Contribution aux études méditerranéennes: les relations turco-tunisiennes (1956-2001)( Télécharger le fichier original )par Meriem JAMMALI INALCO - Maîtrise de langue et de civilisation turques 2003 |
2. Les semaines culturellesD'une manière générale, l'organisation d'une semaine culturelle se décide à l'occasion d'une visite présidentielle ou d'un déplacement dans l'un ou l'autre pays du ministre de la culture. Ces semaines ont connu un grand succès et attiré un large public. La semaine culturelle tunisienne organisée à Ankara du 20 au 27 janvier 1988 en est l'exemple type. Elle a été sponsorisée par l'Office National Tunisien du Tourisme, Tunis Air, l'ambassade de Tunisie en Turquie et certains hôtels turcs et tunisiens. Trois cents invités issus de tous les milieux socioprofessionnels ont assisté à son inauguration. Entre 1982 et 1988, les semaines culturelles tunisiennes se sont succédé. Chaque manifestation était l'occasion pour les deux parties pour montrer que « l'organisation de cette semaine marque un tournant décisif dans l'évolution des relations tuniso-turques et contribuera au resserrement de leur amitié séculaire. »95(*) En effet, « La culture joue un rôle en tant qu'élément de communication et de compréhension mutuelle entre les peuples et d'établissement des liens entre les nations. La Tunisie [ne peut épargner] aucun effort pour donner une nouvelle impulsion à la coopération entre les deux pays et plus particulièrement dans le domaine culturel. »96(*) Le principal objectif est de faire connaître la Turquie au public tunisien et vice-versa, en vue de promouvoir leurs produits culturels respectifs : art, artisanat, musique, cinéma, cuisine, habits traditionnel, etc. Et par conséquent, renforcer les flux touristiques entre les deux pays. La culture est aussi au service de la politique et de l'économie. Ainsi, peut-on noter que la semaine culturelle tunisienne en Turquie la plus récente elle celle qui s'est tenue lors de la visite présidentielle de Ben Ali en mars 2001. Elle eut pour devise l'«Evolution de la condition de la femme en Tunisie». La cérémonie a été inaugurée par un défilé d'habits traditionnels et d'une exposition de documents illustrant l'évolution de la situation de la femme tunisienne depuis l'indépendance. Le film « Le silence des palais»97(*), a été projeté en présence de sa réalisatrice tunisienne. En revanche, du côté turc, au cours de nos recherches, nous n'avons recensé qu'une semaine culturelle turque en Tunisie dans les années 80. Elle fut organisée par l'Association d'amitié Turquie-Tunisie. Son but était de promouvoir les relations d'amitié unissant les deux peuples. Parmi les activités enregistrées pendant cette manifestation, figurait entre autres des galas de musique animés par des cantatrices turques ; la troupe des arts populaires de la ville de Kars (Département d'Ardahan) ; la projection à Tunis et à Monastir de cinq films turcs98(*). La présence de la communauté turque en Tunisie se limite essentiellement aux missions diplomatiques et commerciales.99(*) Par ailleurs, les deux pays ont tenté de créer une chambre culturelle qui aurait pour mission l'étude de la civilisation turque et son influence sur l'histoire de la Tunisie, et la conception d'un programme de jumelage entre villes turques et tunisiennes. Mais cette chambre n'a jamais pu voir le jour. * 95 D'après Hédi Baccouche. * 96 « Semaine culturelle tunisienne à Ankara », dans La Presse du 14/04/ 1982 * 97 Le film raconte l'histoire d'une jeune tunisienne, Alia, 25 ans, fille d'une servante qui l'avait conçue dans un palais du bey. L'histoire se déroule dans les années 60. L'annonce de la mort d'un ex-bey la replonge brutalement dans son passé. A l'occasion des obsèques, elle revisite le palais de son enfance et de son adolescence, où elle est née d'un père inconnu qui pourrait être le prince décédé. Le film dresse un portrait sur la condition féminine en Tunisie d'hier et d'aujourd'hui, ainsi que le monde, souvent mystérieux, des palais princiers. * 98 Nous ne disposons pas des titres des films en question. * 99 Durant nos recherches en Tunisie auprès de l'ambassade de Turquie à Tunis, nous avons constaté que la communication passait mal entre visiteurs tunisiens et fonctionnaires turcs. Ces derniers, ne parlant que le turc ou l'anglais, ont des difficultés à entrer en contact avec les Tunisiens, dont la majorité sinon la quasi-totalité parle l'arabe ou le français. Pour ce qui concerne la scolarisation des enfants des personnels diplomatiques, nous avons appris qu'il est d'usage, de part et d'autre, de scolariser les enfants dans le pays d'origine. |
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