3.2.2.4. Les botnets
Comme nous l'avons abordé dans la partie
consacrée aux techniques de la cybercriminalité en Afrique, les
botnets sont un réseau d'ordinateurs ou de dispositifs piratés et
infectés par un robot malveillant, contrôlé à
distance par un cybercriminel (un pirate informatique). De multiples cas de
botnets ont été révélés au grand public.
C'est l'exemple de l'attaque du botnet Mirai en 2016 au Libéria qui
avait paralysé le réseau internet de tout le pays. En octobre
2019, les institutions financières sud-africaines ont été
l'objet d'attaques botnets sans subir d'importantes pertes
46.
3.2.2.5. Les rançongiciels
Par rançongiciel, il faut entendre un logiciel
malveillant qui consiste à crypter les données de la victime ou
à verrouiller ses systèmes, désorganisant ainsi les
opérations des organisations victimes rendant leurs données et
leurs systèmes inaccessibles. Les cybercriminels, auteurs de ces types
d'agissements, vont ensuite exiger une rançon,
généralement en cybermonnaie pour éviter d'être
identifiés, en échange du décryptage des données.
Les détections de rançongiciel recensées, en 2020, sur le
continent africain excèdent 1,5 millions. Les Etats africains les
plus
38
46 INTERPOL, 2021, op. cit., p.36.
touchés sont l'Egypte, l'Afrique du Sud et la Tunisie.
Les types de rançongiciels identifiés dans ces pays sont : les
rançongiciels Crysis, Ryuk, Clop, Conti, Egregor et Sekhmet
47.
La liste de ces cybermenaces en Afrique n'est pas exhaustive.
D'autres infractions cybercriminelles telles que la cyberpédophilie,
l'espionnage informatique, etc. sont aussi commises. Avec la montée en
puissance du terrorisme, l'Afrique doit se préparer en
conséquence contre une probable apparition du cyberterrorisme.
Les conséquences de ces cybermenaces sont importantes.
3.3. Les réponses des Etats en matière de
lutte contre les cybermenaces
Face aux cybermenaces, les Etats africains ont pris des
mesures idoines. Ces mesures vont de la mise en place de structures
étatiques de lutte contre la cybercriminalité à l'adoption
de législations.
3.3.1. La mise en place de structures étatiques
dédiées
La volonté de lutter efficacement contre la
cybercriminalité a motivé les Etats africains à mettre en
place des structures administratives spécialement dédiées
à la cybercriminalité. Ces structures viennent se superposer aux
services de sécurité qui ont pour mission quotidienne de lutter
contre la criminalité. Quelques exemples d'Etats ayant
créé ces types de structures :
- La Côte d'Ivoire : le pays a créé en
2009 la Direction de l'Informatique et des Traces Technologiques (DITT) pour
répondre plus efficacement au défi de la
cybersécurité. Autres créations une Plateforme de lutte
contre la Cybercriminalité (PLLC), permettant de quantifier de
manière fiable les actes de cybercriminalité, et un Laboratoire
Criminalistique Numérique (LCN), en charge de l'extraction et de
l'analyse des données numériques ;
- Le Sénégal : En 2013, le Sénégal
a mis en place la Commission des Données Personnelles (CDP). Cette
organisation est en charge du traitement des plaintes liées aux
données personnelles des citoyens (usurpation d'identité,
diffamation, cyber-chantage, escroqueries, etc.). Le CDP travaille de consort
avec la Brigade spéciale de lutte contre la cybercriminalité
(BSLC). Cette dernière est gérée spécialement les
affaires les plus graves telles que le terrorisme, le kidnapping, la
pédophilie, la traite des personnes etc. En 2016, le
Sénégal s'est également doté d'une plateforme de
lutte contre la cybercriminalité. Cette structure a pour mission
l'assistance aux victimes, le signalement de comptes frauduleux ou faisant
l'apologie du terrorisme ainsi que la veille sur les réseaux sociaux
afin de lutter contre la propagande djihadiste ;
39
47 INTERPOL, 2021, op.cit., 36
- Le Burkina Faso : le pays a mis en place de nombreuses
structures pour prévenir la cybercriminalité. Ces structures sont
: l'Agence Nationale de Sécurité des Systèmes
d'Information (ANSSI), la Commission de l'Informatique et des Libertés
(CIL), l'Autorité de Régulation des Communications Electroniques
et des Postes (ARCEP). En 2020, le pays a créé la Brigade
Centrale de Lutte contre la Cybercriminalité (BCLCC).
Les Etats comme le Nigéria et le Ghana ont mis en place
des dispositifs de cybersécurité 48.
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