CHAPITRE 2 : OBSTACLES A LA REINSERTION SOCIALE ET
PROPOSITIONS DE SOLUTIONS
Il convient de reconnaître que malgré la bonne
volonté des acteurs sociaux et les actions par eux entreprises,
l'objectif qui demeure celui de l'insertion et de la réinsertion sociale
des adolescentes déscolarisées n'est pas souvent atteint ou du
mois pas en totalité.
PARAGRAPHE 1 : OBSTACLES A LA REINSERTION SOCIALE
DES ADOLESCENTES DESCOLARISEES
Les entraves ou obstacles aux divers programmes mis en oeuvre
en faveur des adolescentes déscolarisées afin de permettre ou
faciliter leur réinsertion sociale sont liés tant aux
bénéficiaires elles-mêmes qu'aux acteurs sociaux.
II- Au niveau des adolescentes
déscolarisées
Milieu de vie hostile
D'emblée, il faut noter les mauvaises conditions de vie
des adolescentes caractérisées par l'insalubrité et la
précarité. En effet les filles vivent dans des pièces
exiguës qui manquent d'infrastructures sanitaires telles les coins
latrines, toute chose qui entraîne, le manque d'hygiène, les
risques d'épidémies et d'infections telles les IST et le SIDA,
surtout quand on sait que plusieurs de nos enquêtées
résident dans des maisons closes. C'est dire que la santé de la
fille est constamment en danger.
En outre, il existe une promiscuité due au grand nombre
d'habitants dans les cours mais aussi à la présence de
repères de bandits. Les relations de voisinage alors souvent
conflictuelles et l'insécurité qui règne sans cesse
à Yahoséi de même que le cercle vicieux qu'est la
prostitution ne sont pas des cadres psychologiques, moraux et physiques qui
permettent à la déscolarisée marginale de sortir de sa
conduite déviante.
La déscolarisée marginale ne saurait demeurer
dans un tel climat pour espérer changer de comportement car la sous
culture développée dans ce milieu (acceptation de la prostitution
et absence d'approbation du programme) lui est préjudiciable.
Le milieu familial d'origine
défavorable
La déscolarisée ayant souvent quitté la
famille, les liens parentaux se sont effrités au fil du temps.
Même pour celles qui apportent une aide à la famille, elles ont
appris à vivre indépendamment d'elle. Ainsi, il s'avère
que tout retour dans le but d'y demeurer afin de bénéficier du
programme d'aide devient problématique. En plus, ce ne sont pas toutes
les filles dont les parents vivent à Yahoséi.
Par ailleurs, toutes les familles, quand elles existent
encore, ne sont pas réceptives aux programmes d'aide au sens ou elles ne
sont pas source de motivation pour leurs enfants : cas de familles
divisées, mésententes, rejet...
Quand on sait que le milieu que quittent nos adolescentes leur
a souvent laissé des empreintes (rejet, moquerie), il est important que
son milieu d'origine au, plan affectif, lui soit d'un grand réconfort
même si il ne la prend pas financièrement en charge.
Autres obstacles
D'autres obstacles à la réinsertion sociale des
adolescentes déscolarisées prostituées résident
dans le fait qu'elles sont fortement habituées à manipuler de
fortes sommes d'argent dont la privation est difficile à
gérer. De même l'habitude de la vie facile qu'elles ont acquise
fait qu'il leur est difficile d'endurer les difficultés
matérielles de sorte que beaucoup rechutent dans la prostitution. Ainsi,
sur neuf (9) cas d'auditrices et filles aidées par le Mouvement du Nid,
seulement une (1) a pu continuer à suivre les cours. Les cas de survenue
de grossesses non désirées sont aussi des obstacles à la
réinsertion et emmènent les filles à l'avortement. C'est
le cas d'une auditrice du Mouvement du Nid, qui a quitté la prostitution
et réintégré sa famille d'origine .Aujourd'hui, elle est
enceinte mais refuse de garder la grossesse, car celle-ci ne lui permettra pas
de continuer normalement sa formation.
II- Au niveau des acteurs sociaux
Au plan matériel
Il est important de remarquer qu'il n'y a pas de programme qui
cible particulièrement les déscolarisées et encore moins
les adolescentes déscolarisées. Néanmoins, elles sont
prises en compte dans les programmes en faveur de jeunesse ou des filles de la
commune. Les obstacles au niveau des acteurs sociaux sont surtout d'ordre
matériel et humain. En effet l'insuffisance des moyens financiers et
matériels ne permet pas aux acteurs sociaux de prendre en compte un
grand nombre de personnes. Pour le peu de bénéficiaires à
qui ils tendent la main il leur est difficile, voire impossible de financer des
activités génératrices de revenus plus importantes ou
encore d'assurer les études à celles des
déscolarisées qui voudraient bien reprendre le chemin de
l'école. Souvent aussi, la lenteur de la mise en route des
activités emmène les filles à renoncer, à se
décourager et à renoncer à l'aide. On note, aussi que
après l'apprentissage d'un métier, les filles ne
bénéficient pas d'une prise en charge pour s'installer. Toujours
du point de vue matériel, nous pouvons noter que les acteurs sociaux
n'ont pas de politique propre à eux pour fructifier les subventions
qu'ils reçoivent de sorte à aider un plus grand nombre de filles
déscolarisées.
Au plan humain
Au plan humain, il y a l'insuffisance des travailleurs
sociaux. En effet la culture du bénévolat n'est pas
développée dans notre pays alors que c'est sur cela que repose en
grande partie le travail social. En outre, les intervenants qui travaillent
sont souvent peu formés en la matière et ne reçoivent
pas non plus suffisamment de formation ; ce qui minimise leur
efficacité sur le terrain. Par ailleurs, la commune de Yopougon est une
vaste commune et renferme une multitude de quartiers précaires comme
Yahoséi où vivent beaucoup d'adolescentes
déscolarisées, que les acteurs sociaux n'arrivent pas atteindre
par manque de personnel disponible.
Devant tous ces obstacles relevés, quelles solutions
pouvons nous envisager ?
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