Section2:
Microcrédit : immenses opportunités pour l'INDH
1. Contribution du microcrédit à la
lutte contre la pauvreté
Dans le passé, les gouvernements et les bailleurs de
fonds ont commis des erreurs en accordant des crédits
subventionnés aux pauvres, en pensant qu'ils ne pouvaient pas assumer
les coûts élevés engendrés par le
microcrédit. L'expérience a montré que les
microentrepreneurs n'ont pas besoin de subventions, mais d'un accès
rapide et moins contraignant à des services financiers adaptés
à leurs besoins et au contexte local. Avec un microcrédit
approprié, les pauvres sont en mesure de rentabiliser leurs
activités de façon à pouvoir payer des taux
d'intérêts élevés. Ils ont le savoir-faire pour
gérer leurs activités et parviennent à rembourser à
des taux équivalents et même souvent supérieurs à
ceux du système traditionnel de financement.
Le microcrédit constitue donc un instrument puissant de
lutte contre la pauvreté. En effet, l'accès au microcrédit
peut permettre aux pauvres:
· D'augmenter leurs revenus et d'améliorer leurs
conditions de vie;
· D'accroître leur productivité et leur
efficacité;
· De développer des micro-entreprises;
· D'améliorer la gestion de leurs revenus;
· De réduire les risques auxquels ils sont
exposés;
· D'équilibrer la consommation de leur
ménage.
De plus en plus, il est démontré que les
programmes de microcrédit aident les pauvres à sortir de leur
état de pauvreté, ainsi que le montrent ces quelques exemples
pris sur les trois continents en développement.
Les programmes de microcrédit ont permis d'aider les
pauvres à sortir de leur état de dépendance de trois
manières (Christen et al 1995, Thapa et al 1993,
Khandker et al 1995):
· Le microcrédit a permis aux pauvres de se
créer des emplois en développant de petits projets de
métiers; ce qui a permis d'accroître considérablement les
revenus des bénéficiaires et de satisfaire ainsi leurs besoins
essentiels ainsi que ceux de leur famille.
· Les programmes de microcrédit s'accompagnent
d'autres services qui ont des impacts considérables sur la vie
socio-économique des populations bénéficiaires. La
mobilisation de l'épargne locale, la formation dispensée aux
pauvres, la mise en place des mécanismes d'assurance sociale, la
création de réseaux de travail ouvrent des horizons aux
demandeurs de microcrédit, qu'ils ne seraient pas capables d'avoir s'ils
étaient laissés à eux-mêmes.
· Le microcrédit permet aux pauvres de s'entraider
mutuellement pour sortir de leur état de pauvreté. Avec sa force
de réunir les gens qui partagent les mêmes problèmes, le
microcrédit stimule le changement dans les mentalités des gens et
prouve que les pauvres sont capables de se prendre en charge pour
évoluer vers un développement humain meilleur.
À l'analyse des résultats des expériences
vécues à travers le monde, il apparaît clairement que le
microcrédit a des potentialités importantes de succès:
· Tout d'abord, on constate que les pauvres sont de bons
payeurs. Le sérieux dans le respect de leur engagement, lequel
sérieux d'ailleurs développe un esprit de confiance dans les
mutualités, est véhiculé par les pauvres quand ils
accèdent au système de crédit formel.
· La viabilité et la profitabilité des
programmes de microcrédit sont réalisables dans les pays en voie
de développement. Sur une étude de cas de 11 institutions de
microcrédit, Christen et al (1994) ont constaté qu'il y
a une grande potentialité de rentabilité des institutions offrant
ces services financiers, même si au départ, ces institutions
avaient bénéficié de subventions.
Les institutions financières de microfinancement
peuvent donc jouer un rôle important dans l'éradication de la
pauvreté, en complétant les programmes des gouvernements et des
bailleurs de fonds. Quand un programme de microcrédit dépendant
des subventions peut être remplacé par un service de
microfinancement autosuffisant, ceci se traduit par des économies
substantielles pour les gouvernements et les bailleurs de fonds. Les
économies réalisées, avec la suppression des subventions,
peuvent alors être réallouées dans les autres volets de
leurs programmes de lutte contre la pauvreté que les institutions
financières ne parviennent pas à fournir. En particulier,
l'orientation de ces fonds vers la création et le renforcement des
institutions financières non commerciales, comme les coopératives
d'épargne et de crédit et les ONG spécialisées dans
le microcrédit, peut constituer un choix stratégique.
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