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Cancer, quand l'annonce du diagnostic au patient fait naître l'émotion chez le soignant.


par AnaàƒÂ¯s Lariouat Braulle
Institut de formation en soins infirmiers, croix rouge française  - Diplôme d'infirmière 2019
  

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d- Le travail émotionnel

Dans le milieu professionnel, les émotions doivent être gérées par les travailleurs et dans les établissements de santé, les professionnels ont un travail émotionnel qui est encore mal reconnu malgré son importance pour la qualité des soins et pour leur santé. De ce fait, ils bénéficient de formations dans lesquelles ils apprennent des techniques afin de maitriser leurs émotions : on y retrouve de la relaxation par exemple.

Ce travail émotionnel est primordial lors des soins.

Il y a trois stratégies collectives de travail émotionnel qui sont mises en place par les soignants :

- Premièrement, il y a « valorisé, donner du sens » : C'est-à-dire les contraintes et les difficultés rencontrées sont valorisées et ne deviennent plus si pénible.

- Ensuite, la deuxième stratégie est « agir ensemble », elle correspond à l'entraide de l'équipe afin de résoudre les difficultés.

- Enfin, la 3ème stratégie est « se positionner, contester ».

Il est donc important de partager ses émotions afin d'y faire face, au sein d'un groupe de parole, et de construire un sens acceptable aux difficultés.

Afin de se protéger en tant que soignant, il est donc essentiel de savoir mettre des limites à ses émotions. Ainsi Martine SCHACHTEL, ancienne infirmière, a dit « l'infirmière doit savoir discrètement retenir ses émotions, ne pas laisser paraître la peur, l'angoisse, le dégoût, la pitié 26».

25 « L'intelligence émotionnelle, un outil de soins », Margot Phaneuf

26 Martine Schachtel, « J'ai voulu être infirmière ». page 213

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Lors de l'annonce d'un diagnostic, le soignant est donc le premier à être confronté à cette mauvaise nouvelle. Celui-ci se sent donc coupable de devoir annoncer cette mauvaise nouvelle au patient. Dans ces situations, le soignant se projette donc sur sa propre vie et donc va angoisser sur sa propre mort en tant qu'être humain, cela est donc un phénomène naturel. Il sera donc important de faire preuve de capacité d'adaptation afin de se préparer à ce qui pourrait arriver. Il faut s'adapter à chaque patient, à chaque pathologie, à chaque histoire de vie ...

Dans le livre, « le travail émotionnel des soignants à l'hôpital », Catherine Mercadier, infirmière et sociologue évoque que « la maîtrise des émotions est une obligation implicite, intériorisée par le soignant au cours de sa sociabilisation professionnelle. 27» La gestion des émotions du soignant a besoin d'un véritable travail émotionnel afin que le soignant puisse être professionnel dans sa relation avec le patient et ainsi être neutre.

Afin de travailler auprès des patients, il est important de développer des capacités émotionnelles. Tout d'abord, il faut s'intéresser à la gestion de nos propres émotions, ce qui veut dire la connaissance de soi et la gestion de soi.

Ainsi, nous pouvons définir la connaissance de soi comme un « savoir » que la personne a appris sur elle durant ses diverses expériences de la vie donc celle-ci va permettre à la personne d'adapter ses réactions.

Lors de soins difficiles, comme ici, l'annonce d'un diagnostic de cancer, le soignant aura des difficultés pour avancer s'il n'a pas de connaissance sur lui-même. En effet, selon ASPAR J., pédiatre, la connaissance de soi est donc importante afin de gérer des situations difficiles. L'infirmier doit être capable de connaître ses propres limites. Le fait de se connaitre est un processus qui sera acquis tout au long de notre vie. L'individu va apprendre à connaître ses propres réactions lorsqu'il aura vécu une situation, cependant, il sera plus facile pour lui de gérer les situations non prévues.

Le soignant parait plus « compétent » dans l'anticipation de ses réactions lorsqu'il se connait. Selon FRENOT Jean-Yves, dans son livre « la process communication au service de la relation soignant-soigné », il déclare « la connaissance de soi nous

27 Catherine Mercadier, « le travail émotionnel des soignants à l'hôpital ».

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permet de situer nos forces et nos limites, et ainsi d'identifier le moment subtil où nos comportements s'altèrent sous l'emprise du stress 28».

De plus, au quotidien, il existe différents moyens de gérer nos émotions. Les moyens les plus répandus avec plus de 50% sont :

- Parler à quelqu'un

- Combattre les pensées négatives

Ensuite, il y a d'autres moyens comme écouter de la musique, rester seul, se reposer, faire du sport...

Au fil de l'expérience vécue, le soignant régulera ses émotions soit de façon contrôlée donc consciente ou automatique c'est-à-dire inconsciente. La plupart des épisodes de régulation se déroulent inconsciemment, c'est-à-dire grâce à la mise en place de mécanismes de défenses.

e- Les mécanismes de défense

Selon Henri CHABROL, professeur en psychopathologie, des mécanismes de défenses sont « des opérations mentales involontaires et inconscientes qui contribuent à atténuer les tensions internes et externes 29».

De plus, selon Anna FREUD, ce sont « des procédés inconscients employés principalement par le Moi dans différentes organisations psychiques30 ».

Dans son livre « face à la maladie grave », Martine RUSZNIEWSKI dit que le fait de comprendre les mécanismes de défenses mis en place par les soignants est important pour « l'amélioration de la relation avec les patients, et pour une meilleure prise en charge thérapeutique, car identifier ses défenses, c'est aussi se révéler plus apte à reconnaitre celle du patient 31».

Les mécanismes sont des moyens de se protéger contre une émotion.

Il est important de savoir que le soignant utilise des mécanismes de défenses pour se protéger d'un événement pouvant lui procurer une angoisse, un malaise ou bien une souffrance. L'infirmier(e) est amené à mettre en place ces mécanismes inconscients afin de faire face à ses émotions. La mise en place de ces processus

28 Frenot Jean-Yves, « La process communication au service de la relation soignant - soigné », page 7

29 Henri Chabrol, « Recherches en soins infirmiers », les mécanismes de défense.

30 Anna Freud, www.universalis.fr

31 Martine Ruszniewski, « face à la maladie grave »

inconscients change le comportement du soignant et donc cela peut impacter la relation soignant - soigné.

Ainsi, les mécanismes de défenses les plus utilisés par les soignants seront :

· La banalisation : le soignant ne va se concentrer que sur une seule partie du malade par exemple, il va traiter la maladie avant de traiter le patient.

· Le mensonge : le soignant ne dira pas la vérité au patient, par exemple le soignant va plutôt employer le mot « polype » que « cancer ». Il s'agit d'un mécanisme de « l'urgence ».

· L'esquive : le soignant va répondre au patient mais parlera d'un sujet différent. Il va s'éloigner du sujet.

· La fausse réassurance : par exemple, le soignant va dire au patient que la chimiothérapie va très bien se passer qu'il ne faut pas s'inquiéter alors que le patient sera en phase terminale.

· L'agressivité : le soignant va se sentir « agressé » par la souffrance du patient. Ce mécanisme de défense peut être dû à une culpabilité de la part du soignant. Il mettra en place cette attitude afin de s'éloigner du patient et cela mettra donc en difficulté la relation avec le patient.

· L'évitement : le soignant va tout faire pour éviter le patient. Ce mécanisme de défense peut amener à créer une rupture de la relation avec le patient.

· La dérision : le soignant va dire au patient qu'il y a une exagération de sa souffrance.

· L'identification projective : le soignant ne mettra pas de distance avec le patient. Il va plutôt s'identifier à travers le patient.

· 24

La fuite en avant : le soignant va tout fuir.

·

25

Les stratégies de coping : il y aura les stratégies centrées sur le problème mais également celles centrées sur l'émotion.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus