CONCLUSION PARTIELLE
Le crédit bancaire constitue une des principales
sources de profitabilité de l'activité d'intermédiation
bancaire. Ce dernier représente l'acte par lequel une personne agissant
à titre onéreux et/ou promet de mettre des fonds à la
disposition d'une autre personne ou prend dans l'intérêt de
celle-ci, un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement ou une
garantie. Cette activité comporte des effets néfastes
dans le long terme lorsque l'institution bancaire ne fait pas l'analyse de la
qualité de personnes auprès desquelles elle accorde de
crédits qui, à l'échéance ne parviennent pas
à honorer leur engagement. Ceci engendre ce que nous appelons le risque
de crédit qui est le pourcentage de chances pour qu'un débiteur
ou l'émetteur d'un moyen de paiement soit dans l'impossibilité de
payer l'intérêt dû
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ou de rembourser le principal selon les termes
spécifiés dans la convention de crédit qui est
inhérent à l'activité bancaire.
De ce fait, le risque de crédit constitue une des
sources du non réalisation des objectifs que la banque dans le long
terme. Ceci nous amène à mettre fin à ce chapitre qui
était consacré aux généralités où
nous avons passé en revue les concepts sur les crédits bancaires,
les risques bancaires, les objectifs stratégiques puis la
présentation du champ d'investigation qui est l'Afriland First Bank
CD.
Selon Crouzille et alu dans un article intitulé Bank
stock volatility, news and asymetric information in banking : an empirical
invesgation. Journal of Multional Financial publié en 2004 affirment que
les
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CHAPITRE DEUXIEME : REVUE DE LITTERATURE
La prise élevée de risque de crédit dans
une banque peut avoir comme origine un mauvais traitement des
différentes informations relatives à la qualité de ses
emprunteurs. C'est ainsi, la prise de décision de crédit qui en
découle exige un diagnostic important de la capacité qu'a un
emprunteur de rembourser un crédit.
Selon Jensen et Meckling, en 1976, les dirigeants /
actionnaires d'une entreprise n'ont pas les mêmes intérêts
que les créanciers et disposent davantage d'informations sur la
qualité de leurs projets et sur leurs propres intentions de
remboursement des crédits accordés. Suite à
l'asymétrie d'information cela entraine divers phénomènes
de sélection adverse et d'aléa moral. L'emprunteur peut cacher
une importante information concernant le risque que comporte son projet
d'investissement en vue d'obtenir un crédit ou dans le souci d'avoir le
crédit dans les conditions plus favorables.
C'est ainsi, nous constatons que la sélection adverse
provient de l'incapacité du prêteur à faire la distinction
entre les bons et les mauvais emprunteurs. En dehors de ceci, l'emprunteur peut
aussi adopter certaines attitudes, stratégies risquées pour
maximiser l'espérance de son revenu au détriment du prêteur
lorsque le crédit lui est accordé. De ceci apparait le
phénomène d'aléa moral qui est le fruit de
l'incapacité du prêteur à contrôler les
différentes intentions de l'emprunteur et d'évaluer ses efforts
une fois le crédit accordé.
En effet, au travers cette première section de ce
chapitre de notre thème sous étude, notre attention est
orientée en premier lieu sur la relation bancaire et le risque de
crédit puis pour finir enfin avec les objectifs stratégiques en
termes de rentabilité et part de marché.
SECTION 1 : RELATION BANCAIRE ET RISQUE DE CREDIT
Dans l'intermédiation financière, les banques
jouent un rôle principal de l'obtention de l'information relative
à la qualité de l'emprunteur nécessaire pour pallier
à l'imperfection du marché de crédit et de
l'asymétrie d'information. C'est ainsi, dans le financement de
l'économie, l'asymétrie d'information semble être la
principale contrainte dans la mesure où les différentes parties
au contrat financier n'ont pas une information précise entre elles.
De ce qui précède, dans le système
financier, les institutions bancaires assurent une relation entre les agents
ayant une capacité de financement et ceux ayant un besoin de
financement. Ces dernières font les opérations de transferts de
fonds de déposants vers les emprunteurs. Elles ont pour matière
première, la monnaie et le traitement de l'information.
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banques et les intermédiaires financiers, en
général, sont considérés comme les agents jouant un
rôle primordial dans le système financier comme les
intermédiaires d'informations.
Suite à cette asymétrie informationnelle des
marchés financiers, cela a entrainé la mise en place d'importante
littérature bancaire, notamment la théorie
d'intermédiation financière qui a mis en exergue un niveau
supérieur d'information de la banque au détriment d'autres
intermédiaires financiers. Et ce niveau de supériorité est
assignée à la particularité de relation liant les banques
à leurs clients et leurs permettant de disposer d'une source
d'information privée. A partir de ceci, les banques semblent disposer
d'une certaine expertise dans l'évaluation des emprunteurs et des
risques auxquels elles sont exposées en accordant le crédit.
C'est ainsi, au travers cette première section de ce
chapitre notre attention est focalisée sur les problèmes de
l'asymétrie d'information entre les banques et les emprunteurs, les
différentes voies de sortie de l'asymétrie d'information
proposées par les emprunteurs et les banques, les dispositions prises
par les banques face à l'asymétrie d'information ainsi que les
différentes théories sur la relation bancaire et le risque de
crédit bancaire.
1.1. LES PROBLEMES D'ASYMETRIE D'INFORMATION ENTRE LA
BANQUE ET LES ENTREPRISES
Dans les relations entre les intermédiaires financiers
et les emprunteurs lorsque les agents ne sont pas dotés d'informations
à un même niveau, nous nous retrouvons dans une situation
d'asymétrie informationnelle. Et sur le marché de crédit,
face à l'emprunteur, le prêteur ne peut qu'être en position
de faiblesse, car le premier dispose d'une information précise sur le
projet à financer.
C'est ainsi, dans l'évaluation du risque de
crédit, la contrainte découle de l'asymétrie d'information
rendant difficile l'évaluation des emprunteurs. Pour minimiser le risque
des crédits, les banques doivent avoir la capacité de collecter
et de bien traiter les informations lors de la sélection des demandes de
crédits. Dans la sélection, le prêteur cherche
d'information sur les différentes caractéristiques de
l'emprunteur et lorsque le crédit est attribué à
l'emprunteur, il cherche les informations dans le souci de bien contrôler
les diverses actions entreprises par ce dernier. Alors dans cette recherche
d'information, la banque est confrontée à une situation
d'asymétrie d'information qui donne lieu à deux problèmes
sur le marché de crédits dont l'un intervenant avant la
conclusion du contrat est appelé sélection adverse et l'autre qui
se produit après la signature du contrat et l'octroi du crédit
appelé aléa moral.
1.1.1. La sélection adverse
Lorsque l'emprunteur détient plus d'informations que le
prêteur, il peut les dissimuler ou ne pas révéler ce qui
fait à ce que la banque se trouve dans l'impossibilité de faire
l'observation de sa qualité. Dans ce contexte, l'asymétrie
d'information est ex ante, la banque est exposée à un
problème de
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sélection adverse. Cette sélection adverse qui
apparait avant que le contrat soit signé, découle du fait qu'une
information concernant les caractéristiques de l'emprunteur est
dissimulée.
Dans l'histoire, cette notion fut abordée par le
modèle de Georges AKERLOF en 1970 dans sa revue intitulée The
Market of Lemons: Quality uncertainty and the Market mechanism». Vol. 31,
pp. 488500, dans une étude menée sur la vente des voitures
d'occasion. Ce modèle demeure parmi les modèles fondamentaux
d'économie d'information. Dans ce modèle, l'asymétrie
d'information se traduit par une application d'un prix moyen unique pour les
produits ayant de qualités différentes. La sélection
adverse peut entrainer l'éviction des acteurs qui proposent de produits
de meilleure qualité. L'incertitude sur la qualité du produit
induit la possibilité de fraude.
En rapport avec la relation crédit, les mauvais
emprunteurs adoptent les attitudes pour être considérés
comme étant peu risqués. Ils sollicitent le crédit
même à un taux d'intérêt élevé car ils
n'ont pas le souci de remboursement, ce qui affecte les bons emprunteurs. Les
bons risques quittent le marché et les mauvais y restent.
Par conséquent, les prêteurs sont
confrontés à la difficulté de faire la discrimination de
manière efficiente entre les emprunteurs peu risqués ou de bonne
qualité. Ils peuvent sélectionner les projets les plus rentables
ou plus surs difficilement. L'asymétrie d'information ex ante dans ce
cadre induit une allocation inefficace du crédit. Dès lors, le
taux d'intérêt peut agir comme un mécanisme de
tri. Et pour pallier au problème d'asymétrie, les
prêteurs essayent de séparer les bons des mauvais risques de
crédit.
En effet, l'identification des bons emprunteurs est assez
difficile et problématique. Suite à cette incapacité pour
la banque de connaitre avec exactitude le risque des emprunteurs potentiels,
J. STIGLITZ et WEISS en 1981 dans une revue intitulée
«Credit rationing in markets with imperfect information». Vol
n°3, p. 93-110, disaient que la banque applique le même taux
à tous les candidats et ce taux permet de maximiser son rendement
anticipé. Dans leur analyse, l'hypothèse fondamentale est celle
d'une banque passive qui ne peut différencier les demandeurs de
crédit que par l'application du taux d'intérêt unique
à travers des contrats mélangeants. Pour que les emprunteurs
puissent révéler d'une manière ex ante, leurs
qualités, la banque peut être active et mettre en place des
contrats séparants tout en proposant dans cette perspective, une gamme
des contrats différenciés.
Et les théories qui sont fondées sur une
hypothèse de banque passive et celles reposant sur les banques actives
ne s'affrontent pas mais se complètent dans un contexte d'un
marché bancaire qui est caractérisé par une
asymétrie d'information forte.
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