Les incidences fiscales des normes IAS / IFRS en France Thomas
Gruet - Institut supérieur du commerce de Paris
Les incidences fiscales des IAS / IFRS en
France
Thomas Gruet
Expertise juridique et fiscale
Promotion 2004
Sous la direction de M. JR Pellas
Institut supérieur du commerce de
Paris
A jour au 30 avril 2004
Avril 2004 1
Les incidences fiscales des IAS / IFRS en
France
Thomas Gruet
Expertise juridique et fiscale
Promotion 2004
Sous la direction de M. JR Pellas
Institut supérieur du commerce de
Paris
A jour au 30 avril 2004
Les incidences fiscales des IAS / IFRS en
France
Thomas Gruet
Expertise juridique et fiscale
Promotion 2004
Sous la direction de M. JR Pellas
Institut supérieur du commerce de
Paris
A jour au 30 avril 2004
Remerciements
Mes remerciements vont tout particulièrement à
M. Jean Raphaël Pellas, Professeur
permanent de fiscalité des entreprises à l'Institut
supérieur du commerce de Paris, pour le soutien, l'aide et la
clairvoyance qu'il m'a apportés lors de l'élaboration de ce
mémoire.
Je remercie vivement M. Pascal Médard, Directeur des
Affaires fiscales de Pechiney, ainsi que toute son équipe, pour le suivi
et les critiques enrichissantes qu'il a portées à la
rédaction de ce mémoire.
Je remercie également Me Dominique Villemot du
Cabinet Villemot, Névot, Barthés et associés et
Président du Groupe « Incidences fiscales » des IFRS au
CNC pour l'interview et le temps qu'il a bien voulu m'accorder, ainsi que
pour m'avoir fait part des fruits de sa réflexion.
Sommaire
Page de garde
Remerciements P.2
Sommaire P.3
Synthèse P.5
Introduction P.9
Développement P.13
I. Une information financière objective à sa juste
valeur P.13
A. Les modifications apportées aux normes du bilan
P.13
1. L'actif du bilan ou la notion de ressources
contrôlées P.14
a. Immobilisations corporelles P.14
b. Immobilisations incorporelles P.20
2. Le passif du bilan P.26
a. Capitaux propres P.27
b. Provisions pour risques et charges P.27
3. Annexes et hors bilan P.31
B. Une nécessaire neutralité de la
fiscalité P.33
1. Les incidences fiscales de la notion de contrôle
P.35
a. Immobilisations corporelles P.35
b. Immobilisations incorporelles P.43
2. Le passif P.47
a. Capitaux propres et provisions réglementées
P.47
b. Provisions pour risques et charges P.48
3. Annexes et hors bilan P.51
II. Vers une harmonisation du résultat imposable des
sociétés P.54
A. Les modifications apportées au compte de
résultats P.55
1. Le résultat d'exploitation ou ordinaire
P.56
a. Charges d'exploitation ou ordinaires P.56
b. Produits d'exploitation ou ordinaires P.64
2. Le résultat financier P.67
a. Charges financières P.68
b. Produits financiers P.70
3. Le résultat exceptionnel ou extraordinaire
P.73
B. Les incidences fiscales du compte de résultat
retraité P.75
1. L'apparition du résultat ordinaire P.77
a. Charges ordinaires P.77
b. Produits ordinaires P.83
2. Le résultat financier P.86
a. Charges financières P.86
b. Produits financiers P.88
3. La disparition du résultat exceptionnel
P.91
Conclusion P.93
Sources P.96
Annexe 1 : Arrêt SIFE P.99
Annexe 2 : Arrêt Trinôme P.100
Synthèse
Les normes IAS sont publiées depuis les années 70
et sont depuis cette époque adoptées de
façon aléatoire par les pays,
européens ou non. En 2002, l'Europe a pris l'initiative de
rendre possible, grâce à des normes communes, la
comparaison des entreprises en évinçant les
comptabilités nationales : il s'agit des normes IFRS. En France, ces
normes ne concernent que les sociétés cotées pour
l'établissement des comptes consolidés et optionnellement,
les sociétés non cotées. Certains pays ont
adopté ces normes pour les comptes consolidés et
statutaires. Il s'agit notamment de l'Italie et de la Grèce. En
France, les comptes statutaires ont pour l'instant fait l'objet d'une
convergence partielle, notamment en ce qui concerne la
définition, comptabilisation et évaluation des actifs.
Ces normes sont une véritable chance pour l'Europe, qui
voit là l'occasion d'harmoniser le résultat fiscal des
sociétés. Pour autant, l'application commune de ces normes
laissera la place à des politiques fiscales en fonction des
desiderata des pays européens. Néanmoins, une telle
harmonisation implique de revoir totalement le droit national ce qui
ne va pas sans susciter des réactions vives de la part des
acteurs économiques, à savoir les entreprises et leurs
représentants (Conseil national de la comptabilité,
Association française des entreprises privées, MEDEF...),
l'Administration fiscale et l'Etat.
En France, le résultat fiscal provient du
résultat comptable des comptes statutaires et est obtenu
après retraitements du fait de règles spécifiques du Code
général des impôts (CGI). Ainsi, tout changement de la
comptabilité implique des modifications du résultat fiscal. C'est
pourquoi les normes IAS / IFRS ont des conséquences fiscales à
plus ou moins long terme en fonction de leur transposition à la
législation nationale. Le CNC est chargé de faire
converger le Plan comptable
général (PCG) vers les IFRS lorsque cela est
nécessaire et débat à ce sujet avec les
différents
acteurs concernés.
Les principales divergences portent sur l'actif du
bilan. En effet, les normes IFRS s'attachent tout
particulièrement à la présentation de l'actif. Les
dispositions des IFRS s'appliquent aux comptes consolidés et
statutaires ce qui impliquent de nombreuses incidences fiscales. Les
projets d'avis du CNC ont permis de gommer la majorité des
divergences. Ainsi par exemple, l'amortissement par composants, les
provisions pour grosses réparations et la définition des actifs
soulèvent encore des difficultés sur le plan fiscal, mais qui
seront réglées de toute manière durant le
2nd semestre 2004.
Le mémoire est composé de deux chapitres.
Ils traitent respectivement des modifications apportées au bilan et
au compte de résultats.
Les normes IFRS appliquées à l'actif du
bilan imposent de nombreux changements, notamment sur la définition,
la comptabilisation, l'amortissement et la dépréciation des
actifs. Les principales notions à retenir sont celles de «
Substance over form » et d'amortissement par composants.
La première car elle est la base même des
nouvelles normes comptables internationales et qu'elle est vigoureusement
défendue par l'International Accounting Standard Board (IASB -
Bureau international des normalisations comptables). Cette notion
autorise une approche plus économique de la
comptabilité, ce qui ôte tout caractère
juridique (principe français de comptabilisation) à la
notion de propriété. Ceci n'est pas sans soulever des
problèmes fiscaux, notamment au regard de la comptabilisation des
actifs et des impôts calculés à partir du montant total
d'actif des sociétés.
C'est précisément cette vision économique de
la comptabilité qui pose problème en France,
où les comptes des entreprises traduisent plus une
vision juridique et patrimoniale du bilan. De
même, le droit des actionnaires est plus largement mis en
avant sous les IFRS, ce qui est contraire aux principes français
où le droit des créanciers prime.
La seconde notion d'amortissement par composants est une
véritable révolution en France.
Un bien amortissable n'est plus comme un seul mais comme un tout,
composé de « sous actifs »
ayant eux-mêmes leur mode et durée d'amortissement.
Cela implique de nombreux retraitements et
ce, tout spécialement au regard de
l'amortissement fiscal dit dégressif. A la logique de
l'amortissement par composants s'ajoute celle de la comptabilisation
des actifs à partir de leur valeur de marché (Fair value) et
non plus de leur coût historique. De nombreux retraitements sont à
attendre pour le premier exercice d'application de cette méthode
d'amortissement en janvier 2005.
Par exemple, il est nécessaire de recalculer le coût
historique des composants d'un actif, afin
de redéfinir le plan d'amortissement. De plus,
la durée d'usage (droit fiscal français) se
révèle hautement incompatible avec la durée
d'utilité, à savoir d'utilisation prévue par
l'entreprise. Là encore, une multitude de concepts fiscaux sont
à revoir, ne serait-ce pour assurer une sécurité
juridique suffisante pour les entreprises.
Le passif ne fait pas l'objet d'une réforme profonde
avec l'instauration des normes IFRS en France. Le point le plus important
à retenir est celui de la disparition des provisions
réglementées, à savoir les provisions
constituées uniquement dans un but fiscal. Les comptes des
entreprises y gagneront en clarté et objectivité mais la
position de l'Administration fiscale est attendue sur ce point quant aux
éventuelles adaptations de la législation.
De manière générale, le compte de
résultats est pour le moment peu touché par les normes IFRS.
Certes, les normes internationales ont une approche et une définition
tout à fait différente des notions telles que résultat
d'exploitation, charges ou produits, mais les modifications concernent
essentiellement les comptes consolidés. Néanmoins, à plus
long terme, les normes IFRS impliquent
des modifications comptables et des incidences fiscales au
moins aussi importantes que celles
portant sur l'actif du bilan. En effet, les normes IAS / IFRS
évoquent le terme de « Performance reporting » plutôt
que celui de compte de résultats. A cela s'ajoute la notion de
résultat globale, par opposition à « l'Underlying
performance » ou résultat intrinsèque.
Les charges ne font pas l'objet de normes
particulières avec les IFRS et il convient de se rapporter à
celle touchant soit le hors bilan dans le cas d'une réintégration
au compte de résultats, soit l'actif du bilan. A titre d'exemple,
nous pouvons d'ores et déjà retenir les stock-options,
les stocks et les frais de recherche et de développement. Fiscalement,
les normes impactant ces postes impliquent des retraitements et le projet
d'avis du CNC a déjà largement permis, d'une part la
convergence du PCG, d'autre part de cerner les différentes
conséquences fiscales qui en découlent, même si de nombreux
points de désaccord subsistent encore.
Les produits sont plus largement touchés par les
normes IAS / IFRS, notamment sur la définition et la
comptabilisation des ventes de biens et prestations de services. En
l'espèce, la notion
de propriété économique pose de
nombreuses difficultés, ce qui dans certains cas peut aboutir à
des discordances réelles et non négligeables entre
règles comptables et fiscales. Reste que, pour le moment, ces
normes ne concernent elles-aussi que les comptes consolidés,
mais il apparaît dès aujourd'hui nécessaire
d'évaluer les conséquences comptables et fiscales afin de
préparer au mieux l'application des normes aux comptes statutaires.
Les normes IFRS sont une véritable chance pour
l'Europe en générale, et pour les entreprises en
particuliers. L'information financière fera preuve d'une
plus grande rigueur. L'application n'est pas sans soulever des
difficultés, notamment sur le plan fiscal. L'émergence d'un
bilan fiscal paraît donc souhaitable et particulièrement
pour des raisons de simplicité. La question se pose à terme
avec l'application des normes impactant le compte de résultat.
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