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Dynamiques et pertinences du moteur franco-allemand dans la construction de la Politique Européenne de sécurité et de Défense.


par Pascal BRU
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr - Master de Relations Internationales/Diplome de l'Ecole Spéciale Militaire 2004
  

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2-3 Les conditions d'un engagement commun :

Il réside d'abord dans le développement de capacités en réaction rapide de l'UE. Le 8 décembre 2003 est envisagée par la Grande-Bretagne et la France la mise en place d'un groupement tactique interarmées (GTIA) pour entreprendre des opérations autonomes à court terme, sous mandat de l'ONU.

Les origines de ce concept novateur au sein de l'UE, sont à chercher dans le précédent établi par l'opération ARTEMIS en Côte-d'Ivoire. « Et ce que me disaient les soldats avec lesquels j'en ai parlé, c'est que finalement, ils n'avaient plus l'impression d'appartenir à des pays différents, ils travaillaient ensemble. Je crois que cette première, toute première opération totalement autonome de l'Union Européenne est effectivement un moment historique. Et d'autre part, c'est certainement un modèle pour la force d'intervention rapide européenne que nous devons construire d'ici la fin de l'année » estime Michelle Alliot-Marie dans un entretien qu'elle accorde sur TV5 à Paris le 3 août 2003. « Cette opération a montré la capacité de l'Union Européenne à répondre rapidement à un appel des Nations Unies et à réagir de façon autonome à des milliers de kilomètres de son territoire », a-t-elle ajouté dans un discours de février 2004 à l'IHEDN.

Le concept de Groupements Tactiques (GT) est un document de réflexion franco-britannico-allemand. Il est d'origine franco-britannique et fait suite aux instructions du Conseil42(*). Il s'agit d'étudier la manière dont l'Union pourrait contribuer plus efficacement aux opérations de prévention des conflits, de maintien et d'imposition de la paix en étroite liaison avec les Nations Unies. Il se fixe pour objectif de s'appuyer sur le précédent établi par l'opération ARTEMIS en RDC en développant un certain nombre de forces de la taille d'un Groupement Tactique Interarmées disponibles pour entreprendre des opérations autonomes à court terme, principalement en réponse à des requêtes des Nations Unies.

Il s'inscrit dans le concept de la PESD en donnant un visage aux études de trois membres pour la construction de l'Europe de la Défense.

Les forces envisagées sont d'environ 1500 personnes, comprenant des éléments de soutien appropriés43(*) ainsi que les moyens nécessaires en matière de transport stratégique, de capacité à durer et de débarquement.

Leurs missions pourraient répondre à une requête de l'ONU, capables de participer à une opération autonome sous mandat relevant du Chapitre VII44(*).

· Appropriées, mais sans s'y limiter, à des interventions dans des Etats défaillants ou en déliquescence (la plupart étant situés en Afrique)

· Capables de se déployer dans un délai de quinze jours en réponse à une crise.

Ces GT pourront être constitués par une seule Nation, par une Nation cadre_d'autres Nations apportant une contribution sous forme de capacités, « niches », spécialisées, ou de soutien_, ou selon une formule multinationale. Cette dernière serait particulièrement opportune dans le cas d'Etats membres qui ne seraient pas en mesure d'apporter un GT complet à eux seuls.

Or, la nouvelle structure allemande semble plutôt bien adaptée à ce concept d'emploi des forces en mettant sur pieds, dès le temps de paix, une structure cohérente avec le concept de GT. Il convient d'autre part de souligner le fait que les forces des SK45(*) sont professionnelles, ce qui est également cohérent avec ce concept d'emploi. Ce lien est confirmé par l'Attaché de Défense en Allemagne : « ces évolutions ont été prises en compte par le ministre de la défense qui a diffusé en mai 2003 des nouvelles lignes directrices de la politique de défense et qui a décidé le 13 janvier 2004 une profonde transformation de la Bundeswehr ». (Berlin, le 9 mars 2004).

Les unités de réaction rapide devraient donner du poids à la politique étrangère européenne : « en présentant leur plan pour une force de réaction rapide européenne capable de se déployer sur les terrains les plus difficiles, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne viennent d'accélérer le renforcement de la coopération de la défense européenne. L'initiative présentée met en lumière la place de premier plan accordée par les trois grandes puissances militaires européenne au renforcement conjoint de leurs capacités de défense et ainsi donner plus de poids à la politique étrangère commune »46(*).

2-3-1 Les missions de l'UE :

En plus des missions de Petersberg, elles portent sur :

- La prévention des conflits (alerte rapide, mesures permettant de renforcer la confiance et la sécurité, etc.),

- Des actions conjointes en matière de désarmement (programmes de destruction d'armes et de contrôle des armements),

- Le conseil et l'assistance en matière militaire (« defense outreach » : coopération avec les forces militaires d'un pays tiers ou d'une organisation régionale/sous-régionale en vue de développer des forces armées démocratiques par l'échange de bonnes pratiques, par exemple des actions de formation),

- Les opérations de stabilisation à la fin d'un conflit,

- Le soutien à la demande des autorités d'un pays tiers dans la lutte contre le terrorisme.

Il ne s'agit donc à aucun moment pour l'UE de se substituer aux autres organisations internationales. « Elle ne doit pas vouloir se transformer en une alliance de défense collective. La défense territoriale reste l'apanage de l'OTAN, car l'Union n'a pas les moyens financiers et militaires pour répondre à une menace « classique ». La crise irakienne et les tentatives de renforcement de la PESD ont montré que les progrès en matière de politique de sécurité et de défense passent par la prise en compte des obligations incombant aux membres européens de l'OTAN dans l'Alliance Atlantique »47(*).

* 42 Instructions du 8 décembre 2003 de continuer de développer la capacité militaire de réaction rapide de l'UE.

* 43 Soutien au Combat (SC) :

Appui feu et assistance opérationnelle aux éléments combattants ;

Soutien Logistique au Combat (SLC) :

Administration et logistique.

* 44 Action destinée à restaurer la paix et la sécurité.

* 45 StabilisierungsKräfte.

* 46 The Independent, 11 février 2004.

* 47 Quel avenir ? Relations franco-allemandes et PESD, Martin Koopman et Hans Starck, DGAP-Analyse.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon