2.2. Subvention à la consommation
intérieure
Les subventions à la consommation intérieure de
beurre et de lait écrémé liquide et en poudre sont aussi
utilisées comme instruments pour soutenir les revenus des producteurs
laitiers tout en diminuant l'accumulation des stocks.
La figure 3 est une illustration de cette politique.
Stock avant subvention (Q2-Q0)
Stock après subvention (Q2-Q1)
D0 D1
S
P*
Q0 Q1 Q2
Figure 3 : subvention à la consommation
intérieure
P* est le prix d'intervention, D0 et
D1 sont respectivement les courbes de demande avant et après la
politique de subvention à la consommation ; S
représente la courbe d'offre. La subvention à la consommation
à pour effet de déplacer la courbe de demande vers la droite
augmentant ainsi la quantité demandée par les consommateurs (de
Q0 à Q1) et diminuant la quantité
stockée passant de (Q2-Q0) à (Q2-Q1). La
dépense de subvention est donnée par P*(Q1-Q0).
L'aide à la consommation est destinée à
stimuler la consommation des produits laitiers dans la communauté
européenne. La dépense annuelle y afférente s'est
établie en l'an 2000 à 449 millions euros pour le beurre et
à 708 millions d'euros pour la PLE (Commission Européenne,
2002b).
2.3. Intervention sur les échanges internationaux
des produits laitiers européens
Nous donnons ici les contraintes du GATT liées aux
échanges en ce qui concerne les produits laitiers. Ensuite nous
présentons les contingents tarifaires (TRQs), instruments de
tarification introduits depuis l'AAUR et qui prévaut dans le domaine de
l'accès au marché.
2.3.1. Les contraintes du GATT sur les
échanges
Les principaux engagements de l'Accord agricole impliquent
deux volets : le volet importation et le volet exportation. En ce qui
concerne le volet importation, les accords impliquent l'ouverture de deux types
d'accès au marché de l'Union Européenne (UE) dans des
conditions préférentielles. L'accès dit
« courant » correspond aux importations
réalisées dans des conditions préférentielles au
cours de la période 1986-1988 ; l'accès dit
« minimum » correspond à l'ouverture des contingents
complémentaires d'importations à droits réduits. L'UE
devrait offrir l'accès minimum de 3% de la consommation
intérieure aux produits étrangers, qui doit passer à 5%
au terme de la période de mise en place (2000) ; ainsi les
engagements en terme d'accès courant pour le beurre et d'accès
minimum pour la PLE en 1995 étaient respectivement de
76 667 tonnes et 40 401 tonnes.
Pour ce qui est du volet exportation, l'accord implique la
limitation des subventions (en volume et en valeur) aux exportations ; ces
subventions sont considérées comme destabilisatrices pour les
marchés mondiaux. Les quantités exportées avec
restitutions devraient être progressivement abaissées à un
niveau égal à 79% du niveau constaté sur la période
1986-1990. L'AAUR prévoyait, une baisse de 21% des quantités
exportées avec des subventions, et de 36% des dépenses
budgétaires consacrées à ces subventions. Les engagements
de réduction de subvention concernaient tous les produits
laitiers regroupés en quatre catégories: le beurre et la
matière grasse du beurre, la PLE, les fromages et les autres produits
laitiers (principalement poudre de lait entière).
2.3.2. Les contingents tarifaires (TRQs)
Le système de contingent tarifaire ou TRQ est un
mécanisme de protection des échanges associant à la fois
les droits de douane et les quotas. Ce système tentait de remplacer des
mesures non tarifaires, comme l'interdiction à l'importation ou
l'existence de restrictions quantitatives, par une mesure double : une
quantité déterminée d'importations (le quota ou le
contingent) entre avec un tarif zéro ou minimum (in-quota tariff) ;
les importations au-delà du quota supporte des tarifs plus
importants (over-quota tariff).
Notons que l'analyse conventionnelle en équilibre
partiel d'un contingent tarifaire montre que le contingent fonctionne soit
comme un tarif pur, un quota ou un vrai TRQ en
fonction de l'endroit où se situe la demande du produit
échangé. Nous illustrons graphiquement ces trois régimes
et leurs différentes implications1.
Soit DN la demande nette d'importation
d'un pays importateur d'un produit quelconque. DN
représente la différence entre la demande d'importation et
l'offre d'importation du pays considéré. Soient (AM) le quota
d'importation ou accès minimum, M l'importation nette, TIQ le
droit de douane appliqué pour des importations inférieures au
quota et TOQ le droit appliqué pour des importations
au-delà du quota d'importation. Soit Pf le prix à la
frontière qui est égale à la somme du prix mondial et du
droit applicable. Notons respectivement Pd et Pw le prix
domestique et le prix mondial. Le prix domestique est déterminé
par la position de la demande nette d'importation.
Si la demande nette d'importation excède le quota (voir
Figure 4 page suivante), c'est-à-dire, M > AM, le contingent
tarifaire se comporte comme sous un régime de tarif unique
TOQ. Le prix domestique est Pd = Pw+TOQ. C'est le
régime de « vrai TRQ ».
----------------------------------------
1 Pour plus de détails, voir Abbot et Morse
(1999)
Cependant, l'importateur ayant un droit d'importer au droit
TIQ reçoit une rente1 totale
représentée par l'aire (a).
Pd=Pw+TOQ
Pw
Pd
P
M
AM
Importations
TOQ
(a)
DN
Pf=Pw+TIQ
TIQ
Figure 4: TRQ avec Importations nettes (M) > au
quota (AM) « régime vrai TRQ »
Lorsque la demande nette d'importation intercepte l'offre
d'importation dans sa partie verticale (figure 5), i.e M = AM, l'instrument de
politique TRQ se comporte exactement comme un quota. Dans ce cas Pd > Pw +
TIQ. La différence entre le prix domestique et (Pw +
TIQ) est la rente unitaire. La rente totale est
représentée par l'aire (b).
P
DN
Pf=Pw+TOQ
Pd
TOQ
(b)
Pf=Pw+TIQ
TIQ
Pw
AM =M
Importations
Figure 5 : TRQ avec Importations nettes = au quota
« régime Quota »
--------------------------------------------------------
1 Notons que la rente par unité
d'importation in-quota (RuIQ) est donnée
par :RuIQ = Pd - (Pw+TIQ)= TOQ
-TIQ. La valeur totale de cette rente est donnée
par RTot = RuIQ x Volume d'importation
in-quota.
Enfin, lorsque la demande nette d'importation est
inférieure au quota d'importation, le contingent tarifaire se comporte
comme un simple tarif (figure 6) ; il n'y a donc pas de rente.
P
Pf=Pw+TOQ
DN
TOQ
Pd
Pd=Pw+TIQ
TIQ
Pw
M
AM
Importations
Figure 6 : TRQ avec Importations nettes (M) <
quota (AM) « régime pur tarif
»
2.4. La restriction de l'offre : Le régime
des quotas laitiers
Du fait de la politique de soutien des prix menée dans
le cadre de l'OCM, les livraisons de lait ont constamment progressé. A
la fin des années 1970, la production de lait était
supérieure à la consommation totale, tandis que la demande
diminuait pour les produits les plus importants, à savoir le beurre et
la PLE. Dans le souci de rétablir l'équilibre dans le secteur du
lait, l'UE décida de mettre en oeuvre « un
prélèvement supplémentaire » applicable aux
quantités de lait livrées au-delà d'une quantité
totale garantie, le quota laitier communautaire. Le quota communautaire est
réparti entre divers producteurs des Etats membres, grâce à
un système de « quantité de
référence » ou de quotas individuels.
Les quotas laitiers limitent la production. Combinant ses
effets avec ceux des exportations subventionnées et de la protection
contre les importations, le quota total vise à maintenir l'offre sur le
marché intérieur à un volume inférieur à
celui de la demande intérieure (avec ou sans subventions). Le quota
permet ainsi de maintenir les aides et les prix du marché dans l'UE au
dessus du niveau du prix d'équilibre du marché, sans qu'il y ait
accumulation de
stocks publics d'intervention. Nous représentons
simplement le régime de quota sur la figure suivante :
D
Sg
S
P*
Dg
S
Q0 Q Q1
Figure
7 : Les quotas laitiers
En absence de quota sur la production de lait, la courbe
d'offre de lait est donnée par (SS) et la demande
agrégée des produits laitiers en équivalent lait est
(DDg). Dans ce cas, l'équilibre du marché engendre un
excédent d'offre égal à (Q1-Q0). Cet excédent doit
être soit stocké ou exporté sur le marché mondial.
Lorsqu'on introduit un quota (Q) sur la production, la courbe d'offre devient
(SSg). L'introduction du quota permet ainsi de réduire
l'excédent d'offre à (Q-Q0).
Grâce aux effets conjugués du régime des
quotas et des mécanismes de soutien des prix, il dévient plus
facile de maintenir les prix à des niveaux relativement
élevés, ce qui du point de vue économique permet
d'assimiler l'ensemble du dispositif à « une rente »
dont les producteur bénéficient pour chaque kilo de lait qu'ils
produisent et vendent dans le cadre du quota qui leur est alloué.
Quota de production et de rente de
quota
Considérons la figure 8 ; soit la courbe
S représentant la fonction d`offre potentielle de lait à
la ferme d'un producteur laitier. Supposons que les volumes des trois inputs
primaires (le capital, le travail et la terre) sont fixes. La fonction d'offre
est une fonction de court terme, plus précisément la fonction de
coût marginal de production à court terme, pour des volumes de
facteurs primaires donnés.
S
P*
A
D F
Ru
CmQ
B
E
C
QS
Q
Figure 8 : Quota de production et rente du
quota
Cette fonction dépend du prix du lait, des prix des
consommations intermédiaires et des volumes des trois inputs primaires.
Pour un prix du lait donné au niveau P*, la production
s'établit de manière optimale au niveau QS de
façon à égaliser le coût marginal de production et
le prix du lait. La surface ACF représente le surplus du producteur
laitier, i.e., la valeur ajoutée au coût des facteurs qui
rémunère les trois inputs primaires.
L'introduction d'un quota de production au niveau Q
inférieur à QS implique qu'il n'y a pas
d'égalité entre le prix du lait (supposé inchangé)
et le coût marginal de production (CmQ) du quota ;
l'écart (P*-CmQ) représente la rente unitaire du
quota Ru. Le surplus du producteur laitier est maintenant égal
à la surface ACED ; il est composé de deux
parties : le triangle BCE correspondant à la valeur ajoutée
au coût des facteurs (i.e rémunération des facteurs
primaires) et le rectangle ABED correspondant à la rente totale
de quota (i.e la rémunération du facteur additionnel de
production que représente le droit à produire le niveau de
quota).
La rente du quota, qui peut être estimée pour
l'ensemble du secteur, donne une indication approximative de l'effet induit par
le régime des quotas, ainsi que du rôle qu'il joue dans le soutien
des prix.
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