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La coopération policière pour la lutte contre la cybercriminalité au sein de l'UEMOA: bilan et perspectives (2010-2020)


par Kydenlu Justin BATIONO
Université Libre du Burkina  - Master II en Diplomatie et Relations Internationales  2023
  

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6.1.1. Les limites juridiques

La coopération policière contre la cybercriminalité, dans la zone UEMOA, durant la période 2010-2020 a été beaucoup confrontée aux vraies barrières juridiques créées par les frontières. Les frontières sont des boucliers de protection qui permettent aux criminels de profiter des limites de la coopération en matière de sécurité pour développer leurs activités criminelles 82.

Les législations nationales disparates des Etats de l'UEMOA en matière de lutte contre la cybercriminalité ont négativement impacté la collaboration policière afin de faire face aux cybercriminels durant la période 2010-2020. En effet, les textes juridiques d'importance majeure qui peuvent permettre de lutter efficacement contre ce fléau transnational sont : -la convention de Budapest adoptée en 2001 ;

-et la convention de l'Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel adopté à Malabo le 27 juin 2014.

Ces deux (02) conventions obligent, d'une manière ou d'une autre, les Etats qui les ont ratifiés à coopérer dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité. Mais force est de reconnaître que

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82 DESFORGES (Aix),2013, op. Cit., p 11.

tous les Etats de l'UEMOA n'ont pas ratifié ces deux (02) conventions. Pour la convention de Budapest, seul le Sénégal l'a ratifiée ; les autres pays invités à accéder sont le Bénin, le Burkina Faso et le Niger (portail conseil de l'Europe). Il en est de même pour la convention de Malabo où certains Etats de l'UEMOA l'ont signée sans la ratifier.

Du coup, cela devient un obstacle majeur pour la coopération policière. Comme ci-dessus explicité, les autres textes juridiques communautaires n'ont pas de caractère contraignant. Comme le justifie le chef du service de la coopération policière de la BCLCC, « il n'existe pas de convention entre les Etats de l'UEMOA contre la cybercriminalité, donc nous sommes obligés d'explorer les mécanismes traditionnels (INTERPOL) pour faire nos investigations ou de compter sur la bonne volonté de nos collègues des autres pays lorsque nous avons un dossier en main. Ces derniers sont libres de nous aider avec les informations comme ils peuvent ne pas le faire car ils n'ont aucune obligation juridique de le faire »83.

Au-delà de l'inexistence de conventions entre Etats de l'UEMOA sur la cybercriminalité et le manque d'harmonisation des législations, il faut ajouter les procédures extrêmement longues lorsqu'il y a lieu de suivre la voie formelle. Les procédures de coopération combinées à l'immobilisme des bureaucraties étatiques sont à l'origine des temps de traitement de dossiers parfois très longs qui ne favorisent pas la recherche et l'identification des auteurs d'actes malveillants 84.

A l'analyse des instruments juridiques de l'UEMOA en matière des TIC, on remarque que l'institution s'est beaucoup intéressée à la question de la régulation des télécommunications qu'à la cybercriminalité. Les Etats membres ont établi six (06) directives concernant la régulation des télécommunications :

- La directive 01/2006/CM/UEMOA relative à l'harmonisation des politiques de contrôle

et de régulation du secteur des télécommunications ;

- La directive n°02/2006/CM/UEMOA relative à l'harmonisation des régimes applicables
aux opérateurs de réseaux et fournisseurs de services ;

- La directive n°03/2006/CM/UEMOA relative à l'interconnexion des réseaux et services
de télécommunications ;

- La directive n°04/2006/CM/UEMOA relative au service universel et aux obligations de
performance du réseau ;

83 Entretien à la BCLCC du Burkina Faso le 16/06/2022 à 10h.

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84 J-A TANO-BIAN, 2015, op. cit., p. 32.

- La directive n°05/2006/CM/UEMOA relative à l'harmonisation de la tarification des

services de télécommunications ,
·

- La directive n°05/2006/CM/UEMOA relative à l'harmonisation de la tarification des
services de télécommunications ,
·

- La directive n°06/2006/CM/UEMOA organisant le cadre général de coopération entre
les autorités nationales de régularisation en matière de télécommunications 85.

En ce qui concerne les législations nationales, force est de reconnaître que l'inexistence de textes législatifs rapides contre la cybercriminalité a constitué un obstacle juridique majeur. La loi malienne sur la cybercriminalité date de 2019, celles togolaise et burkinabè datent de 2018 alors que celle ivoirienne date de 2013. Ce qui signifie qu'avant 2018 et 2019, il était impossible, pour la police ivoirienne, de solliciter un appui auprès de celle burkinabè, malienne et togolaise afin de rechercher des cybercriminels résidents dans ces divers pays.

Cela a énormément contribué à rendre lacunaire la coopération policière de l'UEMOA durant la décennie considérée.

Les limites juridiques n'ont pas été les seules à influer négativement sur cette coopération. Les limites politiques ont aussi joué un rôle majeur.

6.1.2. Les limites politiques

Les freins politiques ont été décisifs dans la coopération policière durant la période considérée. Les pouvoirs politiques de certains Etats ont montré une volonté de combattre la cybercriminalité en ratifiant les conventions en la matière. D'autres Etats se sont montrés réticents. Aussi, les décideurs politiques des Etats de l'UEMOA n'ont pas posé les jalons de la lutte contre la cybercriminalité dans la zone en axant les actions sur la coopération policière. Un autre aspect est l'immixtion des autorités politiques dans certains dossiers liés à la cybercriminalité ; surtout des dossiers impliquant des acteurs politiques. Lors de nos entretiens, un de nos interviewés a fait cas d'un dossier qu'il avait en main et où était impliquée une autorité politique d'un pays voisin ; mais dans les investigations, les homologues policiers du pays en question ont affirmé ouvertement qu'ils ne vont pas donner les renseignements dont ils disposent au motif que cela porterait atteinte à l'image de leur pays si l'autorité en cause venait à être appréhendée.

85 Tous ces textes juridiques sont disponibles sur le site web de l'UEMOA.

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De plus, les relations diplomatiques entre Etats impactent également la coopération policière. Lorsque ces relations se détériorent, tout tourne au ralenti entre les Etas y compris la collaboration entre polices.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld