I.3. Généralités sur
l'écologie du paysage
I.3.1. Définitions et composition du paysage
L'écologie du paysage est l'une des disciplines les
plus jeunes de l'écologie. Carl Troll est celui qui a introduit le terme
d'écologie du paysage en 1930, suite à ses observations des
photographies aériennes (Troll C., 1939).
3 UNFCCC: United Nations Framework Convention on
climate Change. En français : Convention Cadre des Nations Unies sur le
Changement Climatique (CCNUCC), est adoptée au cours du sommet de la
terre de Rio de Janeiro en 1992 par 154 Etats.
4 Gaz à effet de serre : les Gaz à
Effet de Serre (GES) sont des gaz qui absorbent une partie des rayons solaires
en les redistribuant sous la forme de radiations au sein de l'atmosphère
terrestre. Plus d'une quarantaine des GES ont été recensés
par le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'évolution du Climat
(GIEC).
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Ce biogéographe allemand avait pour objectif, combiner
deux disciplines : la géographie et l'écologie. En ceci, il
cherchait à relier les structures spatiales aux processus
écologiques (Burel F. et Baudry J., 2003).
Plusieurs définitions gravitent autour du concept
paysage. La définition la plus largement partagée est celle
contenue dans la Convention Européenne du Paysage. Selon cette
définition, « le paysage se définit comme une partie de
territoire telle que perçue par les populations, dont le
caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ ou humains
et de leurs interrelations ». D'une manière générale,
le paysage se réfère à une aire relativement large, de
quelques hectares à quelques centaines de km2 (Forman R.T.T.
& Godron M., 1981).
Le paysage est constitué de trois
éléments distincts :
Les taches : Ce sont des mosaïques
d'unités fonctionnelles, des surfaces qui diffèrent, par leur
apparence et leur composition, de ce qui les entourent (la matrice). Elles
peuvent largement varier en taille, en forme, en type, en
hétérogénéité et en caractéristiques
des frontières ;
Le corridor : Les corridors sont des
unités ayant une forme linéaire caractéristique et
remplissant des fonctions écologiques de conduit (passage), de filtre et
de barrière. Ils sont souvent présents dans un paysage sous forme
d'un réseau.
La matrice : C'est l'élément
englobant. La matrice constitue l'élément le plus extensif et le
plus connecté du paysage. (Forman R.T.T. & Godron M., 1981). La
figure 2 ci-dessous illustre les composantes du paysage.
Fig.2. Les composantes du paysage selon Forman et Godron
(1986).
I.3.2. La structure spatiale en écologie du
paysage
La structure spatiale des écosystèmes paysagers
est d'une importance capitale. En effet, elle permet d'éclairer les
processus écologiques qui s'y déroulent (Fortin, 2002). Chaque
système écologique est caractérisé par une
interdépendance de trois éléments clés : sa
configuration, sa composition et son fonctionnement comme le montre la figure 3
ci-dessous.
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Un changement d'un des éléments entraine des
répercussions sur les deux autres (Bogaert et Mahamane, 2005). Chaque
composante est nécessaire, mais insuffisante étant prise
individuellement, pour caractériser l'état d'un système
écologique (Noon et Dale, 2002). Cette assertion est connue sous le
terme de « pattern/process paradigm » et est une hypothèse
centrale de l'écologie du paysage. En analysant les structures du
paysage et leur dynamique, des déductions utiles au sujet des processus
(écologiques) fondamentaux peuvent être faites, et vice versa
(Bogaert et al., 2004).
Fig.3. Les éléments clés qui
caractérisent tous les systèmes écologiques, sans tenir
compte de l'échelle spatio-temporelle, sont représentés
par un triangle équilatéral pour illustrer leur
interdépendance. D'après Noon et Dale (2002).
Le concept de fragmentation, associé à
l'hétérogénéité et la connectivité,
constituent des concepts clé de l'écologie du paysage. Il
s'applique aussi bien aux habitats qu'aux populations (populations
fragmentées). En effet, la fragmentation se caractérise par une
diminution de la surface totale d'un habitat et son éclatement en
fragments, ou plus simplement par une rupture de continuité (Figure 4.)
(Burel F. & Baudry J., 2003).
Fig.4. Illustration de la fragmentation : d'a à c,
on observe une augmentation du degré de fragmentation par l'augmentation
du nombre de taches, par la diminution de la taille des taches, par la rupture
de continuité et l'augmentation de l'isolation. (Burel et Baudry, 2003 ;
Bogaert et Mahamane, 2005).
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Pour mieux étudier les rapports entre la configuration
du paysage et les processus écologiques, il est utile de décrire
ces structures en termes quantifiables. Ceci explique le développement
d'une série d'indices « landscape metrics ». (Farina,
2000).
Il en effet, nécessaire d'utiliser plusieurs indices
pour caractériser la structure spatiale d'un paysage. Pour cela,
beaucoup d'indices sont à la disposition des écologues en raison
du fait qu'aucune mesure ne peut résumer à elle seule toute la
complexité de l'arrangement spatial des taches (Dale et al.,
1994). Ces indices sont souvent des indicateurs de l'impact humain sur la
morphologie du paysage (Krummel et al., 1987).
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