Le passage d'une logique de
monopole fondée sur l'information à une logique de concurrence
basée sur la distraction a intensifié les relations
financières entre le sport et la télévision. En ce qui
concerne le football, il faut reconnaître que le développement des
structures mondiales de cette discipline sportive, sa répercussion sur
les continents et sur les Etats qu'on pourrait nommer division internationale
du travail ont permis le retentissement d'un écho au-delà des
attentes que ce sport pouvait générer. Vite, les engagements des
Etats, à travers leurs équipes nationales et leurs clubs, dans
différentes compétitions les mettaient de plus en plus devant une
ligne de mire, à savoir, le désir pressant des supporters et des
fanatiques tendant à regarder en direct ou en différé les
matches que se livrent les protagonistes.
En ces temps, c'est sûr que la télévision
publique couvrait ces événements dans les limites de ses
capacités technologiques. Et la couverture des événements
sportifs n'était pas payante. «La multiplication des chaînes
dans les années 80, l'apparition d'un secteur privé, la
différenciation entre les télévisions hertziennes non
cryptées gratuites et généralistes et diffuseurs
câblés, ciblés et à péage font
apparaître une obligation de résultat. Désormais, la
fonction de programmation consiste à proposer les émissions
sportives préférées par le public aux heures où
l'audience potentielle est la plus forte.
Cette recherche va générer une lutte entre
diffuseurs pour acquérir les droits de retransmission des
événements, source d'inflation des coûts. Sur le
marché des retransmissions sportives se confrontent une demande
d'acquisition des droits de diffusion des événements par les
chaînes et une offre de ces mêmes droits par les organisateurs
sportifs (clubs, ligues, fédérations nationales et
internationales, CIO) » (Andreff, Nys et Bourg, 1987, p. 11 et s.).
Ces derniers développent des stratégies de vente
de leurs produits. Les chaînes privées des pays
développés en général, et européennes en
particulier, font face à une rude concurrence pour l'acquisition des
droits des retransmissions. Et profitant de la libéralisation des
marchés mondiaux de la presse audio et télévisuelle, elles
se sont rendu compte de la nature encore inexploitée par les
autochtones des avantages qu'offrent les spectacles du football dans le reste
du monde.
C'est pourquoi, fortes de leur supériorité
technologique, en Afrique par exemple, ces chaînes sont pratiquement les
seules à retransmettre les événements sportifs importants
qui se déroulent sur le continent. Nous citons à cet effet, la
Champions' League africaine de football, dont les droits de retransmission
exclusifs ont toujours été achetés par la
télévision française Canal France International (CFI).
Cette chaîne, à son tour, en rétrocède, moyennant
payement d'importantes sommes d'argent, la diffusion aux autres chaînes
publiques ou privées nationales. En clair, il est constant de noter que
le football actuel s'est davantage internationalisé grâce au
mouvement similaire des droits de retransmission.
En effet, la dérégulation du marché des
médias des années 80 fit apparaître un secteur privé
de télévision. Ce secteur devait à tout prix s'imposer, en
exploitant à bon escient les lacunes ou le côté
négatif des chaînes publiques. Elle a surtout innové avec
un nouveau marketing fondé sur la proposition d'une grille de programmes
à même de lui attirer le plus de téléspectateurs
possibles. Ainsi, il fallait couvrir les émissions que le public
aimerait tant voir. Dans ce sens, QUIRK et al., (1999, pp. 28-29) font savoir
que «la télévision capte son audience si elle
présente les programmes que le public veut regarder (et regarder plus
que les programmes qui lui sont présentés par d'autres stations),
avant d'ajouter qu'il y a peu d'industries où la concurrence soit plus
intense que les industries de médias et en particulier la
télévision. »
Et les télévisions ont découvert dans le
football ce sport qui recueille le plus d'audience. Ainsi, «durant la
décennie 1970-1980, le football occupait de 10 à 15 % des grilles
de programmes, 21 % des émissions sportives en 1996 avec 518 heures,
soit plus qu'en 1959 avec une vingtaine d'heures » (BOURG, 1998, p.
226).