2. Réflexions théoriques sur la base des
résultats
2.1. Du rôle des médias
dans le traitement de la question de l'insertion socio-professionnelle des
albinos
Les résultats de l'étude révèlent
un manque d'intérêt véritable de la RTI1 dans le traitement
de la question de l'insertion socio-professionnelle des albinos. Celase traduit
dans le contenu et le temps qui y a été consacré.
En Côte d'Ivoire, la RTI1 est la première
chaîne de télévision de service public et aborde dans ses
journaux télévisés des sujets d'actualité.
C'est-à-dire des évènements qui se déroulent au
moment où l'on parle. Elle traite également des sujets parfois
intemporels. Il s'agit de sujets dont l'actualité cours dans le temps.
En fonction de la ligne éditoriale, un média
consacre ses angles dans le traitement des informations. Ainsi, les
activités du chef de l'Etat sont la première des priorités
dans chacune de ses sessions d'informations. C'est donc à juste titre
que la question liée à l'insertion socio-professionnelle des
albinos est reléguée au plan des informations secondaires. La
RTI1 n'en parle que lorsque les albinos organisent des activités. Et il
s'agit de rendre compte de ce qui s'est passée. Pourtant, en dehors des
journaux télé, il existe dans la grille des programmes de la
RTI1, certaines émissions qui traitent de sujets d'actualité. Il
s'agit par exemple des magazines de santé et des débats.
Cependant, la question de l'insertion socio-professionnelle
des albinos n'a pas encore fait l'objet d'émissions véritable sur
RTI1 au cours desquelles les acteurs principaux en charge de la question, se
prononceraient pour éclairer la population. On enregistre
jusque-là des comptes rendus, reportages et de dossiers qui ne traitent
que la situation des albinos et une série télévisé
dont la diffusion date de septembre à décembre 2012.
Dans les autres médias (presses privées) en
Côte d'Ivoire, c'est le même constat.Certes, quelques-uns ont
abordé la question des albinos mais les contenus restent
inadaptés. En réalité le sujet est d'un faible
intérêt pour les médias. Malgré les mutations
positives qu'a connues l'espace médiatique national, lequel est
animé par deux chaînes publiques de télévision, une
centaine de stations radiophoniques (nationales, locales et
thématiques), pas moins de trente quotidiens nationaux, les
problèmes sociaux semblent être aux oubliettes. Par sujets
sociaux, on entend les thèmes-référents des articles ou
émissions radio ou télé portant sur des aspects du
vécu social de certaines catégories de populations.
Le contenu des émissions de RTI1sur la question de
l'insertion socioprofessionnelle est de faible intérêt pourtant
les médias exercent de plus en plus d'influence sur le public.
En effet, ils représentent un pouvoir indéniable
dans la société d'aujourd'hui. Cette puissance se traduit par la
capacité des médias à fixer les modes de pensée,
voire les façonner. Néanmoins leur influence est plus subtile et
se limite dans un premier temps plutôt à définir l'ordre
du jour et donc indirectement d'orienter la pensée de la
société. Ils sont une puissance parce qu'ils ont les outils et
les mécanismes qui leur donnent la possibilité d'imposer l'ordre
du jour, conditionnant ainsi le comportement des autres pouvoirs. Ils peuvent
définir l'ordre du jour des questions politiques, sociales et
économiques, mais également détruire la réputation
d'une organisation, une personne ou un groupe de personnes.
De plus, comme le démontrent Agnès et
Croissandeau,(1979 : 73) les journalistes dans les médias sont
sollicités par une multitude de sujets à traiter. Mais compte
tenu de plusieurs facteurs éditoriaux, rédactionnels, techniques
et lucratifs, sans oublier l'espace et la faisabilité, ils effectuent
toujours une opération réfléchie et structurée de
tri et de hiérarchisation d'événements et de sujets
à traiter donc à médiatiser.Un filtrage
d'évaluation sur deux échelles qui se faitsselon un processus de
compromis et d'équilibrage entre la loi de la proximité
dépendant des publics et celles de sélection
déterminée par les rédacteurs, sans omettre
évidemment les paramètres commerciaux et politiques. Le
dépouillement des contenus médiatiques d'information un dans
notre étude permet de constater que la loi de la proximité
déterminant le choix des sujets intéressant les
téléspectateurs donc qui sont prioritairement à traiter et
à médiatiser semble être ignorée, sciemment ou non.
En effet, le citoyen pour lequel le média s'adresse n'est pas toujours
pris en considération. La consultation des contenus produits par le
média national confirme ce constat qui serait le résultat de deux
pratiques journalistiques : agenda setting et la spirale de silence. Et
ce, soit en valorisant certains sujets portant sur des actions de l'Etat par
l'agenda-setting. Soit au contraire en imposant un silence sur certains sujets
pouvant mettre en cause ses actions et son discours.
Les médias peuvent résoudre la question de
l'insertion socio-professionnelle des albinos s'ils ont la volonté.
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