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La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la réduction de la pauvreté au Cameroun:une analyse sociologique des relations Bailleurs de fonds-ONG nationales


par Sosthène Hervé MOUAFO NGATOM
Université de Yaoundé 1
Traductions: Original: fr Source:

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D - LA LUTTE POUR LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ AU CAMEROUN : LA RÉPONSE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

Au regard de l'ampleur et de la profondeur de la pauvreté au Cameroun et face à « l'impuissance manifestée par l'État dans la recherche des solutions concrètes et durables aux problèmes des populations » (PNUD, 1998 a : 70), il s'est développé, dans un cadre non gouvernemental, des initiatives pour faire face à la pauvreté dans laquelle se trouve englué le pays. C'est dans ce contexte que la notion de société civile est devenue une référence obligée des discours sur la lutte contre la pauvreté au Cameroun. Que faut-il entendre par société civile et quelle en est la réponse à la pauvreté au Cameroun ?

D'après Maxime HAUBERT (2002 : 2), ce que nous appelons aujourd'hui « société civile » est née en réaction au totalitarisme de l'État communiste en Europe centrale et orientale, aux défaillances de l'État-providence dans les pays occidentaux et aux échecs de l'État-développementiste dans les pays du Tiers monde.

La société civile est présentée, selon la «théorie du système social », comme la troisième composante du système social, les deux autres étant le marché (lieu d'opération des entreprises et des activités lucratives) et l'État (auquel on joint généralement le système politique). La société civile se définit, de ce fait, comme tout ce qui se trouve en dehors du marché et de l'État

GUIMDO cité par ABEGA (1999 :43) définit la société civile par opposition à la société politique, les deux s'inscrivant dans un vaste ensemble qui est la société globale, laquelle société globale comprend les gouvernants, les gouvernés, les opérateurs économiques, les forces religieuses, les syndicats, les formations ou les partis politiques et les autres groupes de pression.

Pour S.C. ABEGA., la société civile se définit comme :

« La fraction de la société située en dehors des structures de l'État et agissant à travers les structures de type associatif, coopératif ou les organisations de défense de droits et intérêts hors du cadre des partis politiques, même si elle n'est pas en réalité apolitique » (1999 : 13).

La société civile, selon le PNUD, est composée :

« De leaders d'opinion et de groupes sociaux qui s'organisent, d'une part, pour susciter des débats publics sur des questions qui concernent l'ensemble de la société et d'autre part, pour régler des problèmes socio-économiques immédiats et à long terme qui se posent à leurs membres et, enfin, peser sur les décisions qui la concernent » (2000 : 3).

La société civile, d'après la classification retenue par l'administration camerounaise est constituée des associations simples ou socio-culturelles, des groupements d'intérêt économique (GIE), des Groupement d'initiatives communes (GIC), des coopératives, des organisations non gouvernementales (ONG), des syndicats, groupements et ordres professionnels. (PNUD, 2000 : 19).

La multitude de définitions que nous venons de parcourir traduit la dynamique ou encore, le caractère complexe de la notion de société civile. Une lecture en profondeur des différentes approches permet d'établir un constat d'ordre général : la société civile est une composante non gouvernementale de la société globale. Fort de ce constat, nous entendrons par société civile, la composante non gouvernementale de la société globale engagée, à travers les mouvements associatifs ou coopératifs, dans la promotion des intérêts collectifs de leurs membres ou de l'ensemble de la société.

Ainsi définie, quelle en est sa réponse à la pauvreté au Cameroun ? Mais avant, comment est-on arrivé à son émergence au Cameroun ?

Le concept de société civile apparaît officiellement au Cameroun en 1990, lors d'une conférence dite « tripartite ». Cette conférence a réuni, pour la première fois sous le label de « société civile » des personnes et des structures qui ont été invitées à dialoguer avec d'autres entités de l'espace public (gouvernement, partis politiques) pour réfléchir à la refonte du cadre institutionnel et à la gestion des affaires publiques, notamment la lutte contre la pauvreté par le développement des secteurs-clés : éducation, santé, eau, électricité, routes. (PNUD, 2000 : 4)

L'expression « société civile » apparaît au Cameroun, selon le PNUD (2000 : 4), sous la contrainte de la rue qui exprime ses réactions face à la profonde crise économique et politique apparue à la fin des années 80. En effet, le désengagement de l'Etat de nombreux secteurs du développement marque la fin de l'État-providence naguère très présent et interventionniste dans les secteurs tels que la santé, l'éducation, l'agriculture. La prise de conscience par les populations du retrait de l'État- providence les amène à s'engager dans la lutte pour l'assurance de leur propre survie. Les populations camerounaises commencent, dès lors, à chercher les solutions à leurs problèmes par elles-mêmes en se constituant en groupes en villes comme en campagnes. C'est ainsi que le phénomène associatif prend son essor. Après les tontines de toutes tailles, l'on est passé aux champs communautaires, aux petits projets de pistes, à l'achat de petits camions en commun pour évacuer des produits vivriers vers les villes, à la création parfois anarchique et improvisée des ONG.

La réponse de la société civile à la lutte contre la pauvreté au Cameroun s'exprime non seulement par la forte densité des associations ou organisations de la société civile au Cameroun, mais aussi par leur implication effective dans les domaines ayant trait à la lutte contre la pauvreté tels que l'éducation, la santé, l'environnement, la genre, l'agriculture et bien d'autres.

Le PNUD (2000 : 14), s'inspirant des données recueillies par le programme national de gouvernance (1999), fait état de l'existence de 30843 associations recensées dans 7 des 10 provinces que compte le Cameroun.

Selon le même rapport du PNUD, la grande majorité des organisations de la société civile opèrent dans l'économie sociale, et notamment les coopératives et les Groupes d'initiative commune. Les secteurs d'activités qui accueillent généralement ces organisations sont la santé, l'éducation, la production agricole, le développement rural, la production de l'environnement, le financement des micro-projets, la culture et les droits de l'homme. Elles oeuvrent en général dans le développement économique et la promotion socio-culturelle.

Toutefois, l'observation empirique, constate le PNUD (2000 : 10), laisse dégager certains éléments d'influence ayant joué sur l'émergence de la société civile au Cameroun. Il s'agit des pratiques coutumières, des conditions géographiques, des réalités socio-économiques et politiques, des facteurs et des acteurs exogènes. Tous ces éléments ont influencé d'une manière ou d'une autre l'émergence de la société civile au Cameroun.

L'impact de la société civile dans la lutte contre la pauvreté au Cameroun est aujourd'hui perceptible. Beaucoup d'organisations de la société civile ont investi le champ de l'approvisionnement en eau et de la santé, d'autres soutiennent la scolarité des enfants défavorisés. Dans le domaine de la production agricole, un grand nombre s'est engagé dans l'appui aux agriculteurs, les aidant à améliorer leur productivité agricole, à introduire de nouvelles cultures et à améliorer leurs capacités de commercialisation (PNUD 2000 : 66-68).

S'il est reconnu que la société civile est d'un apport remarquable dans la lutte contre la pauvreté au Cameroun, il n'en demeure pas moins que cette société civile reste encore fragile et que beaucoup reste à faire pour son épanouissement, question de permettre sa contribution efficiente au développement du Cameroun. Pour que la société civile soit plus efficiente et efficace dans la lutte contre la pauvreté au Cameroun, relève le PNUD (2000), il y a lieu d'améliorer sa capacité économique, son cadre juridique, renforcer sa capacité, garantir la sécurité du citoyen, promouvoir une justice indépendante et diligente, une volonté politique agissante.

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