La ville et les jeux vidéo: quels liants entre réalité et virtualité?( Télécharger le fichier original )par Marie Olleviers Université Toulouse Le Mirail - Master1 2007 |
3/ L'homme et l'intimité des jeux vidéo : la portée du subjectif.Le monde des jeux vidéo inquiète pour cette raison même : jusqu'où pouvons nous orienter nos vies vers ce fameux virtuel ? Par la pratique du jeu vidéo, l'homme (en tant que joueur) a tout le loisir (ou l'illusion parfaite) de choisir le déroulement du jeu dans lequel il s'est impliqué : le scénario qui se déroulera sera fort différent d'un joueur à l'autre, car tout ce qui se rapporte à l'intime est mis en jeu ; le joueur est en fait face à ses décisions (obligatoires). Ainsi les différents scénarios possibles absorbent le subjectif tout en le mettant en exergue: tout un monde expérimental s'offre à l'humain, quel qu'il soit. Et ce monde va être expérimenté : l'attractivité ressentie par la pratique d'un jeu vidéo s'établi (entre autre) dans l'intimité du joueur, et généralement, il se donne sans compter ou presque, s'il prend du plaisir : « les jeux vidéo sont le seul support qui génère des durées d'attention inconnues jusqu'ici pour la plupart des médias avec, dans le même temps, une intensité d'expérience rarement atteinte »7(*) explique Dominique Boullier, directeur de LUTIN (Laboratoire des Usages en Technologie de l' Information Numérique). Ce subjectivisme face à un écran est certainement accentué de par le fait même de l'expérimentation de soi face une situation improbable, et la possibilité d'échecs sans conséquences réelles. En parlant des jeux à univers persistants8(*)*, Dominique Boullier précise que « cette nouvelle génération de jeux vidéo favorise au contraire la socialisation en permettant d'expérimenter de nouvelles entités, de gagner en estime de soi, d'élargir son cercle d'amis... ». C'est aussi la thèse de plus en plus répandue et utilisée dans le domaine de la psychologie, qui étudie et utilise maintenant la pratique du jeu vidéo en tant que thérapie : « Le jeu vidéo engage une anticipation de la réalisation de soi par l'action »9(*), explique Benoît Virole. Pour ce docteur en psychologie et en sciences du langage, le jeu vidéo est un outil fort efficace, permettant la construction personnelle, intime du sujet, par la projection : sa pratique « modifie la connaissance qu'il a de lui-même », au travers des différentes étapes qu'amène tout jeu vidéo. La particularité de ce support est qu'il réagit, est interactif ; le joueur s'inscrit ainsi dans un processus dynamique, dans lequel il peut modifier à tout moment ces choix antérieurs, en recommençant, en expérimentant : il écrit et traduit, par actes virtuels, les étapes qui lui permettront d'évoluer. Evidemment les jeux vidéo sont nombreux, et heureusement : car tout le monde n'a pas forcément envie de tirer sur quelqu'un, même virtuellement, pour se projeter dans un contexte inconnu... le principal est d'aimer la nature du jeu, et cela passe par beaucoup de paramètres : qu'incarne t'on, une personne ou une fonction ? Quel est le cadre dans lequel se déroule le jeu, le graphisme choisi, etc. La moindre caractéristique du jeu peut faire la différence en terme d'investissement personnel. L'intimité que le joueur implique face à un jeu vidéo est donc fonction de ses attirances, et l'amènera certainement par la suite à se découvrir des aptitudes nouvelles... * 7 Le journal du CNRS n°207. Page 21. * 8 Les jeux à univers persistants sont des jeux de rôles en ligne mutlijoueurs, nommés communément MMORPG ; Ici le jeu évolue toujours, même si le joueur décide d'arrêter sa partie. * 9 Article issu du site Internet de Benoît Virole, titré Monde virtuel et créativité- des jeux vidéo comme espaces de création. |
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