II- Résultats, interprétations et
recommandations
Cette partie vise trois objectifs :
ü D'abord, il est question de calculer, à
partir des séries disponibles, les résultats des
différents tests et estimations annoncés dans la partie
précédente. Il s'agit de procéder dans
l'ordre :
- aux tests de stationnarité des variables du
modèle pour valider les conditions de
co-intégration;
- aux tests de la trace et de la valeur
propre de JOHANSEN pour vérifier le nombre des
relations de co-intégration;
- à l'estimation de la relation de
long terme qui permet d'obtenir les coefficients du modèle, le sens de
variation des variables explicatives, le R2, le R2
ajusté, le DW, le t de Student et le F de Fisher;
- aux tests de stationnarité sur les
résidus de la relation de long terme, de normalité, de ARCH et de
vérification de la stabilité (CUSUM, CUSUM SQ).
- à l'estimation de la relation de court
terme à travers la spécification d'un EMC qui permet d'obtenir
les mêmes informations que dans l'estimation de la relation de long
terme.
- au test de causalité au sens de
GRANGER.
ü Ensuite, il faut interpréter les
résultats obtenus aux fins d'élucider et d'appréhender le
comportement, l'évolution et la significativité des
variables.
ü Enfin, il faut traduire en terme de politique
économique à appliquer au cas où la promotion de
l'épargne des ménages devient un objectif prioritaire au niveau
national.
1. RÉSULTATS ET
INTERPRÉTATIONS
Nous allons vérifier la stationnarité des
variables à l'aide du test de ADF et de PP. Il n'est plus
nécessaire de faire le test de DF dans la mesure où les limites
de celui-ci ont été comblées par ADF. L'analyse du test de
racine unitaire sur les cinq variables du modèle montre qu'au seuil de
5% :
- Quatre sont stationnaires en différence
première.
- Une est stationnaire en niveau.
Tableau n°3 : Récapitulatif
des Tests de Stationnarité sur les variables
Variables
|
Test en niveau
|
Test en difference
1ère
|
Ordre
|
ADF
|
PP
|
ADF
|
PP
|
d'intégration
|
Calculée
|
Tabulée
|
Calculée
|
Tabulée
|
Calculée
|
Tabulée
|
Calculée
|
Tabulée
|
|
S
|
-2,84
|
-3,57
|
1,59
|
1.95
|
-3,88
|
-3,57
|
-4,52
|
-1,95
|
I (1)
|
Y
|
-3,56
|
-1,96
|
-2,74
|
-3,56
|
-2,52
|
-1,95
|
-7,49
|
-3,57
|
I (1)
|
TIR
|
-3,38
|
-3,57
|
-2,96
|
-3,56
|
-4,82
|
-3,57
|
-5,06
|
-3,57
|
I (1)
|
INF
|
-3,14
|
-2,96
|
-4,20
|
-2,96
|
/
|
/
|
/
|
/
|
I (0)
|
IR
|
-0,68
|
-1,95
|
-0,69
|
-1,95
|
-4,16
|
-1,95
|
-5,65
|
-1,95
|
I (1)
|
Source : Calculs effectués
sur les données à partir du logiciel E-Views 4.0
La combinaison de ces séries est stationnaire bien
qu'elles soient co-intégrées d'ordre différent. Cette
caractéristique essentielle nous donne la possibilité d'analyser
la dynamique de long terme de l'épargne des ménages avec des
modèles faisant appel aux tests de co-intégration des
variables.
Nous avons retenu le test de JOHANSEN
pour déterminer le nombre de relation de co-intégration
entre les variables.
Tableau n° 4 : Test de la trace et test de
la valeur propre de JOHANSEN
Date: 02/04/05 Time: 08:25
|
Sample(adjusted): 1972 2000
|
Included observations: 29 after adjusting endpoints
|
Trend assumption: No deterministic trend
|
Series: S Y TIR IR INF
|
Lags interval (in first differences): 1 to 1
|
|
|
|
|
|
|
Unrestricted Co-integration Rank Test
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
5 Percent
|
1 Percent
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
|
|
|
|
|
|
|
None **
|
0.789290
|
81.56286
|
59.46
|
66.52
|
|
At most 1
|
0.523162
|
36.40196
|
39.89
|
45.58
|
|
At most 2
|
0.310342
|
14.92522
|
24.31
|
29.75
|
|
At most 3
|
0.132675
|
4.150012
|
12.53
|
16.31
|
|
At most 4
|
0.000762
|
0.022095
|
3.84
|
6.51
|
|
|
|
|
|
|
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Trace test indicates 1 cointegrating equation(s) at both 5% and
1% levels
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
5 Percent
|
1 Percent
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
|
|
|
|
|
|
|
None **
|
0.789290
|
45.16090
|
30.04
|
35.17
|
|
At most 1
|
0.523162
|
21.47675
|
23.80
|
28.82
|
|
At most 2
|
0.310342
|
10.77520
|
17.89
|
22.99
|
|
At most 3
|
0.132675
|
4.127917
|
11.44
|
15.69
|
|
At most 4
|
0.000762
|
0.022095
|
3.84
|
6.51
|
|
|
|
|
|
|
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating equation(s) at
both 5% and 1% levels
|
Source : Estimation des données avec le
logiciel E - Views 4.0
D'après les résultats, on ne peut rejeter au
seuil de 5%, qu'il existe au plus une relation de co-intégration. Pour
les variables concernées, LR est supérieur à CV
(statistique de la trace : 81,56 > 59,46; statistique de la valeur
propre : 45,16 30,4). Le vecteur de co-intégration est
unique. L'hypothèse d'une co-intégration est acceptée
entre l'épargne des ménages et ses fondamentaux.
Nous pouvons alors procéder à
l'estimation de la relation de long terme par la méthode des MCO. Pour
établir cette relation, nous utiliserons l'équation
(4.1).
Tableau n°5 : Estimation de la relation de
long terme par la méthode des MCO.
Dependent Variable: S
|
Method: Least Squares
|
Date: 02/04/05 Time: 09:24
|
Sample: 1970 2000
|
Included observations: 31
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-3.684808
|
0.947937
|
-3.887187
|
0.0006
|
Y
|
1.408784
|
0.154515
|
9.117473
|
0.0000
|
TIR
|
-0.007761
|
0.003423
|
-2.267185
|
0.0319
|
IR
|
-0.000316
|
0.001241
|
-0.254397
|
0.8012
|
INF
|
0.002408
|
0.002673
|
0.900748
|
0.3760
|
R-squared
|
0.880810
|
Mean dependent var
|
5.213281
|
Adjusted R-squared
|
0.862473
|
S.D. dependent var
|
0.233496
|
S.E. of regression
|
0.086591
|
Akaike info criterion
|
-1.908547
|
Sum squared resid
|
0.194949
|
Schwarz criterion
|
-1.677259
|
Log likelihood
|
34.58248
|
F-statistic
|
48.03472
|
Durbin-Watson stat
|
1.959610
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Source : Estimation des données avec le
logiciel E.Views 4.0
On obtient la relation de long terme suivante
St = - 3,684808 + 1,408784 Yt
- 0,007761 TIRt + 0,0024808 INFt - 0,000316
IRt (4.6)
(-3,88) (9,11)
(-2,26) (0,90) (-0,25)
R² = 0,8808; R² ajusté = 0, 8624; F stat =
48, 03; Prob (F stat ) = 0,000.000; DW = 1,95
Les valeurs entre parenthèses
représentent la significativité des variables.
R² et R² ajusté montrent
que les variables indépendantes expliquent à 88% et
à 86% le comportement de l'épargne des ménages au
Cameroun.
La statistique de DW (1,95) montre que les
erreurs ne sont pas corrélées ou liées.
Les valeurs T de Student montrent
que le revenu disponible brut (9,11) et le taux
d'intérêt réel des ménages (2,26)
influencent significativement l'épargne des ménages. Les
coefficients de l'impôt sur les revenus (-0,25) et de
l'inflation (0,90) sont significativement égaux
à zéro i.e. qu'ils n'interviennent pas dans l'évolution de
l'épargne des ménages.
La statistique F de Fisher (48,04) montre
que :
- Le modèle est globalement significatif.
- Les variables explicatives véritables ont
globalement une influence sur l'épargne des ménages.
Après l'estimation de la relation de long
terme entre les variables par les MCO, il reste à vérifier que
le résidu issu de cette régression est
stationnaire.
Tableau N°6 : Test de
stationnarité sur le résidu
|
Test en niveau
|
Résidu
estimé
|
ADF
|
PP
|
Cal
|
Lue
|
Cal
|
Lue
|
-4,56
|
-1,95
|
-5,31
|
-1,95
|
Source : Calculs effectués à
partir des données avec le logiciel E-Views 4.0
Le test de racine unitaire sur le
résidu montre que celui-ci est stationnaire en niveau,
confirmant de ce fait, l'existence d'une relation de co-intégration.
Par ailleurs, le test de normalité de
JB (en annexe IV) montre que le résidu suit une loi
normale (JB = 2,20, Proba = 0,33).
De même le test de ARCH (en annexe
V) montre une absence d'hétéroscédasticité.
Les résultats du test de CUSUM
(en annexe VI) montrent que la courbe ne sort pas de son corridor.
Ceux du test de CUSUM SQ à 5% (en
annexe VII) montrent une période de rupture entre 1981 et 1988.
Durant celle-ci, nous constatons un franchissement de l'intervalle de
confiance. Ce constat nous amène à rejeter l'hypothèse
d'absence de changement structurel.
L'estimation économique montre que les variables
identifiées sont des déterminants significatifs de
l'épargne des ménages au Cameroun.
Pendant que le taux d'intérêt réel et
l'impôt sur les revenus agissent négativement sur
l'épargne, le revenu disponible brut et l'inflation pour leur part
influencent positivement l'épargne des ménages.
Le résultat de l'estimation du coefficient du revenu
disponible brut indique un coefficient positif et statistiquement significatif.
Une augmentation de 1 pour cent du revenu se traduit par une augmentation de
1,4 pour cent de l'épargne des ménages.
Un changement à la hausse du taux
d'intérêt réel est associé à une diminution
de l'épargne de 0,0077 pour cent. L'effet revenu a emporté sur
l'effet de substitution.
Pour ce qui est de l'impôt sur les revenus, une
variation à la hausse de 1 pour cent entraîne une variation
à la baisse de 0,000316 pour cent de l'épargne. L'effet de
substitution négatif l'emporte sur l'effet du revenu positif.
En cas d'accroissement de l'inflation de un pour cent, on
assiste à une augmentation de 0,0024 de l'épargne des
ménages.
Après le test de co-intégration de
JOHANSEN qui a permis de détecter la présence d'une relation de
long terme entre les variables, l'analyse de l'évolution de court terme
serait amplement justifiée.
L'étude du comportement à court terme requiert
la spécification d'un EMC.
L'estimation de la relation de court terme à l'aide du
logiciel E-Views 4.0 a donné les résultats
ci-après :
Tableau n° 7 : Estimation de la relation de
court terme des variables
Dependent Variable: D(S)
|
Method: Least Squares
|
Date: 02/04/05 Time: 13:47
|
Sample(adjusted): 1971 2000
|
Included observations: 30 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-0.002105
|
0.018256
|
-0.115298
|
0.9092
|
D(Y)
|
1.204497
|
0.381689
|
3.155705
|
0.0043
|
D(TIR)
|
-0.000291
|
0.003191
|
-0.091332
|
0.9280
|
D(IR)
|
-0.000124
|
0.001796
|
-0.069091
|
0.9455
|
D(INF)
|
0.002954
|
0.001606
|
1.839397
|
0.0783
|
RESID01(-1)
|
-0.969021
|
0.206289
|
-4.697404
|
0.0001
|
R-squared
|
0.574109
|
Mean dependent var
|
0.030209
|
Adjusted R-squared
|
0.485382
|
S.D. dependent var
|
0.110666
|
S.E. of regression
|
0.079388
|
Akaike info criterion
|
-2.052075
|
Sum squared resid
|
0.151260
|
Schwarz criterion
|
-1.771835
|
Log likelihood
|
36.78112
|
F-statistic
|
6.470501
|
Durbin-Watson stat
|
1.664791
|
Prob(F-statistic)
|
0.000611
|
Source : Estimation des données avec le
logiciel E.Views 4.0
A partir de ce tableau, nous avons le modèle à
correction d'erreur de la fonction d'épargne des ménages
suivant :
D(St) = - 0,002105 + 1,204437
D(Yt) - 0,000231 D(TIRt) + 0,002954 D(INFt ) -
0,000124 D(IRt )- 0,969021
(4.7)
( -0,11) (3,15) (-0,091)
(1,83) (-0,069) (-4,69)
R² = 0;5741; R² ajusté = 0,4853; F stat
= 6,47; Prob (F stat) = 0,0061; DW = 1,66
Les valeurs entre parenthèses représentent
la significativité des variables
Globalement, le modèle estimé semble
intéressant dans la mesure ou F-Fisher (6,47)
>4, la probabilité de Fisher
(0,000611) est statistiquement différente de zéro,
R² indique que le modèle explique à 57,41% les variations de
l'épargne des ménages. La valeur du DW
(1,66) montre que les erreurs sont indépendantes. Le
R² ajusté montre que les variables indépendantes expliquent
à court terme seulement à 48,53% (en deçà de la
moyenne) le comportement d'épargne des ménages.
Les signes attendus aussi bien à court qu'à long
terme sont confirmés pour deux variables (revenu disponible et
impôt sur les revenus). Ils sont infirmés pour les deux
variables restantes (taux d'intérêt réel et taux
d'inflation).
Notons que le coefficient à correction
d'erreur est statistiquement significatif et présente le signe
attendu. Cette force de rappel (-0,969) traduit
l'effet d'ajustement de l'épargne à chaque période vers
l'équilibre.
L'estimation du EMC montre que parmi les variables retenues
dans le modèle, seul le coefficient du revenu disponible brut est
statistiquement significatif. Son effet à court terme est identique
à celui de long terme. Le coefficient du taux d'intérêt
réel n'est plus statistiquement significatif. Son signe est contraire
à celui attendu mais identique à celui de la relation de long
terme. L'inflation et l'impôt sur les revenus ont le même
comportement aussi bien à court qu'à long terme.
En l'absence de différence entre les signes obtenus et
les signes attendus, l'analyse des effets des variations de chaque variable
exogène du modèle sur la variable endogène pour le long
terme est valable pour le court terme.
Le test de normalité (JB = 2,62 , Proba =
0,26) sur le résidu estimé du EMC (en
annexe VIII) montre qu'il suit une loi normale.
Le test de causalité au sens de GRANGER
sur les variables de l'étude donne les résultats
suivants :
Tableau n° 8 : Test de causalité des
variables au sens de GRANGER
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 02/04/05 Time: 11:02
|
Sample: 1970 2000
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
Y does not Granger Cause S
|
30
|
2.94696
|
0.09749
|
S does not Granger Cause Y
|
3.69202
|
0.06529
|
TIR does not Granger Cause S
|
30
|
0.01223
|
0.91277
|
S does not Granger Cause TIR
|
5.88123
|
0.02227
|
IR does not Granger Cause S
|
30
|
0.00016
|
0.99005
|
S does not Granger Cause IR
|
0.22120
|
0.64190
|
INF does not Granger Cause S
|
30
|
0.02448
|
0.87684
|
S does not Granger Cause INF
|
1.48187
|
0.23401
|
TIR does not Granger Cause Y
|
30
|
0.00565
|
0.94066
|
Y does not Granger Cause TIR
|
8.36011
|
0.00749
|
IR does not Granger Cause Y
|
30
|
0.04541
|
0.83286
|
Y does not Granger Cause IR
|
0.07857
|
0.78138
|
INF does not Granger Cause Y
|
30
|
0.09663
|
0.75830
|
Y does not Granger Cause INF
|
2.03832
|
0.16484
|
IR does not Granger Cause TIR
|
30
|
0.81283
|
0.37526
|
TIR does not Granger Cause IR
|
0.13904
|
0.71214
|
INF does not Granger Cause TIR
|
30
|
1.62484
|
0.21328
|
TIR does not Granger Cause INF
|
3.34358
|
0.07854
|
INF does not Granger Cause IR
|
30
|
0.22881
|
0.63626
|
IR does not Granger Cause INF
|
0.02709
|
0.87050
|
Les résultats du test de causalité au
sens de GRANGER pour un décalage d'une période, montrent que
:
- Seules les variations de S sont susceptibles
de causer les variations du TIR (FISHER > 4).
- Seules les variations de Y sont susceptibles
de causer les variations du TIR (FISHER > 4).
En revanche, au sens de GRANGER, aucune variable explicative
ne cause la variation de la variable expliquée.
Les différents résultats obtenus
à la fois dans l'estimation de la relation de long terme et de celle de
court terme ainsi que dans le test de causalité, peuvent être
utilisés pour la formulation d'une politique de promotion de
l'épargne des ménages au Cameroun.
2. RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ÉCONOMIQUE
Une étude des variables explicatives de
l'épargne des ménages au Cameroun doit normalement aboutir
à la formulation de politiques susceptibles de provoquer une
mobilisation optimale d'une des composantes essentielles de l'épargne
intérieure qu'est l'épargne des ménages.
Une politique de l'épargne doit pouvoir
s'insérer harmonieusement dans la politique économique globale du
pays. Il faut au préalable fixer la cohérence entre les
instruments et les objectifs. Une politique efficace de l'épargne ne
doit pas alors faire abstraction des contraintes endogènes et
exogènes existantes.
Parmi les actions à entreprendre, l'Etat peut
à la fois agir sur les variables explicatives du modèle ou sur
d'autres variables quantitatives et qualitatives non exprimées dans
l'étude.
ü Promouvoir l'épargne par une politique
rationnelle d'augmentation des revenus.
Le revenu disponible est la seule variable explicative
significative qui agit positivement aussi bien à court qu'à long
terme sur l'épargne. Si l'objectif à terme est d'accroître
le taux d'épargne des ménages qui est encore très faible,
une action sur les revenus serait efficace. Une politique des revenus peut se
faire à travers :
- L'augmentation des salaires.
- La revalorisation des transferts et prestations
sociales.
- L diminution des prélèvements
(impôts, taxes.).
- La valorisation des prix des produits de base.
Par ailleurs, pour qu'une politique de revenus réalise
des résultats escomptés, il faudrait maîtriser ses effets
pervers. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- Le risque d'augmentation de l'inflation.
- La dilution du différentiel reçu dans des
consommations et dépenses improductives.
- La perte de compétitivité suite au
renchérissement du coût de la main d'oeuvre.
- L'inéquité dans sa répartition. La
frange minoritaire des revenus élevés peut être celle qui
bénéficie le plus de l'effet d'augmentation.
ü Promouvoir l'épargne à travers
une politique des taux d'intérêt réels
modérés.
Dans la relation de court terme, le taux
d'intérêt réel n'est pas une variable significative. A
l'inverse des prévisions, il a un effet négatif sur
l'épargne aussi bien à long qu'à court terme. Les
ménages ne réagissent pas favorablement à une hausse de
taux. L'effet de revenu (une hausse du taux de l'intérêt
déprime l'épargne) a tendance à l'emporter sur
l'effet de substitution (une hausse du taux de l'intérêt
stimule l'épargne)
A priori, il est difficile de trancher en faveur d'un taux
élevé ou d'un taux faible pour promouvoir l'épargne. Le
fait d'agir en sens contraire (effet de substitution et effet de revenu)
rend aléatoire la quantification de l'effet final.
Signalons également que l'inflation affecte le
taux nominal et parfois le rend moins attrayant. Comme stratégie de long
terme, il est plus raisonnable de pratiquer une politique de taux
modérés et moyens.
En plus de promouvoir ou de constituer un frein pour
l'épargne, les taux d'intérêts sont utilisés
à d'autres fins :
- Les taux bas encouragent l'investissement,
améliorent la compétitivité des produits à l'export
et permettent l'accès au crédit au plus grand nombre.
- Les taux bas peuvent alimenter l'inflation. Le
crédit par essence, participe de la création
monétaire.
- Les taux bas peuvent favoriser la fuite des capitaux
à la recherche de meilleurs placements. Le taux raisonnable
économiquement est celui qui annule le différentiel
d'intérêt à l'international. Avec la globalisation des
économies et la tendance à l'unification des marchés de
capitaux, on assiste à une plus grande mobilité de ces
capitaux.
- Les taux bas peuvent même amener les banques
à ne pas trop s'investir dans l'activité spatio-temporelle de
collecte de l'épargne sur plusieurs segments du marché. Les
conditions de collecte et les montants collectés ne garantissent pas
toujours la rentabilité de l'opération.
ü Promouvoir l'épargne à
travers la maîtrise de l'inflation.
Un autre paradoxe dégagé par les conclusions
de notre étude est le comportement de l'inflation. Contrairement au
signe attendu, elle agit positivement sur l'épargne des ménages.
Quoi qu'elle ne soit pas une variable statistiquement significative aussi bien
à long terme où à court terme, elle contribue
néanmoins à expliquer le comportement d'épargne des
ménages.
Sur le plan théorique, le signe pris par l'inflation a
au moins deux explications. Les ménages peuvent alors réagir
à une augmentation du taux d'inflation en:
- reconstituant leurs encaisses réelles. Cela a
pour effet d'entraîner une hausse du taux de l'épargne;
- subissant une illusion monétaire sur les prix
relatifs. Cela a pour effet d'accroître l'épargne.
L'effet total est presque indéterminé du fait du
conflit entre l'effet de fuite devant la monnaie qui déprime
l'épargne et l'effet de reconstitution des encaisses réelles qui
accroît l'épargne, entre l'illusion monétaire sur le prix
relatifs qui accroît l'épargne et l'illusion monétaire sur
les revenus qui tend à abaisser le taux d'épargne.
Une politique de maîtrise de l'inflation doit avoir
pour finalité d'agir d'une part, sur le rendement réel des actifs
placés ou souscrits, et d'autre part, sur le pouvoir d'achat des
ménages.
S'il faut aller dans le sens suggéré par les
résultats de notre étude, cela signifierait qu'il faille
relâcher les politiques anti-inflationnistes. Les conséquences
d'une inflation incontrôlée sont plus désastreuses que
positives :
- Elle peut se transformer en une inflation galopante ou
même en hyper inflation.
- Elle pénalise la rentabilité des
investissements et des placements.
- Elle favorise la fuite des capitaux vers
l'étranger à l'objectif de garantir un pouvoir d'achat minimum et
une valeur réelle maximale.
- Elle nuit à la compétitivité de
l'économie.
En somme, même si l'inflation encourage l'épargne
des ménages, elle doit être maintenue dans les limites qui
prennent en compte le niveau d'inflation à l'extérieur
(théorie de la parité des pouvoirs d'achat)
et qui ne puissent pas constituer
un poison lent pour l'économie.
ü Promouvoir l'épargne à
travers une politique fiscale réaliste.
A long terme, comme à court terme, l'impôt sur
les revenus n'a aucune influence significative sur l'épargne des
ménages. Un relèvement de la pression fiscale affecte
négativement l'épargne. Si l'Etat devrait prioriser
l'épargne des ménages, il devrait au mieux des cas réduire
sinon stabiliser l'impôt sur les revenus de la propriété
et du travail.
Par ailleurs, une politique fiscale a des
conséquences sur d'autres variables. Parmi ces conséquences, on
peut citer :
- La réduction de la demande interne avec pour
corollaire la réduction des investissements, de l'emploi et
l'augmentation du chômage.
- La pratique d'un effort fiscal tolérable sur les
revenus de capital pouvant avoir pour objectif d'attirer les investisseurs
étrangers.
- Le niveau de financement des déficits
publics.
Sur le plan théorique, l'effet total de la
fiscalité sur l'épargne des ménages est aussi ambigu
à long terme du fait de l'existence de deux effets contradictoires
(l'effet de substitution négatif et l'effet de revenu
positif).
ü Promouvoir l'épargne en adoptant une
politique de rapprochement
entre le secteur financier formel
et le secteur financier informel.
Le secteur informel, très dynamique, draine une part
importante de l'épargne qui n'est pas statistiquement
comptabilisée et mesurée. En dehors des
passerelles existantes et pas encore bien développées, il
faudrait procéder à un rapprochement entre le secteur financier
formel et secteur financier informel. Si l'unification du marché de
l'épargne constitue encore un idéal, il n'est pas impossible de
penser une véritable politique d'intéressement de
l'épargne informelle en prenant appui sur les motivations des
participants aux tontines, aux groupes de solidarité etc. L'objectif
à terme est d'attirer vers le secteur formel une partie de
l'épargne informelle.
Au final et en dehors du revenu qui a un effet certain
lorsque la politique des revenus intègre les contraintes d'ensemble,
les autres variables ont non seulement des effets ambigus sur l'épargne
mais également, elles sont pour la plupart non significatives. Une
politique prudente va ignorer l'utilisation de ces instruments (taux
d'intérêt, inflation, impôts sur les revenus). Une
politique courageuse et active va les utiliser en cherchant à
éliminer les effets pervers et à maximiser ou minimiser l'effet
attendu.
A long terme, les variables retenues prises ensemble
expliquent à 88,08% (R²) et à 86,24% (R²
ajusté) l'épargne des ménages.
A court terme ces coefficients sont seulement de 57,41%
(R²) et 48,53% (R² ajusté). Ce résultat montre,
qu'à court terme il y a une part importante de l'épargne des
ménages qui n'est pas expliquée par les variables retenues.
D'où l'urgence d'explorer d'autres déterminants à la fois
qualitatifs et quantitatifs. L'épargne informelle et les placements
à l'étranger peuvent être des déterminants
potentiellement significatifs. Il ne reste qu'à relever le défi
de leur évaluation surtout quand on sait par exemple que pour les
placements à l'étranger, il n'est pas toujours facile
de les quantifier. L'évasion des capitaux fait appel à plusieurs
canaux (fuites sous forme d'exportation des billets, recettes en
provenance d'exportations illégales non enregistrées dans les
statistiques du commerce extérieur, acquisition des devises
étrangères par la falsification des documents commerciaux,
surfacturation des importations, non rapatriement des devises par les
résidents à l'étranger...)
Tableau n° 9 : Récapitulatif des
résultats des tests et estimations.
Relation de court terme
|
Relation de long terme
|
S
|
Y
|
TIR
|
INF
|
IR
|
t-1
|
S
|
Y
|
TIR
|
INF
|
IR
|
t
|
Variable dépendante
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable indépendante
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Résidu
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ordre d'intégration
|
I(1)
|
I(1)
|
I(1)
|
I(0)
|
I(1)
|
|
(1)
|
I(1)
|
(1)
|
I(0)
|
I(1)
|
I(0)
|
Signe attendu du coefficient
|
|
(+)
|
(+)
|
(-)
|
(-)
|
|
|
(+)
|
(+)
|
(-)
|
(-)
|
|
Signe obtenu du coefficient
|
|
(+)
|
(-)
|
(+)
|
(-)
|
|
|
(+)
|
(-)
|
(+)
|
(-)
|
|
Coefficient obtenu
|
|
1,204
|
-0,0002
|
0,0029
|
0 -0, 0001
|
-0,969
|
|
1,408
|
- 0,0077
|
0,024
|
-0,0003
|
|
t - sudent
|
|
3,15
|
0,09
|
1,83
|
0,06
|
4,69
|
|
9,1
|
2,26
|
0,9
|
0,25
|
|
Significativité
|
|
OUI
|
NON
|
NON
|
NON
|
OUI
|
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
NON
|
|
Ecart type
|
|
0,38
|
0,0031
|
0,0016
|
0,0017
|
0,206
|
|
0,1545
|
0,0034
|
0,0026
|
0,0012
|
|
R²
|
0,5741
|
|
0,8808
|
|
R² ajusté
|
0,4853
|
|
0,8624
|
|
DW
|
1,66
|
|
1,95
|
|
F de Fisher
|
6,47
|
|
48,03
|
|
Prob (F.de Fisher)
|
0,00611
|
|
0,000 000
|
|
JARQUE - BERA
|
|
2,62
|
|
2,20
|
ARCH
|
|
Absence
d'hétéroscédasticité
|
CUSUM
|
Stabilité des coefficients
|
CUSUM SQ
|
Instabilité des coefficients affectés par les
changements structurels
|
Test de causalité
|
S cause TIR et Y cause TIR. (Pas de variable
exogène qui cause la variable endogène)
|
Modèle de base
|
St = âo +
â1 Yt + â2 TIRt +
â3 INFt + â4 IRt +
åt
|
Modèle de la relation de long
terme
|
St = - 3,684808 + 1,408784 Yt
- 0,007761 TIRt + 0,0024808 INFt - 0,000316
IRt
|
Modèle à correction
d'érreur
|
D(St) = - 0,002105 + 1,204437
D(Yt) - 0,000231 D(TIRt) + 0,002954 D(INFt ) -
0,000124 D(IRt )- 0,969021
|
En guise de conclusion partielle, nous retenons que le
revenu disponible des ménages (à court et à long terme) et
le taux d'intérêt réel (à court terme) sont les
principales variables explicatives de la fonction d'épargne des
ménages au Cameroun. La conclusion générale va permettre
de faire l'économie de la démarche théorique et empirique
qui a conduit à ces résultats.
|