l'indépendance
de 1960, est que le taux de pression fiscale malgache a toujours
été parmi les plus bas du monde. L'administration fiscale quant
à elle s'est toujours faite remarquer par son manque
d'efficacité.
Nous décrirons les éléments
caractéristiques du système fiscal malgache et essayerons d'en
faire l'analyse critique pour tenter d'expliquer son état actuel.
Section 1 - Les caractéristiques du
système
Les études qui ont été menées par
les économistes et statisticiens103(*) sur la fiscalité malgache ont fait
apparaître cinq traits essentiels : un système fiscal de
taille modeste, fortement centralisé, dépendant essentiellement
du commerce extérieur avec un rendement relativement faible et excluant
certains groupes de la population de ses circuits.
§1 - Un système fiscal de taille modeste et
fortement centralisé
A - Un système fiscal de taille modeste
Comme le montre le graphique relatif à
l'évolution budgétaire (Graphique 1), la part des recettes
fiscales dans les recettes globales n'a jamais dépassé le seuil
des 13 %. Ce graphique couvre la période allant de 1961 à 1996.
Les données plus récentes confirment cette stagnation puisque le
taux le plus élevé enregistré atteint à peine 11%
(11,3% en 2000)104(*).
Il n'y a pas lieu de faire une comparaison avec les pays
développés pour affirmer que ce taux est très faible
puisque même au sein des pays les plus pauvres du monde, le taux le plus
bas est de l'ordre de 20%.
Cette situation est plus que paradoxale dans la mesure
où les recettes fiscales constituent pour l'Etat l'instrument essentiel
et « privilégié » pour assurer ses missions
de services publics. De surcroît, cette année, il compte
essentiellement sur la fiscalité pour financer l'augmentation de 41,9%
du budget 2004 par rapport à celui de 2003.
B - Un système fiscal fortement centralisé
Malgré l'effort de décentralisation des services
publics inscrit dans la politique nationale de l'Etat malgache, le
système fiscal malgache reste encore très centralisé.
Cette forte centralisation se traduit par la part infime des ressources
fiscales perçues par les collectivités
décentralisées (moins de 5%). En effet, même les
impôts locaux comme l'impôt foncier et l'impôt sur la
propriété bâtie sont perçus au niveau central. Les
ressources propres des collectivités décentralisées
n'existent pas vraiment. Ces dernières bénéficient des
transferts financiers de l'Etat pour assurer la couverture de leurs
dépenses de fonctionnement.
§2 - Un système dépendant fortement du
commerce extérieur avec un rendement relativement faible
A - Prépondérance des impôts indirects
La lecture du tableau sur la structure
fiscale malgache105(*) laisse apparaître la faiblesse de la
fiscalité directe et, en contrepartie, une prépondérance
de la fiscalité indirecte avec une part très consistante des
taxes à la frontière (environ 50% des recettes fiscales). Cette
situation s'explique par le fait que la fiscalité directe, formée
essentiellement par les impôts sur le revenu et les
bénéfices est souvent plus difficile à administrer et
à maîtriser que les droits et taxes aux frontières. En
effet, à l'instar de nombreux pays pauvres, Madagascar se trouve
confronté à des problèmes économiques et sociaux
l'empêchant d'exploiter la fiscalité directe.
Graphique 1 - Evolution budgétaire (en % du
PIB)
Le fiscaliste laotien P. Ngaosyvathn106(*) dresse un tableau peu
reluisant expliquant cette situation, et un rapprochement avec les
réalités de la Grande Ile montre que la
« répulsion de l'impôt envers les ressources
économiques intérieures » n'est pas propre au cas
malgache. Ce rapprochement tente d'expliquer la faiblesse de la
fiscalité directe malgache par l'extrême pauvreté. Si
l'auteur réfute la thèse de la pauvreté comme justifiant
cette situation, il reste à souligner qu'une société dont
les deux tiers des éléments qui la composent vivent en dessous du
seuil de pauvreté peut difficilement faire l'objet d'une ponction
fiscale importante et régulière . Par
ailleurs, l'une des difficultés expliquant cette situation est la
structure même de la société malgache : une
société marquée par la dispersion des habitants vivant en
zone rurale mais qui constituent plus de 80% de la population totale. Ces
dernières années, on assiste par ailleurs à une importante
informalisation des secteurs d'activités. Ceci rend difficile voire
impossible l'évaluation des revenus perçus par ceux qui y
évoluent.
Il faut rappeler que de l'indépendance jusqu'en 1972,
les impôts directs visaient toutes les couches de la population
travailleuse. L'Impôt Minimum Forfaitaire sur les Personnes (IMFP) et
l'Impôt sur les Bovidés (IB) touchaient les ruraux et les
informels, tandis que l'Impôt sur les Bénéfices Divers
(IBD) et l'Impôt sur les Revenus frappaient les entreprises et les
travailleurs formels. Mais avec l'abolition de ces deux impôts en 1972,
les travailleurs ruraux et les informels échappent à
l'impôt direct depuis plus de trente ans. La mise en application d'un
nouvel Impôt Synthétique (IS) prévue dans le CGI depuis
1999, après un recensement des contribuables potentiels - aurait permis
de réintégrer les ménages ruraux et ceux qui
évoluent dans le secteur informel dans le paysage fiscal actuel. Mais si
une telle mesure peut avoir l'avantage d'élargir l'assiette étant
donné que plus de 70% de la population sont visés, elle doit
être accompagnée d'une très importante campagne de
vulgarisation et d'information pour une meilleure compréhension de la
notion d'impôt et du devoir fiscal. En effet, il est assez difficile pour
une catégorie de personnes qui ne savent pas ou savent à peine
lire et écrire de comprendre le mécanisme de la fiscalité.
Le problème du monde rural a toujours été son isolement et
son ignorance. La masse paysanne est souvent celle qui subit les
décisions du pouvoir et qui exécute, non par conviction, mais par
craintes des éventuelles sanctions qui ne sont d'ailleurs pas souvent
prises. Cette schéma est classique dans le milieu rural malgache, qu'il
s'agisse vulgarisation agricole ou de sensibilisation médicale. Il est
encore plus vrai s'agissant de l'impôt.
1. Un rendement relativement
faible
La faiblesse du rendement touche surtout la fiscalité
directe qui accuse un énorme manque à gagner issu de la
différence entre taux effectifs et taux officiels107(*). Le manque à gagner
n'épargne pas non plus la fiscalité indirecte mais dans ce volet,
il touche plutôt la fiscalité interne. Les résultats de la
même étude réalisée par l'Instat sur la politique
fiscale à Madagascar montrent que cette situation s'explique par
l'évasion et la fraude fiscales, la faiblesse du mécanisme de
collecte, le manque de contrôle et l'absence de comptabilité
fiable d'un grand nombre de contribuables.
§3 - Un système fiscal excluant certains
groupes de la population de ses circuits.
Comme mentionné plus haut, la population malgache est
constituée à majorité de pauvres. Cette frange majoritaire
de la population reste totalement en dehors du circuit fiscal. Elle est
doublement défiscalisée : elle ne paie presque pas
d'impôt et, en contrepartie, elle ne reçoit presque rien des
services publics. De surcroît, cette population pauvre évolue de
plus en plus dans le secteur informel, ce qui réduit davantage les
possibilités de l'intégrer dans le circuit officiel.
Cette description sommaire du système fiscal malgache
laisse apparaître les critiques que nous pouvons porter à son
encontre.
Section 2 - Analyse critique du système
Pour ajouter à ce qui a été
déjà dit, les autres critiques portées à l'encontre
du système fiscal ont trait d'une part, à la structure du
système en soi et d'autre part, à l'administration fiscale.
§1- Critiques à l'égard du
système fiscal
Comme la structure de base de l'administration fiscale est
encore celle héritée de la colonisation, le système a
été longtemps handicapé par les problèmes
d'organisation administrative. En effet, avant les réformes de 1997 qui
ont fusionné les trois régies de recouvrement108(*) en un seul
« Service des Opérations Fiscales »,
l'accomplissement des devoirs fiscaux représentait pour le contribuable
une procédure lourde et fastidieuse. La création du Centre Fiscal
Pilote des Entreprises (CFPE), la centralisation des opérations en
douanes des entreprises franches dans les Bureaux de Domiciliation des
Régimes Suspensifs (BUDORS) font partie des mesures prises pour pallier
à ces inconvénients, notamment en ce qui concerne les
procédures en matière d'investissement.
La complication du système est en outre souvent
mentionnée par les contribuables109(*). Ne s'écartant pas trop de la lourdeur, la
complication a trait à la difficulté de comprendre le
système, difficulté amplifiée par la trop grande
diversité des impôts et taxes.110(*).
Le système fiscal est enfin taxé de
déséquilibré et d'inéquitable. La clef de
voûte de ce système repose sur les taxes à la consommation,
les tarifs douaniers, l'impôt sur le bénéfice des
sociétés et les impôts sur le revenu des personnes
physiques alors qu'il comporte une vingtaine d'éléments. La
perception de l'iniquité s'apparente plutôt à une
incompréhension du système et de sa logique car la perception que
les contribuables ont du système fiscal et douanier faire
apparaître des avis partagés : les petits contribuables
pensent que ce sont eux qui paient le plus d'impôt tandis que les grandes
entreprises pensent que ce sont eux qui paient la part la plus importante.
§2 -Critiques à l'égard de
l'administration fiscale
L'administration fiscale malgache ne s'éloigne pas du
catalogage des administrations des pays du tiers monde, à savoir une
administration marquée par une
« sous-administration » et une « mal-
administration ».
La « sous-administration » a trait
à l'insuffisance numérique de personnel. Pour Madagascar,
l'administration fiscale emploie 1311 agents pour une population de 17 millions
d'habitants dont 134 inspecteurs, 339 contrôleurs, 299 agents, 29
préposés et 510 cadres interministériels. Le manque de
personnel limite inévitablement le nombre de vérifications et de
contrôle de déclaration ainsi que le suivi correct des relances
d'où le manque de performance de l'administration fiscale.
La « mal-administration » se rapporte
à la compétence et à la probité des agents du fisc.
En effet, le changement trop fréquent des dispositions fiscales et des
procédures font que le système finit par être mal compris
par les usagers et même par les agents qui sont chargés de les
appliquer. Cela est du à une absence de politique de communication au
sein de l'administration, à un manque d'information et de formation. Les
résultats du côté de contribuables en sont une diminution
du civisme, la perte de la notion de devoir fiscal entraînant
l'institution de l'évasion fiscale et partant la piètre
performance de l'administration fiscale.
Par ailleurs, l'un des maux de l'administration fiscale est
également la corruption qui y sévit et qui peine à
être éradiquée. Dans le cadre du DSRP, les pouvoirs
publics malgaches ont mis en place une Cellule Nationale de Lutte contre la
Corruption qui, il faut l'espérer, aura une bonne influence sur la
mentalité des agents de l'administration fiscale en particulier mais
aussi de l'administration publique en général.
Pour conclure ce chapitre préliminaire, notre
interrogation porte sur la difficulté pour l'Etat de collecter
l'impôt. Malgré les discours officiels accompagnés d'une
série de mesures d'envergure au cours des années
précédentes (suppression du code des investissements, liste des
mauvais contribuables, fraudes avérées et exonérations
iniques, élargissement du champ de la TVA aux entreprises franches et
aux médicaments, etc.), malgré l'appui technique et financier des
bailleurs de fonds, l'administration fiscale n'a pas réussi à
redresser sensiblement le taux de pression fiscale pourtant parmi les plus
faibles du monde.
Y a t-il des explications qui dépassent le manque de
moyens ou l'incompétence ? Y a t-il une résistance plus ou
moins passive ? Sur ce point, la question fiscale est apparue comme l'un des
meilleurs exemples de la difficulté à mettre en oeuvre ces
réformes de fond susceptibles de garantir le succès de la
transition vers l'économie de marché.
Chapitre I - Les politiques d'incitations fiscales
menées par les pouvoirs publics malgaches
Dans la partie consacrée au cadre général
des investissements, nous avons vu que la décision d'investir
dépend de plusieurs facteurs autres que fiscal. L'on peut même
ajouter que les considérations fiscales n'ont qu'une importance
très relative dans le processus décisionnel des investisseurs
étrangers désirant s'établir, qui ont plutôt des
soucis d'un autre ordre : les matières premières, la main
d'oeuvre, les débouchés, la stabilité politique, le
système de change etc.
Malgré ce constat, nous allons voir que la
fiscalité reste le fer de lance des pouvoirs publics malgache dans la
bataille du développement qui dure depuis plus de 40 ans maintenant.
Le rapprochement que nous nous proposons de faire vise un
domaine particulier de la politique fiscale : celui qui se rapporte
à l'incitation fiscale à l'investissement.
Comme la promotion des IDE constitue une des bases de la stratégie
adoptée dans le DSRP pour étoffer le tissu industriel malgache,
les pouvoirs publics malgaches ont décidé de réorienter
la politique fiscale dans ce sens.
La politique d'incitation fiscale à l'investissement
menée à Madagascar se résume essentiellement en la mise
en place des régimes fiscaux de faveur contenus dans les Codes des
investissements et dans le régime de Zone franche. L'abrogation
récente111(*) du
dernier Code des investissements qui ramène dans le régime du
droit commun tous les investissements effectués et à venir hors
zone franche, et la politique de détaxation fiscale et douanière
décidée en 2003 traduisent sans doute une volonté ferme
d'améliorer le système.
Section 1 - De la mise en place des zones franches
industrielles au dernier code des investissements.
Deux régimes fiscaux régissent actuellement les
investissements à Madagascar : le droit commun et le régime de
Zone Franche. Après l'abrogation du dernier code des investissements,
tout investissement direct d'une personne physique ou morale de
nationalité étrangère peut se faire librement sur le
territoire national, sans conditions d'agrément ou d'autorisation
d'investissement (sauf réglementation particulière
régissant l'exercice de l'activité considérée).
§1 - Le Code des investissements et ses
aménagements
Le code des investissements est un document qui regroupe les
dispositions mis en oeuvre par un pays pour favoriser l'investissement.
Comportant plusieurs volets : droit civil, droit commercial, droit du
travail, droit international, les codes des investissements prévoient
surtout des dispositions fiscales et douanières de faveur.
Madagascar a mis en place assez tôt des
réglementations destinées particulièrement à
attirer les capitaux étrangers. Le premier code des investissements a
été promulgué par l'Ordonnance n° 62 024 du 19
septembre 1962 portant Code des investissements, modifiée par la loi
n° 65 022 du 16 décembre 1965. Ce code de 1962 écartait le
secteur commercial de son champ d'application et n'accordait les régimes
préférentiels prévus112(*) qu'aux entreprises qui devaient contribuer, par leur
investissement ou réinvestissement dans les domaines industriel,
agricole ou minier, à la réalisation des objectifs du Plan,
à l'essor économique et au redressement de la balance
commerciale113(*).
Onze ans après et au lendemain des importantes
réformes politico-économiques entreprises après le crise
de 1972, le second code des investissements fut promulgué par
l'ordonnance n°73 057 du 19 septembre 1973 portant code des
investissements. Les opérateurs de l'époque reprochèrent
à ce texte l'ambiguïté créé par son contenu
flou, par la définition imprécise de ce qu'il entendait par
« investissement » et par « activités
réservées ». Par ailleurs, Il a supprimé le
régime de classement et de l'encouragement et renforçait
davantage les conditions de programme et d'utilité économique. Ce
code a pourtant été celui qui a duré le plus longtemps
puisqu'il est resté en vigueur jusqu'au moment où les dirigeants
du régime socialiste ont décidé de remettre le secteur
privé dans le processus de développement. La loi n°85 001 du
18 juin 85 instituait le troisième code des investissements. Se basant
peut être sur les reproches faits au texte précédent, le
code de 1985 a eu le mérite d'avoir porté un effort de
clarification. En donnant une liste exhaustive de ce qui pouvait
être considéré comme investissement et comme
activités réservées à l'Etat, il a contribué
à l'amélioration du « climat
d'investissement ». Mais une ambiguïté restait quand
même sur la notion d'activité pouvant toucher « la
sécurité nationale et l'ordre public ».
Néanmoins, ce code a eu le mérite d'avoir posé le principe
d'égalité de traitement entre investisseurs nationaux et
étrangers et opérateurs économiques.
Enfin, la loi n° 89 026 du 29 déc.89 instaurait le
dernier code des investissements. Cette nouvelle législation s'est vue
accompagnée d'une importante innovation : l'instauration
concomitante d'un régime de zone franche à Madagascar par la loi
n°89 027 du 29 déc. 89.
§2- Le régime des zones franches
industrielles
Madagascar s'est fait doté d'une loi créant les
zones franches industrielles (ZFI) dans le but d'attirer l'Investissement
Direct Etranger. La Zone Franche Industrielle (ZFI) définit
« toute enclave territoriale instituée en vue de faire
considérer les marchandises qui s'y trouvent comme n'étant pas
sur le territoire douanier pour l'application des droits de douane et des taxes
dont elles sont passibles en raison de l'importation, ainsi que des
restrictions quantitatives».
A- Les entreprises éligibles
Les activités d'une entreprise déterminent son
éligibilité au régime de zone franche. La loi portant
refonte de la loi relative au régime de zone franche prévoit
quatre catégories d'entreprises éligibles (trois dans l'ancienne
loi) :
· Les Entreprises de Promotion-Exploitation ou EPE
chargées des travaux d'aménagement et de construction de Zones
Franches industrielles ainsi que de leur gestion et de leur promotion.
· Les Entreprises Industrielles de Transformation ou EIT
appartenant aux branches des industries manufacturières ou
activités de fabrication
· Les Entreprises de Services ou ES appartenant aux
secteurs d'activités suivants :
- Production de films cinématographiques et
vidéo
- Traitement des données informatiques
- Essais et analyses techniques, certification de
produit
· Les Entreprises de Production Intensive de Base ou EPIB
qui constituent l'innovation de la nouvelle loi :
- Elevage et ressources halieutiques :élevage de vaches
laitières à haute performance et production laitière
intensive de petits ruminants, élevage intensif de bovins plus
transformation, de poissons d'aquarium, Apiculture
- Aviculture plus abattage et/ou transformation
- Sériciculture pour la production de cocons secs
- Culture, conditionnement et/ou transformation de
crustacés d'huîtres et de coquillages à nacre,
algues
- Agriculture : production agricole et horticole,
unité agro-industrielle
Les investisseurs en ZFI proviennent essentiellement de la
Chine, de la France, le Hong Kong, de l'Inde, de la Malaisie et de l'île
Maurice tandis que le principal point d'exportation reste l'Europe occidentale.
Depuis l'éligibilité de Madagascar à l'AGOA, les
Etats-Unis ont pris un élan important dans le rang des destinataires.
B- Les mesures d'incitations
Les avantages offerts par le régime de zone franche
sont intéressants pour les entreprises, en ce sens qu'ils touchent aussi
bien le régime fiscal et social que d'autres avantages liés au
transfert de revenus et capitaux. Les mesures d'incitation prévues par
la nouvelle loi ne diffèrent pas énormément de celles
prévues par la loi de 2001. Elles offrent toujours à
l'investisseur un système fiscal réduit et à faible taux
avec une exonération totale d'impôts sur les
bénéfices pendant une assez longue période (allant de 2
à 12 ans dans l'ancienne loi et jusqu'à 15 ans dans la nouvelle)
suivant les catégories d'entreprises, un régime douanier assurant
une exemption de tous droits et taxes à l'importation et à
l'exportation de toute marchandise, un système financier assurant une
libre disponibilité des devises et une liberté de transfert
à l'étranger et des dispositions sociales permettant une
liberté dans la gestion du personnel.
Si on détaille ces régimes
d'incitation, l'article 34 prévoit (ancien art.32) :
- Une exonération des impôts sur les
bénéfices au cours des premières années
d'exploitation, la période de grâce allant de 2 à 15 ans et
un taux fixe de 10% pour les années suivantes ;
- Après la période de grâce, les
investissements réalisés donnent droit à des
réductions d'impôts sur les bénéfices
équivalant à 75 % du montant des nouveaux investissements (la
réduction était donné par le pourcentage du rapport entre
les investissements réalisés au cours de l'exercice
considéré et celui des immobilisation résiduelles
réévaluées figurant dans les états financiers dans
l'ancienne loi).
- Tous les équipements importés, matières
premières, pièce de rechange, matériel d'emballage et
matériaux de construction sont exonérés de droits de
douane et taxes d'importation
- Les dividendes sont taxés au taux de 10% au lieu de
25% ;
Les autres avantages concernent :
- la possibilité de contracter des baux
emphytéotiques (de 18 à 99 ans) pour le terrains destinés
à l'aménagement des entreprises.
- Un système financier assurant une libre
disponibilité des devises et une liberté de transfert à
l'étranger.
- La liberté de rapatriement des
bénéfices après paiement des taxes et de la
totalité des capitaux étrangers
- la possibilité de créer des entreprises
franches en dehors des zones franches géographiques
délimitées ;
- l'assouplissement des réglementations en
matière d'emploi, de visa, de changes
- la possibilité d'aménager et de gérer
des zones franches privées ;
Par ailleurs, les zones franches bénéficient de
la protection contre la nationalisation des biens des entreprises des
investisseurs étrangers et de tarifs préférentiels sur les
prestations de certains services publics (eau, électricité,
téléphone...).
Au plan social, la loi prévoit les mêmes
avantages que ceux octroyés par le régime de droit commun :
liberté de gestion du personnel, octroi de visas de séjour pour
le personnel expatrié, liberté de transfert des salaires des
expatriés.
Les transferts à destination de l'étranger sont
libres à concurrence de la disponibilité en devises inscrite au
compte de l'entreprise.
Aux importants avantages fiscaux qui viennent d`être
exposés, le régime malgache de zone franche allie une grande
souplesse.
En effet, le concept malgache de zone franche ne correspond
pas à des zones géographiquement limitées, mais uniquement
à un statut fiscal. Cela signifie que l'entreprise agréée
en zone franche peut travailler n'importe où sur le territoire national.
Par ailleurs, l'implantation dans le secteur textile est envisageable dans le
cadre de la zone franche à condition de disposer d'une antenne
commerciale permanente en Europe chargée d'assurer la recherche de
débouchés.
L'article 39 de la nouvelle loi prévoit une disposition
spécifique selon laquelle les entreprises valorisant des matières
premières locales peuvent bénéficier des dispositions
particulières en matière d'écoulement des biens qu'elles
ont produits sur le territoire douanier national dans les conditions qui seront
fixées par des textes réglementaires.
La loi instituant le régime de zone franche fait par
ailleurs obligation aux entreprises qui en bénéficient, de vendre
100% de leur production à l'extérieur, néanmoins, une
tolérance a été introduite récemment lui permettant
d`écouler jusqu'à 5 % de sa production sur le marché
local, à condition qu'elle s'acquitte des droits et taxes normaux,
l'opération étant alors considérée comme une
importation.
Tout ces avantages sont en contrepartie accompagnés de
certaines obligations qui sont la conformité aux lois et
règlements en vigueur sur le territoire national en
général mais aussi particulièrement le respect de l'ordre
public, la protection de l'environnement, de la faune, de la flore et du
patrimoine national, le respect des règles d'hygiène, de
salubrité et de santé publique .
Section 2 - Du dernier code des investissements à la
récente politique de détaxation
Les mesures prévues par le code ont les mêmes
caractéristiques dans presque tous les pays régissant leurs
investissements par cette législation : les mesures peuvent
concerner des secteurs d'activités très diversifiés, on
relève la durée relativement longue des engagements comme si l'on
voulait garantir à l'investisseur que même l'hypothèse d'un
changement politique ne saurait remettre en cause les avantages acquis, enfin,
les dispositions s'appliquent quel que soit l'idéologie dont se
réclament officiellement les pays qui les édictent. En donnant
ces caractéristique, G.Orsoni114(*) donne l'exemple de deux pays africains l'un
marxiste-léniniste et l'autre sous le libéralisme
économique et qui pourtant prévoyaient les mêmes mesures de
faveur dans leurs codes des investissements.
Le dernier code des investissements malgache fut
néanmoins abrogé en 1996 à cause des critiques
formulées à son encontre, qui peuvent s'adresser à
l'ensemble des pays du tiers monde dotés de ces textes à
régime dérogatoire.
§1- L'abrogation du dernier Code des
investissements
Sous la pression du Fonds monétaire international qui
voyait en ce code une source importante de corruption, l'Assemblée
Nationale malgache a adoptée le 13 août 1996 la loi n° 96-015
du 13 août 1996 portant abrogation du code des investissements.
Par ailleurs, le système d'agrément était
source d'inégalités entre les opérateurs. Avec la
suppression de tous régimes de faveur, les investisseurs
étrangers peuvent, au même titre que les nationaux, investir
librement sur le territoire national. L'existence des régimes fiscaux
de faveur laisse également poser des interrogations techniques : la
rentabilité financière des investissements, l'apport dans la
promotion du développement économique115(*).
L'abrogation de ce code a pour conséquence de placer
tous les investissements effectués principalement sur le marché
local sous la coupe du droit commun qui accorde à l'investisseur des
réductions d'impôts, droits et taxes jusqu'à 50% lors de la
création ou l'extension d'entreprises116(*).
Madagascar accélère sa réforme judiciaire
ainsi que celle du droit des affaires. On constate l'adoption de nouvelles lois
sur les sociétés commerciales, sur les procédures
collectives, sur la lutte contre la corruption.
Dans une conjoncture récente, un certain nombre
d'allégements exceptionnels de la fiscalité des entreprises est
octroyé. Ces mesures viennent s'ajouter aux dispositions décrites
dans le tableau des réductions d'impôt et prévoient :
la suppression de la perception de la TVA pour les entreprises exportatrices et
les entreprises franches jusqu'à concurrence de leur crédit de
TVA, la suppression d'acompte et la facilitation/allégement de paiement
de l'Impôt sur les bénéfices (IBS), la suppression ou la
suspension des taxes sur les marchandises par l'exonération de taxes
à l'importation des intrants agricoles, le ciment, les fils et tissus de
tout genre, le fer, l'acier et les éléments de construction, les
machines et matériels pour l'agriculture et l'élevage, enfin, la
suspension de TVA sur l'achat des biens d'équipement. Ces mesures
annoncent la politique de détaxation adoptées en 2003.
§2- La récente politique de détaxation
en 2003
La détaxation est une action fiscale qui consiste
à exonérer de certaines taxes certains biens d'importation dans
le but de favoriser la décision d'investissement. Cette décision
a fait couler beaucoup d'encre à l `époque où elle a
été rendue publique puisque à un moment où il
s'agissait à tout prix et par tout les moyens de relancer
l'économie , une stratégie visant à augmenter les recettes
fiscales aurait été plus logique.
A - Analyse de la détaxation
Comme son libellé l'indique, la loi n° 2003-026 du
27 août 2003 portant sur la détaxation des tarifs douaniers et
fiscal prévoit l'exemption de tous droits et taxes à
l'importation ainsi que d'autres taxes d'une liste détaillée de
biens et de marchandises. L'objet de cette loi, qui se remarque par son
caractère très succinct, se résume dans ses trois premiers
articles : elle consiste à exempter de tous droits et taxes
à l'importation à savoir les Droits de Douane (DD), la Taxe
d'Importation (TI), les Droits d'Accises (DA), la Taxe sur la Valeur
Ajoutée (TVA), la Taxe Statistique à l'Importation (TSI) et le
Droit de Timbre Douanier (DTD), les biens d'équipement et autres
marchandises d'environ 380 articles.
L'article 2 de la même loi, prévoit
également l'exemption à la TVA et/ou à la TST de la vente
locale des biens d'équipement visés à l'article premier.
L'importation des biens d'équipements est également
exemptée du paiement d'acompte IBS ou d'IRNS au cordon douanier. Les
biens et marchandises concernées117(*) sont comptabilisés dans huit
catégories de produits qui vont de la catégorie Bâtiments
et travaux publics à la catégorie tissus et fils textiles et
synthétiques en passant par l'agriculture et l'élevage, le
transport, l'industrie, l'informatique ainsi que les machines et appareils
à usage domestique.
La détaxation qui est prévue pour 2 ans (
à compter du 01 septembre2003) s'inscrit dans le cadre des incitations
temporaires à l'investissement. Consistant à renoncer à
une source de recettes fiscales, l'objectif de telle mesure est d'inciter
délibérément les entreprises à s'équiper et
de permettre à ceux qui désirent de s'investir de ne pas
être bloqué par une fiscalité lourde.
Mais comme la taxation des importations est une source de
revenus extrêmement importante pour l'Etat, une politique qui a pour
conséquences de la réduire mérite notre attention. Le
tableau sur la structure des recettes fiscales malgache montre
l'importance des recettes totales provenant des différentes taxes sur
les importations (plus communément appelées taxes aux
frontières). Les taxes aux frontières se sont fortement accrues
entre 1995 et 2001 en passant de 634 milliards à 1.452 milliards de
francs malgaches (avec un pic de 1591 milliards en 2000). Le même tableau
montre qu'elles représentaient 49,9% des recettes fiscales du
gouvernement dont 12 % (348 milliards de FMG) provenaient des droits de douane
(DD) et des taxes d'importation (TI) ; 24,8 % (722 milliards de FMG)
provenaient de la TVA sur les produits importés et 9,3 % (272 milliards
de FMG ) provenaient des taxes sur les produits pétroliers (TUPP). Ces
chiffres montrent également que la perception des taxes à la
frontière fait preuve d'une plus grande efficacité que la
perception des impôts indirects nationaux.
Par ailleurs, les exonérations de droits de douane,
taxe d'importation, taxe sur la valeur ajoutée et droit d'accises pour
un nombre de marchandises importées réduisent le taux réel
des recettes provenant des taxes commerciales (ou le taux « liquidé
» selon la terminologie officielle du gouvernement malgache) en dessous de
leur valeur théorique. Le taux « liquidé »
représente le ratio des recettes réellement perçues sur la
valeur CAF des importations. Le « taux théorique »
représente le ratio de recette perçue sur la valeur des
importations si les taxes concernées ont été
appliquées sans aucune exonération. La différence entre
les deux taux que les économistes appellent
« exonération implicite » représente pour l'Etat
des « dépenses fiscales » qu'il faut combler.
Les dépenses fiscales ne sont pas des dépenses
au sens ordinaire du terme. C'est une technique fiscale qui consiste à
recourir à des mesures fiscales dérogatoires . La perte
d'impôt correspondante vient diminuer les recettes fiscales et ont la
même incidence financière que les dépenses
budgétaires d'ou cette expression de dépenses fiscales118(*).
La question se pose de savoir quelle catégorie
d'importateurs est visée par cette mesure de
détaxation ?
B - Pertinence de la décision
L'une des premières raisons avancées par les
autorités est de permettre aux ménages malgaches sous
équipés d'avoir la possibilité d'améliorer leur
confort. L'intention est louable en soi mais fait quand même
émettre quelques réserves. D'un côté, le
problème est que la situation financière dans laquelle les
ménages malgaches se trouvent leur permet difficilement d'investir dans
des biens d'équipement. Certes, la réduction des prix de ces
biens d'équipements peuvent aider une frange de la population à
s'équiper, mais pour la majorité, même le prix
détaxé est encore inabordable. D'un autre côté, si
l'intention était de viser les paysans pour qu'ils s'équipent en
machines et outillages agricoles, l'intérêt est réduit pour
diverses raisons : d'abord, les biens immobiliers agricoles de la majeure
partie des paysans malgaches sont, la plupart du temps, constitués de
terrains à superficie. Leur exploitation ne nécessite a priori
pas la mobilisation d'engins mécaniques comme les tracteurs et les
machines-ouitls. Nous n'avançons nullement l'idée qu'il ne faut
pas viser loin et envisager un mode d'exploitation plus intensif, encore moins
refuser la modernité, mais la réalité montre que les
paysans malgaches n'en sont pas encore à ce stade de besoins.
Une autre remarque, plus économique cette fois ci,
concerne les effets inattendus (ou pas) de cette détaxation sur les
industriels locaux. Comme la détaxation favorise l'importation, les
entreprises qui importent leurs intrants devront être favorisés.
Or, une hausse de l'importation augmente forcément la demande en devises
et une trop grande demande entraîne la chute de la monnaie nationale. La
fluctuation de la monnaie nationale a pour effet pervers de faire monter le
prix des intrants qui se retrouve davantage plus élevé
qu'à son niveau avant la détaxation. Le souci des industriels
locaux est que cette situation risque de les tuer à petits feux. Ils se
retrouvent victimes de cette politique : les uns avouent leur impuissance
face aux produits importés qui entrent à des prix défiants
toute concurrence, d'autres voient leur coût de production augmenter
à une vitesse vertigineuse avec la flambée des prix des intrants.
Le point qui suscite la curiosité porte aussi sur les
mesures techniques d'accompagnement (entre autres le dédouanement des
matières premières et des intrants) promises par les pouvoirs
publics pour rééquilibrer les droits et taxes frappant ces
matières premières et ces intrants nécessaires à
l'industrie locale et la détaxation des produits finis qui tardent
à venir. Les tensions entre les représentants des industriels
locaux et le gouvernement ont abouti à la promulgation de la loi
024/2004 du 03 juin 2004 modifiant et complétant la loi sur la
détaxation des tarifs douaniers et fiscal. Des révisions ont
été proposées par le gouvernement et la loi
d'aménagement propose de lever la suspension de la TVA sur certains
produits comme les appareils électroménagers, le ciment, les
bougies, les tubes tuyaux et accessoires en matière plastique, les
ficelles et cordages et les tissus de fibres de sisal. Une telle
« versatilité » laisse planer le doute quant
à la maturité et la pertinence de cette décision de
détaxation prise sans doute de façon trop
précipitée, sans tenir compte de ses conséquences sur le
terrain.
La catégorie qui pourrait profiter de cette situation
est doute les entreprises exportatrices, ce qui ne correspond pas
forcément à l'objectif initial. De plus, la dévaluation
engendrée accidentellement par la situation n'entraîne pas
forcément l'augmentation de la commande sur le marché mondial.
L'avantage se tourne donc en faveur des investisseurs
étrangers. En effet, ces derniers bénéficient de ces
mesures à double titre : s'ils sont en amont, l'exonération
temporaire de taxe leur permet largement de s'équiper ou de se ré
équiper à moindre frais. S'ils sont en aval, les produits finis
qu'ils importent entrent sans payer de taxes. De plus, leur avantage
réside aussi dans l'amélioration de leur pouvoir. L'attente est
certes la promotion des investissements privés étrangers mais la
question se pose de savoir si avec tous les investisseurs du monde qu'on
souhaite voir se bousculer à ses portes au détriment des
industriels nationaux asphyxiés par ces mesures, Madagascar peut
espérer avoir une économie saine.
Chapitre II - Bilan et perspectives
Cette partie essaiera de répondre à la question
posée au début de notre travail qui était de savoir quelle
peut être l'efficacité du recours systématique à
l'incitation fiscale pour promouvoir l'investissement.
Section 1 - Etat des lieux des investissements à
Madagascar
L'efficacité de la politique d'incitation fiscale se
mesurerait par l'augmentation aussi bien en volume qu'en rentabilité des
investissements enregistrés dans le pays. Les résultats
correspondent-ils aux prévisions escomptées ou « comme
à l'ordinaire119(*)se trouvent peu en rapport avec les espérances
affichées ? »
§1 - Résultats des efforts entrepris
Les faits sont là, les investisseurs ne se bousculent
pas aux portes malgré toutes les mesures de
« séduction » affichées par la Grande
Ile : libéralisation foncière, détaxation,
réforme du droit des affaires, simplification des procédures
etc.
Des impacts positifs ont néanmoins été
enregistrés notamment au niveau des Zones Franches Internationales.
A - Les résultats satisfaisants des
ZFI
L'efficacité de la politique d'incitation fiscale se
mesurerait par l'augmentation aussi bien en volume qu'en rentabilité des
investissements enregistrés dans le pays. Les résultats
correspondent-ils aux prévisions escomptées ou comme à
l'ordinaire120(*)se
trouvent peu en rapport des espérances affichées ?
§1 - Résultats des efforts entrepris
Les faits sont là, les investisseurs ne se bousculent
pas au portillon malgré tous les signes de
« séductions » affichés par la grande
Ile : libéralisation foncière, détaxation,
réforme du droit des affaires, simplification des procédures
etc.
Malgré ces inerties, des impacts positifs ont
néanmoins été enregistrés notamment au niveau des
Zones Franches Internationales. Selon les investisseurs, la décision de
s'établir à Madagascar est dans une large mesure motivée
par les mesures d'incitation prévues par le régime de la ZFI.
La part de l'exportation des entreprises franches dans
l'exportation totale a connu une hausse depuis 1995. Entre 1996 et 2001, la
croissance a atteint 21,2% par an néanmoins cela ne représente
encore qu'environ 1% du PIB total. En 2001, la liste des entreprises
agréées au régime de zone franche comprenait 33 firmes
agro-industrielles, 158 firmes textiles, 22 firmes dans le secteur du bois, 28
firmes de traitement de données et 17 firmes d'artisanat. Le volume
d'investissement prévu par les entreprises agroalimentaire atteignait
environ 113 milliards de FMG, tandis que l'investissement dans le textile se
chiffrait à 615 milliards de FMG. Les entreprises de transformation du
bois et de traitement des données ont prévu d'investir
respectivement 43 milliards de FMG et 21 milliards de FMG. Ces chiffres
montrent que le secteur textile et confection représente toujours la
branche qui a reçu le plus de demande d'agréments et qui est
susceptible de faire rentrer le plus d'investisseurs.
Largement affectées par la crise, les entreprises
franches commencent actuellement à retrouver petit à petit son
niveau d'avant la crise. En juin 2003, 148 entreprises franches sur 180 sont de
nouveau opérationnelles. La prévision d'investissements en 2003
est estimée à 313 milliards.
Concernant les entreprises du droit commun, la situation
enregistrée au début de l'année révèle un
bon départ, 211 entreprises créées, 47 entreprises
touristiques, 40 agréments d'entreprises franches octroyés. Mais
le résultat ne correspond pas encore aux attentes et aux
prévisions espérées.
Des problèmes et des obstacles persistent
empêchant les investisseurs de venir à Madagascar malgré
les atouts et potentialités sans cesse avancés. Nous allons voir
quels sont ces obstacles et comment essayer d'améliorer la situation
dans l'avenir.
§2 - Les obstacles à la promotion des
investissements
Les obstacles ont été
déjà mentionnés auparavant mais ils englobaient le domaine
du développement en général. Concernant l'investissement
en particulier, notamment les ZFI qui sont le domaine de prédilection
des IDE, les obstacles à la bonne marche des affaires relèvent
des domaines suivants.
- En premier lieu, le problème d'infrastructures est
toujours la première préoccupation des investisseurs.
L'état délabré des routes, les mauvaises performances des
grands monopoles étatiques (eau, électricité,
téléphonie fixe etc.) handicapent l'environnement industriel.
- Le second obstacle est d'ordre financier et bancaire.
Sept banques sont opérationnelles à Madagascar. Les banques
nationale ont toutes été privatisées : la BNI-CL,
privatisée en 1991 et depuis lors partenaire du Crédit Lyonnais,
une banque française ; la BFV-SG partenaire depuis sa privatisation en
1998 de la Société Générale française et la
BTM-BOA partenaire depuis sa privatisation en 1999 du Holding Financier- Bank
of Africa. Trois autres banques sont venues agrandir le marché : la
BMOI, affiliée au groupe français BNP-Paribas ; l'UCB
contrôlée par la Mauritius Commercial Bank qui est entrée
sur le marché en 1994 ; la State Bank of Mauritius (SBM) qui a fait son
entrée en 1998, et depuis janvier 2003 une banque financée
uniquement par des capitaux privés locaux, la Compagnie Malgache de
Banque (CMB). Un nombre de mécanismes de micro-finance, notamment par
des réseaux de mutuelles d'épargne et de crédit, a
également fait son apparition, notamment en faveur des populations qui
n'ont pas accès au système bancaire commercial. Cependant, le
système bancaire malgache est très concentré, même
en référence des normes de l'Afrique Subsaharienne. Le
problème a trait au conservatisme bancaire car les industriels se
plaignent que les banques malgaches sont particulièrement peu enclines
à octroyer des crédits à long terme. Les banquiers
considèrent que l'environnement des affaires à Madagascar
comporte encore trop risques. Le crédit est restreint pour deux autres
raisons principales : le manque d'informations et le mécanisme
d'application de la loi. En effet, les banques trouvent également
difficile d'obtenir des informations fiables sur les emprunteurs ou
d'évaluer correctement le degré de solvabilité de ces
derniers. L'autre raison réside dans la méfiance des banquiers
vis à vis du système judiciaire anémique et non
effectif.
- Le troisième obstacle est en relation avec le
niveau de formation des travailleurs. La pénurie de travailleurs
qualifiés, particulièrement au niveau des cadres moyens et des
techniciens, est un autre problème commun à l'ensemble des
entreprises. Le problème est assez récent mais s'accentue puisque
le seul organe de formation destiné aux travailleurs des industries du
vêtement et du textile, ne remplit plus son rôle.
Parallèlement, il existe très peu d'instituts de formation
technique adéquats. De plus, le gouvernement ne semble pas fournir un
appui quelconque à la formation industrielle.
- Le quatrième obstacle invoqué vise les douanes
et le régime d'importation et d'exportation qui demeurent des sources
importantes de problèmes. La corruption et une certaine
inefficacité entraînent des coûts et des délais de
rotation anormalement élevés. Les retards dans le
dédouanement et les rotations extrêmement longues des services des
douanes représentent une charge particulièrement onéreuse
pour les entreprises à Madagascar.
- Un autre obstacle est également
mentionné par les entreprises qui se plaignent des exigences
administratives liées à la législation du travail. Si on
s'en tient à l'avis des autorités administratives, la mise en
place du guichet unique devrait arranger ce problème.
Enfin, la disparité régionale
crée une distorsion pour les entreprises qui veulent s'établir
dans les provinces car il y a une différence notoire de
procédure entre ces régions et la capitale.
En définitive, la fiscalité n'est pas
encore une préoccupation majeure pour les entreprises de la ZFI,
étant donné que la plupart d'entre elles sont toujours dans la
période de grâce fiscale. Pour celles qui ont à payer des
taxes, le taux imposé est suffisamment bas pour qu'il ne constitue pas
un fardeau majeur.
Section 2- Perspectives d'avenir
Les recommandations ont d'abord trait au
développement d'un climat d'investissement favorable. Plusieurs mesures
pourraient contribuer à établir un tel climat :
· L'effectivité des programmes de
réhabilitation des infrastructures routières et de privatisation
du réseau ferroviaire (notamment la ligne Nord Tamatave - Antananarivo,
actuellement mise en concession au profit de MADARAIL) ;
· Un effort de consultation et de coopération
basée sur une approche contractuelle, comme suggéré
ci-dessus, pour un partage plus équitable des charges fiscales et pour
une meilleure lisibilité des initiatives gouvernementales dans ce
domaine ;
· Renforcement des mesures d'incitation à
l'investissement productif, par exemple en autorisant plus
d'exonérations à l'impôt sur les bénéfices
des sociétés pour les dépenses d'investissement, de
façon à compenser les coûts élevés et le
manque de disponibilité de crédit à l'investissement ;
· Une politique de concurrence plus efficace,
basée sur des règles stables, plutôt que sur les pouvoirs
discrétionnaires, dans des secteurs où les ententes existent ;
· Une application dans les règles des taxes
aux frontières, aux taux en vigueur, sur les produits finis ; un
allégement des taxes sur les matières premières
importées ;
· Remplacer l'intervention directe de l'Etat dans les
industries de transformation agro-industrielles par la promotion d'une
politique d'incitation à l'investissement privé dans le secteur
agricole.
En conclusion, l'amélioration du climat des
investissements permettra d'attirer à Madagascar de nouveaux
investisseurs étrangers, mais favorisera également
l'émergence indispensable des investisseurs locaux.
Concernant l'amélioration du cadre
réglementaire, les recommandations qui pourraient être
mentionnées portent sur ces quelques points :
· Abaisser le niveau de protection douanière
(fixer par exemple un taux maximum de 20 % qui serait progressivement
ramené à 10 % de façon uniforme) pour rendre les
marchés plus concurrentiels.
· Développer les « gisements fiscaux
» qui ont permis d'améliorer de façon considérable
les taux de perception fiscale et qui ont permis une taxation moins
élevée et plus uniforme.
· Encourager de nouvelles entrées dans le
système bancaire, qui facilitera la restructuration des entreprises.
Cependant, cela ne sera possible que dans un cadre réglementaire plus
transparent et moins discrétionnaire.
· Adopter et faire appliquer une loi sur la
concurrence qui ne donne pas de pouvoirs excessifs à l'administration et
favorise la mise en place de vérifications et contre-mesures qui
permettront de prévenir le remplacement de monopole public par des
monopoles privé au cours de la privatisation de certains secteurs
particulièrement importants car stratégiques (transport
aérien et télécommunications).
Pour stabiliser l'investissement direct étranger,
le cadre réglementaire actuel
devrait être amélioré. Les mesures
à prendre dans le contexte de cette
amélioration pourraient être les suivantes :
· Faire preuve de plus de délégation
dans le processus de décision nécessaire à l'obtention de
l'agrément au statut de ZFI (décision en conseil de
gouvernement).
· Simplifier les formalités d'enregistrement
des entreprises, y compris l'obtention du permis de travail pour les
expatriés et la réglementation de mise en conformité des
investissements avec l'environnement (MECIE).
· Réduire les délais nécessaire
à l'obtention du statut ZFI (toujours de 4 à 6 mois) aux 21
jours, en conformité d'ailleurs avec la législation, et adopter
une nouvelle loi qui rendrait plus facile l'obtention du statut du ZFI.
· Prendre pleinement conscience du fait que des
titres fonciers sécurisés constituent une condition sine qua non
pour le développement à long terme (donc à court terme,
geler les occupations spontanées de terrains domaniaux).
Conclusion
Comme dans presque tous les pays du tiers monde, les obstacles
à l'investissement relevés à Madagascar peuvent sont
relatifs aux restrictions aux participations étrangères, à
l'exigence de l'alignement de la stratégie de l'entreprise sur les
objectifs nationaux de développement, à l'absence de
stabilité politique et économique, au manque de transparence dans
les réglementations, à la corruption ainsi qu'à la
médiocrité des dispositifs de protection des droits de la
propriété intellectuelle et la liste est encore longue.
La conscience du danger que pourrait représenter la
persistance de telles lacunes dans la réputation internationale de la
Grande Ile a sans doute amené les dirigeants actuels à faire
l'effort d'inscrire dans leur politique nationale une politique d'incitation
à l'investissement qui consiste à la mise en place d'un cadre
institutionnel stable et sécurisant et d'un environnement des affaires
sain et clair.
La politique économique actuelle cherche à faire
venir à tout prix les investisseurs en ayant mis en place une batterie
de mesures incitatives d'ordre social, économique, juridique et fiscal.
La coopération avec les bailleurs de fonds a permis de réviser
les priorités et de les contenir dans un document de projet de
société, le Document de Stratégie de Réduction de
la Pauvreté (DSRP). Ce document est louable en soi vu qu'il comporte
toutes les priorités que nécessitent une lutte efficace contre la
pauvreté mais la question porte surtout sur les mesures
d'accompagnement.
L'attention de ce travail a été
particulièrement tournée vers les mesures relatives à
l'investissement qui font partie intégrante des stratégies du
DSRP. Un rapprochement, qui pourrait être assimilé à celui
du moyen et du but, a été fait entre la politique fiscale et
l'investissement. En effet, la politique fiscale est considérée
par le gouvernement actuel comme « le moyen » de promouvoir
l'investissement. Au terme de ce travail, nous avons conclu que la politique
fiscale n'a pas redonné l'élan tant espéré aux
investissements directs étrangers.
En ne mettons pas en doute le rôle de la
fiscalité dans un pays comme Madagascar, nous nous permettons de
constater que ce n'est pas la fiscalité qui constitue le blocage du
développement à Madagascar. Elle peut faire partie des moyens
incitatifs pouvant faire venir les investisseurs mais plusieurs autres
facteurs conditionnent la décision d'implantation. Le domaine où
l'incitation fiscale montre son efficacité sans doute concerne les Zones
franches industrielles. Les avantages fiscaux octroyés dans ce domaine
ont donné au paysage industriel malgache un nouveau visage mais il ne
faut pas oublier que la part des zones franches dans le PIB total
représente seulement 1% pour dire que la solution est ailleurs.
Le problème fiscal malgache trouve son origine à
notre avis dans l'absence de culture fiscale en général. La
notion d'impôt est ignorée, contestée même par la
majorité de la population à qui on n'a pas donné une
raison convaincante de la nécessité de payer l'impôt.
L'administration fiscale est en ce moment en train de mener une vaste campagne
à travers toute l'île pour tenter de vulgariser l'impôt et
partant d'élargir l'assiette fiscale. La raison d'une telle mobilisation
est que l'administration fiscale espère combler le manque à
gagner engendré par les mesures de détaxation menées
récemment par un élargissement de l'assiette en intégrant
la large frange rurale et informelle.
Même si ce volet dépasse le cadre de notre
étude, nous nous permettons de conclure que le fonds du problème
fiscal à Madagascar vient du fait que la Grande Ile n'est pas un pays
fiscalisé. Avant de s'attaquer aux autres problèmes plus
étendus, il convient de s'occuper du problème de fonds de
Madagascar: un changement de mentalité, l'éducation du plus grand
nombre, le développement rural car il ne s'agit pas d'adapter uniquement
les réussites des pays occidentaux à la réalité
d'un peuple qui se trouve encore en bas de l'échelle dans le processus
de développement.
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et pauvreté.
V- Textes
- Loi n°89-026du 29 décembre 1989 relative au Code
des Investissements, Relance économique 1990
- - Loi n°89-027 relative au Zone Franche Industrielle
à Madagascar, Relance économique 1990
- - Projet de loi sur la refonte de la loi sur la Zone Franche
Industrielle
- Code Général des Impôts malgache
VI - Sites internet :
- www.mefb.gov
- www.instat.mg
* 1 Guy Sorman : La
nouvelle richesse des Nations, éd. Fayard, 1987.
* 2 Economiste
américain d'origine jamaïcaine. Prix Nobel d'Economie en 1979.
Auteur notamment de The evolution of international economic order,
Princeton University 1978.
* 3 Guy Sorman,
op.cit, page 329
* 4 Madagascar a
retrouvé son indépendance le 26 juin 1960, donc il y a exactement
44 ans.
* 5 Emmanuel Fourmann,
Madagascar après la crise, perspectives économiques
2003-2004, Rapport de la Direction de la stratégie -
Département des politiques générales - Division des
études macroéconomiques au siège de l'Agence
Française de Développement, janvier 2003.
* 6 Premier Président
de la République malgache (1960-1970)
* 7 Roger Rabetafika,
Réforme fiscale et révolution socialiste à
Madagascar, Coll. Repères pour Madagascar et l'Océan Indien,
éd. L'Harmattan, 1990.
* 8 La politique de
développement excentrée, par opposition à la politique de
développement autocentrée, se définit comme
« une politique qui s'appuie sur une insertion accrue dans
l'économie mondiale pour enclencher le développement : les
exportations et les investissements étrangers sont
encouragés. » in Benjamin Grandener, Politiques de
développement - Etude comparée : Madagascar et Ile
Maurice, Mémoire IEP Aix-en-Provence, 1997.
* 9 De mai 1972 à
février 1975 : Gouvernement Ramanantsoa. Du 5 au 11
février 1975 : Gouvernement Ratsimandrava, assassiné
après 6 jours de pouvoirs. Du 11 février au 15 juin
1975 : Directoire militaire. Du 15 juin au 31 décembre
1975 : Conseil Suprême de la Révolution.
* 10 De 1975 à
1991
* 11 Fin 1976, l'Etat
malgache contrôle 61% de l'économie dont 100% des assurances,
banques, eau, électricité, 33% des industries, assure 78% des
exportations, 60% des importations et contrôle 70% du commerce
international - In B. Gardener, Politiques de Développement,
mémoire IEP, Aix-Marseille, 1997. Roger Rabetafika, Réforme
fiscale et Révolution socialiste à Madagascar, Coll.
Repères pour Madagascar et l'Océan Indien, L'Harmattan, 1990.
* 12 La dette
extérieure a décuplé entre 1970 et 1980.
* 13 Exemple de
conditionnalités : maîtrise de l'inflation, instauration de
l'état de droit, l'introduction du système des changes flottants
et de la TVA, la réduction des taxes d'importation, le renforcement de
la politique monétaire etc.
* 14 Voir annexe 1 - Les
principales réformes
* 15 Ratsiraka a
été chassé du pouvoir en 1991 suite à des
émeutes populaires dans la capitale Antananarivo. Il fut remplacé
par le Pr. Zafy Albert, mais revint au pouvoir, par la voie des urnes, en 1996
pour un nouveau mandat.
* 17 Plan de redressement de
l'économie malgache couvrant la période 2002-2005. Le Document de
Stratégie de réduction de la Pauvreté (DSRP) est le fruit
d'un processus participatif soutenu et impliquant toutes les forces vives de la
nation: Administration, élus, partis politiques, opérateurs
économiques, société civile, organisations non
gouvernementales, groupements professionnels et confessionnels.
* 16 OCDE,
Développement durable. Les grandes questions, 2001.
* 17 G. Tournié in
Pierre Beltrame, La fiscalité en France, Hachette, 8è
édition, 2001.
* 18 Gilbert Orsoni,
L'interventionnisme fiscal, Puf, 1995.
* 19 Ce taux est
actuellement de 7%. Source : INSTAT
* 20 Les flux de capitaux
privés (y compris les recettes de la privatisation) sont passés
de 4 millions de DTS en 1994 à 73 millions de DTS en 2001.
* 21 Madagascar occupe le
3è rang mondial des pays les plus pauvres du monde. Décision
N° 5/95 du Conseil des ministres ACP du 3 novembre 1995.
* 22 L'ONU définit
les PMA à partir de trois critères : un PNB=100USD au prix
de 1968 ; une production industrielle représentant une part
inférieure à 10% du PIB et un taux d'analphabétisme
élevé (plus de 20% de la population de plus de 15 ans).
* 23 Taux de croissance
économique 2001 de 6% avec un taux de pression fiscale acceptable
de 9,6%. Cf. Tableau sur Quelques données repères.
* 24 Avec une courte
« pause » de 5 ans, de 1991 à 1996 correspondant au
pouvoir de Zafy Albert.
* 25 Roger Rabetafika,
Relance économique à Madagascar : Code des
investissements et Zones Franches Industrielles in Chronique juridique et
fiscale, Annuaire des Pays de l'Océan Indien XII, 1990-1991, p 469
ss.
* 26 Raymond William
Rabemananjara, Géopolitique et problèmes de Madagascar,
L'Harmattan, 1998.
* 27 M. Ravalomanana
était le PDG du plus puissant groupement agroalimentaire malgache Tiko
SA.
* 28 Commune Urbaine
d'Antananarivo
* 29 Eve Millon,
Madagascar : 16 décembre 2001 : regards sur une
élection présidentielle contestée, Mémoire IEP
Toulouse, 2002 -2003.
* 30 Terme tiré d'un
discours de Ratsiraka pendant les campagnes présidentielles de 2001.
* 31 Merina :
ethnie des hauts plateaux malgaches notamment d'Antananarivo. Sans vouloir
entrer dans un débat sur la question et le problème ethnique
à Madagascar, ce « détail » mérite
d'être précisé étant donné qu'au cours de son
histoire, Madagascar n'a jamais eu à sa tête un président
issu des hauts plateaux, pourtant se considérant comme l'élite du
pays. Ceci est un fait et l'histoire en témoigne. En ce sens, voir
Janine Ramamonjisoa, Les relations entre les ethnies à
Madagascar : une problématique souvent mal posée, in
Afrique contemporaine numéro 202 -203, Madagascar après la
tourmente : regards sur 10 ans de transitions politique et
économique, La documentation française, paris, avril septembre
2002.
* 32 On dénombre 3
instances de contrôle :
- l'instance officielle représentée par la
Ministère de l'intérieur
- le Comité de soutien de Marc Ravalomanana ou KMMR
- le Consortium d'observation regroupant les autres candidats
comprenant diverses associations de la société
civile financé par les bailleurs de fonds: le KMF/ CNOE ou Cellule
Nationale de l'Observation des Elections, L'Andrimaso FFKM ou le Congrès
des Eglises Chrétiennes de Madagascar enfin l'association Justice et
Paix.
* 33 D.Randriamanampisoa et
J.Hentschel, Madagascar en crise, Contribution à
l'évaluation de l'impact de la crise économique, Banque mondiale,
mai 2002.
* 34 PNUD,
Développements économiques récents et conséquences
de la crise politique actuelle sur l'économie et les conditions de vie
des malgaches, Document de travail n°4, mai 2002.
* 35 Le secteur secondaire
est le plus affecté avec une baisse de -25%, suivi par celui du
tertiaire avec -12,5%. Quant à la production agricole, elle a
enregistré un taux de croissance de -1,4%. Chiffres relevées dans
la version officielle du DSRP, juillet 2003.
* 36 La sylviculture est
l'exploitation des forêts.
* 37 Baisse substantielle
d'environ 62,5 % pour l'agriculture et 43,2 % dans l'élevage.
Source : Revue d'information économique, Ministère de
l'Economie, des Finances et du Budget, n°11, décembre 2002.
* 38 Baisse significative
des revenus agricole et de l'élevage, respectivement de 37,6 % et 31,2 %
par rapport à l'année 2001. Source : Revue
d'information économique, Ministère de l'Economie, des Finances
et du Budget, n°11, décembre 2002.
* 39 Comme la pénurie
de matières premières locales et importées.
* 40Comme les
problèmes d'écoulement des produits sur le marché
intérieur, l'impossibilité d'exporter ainsi que la
réduction de la demande intérieure.
* 41 Chiffre tiré de
l' Etude diagnostique sur l'intégration du commerce, Draft
Madagascar, juin 2003.
* 42 ibid.
* 43 Emmanuel Fourmann,
op.cit, janvier 2003.
* 44 Hausse estimée
à 500%
* 45 23 ponts
détruits au total.
* 46 Chiffre donné
par la Banque Mondiale, étude citée.
* 47 idem
* 48 idem
* 49 La chute de
l'activité a atteint - 90 % au moment fort de la crise.
* 50 idem
* 51 idem
* 52 idem
* 53 Voir Annexe 1 - Carte
de Madagascar
* 54 Plan de Sauvetage
d'Urgence des Entreprises (PSUE), étude d'assistance effectuée
à la demande des Syndicats des Industriels de Madagascar (SIM).
* 55 En milieu rural, 64%
des enfants les plus pauvres ne sont pas scolarisés. La majorité
des pauvres n'arrive même pas à avoir accès à
l'éducation publique gratuite. Source : INSTAT :
Pauvreté à Madagascar : défi public et
stratégie des ménages, juin 2000.
* 56 Ce terme ne
s'avère pas trop adéquat si on prend en compte la Constitution
qui dispose en son article premier que « Le peuple Malgache constitue
une Nation organisée en Etat souverain fondé sur un
système de province autonome ». Mais ce problème existe
à Madagascar, il faut le dire.
* 57 Cf.H. Duclos, La
déchirure : Madagascar 2002, Ed. Les Alizés, mars
2004.
* 58 Voir Tableau sur les
Indicateurs macroéconomiques de la Loi de Finances pour 2004.
* 59Ordonnance n°
2002-005 portant Loi de Finances pour 2003.
* 60 Madagascar en chiffres,
INSTAT 2004.
* 61 Environ une vingtaine
de milliers de Malgaches sur les 17 millions forme la classe aisée.
* 62 Pour une moyenne de 540
USD en Afrique subsaharienne.
* 63 L'IDH est un indice
publié par le PNUD depuis 1990 pour mesurer le développement
social et culturel des pays du monde. L'IDH est calculé à partir
de l'espérance de vie de la population ( longévité moyenne
de la population), le taux d'alphabétisation des adultes et la
scolarisation des enfants (niveau d'instruction) et de son pouvoir d'achat
effectif (niveau de vie).
* 64 L'IPPTE ou Initiative
Pays Pauvres Très Endettés est une initiative lancée au
sommet du G7 de Lyon en 1996 et renforcée à celui de Cologne en
1999 dans l'objectif d'alléger la dette des pays pauvres et très
endettés. Cette initiative devrait permettre à ces pays
très pauvres de ne plus recourir au rééchelonnement de
leurs dettes pour sortir de la spirale de la pauvreté. Pour
bénéficier d'un allègement de la dette dans le cadre de
l'IPPTE, les étapes sont nombreuses et exigeantes et nécessitent
un temps démesurément long : avoir un degré
d'endettement intolérable et établir des
antécédents positifs dans la mise en oeuvre de réformes et
de bonnes politiques économiques au moyen de programmes appuyés
par le FMI et la Banque Mondiale.
* 65 Voir Tableau sur la
Situation de la dette extérieure 2000 - 2009 et indicateurs de
soutenabilité.
* 66 Soit une importante
hausse de 41,9% par rapport au budget de l'année dernière.
* 67 Chiffres un peu
modifiés tout de même par rapport à ce qui est dans le
DSRP qui prévoit 7% de taux de croissance et un taux d'inflation de
6%.
* 68 La propagation de
l'informel résulte de l'absence de césure nette entre le
légal et l'illégal.
* 69 L'IRNS est un
impôt issu de la réforme fiscale de 1977 qui a fusionné
deux anciens impôts sur le revenu : l'Impôt sur les
Bénéfices Divers (IBD) et l'Impôt Général
sur le Revenu (IGR).
* 70 Pour
référence, 1 000 000 de Francs malgache équivaut à
environ 100 euros si on prend comme valeur de référence le cous
moyen des devises de ces derniers temps pour lequel 1 € équivaut
à 10 000 Fmg.
* 71 L'IRSA est
également issu de cette réforme de 1977. Les revenus salariaux et
assimilés visent les salaires, indemnités diverses, pensions etc.
* 72 L'IRCM est un
impôt annuel, appliqué aux bénéfices
distribués, sur le produit de participation financière au capital
de sociétés.
* 73 La TFT est une taxe due
à raison des versements ou transferts effectués au profit de
personne se trouvant à l'étranger et non imposé à
Madagascar des impôts sur les personnes morales, les revenus et la taxe
professionnelle.
* 74 Ce sont les droits
perçus sur certains produits fabriqués ou importés tels
que boissons, alcool, tabac, préparation cosmétique etc.
* 75 Plus de la
moitié de la population malgache a moins de 25 ans.
* 76 Le salaire de base
à Madagascar est évalué à moins de 40 euros
actuellement.
* 77 Madagascar dispose des
70% des espèces lémuriens du monde, 1000 espèces
d'orchidées, 146 sites et monuments classés (réserves,
monuments historiques, parcs nationaux).
* 78 Avantages fiscaux,
avantages douaniers, libéralisation des transferts à destination
de l'étranger etc.
* 79 AGOA ou Africa Growth
Opportunity Act, connu aussi sous la dénomination de Africa Bill est une
loi américaine qui favorise les exportations de Madagascar, en tant que
pays de l'Afrique subsaharienne vers les Etats-Unis grâce à
certaines détaxations et à certaines mesures d'incitation
accordés et a permis entre autres l'augmentation de la liste des
produits bénéficiant du régime de franchise (incluant les
produits agro alimentaires et artisanaux), la prolongation du régime
préférentiel au titre du SGP jusqu'au 30 septembre 2008,et
l'accès au marché américain en franchise de droits pour
les articles confectionnés avec des matières premières
issues de tout pays jusqu'en 2004 puis issues des pays
bénéficiant de l'AGOA par la suite.
* 80 La loi n° 2003 - 028
du 27 août 2003 modifiant et complétant certaines dispositions de
la loi n° 62-006 du 06 juin 1962 fixant l'organisation et le
contrôle de l'immigration modifiée par la loi n ° 95-020 du
27 novembre 1995 qui dispose en son article 11 que : « Tout
étranger peut être autorisé à acquérir des
biens immobiliers sur présentation d'un programme
d'investissements. »
* 81 Le Code des
investissements est jugé comme source de corruption par le FMI
d'où son abrogation.
* 82 Qui a pris le relais de
Bivac Veritas en avril 2003.
* 83 Par la création
du Centre d'Arbitrage et de Médiation de Madagascar qui est une justice
privée pouvant être saisie des litiges commerciaux par convention
entre les parties en litige.
* 84 Ilakaka où l'on
a découvert il y a quelques années d'importants gisements
d'émeraudes et de saphir.
* 85 En 2000, les recettes
d'exportation des produits halieutiques s'élevaient à 850
milliards de Fmg soit 11,5% des recettes totales d'exportation.
* 86 Madagascar n'exploite
encore moins de 10% des terres potentiellement cultivables. A titre d'exemple,
10 000 ha seulement sur les 52 000 aménageables sont exploitées
pour l'aquaculture.
* 87 Le DSRP prévoit
la réhabilitation de 14000 km de routes nationales primaires et
secondaires reliant la Capitale aux chefs lieux de Provinces ou de
Régions et les Provinces et Régions entre elles d'ici 2008.
De 2003 à 2006, 2000 Km environ par an de routes
rurales de désenclavement et de desserte devront être
aménagés ou réhabilités. Enfin, un programme de
construction de nouveaux axes routiers sera élaboré et
réalisé en fonction des besoins socio-économiques.
* 88 Un projet canadien
d'extraction du Titane dans le Sud à Taolagnaro et un projet
américain sur le Nickel à Moramanga au Nord Est.
* 89 Par le décret
n° 2003/938 portant création du Guichet Unique des Investissements
et de Développement des Entreprises (GUIDE).
* 90 Environ 50 euros si on
se réfère au cours de change moyenne des derniers mois. 1€
=10 000 fmg.
* 91 Sur la même base
de calcul.
* 92 Le programme de
libéralisation est contenu dans trois documents majeurs :
- le Plan de développement de 1986-1989
- La Lettre de Politique de développement en 1988
- Le Document Cadre de Politique Economique (DCPE) pour
1989-1991
* 93 Voir annexe 2 - Les
principales réformes adoptées depuis la mise en oeuvre du PAS.
* 94 Raymond William
Rabemananjara, op.cit, p 210. L'auteur s'est posé cette
question en 1995 en imaginant le futur malgache mais nous estimons que la
question trouve encore sa pertinence 10 ans après.
* 95 DSRP
* 96 Gilbert Orsoni,
L'interventionnisme fiscal, Puf, 1995.
* 97 Extrême
pauvreté, endettement chronique, régression économique
catastrophique etc.
* 98 Madagascar, les
défis d'un développement durable, CERIC, 2002.
* 99 Le secteur touristique
a droit à la plus grande étendue de terrain : 25 000 m2, le
secteur bancaire et l'assurance ont ensuite droit à 10 000 m2 ; le
secteur mobilier ainsi que les autres secteurs a droit à 5000 m2.
* 100 Madagascar faisait
partie, dès son indépendance, des Pays en Voie de
Développement, devenus par la suite groupe des Pays en
Développement et enfin groupe des Pays les Moins Avancés.
D'après la classification des Nations Unies, la Grande Ile occupe
actuellement le troisième rang des pays les plus pauvres du monde.
* 101 Gilbert Orsoni,
op.cit.
* 102 Gilbert Orsoni,
op.cit.
* 103 Etudes Instat :
Politique fiscale à Madagascar : options et impacts distributifs,
1998.
* 104 Voir Tableau sur les
taux de pression fiscale de 1996 à 2004.
* 105 Tableau sur la
Structure des recettes fiscales à Madagascar 1995 - 2001
* 106 P. Ngaosyvathn,
Le rôle de l'impôt dans les pays en voie de
développement, LGDJ, Paris, 1974.
* 107 Voir tableau relatif
au taux effectif des impôts principaux à Madagascar
* 108 Le service des
Contributions Directes, le service des Contributions Indirectes et le service
de l'enregistrement et des timbres
* 109 Enquête
auprès des ménages faite par l'Instat.
* 110 Il y a une vingtaine
de types de taxes et d'impôt qui n'arrête pas de changer de nom et
de dénomination.
* 111 En 1996.
* 112 Le code de 1962
prévoyait 4 régimes préférentiels : le
régime de classement et de l'encouragement, le régime de
l'agrément (régime de base), le régime fiscale de longue
durée et la convention d'établissement.
* 113 Voir R. Rabetafika,
Relance économique à Madagascar : Code des
investissements et Zones Franches Industrielles in Chronique juridique et
fiscale, Annuaire des Pays de l'Océan Indien XII, 1990-1991, p 469
ss.
* 114 G. Orsoni,
op.cit.
* 115 Voir le
développement de R. Rabetafika sur ce point, Relance
économique à Madagascar, op. cit., p 501 ss.
* 116 Voir Tableau des
réductions d'impôts pour investissement
* 117 Les marchandises
concernées sont entre autres, toute catégorie confondue :
matériels servant à l'industrie du papier et imprimerie
matériels pour industrie textile, machines outils, chaudières et
appareils auxiliaires pour chaudière, machines à coudre type
industriel, matériels pour laboratoire photographiques, séchoirs
pour produits agricoles, matériels agricoles (herses, faucheuses,
moissonneuses, machines à traire et appareils laiterie...), tracteurs,
motoculteurs, outillages agricoles, matériels d'excavation, de levage,
de terrassement, tracteurs à chenille, appareils de topographie,
articles d'équipements pour la construction, ouvrages de menuiserie,
pièces de charpente, bétonnière et appareils à
mélanger ou à malaxer, camions, matériels roulants
utilitaires, équipements informatiques, appareils
électroménagers et audiovisuels, intrants, consommables pour la
confection, matériaux de construction, (notamment: ciments, tubes,
tuyaux et accessoires de tuyauterie en plomb, en zinc, en alu, en cuivre, en
acier, en nickel, en fonte, en matière plastique...)
* 118 G. Orsoni, op.cit.
* 119 Avance G.Orsoni dans
ses analyses.
* 120 Avance G.Orsoni dans
ses analyses.
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