La circulation des armes légères et de petit calibre en Afrique de l'ouest: contribution à une étude au programme de désarmemement.( Télécharger le fichier original )par Chabi Dramane Bouko Université d'Abomey-Calavi - Diplôme du cycle I de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature filière "Diplomatie et Relations Internationales" 2004 |
B- L'impact des Armes Légères et Petit Calibre sur la santé et sur les investissements en Afrique de l'OuestLa circulation anarchique des ALPC produit des incidences sur la santé et freine l'entrée des investisseurs économiques dans la sous-région. 1- L'influence des armes légères sur les dépenses de santé Les Etats ouest-africains dépensent des sommes colossales pour soigner les blessés de guerre. Dans son rapport de 2001 sur les armes légères et la santé mondiale, le Docteur Etienne KRUG, Directeur du Service de Prévention de la Violence et des Blessures (PVB) à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que « les données relatives à l'impact des armes légères sur la santé des particuliers sont loin d'être exhaustives »1(*). D'après une étude de 1997 les soins d'un million de victimes de blessures par balles en Afrique coûteraient environ 6,5 millions de dollars US.2(*) Ainsi, des centaines de millions de personnes survivent à des blessures par balles. Elles doivent recevoir des soins coûteux et souffrent souvent de séquelles physiques et psychologiques permanentes. Vue l'importance et l'urgence des dépenses à effectuer pour satisfaire ces besoins qui s'imposent, les Etats de l'Afrique de l'Ouest empiètent le plus souvent sur les budgets de l'éducation, le budget social des investissements, etc. Parfois ils sont obligés de faire appel aux bailleurs de fonds ou aux grandes puissances économiques qui le plus souvent ne sont pas prêts à investir dans les budgets de fonctionnement. La tâche de Médecin sans Frontières devient immense et l'entrée des investisseurs se trouve de ce fait limitée. 2- Les Armes Légères et Petit Calibre : un frein pour les investissements en Afrique de l'Ouest Depuis la période coloniale, les pays de l'Afrique de l'Ouest continuent de bénéficier de l'appui des pays du Nord. Dès la Conférence de BAULLE en 1991, le Président François MITTERRAND conditionnait l'aide au développement des pays africains à la quiétude, à la paix et à la démocratie. Ainsi les crises, les conflits, l'insécurité freinent l'ardeur des investisseurs étrangers. De même, les bailleurs de fonds ne peuvent investir que lorsque les fonds alloués ne seront pas détournés aux fins militaires ou à l'achat des armes. Le développement se trouve ainsi "pris en otage" selon les propres termes de Robert MUGGAH et Peter BACHELOR. En effet, la prolifération des armes légères décourage l'investissement étranger et gêne les perspectives de développement économique. Les conflits armés enregistrés en Afrique de l'Ouest minent les profits économiques durement gagnés par ces nations déjà appauvries. Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, le Président Laurent GBAGBO voulait faire de 2003 « l'année des investisseurs ». Mais les événements actuels ont freiné l'ardeur des opérateurs économiques déjà installés dans le pays. Aujourd'hui, plus de 7.000 français (la plupart des investisseurs ont dû quitter Abidjan suite aux événements du 6 Novembre 2004 qui ont causé la mort de 9 soldats français et 64 civils ivoiriens.1(*) Aussi la Côte d'Ivoire n'organisera-t-elle pas la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2006 à cause de la situation qui y prévaut. Que retenir alors des conséquences sociales et éducationnelles résultant de la prolifération des ALPC en Afrique de l'Ouest ? PARAGRAPHE 2 : CONSEQUENCES SOCIALES ET EDUCATION-NELLES DES ALPC EN AFRIQUE DE L'OUEST 79% des armes qui circulent en Afrique subsaharienne sont entre les mains des civils comme le montre le graphique ci-après.
Sources : Jilles YABI : JAI, n° 2230 au 11 octobre 2003, p. 52 Sources : Jilles YABI : JAI, n° 2230 au 11 octobre 2003, p. 52 En effet, la prolifération des armes légères a des incidences sur la société en général et sur l'éducation de la couche juvénile en particulier. A- Les conséquences sociales Il est indéniable que la diffusion des ALPC engendre le phénomène des enfants soldats dans les pays de la sous-région. Cela voudrait dire que l'existence des enfants soldats est conditionnée par la prolifération des armes légères. Il est aujourd'hui facile à un enfant de 10 ans de monter, de démonter et de transporter une Kalachnikov AK 47. De même un enfant soldat est un danger pour la société d'autant plus qu'il est aussi craint qu'un soldat à plein temps. Le nombre actuel des enfants soldats dans le monde vacille entre 250.000 et 300.000 répartis dans plus de 30 pays du monde. Le sort des enfants dans les conflits armés est de 2.000.000 de morts, 5.000.000 d'infirmes et environ 12.000.000 se retrouvent dans la rue1(*). En Sierra Leone, près de 4 soldats rebelles sur 5 ont moins de 14 ans et on dénombre 20.000 enfants soldats (dont certains de moins de 9 ans) au Libéria2(*). Des guerres civiles résultent un grand nombre de chômeurs et de sans- emploi. Le taux de chômage se trouve ainsi élevé dans les pays de la sous-région. A cela il faut ajouter la criminalité, le viol, la prostitution, surtout dans les centres urbains à cause du grand nombre de réfugiés enregistrés dans les pays voisins. Ce constat nous permet d'affirmer que le taux des personnes atteintes par les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) évolue de façon croissante. La destruction des infrastructures maintient les populations dans leur système de paupérisation, de famine, de misère. « Il a faim, mais je n'y peux rien. Il n'y a rien à manger. Lorsqu'ils n'ont pas de quoi manger chez leur mère, ils viennent ici »3(*) . Ce témoignage d'une grand-mère africaine de 73 ans parlant de son petit-fils montre combien la misère et la pauvreté battent pavillon africain. Nous avons aussi le manque d'accès en eau potable, de nourriture et de centres de santé. Cette situation immobilise les pays africains en général et ceux de l'Afrique de l'Ouest en particulier dans le gouffre du sous-développement dont il serait difficile de sortir ; ce qui n'est pas sans incidence sur l'éducation. * 1 Op. Cit, Afrique Relance * 2 Idem * 1 Information recueillie sur RFI le 18 novembre 2004 * 1 Centre pour le maintien de la paix PEARSON, PEACEKEEPING CENTRE. DDR Course Matérial CA12E-KAIPTC, Accra, Ghana 10-21 November, 2003. * 2 Op. cit. : Agence FIDES. * 3 Panos Info n° 18, la société civile africaine face aux Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (Dsrp) http :www.panos-ao ;org/panosinfos/pi18 cv.htm |
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