Le face à face dans totalité et infini d'Emmanuel Levinas: Essai de lecture du rapport entre le retraitant et Dieu dans les Exercices spirituels de saint Ignace( Télécharger le fichier original )par Jean-Luc Malango Kitungano Faculté de philosophie saint Pierre Canisius - baccalauréat philosophie programme spécial 1 2006 |
0. PRECISIONS CONCEPTUELLESNous établissons, dans ce premier point, un lien entre différents concepts qu'utilise Emmanuel Levinas dans Totalité et Infini et De Dieu qui vient à l'idée en précisant leur champ de signifiance pour éviter tout équivoque. Nous définirons principalement les concepts suivants : le Même, Autrui, le face-à-face. 0. 1. Le MêmeLe Moi, le Même, le Soi disent le sujet. L'identification du Moi, comme le Même, part d'une relation marquée par l'égoïsme. La manière du moi contre l' « autre » du monde, consiste à y séjourner, à s'y identifier en y existant « chez soi ». Levinas part de la relation concrète entre le moi et le monde pour définir le Même. Le monde est étranger et hostile et il devrait, en bonne logique, altérer le moi. Or l'originelle relation entre eux, où le moi se révèle précisément comme le Même par excellence, se produit comme séjour dans le monde6(*). Le Même est le sujet qui a pouvoir sur le monde, qui intègre le monde en le thématisant, comme connaissance, comme objet de connaissance ou comme manducation. La première section de Totalité et infini, le Même et l'Autre, explore le sujet dans une dimension où il n'est plus le donneur transcendantal de sens tel que le voudrait la phénoménologie Husserlienne et toute la tradition philosophique de l'Occident : la philosophie occidentale a été le plus souvent une ontologie, c'est-à-dire une intégration de l'Autre au Même. La primauté du Même, ou du sujet, est caractéristique de la philosophie de Socrate, puisqu'on n'y reçoit rien d'autrui sinon ce qui est déjà dans le moi. La raison est la manifestation d'une liberté qui vise la neutralisation de l'autre. Le Même est donc la totalité construite par le sujet transcendantal qui a prise sur le monde, et qui prétend comprendre le monde et autrui. Ceci est d'autant plus vrai chez Heidegger : la liberté consiste chez lui à assurer l'autarcie du moi, contre l'Autre7(*) . Le « Je pense » de Descartes stipule, également, le « Je peux » sans s'ouvrir vraiment à l'autre. 0. 2. AutruiAutrui s'approche de deux façons quand on cherche à le définir . Négativement, autrui n'est pas moi et autrui n'est pas une chose. Les relations que le Même entretient avec la chose ne peuvent en aucune façon s'appliquer à Autrui. On ne peut le saisir, le comprendre comme un objet, en faire sa possession. Levinas va plus loin : on ne peut même pas le définir, ni par son histoire, ni par sa situation sociale, encore moins par une quelconque caractéristique physique ou psychologique...Dès l'instant que j'ai qualifié Autrui par un attribut, Autrui en tant que tel s'est envolé. Autrui n'entre donc pas dans un concept. Autrui n'est même pas un alter ego. Positivement, l'expression, le discours, la parole sont des situations privilégiées où Autrui se dit. Par la parole, Autrui se manifeste en soi. Ce n'est pas, en effet, le langage qui parle mais Autrui. Toutefois, il faut que nous évitions un malentendu. La pensée de Levinas n'est pas une philosophie du dialogue. Elle est d'abord, par la primauté d'Autrui, par son extériorité, la démarche qui cherche à fonder l'éthique comme philosophie première. * 6 Ibid., p. 7 * 7 Ibid., pp. 15 - 16 |
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