3. La technique d'analyse des données
Plusieurs techniques d'analyse existent mais celle que nous
avons retenue, sans nul doute la plus connue, est l'analyse de contenu
(nous avons combiné l'analyse de contenue qualitative a
l'analyse de contenue quantitative). Pour Bardin (2003 cités par
Gavard-Perret et al., 2008), c'est « un ensemble de techniques
d'analyse des communications visant, par des procédures
systématiques et objectives de description du contenu des messages,
à obtenir des indicateurs (quantitatifs ou non) permettant
l'inférence de connaissances relatives aux conditions de
production/réception (variables inférées) de ces
messages. ».
Quelle que soit la définition adoptée, il est
possible cependant de retenir ce qui constitue le coeur de l'analyse de
contenu : « une idée centrale dans l'analyse de
contenu est que les nombreux mots de texte sont classés dans un nombre
beaucoup plus petit de catégories.» (Weber.R.P., op.cit.,
P.12.).
Il existe en gros six types d'analyse de contenu selon le but
visé et le genre de résultats escomptés par le chercheur
(Omar Aktouf, 1987).
3.1- L'analyse de contenu d'exploration
Comme son nom l'indique, il s'agit d'explorer un domaine, des
possibilités, rechercher des hypothèses, des orientations. On a
recours à ce premier type, par exemple, dans l'étude des voies de
recherches que peuvent suggérer des interviews préliminaires sur
un échantillon réduit d'une population-cible. On se sert des
résultats pour construire alors des questionnaires plus
réalistes, moins entachés des distorsions personnelles du
chercheur et plus près des dimensions concrètes du
problème étudié, de la population d'enquête...
3.2- L'analyse de contenu de vérification
Ici, il s'agit de vérifier le réalisme, le
bien-fondé, le degré de validité... d'hypothèses
déjà arrêtées. Ce type d'analyse de contenu suppose
des objectifs de recherche bien établis, ainsi que des suppositions
précises et préalablement définies et argumentées.
3.3- L'analyse de contenu qualitative
Ce type d'analyse s'intéresse au fait que des
thèmes, des mots ou des concepts soient ou non présents dans un
contenu. L'importance à accorder à ces thèmes, mots ou
concepts ne se mesure pas alors au nombre ou à la fréquence, mais
plutôt à l'intérêt particulier, la nouveauté
ou le poids sémantique par rapport au contexte.
Par exemple, cette phrase perdue dans un discours de
propagande nazie au début de la défaite allemande : « Cette
victoire (celle des U. boats ayant coulé des navires alliés) ne
doit pas nous laisser naïvement voir le futur en rose », illustrait
une nouveauté dans l'attitude officielle des chefs nazis destinée
à préparer le peuple allemand à des mauvais jours à
venir... >>
Signalons en passant que l'analyse de contenu était
très employée durant la Deuxième Guerre mondiale pour
juger de l'état du moral de l'ennemi, de ses changements d'attitudes...
à travers les discours, les propagandes...
3.4- L'analyse de contenu quantitative
Ici, par contre, l'importance est directement reliée
aux quantités : il s'agit de dénombrer, d'établir des
fréquences (et des comparaisons entre les fréquences)
d'apparition des éléments retenus comme unités
d'information ou de signification. Ces éléments peuvent
être des mots, des membres de phrases, des phrases entières... Le
plus significatif, le plus déterminant est ce qui apparaît le plus
souvent.
3.5- L'analyse de contenu directe
On parle d'analyse directe lorsque l'on se contente de prendre
au sens littéral la signification de ce qui est étudié. On
ne cherche pas, dans ce cas, à dévoiler un éventuel sens
latent des unités analysées ; on reste simplement et directement
au niveau du sens manifeste.
3.6- L'analyse de contenu indirecte
Ici, l'analyste cherchera, inversement, à
dégager le contenu non directement perceptible qui se cacherait
derrière le manifeste ou le littéral. Le chercheur aura alors
recours à une interprétation de sens des éléments,
de leurs fréquences, leurs agencements, leurs associations...
Dans notre travail, nous avons combinés l'analyse de
contenue qualitative, l'analyse de contenu quantitative et l'analyse de contenu
directe. Le type d'analyse effectuée dans notre étude est manuel,
malgré sa longue durée. Des logiciels auraient pu être
utilisés, mais il leur est impossible de dépasser les
idées et la créativité des prises de conscience du
chercheur (Savoie-zajc, 2000, cité par Wanlin, 2007). En plus, utiliser
un logiciel n'améliore pas la validité des études (Trudel
et Gilbert, 1999, cités par Wanlin, 2007), puisque les analyses valent
ce que valent les étapes qui les ont précédées
(Wanlin, 2007).
En effet, des traitements préalables ont
été effectués : des corrections orthographiques,
grammaticales et stylistiques ont été faites, mais de
façon marginale car le style propre des répondants et le
vocabulaire qu'ils emploient peuvent être d'une grande importance dans
l'analyse. Certaines réponses ont étés remises dans
l'ordre chronologique des questions posées car les individus
interrogés allaient parfois dans tous les sens et donnaient des
éléments de réponse pour des questions non encore
posées. Ces allers et retours ont été nombreux et ont
imposé ce travail de remise en ordre.
Après ces traitements, des lectures et relectures ont
été faites pour bien saisir le message apparent des verbatim et
mettre en évidence leur sens manifeste.
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