III.2: DIFFICULTES LIEES A LA DISTANCE : CAS DE
LAINDE
Dans un vaste espace, la concentration des points d'eau
potable en un lieu donné est un signe de ségrégation. Cela
contribue à accentuer les contraintes liées à la distance
dans des endroits délaissés. Pour que les populations puissent
pleinement profiter des points d'eau, il est primordial qu'ils soient
équitablement répartis dans le but de réduire la distance
à parcourir. Ce qui n'est pas le cas à Laindé et ses
alentours, peuplés d'environ 19 293 habitants avec dix points d'eau
(trois fois plus que Yelwa) fonctionnels construits entre 1985 et 2005. Ces
points d'eau sont très rapprochés les uns des autres et
concentrés à Laindé (centre) au dépend des zones
alentours tout aussi peuplés.
Comme l'illustre la figure 12, la majorité des dix
points d'eau que possède la zone est concentrée à
Laindé. Sept forages très rapprochés les uns des autres,
desservent le petit espace (A). Les zones B, C, et D fortement peuplées
n'en possèdent aucun. Pour s'approvisionner en eau potable, les
populations de la zone C doivent se rendre à Garoua rural, situé
à environ 1,43 km, tandis que celles de la zone B (Towgo) sont
obligées de se rendre à Laindé situé à
près de 642 mètres. Les plus marginalisés sont les
populations de la zone D (Ouro Lawane) qui doivent effectuer plus de deux km
s'ils souhaitent s'approvisionner en eau potable à Laindé, et
plus de trois kilomètres pour se rendre au point d'eau de Garoua rural.
La position des points d'eau à plus de 200 mètres des zones de
concentration des habitations constitue donc un gros problème
d'accès à l'eau potable. Contrairement à Yelwa,
Laindé et ses environs sont pourvus de cinq puits communautaires. Mieux
répartis dans l'espace, ils offrent d'importantes quantités d'eau
aux populations. Comme mentionné plus haut, suite à ces
difficultés, les femmes et les enfants parcourent de grandes distances
souvent munis de pousse-pousse, à la recherche d'une eau potable telle
que l'illustre la photo ci-dessous.
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Source: Enquête de terrain, Janvier 2017 Photo
18 : Enfants transportant de l'eau
Figure 14: Concentration des
forages à Laindé
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Figure 15 : Concentration des forages à
Djalingo
III.3 : QUARTIERS DEPOURVUS DE POINT D'EAU POTABLE
Tandis que certaines zones périphériques
bénéficient de multiples points d'eaux, de vastes zones urbaines
en sont au contraire dépourvues. En tenant compte des multiples usages
de l'eau en zone urbaine, de la forte densité de population, du rythme
de coupure d'eau, ces espaces urbains marginalisés deviennent les plus
vulnérables aux maladies hydriques. L'absence de point d'eau potable
contraint les pauvres (majoritaires) à utiliser les eaux provenant de
leurs différents puits privés, et des VE, et ce à des prix
onéreux. C'est le cas des quartiers comme Poumpouré,
Lopéré, Roumdé Adja. A contrario, Perma, très
faiblement peuplé, possède trois forages.
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Figure 16 : concentration des points d'eau en
zone faiblement peuplée
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