WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Problématique de l'accès aux marchés des producteurs agricoles. Cas des maraîchers de la ville de Lubumbashi.


par Lionel Nkulu Mwamba
Université de Lubumbashi - Diplôme d'ingénieur agronome 2016
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SEPTEMBRE 2016

 

UNIVERSITÉ DE LUBUMBASHI

B.P. 1825

Faculté des Sciences Agronomiques

Dé partémént d'é conomié agricolé

PROBLÉMATIQUE DE L'ACCÈS AUX MARCHÉS DE PRODUCTEURS
AGRICOLES DU HAUT-KATANGA

« Cas de maraîchers de la ville de Lubumbashi »

Par NKULU MWAMBA Lionel

Travail de Fin d'Études présenté et défendu en vue d'obtenir le grade

d'Ingénieur Agronome

ANNÉE ACADÉMIQUE : 2015-2016

 

UNIVERSITÉ DE LUBUMBASHI

B.P.1825

Faculté des Sciences Agronomiques

Dé partémént d'é conomié agricolé

PROBLÉMATIQUE DE L'ACCÈS AUX MARCHÉS DE PRODUCTEURS
AGRICOLES DU HAUT-KATANGA

« Cas de maraîchers de la ville de Lubumbashi »

Par NKULU MWAMBA Lionel

Travail de Fin d'Études présenté et défendu en vue d'obtenir le grade

d'Ingénieur Agronome.

Directeur : Prof. Dr. Ir. NKULU MWINE FIAMA Jules Encadreur : ASS. Msc. Ir. NTUMBA NDAYE François

EPIGRAPHE

« Le problème de la faim n'est pas toujours l'absence de
nourriture sur les marchés mais le manque de moyens
financiers pour y accéder et se nourrir correctement ».

PAM

Lionel NKULU M.

II

REMERCIEMENTS

À toi notre Père et notre Dieu, dans ta Toute Puissance tu nous as
indescriptiblement toujours aimé, rien n'est assez fort pour te dire
correctement merci. Que gloire te soit rendu, toi notre créateur assit dans
l'éternité.

À vous mes parents pour tous vos mérites que je n'ose mentionner ici ;

À vous mes frères et soeurs les NKULU : Nathalie, Thierry, Rolly, Ninon, Hervé et Igor pour avoir concouru à notre réussite ;

Aux familles ABDALA et LUBOZYA ainsi qu'à toutes les familles amies;
Au doyen de la Faculté, j'ai nommé le Professeur NGOY SHUTCHA Mylor;

Au chef de département d'économie agricole pour avoir bien voulu diriger
ce travail, nous avons cité le Professeur Jules NKULU ;

À l'assistant François NTUMBA pour la disponibilité et pour l'encadrement de

ce travail,

A tout le corps professoral de la faculté pour votre contribution scientifique
durant tout notre parcours académique ;

À tous les collègues et amis qui se reconnaîtront, nous disons merci pour la
convivialité qu'il y a eu durant le chemin que nous avons parcouru
conjointement. La lutte continue...

En fin à vous tous que je garde pour la fin, sans pour autant vous citer
nommément, en lisant ceci sentez-vous les plus honorés par ce bien mince

hommage.

AKSANTI SANA !

III

DÉDICACES

À toi mère, ABDALA K.Z. Clara, pour te remercier de ton dévouement parfait,
depuis toujours jusqu'à l'accomplissement de ce travail, nous te le dédions.
Car après tout, ce succès est plus tien que notre.

À vous aussi mes deux chers neveu et nièce : Edward Travis Nahum Mesidor et
Megan Judith Lynn Mesidor, ainsi qu'à vos futurs cousines et cousins, nous
dédions humblement ce modeste travail.

Lionel NKULU M.

IV

RESUMÉ

Le présent travail rapporte les résultats d'une étude menée sur la problématique de l'accès aux marchés des producteurs agricoles. Il s'intéresse particulièrement au maraîchage dans la ville de Lubumbashi en tant que source importante de fourniture en légumes pour les ménages urbains et source de revenu pour ses pratiquants. La finalité de cette étude vise à améliorer l'accès au marché des producteurs locaux, par l'identification des facteurs qui étouffent la commercialisation des légumes à Lubumbashi. Pour mener à bien nos recherches, un échantillon de 102 maraîchers a été constitué sur trois périmètres maraîchers dont celui de la Katuba, de Kilobelobe et de Tingitingi ; en raison respective de 42, 30 et 30 enquêtés par site. À l'aide d'un questionnaire, les entretiens avec les maraichers ont permis, après analyse, d'avoir les résultats suivants :

Concernant le profil des maraichers, l'âge moyen des enquêtés est de 49 ans, les femmes sont plus représentatives (91%) que les hommes (9%). La plupart d'enquêtés vivent en couple (56%) et 37% sont veuves et 7 % sont les célibataires. La taille moyenne de ménage est de 7 individus.

À propos du mode de vente, les vendeurs au comptant et à crédit bénéficient d'un revenu moyen de 197757 CDF et gagnent une meilleur part de marché avec une différence très significative, (p-value= 0.0264**) si on le comparait à ceux qui vendent seulement au comptant qui touchent 122788 CDF comme revenu moyen.

Le principale facteur qui influence le revenu est la taille de la superficie cultivée, avec un coefficient de détermination R2 = 0,60 soit 60%.

Cependant, le prix demeure un élément très peu maitrisé par les maraîchers, pourtant il est la clé même de la commercialisation. En effet, 81% des maraîchers ont déclaré obtenir des prix non rémunérateur et, à cela s'ajoute la concurrence (dans 20% de cas) entre maraîchers et les fermiers produisant le même produit et qui s'avèrent être mieux avertis sur la conduite d'une activité économique rentable. Le chou de chine est la culture qui domine les superficies emblavées. 4% des maraîchers ont expliqué ne pas rencontrer de problème particulier à la vente.

Au vu de cette problématique, il se révèle que la meilleure façon de stimuler la production c'est de favoriser la commercialisation par la résignation des contraintes. Cette étude fournit donc des éléments sous forme des recommandations pour une amélioration de possibilités de vente pour les produits horticoles à Lubumbashi.

Mots clés : Accès au Marché, légumes, maraichage.

V

ABSTRACT

The present work returns the results of a survey led on the problematic of access to the markets of the agricultural producers. We especially interested ourselves at the market gardening in the city of Lubumbashi as source important of supply in vegetables for the urban households and source of income for his/her/its churchgoers. The finality of this survey is to improve the access at the market of the local producers, by the identification of the factors that chokes the merchandising of the vegetables in Lubumbashi. To carry through our research, a sample of 102 market gardeners has been constituted on three market perimeters of which Katuba, Kilobelobe and Tingitingi; in respective reason of 42, 30 and 30 investigated by perimeter. With the help of a questionnaire, the interviews with the market gardeners permitted after analysis to have the results following.

Concerning the profile of the market gardeners, the middle age of them investigated is of 49.2 #177; 11.7 years; the women are more representative (91%) than the men (9%). Most investigated live in couple (56%) and 37% are widowed whereas the bachelors are minority with 7%; they also have a size of household average of 7#177;2 individuals.

About the manner of sale, the sellers to the cash and credit have a middle income of 197757 CDF and win a better part of market with a very meaningful difference, (p-been worth = 0.0264 **) if one compared it to those that only sell to the cash 122788 CDF.

The main factor that influences the income is the size of the cultivated surface, with a coefficient of determination R2 = 0.60 or 60%.

However, the price stays an element very little mastered by the market gardeners, yet it is the key even of the selling. Indeed, 81% of the market gardeners declared to get some prices non remunerative and, to it is added the competition (in 20% of case) between market gardeners and the farmers producing the same product and that prove to be to be warned better on the conduct of a profitable economic activity. The cabbages of dyes dominate the cultivated surfaces. 4% of the market gardeners explained not to meet a particular problem for selling. Within sight of this problematic, he/it is revealed that the best way to stimulate the production that is to encourage the merchandising by the resignation of the constraints. This survey provides some elements therefore as the recommendations for an improvement of sale possibilities for the horticultural products of and in Lubumbashi.

Keywords: Access Market, vegetables, market gardening.

VI

SOMMAIRE

EPIGRAPHE I

REMERCIEMENTS II

DÉDICACES III

RESUMÉ IV

ABSTRACT V

SOMMAIRE VI

LISTE DES FIGURES X

LISTE DES TABLEAUX XII

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES XIII

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

0.1 ÉTAT DE LA QUESTION ET PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE 1

0.2 HYPOTHÈSES DE L'ETUDE 3

0.3 BUT OU OBJECTIF GLOBAL 3

0.4 OBJECTIFS SPÉCIFIQUES 3

0.5 MÉTHODOLOGIE 4

0.6 INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 4

0.7 DÉLIMITATION DE L'ÉTUDE 4

0.8 CANEVAS 4

CHAPITRE PREMIER : REVUE DE LA LITTÉRATURE 6

1.1 GÉNÉRALITÉS 6

1.1.1 DÉFINITION DES CONCEPTS 6

1.2 L'ACCÈS AU MARCHÉ ET LES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE

EN AFRIQUE 6

1.2.1 L'ACCÈS AU MARCHÉ 6

1.2.2 L'ACCÈS PHYSIQUE AUX MARCHÉS 7

1.2.3 LES MARCHÉS D'INTRANTS 8

1.3 LES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN AFRIQUE 8

1.4 LES MARCHÉS DE PRODUITS AGRICOLES 9

1.4.1 Le fonctionnement et la spécificité des marchés agricoles 10

VII

1.4.2 Structure des marchés agricoles 10

1.4.3 L'importance des marchés pour les populations rurales pauvres 12

1.5 LE POUVOIR DE MARCHÉ DES PRODUCTEURS AGRICOLES 13

1.5.1 LA GESTION DE L'OFFRE 13

1.5.1.1 Avantage de la gestion de l'offre 13

1.5.2 LA MISE EN MARCHÉ COLLECTIVE 13

1.5.2.1 Types des mises en marché collectives 14

1.5.2.2 Avantages de la mise en marché collective 14

1.5.2.3 Contraintes de la mise en marché collective 15

1.5.3 LA PRODUCTION CONTRACTUELLE 15

1.5.3.1 Avantages de la contractualisation 16

1.5.3.2 Risques associés à la production contractuelle 16

1.5.4 LA SAISONNALITÉ DE LA PRODUCTION ET LA RIGIDITÉ DE LA

DEMANDE 16

1.5.4.1 L'irrégularité des productions agricoles 17

1.5.4.2 L'instabilité des prix agricoles 17

1.5.4.3 La segmentation des marchés 17

1.5.4.4 La gestion des marchés 18

1.5.4.5 Des asymétries d'information pénalisantes pour les agriculteurs 18

1.6 POLITIQUE AGRICOLE ET ACCÈS AU MARCHÉ EN RDC 19

1.6.1 Objectifs de la politique agricole 19

1.6.2 POTENTIELS AGRICOLES DE LA RDC 19

1.6.3 AMELIORATION DE L'ACCÈS AUX MARCHÉS ET AUX SERVICES

CONNEXES 20

1.6.3.1 Stratégie pour parvenir à l'amélioration de l'accès au marché en RDC 20

1.7 MARAÎCHAGE DANS LA VILLE DE LUBUMBASHI 21

1.7.1 Périodicité de la production maraîchère 21

1.7.2 Le maraîchage dans la lutte contre l'insécurité alimentaire 22

1.7.3 Fonction environnementale et paysagère du maraîchage 23

CHAPITRE DEUXIEME : MILIEU ET MÉTHODOLOGIE 24

2.1 MILIEU D'ETUDE 24

2.1.1 Choix des Sites 24

2.1.2 Présentation de la ville de Lubumbashi 24

VIII

2.2 APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 26

2.2.1 Recherche documentaire 26

2.2.2 Collecte d'informations 27

2.2.3 Traitement et analyse d'information 27

LIMITES DE L'ÉTUDE 28

CHAPITRE TROISIÈME : PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS 30

3.1 PRÉSENTATION DES RÉSUTATS 30

3.1.1 CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES DES MARAICHERS 30

3.1.1.1 Le sexe et L'âge 30

3.1.1.2 État civil et Taille de ménage 31

3.1.1.3 Ancienneté et niveau d'étude 32

3.1.1.4 Activités principales et secondaires des maraîchers 32

3.1.2 ACCÈS AUX FACTEURS DE PRODUCTION 33

3.1.2.1 Accès à la terre : 33

3.1.2.2 Accès aux intrants : 34

3.1.2.3 Outils agricoles 35

3.1.3 MODE D'ACCÈS AUX MARCHÉS PAR LES MARAÎCHERS 35

3.1.3.1 Information sur le marché 35

3.1.3.2 Lieu de vente et types de clients 35

3.1.3.3 Période favorable pour la vente 36

3.1.3.4 Revenu en fonction des modalités et des stratégies de vente 37

3.1.4 ESTIMATION DES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES DES EXPLOITATIONS

MARAICHÈRES 38

3.1.4.1 Revenu des maraîchers en fonction du coût d'investissement 38

3.1.1.1 Coût de production et revenu par site maraîcher 39

3.1.1.2 Rentabilité financière des légumes par site enquêté 40

3.1.5 CONTRAINTES À LA COMMERCIALISATION DE PRODUITS

MARAÎCHERS À LUBUMBASHI 40

3.2 DISCUSSION DES RÉSULTATS 41

3.2.1 Profil des maraîchers et mode de commercialisation 41

3.2.1.1 Caractéristiques sociodémographiques 41

3.2.1.2 Mode d'accès au marché 42

3.2.2 Résultats économiques des maraîchers 43

IX

3.2.3 Contraintes à la commercialisation 44

CONCLUSION GÉNÉRALE 46

RECOMMANDATIONS 47

BIBLIOGRAPHIE 48

X

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Superficies agricoles de la RDC 19

Figure 2 : Place du maraîchage dans le maintien des tissus socio-économiques à Lubumbashi

23

Figure 3 : Subdivision administrative de la ville de Lubumbashi . 26

Figure 4 : Sexe des maraichers .. 31

Figure 5 : Âge des maraîchers 31

Figure 6 : État civil des maraîchers 31

Figure 7 : Taille des ménages des maraîchers 31

Figure 8 : Ancienneté des maraîchers 32

Figure 9 : Niveau d'étude des maraîchers . 32

Figure 10 : Activité principales des enquêtés 33

Figure 11: Activités secondaires des maraîchers 33

Figure 12 : Mode de tenure des terres ... 34

Figure 13 : Superficies emblavées . 34

Figure 14 : Lieu de vente des légumes .. 36

Figure 15 : Types des clients . 36

Figure 16 : Période de commercialisation de légumes .. 37

Figure 17: Revenu en fonction des modalités vente ..... 38

Figure 18: Revenu en fonction des stratégies vente ..... 38

Figure 19 : Revenu en fonction de dépenses .... 39

Figure 20 : Revenu en fonction des superficies .... 39

XI

Figure 21 : Moyennes des Revenus obtenus et coûts investis par site maraîcher 39

Figure 22 : Rentabilité financière des légumes . 40

Figure 23 : Contraintes à la commercialisation des produits maraîchers à Lubumbashi...... 41

XII

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Calendrier Agricole des principales cultures maraichères plantées à

Lubumbashi ..22

Tableau 2 : Intrants agricoles des maraîchers : quantité en Kg et coût en CDF 34

Tableau 3 : Outils agricoles des maraîchers de Lubumbashi : Coût d'obtention en CDF......35

XIII

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

CDF : Franc Congolais

DSCRP : Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté

FAO : Food and Agriculture Organisation

FIDA : Fonds International de Développement Agricole

IFDC : Unité de Formation et de Coordination des Ateliers

IFPRI : Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires

INERA : Institut National pour l'Étude et la Recherche Agronomiques

INS : Institut National de la Statistique

MINAGRIPEL : Ministère National de l'Agriculture, Pêche et Élevage

NEPAD : Nouveau Partenariat Pour le Développement de l'Afrique

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PMA : Pays Moins Avancés

PNIA : Programme National d'Investissement Agricole

RDC : République Démocratique du Congo

UNILU : Université de Lubumbashi

1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

0.1 ÉTAT DE LA QUESTION ET PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE

L'augmentation de la demande alimentaire a donné une impulsion nouvelle à la commercialisation de la production agricole. Cependant, l'acheminement des produits agricoles des zones de production vers les marchés urbains et leur distribution entre les marchés primaires et les marchés de gros posent problème.

L'enclavement des zones de production prive les populations de l'accès aux échanges et les distances séparant les zones rurales de centres urbains de consommation deviennent le cadre d'activités d'une multitude d'intermédiaires dont la structure, le comportement et les performances en termes de gestion de l'information et de pouvoir de marchés, accès aux services des marchés, coûts de transactions et marges réduisent la profitabilité des producteurs (Mastaki, 2006).

En Afrique, d'après la FAO, plus de 70 pour cent des pauvres vivent en milieu rural et sont tributaires de l'agriculture pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance. Or, le plus souvent, les agriculteurs n'ont pas accès aux avoirs dont ils ont besoin pour tirer le meilleur parti possible de l'agriculture, par exemple à des semences améliorées, à des engrais ou à un approvisionnement suffisant en eau. Ils manquent aussi d'informations sur les marchés et sur les technologies qui leur permettraient de tirer un revenu accru de l'agriculture, de la pêche et de l'élevage.

Bien que disposant de potentialités agricoles innombrables, la RD Congo connait depuis des décennies des problèmes d'insuffisances alimentaires : la malnutrition et l'insécurité alimentaire (73% des congolais n'atteignent pas le niveau minimal d'apport calorifique de 2500 calories; plus de 50% de la population ne dispose pas de réserves alimentaires) ; le niveau de pauvreté très élevé de la population surtout rurale (incidence de la pauvreté 71,3% moyen), tel que le fait savoir le (PNIA 2012) qui souligne aussi l'absence quasi-totale d'infrastructures rurales et des capacités commerciales d'accès au marché ; le manque d'approvisionnement en produits alimentaires, etc.

La population provenant des campagnes (exode rurale), majoritairement constituée des agriculteurs, éleveurs et pécheurs (MINPLAN, 2006) est moins qualifiée pour saisir des opportunités d'emploi en ville, pourtant elle doit faire face à plusieurs problèmes relatifs à l'alimentation, au logement, à la scolarisation, à la santé et autres. Cela est aussi le cas pour la ville de Lubumbashi.

2

Dans ces conditions, bon nombre de la population de Lubumbashi pratique les activités maraîchères pour générer des revenus, se créer de l'emploi et produire des biens alimentaires directement consommables.

D'une part, bien que le secteur maraîcher semble être une opportunité intéressante pour plusieurs citadins comme l'a pu souligner (Mushagalusha et. al., 2015) dans le contexte de la RD Congo, où la pauvreté et la faiblesse de création d'emploi en milieu rural et urbain restent alarmantes, cela ne se réalise pas sans obstacles : l'accès difficile aux facteurs de production (terre, intrants agricoles), la maitrise et la qualité de l'eau qui ne sont pas assurées, un manque de connaissance de techniques culturales empêche la culture de produits sains de haute qualité (Kasanda et. al., 2016) ; tout cela constitue des contraintes qui se placent en amont de la commercialisation rendant sa réalisation de plus en plus laborieuse.

Par ailleurs, contrairement aux produits vivriers tels que le manioc ou le maïs, la plupart des produits maraîchers, de par leur fragilité et leur caractère périssable, ne peuvent être portés sur de longues distances. Ces biens alimentaires nécessitent donc être produits et consommés localement, de sorte à assurer leur qualité (Keutgen, 2013).

Vendre ses produits agricoles à un bon prix. Voilà ce que souhaite tout agriculteur après avoir obtenue sa récolte. Cependant, pour satisfaire ses besoins immédiats, le petit cultivateur est souvent obligé de recourir à la vente de sa récolte quel qu'en soit le prix. Dans cette transaction, il en sort rarement gagnant car il doit faire face à une multitude de défis comme : l'instabilité des prix, les irrégularités saisonnières, les cultures soumises aux aléas climatiques, la concurrence des produits importés, le pouvoir d'achat limité des consommateurs, le fonctionnement non optimal des marchés tel que le non ajustement de l'offre et de la demande, le mauvais réseau routier, les difficultés liées aux infrastructure de stockages, le manque des règles et de transparence, le faible ou manque d'accès au crédit, etc. Alors qu'ils sont dispersés et avec un accès limité à l'information sur les marchés, les producteurs se retrouvent souvent en situation non compétitive face à des commerçants aguerris, en nombre limité et en position dominante. (Lothoré & Delmas, 2009).

Malgré le fait qu'ils bénéficient de la proximité des marchés urbains et périurbains (Tshomba et. al. 2015), les maraichers de Lubumbashi ne sont pas exemptés de la plus part de problèmes susmentionnés, et cela se vérifie dans la difficulté d'obtenir un prix de leur produits qui leur permettrait de satisfaire correctement leur besoins quotidiens.

En bref, de nombreuses contraintes institutionnelles, macro-économiques, politiques, techniques et organisationnelles minent le développement du secteur agricole alors que

3

l'alimentation et la santé sont aujourd'hui un défi majeur pour une population en pleine croissance démographique.

Tout ce qui précède nous renseigne d'une certaine manière sur les difficultés que connaissent les producteurs agricoles en générale, et singulièrement les maraîchers pour accéder aux marchés et pour écouler leur production. Cela engendre en nous une motivation suffisante pour pouvoir nous intéresser à cette problématique et envisager une étude poussée en nous intéressant directement aux maraichers de la ville de Lubumbashi.

Pour cela, nous nous sommes posé une principale question de recherche : Celle de savoir comment est organisé le marché agricole pour les produits maraichers à Lubumbashi et quel est son effet sur le revenu final des différents acteurs ?

0.2 HYPOTHÈSES DE L'ETUDE

Pour cette recherche nous avons émis deux suppositions majeures que voici :

- La commercialisation des produits maraichers à Lubumbashi serait désavantagée par

l'intervention des nombreux intermédiaires qui associé à l'accès difficile aux facteurs de production rendrait insignifiant le bénéfice que tirent les maraichers de leur production en défavorisant ainsi l'accroissement de leur revenu ;

- La faible compétitivité due à la qualité médiocre de la production et le faible prix de
vente seraient les principales contraintes qui limiteraient l'accès des maraîchers au marché.

0.3 BUT OU OBJECTIF GLOBAL

Le but de notre étude est de permettre une meilleure commercialisation des produits maraichers par l'amélioration de l'accès au marché des petits producteurs dans la ville de Lubumbashi afin de réduire le taux de pauvreté en élevant leur niveau de vie (meilleur accès au soin, à l'éducation, etc.) par l'augmentation du revenu.

0.4 OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

Les objectifs poursuivis dans ce travail sont ceux :

- De décrire les producteurs maraîchers de la ville de Lubumbashi ;

- D'analyser le mode d'accès aux marchés de maraichers ;

- D'estimer le résultat économique réalisé par les producteurs maraîchers ;

- D'identifier les contraintes à la commercialisation de ces produits.

4

0.5 MÉTHODOLOGIE

Sur base de l'objet de notre étude, nous l'avons réalisé en utilisant des méthodes et techniques qui suivent.

En ce qui concerne les méthodes, nous avons opté pour les groupes des méthodes qui sont

- les méthodes d'échantillonnage ;

- les méthodes d'analyse des données.

Pour récolter les données de cette étude, nous nous sommes appuyés sur les techniques que voici ;

- Techniques documentaires;

- Observation ;

- Techniques quantitatives et qualitatives (Questionnaire, Interview).

0.6 INTÉRÊT DE L'ÉTUDE

Cette étude trouve son intérêt dans ce sens qu'il s'efforce à résoudre l'une de principales contraintes pour le producteur agricole à savoir la possibilité de pouvoir vendre sa production à un marché et à un prix qui lui permettent d'obtenir un revenu décent capable de relever son niveau de vie.

0.7 DÉLIMITATION DE L'ÉTUDE

La présente étude s'est réalisée dans les limites de la ville de Lubumbashi et elle s'est concentrée précisément sur quelques axes de production maraichère. Il s'agit des sites maraîchers de la Katuba, celui de Kilobelobe ainsi que celui de Tingitingi. Axes sur lesquels nous avons identifié des maraichers auprès desquels nous avons mené nos recherches. Ces dernières se sont déroulées de Mai à Juillet 2016.

0.8 CANEVAS

En plus de l'introduction générale et de la conclusion générale, notre travail est organisé en trois principaux chapitres qui sont :

- le chapitre premier, traitant de la revue de la littérature ;

- le chapitre deuxième portant sur le Milieu d'études et méthodologie, ainsi que

- le chapitre troisième qui est la Présentation et discussion des résultats.

Le premier chapitre de ce travail fait état de la revue de littérature en replongeant dans la documentation qui retrace les grandes lignes et les éléments explicatifs pour mieux comprendre le déroulement de ce travail.

5

Quant au deuxième chapitre, il vient fournir les informations sur le milieu d'étude et sur la méthodologie appliquée dans ce travail. Le troisième chapitre enfin, fait un aperçu sur les résultats obtenus lors de notre étude ainsi que la discussion engagée sur ceux-ci. Passons à présent au chapitre premier pour découvrir la littérature.

6

CHAPITRE PREMIER : REVUE DE LA LITTÉRATURE

Ce chapitre se réfère à la littérature existante pour fournir un contenu qui favorise le bon entendement de ce travail. Il parcourt les grandes lignes et synthétise de manière à enrichir le contexte du déroulement de la présente étude.

1.1 GÉNÉRALITÉS

1.1.1 DÉFINITION DES CONCEPTS

a) LA PROBLÉMATIQUE :

- Ensemble des questions posées dans une science ;

- Ensemble des problèmes qui se posent sur un sujet (Dictionnaire Le Robert).

b) L'ACCÈS :

- Possibilité d'aller dans un lieu (Dictionnaire Le Robert).

c) LE MARCHÉ :

- Lieu public où l'on vend toutes sortes des denrées et d'objets ;

- Réunion périodique de marchands, notamment de denrées alimentaires (Dictionnaire Le Robert).

d) le marché peut se comprendre comme une rencontre entre l'offre et la demande qui
s'harmonise par le prix (Nkulu, 2010).

e) LE MARÎCHAGE

Le maraîchage peut être défini comme « la culture intensive de légumes et de certains fruits, pratiquée dans un espace agraire délimité et dont la production est vendue en plus ou moins grande quantité (Keutgen, 2013).

1.2 L'ACCÈS AU MARCHÉ ET LES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN AFRIQUE

1.2.1 L'ACCÈS AU MARCHÉ

La question de l'accès aux marchés revêt un caractère crucial pour l'Afrique. Depuis l'avènement de l'OMC et le rôle de plus en plus dynamique qu'ils y jouent, les pays africains n'ont cessé de mettre l'accent sur cette question. Pour les pays africains, la question de l'accès aux marchés est particulièrement cruciale pour le développement. Cette situation trouve son explication dans l'étroitesse des marchés africains et la nécessité pour le continent de se

7

tourner vers les marchés d'exportation afin d'appuyer les dynamiques de croissance et les efforts en matière de diversification des structures productives (Ben Hammouda et. al, 2005).

L'agriculture occupe une place importante dans les pays en développement pour plusieurs raisons et en particulier en Afrique.

D'abord, elle représente la principale source d'emploi avec près de 70% du total dans les PMA, 30% dans les pays intermédiaires et seulement 3% dans les pays développés. Parallèlement à l'emploi, l'agriculture continue à jouer un rôle majeur dans les dynamiques de croissance économique dans la plupart de ces pays. De ce fait, elle participe à l'alimentation des populations et à la sécurité alimentaire par le biais des cultures vivrières.

En même temps, les cultures d'exportation contribuent de manière forte aux recettes d'exportation d'un grand nombre de pays africains. Enfin dans le contexte des stratégies de lutte contre la pauvreté, l'agriculture occupe un rôle crucial dans la mesure où la majorité des pauvres vivent dans le milieu rural.

L'ensemble de ces raisons explique l'importance accordée par les pays africains au dossier agricole dans le cadre des négociations commerciales internationales. L'amélioration des conditions actuelles des marchés internationaux des produits agricoles et une plus grande prise en compte de leurs préoccupations pourraient contribuer à une meilleure insertion de leurs économies dans la globalisation et à une accélération de la croissance économique (Ben Hammouda et. al. 2005).

1.2.2 L'ACCÈS PHYSIQUE AUX MARCHÉS

L'éloignement des marchés et l'absence de routes (praticables toute l'année) pose un problème essentiel aux communautés rurales dans tous les pays en développement. Il empêche les producteurs d'acheter des intrants et de vendre leurs récoltes, il entraîne des coûts de transport (auxquels s'ajoutent des difficultés de stockage particulièrement élevés pour les vendeurs des légumes et d'autres denrées périssables sur les marchés locaux) et des coûts de transaction élevés, tant pour les acheteurs que pour les vendeurs, et il se traduit par la formation de marchés non compétitifs et monopsonistiques.

Les difficultés d'accès aux marchés limitent aussi les possibilités de gain. Comme peut d'ailleurs le confirmer le PAM (2011) en ces termes parlant de la RDC : « Les coûts élevés de production et de transport, ajoutés aux taxes illégales diverses qui pèsent sur les opérateurs économiques, réduisent la compétitivité du maïs local par rapport au maïs importé, notamment de la Zambie voisine. »

8

L'éloignement accroît l'incertitude et resserre l'éventail des options: il réduit les possibilités de commercialisation et oblige à vendre la production à bas prix, alors qu'il augmente le coût des intrants. Il exacerbe en outre le problème des pertes après récolte, qui peuvent représenter jusqu'à 50% de la production dans certaines régions.

Tout cela ne fait que réduire les incitations à participer à l'économie monétaire, et les paysans ont donc tendance à se replier sur l'agriculture de subsistance au lieu de se tourner vers des activités plus commerciales. À l'inverse, l'amélioration des infrastructures conduit à une plus grande intégration des marchés et à une orientation plus commerciale de la production. L'accès aux marchés revêt donc une importance capitale pour les systèmes de production paysans (FIDA, 2003).

1.2.3 LES MARCHÉS D'INTRANTS

L'importation des intrants agricoles est souvent le fait d'un nombre limité d'acteurs sur un marché national, tandis que la distribution des intrants est ouverte à tous, y compris à certains acteurs n'ayant aucune connaissance technique particulière. Comment les agriculteurs peuvent-ils identifier un distributeur fiable et développer avec lui une relation mutuellement bénéfique? Comment peuvent-ils négocier de bons prix pour leurs intrants? Comment peuvent-ils en assurer la livraison en temps opportun? Comment apprennent-ils à utiliser le bon intrant et de la bonne manière? (IFDC, 2016).

1.3 LES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN AFRIQUE

L'agriculture est le moteur de l'économie et contribue aux modes de subsistance de la majorité de la population, entre 40 et 90% selon (FAO; FIDA; PAM, 2004). En outre, la majeure partie de la population vit dans les zones rurales où l'on enregistre un nombre croissant de personnes sous-alimentées. Dans ce contexte, les résultats des négociations sur l'agriculture sont d'une importance cruciale pour ces pays car l'amélioration de ce secteur est l'une des voies principales pouvant mener à la réduction de la pauvreté.

Les pays africains nouvellement indépendants vont accorder une place de choix à l'agriculture dans leurs stratégies de développement. En effet, la plupart de ces pays vont chercher dès la fin des années 60 et dans les années 70 à mettre en place de nouvelles politiques agricoles et à amorcer leur révolution verte.

Il faut rappeler que l'agriculture dans ces pays s'était orientée du fait des politiques coloniales vers les cultures d'exportation aux dépends des cultures vivrières.

9

La modernisation de l'agriculture en Afrique s'est alors donnée comme objectif d'accroître la productivité agricole et de favoriser le développement des agricultures vivrières afin d'assurer la sécurité alimentaire de ces pays.

La stratégie de modernisation agricole exigeait d'importants investissements publics notamment dans le domaine institutionnel avec la création d'un grand nombre d'entreprises spécialisées dans le développement rural, la construction d'infrastructures rurales, l'appui à la recherche agronomique et à la vulgarisation des nouvelles technologies agricoles, la mise à la disposition des paysans des sources de financement à des coûts réduits et des semences et engrais. La modernisation de l'agriculture était considérée nécessaire et incontournable au décollage de l'Afrique. L'accroissement de la productivité agricole devait favoriser une augmentation des revenus des paysans et par conséquent l'extension des marchés relativement exigus de ces pays. Par ailleurs, le développement agricole devait fournir un débouché pour les industries chimiques et les industries de biens intermédiaires et de biens d'équipement. Enfin, l'accroissement de la production agricole devait fournir les inputs nécessaires aux industries alimentaires et à toutes les activités de première transformation des produits agricoles.

Pour l'ensemble de ces raisons, la modernisation agricole était perçue comme un impératif de première nécessité dans les stratégies de développement du fait de ses effets sur le reste de l'économie. Les pouvoirs publics avaient pris en charge l'essentiel des financements nécessaires à cette modernisation. La valorisation des cours de matières premières exportés par ces pays dans les années 70 leur donnaient les moyens de mener à bien cette politique.

1.4 LES MARCHÉS DE PRODUITS AGRICOLES

Il existe des marchés à l'échelle locale, nationale et internationale.

Souvent, un producteur a seulement accès aux marchés locaux, alors que d'autres marchés pourraient offrir de meilleurs prix. Comment les producteurs peuvent-ils identifier ces marchés, y accéder et y vendre leurs produits à des prix négociés selon l'offre et la demande? Comment peuvent-ils faire un usage optimal des partenariats construits avec d'autres acteurs dans une même chaîne de valeurs? (Programme de Formation Internationale , op.cit.).

10

1.4.1 Le fonctionnement et la spécificité des marchés agricoles

Sur les marchés agricoles, les producteurs pauvres sont fortement désavantagés. Beaucoup ne savent pas très bien ce qu'est exactement un marché, comment il fonctionne et pourquoi les prix peuvent fluctuer; ils n'ont pratiquement aucune information sur les conditions du marché, les prix et la qualité des produits; ils ne peuvent compter sur aucune organisation collective capable de leur donner le pouvoir de traiter sur un pied d'égalité avec des intermédiaires généralement plus importants et plus puissants qu'eux; ils n'ont aucune expérience de la négociation commerciale et mesurent mal la capacité qu'ils ont d'influer sur les conditions qui leur sont proposées. Sans expérience, sans information et sans organisations sur lesquelles s'appuyer, ils n'ont rien qui puisse les aider à mettre en place un système de production axé sur le marché ou à négocier des prix et des modalités de transaction. Au bout du compte, leur ignorance les condamne donc à devenir des instruments passifs sur le marché, à être exploités par ceux avec qui ils entretiennent des relations commerciales, et à ne jamais prendre conscience de la véritable valeur de ce qu'ils ont à proposer.

Lorsqu'ils disposent d'informations sur les marchés et sur les prix, les paysans peuvent prendre des décisions concernant la commercialisation des produits qui sortent de leur exploitation, dès lors qu'on leur a appris à interpréter et à exploiter ces données, ainsi qu'à s'organiser collectivement, et ils sont également mieux à même de comprendre les mécanismes du marché et de mettre au point des stratégies en vue de faire augmenter et de stabiliser les prix qu'ils obtiennent pour leurs produits (FIDA, 2003).

1.4.2 Structure des marchés agricoles

Les marchés ruraux se caractérisent par des relations extrêmement asymétriques entre, d'une part, un très grand nombre de petits producteurs/consommateurs et, de l'autre, un très petit nombre d'intermédiaires. Ces relations commerciales sont donc typiquement marquées par l'absence de concurrence et l'imprévisibilité, et par une profonde inégalité. Les paysans qui n'ont pas facilement accès aux marchés finissent souvent par dépendre des commerçants qui passent dans les villages pour acheter les produits agricoles et vendre des intrants et des biens de consommation. Cependant, surtout dans les régions isolées où le passage de ces commerçants est plus aléatoire, il arrive que les producteurs n'aient guère d'autre choix que d'accepter la première offre du premier acheteur venu, aussi peu favorable soit-elle, situation

11

encore plus grave lorsque l'acheteur en question est aussi la seule source d'information sur les prix et autres aspects importants des conditions du marché.

Il arrive que des agriculteurs nouent des relations solides avec des circuits commerciaux importants.

Toutefois, étant donné le monopole exercé par les grandes entreprises agro-industrielles sur la transformation, le crédit, la commercialisation et les services techniques, ces relations s'avèrent profondément inéquitables. Dans certains cas, les petits producteurs se sont en fait retrouvés en position de salariés et non de partenaires, de sorte que, finalement, ils n'ont empoché que de maigres gains, tandis que les grands opérateurs du secteur privé s'adjugeaient l'essentiel de la valeur ajoutée. Ainsi s'est mis en place un scénario dans lequel il y a croissance de la production paysanne, mais pas de développement (FIDA, 2003).

L'accès aux marchés est donc une condition nécessaire, pour le développement agricole et rural en Afrique. D'autres contraintes pèsent en effet lourdement sur le développement rural africain, telles que les infrastructures rurales, les mécanismes de financement agricoles, etc. De plus, à la différence du commerce des biens non agricoles, la variabilité des cours mondiaux est beaucoup trop sensible à des facteurs extérieurs tels que le niveau des récoltes dans les principaux pays producteurs, et l'évolution de la structure de la demande.

Néanmoins, l'accès aux marchés pour un nombre importants de produits agricoles constitue aussi une forte contrainte limitant le développement rural africain. En effet, tant les conditions d'accès au marché (mesures aux frontières) que les mesures de soutien intérieur ou de subventions à l'exportation ont un impact négatif sur la capacité des pays africains à développer leur secteur agricole. Pour le continent africain, le potentiel de développement d'une production compétitive est annihilé par ces mesures, en particulier pour les produits agricoles « tempérés » tels que le maïs, le blé, les viandes, le sucre, le riz et certains légumes et fruits. La plupart des pays africains dispose du potentiel agricole pour produire au moins certains de ces produits (Ben Hammouda et.al, 2005).

D'après la FAO (2004), les trois produits agricoles les plus importés par l'ensemble des pays africains sont, dans l'ordre, le blé, le maïs et le riz, trois céréales de consommation de base, essentielles à la sécurité alimentaire.

12

De même, le continent africain est massivement importateur de sucre, huiles, volailles et produits laitiers, autant de produits essentiels à la sécurité alimentaire du continent, et pour lesquels, l'Afrique dispose pourtant d'un potentiel de production considérable.

1.4.3 L'importance des marchés pour les populations rurales pauvres

Les ménages ruraux ont recours à divers moyens et à diverses activités pour assurer leur subsistance. Pour la plupart, l'agriculture est la principale des ressources, mais beaucoup se livrent aussi à des activités non agricoles qui prennent notamment la forme de micro entreprises spécialisées dans la transformation, le commerce ou d'autres domaines.

C'est ainsi qu'ils s'efforcent à la fois de subvenir à leurs besoins alimentaires et de se procurer le revenu nécessaire pour leurs besoins de consommation courants, leurs dépenses à caractère social et leurs investissements.

L'accès aux marchés agricoles est donc un aspect important des stratégies de subsistance de nombreux ménages ruraux, qu'ils soient riches ou pauvres. C'est sur le marché que les producteurs se procurent les intrants dont ils ont besoin et écoulent leur production, et c'est là aussi, cette fois en tant que consommateurs, qu'ils dépensent le revenu tiré de leurs activités agricoles ou extra-agricoles pour acheter de la nourriture et des biens de consommation. La quasi-totalité des ménages qui vivent en zones rurales sont à la fois des producteurs et des consommateurs, autrement dit des vendeurs et des acheteurs, même s'il existe dans bien des cas un décalage entre le moment de l'année où ils vendent leur production et celui où ils achètent leur nourriture. Par conséquent, tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ne sont pas en mesure d'acheter et de vendre sur les marchés se trouvent aussi dans l'incapacité de diversifier leur stratégie de subsistance, et le fait est que, dans de nombreuses régions du monde, les ruraux pauvres expliquent souvent que s'ils ne parviennent pas à améliorer leurs conditions de vie, c'est notamment parce qu'ils ont beaucoup de mal à accéder aux marchés.

S'il est vrai que les marchés d'une manière générale, mais surtout des marchés plus accessibles, revêtent aujourd'hui un intérêt capital pour les ménages ruraux pauvres, ils font aussi partie à l'évidence des conditions indispensables pour stimuler la croissance économique liée au secteur agricole et accroître les revenus des populations rurales à moyen terme (FIDA, 2003).

13

1.5 LE POUVOIR DE MARCHÉ DES PRODUCTEURS AGRICOLES

Il s'agit dans cette partie de quelques essentielles stratégies qui permettent d'améliorer le pouvoir de marché des producteurs agricoles.

Définition : Le pouvoir du marché peut être défini au sens strict comme la capacité d'une entreprise ou de tout producteur à fixer le prix de vente de ses produits.

Pour les producteurs agricoles, c'est la capacité de fixer le prix de vente au-dessus de leurs coûts de production, de manière à en tirer un profit (Danau et.al, 2011).

1.5.1 LA GESTION DE L'OFFRE

Définition : Dans le domaine agricole, la gestion de l'offre consiste à ajuster volontairement la production intérieure annuelle à la demande, produit par produit, de manière à obtenir un prix du marché adéquat. En général, un prix adéquat est défini comme un prix rémunérateur pour les producteurs, mais raisonnable pour les consommateurs.

1.5.1.1 Avantage de la gestion de l'offre

La gestion de l'offre a pour avantage évident l'ajustement des prix du marché interne à un niveau souhaité et la stabilisation de ces prix. Ceci permet aux producteurs de veiller à ce que les prix soient suffisants pour couvrir leurs coûts de production et qu'il leur donne l'assurance d'une certaine stabilité. Cette possibilité d'ajuster les quantités disponibles fait de la gestion de l'offre un véritable outil de la sécurité alimentaire (Danau et.al, 2011).

1.5.2 LA MISE EN MARCHÉ COLLECTIVE

Définition : La mise en marché collective est une organisation collective de la commercialisation d'un ou plusieurs produits regroupés. L'objectif est d'augmenter le pouvoir de marché des producteurs dans les négociations des conditions de vente des produits agricoles et qui, individuellement, est faible et totalement disproportionné au regard de celui des négociants. (Danau et. al. op cit.)

14

1.5.2.1 Types des mises en marché collectives

Il est distingué deux catégories de mise en marché collective à savoir

- Celle organisée par le producteur ; qui concerne le plus souvent uniquement une partie

des producteurs volontaires pour développer cette stratégie, tandis que

- Celle organisée par l'État, concerne l'ensemble des producteurs, généralement sans
possibilité de rester en dehors du système.

Cette dernière même si elle implique l'ensemble des producteurs, elle ne garantit pas forcément une augmentation du pouvoir de marché des producteurs, puisque ceci dépend en réalité des intérêts vers lesquels est orientée l'intervention de l'État.

À ce titre, un système de mise en marché collective organisé par les producteurs, mais institutionnalisé par l'État, est un meilleur garant d'une augmentation du pouvoir de marché des producteurs (Danau et. al, 2011).

1.5.2.2 Avantages de la mise en marché collective

Toujours selon (Danau et. al. op cit.), d'une façon générale, la mise en marché collective permet de renforcer la position des agriculteurs sur le marché, face à une demande de plus en plus concentrée.

Ce pourquoi l'auteur fait ressortir certains avantages particuliers qui sont ceux :

- De permettre l'obtention d'un meilleur prix de vente grâce à la négociation

collective des conditions de vente qui réduit le déséquilibre entre le poids du vendeur et celui de l'acheteur dans la négociation commerciale ;

- D'augmenter la marge perçue par les producteurs en réduisant le nombre
d'intermédiaires (diminution des coûts de transaction) et/ou en améliorant la qualité et la plus-value des produits grâce à divers actions collectives facilitées par le regroupement de l'offre (harmonisation de la qualité par le tri, possibilités accrues de nettoyage, séchage, conditionnement, etc.) ;

- D'améliorer l'accès des producteurs au marché grâce à l'augmentation des
quantités vendues (accès possible des marchés « de gros » auparavant inaccessibles par exemple) et/ou à l'augmentation de la qualité de la plus-value des produits.

15

1.5.2.3 Contraintes de la mise en marché collective

En dehors des limitations liées aux règles de concurrence (le principe de ces règles étant de protéger la libre concurrence entre entreprises ou entre producteurs pour le bien du consommateur ; législation anti-trust. Toute forme de d'entente sur les prix entre firmes concurrentes est strictement interdite.), la mise en marché collective par les producteurs connait certaines contraintes, d'ordre général, liées au marché. Il s'agit notamment :

- Des importations à bas prix des produits qui concurrencent les produits locaux et

menacent les tentatives de mise en marché collective mise en oeuvre par les producteurs ;

- D'une offre surabondante par rapport à la demande met les producteurs dans une
situation de faiblesse face aux acheteurs, que même la mise en marché collective ne permettra pas d'éviter. Une telle situation est renforcée en cas de marché trop étroit, lorsque les acheteurs sont peu nombreux ;

- D'un accès insuffisant aux informations relatives au marché (prix, offre, demande
des acheteurs, demande des consommateurs, etc.) et le manque de capacités d'analyse de ces données sont des entraves au renforcement du pouvoir de négociation des producteurs même en cas de mise en marché collective.

Ces contraintes mettent en évidence la nécessité d'une gestion de l'offre et d'une protection aux frontières pour une bonne efficacité de la mise en marché collective (Danau et. al. 2015).

1.5.3 LA PRODUCTION CONTRACTUELLE

Définition et objectifs: la production contractuelle ou la contractualisation désigne une catégorie particulière de contrats passés entre un producteur agricole et une firme transformant et/ou commercialisant les produits agricoles.

L'objectif majeur des contrats est de couvrir le risque inhérent à l'activité des deux parties, principalement en permettant à l'acheteur de s'assurer une offre rencontrant sa demande, et en donnant au producteur la certitude d'un débouché pour sa production sous contrat.

Les contrats concernent la production et la fourniture des produits agricoles fixant ainsi des obligations dans le chef des deux parties contractantes.

Ces engagements et obligations sont définis par des clauses :

16

- Relatives au marché ; des termes sont définis concernant la production (type,

quantité ...). L'acheteur s'engage à acheter, à une date déterminée et parfois à un prix prédéterminé, une certaine quantité de la production d'un agriculteur ;

- Relatives à l'itinéraire technique ; des modalités concernant les pratiques culturales
peuvent être définies par la firme qui passe commande. L'agriculteur lui, s'engage à respecter les standards de qualité convenus (Eaton & Shepher, 2002).

1.5.3.1 Avantages de la contractualisation

La contractualisation, de manière générale, permet de réduire les risques liés à la commercialisation en assurant des débouchés pour la production des agriculteurs.

1.5.3.2 Risques associés à la production contractuelle

Les contrats constituent en eux-mêmes une source de risque pour les agriculteurs principalement en raison du faible pouvoir de négociation qu'ils ont face aux firmes.

Celle-ci sont en effet en position de force et parfois sans concurrence (donc en situation de monopsone) pour la définition des termes de contrat (Eaton & Shepher, op cit.).

1.5.4 LA SAISONNALITÉ DE LA PRODUCTION ET LA RIGIDITÉ DE LA DEMANDE

Les biens agricoles ne sont pas produits en permanence. De plus, la demande en produits agricoles est assez constante dans le temps, elle est rigide par rapport aux prix. Ainsi, l'arbitrage entre l'importation d'un produit ou l'achat au niveau local n'obéit pas toujours à des considérations de prix, mais souvent de disponibilité.

En période de pénurie, on peut donc avoir des augmentations d'importations sans que cela soit justifié par les prix mais uniquement pour faire face à une demande qu'il faut satisfaire. Les périodes de sécheresse au Sahel par exemple, induisent ainsi des hausses d'importations des céréales qui se font même si les prix des biens importés sont élevés.

D'autres parts, les déterminants des achats de céréales peuvent être de nature institutionnelle par exemple pour compenser les ventes de stocks de sécurité alimentaire nationaux ou par des opérateurs privés, des importateurs anticipent sur la pénurie pour acheter des céréales sur le marché international et mettre à disposition des marchandises, sans réaliser de marges unitaires plus importantes mais en pariant sur l'augmentation des volumes de céréales importées vendues localement.

17

À l'inverse, on trouve des situations comme celle du Niger en 2005 ou malgré des tensions inflationnistes très prononcées sur les céréales, les achats extérieurs n'ont pas progressé rapidement, conduisant à une pénurie. La faiblesse du pouvoir d'achat des populations les plus nécessiteuses ne permettait pas de créer un marché solvable pour des céréales importées.

De façon générale, face à une demande rigide, la hausse des prix des produits importés ne se traduit pas forcément pas une baisse des volumes importés ; inversement, la demande ne croit pas nécessairement face à des prix faibles. Ainsi, le prix est un signal d'achat qui n'est pas toujours pertinent dans le cas des produits agricoles (Faivre du Paigre et al. 2008).

1.5.4.1 L'irrégularité des productions agricoles

La quantité et la qualité des productions agricoles sont très variables d'une année à l'autre et cela d'autant plus en Afrique où les conditions de production sont peu maîtrisées. Les risques climatiques, comme les attaques de ravageurs des cultures, sont relativement importants alors que l' « artificialisation » du milieu reste faible, l'irrigation, le recours à l'agrochimie sont marginaux, ce qui réduit les moyens disponibles pour faire face aux accidents agro-climatiques (Faivre du Paigre et.al. 2008).

1.5.4.2 L'instabilité des prix agricoles

La conjugaison d'une demande inélastique et d'aléas de production conduit à des variations des prix agricoles qui peuvent être considérables. Cette instabilité des prix peut alors avoir des conséquences dramatiques en situation de vulnérabilité des ménages agricoles qui pour la plupart vendent l'essentiel de la récolte pour éponger leurs dettes et risquent de racheter à prix double voire triple lors de la soudure. Cette variabilité induit un risque considérable pour le producteur qui tendra à réduire son objectif de production pour y faire face.

1.5.4.3 La segmentation des marchés

S'il est difficile dans le secteur industriel de parler de biens homogènes, ça l'est encore plus dans le secteur agricole où les firmes cherchent à segmenter les marchés soit par des stratégies de marques, soit par des appellations d'origine géographique ou des labels de qualité. La segmentation devient encore plus manifeste lorsqu'on cherche à définir des produits à l'échelle régionale. Les catégories de produits et surtout les préférences attachées à

18

chacune d'elles peuvent être inversées d'une zone à l'autre. Au Niger par exemple, le riz importé est mieux apprécié des couches urbaines. La brisure, pourtant peu chère, n'est guère demandée. A l'inverse, au Sénégal, la brisure fait partie des habitudes alimentaires et ses importations surpassent celles de riz entier. (Faivre Dupaigre et.al, 2008).

On se rend donc compte que les spécificités de la production agricole posent un défi à l'agriculteur qui voudrait tirer parti d'un marché fluctuant et difficile à prévoir, ainsi que de préférences des consommateurs précises. L'atténuation de la volatilité des prix sur un marché plus lisible peut aider l'agriculteur à répondre plus facilement à la demande.

1.5.4.4 La gestion des marchés

Un des risques majeurs de l'activité agricole réside dans la grande instabilité des marchés agricoles et sa conséquence en termes de volatilité des prix. Pour les opérateurs capables de mobiliser de grands volumes de production, l'utilisation des marchés boursiers pour couvrir les risques est envisageable. La Banque Mondiale a constitué une équipe de travail permanente sur la gestion des risques liés aux fluctuations des prix des produits agricoles ( http://www.itf-commrisk.org/).

1.5.4.5 Des asymétries d'information pénalisantes pour les agriculteurs

L'accès à l'information est très inégalitaire. Les opérateurs ne possèdent pas le même niveau d'information et certains savent profiter de cet avantage. Des rentes se créent alors que les opportunités de marché et d'utilisation des ressources les plus efficientes ne peuvent pas être mises à profit. Dans un contexte rural, les paysans sont souvent les moins bien informés, ils ignorent tout de l'organisation des filières et des prix de vente des biens. Dès lors ils dépendent souvent des commerçants et peuvent assez peu influencer le prix des biens à la hausse.

Dans le secteur de l'élevage, de tels constats ont été documentés. Ils sont similaires pour les produits horticoles. Les grands commerçants sont à la tête de réseaux régionaux construits sur les liens de parenté.

Source : Jérôme ROUX (2014), République Démocratique du Congo, Secteurs prometteurs Approche du marché Recommandations, page-2.

19

1.6 POLITIQUE AGRICOLE ET ACCÈS AU MARCHÉ EN RDC

1.6.1 Objectifs de la politique agricole

« Améliorer l'accès aux marchés et la valeur ajoutée des productions agricoles ». Tel est le premier objectif spécifique de la politique agricole en RDC suivi de l'amélioration la productivité du secteur agricole, production vivrière, horticole et légumière, halieutique et d'élevage; de la promotion des systèmes financiers décentralisés qui s'adaptent à la nature des activités du secteur agricole; ainsi que du renforcement des capacités techniques et organisationnelles des institutions publiques et privées d'appui à la production agricole, comme le spécifie le MINAGRIPEL (2009).

1.6.2 POTENTIELS AGRICOLES DE LA RDC

La République Démocratique du Congo possède un potentiel agronomique exceptionnel et une superficie de terres agricoles inégalée en Afrique puisque seuls 5 % de ses 80 millions d'hectares de terres arables sont utilisés. L'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) estime que la RDC a le potentiel pour produire de quoi nourrir 3 milliards d'individus. Le groupe d'investissement canadien Feronia parie pour sa part sur l'avènement d'un « nouveau Brésil », ce que confirme la figure 1 ci-après, qui montre que potentiellement, la République Démocratique du Congo est le deuxième pays au monde après le Brésil en termes de superficie de terres cultivables (Roux, 2014).

Figure 1: Superficies agricoles de la RDC

20

Le secteur agricole présente donc un potentiel important pour la croissance économique de la RDC. La production alimentaire n'atteint pas 20 millions de tonnes face à une demande évaluée à 25 millions de tonnes, le déficit est comblé par des importations.

1.6.3 AMELIORATION DE L'ACCÈS AUX MARCHÉS ET AUX SERVICES CONNEXES

Il est admis que l'accès aux marchés locaux, sous régionaux, régionaux et internationaux constitue des sources de croissance.

À ce titre, l'État s'emploiera à supprimer les obstacles à la circulation routière et sur les voies d'eau (fleuve Congo et différentes rivières).

L'expansion des infrastructures routières sera entreprise en vue de désenclaver les bassins de production. Des réflexions seront organisées au niveau local dans le but d'asseoir des mécanismes appropriés permettant une gestion efficace et efficiente des infrastructures routières. Un des paramètres qui garantissent l'accès aux marchés est la compétitivité des produits. En vue de procurer une grande valeur ajoutée aux différentes productions, il sera envisagé l'organisation des centres de groupage, l'implantation des unités de stockage, de transformation et de conservation des productions agricoles et de pêche.

Parallèlement à la mise en place de différentes infrastructures ci-dessus, l'État appuiera la promotion des systèmes d'information sur les marchés et les prix. L'amélioration de l'accès aux marchés dépend dans une large mesure, du dynamisme des acteurs impliquées dans la réalisation des infrastructures y afférentes.

De façon indicative, l'on pourra explorer les possibilités d'accéder aux technologies simples, actuellement disponibles dans les Pays d'Asie tels que les Philippines le Vietnam et autres (MINAGRIPEL, 2009).

1.6.3.1 Stratégie pour parvenir à l'amélioration de l'accès au marché en RDC

Les principales stratégies d'ordre général retenues dans la note de politique agricole (2009) sont entre autres:

- Le maintien de la sécurité, respect des lois, mise en oeuvre des mesures qui garantissent une concurrence loyale dans tous les aspects de l'économie en général et en particulier dans le secteur rural;

- La stabilisation de l'environnement macro-économique;

- La réhabilitation et expansion de l'infrastructure économique;

21

- La protection de l'environnement et de la base productive afin de garantir aux générations futures une capacité de production et de développement durables;

- L'élaboration, adoption et application d'un code agricole permettant une mise en valeur harmonieuse du territoire national;

- L'actualisation de la loi foncière en vue de sécuriser les investissements et de garantir une exploitation rationnelle des ressources naturelles (MINAGRIPEL, 2009).

1.7 MARAÎCHAGE DANS LA VILLE DE LUBUMBASHI

Le maraichage offre des opportunités aux ménages agricoles pauvres une source sûre d'accroitre leur revenu par la diversification des activités maraîchères et la proximité des marchés urbains et périurbains.

De nombreux ménages, tous niveaux socio-économiques confondus, pratiquent cette activité agricole à temps plein ou en complément d'autres activités rémunératrices de revenus et ce, dans les zones rurales, périurbaines et urbaines. Ainsi, les parcelles maraîchères abondent dans le milieu périurbain (agriculture périurbaine), des plus petites insérées dans les tissus urbains (dans les différentes communes de la ville de Lubumbashi), aux plus grandes situées aux abords des limites de la ville (commune annexe, zone périphérique). Cette situation fait de l'agriculture familiale à travers les activités horticoles, une activité importante pour le tissu socio-économique des plus vulnérables dans la ville de Lubumbashi en RDC (République Démocratique du Congo). Cependant, elle est réduite aux activités familiales avec une technologie très élémentaire. Les agriculteurs semblent travailler sans stratégie quant à la diversification des spéculations, à l'approvisionnement en intrants et la commercialisation des produits issus de leurs systèmes de production. Du coup, la rentabilité de l'activité devient hypothétique, ce qui débouche sur une impossibilité à financer l'agriculture par l'agriculture et, par conséquent, en un entretien de la pauvreté dans une sorte de cercle vicieux (Kasongo, 2009).

1.7.1 Périodicité de la production maraîchère

La saison sèche demeure préférable pour produire les légumes malgré l'existence des potentialités de pouvoir en pratiquer durant une année entière. Cela non seulement parce qu'elle convient aux exigences culturales des plantes mais aussi du fait que la rentabilité est mieux appréciée au cours de cette période (Ntumba, 2014). C'est aussi ce que révèle le calendrier agricole établi par la FAO (tableau 1).

22

Le semis intervient habituellement pendant les mois de transitions entre la saison sèche et la saison de pluie, et en pleine sécheresse, les cultures se développent mieux et les récoltes sont satisfaisantes. Toutefois, la réussite dépend des précautions et de la conduite de mode de production (Kitsali, 2013).

Tableau 1 : Calendrier Agricole des principales cultures maraichères plantées à Lubumbashi.

Espèces cultivées

Période de l'année

Janv.

Fév.

Mars

Avril

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Amarante

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Aubergine

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Carotte

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Choux de chine

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Choux pommé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Gombo

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Morelle

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Oseille

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Piment

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tomate

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Bonne période de semis Meilleur période de production Période peu favorable à

la culture

Source : FAO projet HUP (2005)

1.7.2 Le maraîchage dans la lutte contre l'insécurité alimentaire

Alors que le seuil pour être en sécurité alimentaire se situe à 2.300 kilocalories et 76 grammes de protéine, la consommation énergétique par personne dans la région de Lubumbashi avoisinait 2.100 kilocalories par jour (INS, 2012). Actuellement, 70.3% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour pour près de 1.630 kilocalories consommées quotidiennement (PNUD, 2010). Les causes de cette alarmante insécurité alimentaire sont à trouver principalement dans les effets conjugués et non maîtrisés de la croissance démographique et de l'urbanisation (Nkulu, 2010).

23

Les cultures maraîchères constituent une source importante des protéines et des vitamines, pouvant ainsi contribuer à l'amélioration de l'état nutrition des populations en insécurité alimentaire. L'exode rural provoqué par la pauvreté en milieu rural a une double conséquence, d'une part elle impacte la demande alimentaire et d'autre part, elle augmente le taux de chômage (Figure2). Ainsi, cette situation stimule les petits producteurs pauvres à s'impliquer dans l'agriculture familiale périurbaine dont le maraîchage est la principale activité.

Figure 2: Place du maraîchage dans le maintien des tissus socio-économiques à Lubumbashi (Tshomba et.al, 2015)

1.7.3 Fonction environnementale et paysagère du maraîchage

En dehors de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire en ville, la croissance urbaine pose la question de la qualité de l'environnement naturel à cause des différentes pollutions provoquées en ville. Les rejets industriels, les ordures ménagères, les émissions de gaz par le charroi automobile, etc. affectent la qualité de l'air, de l'eau et du sol. L'agriculture urbaine participe au maintien de la qualité de l'air en milieu urbain, à la restauration des espaces verts, au recyclage des déchets (Moujeot, 2006).

Le recyclage se fait sous des schémas distincts : les ordures drainées par l'eau de ruissèlement s'accumulent dans les bas-fonds où ils se décomposent naturellement sous la réaction de la chaleur et de l'humidité. D'autre part, les « ordures ménagères » peuvent être décomposées par des procédés agronomiques de compostage. C'est à l'issue de la décomposition qu'elles seront employées pour la fertilisation des terres agricoles (Temple et Moustier, 2004).

Après avoir parcouru la littérature qui nous a permis de nous placer dans le contexte global de l'étude, passons à présent au chapitre deuxième qui suit, où nous donnerons les détails sur les orientations qui concernent le milieu d'étude et la méthodologie utilisés au cours de notre travail.

24

CHAPITRE DEUXIEME : MILIEU ET MÉTHODOLOGIE

2.1 MILIEU D'ETUDE

Cette étude s'est tenue en République Démocratique du Congo, dans la nouvelle province du Haut-Katanga tout en restant dans les limites de certains axes de la ville de Lubumbashi où quelques producteurs agricoles, précisément les maraichers auprès de qui nos enquêtes se sont réalisées.

2.1.1 Choix des Sites

Nous avons, pour cette étude, ciblé trois périmètres maraîchers de Lubumbashi: premièrement le site de la Commune de Katuba (situé derrière la maison communale de ladite commune) ; puis le site de Kilobelobe qui se localise entre 11°37' et 11°39' de latitude Sud et 28°72' et 26°25'de Longitude Est et à 11°72' d'altitude ; pour ensuite terminer par le site de Tingitingi situé non loin des cités universitaires de l'UNILU dans la commune annexe. Ce site s'est installé à 11° 36,511' de latitude Sud et 027°, 28,436' de longitude Est.

Le choix de ces sites a été dicté par : leur superficie (environ 55 hectares pour Kilobelobe) (Tshomba et.al, 2015) ; leur accessibilité (site de Tingitingi qui se trouve à environ 5km du centre-ville) ainsi que leur forte dispersion géographique, ce qui nous a permis de diversifier les données.

2.1.2 Présentation de la ville de Lubumbashi

Dans le rapport annuel de l'administration de la ville (2015) on peut trouver le renseignement suivant sur Lubumbashi :

- Province : Haut-Katanga

- Superficie : 747 Km2

- Taille estimée de la population : 1.796.252 hab.

Données géographiques et Culturelles

La ville est divisée en sept communes dont une rurale : commune annexe (rurale), Kamalondo, Kampemba, Katuba, Kenya, Lubumbashi, et Ruashi. Elle est ceinturée par le territoire de Kipushi à tous les points cardinaux.

Coordonnées géographiques :

- Longitude : 27° Est et 27° 30' Ouest

- Latitude : 11° 36 Nord et 11° 42' Sud

25

- Altitude : 1230 m

Climat : Classée dans le type CW6 d'après la carte climatique de Koppen-Geiger, la ville connait un climat tropical à deux saisons :

La pluvieuse : qui s'étend de Novembre à Avril de l'année suivante, avec emprise de 2 mois de chaleur ; Septembre et Octobre ;

La sèche : qui se vit à partir de Avril jusqu'à Septembre avec une particularité de deux mois froids secs ; Juin et Juillet.

Pluviométrie : Elle varie chaque année durant les 12 mois entre 2000 et 3000 mm Températures : Elles sont en moyenne de 20° C,

- Les plus basses sont de 15,8° C en moyenne, mais elles peuvent descendre jusqu'à
10°C en Juillet ;

- Les plus hautes sont de 22,5° C en moyenne et peuvent monter à 38° C en Octobre.

Hydrographie : Les principaux cours d'eau sont : Kafubu, Kampemba, Karavia, Lubumbashi, Luano, Navyundu et Ruashi.

Sol : La ville comporte un sol Alluvionnaire, Sablo-argileux et limon-argileux provenant des roches du Katanguien.

Végétation : En général, la végétation dans toute la périphérie de la ville de Lubumbashi est la savane boisée parsemée de quelques galeries forestières dans le Nord. Certaines des espèces d'arbres sont aussi à compter parmi la végétation, notamment : Albizzia, Acacia auriculoformis, Jacarandas filaos, Acacia siamea, Acacia fliribunda, Melia spectabilis, Flamboyants, Sapins, Pins, certains arbres fruitiers, etc.

Langues parlées :

- Swahili, Tshiluba, Luba, Lamba et Bemba.

Le swahili constitue la langue majoritaire de la ville de Lubumbashi. Il est parlé par presque tous les habitants de la ville. Le tshiluba constitue la deuxième langue la plus parlée dans la ville ; il est parlé essentiellement par les Luba (du Kasaï). Le Lamba est parlé dans les quartiers périphériques de la ville, parties voisines du territoire de Kipushi.

Principales activités (dans l'ordre d'importance, en pourcentage de la population) :

- Petit commerce (50%)

- Exploitation minière (25%)

- Agriculture urbaine (maraichage) (22%)

26

- Élevage (3%)

Lubumbashi est un grand centre commercial où plusieurs personnes (50 % de la population) survivent principalement grâce aux petits commerces. Par ailleurs, la ville étant essentiellement minière, environs 25% de la population travaillent dans les industries minières. Ensuite, l'agriculture urbaine, principalement la production urbaine. Par contre, un petit nombre de la population (3 %) survit grâce à l'élevage (surtout l'élevage des poulets de chair).

Figure 3 : Subdivision administrative de la ville de Lubumbashi (Vranken, 2010).

2.2 APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

2.2.1 Recherche documentaire

Nous nous sommes appuyés sur l'examen documentaire dans nos recherches pour réunir un certain nombre d'informations secondaires en consultant plusieurs catégories de documents (ouvrages, rapports, thèses, articles, documents de site web, ainsi que plusieurs autres publications et données inédites, etc.) que nous avons trouvé utiles à l'élaboration de notre travail. Nous avons été particulièrement intéressé par la documentation ayant trait à l'agriculture urbaine et à la commercialisation des produits agricoles, cela nous permis de mieux cerner le sujet en étude.

27

2.2.2 Collecte d'informations

Afin de porter un jugement sur la totalité de la population en étude, nous avons construit un échantillon de cent et deux (102) producteurs maraichers répartis sur trois sites différents, sur lesquels nos analyses ont été conduites. Les 102 maraîchers enquêtés étaient ordonnés sur leurs sites respectifs de manière ci-après :

Les 42 premiers ont était enquêtés sur le site de la commune de Katuba ; 30 autres maraîchers sur le site de Kilobelobe et les 30 derniers sur le site maraîcher de Tingitingi.

En effet, ne connaissant pas l'effectif de la population totale pratiquant le maraîchage sur chacun des sites, nous nous sommes imposé un minimum de trente maraîchers par site pour pouvoir faire appliquer les règles statistiques lors de traitement des données.

Pour ce faire, c'est la méthode d'échantillonnage systématique qui a été privilégié dans notre étude pour cause de sa commodité dans la mise en oeuvre pratique sur le terrain, notamment par le fait que seul le premier élément doit être choisi au hasard. Nous y avons recouru principalement lors de nos enquêtes sur le site de Kilobelobe où l'on a pu observer un nombre plus grand des maraîchers comparé aux deux autres sites.

C'est muni d'un questionnaire d'enquête que nous sommes descendus sur terrain pour recueillir les informations. Ce questionnaire a été élaboré de manière à nous instruire sur le profil sociodémographique d'exploitants maraîchers : l'âge, le sexe, l'état civile, le niveau d'instruction, etc. Les paramètres économiques tels que le prix de vente de produit, le lieu de vente, les contraintes à la commercialisation, le mode de tenure de terre, la superficie emblavée, ont aussi été considérés ; ainsi que d'autres paramètres spatio-temporels tels la période et l'endroit les plus favorables à la vente. C'est en obtenant ces données que nous avons pu répondre aux objectifs spécifiques que nous nous sommes fixés pour cette étude. L'interview des personnes ressources nous a permis de nous procurer des informations primaires qui n'existent pas dans la documentation écrite, et d'apporter une interprétation distincte de données récoltées.

2.2.3 Traitement et analyse d'information

Le dépouillement des données de terrain a commencé par leur saisie dans Excel afin d'être classées par catégorie d'éléments, ce qui nous a facilité la lecture des résultats. Ces informations ont été ensuite importées dans le langage R pour le traitement. Par le traitement statistique habituel nous avons soumis les données des différents paramètres pour une analyse de variance, et la comparaison des moyennes a été réalisée par le test de Tukey et Kruskal-

28

wallis. Pour le teste de fiabilité d'un ajustement, le coefficient de détermination R2 a permis la mesure quantitative du pourcentage expliqué d'une variable donnée ; le cas de l'analyse de l'influence des superficies emblavées sur le revenu des maraîchers.

Dans un modèle de régression linéaire, le test statistique de Student nous a permis de vérifier de manière individuelle si, à partir des paramètres estimés, le paramètre correspondant de la population était significatif ou non. Nous avons utilisé la moyenne comme mesure de valeurs centrales ou indicatrices de position. Comme mesure de dispersion, nous nous sommes servi de l'écart-type pour décrire la structure de la distribution c'est à dire mesurer la plus ou moins grande concentration des valeurs autour de leur tendance centrale.

Les calculs de rentabilité fait dans ce travail se sont basés sur la formule proposée par Fanou

(2008).

? LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette partie du travail énonce les obstacles aux quelles l'étude s'est butée. Il sied de préciser que la collecte des données n'a pas était sans difficultés. En effet, la contrariété de cette recherche réside, d'une part, au point où l'on ne sait pas chiffrer avec précision le capital total investi dans la production maraîchère, limité aussi par les entraides d'outils agricoles entre maraîchers, la main d'oeuvre familiale non rémunéré ; les autoconsommations non quantifiées, etc. Nous avons pour cela considéré seuls les biens propre à l'exploitation et dont le coût d'obtention est connu.

Cette méconnaissance des maraîchers sur les dépenses engagées ne nous a pas facilité la manoeuvre pour estimer le résultat économique qu'ils réalisent sur leur production. Les données relatives à la commercialisation utilisées dans cette étude se réfèrent sur les cycles culturaux antérieurs pour faire un rapprochement avec le cycle encours, mais là encore le dynamisme global de l'agriculture peut élargir la marge par rapport à la réalité. Aussi, nos enquêtes ont eu lieu à la période d'intense production principalement des choux des chines ; pour cela toutes les données et analyses ne considèrent que cette culture trouvée sur terrain.

Nos enquêtes s'étant déroulé sur le lieu de production, n'ont été pris en considération que les points de vue et les arguments des maraichers présent sur le champ le jour de notre descente car eux seuls ont été entendus.

29

D'autres parts le caractère « interrogatoire » des enquêtes n'a pas non plus arrangé les choses, certain se sentant quelque peu gêné par la nature d'information à fournir et qu'ils estiment trop personnelles et parfois stratégiques (âge, recette réalisée, niveau d'étude, modalité d'acquisition d'intrants, etc.), ont manifesté des réserves.

Pour cela, les renseignements reçus ainsi que leur précision relèvent donc de la confiance qu'on peut accorder aux maraîchers et à leur mémoire, car sous l'effet de l'oubli, certaines données qui ne sont jamais notées ressortent des simples déclarations de leur part et sachant qu'ils choisissent de nous confier les informations qu'ils veulent bien.

30

CHAPITRE TROISIÈME : PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS

3.1 PRÉSENTATION DES RÉSUTATS

Ici nous fournissons les résultats majeurs qui se sont dégagées de l'analyse de nos données d'enquêtes et dont la plus part d'entre eux permettent de répondre aux objectifs spécifiques fixés.

3.1.1 CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES DES MARAICHERS

3.1.1.1 Le sexe et L'âge

Sur l'ensemble des maraîchers enquêtés, le genre féminin parait plus dominant avec une proportion de 91 % alors que le masculin ne couvre que 9 % de l'échantillon enquêté (Figure 4). À propos de l'âge de maraîchers, nous avons vu que le plus jeune est âgé de seulement 20 ans contre 70 ans pour le plus âgé. La Moyenne d'âge de maraîchers est de 49.2 #177;11.70 ans (Figure 5). Nous avons pu aussi remarquer que les personnes dont l'âge se situe entre 60 et 65 ans (18.6% de maraîchers) sont majoritaires sur l'échantillon, suivi de ceux dont l'âge varie entre 50 et 55 ans (17.6%). Les moins nombreux sont les individus âgés de 65 à 70 ans puis ceux de 20 à 25 ans avec des effectifs respectifs de 2 % et 3 % individus. Ces écarts d'âge extrêmes sont dus d'une part, au vieillissement qui oblige les personnes âgées à abandonner les activités de champs devenus trop exigeants pour eux en énergie et forces et, pour les plus jeunes d'autres parts, leur faible représentation dans l'échantillon est justifiée par leur implication plus importante dans le secteur tertiaire (petit commerce en général) qu'ils estiment plus rentable et moins pénible que le travail de champs ; mais aussi à cause de leur occupation d'étude qui ne leur laisserait pas suffisamment de temps pour être régulier et

ponctuel au suivi cultures.

31

19

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

18

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

14

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

13

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

93 ; 91 %

 
 
 
 
 
 
 

11

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

9

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

8

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

9 ; 9 %

 
 
 

5

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

20 30 40 50 60 70

Ages

Figure 4 : sexes des maraîchers Figure5 : Âges des maraîchers

3.1.1.2 État civil et Taille de ménage

Feminin

Masculin

Concernant l'état civil des maraîchers, la figure 6 ci-dessous indique que les mariés sont en première position avec 56 %, suivi des veuves : 37% et les célibataires clôturent avec un effectif de 7 %. Nos enquêtes ont révélées aussi que les ménages des maraîchers de Lubumbashi sont composés en moyenne de 7.343#177;2.26 individus. Le ménage le moins dense comporte un minimum 2 individu alors que le plus peuplé comprend un effectif maximum de 12 individus. C'est ce que montre la Figure 7 ci-dessous. 25% de ces ménages tourne autour de 6 individus, la médiane est de 7,00 individus et 75 % ont une taille tout autour de 9 individus.

Marié

7 ; 7 %

Célibataire

57 ; 56 %

Veuve

38 ; 37 %

4

Figure 6 : État civil des maraîchers Figure 7 : Taille de ménage des maraîchers

32

3.1.1.3 Ancienneté et niveau d'étude

La figure 8ci-dessous parle de l'ancienneté, la moyenne se situe à 11.37#177;5.94. Les doyens sont anciens de 27.00 ans, alors que les plus récents n'exercent que depuis 1.00 an. Ici 25% de l'échantillon ont une ancienneté d'environ 7.25 ans, pour une médiane de 10.5 ans et 15.00 ans de 75% de la population étudiée (Figure 9). Pour ce qui est du niveau d'étude des maraîchers : 78% d'entre eux ont déclarés avoir un niveau d'étude secondaire contre 11% du niveau supérieur et 11% autres du niveau primaire.

 

Sécondaire

80 ; 78 %

 

Primaire

11 ; 11 %

Supérieur

11 ; 11 %

Figure 8 : Ancienneté dans le maraîchage Figure 9 : Niveau d'étude des maraîchers

3.1.1.4 Activités principales et secondaires des maraîchers

Les figures 10 et 11qui suivent font respectivement état d'activités principales et secondaires exercées en pourcentage des maraîchers. Nous y voyons que 95% d'enquêtés exercent le maraîchage comme activité principale et pour 5% ce sont les études. Comme activité secondaire, 41% ont déclaré ne pas en avoir et 40% ont déclaré pratiqué le commerce et 1% font autre chose.

33

Activité principale

Maraîch age

95%

Étude

5%

41% 40%

Activités secondaires des maraîchers

12%

5% 1% 1%

Figure 10 : Activité principales des enquêtés Figure 11 : Activités secondaires des maraîchers 3.1.2 ACCÈS AUX FACTEURS DE PRODUCTION

Trois facteurs principaux ont été utilisés par les producteurs maraichers à Lubumbashi ; il s'agit de la terre, des intrants et du capital financier.

3.1.2.1 Accès à la terre :

La figure 12 ci-dessous illustre que 74% des maraîchers louent les terres qu'ils exploitent contre 26% qui en sont propriétaires. La figure 13 complète en présentant les superficies moyennes emblavées par site maraîcher et les coûts moyens d'acquisition de la terre. En termes de superficie emblavée, le site maraîcher de Kilobelobe a une plus grande superficie moyenne de 693.4483#177;711.58 m2 pour un coût moyen d'acquisition de 48429.33#177;35652. 47 CDF et les maraîchers de Katuba possèdent en moyenne des superficies plus petites de l'ordre de 149.0619#177;77.61272 m2 acquise à 23333.45#177;8071.22 CDF en moyenne.

34

Mode de tenure des terres

74%

26%

Location Proprietaire

Superficies moyennes emblavées
en m2

 

693,45 #177;

 

711,58

 
 
 

332,53 #177;

 
 
 

543,32

149,06 #177;

 
 
 
 
 

77,61

 
 
 
 
 

Katuba

Kilobelobe Tingi Tingi

Figure 12 : Mode de tenure des terres Figure 13 : Superficies emblavées

3.1.2.2 Accès aux intrants :

Tableau 2 : Intrants agricoles des maraîchers : quantité en Kg et coût en CDF

Intrants agricoles

Quantité moyenne
en Kg

Cout moyen
d'achat en CDF

Semence

7.98#177;5.51

11896#177;9092.25

Engrais

9.67#177;5.51

10252#177;6399.06

Produits phytosanitaire

1.43#177;0.96

2295#177;1489.61

- - -

Ici le tableau 2 présente les quantités d'intrants et leur coût d'achat. La semence vient en première lieu avec en moyenne 11896#177;9092.25CDF de coût d'acquisition, puis vient en deuxième lieu les produits phytosanitaires avec 2295#177;1489.61CDF et l'engrais passe en dernière position avec une moyenne de 10252#177;6399.06CDF de coût d'achat.

Les différents coûts d'acquisition des matériels notamment pour l'arrosoir (2232#177;2610.07 CDF) et pour la houe (1400#177;3206.61CDF) ; ainsi que leur quantité moyenne mis en exploitation.

35

3.1.2.3 Outils agricoles

Tableau 3 : Outils agricoles des maraîchers de Lubumbashi : Coût d'obtention en CDF

Outils agricoles Nombre moyen Cout moyen

d'acquisition en CDF

Arrosoir 2.63#177;1.65 2232#177;2610.07

Houe 2.73#177;1.56 1400#177;3206.61

- - -

Le tableau 3 aborde les différents coûts d'acquisition des matériels notamment pour l'arrosoir (2232#177;2610.07 CDF) et pour la houe (1400#177;3206.61CDF) ; ainsi que leur quantité moyenne mis exploitation.

3.1.3 MODE D'ACCÈS AUX MARCHÉS PAR LES MARAÎCHERS

3.1.3.1 Information sur le marché

À propos de l'information sur le marché, les maraîchers se fient pour la plus part aux informations que leur livrent les revendeuses qui sont leurs clientes et qui sont en relation plus ou moins directe avec les consommateurs. Pourtant, la proximité aux marchés leur permet de vérifier par eux même les variations des prix afin de bien réajuster le leur. Cependant, leur faible capacité d'analyse et d'anticipation constitue un blocage à la maitrise du fonctionnement des dits marchés ; et ils se contentent donc très souvent de faire confiance aux revendeuses à qui ils fixent le prix parfois subjectivement et rarement de façon rentable.

3.1.3.2 Lieu de vente et types de clients

En vue de se garantir une bonne conservation qualitative des produits, la vente des légumes au champ est une option privilégiée par les maraîchers (Figure 14). Mais certains ne se prive pas d'écouler une partie de leur production au bord de champs afin de s'offrir un maximum de recettes. Pour ce qui est des clients de maraichers, ce sont les femmes vendeuses des marchés qui s'approvisionnent le plus aux près d'eux (figure 15). Cependant, certains consommateurs viennent eux aussi se ressourcer directement au champ.

36

De ces échanges naissent parfois des relations extracommerciales qui au fil du temps, deviennent des critères de fixations de prix et de fidélisation de la clientèle de telle sorte que pour le producteur, l'attention est moins porté sur les fluctuations des prix et de la demande sur marché et s'installe la sous-estimation des coûts de production (augmentation des risque des perte); pour le client, ils achètent à des producteurs réguliers sans plus faire attention au prix ni à la de qualité de produit (diminution de compétitivité). Par ailleurs, ces derniers peuvent être plus rusés, au nom de la fidélité de longue date, pour de temps en temps rabattre encore plus bas le prix et se pourvoir des bénéfices plus considérables puisque eux connaissent mieux l'évolution des prix et de la demande sur le marché.

Bord de Chps/ Sur Pied

6% 0%

Vente sur pied

94%

Cons. et Revende

use

7%

Revende
use de
marché
93%

Figure 14 : Lieu de vente des légumes Figure 15 : Types des clients

3.1.3.3 Période favorable pour la vente

Les légumes produits à Lubumbashi sont choisi aussi pour leur cycle court de production. C'est au mois de mars qu'interviennent les premiers cycles de commercialisation de la saison qui se prolonge jusqu'au mois de juillet (figure 16). De la souplesse d'anticipation sur la demande dont fait preuve chaque maraicher, dépendent de temps à autre les circonstances de commercialisations. Cette figure montre que 42% couvrent la demande d'avril à juin ; seuls 35% vont de marche à juillet ; pour 18% cela ne dure que quatre mois, soit de mars à juin et 5% ne font que deux mois, soit environs deux cycles de production avec un même légume.

37

De cette figue, il est constaté que les mois d'avril, mai et Juin correspondent à la période où l'offre est la plus abondante, ce serait ainsi dans ce même intervalle de temps que les prix baisseraient en défaveur donc des producteurs maraîchers.

Avril à Mai

5%

Mars à Juillet

35%

Mars à Juin

18%

Avril à Juin

42%

Figure 16 : Période de commercialisation de légumes 3.1.3.4 Revenu en fonction des modalités et des stratégies de vente

En traitant la question du revenu en fonction des modalités de vente pratiquées par les maraîchers, nous avons découvert que les maraîchers qui ont opté pour la combinaison de la vente au comptant et de celle à crédit avaient un revenu moyen de 197757.2 #177; 185947 CDF qui se trouve être supérieur avec une différence très significative (p-value = 0.0264**), comparer à celui de ceux qui ont préféré être payés seulement au comptant pour leur production, ayant un revenu moyen de 122788.6#177;116515.9 CDF (figure 17).

Par contre, en analysant le revenu en fonction des stratégies de vente, nous découvrons que entre la vente en gros et celle qui associe les gros et les détails, il n'y a pas de grande différence (p-value = 0.8162). Ces deux cas présentent des revenus moyens respectifs de 154825.5#177;149074.5 CDF et 147352.8#177;157430.2 CDF (figure 18).

38

 
 

Comptant comptcred

Modalité de vente

Gros Gros Det

Strategie de vente

Figure 17: Revenu en fonction des modalités vente Figure 18: Revenu en fonction des stratégies vente

3.1.4 ESTIMATION DES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES DES EXPLOITATIONS MARAICHÈRES

3.1.4.1 Revenu des maraîchers en fonction du coût d'investissement

L'une de nos analyses a cherché à déterminer l'impact des coûts engagés par les maraîchers dans leur production sur leur revenu, elle nous a révélé que les coûts moyens investis n'influençaient qu'à 44% le revenu des maraîchers (Figure 19). Par contre, le nombre des plates-bandes dont la taille moyenne est de 23,27#177;15,41 m2 a une influence sur le revenu de l'ordre 60%, les 40% restants sont influencés par les autres paramètres non étudiés (Figure 20). Cela signifie que le revenu obtenu par les maraîchers ne couvre pas toujours les dépenses qu'ils ont engagées pour la production. Les maraîchers, comme tout producteur, devrait à cet effet combiner les différents facteurs de production en leur possession de manière optimum, c'est-à-dire de sorte à mobiliser un minimum des ressources et atteindre un meilleur résultat possible. De plus, l'accroissement des superficies emblavées permet d'obtenir des revenus bien plus élevés car elles permettent de produire des quantités importantes.

39

0 50000 100000 150000 200000

R= 4.5800 + 4.464 CT

R2=0.44

10 15 20 25 30 35

Revenu= 22265.7+ 5240.2 Nombre de platebande

R2=0.60

Cout total moyen des maraichers en CDF

Nombre de platebande

Légende : Revenu moyen Coût moyen d'investissement

Figure 21: Moyennes des Revenus obtenus et coûts investis par site maraîcher

Figure 19: Revenu en fonction de dépenses Figure 20: Revenu en fonction des superficies 3.1.1.1 Coût de production et revenu par site maraîcher

214187,3#177;155

255

112357#177;11940

6

 

145952,3#177;170

855

 

48429,33#177;356

52,47 23330,69#177;192

32,01

23333,45#177;807

1,22

Katuba Kilobelobe Tingi Tingi

La figure 21ici-bas vient étayer les arguments de la figure19qui précède. Elle donne les revenus et coûts totaux investis par site maraîcher enquêté. Là encore, les revenus ne sont pas rémunérés proportionnellement aux dépenses engagées. Les producteurs de Kilobelobe présente un meilleur revenu de 214187,3#177;155255 CDF, ceux de la Katuba et de Tingi tingi ont des coûts d'investissement respectifs de 23333,45#177;8071,22 CDF et de 23330,69#177;19232,0 qui sont très similaires, pourtant leurs revenus présentent un écart important. Cet écart est expliqué par les superficies emblavées (figure 13 et figure 20 ci-hauts).

40

3.1.4.2 Rentabilité financière des légumes par site enquêté

Les résultats présentés dans la figure 22 montrent que la rentabilité varie d'un site à un autre. Le périmètre maraîcher de Tingi tingi passe en premier avec 6.256, en deuxième position c'est le site de la Katuba avec 4.815, puis le site de Kilobelobe avec 4.423 vient fermer la marche. Cela signifie que chaque franc congolais investi dans la production rapporte successivement pour chaque site dans le même ordre précité : 5.256 CDF, 3.815 CDF et 3.423CDF supplémentaires. Leurs taux de rentabilité respectifs sont donc de 525.6%, 381.5 % et 342.3%. La production est donc rentable, cependant l'offre est quasiment à chaque fois simultanée entre maraîchers, tout comme le choix des spéculations, les différences de prix ne sont pas grandes, pourtant le coût de production varie d'un endroit à un autre : main d'oeuvre familiale souvent synonyme de non rémunérée, utilisation gratuite d'outils agricoles des maraîchers voisins (phénomène d'entraide), mode d'accès à la terre, etc. Tous ces éléments pris ensemble justifient les disproportions des rentabilités entre les sites maraîchers.

Rentabilité Kilobelobe;

4,423

Rentabilité Tingi tingi;

6,256

Rentabilité Katuba;

4,815

Figure 22 : Rentabilité financière des légumes

3.1.5 CONTRAINTES À LA COMMERCIALISATION DE PRODUITS

MARAÎCHERS À LUBUMBASHI

À la question de savoir quelles sont les difficultés rencontrées pour la commercialisation de leur produit, 81% de maraîchers ont répondu que le prix ne leur satisfaisait pas, 15% d'entre eux ont évoqué la concurrence comme contrainte et les 4% restants nous ont déclaré ne pas souffrir de difficultés particulières (figure 23). La concurrence montré ici par les maraichers, fait référence à celle avec les fermiers qui à la récolte apportent des quantités importantes des légumes sur les marchés dans l'intention de

41

couvrir (presque) toute la demande en vendant parfois à très bas prix (Dumping). Il y a aussi la concurrence entre les maraichers qu'ils n'identifient pas eux même, elle nait de l'abondance de l'offre ce qui accorde plus de pouvoir de négociation aux acheteurs.

90%

81%

4%

Prix de vente moin satisfaisant

concurrance Aucune contrainte

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

15%

Figure 23: Contraintes à la commercialisation des produits maraîchers à Lubumbashi 3.2 DISCUSSION DES RÉSULTATS

Notre travail s'est achevé par des résultats issus des différentes analyses effectuées sur les données de nos investigations sur terrain. Ces analyses ont porté essentiellement sur : la caractérisation sociodémographique des maraîchers, leur mode d'accès au marché, les résultats économiques qui ressort de leur exploitation ainsi que les difficultés qu'ils rencontrent pour l'écoulement de leur production.

3.2.1 Profil des maraîchers et mode de commercialisation

3.2.1.1 Caractéristiques sociodémographiques

Il ressort de cette première analyse que notre échantillon des maraîchers dont l'âge moyen est de 49.2 #177;11.70 ans et dont la taille moyenne de ménage est de 7.343#177;2.26 individus ; est couvert majoritairement par les femmes, 91 % (dont 37% sont veuves), et que les hommes ne représentent que 9 %.

Cela pourrait se justifier par le fait que la plus part des femmes enquêtées appartiennent à des organisations maraîchères (« Femme dynamique » pour le site de la Katuba et « Association Maman Tingitingi » pour le site de Tingitingi). Ces organisations maraîchères, tenant compte de la largeur des familles de ses membres ; ont eu pour objectif initial l'apport d'une aide aux veuves, par le commerce des produits agricoles qui contribue à 42% comme l'une des sources principales de revenu dans la ville de Lubumbashi (Kalenga,

42

et.al, 2012). Le genre féminin était au départ le principal critère d'adhésion à ces associations pour permettre de s'assurer une autonomie financière (Ntumba, 2014). D'autre part, le faible niveau d'étude des maraichers (78% ont un niveau secondaire) et le taux de chômage élevé, place le maraîchage comme une source intéressante d'emploi (Tshomba et.al, 2015).

Par ailleurs, 95% d'enquêtés exercent le maraîchage comme activité principale et cela signifie que c'est la principal source de revenu de laquelle dépendent leurs conditions de vie. Lors de la mauvaise saison, toute leur survie est menacée car leurs faibles compétences techniques et économiques les rendent plus vulnérables.

3.2.1.2 Mode d'accès au marché

L'analyse faite sur les modalités de vente des maraîchers et de leur impact sur le revenu montre que ceux qui vendent leur production au comptant et à crédit ont meilleur revenu avec une différence très significative comparés à ceux-là qui ne vendent qu'au comptant (Figure 17). Ce qui se justifie par le fait que, de la mauvaise gestion de l'offre qui mène à une inondation du marché, vue que les agriculteurs bien que certains sont réunis au sein d'organisations semblent travailler sans stratégie quant à la diversification des produits (Kasongo, 2009) ; les maraîchers vendant à crédit bénéficient d'une plus grande part de marché que ceux qui ne vende qu'au comptant car, ils se tissent des relations de confiance et de fidélisation avec leur clients (les revendeuses pour la plus part) avec qui ils acceptent de partager le risque lié aux fluctuations de prix, cela d'une part.

D'autres parts la vente au crédit en période d'abondance épargne aux maraîchers les risques d'invendus et donc de perte. C'est en ce sens qu'ils écoulent des plus grandes quantités et réalisent des recettes plus importantes.

D'autres parts encore, certains maraîchers de Lubumbashi cherchent à maximiser leur chance d'écouler leur production par la combinaison de vente en gros et celle en détails. Mais il ressort de nos résultats (Figure 18) que cette technique ne résout pas leur peine. En effet, cette technique vise une réalisation des recettes assez rapidement par la récolte directe de l'argent auprès des consommateurs ; cependant, les quantités vendues au près des consommateurs ne sont pas toujours plus rémunératrices ni mesurées à leur juste valeur, par conséquent, le producteur prend le risque de vendre soit à perte, soit seulement une partie de la production. Par ailleurs, les vides que laissent ces tries éparpillés dans les plates-bandes, leur fait perdre la valeur marchande face aux acheteurs en gros qui trouvent là encore, une

43

belle occasion de rabattre encore plus bas le prix ; sans parler du risque des vols accrus difficilement repérables sur des plates-bandes déjà à moitié vidées de la production.

3.2.2 Résultats économiques des maraîchers

Sur le plan économique, l'accès aux facteurs de production et leur utilisation (terre, intrants agricoles, outils, etc.) sont déterminants dans le résultat que réalise le producteur.

Nos résultats nous ont montré que 74% de nos enquêtés ont accès à la terre par location contre 26% qui en sont propriétaire. Cela offre un certain avantage au propriétaire par la nullité du coût de production imputable à ce facteur. En outre, les maraîchers ayant reçu gratuitement certains intrants et/ou outils bénéficient aussi des mêmes avantages. Ce qui influence aussi au final leur profit. Toute fois l'insécurité foncière causée par la croissance démographique (Ntumba, 2014) qui guette les locataires hypothèque la pérennité des activités ainsi que la réduction de la pauvreté.

A. Revenu en fonction du capital investit et des superficies emblavées

Concernant les coûts d'investissement ils ne paraissent pas très influents sur le revenu des maraîchers (R2=0.44). Cet aspect est expliqué par l'acquisition à coût nul (soit par don, soit par aide, etc.) d'un certain nombre des facteurs de production pour certains producteurs.

Par contre, nous avons révélé que le nombre des plates-bandes avait un impact sur le revenu des maraîchers (R2=0,60). Du fait de la vente des produits à un prix presqu'identique, et du fait de dimensions des plates-bandes tout aussi identiques ; ce sont ceux qui ont des plus grandes superficies qui arrivent à obtenir un revenu plus intéressent. Le revenu des maraîchers est donc fonction des superficies emblavées.

B. Rentabilité financière des cultures

Les cultures maraîchères sont rentables dans la ville de Lubumbashi. Les résultats présentés dans la (figure 22) montrent de taux de rentabilité qui varient entre 342.3% et 525.6% pour chaque site. Le coût de production est l'élément qui fait la différence: main d'oeuvre familiale souvent non rétribuée, solidarité entre maraîchers (utilisation commune et gratuite d'outils agricoles), mode d'accès à la terre, etc. Tous ces éléments pris ensemble justifient les disproportions des rentabilités entre les sites maraîchers.

44

3.2.3 Contraintes à la commercialisation

Deux difficultés primordiales ont été évoquées par nos enquêtés. Il s'agit : des prix de vente non satisfaisants (81% des cas), de la concurrence (15%) et 4% disaient ne pas en rencontrer.

Le prix est la clé de la commercialisation. Il est le déterminant des échanges qui s'opèrent sur le marché lors de la rencontre entre l'offre de la demande. La production systématique par tout le monde, des même produits, au même endroit et en même temps (Kasongo, 2009) constitue un handicap conséquent à la fixation des prix « justes » pour les maraîchers.

Quant à la concurrence, elle aussi forme une difficulté quasi insurmontable pour les maraîchers de Lubumbashi. En effet, ne sachant pas toujours comment répondre à la demande du marché, l'agriculture familiale est pratiquée, principalement pour l'autoconsommation, par des ménages pauvres qui ne sont pas suffisamment encadrés techniquement, exploitant de petites étendues, avec des outils rudimentaires, des semences non améliorées et des techniques traditionnelles (Tshomba et.al, 2015).

Certains fermiers qui bénéficient d'une meilleure connaissance des techniques culturales et des meilleures informations sur le fonctionnement des maraîchers viennent se positionner en barrière contre les petits producteurs qui ne peuvent se mesurer à eux à cause de leur faible quantité et des qualités parfois médiocre de leur produits.

Nos résultats viennent étayer ceux trouvés par (Tshomba et.al, op.cit.) notamment sur la corrélation positive entre revenu et superficie emblavée, aussi se rangent-ils sur le même rang que ceux de (PAM et INS, 2012) sur la caractérisation sociodémographiques des producteurs de Lubumbashi ; ils se conforment avec (Ntumba, 2014) en rapport avec le mode d'occupation des terres et les risques liés à cela ; ainsi que les résultats de (Kasongo, 2009) qui abordent le maraîchage dans le contexte de la ville province de Kinshasa et qui avait en son temps trouvé, comme nous aujourd'hui, que l'offre mal gérée par les producteurs entraine à une situation telle que c'est l'acheteur qui devient maitre du prix.

Dans un tel contexte, et compte tenu du caractère périssable des légumes, les coûts de production sont foulés aux pieds devant la concurrence autoentretenue au sein du groupe par manque d'organisation. Les résultats de beaucoup d'effort de travail se retrouvent finalement

45

dilués par un échec de commercialisation. Les faibles recettes réalisées sont appelées à faire face aux multiples besoins du ménage au point où il devient difficile de réinvestir en agriculture. On pratique alors une agriculture empirique, sans investissement, une agriculture réduite à la simple survie qui d'ailleurs a du mal à tenir.

46

CONCLUSION GÉNÉRALE

Notre travail a étudié la problématique d'accès au marché des producteurs agricoles dans le haut-Katanga, cas spécifique des maraîchers de la ville de Lubumbashi.

Le but recherché par cette étude était celui de de permettre une meilleure commercialisation des produits maraichers par l'amélioration de l'accès au marché des petits producteurs dans la ville de Lubumbashi, afin de réduire le taux de pauvreté en visant l'élévation de leur niveau de vie par l'augmentation du revenu.

Après récolte et analyse des données, nous avons abouti aux résultats principaux suivants lesquels le maraîchage à Lubumbashi est pratiqué à 91% par les femmes, les ménages étaient composés en moyenne de 7 personnes ; 78% d'entre les enquêtés sont du niveau secondaire d'étude et 11% du niveau Universitaire et 11% autres du niveau primaire.

Partant des modalités de vente, la commercialisation des produits maraîchers à la fois au crédit et au comptant a porté plus de fruits aux producteurs que la vente seulement au comptant.

Par ailleurs, la vente au détail ne semble pas favoriser les producteurs si ce n'est accroître le risque d'accumulation d'invendus qui se destinent finalement à l'autoconsommation par manque de possibilité de stockage liées au manque d'infrastructures adéquates, mais surtout à cause de la périssabilité, caractéristique des produits agricoles.

D'autres parts encore, nous avons constaté que le mode d'accès aux facteurs de productions était déterminant dans le calcul du profit du fait que le cout d'investissement varie en fonction de cela.

L'un des résultats majeurs de notre travail est la présentation du rôle des surfaces utilisées sur le revenu des producteurs. Ce résultat prouve comme dans des nombreux autres travaux antérieurs, que la croissance économique est fonction des superficies emblavées ; cas bien particulier des contextes africains où l'agriculture est extensive caractérisé aussi par son abandon entre les mains des paysans, souvent sas maitrise de l' « art » et utilisant des matériels très rudimentaires pour finalement ne produire que pour la subsistance au lieu de produire pour viser un profit maximum.

En se appuyant sur ces résultats qui consolident nos hypothèses de recherche, voici à présent quelques recommandations que nous faisons aux différents acteurs.

47

RECOMMANDATIONS

Eu égard des résultats obtenus, nous suggérons aux acteurs impliqués directement et indirectement dans le secteur maraîcher ce qui suit :

1. Aux producteurs

De diversifier l'offre en combinant plus d'une culture au cours d'une même saison étant donné le besoin de choisir qui peut se manifester chez un consommateur mais aussi la satiété qui peut s'installer suite au manque de modération dans l'alimentation et cela impactant négativement sur la demande ;

De « vendre avant de produire » pour s'assurer d'un écoulement rapide de la production, compte tenu des difficultés de conservation de leur production qui ne peut observer une période de soudure mais aussi des quantités importantes déversées sur le marché qui entrent en compétition avec eux et qui parfois sont de meilleur qualité ;

D'envisager la stratégie intéressante de vente qui accepte aussi bien la paie au comptant qu'à crédit à des périodes où l'offre inonde le marché occasionnant une instabilité des prix et une hausse de risque d'invendu.

2. Aux autorités compétentes

Nous suggérons l'implication dans le développement de ce secteur par la facilitation de l'accès aux facteurs de production par les maraîchers (acquisition des terres et intrants agricoles, financement) ;

L'encadrement des maraîchers par des formations de renforcement de capacité de la gestion non seulement sur la production, mais aussi sur la commercialisation qui est la finalité recherchée afin de se procurer un revenu qui permette de répondre aux autres besoins essentiels qui améliorent leurs conditions de vie.

3. Aux chercheurs futurs

Ce travail est l'une des multiples fenêtres de la recherche scientifique. Il est surtout une oeuvre humaine qui ne prétend pas atteindre la perfection. Les vides qu'il laisse pourront donc être comblés par des études ultérieures auxquelles nous invitons d'autres chercheurs à adhérer.

INS 2012. « Résutats de l'enquête approfondie sur la sécurité alimentaire des ménages dans la province du Katanga. » Lubumbashi, 53 p.

48

BIBLIOGRAPHIE

AUNGE Jean. 2013 « Méthodolgie de la recherche scientifique deuxième cycle, économie agricole. » Notes de Cours, 19 p.

BEN HAMMOUDA Hakim, KARINGI Stephen, OULMANE Nassim, LANG Rémi, et SADNI JALLAB Mustapha. Novembre 2005 « L'accès aux marchés peut-il aider l'agriculture africaine? » Centre Africain pour Les Politiques Commerciales, 51 p.

DANAU A., FLAMENT J., et VAN DER STEEN D.. 2011, « Quelles stratégies pour améliorer le pouvoir de marché des producteurs agricoles? Instruments mis à l'épreuve ». Bruxelles, 111 p.

EATON C. et SHEPHER W. A. 2002 « L'agriculture contractuelle. Des partenariats pour la croissance.» Bulletin des services agricoles de la FAO, 173 p.

FAIVRE DUPAIGRE B., ALARY P., BLEIN R., et GOURA SOULE B. Fevrier 2008 « Améliorer le fonctionnement des marchés agricoles en Afrique de l'Ouest. »,75 p.

FANOU L., 2008. " Rentabilité financière et économique des systèmes de production maraichers au Sud-Bénin : une application de la Matrice d'Analyse des Politiques." Thèse de doctorat inédite, Faculté des Sciences Agronomiques. Université d'Abomey-Calavi. Bénin.

FAO, FIDA, PAM. 2004 « Travailler ensemble, Le développement de l'agriculture en Afrique : appui aux agriculteurs et au NEPAD. » n° N°06. Décembre, 16 p.

FIDA. Fevrier 2003 « Promouvoir l'accès des ruraux pauvres aux marchés pour réaliser les objectifs de développement du Millénaire. » Document de synthèse pour les tables rondes, Conseil des gouverneurs, Session du vingt-cinquième anniversaire du FIDA, Conseil des gouverneurs, 32 p.

IFDC, 2016. « Comment relier les agriculteurs aux marchés en Afrique? » Programme De Formation Internationale . Abidjan, Cote d'Icoire, 13 p.

49

KALENGA H. MOULA N. KASHALA J-C. et VENDENPUT S., 2012. « Activité agricole familiale dans la ville de lubumbshi (R.D. Congo).» 2nd Meeting of the Faculty of veterinary Medecine, University of Liège.

KASANDA M. N., BALASHA, MUSHAGALUSHA A., KITSALI Jean Helene, NKULU M.F.J. et BOGAERT J., 2016. « Maraîchage périurbain à Lubumbashi: modes d'accès à la terre et gestion des supérficies agricoles. » ISSR, 28 p.

KASONGO L. M. E., 2009. « Rapport d'étude sur l'agriculture périurbaine (maraichage) de Kinshasa. » ACF International, Province de Kinshasa, 87p.

KEUTGEN C. 2013. «Les maraîchers urbains de Lubumbashi : artisans de paix.», 4 p. Avril 2016. <http :// www.justicepaix.be>.

LOTHORE A. et DELMAS P., 2009. « Accès au marché et commercialisation de produits agricoles, Valorisation d'initiatives de producteurs. » Inter-réseau, Développement rural, 176 p.

MASTAKI NEMAGABE J. L., 2006. « Le rôle des goulots d'étranglement de la commercialisation dans l'adoption des innovations agricoles chez les producteurs vivriers du Sud-Kivu. » Thèse, 250 p.

MINAGRIPEL, 2009. « Note de Politique Agricole ». République Démocratique du Congo, 71 p.

MINPLAN. 2006 « Document de stratégies de la croissance et de la réduction de la pauvreté (DSCRP). » province du Katanga, 41 p.

MOUJEOT A.J. Luc, 2006. "Cultiver des meilleurs villes : agriculture urbaine et développemnt durable." Éd. CIRAD.

MPANZU B.P., 2009 « Commercialisation des produits vivriers paysans dans le Bas-Congo: Contraintes et stratégies des acteurs. » Thèse. 229 p.

MUSHAGALUSHA A., BIRINDWA B., MUYAMBO E., KASANDA N., et NKULU J. Mars 2015. « Production des cultures maraîchers à Lubumbashi: analyse comparatives de la rentabilité de chou pommé et chou de chine.» International Journal of Innovation and Scientific Research, 55-61 pp.

50

NKULU M.F.J. 2010. « Dynamique agraire des expoitations agricoles familiales dans l'interand minier du Katanga et perspectives pour une politique d'apui. » Thèse de doctorat, UNILU, Lubumbashi, 287 p.

NTUMBA N. F. 2014. "Analyse de la performance technique et économique des exploitations maraîchères dans la region agro-industrielle de la ville de Lubumbashi." Mémoire de master complémentaire en développement, environnement et sociétés. Université de liège (ULg) - Gembloux Agro-Bio Tech, 105 p.

PAM, 2011. « Lutter contre la faim dans le monde. » Rapport annuel, RD Congo, 34 p.

PNIA, 2012 « Plan d'investissement 2013-2020 », Ministère de L'agriculture et du Développement Rural, Kinshasa, RDC, 188 p.

PNUD, 2010. « Qelles conraites lever pour luter eficacement contre la pauvreté au Katanga » Rapport de séminaire, ONU, Lububashi.

ROUX J., 2014. « République Démocratique du Congo, Secteurs rometteurs approche du marché Recommandations » Attaché économique et commercial, Beltrade; www.beltrade-congo.be , 27 p.

TEMPLE L. et MOUSTIER P. 2004. « Les fonctions et contraintes de l'agriculture périurbaine des villes africaines.» Cahiers agricultures n° 09, 15-22 pp.

TSHOMBA K.J., MUGALU N.L., NTUMBA N.F., MUSHAGALUSHA B.A.,

MUYAMBO M.E. et NKULU M.F.J., 2015. « Le maraîchage et ses fonctions dans le contexte socioéconomique de Lubumbashi. » International Journal of Innovation and Applied Studies, 291-302 pp.

VRANKEN I. 2010. « Pollution et contamination des sols aux métaux lourds dues à l'industrie métallurgique à Lubumbashi: Empreinte écologique, impact paysager, piste de gestion. » Travail de fin d'étude, Université Libre de Bruxelles, 118 p.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand