Le terrorisme. Une grande menace à la paix, sécurité et stabilité internationales.par Insrad ZOUBERT Université panafricaine - Master 2 2015 |
3.2. Quelques motivations des groupes terroristes mondiauxLa question portant sur leterrorisme actuel en tantqu'une menace à la paix, la sécurité et la stabilité internationales suscite évidemment des recherches ou études pour plusieurs chercheurs qui, aujourd'hui s'y penchent avec autant de lucidité. Pour comprendre le poids de cette menace à la paix, la sécurité et la stabilité dans le monde, nombreux indications nous sont importants. Lorsque nous observons les relations entre les Etats et les conséquences qui en découlent tant au niveau interne pour les civiles qu'au niveau externe pour la diplomatie, nous nous apercevonsque des injustices, de la pauvreté109(*) et des conflits non réglés sont source de tension et de menace. Ainsi, la questionde ces actes faits au profit de quidéjà abordé ci - haute,s'accompagne de quelles en sont les motivations profondes110(*). Faut-il en chercher l'origine dans la religion, dans l'écart de richesse entre le Nord et le Sud de la planète, dans le conflit israélo-palestinien, dans l'opposition entre civilisations occidentale et islamique, ou dans d'autres facteurs socio-politiques ? Si tous les théoriciens et scientifiques ne sont pas d'accord entre eux sur la réponse à cette question, il est intéressant de prendre du recul et de voir le « terroriste » dans son évolution historique pour comprendre ses motivations. Le « terrorisme international ressurgit chaque fois qu'un monde en évolution rapide donne l'impression - subjective ou objective, à de trop grands groupes de gens qu'ils sont marginalisés », explique le professeur belge Rik Coolsa. « Un monde où trop de dimensions paraissent évoluer trop vite et qui donne ainsi l'impression à trop de gens qu'ils n'en font pas partie, qu'ils restent à la limite de ce monde, qu'on ne tient pas compte d'eux. C'est précisément ce qui forme le terreau sur lequel de petits groupes extrémistes -sortent d'avant-garde autoproclamée- essaient de justifier leurs « actes terroristes » pour se doter eux-mêmes d'une auréole de combattants de l'injustice. Il en fut ainsi il y a 70 ans. Il en fut ainsi il y a 100 ans. Il en est ainsi aujourd'hui.»La théorie du « trop pauvre » qui se sentirait dépassé par une « trop rapide évolution » des voisins du nord « trop riche » et qui se déclarait « avant - gardistes » de la cause des démunis de ce monde, trouvera sans doute ses tuteurs éclectiques dans ces intelligences visionnaires et expansionnistes encore amarrées à un passé toujours présent dans les esprits mais si bien révolu et qui affublent leurs desseins asservisseurs de slogans civilisateurs. Ce « terrorisme du pauvre » que nous réprouvons d'ailleurs de toute forces ne serait - il pas une conséquence vraisemblable et toute simple du « terrorisme du riche » ? A titre illustratif, l'Irak n'en serait - il pas un modèle de plus loquaces ?En fait, nous nous interrogeons sur les motivations des terroristesdepuisle 11 septembre 2001, qui se sont fortement multipliées. Il est certes que la pauvreté, l'injustice, l'humiliation...sont parmi tant d'autres suscitant les terroristes à agir aveuglement et globalement bien que la mondialisationa fortement contribuerpar ses moyens technologiques pour la concrétisation et internationalisation de ce phénomènes.Parallèlement, la politique étrangère des Etats-Unis d'Amérique qui nous paraît injuste, arrogante et guerrière111(*), est aussi importante. Partant de la mondialisation, telle qu'elle est définie « mouvement d'internationalisation des économies et des sociétés induit par le développement des échanges dans le monde», elle ne concerne plus seulement les marchandises, mais englobe les capitaux, la main-d'oeuvre, les services, la propriété intellectuelle, les oeuvres d'arts... ce qui la rend un processus global, profond, inexorable, irrésistible et durable qui transforme le paysage politique, économique et social international. Nombreux sont ceux, notamment des spécialistes, qui coïncident son avènement avec la fin du 20ème siècle, qui a connu des brusques transformations à l'échelle mondiale, à savoir : la chute du mur de Berlin, la dislocation de l'Union soviétique et la première guerre irakienne de 1991. Mais, comment ce phénomène a - t-il pu conduire au terrorisme ? A priori la mondialisation repose sur quatre points : ouverture des frontières afin de libéraliser le commerce et la finance, déréglementation et privatisation, recul des dépenses publiques et des impôts au profit des activités privées et primauté des investissements internationaux et des marchés financiers : en somme le déclin de la politique et de l'Etat au profit des intérêts privés. En libérant les mouvements des capitaux de tout contrôle étatique, cette politique déplace le pouvoir économique de la sphère publique à la sphère privée de la finance mondiale. Il n'y a, donc, pas de nations qui peuvent résister à leurs pressions. Ainsi, leur capacité de nuisance est très forte comme en témoigne les différentes crises qui ont frappé l'économie de nombre pays émergeants. C'est, donc, une logique de fructification rapide des patrimoines financiers qui caractérise, désormais, le système. Cette course sans limite au profit à court terme épuise la nature, détruit les régulations de la biosphère et menace le destin des générations futures.La mondialisation est devenue insensée au sens propre, puisque l'instrument économique se substitue à la finalité au lieu de la servir, les frontières entre la moral et l'immoral, le légitime et l'illégitime disparaissent.Cependant, toutes les conditions étaient requises pour provoquer le désespoir, puis l'action et la réaction des peuples, qui peut-être pacifique à travers les grandes mobilisations dumouvement altermondialistes112(*), mais aussi sanglante qui culmine avec des attentats terroristes, puisque « quand on sème le désespoir, on récolte fatalement la violence». Le terrorisme, donc ne surgit pas du néant, il s'est trouvé un terreau, celui de la misère, de l'humiliation et du délitement des valeurs.Ce terreau s'est enrichi par un fait évolutif qui passionne et attire : la technologie de pointe et de l'argent illégale.Autre,lavitrine de la mondialisation qui réside, essentiellement, dans la pauvreté, le chômage, la famine, l'injustice affectant des disparités de développement entre les pays en somme la misère. * 109 Pour Pascal Bruckner, « la recherche éperdue des causes du terrorisme », même si elle part d'une bonne intention, fait fausse route : la culture de l'excuse, l'explication par le désespoir, l'humiliation exonère l'acte de son horreur et débouche sur la tentation de l'indulgence. (...) Selon l'écrivain, « contrairement à ce qui s'écrit ici ou là, les « attaques terroristes » ne sont nullement la conséquence de la misère ou du sous-développement. Si le « terrorisme » était le fruit de la pauvreté, la dernière arme du déshérité, alors tous les attentats commis depuis trente ans auraient dû l'être par des ressortissants de l'Afrique subsaharienne. Ce qui n'est pas le cas. Les pays arabo-musulmans connaissent d'importantes différences de niveau de vie, mais ils comptent aussi parmi eux les nations les plus riches de la planète. C'est en 1993, en plein accord d'Oslo, que le World Trade Center avait été la cible d'une première explosion à la bombe. La réconciliation des frères ennemis du Proche-Orient ne ferait qu'exacerber la fureur des extrémistes. Ce qui motive le « terrorisme », ce n'est pas telle ou telle erreur de l'Europe ou de l'Amérique et Dieu sait si nous en avons commis, c'est la haine pure et simple. Cette haine est antérieure à toute excuse qu'elle se donne pour frapper, elle commence par haïr, et cherche, ensuite, des raisons. Elle ne s'adresse pas à l'Occident pour ce qu'il a fait mais pour ce qu'il est. Notre crime, à ses yeux, c'est d'exister purement et simplement.» * 110Dans une analyse médiatique dite « Terrorisme : Causes, genèse, objectifs et traitement », Tarqui Charoui évoque en énumérant quelques raisons profondes du terrorisme telles que la pauvreté, le chômage, la marginalisation et l'injustice entre les individus et les régions. Une population qui vit dans la misère est fragilisée, elle succombe facilement à la démagogie de l'extrémisme et à ses promesses chimériques et bascule dans le terrorisme. La naïveté du pouvoir qui ne croit pas que tout pays est sous menace, interne ou externe, qui le guette quelque part et que le malheur n'arrive qu'aux autres. Il ne s'y attend pas ; donc ne se prépare pas au pire. La faiblesse du pouvoir ; ne s'étant pas préparé au pire, le pouvoir démuni se trouve affaibli et ne peut faire face à toute éventualité. Alors le terrorisme agit, redouble d'effort, se réjouit des coups qu'il a portés au pouvoir et fait avancer ses pions pour atteindre ses objectifs ultimes : vaincre le pouvoir, abolir l'Etat et changer la société qu'il croit impie. * 111 Un succès stratégique de lutte nécessite toutefois que l'on comprenne bien les raisons de sa montée. C'est pour l'acteur espagnol Willy Toledo sur l'attentat de Paris sont révélateurs. Il avait commencé par condamner l'attentat et a fini par dire que les bombardements des Etats-Unis et de l'OTAN avaient rasé des pays entiers. «Vous qui avez tué des millions de gens, vous vous attendiez à ce qu'ils restent silencieux face à cela ?», s'est-il interrogé. Il n'y a aucun doute sur le fait que derrière l'islamisme et le terrorisme d'islamistes radicaux, se trouvent les griefs des masses musulmanes. Une partie de ces griefs est liée au fait que les Arabes en particulier ont été victimes de la «malédiction du pétrole» qui soutient les autocraties fondamentalistes qui à leur tour les oppriment et incitent aux interventions impérialistes de l'occident. Une partie de ces griefs provient sans aucun doute du soutien inconditionnel de l'occident envers l'occupation et l'oppression israélienne sur les Palestiniens. Et une autre partie de leurs griefs provient de la discrimination et du dénigrement auxquels ils sont sujets en occident, où ils sont les boucs émissaires des crises économiques ». * 112Constitué principalement par les ONG, les syndicats des travailleurs, les intellectuels... |
|