DEUXIEME PARTIE(II).
INTERNATIONALISATION DU FOOTBALL :
ENJEUX ET PERSPECTIVES.
Beaucoup de choses ont été dites sur l'enjeu
économique [(Andreff W, 1987), (Noll Roger G., Zimbalist Andew, Edit.,
1997) et social (Bourg et Gouguet, 1998)] du sport, mais plus
particulièrement du football. Nous n'allons pas les reprendre, au risque
de nous enliser dans des redites rebutantes. En revanche, l'opportunité
d'examiner la question par rapport aux pays en développement,
récepteurs d'investissements même dans le secteur sportif nous
semble ainsi offerte. Aussi, s'avère-t-il adéquat de penser dans
un premier chapitre à l'impact de l'internationalisation
économique du football dans les pays développés, puis dans
un second à son apport aux pays en développement, en particulier,
ceux d'Afrique.
CHAPITRE I : IMPACT DE L'INTERNATIONALISATION
ECONOMIQUE DU
FOOTBALL SUR LES PAYS DEVELOPPES.
Pour éviter toute confusion sur le terme pays
développés, nous voudrions spécifier par là les
pays dont sont originaires la plupart des clubs riches, agents de
l'internationalisation du football.
L'évaluation de l'impact réel du spectacle
football sur l'économie fait l'objet de vives controverses entre
économistes même si on ne peut nier que son poids
économique est considérable. Constant dans son raisonnement,
Kurscheidt (2000, p. 48) poursuit, à propos de sports dans leur
globalité que «les marchés modernes du sport
représentent ainsi un véritable secteur de croissance dans
l'économie nationale des pays industriels avec des structures
diversifiées, des interdépendances commerciales étendues
au sein du secteur privé et des relations complexes vis-à-vis du
secteur public ».
De plus en plus, on s'accorde à relever qu'une
importante distinction doit être faite entre deux types d'études
d'impact : La première, microéconomique, est basée
sur l'analyse coûts bénéfices.(Andersen, 1999 ;
Burgan, B. & Mules, T. 1992, pp. 700-710 ; Crompton, H., 1995, pp.
14-35 ; Dubi, C., 1996, pp. 88-92 ; Yoshioka, C. F. & al., 1991,
pp. 1-2 ; Késenne, S. & Task, M., 2000, pp. 342-365) et la
seconde, macroéconomique se préoccupe à savoir ce que
l'activité économique ou les flux monétaires
génèrent par projet ou quelle importance une industrie comme le
secteur du sport en général a-t-elle sur l'économie
nationale ou régionale (Késenne, 1999, pp. 29-39).
Nous, de notre côté, focalisons notre analyse
plutôt sur ce que la stratégie de décentralisation
internationale des activités économiques des clubs de football
serait capable de faire naître tant dans les pays qu'auprès des
clubs locaux. Par ceux-ci, il est vrai, les joueurs ainsi que les membres du
personnel sont toujours, par effet d'entraînement, directement ou
indirectement atteints.
Au départ, il faut reconnaître que dans son
acception primaire, le sport peut se définir comme « toutes
formes d'activités physiques qui, à travers une participation
organisée ou non, ont pour objectif l'amélioration de la
condition physique et psychique, le développement des relations sociales
ou l'obtention de résultats en compétition de tous
niveaux. » (Article 2 de la Charte européenne du Sport du
Conseil d'Europe).
A ce titre, le sport remplit quelques fonctions, à
savoir : éducative, de santé publique, sociale, culturelle
et ludique. « Considéré sous l'angle économique,
le sport représente un secteur en développement croissant. Le
sponsoring sportif génère 15 milliards de dollars, la vente des
droits de retransmission TV 42 milliards et la vente de tickets 50
milliards. » (Commission européenne, Direction X, 1998, p. 6).
Le sport européen représente 36 % de ce commerce, poursuit
l'étude de la commission européenne. En Europe, la part
respective des Etats membres les plus peuplés dans ce commerce est
de : Allemagne (30 %), Royaume Uni (22 %), Italie (17 %), France (15 %).
En Europe, le sport compte parmi les secteurs d'activité
économique qui génèrent de l'emploi parmi les jeunes. Une
étude conjointe, menée par les professeurs Task et Késenne
(1998, p. 98), révèle que les activités du sport en
Flandre généraient pour la Belgique au moins 70.697 emplois
permanents.
L'internationalisation économique du football va
au-delà des aspects positifs ci-dessus énumérés
à titre d'exemple. Par elle, on peut notamment ajouter quelques
autres. Il y a notamment la cotation des clubs en bourse, le renforcement du
ro^le de l'industrie du sport, l'accroissement potentiel de l'investissement
aussi bien dans les pays développés que dans les pays en
développement, la possibilité de contrôler, voire de lutter
contre l'immigration clandestine d'origine sportive, la création et la
refection des stades de football, la création d'emplois nouveaux pour de
milliers de jeunes footballeurs et pour la main d'oeuvre encore au
chômage.
Section 1. LA COTATION
DES CLUBS EN BOURSE.
Paragraphe 1.
portée
L'entrée des opérateurs économiques dans
le football, comme mécènes ou investisseurs a largement
contribué au football de changer de configuration. Elle a conduit, dit
Andreff, à ce que la valeur des actifs devienne une variable
stratégique de leur gestion. Les clubs de football ont été
contraints, par nécessité, à se gérer comme des
entreprises commerciales, voire comme des entreprises multinationales. Aussi
bien sur le plan d'approvisionnement que sur celui de financement, plusieurs
innovations ont été constatées dans le management des
clubs riches d'Europe. La cotation en bourse, par imitation des
multinationales, passe pour la plus spectaculaire.
L'histoire du football renseigne que ce jeu serait venu
d'Angleterre. Eh bien , tout comme pour la balle, c'est en Angleterre qu'est
née la cotation en bourse des clubs de football. Tottenham, club de
Londres a ouvert la voie en 1983. Depuis ce temps, jusqu'à maintenant,
on compte pas moins de vingt équipes cotées en bourse en
Angleterre. Et par effet de contagion, plusieurs clubs d'Europe sont
également cotés en bourse : Ajax d'Amsterdam, en mai
1999 ; en Italie, la Lazio de Rome ; au Danemark, le FC Kopenhagen
fait partie de quatre autres équipes qui expérimentent l'aventure
boursière.
En Allemagne, la Banque centrale a même
sollicité la cotation d'un fonds de placement possédant des
participations dans les dix-huit clubs allemands de première division.
Pour sa part, le club italien de la Fiorentina a lancé, en collaboration
avec la banque d'affaires Merril Lynch, un emprunt obligataire à 10 ans
pour un montant total de 70 milliards de lires, emprunt garanti par les
recettes futures des abonnements. Et, en compensation, Merril possède
une option de 10 % sur le capital du club. Vu sous cet aspect, il n'est plus
possible de croire que seuls les nationaux du pays originaire du club seront
actionnaires. Loin de là, au contraire. La voie est ainsi
impérialement ouverte à l'entrée des investisseurs de tous
les bords du monde.
Il est donc indéniable, conclut Mattys Nico (1999, p.
28) que le football est devenu une véritable industrie. Les clubs sont
imbriqués dans la vie économique et sont gérés
comme de véritables entreprises. La compétition reste certes le
centre des préoccupations mais, en orbite, on trouve une chaîne
toujours plus longue d'argent, de puissance et de
célébrité. La mondialisation, grand
accélérateur de l'accroissement des échanges
internationaux, « tend à créer une économie
mondiale intégrée, dans laquelle compétitions et
marchés englobent la terre entière...Des ressources, qui jusque
là étaient largement nationales ou inexploitées,
deviennent internationalement mobiles tandis que les économies
nationales deviennent de plus en plus interdépendantes » (
Mathieu Edouard, 1999, p. 7).
A l'instar d'autres entreprises, celle du football qu'on ne
croirait se situer que sur un territoire donné, se préoccupe
actuellement à faire signe de vie sur le plan international. Elle y vend
son produit : le club. Ses revenus sont de plus en plus
diversifiés : de la vente des tickets, ils ont trouvé dans
d'autres sources, un moyen certain d'expansion économique et
internationale du football.
Citons notamment le sponsoring, le merchandising, les droits
de retransmission. Se référant aux clubs de football
européens, Andreff W (2000, pp. 182 et s) souligne que la plupart des
clubs professionnels européens n'ont plus la structure de financement du
modèle Spectateurs- subventions- sponsors- local. L'actuel modèle
de financement est de plus en plus fondé sur quatre sources :
Médias- magnats- merchandising- marchés.
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