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Concilier sport de haut niveau et études


par Teva FAKATAULAVELUA
Université de Lorraine - Master 2022
  

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Partie IV - Une reconnaissance peu valorisée des ESHN ?

Le fait d'être un athlète de haut niveau, voire « d'élite », on peut le supposer peut conférer un certain prestige et une notoriété, ce qui peut renforcer l'admiration de leurs pairs. Nous reviendrons donc sur leurs rôles d'étudiante t d'athlète et la manière dont ils jonglent avec ces deux identités.

Ainsi, nous pouvons nous demander si les étudiants qui sont également des athlètes perçus comme des étudiants « d'élite » ? Sont-ils respectés par leurs pairs en général en raison de leur dévouement, leur discipline et leur habileté dans leur discipline sportive ? Sont-ils souvent perçus comme des figures inspirantes, en particulier s'ils ont atteint un degré élevé de succès dans leur discipline sportive ? Comment les étudiants sportifs de haut niveau sont perçus dans le milieu scolaire ? La reconnaissance des étudiants sportifs de haut niveau dans le cercle familial est-elle importante ? Comment les étudiants sportifs de haut niveau sont reconnus dans les médias ?

1. A l'université, des étudiants sportifs de haut niveau peu valorisés ...

La position des étudiants athlètes d'élite en matière de reconnaissance sociale est assez complexe. Ils peuvent être sujets à certains stéréotypes négatifs associés aux sportifs ou être bien vu par l'ensemble de la communauté étudiante. Cependant, cette reconnaissance peut avoir ses revers. Le succès sportif peut occulter d'autres facettes de leur identité et engendrer une pression pour maintenir leur performance à un niveau élevé. Les attitudes des professeurs peuvent également varier. Certains peuvent admirer le dévouement de ces étudiants et faire preuve de flexibilité pour les aider à gérer leurs responsabilités académiques et sportives. D'autres peuvent être plus stricts en ce qui concerne les règles académiques et ne pas faire de concessions pour les activités sportives.

« Le manque de compréhension des fois le manque de réponses aussi parce que des fois, tu demandes, tu dis que tu es pas là, je demande des cours, les documents, c'est sûr que des fois, c'est compliqué de suivre un cours quand tu as quoi tout court donc pour réviser c'est compliqué » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

Alphonse rencontre des obstacles, indiquant un manque de flexibilité et de compréhension de la part du système éducatif. En se référant aux travaux du sociologue Dubet (2002), qui a exploré comment les systèmes éducatifs s'adaptent aux besoins individuels des étudiants, on peut analyser le témoignage d'Alphonse. Dubet démontre que l'école, avec ses propres normes

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et règles, peut souvent se déconnecter des réalités personnelles des étudiants. En d'autres termes, la reconnaissance sociale ne se limite pas à un aspect individuel, mais est également influencée par des facteurs sociaux plus larges. Les étudiants qui pratiquent un sport de haut niveau jouent un rôle significatif dans la dynamique et l'identité d'une institution éducative. Cependant, ils peuvent également faire face à des défis uniques en raison de la pression académique et sportive qui leur est imposée. La reconnaissance dont ils bénéficient de la part de leurs pairs et de leurs enseignants peut varier en fonction de différents éléments tels que la culture de l'établissement, les performances de l'athlète et la visibilité du sport en question.

« Mais moi, ils ont toujours été compréhensifs de temps en temps, il y en a plusieurs qui me demande le résultat où j'en suis comment ça se passe quand je suis amené à être absente, c'est très, très rare que j'ai des remarques négatives c'est plutôt des bons courages pour les compétitions. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« Par exemple, le prof d'anglais là cette année, il me pose des questions, il s'intéresse à mes performances, c'est toujours sympa ça. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

L'encouragement et la compréhension que reçoit Laurie de ses professeurs lorsqu'elle doit s'absenter pour des compétitions sportives favorisent probablement son implication envers le sport. De la même manière, Alphonse met en évidence l'intérêt porté par un de ses enseignants à ses performances sportives. Ces témoignages reflètent les résultats de l'étude menée par Holt et al. (2008), qui met en avant le soutien des camarades et des adultes pour le développement positif des sportifs. Quant à Alphonse, l'intérêt que porte son professeur d'anglais à ses performances sportives peut lui apporter un sentiment d'appartenance et de soutien dans son rôle d'athlète. Cela renforce également l'idée que ses activités sportives sont valorisées et reconnues par d'autres, ce qui l'incite à persévérer. Le soutien et les retours positifs d'autrui peuvent intensifier l'engagement envers certaines activités et rôles. Par ailleurs, les ESHN peuvent souvent bénéficier d'une reconnaissance de la part de leurs camarades de classe. Un étudiant qui excelle dans son sport peut être reconnu par l'obtention de prix ou de médailles, ou par sa performance.

« Je crois dans la semaine et du coup quand j'arrive avec mes 8-9 entraînements quand on pose des questions, on me regarde avec des grands yeux en me disant, mais elle est folle. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

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« Ils me disent aussi comment tu fais pour faire ça ? » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Ils t'encouragent enfin, tu leur dis quand tu as des compètes, tu leur dis ouais, j'ai une compète tel jour et sont derrière toi, elles vont te pousser, ouais c'est sympa. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Ces désignations peuvent influencer leur estime personnelle, leur conduite et leurs attentes. Dans les situations de Clémentine et Abdel, l'étonnement et l'interrogation suscités par leur dévouement sportif peuvent engendrer un sentiment d'être mis à part ou marginalisé. La théorie de l'étiquetage propose que les individus soient impactés par les catégorisations et les perceptions sociales qui leur sont assignées par autrui (Becker, 1963). Cependant, Nadège vit une situation distincte où l'étiquetage est plutôt positif, se manifestant par la motivation et le soutien qu'elle reçoit de ses enseignants. Il convient de souligner que les expériences individuelles peuvent diverger et que l'effet de l'étiquetage est déterminé par les circonstances spécifiques et les réactions des personnes impliquées (Becker, 1963). Le fait de jongler entre les études et les exigences rigoureuses de l'entrainement sportif nécessite une grande organisation et un engagement, ce qui peut inspirer le respect. Cependant, il est important de noter que le charisme, est fragile et dépend fortement de la reconnaissance continue du public. Si un étudiant sportif de haut niveau ne maintient pas son niveau de performance ou si ses actions contredisent l'image qu'il a construite, il pourrait perdre cette aura de charisme.

« Il faisait pas de rotation [ne fait de remplacement] donc et quand j'ai commencé c'était lui le coach il faisait pas toujours f...] Lundi on a fait la même chose et mardi aussi, au bout d'un mois et on évolue pas trop. f...] mes camarades de classes savent que je suis sportif haut niveau et tous après sans plus quoi, il y a plus à dire là-dessus. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Danilo, un joueur de basket universitaire, note que son entraîneur ne fait pas de rotation dans l'équipe, suggérant une approche d'entraînement traditionnelle et rigide. Cela pourrait influencer le perfectionnement des aptitudes des joueurs et l'atmosphère de l'équipe. Des chercheurs comme Jones et al. (2004) ont examiné le rôle crucial des méthodes d'entraînement et des dynamiques d'équipe sur la performance et l'esprit d'une équipe sportive. Mais aussi, cela reflète la théorie de la reproduction sociale, qui souligne comment les pratiques existantes sont perpétuées même si elles ne sont pas optimales (Bourdieu & Passeron, 1970). Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron partent du principe que les inégalités sociales sont reproduites d'une

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génération à l'autre à travers les institutions sociales, comme l'école ou le sport (Bourdieu & Passeron, 1970). Il parle aussi de la monotonie des séances d'entraînement. C'est un autre exemple de reproduction sociale où les méthodes établies résistent au changement et à l'innovation. Finalement, Danilo évoque la réaction indifférente de ses collègues d'étude face à son statut d'athlète d'élite. Même avec cette distinction, il ne constate pas de grand intérêt ou de conversations particulières à ce sujet. Ceci pourrait démontrer comment la reproduction sociale peut normaliser certaines disparités ou statuts sociaux. Par ailleurs, pour les étudiants sportifs de haut niveau, s'engager dans des études académiques peut leur offrir un moyen de libérer et d'exprimer leurs pensées et émotions de manière différente. Se plonger dans l'univers des études leur fournit un équilibre précieux, en leur permettant de détourner leur attention du sport, du moins temporairement.

« Comme j'essaye d'être quand je suis avec eux, j'essaie forcément de d'extérioriser et de pas parler de sport une personne normale quand je suis avec eux après, je sais que des fois c'est un peu relou pour eux. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

« Je mange jamais à l'IUT ou enfin ou quoi donc voilà mais après, ils savent, je communique pas trop là-dessus donc c'est ça que eux non plus, mais voilà peut-être que c'est eux ils vont être au courant, ils vont te le dire, mais c'est pas un sujet principal. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Le comportement de Noé et Paula varie lorsqu'ils sont en présence de leurs pairs. Noé évite de parler de sport pour ne pas gêner ses amis, tandis que Paula est relativement réservée sur ce sujet. Ces comportements peuvent être attribués à leur identité sociale et à leur aspiration à s'intégrer dans leur groupe respectif. Ces deux étudiants mettent aussi en évidence l'effort pour se conformer aux normes et attentes du groupe afin de préserver une harmonie sociale (Tajfel & Turner, 1979).

« Des jaloux, des gens du club à l'école en fait voilà à l'école. f...] Puis avec ceux à qui je parlais plus, parce que j'ai pas beaucoup d'attaches, mais c'était des critiques par rapport au sport. Des remarques comme, ah c'est celle qui pue le chlore ou encore elle sait faire que des longueurs. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Si Clémentine prend à coeur ces étiquettes, elle pourrait commencer à se définir en fonction de ces clichés négatifs, ce qui pourrait nuire à son estime de soi, sa passion pour la natation, et même modifier son identité sociale. La théorie de l'étiquetage suggère que les étiquettes

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attribuées à Clémentine pourraient influencer sa propre perception d'elle-même ainsi que son comportement. Par ailleurs, Clémentine pourrait aussi réagir à ces étiquettes en intensifiant son engagement envers la natation, en utilisant ces critiques pour se motiver à s'améliorer et démontrer le contraire. Cependant, la réponse des individus face aux étiquettes s'avère être complexe (Becker, 1963). Cette réponse est déterminée par de nombreux facteurs : comme le caractère de la personne, son contexte social, et sa capacité à gérer les stéréotypes et les tensions sociales (Becker, 1963).

En définitive, pour les professeurs, d'un côté, certains professeurs sont arrangeants. Ils sont prêts à ajuster les exigences des devoirs et les dates limites pour tenir compte des obligations sportives des étudiants. Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent être perçus comme des élèves talentueux et dynamiques, renforcés lorsqu'ils maintiennent une communication avec ces derniers. Néanmoins, tous les professeurs n'adoptent pas cette approche, certains peuvent être stricts sur le maintien des normes académiques, insistant sur le fait que tous les étudiants, y compris ceux qui sont aussi des sportifs de haut niveau, respectent les mêmes critères. Les camarades de classe peuvent contribuer à soutenir les étudiants athlètes d'élite avec des encouragements et sont un moyen d'extériorisation, mais cela n'efface pas la distance sociale qui existe avec ces derniers. Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent également se sentir isolés si leurs responsabilités sportives les empêchent de participer à des activités sociales ou d'étude de groupe. En tant que camarades de classe, les autres étudiants peuvent être attirés par le charisme des étudiants sportifs de haut niveau.

2. ... source de fierté dans le cercle familial

Le concept d'élite pour les étudiants sportifs de haut niveau représente des athlètes qui se distinguent par leur performance extraordinaire dans leur discipline sportive. Le sport d'élite inclue les athlètes qui se distinguent par leur performance extraordinaire (Fleuriel, 1997). Fleuriel souligne également la différence entre le sport amateur et professionnel. L'excellence académique fait partie intégrante de leur statut d'élite, malgré les défis que cela peut représenter. Il convient de souligner que le statut d'élite n'est pas seulement une position reconnue, mais également une vision d'excellence, une série de buts et d'ambitions qui incitent les étudiants sportifs à chercher constamment à se surpasser et à dépasser leurs propres barrières. Pour les athlètes étudiants d'élite, leur position peut être perçue comme une manifestation de charisme. Leur talent sportif, leur résolution, leur discipline et leurs performances peuvent les différencier de leurs pairs, leur conférant du respect et de l'admiration, voire un certain niveau d'influence. En outre, leur capacité à jongler entre leurs responsabilités académiques et leur carrière sportive

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pourrait être vue comme une autre démonstration de leur grandeur. De nombreuses familles éprouvent un sentiment profond de satisfaction et de reconnaissance lorsque leur enfant se distingue dans un domaine, y compris le sport. La réalisation de performances sportives de haut niveau est souvent le fruit de longues années d'effort intense, de passion et de sacrifices considérables. Lorsqu'un sportif parvient à un tel sommet de succès, c'est un moment d'extrême gratification pour sa famille. Les familles ont tendance à être émerveillées par la force de caractère, le sens de l'engagement et la capacité de rebondir dont leur enfant fait preuve en poursuivant une carrière sportive intense tout en poursuivant ses études. De plus, elles peuvent se sentir appelées à soutenir leur enfant de diverses manières, par exemple en participant aux événements sportifs, en contribuant financièrement ou en offrant un soutien émotionnel et un encouragement constant.

« Comment ils me perçoivent, bah, je suis un peu le chouchou, mais tu sais en rigolant quoi. Mes grands-parents à chaque fois, ils font attention à moi et tout ça, ouais, à peu près entre guillemets même s'ils sont contents pour moi, ils veulent que je réussisse. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Après pour lui, mon père est fier, il faut que je sois meilleur etc. mais il est fier, il sait à quel point c'est compliqué de déjà d'arriver au niveau-là, ma mère, je sais pas trop si elle se rend compte, elle s'en rend compte quand elle voit des articles dans le journal des trucs comme ça ou sur Facebook. Mais mon frère, je pense qu'il est fier de moi, même si on se le dit pas, c'est le grand frère aussi, c'est pour ça que c'est dans l'ensemble, ils sont fiers de moi et voilà après se rendre compte, ils savent. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

Abdel ressent une pression bienveillante pour réussir de sa famille qui le valorise en tant qu'athlète, ce qui peut influencer son auto-perception et ses ambitions sportives. Alphonse est poussé par la fierté de son père et le respect tacite de son frère. Sa mère, qui comprend moins bien ses défis, découvre ses succès par les médias, une forme de socialisation indirecte. Jay Coakley (2001), souligne l'importance du sport en tant que facteur central dans l'élaboration de l'identité des jeunes. Les récits partagés par Abdel et Alphonse indiquent clairement que leur engagement sportif est un élément fondamental de leur identité personnelle, et que celui-ci a une grande importance au sein de leurs familles. Réciproquement, leurs accomplissements et attitudes peuvent avoir un impact sur les standards et principes de leurs familles et de leur communauté plus étendue.

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« Bon pour mes parents, je reste moi, clairement et pour ma soeur pareil de toute façon, je pense que si je commençais à prendre des ailes, je pense que mes parents me redescendront très vite. Au niveau de l'entourage plus extérieur pour mon papi, je suis une légende, je pense que ça me fait plaisir parce que à l'inverse de mon père, mon papi est très expressif sur ce qu'il pense et je pense que ça me fait du bien aussi d'avoir quelqu'un qui me suit autant. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

Dans le cas de Mandy, les réactions diversifiées de sa famille face à son statut d'athlète sont remarquables. Ses parents et sa soeur, en la considérant d'abord comme "Mandy" et non comme une sportive d'élite. D'après Messner (2009), le sport est un espace où se construisent et se négocient les relations de genre et les rôles au sein de la famille. L'admiration de son grand-père peut stimuler la motivation de Mandy et renforcer son sentiment d'accomplissement. Mandy est perçue comme une « légende », son statut d'« élite » est donc mis en avant. Cela pourrait signifier qu'il la considère comme une réussite exemplaire, quelqu'un d'exceptionnel qui réussit là où d'autres pourraient échouer. Le cas de Mandy démontre clairement comment les rôles sociaux peuvent fluctuer selon le contexte et les relations interpersonnelles. La famille joue un rôle crucial dans le soutien des athlètes étudiants d'élite. En retour, la famille peut bénéficier d'une certaine reconnaissance et d'une augmentation de l'estime de soi grâce aux accomplissements de l'athlète étudiant.

Dans certaines familles, le soutien est toujours présent, mais une certaine indifférence peut se dégager. Certains membres familiales peuvent se retrouver dans une posture d'indifférence ou dans le non compréhension de l'investissement de l'athlète dans le domaine du sport.

« Ça a pas changer grand-chose dans le sens où oui, je fais du sport, mais avant tout, je reste leur fille ou leur soeur ou leur petite fille même si le sport prend beaucoup de place dans ma vie aussi dans là leur parce qu'en plus ils me soutiennent à fond, quand c'est en France, ils viennent quasiment à toutes les compétitions. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

« Ça change rien que je réussisse ou pas ça change rien en fait, c'est ils sont pas vraiment plus fiers si je réussis pas, ils sont contents pour moi, mais enfin oui si j'ai réussi c'est mieux. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Paula considère que son statut familial en tant que fille, soeur et petite-fille demeure inaltéré malgré son implication intense dans le sport. Le soutien solide de sa famille lors des compétitions en France indique que, bien que son rôle en tant qu'athlète d'élite soit significatif,

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sa place au sein de la famille reste centrale. La théorie du rôle social décrit comment les individus modifient et ajustent leur comportement en fonction des normes et attentes sociales liées à leur statut au sein d'un groupe ou d'une communauté (Merton, 1957). Cela témoigne aussi du fait que sa famille a réussi à intégrer sa carrière sportive à son identité sociale préexistante, sans perturber sa place au sein de la famille. De son côté, Odilon indique que son succès ou son échec dans le domaine sportif n'altère pas la façon dont sa famille le perçoit. Cette déclaration concorde avec l'étude menée par Coakley (2001), qui met l'accent sur l'importance pour les familles d'accepter l'échec sportif comme un élément constitutif du développement de l'athlète. Il semble que sa famille le soutienne et soit fière de lui, indépendamment du résultat de ses compétitions.

« C'est une famille classique il n'y a pas de relation particulière parce que je suis sportif de niveau ou pas. Je pense pas comme si j'étais la star de la famille, je suis rarement à la maison en fait quand tu quand j'y suis, c'est plus heureux en profite, on passe du temps ensemble plutôt que juste on parle du sport. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

La famille de cet étudiant n'a pas changé sa vision depuis qu'il est ESHN. Il est loin d'être considéré comme une star au sein de sa famille. Son identité familiale est distincte de son identité d'athlète car leur vision est sensiblement la même. En d'autres termes, son rôle familial demeure stable malgré son implication dans le sport de haut niveau.

Finalement, dans certaines familles, les étudiants sportifs de haut niveau sont perçus comme des individus qui suscitent la fascination. Leurs succès sportifs sont une source de fierté et de prestige pour leurs proches. Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent représenter une réussite exemplaire, montrant à quel point le travail et la détermination peuvent conduire au succès, ainsi, ils sont vus comme des « élites ». Cependant, la perception de la famille peut être plus complexe et varier selon les individus. D'autres membres de la famille, en revanche, peuvent ressentir des sentiments d'indifférence, dans l'incompréhension de leur passion. En effet, la réussite dans le sport de haut niveau peut également conduire à une reconnaissance sociale plus large pour l'étudiant et sa famille. Cela peut avoir des implications positives, mais aussi négatives.

3. La médiatisation de leur pratique : entre critiques et éloges

Les médias jouent un rôle clé dans la reconnaissance et la mise en valeur des athlètes d'élite. Cela englobe non seulement la médiatisation de leurs performances sportives, mais aussi la

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formation de leur image publique. Les médias peuvent promouvoir un sportif, mettre en avant ses succès, mais aussi, dans certains cas, soumettre sa vie privée à un examen minutieux et une pression excessive. La reconnaissance et les encouragements reçus sur ces plateformes peuvent avoir un impact significatif sur leur motivation et leur confiance en soi. En s'appuyant sur l'approche interactionniste, nous pouvons revenir sur l'idée que leur identité, leur statut social et leur reconnaissance sont formés et discutés par le biais des interactions sociales. Pour ESHN, les plateformes de réseaux sociaux sont souvent un lieu où ils communiquent avec leur entourage. Ils utilisent ces plateformes pour forger leur image publique et obtenir de la reconnaissance pour leurs exploits sportifs. Cependant, les athlètes sont fréquemment confrontés à des tensions entre leurs identités d'étudiants et d'athlètes, qui peuvent être en contradiction. L'interactionnisme symbolique nous permet de comprendre comment ces athlètes concilient ces différentes identités et comment ils gèrent les attentes et les pressions liées à chacune. Par exemple, un athlète pourrait utiliser des symboles ou des signes spécifiques pour signaler son statut d'athlète d'élite en partageant des vidéos ou des photos.

« Les victoires, on partage et des trucs comme dans les vestiaires quand on gagne quoi, ça arrive souvent, oui, c'est vrai. Alors les critiques cette année, non pas trop parce que c'est une belle saison, les choix du coach sont bons vraiment et ceux qui viennent aux matchs, on les connaît au niveau des réseaux, mais ouais, je pense, il y a beaucoup de positif sur les réseaux sociaux Facebook, par exemple. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« Des photos des vidéos et des trucs comme ça, mais après j'ose pas non plus mettre trop de de trucs, mais ouais enfin si je mets quand même pas mal de trucs mais, mais pas trop non plus. f...] Ouais sur Instagram, bah c'est souvent que on encourage et tout ça quand je poste une photo enfin, j'ai des messages privés du coup tu c'est ça peut être de la jalousie comme tu disais, mais ouais, tu reçois que des encouragements. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Les déclarations d'Alphonse et Nadège démontrent une expérience généralement positive des réseaux sociaux, bien qu'ils soient conscients des potentielles réactions adverses. En effet, selon Rowe et ses collègues (2010), les réseaux sociaux peuvent servir de plateforme permettant aux athlètes de partager leurs expériences et d'interagir avec les internautes. Les témoignages d'Alphonse et Nadège illustrent l'usage des réseaux sociaux (Facebook et Instagram) pour communiquer leurs succès, partager des images et des vidéos, et recevoir des messages d'encouragement. Hutchins et Rowe (2012) mettent en évidence que les réseaux sociaux

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peuvent aussi créer de nouvelles dynamiques de pouvoir entre les sportifs et leurs supporters, en particulier en ce qui concerne les retours, positifs ou négatifs, que ces derniers peuvent faire.

En outre, les encouragements qu'elle reçoit sur Instagram mettent également en évidence la théorie de la reconnaissance sociale.

« Mais plus, on en a plus, on a des attentes des autres et tout ça donc voilà mais après, c'est sûr que ça prend une place importante quand même maintenant dans tous les domaines, mais aussi dans le sport. J'estime être assez apprécié après, on ne sait trop rien, mais non oui parce que par exemple j'ai, c'est plus des encouragements. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Le fait que Paula estime être assez appréciée peut être considéré comme une indication qu'elle perçoit un retour positif de la part de son « miroir social ». Selon la théorie du miroir social de Cooley, notre perception de nous-mêmes et notre identité sont grandement influencées par la façon dont nous pensons être perçus par les autres (Cooley, 1902). Ce concept est également reflété dans les propos de Paula lorsqu'elle reconnaît que l'attention et les attentes des autres ont un impact sur sa perception de soi et son comportement. Elle mentionne spécifiquement que l'augmentation de sa visibilité sur les réseaux sociaux entraîne des attentes accrues de la part des autres. De plus, elle souligne l'importance croissante des réseaux sociaux dans divers domaines, y compris le sport. Les encouragements qu'elle reçoit viennent probablement renforcer cette perception positive. A l'inverse, d'autres athlètes utilisent très peu voire pas du tout, les réseaux sociaux pour interagir avec les autres dans des disciplines d'une moins grande couverture médiatique. La reconnaissance et les encouragements reçus sur ces plateformes peuvent avoir un impact significatif sur leur motivation et leur confiance en soi.

« Mais jamais, je communique rarement mes résultats sur les réseaux où je parle rarement de mon sport sur les réseaux, j'ai pas de page dédiée à ça non plus j'ai pas de dire ça. Des fois, je poste une photo sur Instagram en disant telle compétition et du coup en fait par cette publication, j'ai des potes qui viennent en DM et qui viennent me demander bah alors comment ça s'est passé tout ça et de là c'est comme ça qu'on en discute. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« Franchement, c'est super compliqué parce que moi, je déteste les réseaux, j'aime pas me mettre en avant, je sais pas faire et du coup, j'ai ma page athlète plus mon Insta franchement mon Insta, il y a j'avais pas j'avais pas Insta avant

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d'avoir Joma, ça m'intéressait pas vraiment. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

« Je poste rien de ma vie, ça m'intéresse pas de partager le contenu là, parce que je trouve, c'est pas, c'est vraiment et du coup, c'est pas forcément intéressant et surtout ça ne sert à rien ça ne sert à rien que les autres sachent ça. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

La théorie de la présentation de soi, Goffman compare la vie sociale à une pièce de théâtre, nous jouons différents rôles sociaux et adaptons notre comportement en fonction de la situation (Goffman, 1956). Sur Instagram, Henri partage parfois des moments liés à son sport, le tir à l'arc. Il n'a pas pour but de s'afficher constamment, mais ses publications occasionnelles créent un espace d'interaction et de discussion avec ses amis autour de sa passion. Lola exprime son désintérêt pour les réseaux sociaux et utilise Instagram uniquement par obligation, probablement en lien avec son statut d'athlète. Ce comportement illustre comment les attentes sociales et professionnelles peuvent façonner notre présentation en ligne, malgré nos propres inclinations. Odilon a choisi de ne pas partager d'éléments de sa vie personnelle en ligne, jugeant cela inintéressant et inutile pour autrui. Cela met en lumière une autre stratégie de présentation de soi sur les réseaux sociaux : l'absence de partage. Odilon semble penser que sa vie privée ne doit pas être étalée au grand jour. Ces exemples démontrent une approche différente de la gestion de l'identité et de la présentation de soi sur les plateformes numériques. En effet, la reconnaissance via les réseaux sociaux peut grandement influencer l'expérience d'un athlète étudiant d'élite. En effet, la reconnaissance varie en fonction du sport pratiqué. Cette reconnaissance peut comporter des bénéfices, tels que l'accroissement de la visibilité, l'augmentation de l'estime de soi et des chances de parrainage. Cependant, elle peut également engendrer des défis, tels que la pression de maintenir une image publique irréprochable ou faire face à des critiques et du harcèlement en ligne. Les médias peuvent amplifier la pression de performance sur les athlètes étudiants d'élite. Cela peut également présenter des côtés négatifs. Les critiques soulignent souvent la pression accrue que les médias peuvent imposer à ces jeunes sportifs, en les poussant à toujours réussir et en les observant constamment. L'image publique, la surveillance incessante, les attentes des fans, les critiques et le harcèlement peuvent tous affecter le bien-être mental de ces athlètes

« Après, j'ai eu des critiques sur les réseaux sociaux après les matchs, quand tu fais un bon match tout le monde t'aime et inversement. Dans le commentaire du coup en fait ça peut être tu peux pas, c'est de la lumière à l'ombre, je me suis déjà fait insulter sur les

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réseaux et la semaine d'après, j'ai été le meilleur joueur de ligue 2. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

La perception d'Abdel de lui-même en tant que joueur de handball est fortement influencée par l'opinion que les autres expriment sur les réseaux sociaux. Lorsqu'il réalise une performance exceptionnelle lors d'un match et qu'il reçoit des éloges sur ces plateformes, il se perçoit et est perçu par les autres comme un excellent joueur. La réalité sociale est construite collectivement par les individus à travers les interactions sociales et la communication (Berger & Luckmann, 1966). Cependant, s'il ne joue pas bien et fait l'objet de critiques. Sa propre vision se transforme ainsi et il peut commencer à se considérer comme un joueur moyen ou mauvais. Il ressort de cette situation qu'Abdel ne vit pas une réalité fixe. Au contraire, sa réalité est en perpétuelle évolution, modelée par ses interactions sociales. C'est un processus ininterrompu où la réalité est constamment créée, détruite et recréée, selon les réactions des autres et son auto-évaluation personnelle (Berger & Luckmann, 1966). En outre, certaines disciplines sportives bénéficient d'une plus grande couverture médiatique et, par conséquent, d'une plus grande reconnaissance que d'autres.

« Oui, les matchs sont retransmis sur un site internet, ça nous permet de voir ce qu'il faut corriger, ce qui est bien, nos sensations etc. donc ça, c'est utile parce que on regarde aussi nous ce qu'on a fait sur les matchs précédents des fois, on revient sur ce qui n'a pas été ou, mais voilà ça nous sert pour nous. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« On passe sur la chaîne du Lux et je pense que c'est toutes les semaines. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Les témoignages soulignent l'importance pour les joueurs de revoir leurs matchs précédents et d'analyser leurs performances. Alphonse met en avant l'importance des retransmissions numériques de leurs matchs, qui leur offrent l'opportunité d'analyser leurs performances, d'identifier les aspects à améliorer et les points forts. Cette pratique s'aligne sur les recherches de Ray Gamache (2015) qui se penche sur l'utilisation des médias par les sportifs pour étudier et optimiser leurs performances. De son côté, Danilo signale que leurs matchs sont diffusés sur une chaîne de télévision, ce qui peut être perçu comme un signe de reconnaissance et de visibilité pour leur équipe. Ce phénomène rejoint les observations de Rowe (2004) qui étudie comment les médias peuvent renforcer la visibilité des sportifs et des équipes, contribuant de la sorte à leur popularité et à leur renommée publique.

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En utilisant ces connaissances, les joueurs évaluent leur propre performance et cherchent à s'améliorer. Par opposition, d'autres disciplines sportives bénéficient d'une attention limitée.

« On parle de nous après six mois quand je fais des quelques résultats dans la région et tout ça ou même à la télé c'est pas arrivé, tu sais régional ou départemental qui parle de tes performances si tu arrives à faire un bon truc et tout hein ouais et après il y a des gens qui ont encouragé sur les réseaux, il y en a d'autres qui peuvent critiquer. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Dans le contexte de Noé, sa présence médiatique est le résultat de ses réussites en aviron. Cette visibilité lui offre une reconnaissance de ses efforts et de ses réussites, ce qui peut être extrêmement valorisant. Fraser indique que la couverture médiatique peut à la fois servir à valider et renforcer l'identité, l'importance et la légitimité d'une personne ou d'un sujet, mais peut également devenir un canal pour les critiques et l'exclusion (Fraser, 2009). Bien que les performances de Noé dans sa région ou son département ne soient peut-être pas considérées comme suffisamment remarquables pour susciter l'intérêt des médias traditionnels, les réseaux sociaux constituent une plateforme alternative où il peut attirer l'attention des utilisateurs et recevoir des encouragements, ainsi que des critiques éventuelles.

Pour conclure, l'exposition médiatique des étudiants athlètes d'élite sur les réseaux sociaux présentent deux aspects. D'un côté, cela leur offre des opportunités sans précédent en matière de visibilité, de reconnaissance et d'avancement professionnel. De l'autre, cela les expose à un niveau élevé de pression et de critiques, souvent exacerbé par l'implacabilité inhérente aux réseaux sociaux. Par exemple, certains sports plus visibles ou bénéficiant d'un soutien institutionnel accru peuvent engendrer une plus grande reconnaissance pour les étudiants qui les pratiquent. Le maintien de l'équilibre entre les éloges et les critiques sur ces plateformes numériques peut s'avérer complexe et avoir des conséquences durables sur la santé mentale et émotionnelle de ces étudiants athlètes. Enfin, les réseaux sociaux permettent aux étudiants sportifs de haut niveau de développer une identité en dehors du sport en partageant des aspects de leur vie quotidienne, de leurs intérêts et de leurs opinions. Ces interactions en ligne renforcent leur identité sportive, élargissent leur réseau social et attirent l'attention des médias.

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DISCUSSION

1. Réponses aux hypothèses

La première hypothèse que nous avons soulevée, consistait à affirmer que ces étudiants sportifs de haut niveau s'attachent à mettre en avant le manque de temps et la fatigue dans la conciliation entre le sport et les études. D'une part, le manque de temps n'a pas été explicitement souligné par les ESHN, mais ils précisent que chaque moment de la journée est millimétré, comme nous l'avons bien dit avec l'approche de l'organisation militaire. En effet, ils ont une tendance à anticiper les échéances à venir, à optimiser leur temps efficacement. D'autre part, la fatigue était un élément qui pouvait revenir dans le discours de nos enquêtés, notamment dans la description d'une journée type qui allie sport et études. Nous avons pu constater que le stress est le mot qui revenait plus souvent que la fatigue. Ce stress était lié généralement à l'accumulation de deux facteurs qui pouvaient se chevaucher comme les compétitions et les examens.

La deuxième hypothèse établie s'attachait aux imprévus ou aléas sportifs probables chez nos étudiants sportifs comme le surentraînement, les blessures, un déclassement, un changement de club ou encore un déménagement : la baisse de motivation pourrait être observée pendant ces périodes dites d'imprévus. D'un côté, ces aléas pouvaient engendrer une baisse de motivation, comme la blessure, le manque de pratique sportive sur une durée prolongée pouvait impacter psychologiquement nos ESHN négativement. Mais d'un autre côté, certains de nos enquêtés ont stipulé que la période de blessure pouvait donner lieu davantage de temps à consacrer pour leurs études.

La troisième hypothèse se concentrerait sur le choix du sport et les études sélectionnées par ces étudiants sportifs de haut niveau qui dépendent de l'origine sociale et de l'influence des pairs, les vocations et la construction du projet de vie des étudiants sont inséparables de ces influences sociales. Nous avons l'avons vu précédemment, le sport sélectionné par les étudiants dépend en majeure partie du milieu social dans lequel l'individu évolue. En outre, les parents ont un avis à donner sur leur enfant quant à la conciliation entre le sport et les études, ceux des classes populaires privilégient le sport alors que ceux des classes aisées ont une méfiance vis-à-vis du sport.

Enfin, la dernière hypothèse concernait les étudiants qui privilégient le sport aux études car les gains potentiels dans le monde professionnel sont importants dans certains sports. En effet, cette hypothèse est étroitement liée à la précédente, les individus des classes populaires seront

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potentiellement investis davantage dans le sport. En particulier, les sports rémunérateurs sont investis davantage par ces individus. Bien sûr, il existe des exceptions, tous les sportifs issus de milieux populaires ne pratiquent pas tous le football ou le basketball. En définitive, nous avons remarqué que nos ESHN qui pratiquent des sports très rémunérateurs, la volonté était toujours d'allier le sport et les études dans un certain équilibre, alors que certains ESHN des sports moins rémunérateurs, certains privilégiaient leurs études sur le sport.

2. Limites

Au début de notre étude, nous nous sommes focalisés sur la gestion du temps chez nos ESHN, mais au fur et à mesure de l'étude, nous avons remarqué que cette approche était réductrice, et non adapté avec nos résultats : nos entretiens et nos observations. Nous avons alors choisi de nous focaliser davantage sur plusieurs approches diverses et variées. De plus, cette étude a été réalisée sur une durée qui nous ne permettait pas de pouvoir nous étendre davantage, le temps était limité, en ce sens, nous aurions pu également faire passer des questionnaires qui nous auraient davantage aidé pour tenter de mieux représenter la pratique de nos ESHN à travers des statistiques.

Autre limite que le temps, nous avons également l'éloignement géographique, nous avons pris en compte uniquement les ESHN de l'Université de Lorraine, il aurait été très compliqué de réaliser des entretiens avec des ESHN d'autres régions ou départements, sans avoir de contact physique avec eux. Il aurait été possible d'étudier les lycéens qui sont en sport-études et qui projettent de devenir des ESHN dans le but de voir l'émergence de leurs pratiques.

Nous aurions pu aussi nous attacher aux devenirs des ESHN, ou plutôt les anciens ESHN, ont-ils arrêté le sport au profit du travail ? Est-ce que leur sport leur permet de vivre de leur passion ? Arrivent-ils à concilier le sport et le travail ? Nous aurions pu interroger des entraîneurs, professeurs ou même les parents des ESHN, ils jouent un rôle primordial dans leur pratique, mais nous avons choisi de nous focaliser sur les ESHN. Cela aurait demandé une certaine proximité avec nos enquêtés, et en ce sens, nous avons voulu interroger des responsables des ESHN pour permettre de comprendre le fonctionnement global du statut des ESHN, mais cela n'a pas été possible. Nous nous sommes contentés de regarder sur le site dédié aux ESHN pour en savoir davantage.

Aussi, pendant les entretiens, un enquêté nous a témoigné qu'il ne pouvait pas s'exprimer correctement en français, car il était originaire du Luxembourg. Durant deux entretiens, nous

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avons été coupés plusieurs fois, car nous étions positionnés dans des couloirs de campus universitaires où il y avait trop de bruit.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon