EPIGRAPHE
Un bonheur que rien n'a entamé succombe à la
moindre atteinte ; mais quand on doit se battre contre les difficultés
incessantes, on s'aguerrit dans l'épreuve, on résiste à
n'importe quels maux, et même si l'on trébuche, on lutte encore
à genoux.
SENEQUE
II
DEDICACE
A mon père, Robert TSHIMUNGU wa
TSHIMUNGU, pour avoir vu en moi, l'ingénieur devenu aujourd'hui
pendant que je n'avais pas encore l'âge d'aller à l'école
;
A ma mère, le Professeur Espérance
Bayedila Bakanda pour tous les efforts consentis, la confiance, les
encouragements, l'amour et l'affection manifestés à mon
égard ;
Je dédie ce travail.
III
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE i
DEDICACE ii
TABLE DES MATIERES iii
REMERCIEMENTS vi
LISTE DES TABLEAUX viii
LISTE DES FIGURES x
RESUME xi
INTRODUCTION 1
1. CONTEXTE 1
2. PROBLEMATIQUE 2
3. HYPOTHESES 3
4. OBJECTIFS DE L'ETUDE 3
5. IMPORTANCE DE L'ETUDE 3
7. DIFFICULTES RENCONTREES 4
8. ORGANISATION DU TRAVAIL 5
PREMIERE PARTIE 6
CADRE THEORIQUE ET CONTEXTE DE L'ETUDE 6
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L'ETUDE 7
1. DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS 7
1.1. Notion de filière 7
1.2. Concept de chaîne de valeur 7
1.2.1. Définition 7
1.2.2. Chaine de valeur et agriculture 9
1.3. Agent ou acteur économique 10
1.4. Rentabilité économique et valeur
ajoutée 11
1.5. Zone périurbaine 11
2. FILIERE MANIOC EN RDC 11
2.1. Origine et description 11
2.2. Place du manioc dans le PNIA 12
2.3. Importance économique de la filière manioc en
RDC 12
2.4. Consommation et utilisation des feuilles de manioc en RDC
13
iv
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET METHODOLOGIE 14
1. MILIEU D'ETUDE 14
1.1. Présentation de la ville-province de Kinshasa 14
1.1.1. Aspect géographique 14
1.1.2. Aspect administratif 15
1.1.3. Perspectives démographiques et structure de la
population kinoise 16
1.1.4. Indicateurs socio-économiques 17
1.1.4.1. Pauvreté et conditions de vie 17
1.1.4.2. Emplois et revenus 17
1.1.5. Agriculture 17
1.1.6. Consommation et habitudes alimentaires 18
1.2. Présentation de la zone d'étude 18
1.2.1. Commune de Maluku 19
1.2.1.1. Menkao 19
1.2.1.2. Mangengenge 19
1.2.2. Commune de N'djili 19
1.2.3. Territoire de Kasangulu 20
1.2.4. Marchés secondaires : Matamba et UPN 20
1.2.5. Marchés tertiaires : Ngaba et Mbanza-Lemba 20
1.2.6. Supermarchés 21
2. METHODOLOGIE 21
2.1. Méthodes de collecte des données 21
2.1.1. Documentation 21
2.1.2 Enquête 21
2.1.2.2. Enquête proprement dite 21
2.2. Cadre théorique de référence 24
2.2.1. Approche d'analyse des acteurs selon le paradigme SCP
24
2.2.2 Analyse de la chaine de valeur 24
DEUXIEME PARTIE 26
PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION 26
CHAPITRE III : ANALYSE DE PRINCIPAUX ACTEURS DE LA CHAINE DE
VALEUR
ET LEURS ACTIVITES 27
3.1. CARTOGRAPHIE DES ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR 27
3.2. ANALYSE DES PRINCIPAUX ACTEURS ET LEURS ACTIVITES 30
V
3.2.1. LES PRODUCTEURS DES FEUILLES DE MANIOC 30
3.2.1.1. Accès aux facteurs de production 30
3.2.1.2. Activités de production des feuilles de manioc
32
3.2.2. COMMERCIALISATION DES FEUILLES DE MANIOC 37
3.2.2.1. Situation au marché Matamba 38
3.2.2.2. Situation du marché UPN 40
3.2.2.3. Transport 41
3.2.3. LES TRANSFORMATEURS DES FEUILLES DE MANIOC 42
3.2.3.1. Prestataire de service 42
3.3.1.2. Organisation du travail 43
3.2.3.2. Transformateur-commerçant des feuilles moulues
44
3.2.3.3. Transformateur-commerçant des feuilles de manioc
préparées 45
CHAPITRE IV. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES ET
VALEUR AJOUTEE
DANS LA CHAINE DE VALEUR FEUILLES DE MANIOC 47
4.1. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES DE LA CHAINE DE VALEUR
47
4.1.1. Analyse financière annuelle d'un producteur de
feuilles de manioc 47
4.1.1.1. Producteur des feuilles « Kongo » au Plateau
de Batéké 47
4.1.1.2. Producteur des feuilles « caoutchouc »
à Maluku 49
4.1.1.3. Analyse comparative des comptes d'exploitation des
producteurs de « Kongo » et
« Caoutchouc ». 50
4.1.2. Analyse financière d'un commerçant des
feuilles de manioc 51
4.1.2.1. Commerce en gros des feuilles de manioc 51
4.1.2.1. Commerce en détail des feuilles de manioc 54
4.1.3. Analyse financière d'un transformateur de feuilles
de manioc 57
4.1.3.1. Transformateurs - Prestataires de service 57
4.1.3.2. Transformateur - commerçant des feuilles moulues
58
4.1.3.3. Transformateur - commerçant de feuilles de manioc
préparées 60
4.2. PRIX ET VALEUR AJOUTEE DANS LA CHAINE DE VALEUR 62
DISCUSSION 65
CONCLUSION 67
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69
ANNEXE 73
Theresia TSHIMUNGU LONDA.
vi
REMERCIEMENTS
« Mieux vaut la fin d'une chose que son commencement
», c'est la phrase adéquate après cinq années
marquées des hauts et des bas, pour exprimer un certain soulagement du
travail accompli qui sanctionne la fin de notre formation en vue de l'obtention
du diplôme d'ingénieur agronome.
Gloire soit rendu à Dieu Tout Puissant qui dans sa
fidélité, nous fait atteindre les sommets qui pour nous demeurent
impossibles. Penser à ce cycle bouclé, nous emmène
à remercier les corps académique et scientifique de
l'Université de Kinshasa pour cette formation aussi bien de marque que
de qualité. Au plus profond de nous-mêmes nous reconnaissons ne
pouvoir vous dire si bien merci qu'en faisant votre honneur. De manière
particulière nous tenons à exprimer nos sentiments de gratitude
et remerciements aux personnes physiques et morales suivantes :
Le Professeur MPANZU BALOMBA Patience pour sa
disponibilité et son attention dans la direction de ce travail. Ses
conseils, ses remarques, sa rigueur et sa patience nous ont permis d'atteindre
nos objectifs pour ce deuxième cycle de notre formation en
économie agricole ;
Le Chef des Travaux, BONKENA Papy, pour sa
disponibilité dans la documentation, l'encadrement, la correction et le
traitement des données sans quoi la réalisation du présent
travail serait impossible ;
Les Professeurs KINKELA SAVY Charles, NTOTO MVUMBI Roger,
PONCELET Marc et BAUDOIN Michel, pour la marque de confiance manifestée
à l'endroit de notre personne, leurs différentes contributions et
suggestions qui ont permis d'affiner les fruits de nos recherches ainsi que le
centre Wallonie Bruxelles pour le soutien financier à la
réalisation de ce travail ;
Mes soeurs Myriam, Julia, et Sophia, mon aimable frère
Jordan, la grande famille TSHIMUNGU-BAYEDILA, ainsi Monsieur MPANI Adrien ainsi
et le Pasteur TSHIMANGA Dieudonné pour l'affection et le soutien tant
matériel que spirituel ;
Mes quatre grandes familles « Ecodim », « JPC
», « The Lord's Singers », « Agro For Christ », de
tous les moments marquant de notre vie partagés ensemble, et pour la
compréhension dont elles ont fait montre pendant tout ce temps de
perturbation, c'est un partenariat pour la vie ;
Mes amis Francis BESALA, Gradi LUAKANDA, Marianne MALEKA,
Sarah MBOTIKA, Freddy AETOMBI, Rachel MPUNGA, Willy KASEMBE et Noel KINDA, pour
leur encouragement et leur confiance en notre personne, vous êtes des
rares qui croient en moi, de tout coeur je vous aime. Enfin, que tous ceux qui
n'ont pas étés nommément cités soient convaincus de
notre profonde reconnaissance.
vii
LISTE DES ABREVIATIONS
DSCRP : Document de la Stratégie de
Croissance et de Réduction de la Pauvreté
FAO : Fonds des Nations Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation
FC : Franc Congolais
FEC : Fédération des
Entreprises du Congo
FIDA : Fond International de
Développement Agricole
g : gramme
ha : hectare
IITA : Institut International des Recherches
de l'Agriculture Tropicale
INS : Institut National des Statistiques
kg : Kilogramme
MINAGRI : Ministère d'Agriculture
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement en Afrique
OCC : Office Congolais de Contrôle
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PDDAA : Programme Détaillé de
Développement de l'Agriculture Africaine
PNIA : Programme National d'Investissements
Agricoles
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PTF : Partenaires Techniques et
Financières
RDC : République Démocratique
du Congo
USD : Dollars Américain
VIII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Rémunération
de la main d'oeuvre 34
Tableau n° 2 : Rendement moyen en feuilles
de manioc 37
Tableau n° 3 : Etape, durée et
responsable de la tâche 46
Tableau n° 4 : Compte d'exploitation d'un
producteur de feuilles (1 ha) dont la récolte se fait
pendant la saison sèche (Plateau de Batéké)
51 Tableau n° 5 : Compte d'exploitation d'un
producteur de feuilles (1 ha) dont la récolte de se
fait pendant la saison pluvieuse (Plateau de
Batéké). 52 Tableau n° 6 : Compte annuel
d'exploitation d'un producteur de feuilles de manioc (1 ha) à
Mangengenge 53 Tableau n° 7 : Compte
d'exploitation des producteurs des feuilles « Kongo » et
« Caoutchouc » 54 Tableau n° 8 :
Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (1 ha) qui
s'approvisionne
au plateau de Batéké (saison pluvieuse)
55 Tableau n° 9 : Compte d'exploitation d'un
commerçant grossiste (1 ha) qui s'approvisionne
au plateau de Batéké (saison sèche)
56 Tableau n° 10: Compte d'exploitation d'un
commerçant grossiste (1 ha) qui s'approvisionne
au marché de Matamba en saison pluvieuse
57 Tableau n° 11: Compte d'exploitation d'un
commerçant grossiste qui s'approvisionne au
marché Matamba en saison sèche
57 Tableau n° 12: Compte d'exploitation d'un
commerçant détaillant à UPN de feuilles de
manioc à Kinshasa pendant la saison pluvieuse
58 Tableau n° 13 : Compte d'exploitation d'un
commerçant détaillant de feuilles de manioc à
UPN pendant la saison sèche 59 Tableau n°
14: Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant
s'approvisionnant au
marché Matamba en saison pluvieuse 59 Tableau
n° 15 : Analyse financière en FC d'un commerçant
détaillant au niveau de Matamba
en saison sèche 60 Tableau n° 16 :
Compte d'exploitation mensuel d'un transformateur - prestataire de
service 61 Tableau n° 17: Compte
d'exploitation d'un transformateur-commerçant spécialisé
pendant la
saison sèche 62
ix
Tableau n° 18: Compte d'exploitation
d'un transformateur-commerçant spécialisé pendant la
saison de pluie 63 Tableau n° 19 :
Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant au
supermarché 64
Tableau n° 20 : Compte d'exploitation
journalier d'un restaurant moderne 65
Tableau n° 21 : Compte d'exploitation
journalier d'un restaurant de fortune 66
Tableau n° 22 : Prix et valeur
ajoutée dans la chaine de valeur pendant la saison pluvieuse,
pour la partie Est de la capitale 67 Tableau
n° 23 : Prix et valeur ajoutée dans la chaine de valeur
pendant la saison sèche, pour
la partie Est de la capitale 67 Tableau n° 24
: Prix et valeur ajoutée dans la chaîne de valeur pendant
la saison pluvieuse
pour la partie Ouest de la capitale 68 Tableau
n° 25 : Prix et valeur ajoutée dans la chaîne de
valeur pendant la saison sèche pour
la partie Ouest de la capitale 68
X
LISTE DES FIGURES
Figure n° 1 : Schéma classique de la
Chaîne de valeur (Porter, 1986) 8
Figure n° 2 : Étapes de la
chaîne de valeur agricole, (World Bank, 2008) 10 Figure
n°3 : Courbe de l'évolution de la population de Kinshasa (1920 -
2012) (Source :
www.Populstat world
Gazetteer.org) 20
Figure n°4: Cartographie des acteurs de la
chaine de valeur 32
LISTE DES CARTES
Carte n°1 : Carte de la ville de Kinshasa
subdivision administrative 35
xi
RESUME
Le manioc est cultivé pour ses tubercules et ses
feuilles, sources de calories et de revenus importants pour les populations. Il
se consomme sous différentes formes. De plus, les feuilles de manioc
constituent le premier légume du pays, consommé sous
différentes formes par tous les congolais. Elles représentent une
source de protéine et de nutrition essentielle pour la vaste
majorité de la population et pourront ainsi favoriser la
sécurité nutritionnelle et alimentaire. Vu l'importance de
feuilles de manioc comme source de revenu et d'approvisionnement alimentaire
des populations de Kinshasa et de sa périphérie, la
présente étude s'est proposée de faire un état des
lieux de la chaîne de valeur « feuilles de manioc » dans la
ville-province de Kinshasa, avec la particularité d'axer l'analyse, sur
les aspects économiques et financiers de la production, de la
commercialisation et de la transformation.
Il ressort de ces investigations que les différentes
activités dans la chaine de valeur feuilles de manioc sont rentables et
compétitives en dépit de différentes contraintes que ces
acteurs rencontrent :
Les producteurs de différentes espèces du manioc
arrivent à supporter les charges liées à la production et
à dégager un profit. Cependant les matériels de
productions utilisés sont non performants ainsi ne permettent pas une
maximisation de la production ;
Le grossiste dégage une marge allant de 16,66 %
à 37,43 % et le détaillant dégage une marge allant de 15 %
à 38,42 %
Les transformateurs à différents niveaux,
réalisent des profits intéressants. Les transformateurs
prestataires de service dégagent une marge de 46,48 %. Les
transformateurs spécialisés en production des feuilles moulues
dégagent une marge bénéficiaire de 77,5 % à 81,46 %
du chiffre d'affaire. Les transformateurs non spécialisés en
production des feuilles moulues dans les supermarchés, dégagent
une marge bénéficiaire de 67,39 % du chiffre d'affaire. Les
transformateurs des feuilles préparées dégagent une marge
bénéficiaire de 81,10 %
Les fonctions les plus valorisantes sont celles
exécutées par les transformateurs des feuilles de manioc en
feuilles moulues et en plat.
Les prix au producteur et au commerçant varient en
fonction de saison. Pendant la saison sèche (période de
rareté) les prix augmentent de plus de 100 %.
La ville-province de Kinshasa, compte tenu de sa
démographie, produit des quantités appréciables de
tubercules et feuilles de manioc, toutefois elle demeure le principal
débouché
1
INTRODUCTION
1. CONTEXTE
L'Afrique Subsaharienne conserve la croissance
démographique la plus rapide du monde, 2,4 % en 2001 contre 0,8 à
2 % dans les autres régions en voie de développement. Elle
représente aujourd'hui 10 % de la population mondiale et 13 % de celles
des régions dites en développement (Tabutin et Schoumaker, 2006).
Cette forte croissance se traduit par l'augmentation du taux d'urbanisation
dans la mesure où une bonne partie de cette population est
concentrée dans les grandes agglomérations urbaines.
Le République Démocratique du Congo ne semble
pas être épargnée de cette situation. La RDC figure parmi
les pays ayant une forte croissance démographique (2,7%). En un peu plus
d'un demi-siècle, la population congolaise habitant les zones urbaines a
augmenté d'environ 20% passant de 20,1% en 1960 à 40% en 2015 ;
ce taux pourrait atteindre 57% en 2050 (World Urbanization Prospect, 2014).
Potentiellement dotée par la nature, la RDC
présente des conditions agro-écologiques idéales pour
assurer la sécurité alimentaire du pays et réaliser des
exportations agricoles rentables. Les sols y sont fertiles ; les milieux
naturels et le climat diversifié (TECSULT-AECOM 2009 ; Chausse et al.
2012) ; ce qui permet de réaliser plusieurs types de cultures.
Plus de 600 millions d'habitants d'Afrique, d'Asie et
d'Amérique Latine dépendent du manioc pour vivre (FIDA., 2008).
Il pousse sur des sols peu fertiles sur lesquels d'autres cultures sont
impossibles. Il est moins exigeant en fertilisants (engrais et pesticides,
etc.). En outre, son cycle de production est avantageusement utilisé par
les populations pour lutter contre l'insécurité alimentaire vu
qu'il peut être récolté à tout moment (entre 8 et 24
mois après la plantation) (FAO., 2000).
Le manioc est une culture de la réalisation de la
sécurité alimentaire étant donné qu'il est produit,
transformé, commercialisé et consommé dans toutes les
provinces de la RDC avec toutes les implications de revenu induites par les
différents produits et services occasionnés (Khonde, 2001).
Le manioc est cultivé pour ses tubercules et ses
feuilles, sources de calories et de revenus importants pour les populations. Il
se consomme sous différentes formes. De plus, les feuilles de manioc
constituent le premier légume du pays, consommé sous
différentes formes par tous les congolais. Les feuilles de manioc
représentent une source de protéine et de nutrition essentielle
pour la vaste majorité de la population et pourront ainsi favoriser la
sécurité nutritionnelle et alimentaire.
2
pour les producteurs de manioc des provinces limitrophes,
comme c'est d'ailleurs le cas pour la plupart des produits vivriers locaux.
2. PROBLEMATIQUE
La ville-province de Kinshasa, capitale politique de la RDC
connait une croissance démographique rapide. Sur base des projections
réalisées par l'Institut National des Statistiques (INS), la
population de Kinshasa était de 7.017.000 habitants en 2005. Selon
diverses sources (Nzuzi, 2008 ; Anonyme, 2015), Kinshasa devrait compter
actuellement plus de 12 millions d'habitants.
Cette croissance a des incidences sur la production agricole
et la sécurité alimentaire. En effet, avec une croissance
continue de la population et sans une motivation correspondante pour une
production importante d'aliments, la sécurité alimentaire est
compromise (IRAD, 2003).
La culture du manioc du fait, de sa spécificité
(consommation faible d'intrants, hauts rendements), est une aubaine dans la
lutte contre l'insécurité alimentaire en RDC. En effet le manioc
contribue et peut contribuer davantage à la réalisation de la
sécurité alimentaire et à la réduction de la
pauvreté des ménages aussi bien en milieu rural qu'urbain. La
lutte contre la pauvreté est aujourd'hui l'une des préoccupations
majeures des politiques en RDC. Cette vision ne peut connaitre des
résultats concrets que par la promotion des filières agricoles
à haut potentiel économique comme celle du manioc.
Le manioc est cultivé pour ses tubercules et ses
feuilles qui constituent le premier légume du pays, consommé par
tous les congolais (TECSULT-AECOM, 2009 ; Goossens, 1994 ; Khonde, 2001).
Malheureusement, on constate une absence criante des études approfondies
sur la chaîne de valeur « feuille de manioc » notamment sur la
rentabilité à différents maillons de la chaine. La plupart
d'études réalisées jusqu'ici se sont focalisées sur
les chaines de valeur racines tubéreuses de manioc.
S'il est vrai que la reproductibilité des
activités de la filière est fortement liée à sa
rentabilité (FAO, 2006), il faut admettre que la situation de la
chaîne de valeur feuilles de manioc reste encore inconnue, faute de
données.
Vu l'importance de feuilles de manioc comme source de revenu
et aliment pour les populations de Kinshasa et de sa périphérie,
la présente étude se propose de répondre à la
question principale suivante : comment fonctionne la chaîne de valeur
feuilles de manioc à Kinshasa et dans sa périphérie ?
De manière spécifique, l'étude se propose
de répondre aux interrogations suivantes : Quels sont les acteurs de la
chaîne de valeur feuilles de manioc dans la zone périurbaine de
Kinshasa ? Comment sont organisés les acteurs de la chaine de valeur
feuilles de manioc ? Quels sont les coûts engagés, les marges
dégagées et les valeurs ajoutées à chaque maillon
de la chaîne de valeur ?
3
3. HYPOTHESES
Eu égard aux différentes questions
soulevées dans la problématique, les hypothèses suivantes
ont été formulées :
- Les acteurs de la chaine de valeur feuilles de manioc sont
ceux habituellement rencontrés dans la plupart des chaines de valeur
vivrières en RDC. Il s'agit notamment de : producteurs,
commerçants de gros et de détail, transporteurs et
transformateurs ;
- Les acteurs de la chaine de valeur feuilles de manioc sont
organisés de manière informelle. Les relations entre les
différents acteurs de la chaine de valeur ne sont ni formelles ni
structurées. Il n'y a pas de contrat écrit entre
différents acteurs. Tout se fait à travers des engagements
verbaux ce qui peut poser des problèmes en cas de promesses non tenues.
Toutefois le système étant tellement bien rodé que
l'informel semblerait ne pas constituer un frein au développement des
transactions commerciales ;
- Les coûts engagés dans les différents
maillons de la chaine de valeur augmentent ainsi le coût du dernier
acteur et pèse au niveau du consommateur. Dans tous les cas, les marges
réalisées par les différents acteurs seraient confortables
ce qui expliquerait sans doute le développement de la chaine de valeur
feuille de manioc. Les valeurs ajoutées seraient aussi
intéressantes lorsqu'on voit les rôles joués par
différents acteurs.
4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'objectif général de la présente
étude est de faire un état des lieux de la chaîne de valeur
feuilles de manioc dans la ville-province de Kinshasa avec la
particularité d'axer l'analyse sur les aspects économiques et
financiers de la production, de la commercialisation et de la
transformation.
Spécifiquement, il s'agit de :
? identifier les acteurs impliqués dans la chaîne
de valeur feuilles de manioc dans la zone d'étude ;
? décrire les activités des acteurs
? identifier les contraintes rencontrées à
différents niveaux de la chaîne de valeur ;
? estimer les coûts engagés, les marges
dégagées, les valeurs ajoutées et la rentabilité
à chaque maillon de la chaîne de valeur.
5. IMPORTANCE DE L'ETUDE
La présente étude revêt un double
intérêt : théorique et pratique.
Théoriquement, l'étude va générer
des connaissances sur la filière manioc en général et la
chaîne de valeur feuilles de manioc à Kinshasa en particulier.
4
Dans la pratique, elle sera utile aux différents
acteurs de la chaîne de valeur (producteurs, commerçants et
transformateurs), aux services techniques d'appui (Ministère de
l'agriculture et du développement rural), aux services d'appui
financiers (banques et microfinances), aux institutions de recherche, aux
partenaires techniques et financiers (PTF) du secteur de l'agriculture et aux
décideurs politiques.
En effet, l'étude procurera à tous ces acteurs
des informations sur les modalités de l'offre, les prix
pratiqués, les modalités de distribution etc. Les
résultats permettront aux services étatiques de disposer des
éléments pouvant aider à réorienter les
interventions sur le terrain, de manière à considérer le
potentiel économique des feuilles de manioc mais aussi dans le
développement des politiques agricoles futures.
Les décideurs et les partenaires techniques et
financiers pourront utiliser les résultats de l'étude pour
initier, en partenariat avec le gouvernement congolais, des stratégies
de développement de la filière manioc qui intégreraient le
développement de la chaîne de valeur feuilles en RDC en
général et à Kinshasa en particulier.
6. METHODOLOGIE
Afin de répondre aux différentes
préoccupations ci-dessus soulevées, la démarche
méthodologique s'est articulée autour de trois grandes rubriques
: la documentation, l'enquête (recherche) qualitative et
l'observation.
La méthode documentaire a permis de mettre en place la
revue de la littérature sur le contexte, le milieu d'étude, le
cadre théorique et conceptuel de l'étude.
L'enquête qualitative a permis de collecter l'essentiel
des données de terrain exploitées dans cette étude. En
effet, les investigations ont ciblé judicieusement les producteurs de
différentes espèces de feuilles de manioc, les distributeurs
(grossistes et détaillants), les prestataires de services
(transformateurs dans les marchés municipaux, équipage et
transporteurs) y compris les acteurs institutionnels notamment l'IITA.
L'observation a permis de tirer les informations utiles sur
les acteurs et l'organisation des activités afin d'affiner et de mettre
en relief les données d'enquêtes.
7. DIFFICULTES RENCONTREES
L'ensemble de techniques utilisées dans la collecte des
informations a rencontré quelques limites. La première limite
concerne la carence d'informations détaillées sur la production,
la commercialisation et la transformation des feuilles de manioc. Il a
été particulièrement difficile de disposer des
statistiques agricoles fiables sur la production et la commercialisation des
feuilles de manioc au niveau des institutions nationales.
5
La deuxième limite a concerné les enquêtes
proprement dites. Les principales difficultés rencontrées
étaient :
- L'identification des acteurs clés ;
- La mise en confiance des personnes à enquêter a
nécessité parfois un certain temps pour s'adapter aux programmes
des personnes à enquêter ;
- Les interviews sur le lieu de travail des acteurs (champs,
marchés etc.) avec des arrêts fréquents. Ceci prolongeait
très souvent les entretiens ;
- L'obligation de procéder à quelques achats pour
avoir l'autorisation de manipuler les produits vivriers (observer et peser
notamment) ;
- La nécessité de rentrer dans le langage du milieu
pour une meilleure compréhension des questions.
En résumé, pour ce qui concerne les enquêtes,
il était donc important de savoir s'adapter aux conditions de terrain en
usant parfois des talents de négociateur et de diplomate.
8. ORGANISATION DU TRAVAIL
La présente étude est le fruit des recherches
effectuées durant cinq mois : du mois d'août au mois de
décembre 2016 dans la province de Kinshasa et ses environs. Outre sa
partie introductive, ce travail se structure en deux parties pour un total de
quatre chapitres.
La première partie de l'étude fixe le cadre
conceptuel, le milieu et le contexte de l'étude. Dans son premier
chapitre, elle présente le cadre théorique et définit les
concepts clés, utilisés pour analyser le problème. Le
deuxième chapitre se focalise sur le contexte de l'étude : il
présente le contexte géographique, économique et politique
de la zone d'étude par une analyse descriptive de l'environnement
politique et socio-économique général de la RDC. Ce
chapitre comprend aussi la présentation de différents aspects de
la région d'étude : la ville-province de Kinshasa.
La deuxième partie, basée sur des données
primaires issues des enquêtes, présente les principaux
résultats des investigations menées sur terrain. Le
troisième chapitre présente la situation de chaque acteur et son
activité. Le quatrième chapitre présente les analyses
financières de chaque acteur pendant chaque saison : sèche et
pluvieuse.
6
PREMIERE PARTIE
CADRE THEORIQUE ET CONTEXTE DE L'ETUDE
7
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE
L'ETUDE
Ce chapitre présente le cadre théorique, les
concepts et passe en revue la littérature en rapport avec le
thème d'étude.
1. DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
Afin de mener à bien cette étude, il est
indispensable d'harmoniser les idées que l'on se fait d'un certain
nombre de termes et expressions liés étroitement à la
présente recherche. Les termes et expressions à clarifier sont:
filière, chaîne de valeur, agent économique, analyse
économique et zone périurbaine.
1.1. Notion de filière
Le concept filière est né à partir des
travaux précurseurs de Davis et Golberg en 1957 à
l'Université d'Harvard appliqués au blé, au soja et aux
oranges. Pour Golberg, « l'approche filière (commodity
system) englobe tous les participants impliqués dans la production,
la transformation et la commercialisation d'un seul produit agricole.
La filière retrace d'abord la succession des
opérations qui, partant en amont du produit, aboutit en aval,
après plusieurs stades de transfert dans le temps, l'espace et la forme,
à un produit fini au niveau du consommateur.
1.2. Concept de chaîne de valeur
1.2.1. Définition
La chaîne de valeur est une approche systématique
visant à examiner le développement d'un avantage concurrentiel.
Le concept de chaine de valeur a été créé par
Michael Porter dans son livre « l'avantage concurrentiel » en 1986.
La chaîne se compose d'une série d'activités ajoutant de la
valeur. Elles aboutissent à la valeur totale fournie par une entreprise.
La marge représentée dans le diagramme ci-dessous est la valeur
ajoutée. Les activités de l'entreprise se divisent en deux
grandes familles : les « activités principales » et les «
activités de soutien ».
8
Figure 1 : Schéma classique de la Chaîne de valeur
(Porter, 1986).
La chaîne de valeur décrit l'ensemble des
activités nécessaires pour mener un produit ou un service de sa
conception, à travers différentes phases de production
(impliquant une succession de transformations physiques et d'utilisations de
divers services), à sa distribution aux consommateurs finaux, puis
à sa destruction après utilisation. La production, en tant que
telle, est seulement l'une des étapes permettant de créer de la
valeur ajoutée. Il y a un ensemble d'activités dans la
chaîne, toutes liées les unes aux autres (Kaplinsky et Morris,
2000).
D'après Stratégor (1993), la performance globale
de la chaîne de valeur peut être améliorée à
la fois par un renforcement de chaque maillon et par un renforcement des
liaisons entre les maillons (Tallec et Bockel, 2005).
La chaîne de valeur se réfère à la
gamme complète des activités qui sont nécessaires pour
amener un produit (ou un service), de la conception, à travers les
différentes phases de la production et de la livraison, au consommateur
final et à l'élimination après usage (Kaplinsky, 1999 ;
Kaplinsky et Morris, 2001). En outre, une chaîne de valeur existe lorsque
tous les intervenants dans la chaîne opèrent de manière
à maximiser la génération de valeur le long de la
chaîne.
Les activités principales de la chaine de valeur sont :
la logistique interne, la production, la logistique externe, les ventes et
marketing et les services. Tandis que les activités de soutien se
réfèrent à l'approvisionnement, au développement
technologique, la recherche et développement, la gestion des ressources
humaines et les infrastructures de l'entreprise.
9
1.2.2. Chaine de valeur et agriculture
L'approche chaîne de valeur est principalement un outil
descriptif permettant d'identifier les interactions entre les différents
acteurs. Comme outil descriptif, elle renferme divers avantages dans la mesure
où elle oblige l'analyste à considérer à la fois
les aspects micro et macro impliqués dans les activités de
production et d'échange. L'analyse des produits de base peut offrir un
meilleur aperçu des structures organisationnelles, des stratégies
de différents acteurs et une compréhension des processus
économiques qui sont souvent étudiés seulement au niveau
mondial (ignorant souvent une différenciation locale des processus) ou
au niveau national/local (minimisant souvent les plus grandes forces qui
façonnent un changement socio-économique et l'élaboration
des politiques).
Kaplinsky et Morris (2001) soulignent qu'il n'y a pas de
«bonne» façon d'effectuer une analyse de chaîne de
valeur, mais plutôt l'approche adoptée repose fondamentalement sur
la question de recherche. Néanmoins, quatre aspects de l'analyse de
chaîne de valeur appliqués à l'agriculture sont
particulièrement remarquables.
Tout d'abord, à son niveau le plus
élémentaire, une analyse de chaîne de valeur cartographie
systématiquement les acteurs participant à la production,
à la distribution, au marketing et aux ventes d'un produit particulier.
Cette cartographie évalue les caractéristiques des acteurs, du
profit et des structures de coût, des flux de marchandises tout au long
de la chaîne, les caractéristiques de l'emploi et de la
destination ainsi que les volumes des ventes domestiques et
étrangères (Kaplinsky et Morris, 2001). Ces détails
peuvent être recueillis à partir d'une combinaison des travaux
d'enquête primaire, des groupes de discussion, des évaluations
participatives en milieu rural, des entretiens informels, et des données
secondaires.
Deuxièmement, l'analyse de la chaîne de valeur
peut jouer un rôle clé dans l'identification de la
répartition des bénéfices des acteurs dans la
chaîne. C'est à travers l'analyse des marges et des
bénéfices dans la chaîne qu'on peut déterminer
à qui profite la participation dans la chaîne et dont les acteurs
pourraient bénéficier d'un soutien accru ou d'une organisation.
Ceci est particulièrement important dans le contexte des pays en
développement (et de l'agriculture en particulier), dont les pauvres
sont particulièrement vulnérables au processus de la
mondialisation (Kaplinsky et Morris, 2001). On peut compléter cette
analyse en déterminant la nature de la participation dans la
chaîne afin de comprendre les caractéristiques de ses
participants.
Troisièmement, l'analyse de la chaîne de valeur
peut être utilisée pour examiner le rôle de la modernisation
de la chaîne. La modernisation peut impliquer des améliorations
dans la qualité et la conception de produits qui permettent aux
producteurs de gagner une plus forte valeur. Elle comprend une
évaluation de la rentabilité des acteurs de la chaîne ainsi
que des informations sur les contraintes qui sont actuellement
présentes. Les questions de gouvernance jouent un rôle clé
en définissant la manière dont un tel renforcement se produit. En
outre, la structure de la réglementation, les barrières à
l'entrée, les restrictions
10
commerciales et les normes peuvent encore façonner et
influencer l'environnement dans lequel la modernisation peut avoir lieu.
Enfin, l'analyse de la chaîne de valeur peut mettre en
évidence le rôle de la gouvernance dans la chaîne de valeur.
La gouvernance dans une chaîne de valeur se réfère à
la structure des relations et des mécanismes de coordination qui
existent entre les acteurs de la chaîne de valeur. La gouvernance est
importante dans une perspective politique. Elle identifie les dispositions
institutionnelles qui peuvent avoir besoin d'être ciblées pour
améliorer les capacités dans la chaîne de valeur, de
corriger des distorsions de la répartition des revenus et d'augmenter la
valeur ajoutée dans le secteur. Les principales étapes d'une
chaîne de valeur agricole sont illustrées dans la figure
ci-dessous. Dans ce diagramme, les flèches découlent de
l'approvisionnement en intrants à tous les autres stades pour montrer
que c'est une fonction qui affecte tous les participants, non seulement au
niveau de l'exploitation agricole.
Approvisionnement en intrants
Production agricole
Assemblage
Transformation
Livraison finale
Figure 2.Étapes de la chaîne de
valeur agricole, (World Bank, 2008)
1.3. Agent ou acteur économique
En économie, les individus ou les groupes d'individus
qui interviennent dans la production, l'échange, la transformation ou la
consommation de produits sont appelés agents. Ces agents sont des
personnes, des familles, des groupes de personnes constitués en
association ou en entreprises, qui réalisent des fonctions
économiques. Ces fonctions économiques sont principalement la
production pour la vente et l'achat pour la consommation (Duteurtre et al,
2000).
On appelle « acteur économique » une cellule
élémentaire intervenant dans l'économie, un centre
autonome d'actions et de décisions. Il peut s'agir d'une personne
physique (paysan, commerçant, consommateur,...) ou d'une personne morale
(entreprise, organisation paysanne, organisme de développement, de
recherche, de financement) (Chiapo, 2008).
Terpend (1997) définit l'analyse économique
comme « l'analyse de l'organisation du système économique
d'un produit ou d'un groupe de produits, à la fois sur le plan
linéaire et complémentaire. C'est aussi l'analyse de la
succession d'actions menées par des acteurs, pour transformer, vendre et
consommer un produit ».
11
1.4. Rentabilité économique et valeur
ajoutée
La rentabilité économique exprime les avantages
ou les gains pour la collectivité dans son ensemble. La valeur
ajoutée par contre est la différence entre le produit et la
consommation intermédiaire (Muteba, 2016). La FAO (2005) définit
la valeur ajoutée comme la nouvelle valeur créée par une
activité de production. On peut retenir que c'est la valeur que l'agent
économique ajoute à celle des charges qui lui ont permis
d'assurer la production ou le service. Dans le cadre de cette étude, la
valeur ajoutée correspond à la somme des valeurs ajoutées
de différents maillons de la chaîne de valeur.
1.5. Zone périurbaine
Le nouveau petit Robert (2009) définit le terme
périurbain comme : « un espace situé aux abords d'une ville
». Un espace périurbain est tout espace situé autour des
villes, soumis à leur influence directe et susceptible d'être
significativement touché par les processus enclenchés par cette
proximité. L'espace périurbain décrit une mosaïque de
villages formant une sorte de troisième couronne urbanisée
à la périphérie des agglomérations,
caractérisée par un paysage de type rural. Les villages de cette
troisième couronne ont trois principales caractéristiques
(Philippes, 2004) :
? La population y augmente et la densité y est plus
forte que dans celle des villages ruraux plus éloignés des
centres urbains ;
? Une fraction non négligeable des populations qui y
résident ou qui y travaillent les quittent ou les rejoignent
quotidiennement ;
? Un double marché foncier opère dans cet espace
périurbain, celui des terres agricoles et celui de terre à
bâtir.
Cependant, le concept de zone ou interface périurbaine
ne peut pas être un concept statique, qui renverrait à des
délimitations distinctes et fixes. Les zones périurbaines sont en
évolution continue avec une double dynamique à l'oeuvre d'un
point de vue spatial : l'agrandissement (elles « grignotent » sur la
campagne) et le rétrécissement (elles sont « mangées
» par l'avancement de la ville).
2. FILIERE MANIOC EN RDC
2.1. Origine et description
Le manioc (Manihot esculenta, Manihot
glazziovi) appartient à la famille des Euphorbiacées. Il est
originaire du Nord-Ouest du Brésil et probablement de l'Amérique
centrale. On estime qu'il est cultivé dans ces zones depuis 9000 ans.
Comme certains autres membres de la famille, notamment l'hévéa
qui fournit le caoutchouc, il contient un latex blanc. Il a été
introduit en Afrique de l'Ouest et dans le bassin du Congo par les portugais
dans la seconde moitié du seizième siècle. En Afrique de
l'Est, cette culture n'est pas apparue avant le dix-huitième
siècle. C'est seulement au cours de ce siècle que le manioc a
été largement
12
répandu à travers l'Afrique par les
autorités coloniales du fait qu'il constituait une réserve
idéale contre la famine. Il est aujourd'hui cultivé partout sous
les tropiques (Purseglove, 1987).
Le manioc se présente sous la forme d'un arbuste de 1
à 4 m environ de hauteur. Son produit principal est la racine
tubérisée. Son second produit, la feuille, caduque, alterne et
palmilobée, mesure 10 à 20 cm de long et constitue
également un aliment apprécié. Elle est un des
résidus intéressants de la plante. Riche en protéines
(17,7% à 38,1% en poids sec) et en nutriments (vitamines B1, B2 et C et
en minéraux), elle peut participer à la lutte contre
l'insécurité alimentaire et la dénutrition qui
prévalent dans les pays en développement. Le manioc intervient
pour environ un tiers dans la production totale d'aliments de base en Afrique
subsaharienne (Purseglove, 1987)
2.2. Place du manioc dans le PNIA
Le Programme National d'Investissements Agricoles (PNIA) a
été initié dans l'application des recommandations et des
engagements pris dans le cadre du Programme Détaillé de
Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) qui est le volet
agricole du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique
(NEPAD). La relance du secteur agricole fait partie du Deuxième
pilier du Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction
de la Pauvreté (DSCRP 2): « Diversifier l'économie,
accélérer la croissance et promouvoir l'emploi ».Ce
pilier fait référence aux politiques de production des richesses
et de développement des infrastructures de soutien aux activités
de production ainsi que celles liées à la redynamisation de ces
activités.
Le coût total du PNIA de la République
Démocratique du Congo sur la période allant de 2013 à 2020
est estimé à 5 474,2 millions USD dont 1 532,8 millions USD entre
2013 et 2015, soit 28% du budget estimatif total et 3 941,4 millions USD de
2016 à 2020, représentant 72% (RDC, 2013).
Le manioc, en tant que principale culture vivrière en
RDC, est mentionné dans le Programme National d'Investissements
Agricoles (PNIA) dans le sous-programme 1.1. « Développement des
filières végétales » dont le coût total est
estimé à 1936,7 millions USD. En effet, le manioc, le maïs,
le riz, la banane plantain, le haricot et l'arachide ont été
identifiés par le Ministère de l'agriculture comme les
principales cultures vivrières dont il faut augmenter la
productivité afin d'assurer les besoins du pays en produits vivriers.
2.3. Importance économique de la filière
manioc en ROC
Le manioc, tant sur l'aspect racine que feuille, reste de loin
la principale culture vivrière en RDC. Il a une importance centrale dans
le régime alimentaire des Congolais. Il se place en tête de toutes
les cultures quant au volume produit. Le manioc est particulièrement
cultivé dans le Nord-Ouest du pays (les anciennes provinces du
Bas-Congo, Bandundu, Équateur, Kasaï et Province Orientale). Il
occupe 50 % des terres cultivées et compte environ 80% des
13
tonnages produits en racine tubéreuse. Aucune autre
culture, même le maïs, seconde culture en importance ou la banane
plantain, n'atteint une production de 10% de la production totale du pays. La
production totale actuelle est estimée à 15 millions de tonnes ;
cependant, son importance semble diminuer au profit des céréales,
notamment le maïs et le riz (MINAGRI, 2009).
La RDC fait partie des cinq premiers producteurs du manioc au
monde et paraît être autosuffisante en cette matière. Ainsi,
aucune importation de manioc n'est enregistrée dans le pays. Le manioc
de la RDC et ses produits dérivés sont destinés à
la consommation nationale et éventuellement des pays frontaliers (la
République du Congo, la Centrafrique et l'Angola) (Kinkela et al.,
2009).
Le manioc est cultivé à travers tout le pays. La
production est plus élevée dans le Nord du pays (Nord des
anciennes provinces de l'Equateur et de la Province Orientale), l'Ouest
(l'ancienne province du Bandundu et le Kongo-Central) et le Centre (les deux
anciennes provinces du Kasaï). La production totale des racines
tubéreuses à partir de 2006 est estimée à 15
millions de tonnes. Elle a régressé à partir de 1992
où elle s'élevait à 20 millions de tonnes. Les rendements
moyens - situés entre 7 et 8 t/ ha - sont très faibles à
cause de l'utilisation très répandues de variétés
traditionnelles à faible productivité et sensibles aux maladies
et ravageurs (notamment la mosaïque, l'anthracnose et la cochenille
farineuse) ainsi que l'utilisation de techniques culturales inadéquates
(Kinkela et al., 2009).
La production du manioc en RDC est assurée par deux
secteurs : traditionnel et moderne. Le secteur traditionnel domine très
largement la production nationale. Il se caractérise par de petites
exploitations familiales (entre 0,10 et 0,20 ha) dans lesquelles le manioc est
associé à d'autres cultures vivrières (Kinkela et al.,
2009)
Les exploitations modernes occupent des superficies variant
entre 5 et 10 ha et même plus. Elles utilisent une main d'oeuvre
rémunérée, des variétés
améliorées et des engrais. Les rendements se situent entre 20 et
25 tonnes/ha. Ce type d'exploitations se retrouve surtout autour de grands
centres urbains (Kinkela et al., 2009).
2.4. Consommation et utilisation des feuilles de manioc en
RDC
Dans certains pays comme l'Angola, le Gabon, le Liberia, la
Sierra Leone et dans le bassin du Congo, la consommation des feuilles de manioc
est très répandue. Les feuilles de manioc se placent au premier
rang de tous les légumes-feuilles consommés en RDC et à
Kinshasa en particulier où un ménage de 7 à 8 personnes
consomme près de 4 kg de feuilles de manioc par semaine (Kinkela et
Khonde, 2001).
Selon Muteba (2014), les feuilles de manioc restent le
légume le plus consommé dans toutes les classes sociales et
cultures confondues. Seule la production de feuilles surgelées est
principalement destinée à l'export. Elles sont en effet
exportées pour le marché de la diaspora africaine en Europe et
principalement en Belgique (Kinkela, 2009).
14
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET METHODOLOGIE
1. MILIEU D'ETUDE
La performance d'une filière ne dépend pas
seulement de ses caractéristiques internes mais aussi et surtout du
contexte général dans lequel les différents acteurs
impliqués agissent (Mpanzu, 2012).
Le présent chapitre présente le contexte
général de notre milieu d'étude ainsi que la
méthodologie utilisée pour réaliser ce travail. La
présentation du milieu d'étude s'articule autour de deux points :
dans un premier temps il est question de la présentation de la
ville-province de Kinshasa entant que zone d'étude et dans un second
temps celle des sites d'enquête. Ces présentations prennent en
compte aussi bien les aspects physiques (climat, sol,
végétation...) que socio-économiques (démographie,
revenu.)
L'étude s'est focalisée essentiellement sur la
production, la commercialisation et la transformation des feuilles de manioc
à Kinshasa et dans sa périphérie.
1.1. Présentation de la ville-province de
Kinshasa
Kinshasa est la capitale et la plus grande ville de la
République Démocratique du Congo (RDC). Elle a à la fois
le statut administratif de ville et de province. Située sur la rive Sud
du fleuve Congo, au niveau du Pool Malebo, Kinshasa fait face à la
capitale de la République du Congo, Brazzaville. Par sa superficie et sa
population, elle est l'une des plus grandes villes d'Afrique et du monde.
1.1.1. Aspect géographique
La ville-province de Kinshasa est située à
4°19'54» de latitude Sud et 15°18' de longitude Est. Construite
sur une altitude de 300 m au-dessus de la mer, sa superficie est de
9.965km2. Elle a pour voisins au Nord la province du Mai-Ndombe et
à l'Est les provinces de Kwilu et Kwango, au Sud et au Sud-Ouest la
province du Kongo-Central et à l'Ouest la République du Congo.
Elle a un climat du type AW4 suivant la classification de Koppën, climat
tropical humide soudanien avec deux saisons, une saison sèche
s'étendant sur quatre mois (mi-Mai à mi-Septembre) et une saison
de pluie de huit mois (mi-Septembre à mi-Mai) avec une courte
sécheresse entre Janvier et Février.
Le réseau hydrographique est composé des
rivières de diverses dimensions qui prennent sources principalement dans
les collines ; elles coulent du Sud vers le Nord, baignent la plaine et se
jettent dans le fleuve Congo, notamment au niveau de pool Malebo. Ces
rivières sont soit de source locale comme Kalamu, Gombe, Maluku et Funa
soit de source allogène comme N'djili, N'sele, Mai-Ndombe, Lufini et
Bombo-Lumene (Nzuzi, 2008).
La végétation de la province urbaine de Kinshasa
est essentiellement faite de savanes, parsemées d'arbustes et des
galeries forestières.
.
15
Les caractéristiques des sols de la ville-province de
Kinshasa sont fonction de la structure géomorphologique de l'endroit
où l'on se trouve. Ainsi, elles sont différentes sur le massif
des plateaux de Batéké, sur les collines, dans les plaines ou
dans les marécages. Les sols des plateaux de Batéké sont
homogènes au point de vue matériau parental appartenant au
système du Kalahari. Ils sont constitués des sables fins (50
à 60 %) avec des faibles teneurs en argile (20 %). Ce sont des
hydro-xero-arenoferrals caractérisés par la pauvreté
minérale des horizons superficiels et une faible teneur en
matière organique. Principalement sablonneux, ce sol présente une
faible utilité pour les activités agricoles. Ainsi, aucun produit
agricole ne caractérise cette province qui est alimentée en
produits agricoles provenant pour la plupart des provinces de Kongo-Central,
Kwilu, Kwango, Mai-Ndombe, Equateur, Tshuapa, etc. (PNUD, 2009).
Cependant avec un climat tropical humide où la
température moyenne varie de 22,5°C à 25°C, le plateau
de Batéké et le fleuve Congo, cette ville-province a
d'importantes possibilités de développer des cultures
maraîchères, la pêche, l'élevage et l'activité
piscicole (FEC, 2007).
1.1.2. Aspect administratif
Administrativement, Kinshasa est subdivisé en 24
communes et 326 quartiers. La ville-province de Kinshasa est
gérée par un Gouvernement Provincial dirigé par un
Gouverneur assisté d'un Vice-gouverneur, tous deux élus par
l'Assemblée Provinciale. Ils sont assistés par 24 Bourgmestres
administrant les communes.
Carte 1. Carte de la ville de Kinshasa : subdivision
administrative
Source :
http://belgeo.revues.org/docannexe/image/7349/img-6-small580.png
16
1.1.3. Perspectives démographiques et structure de
la population kinoise 1° Perspectives démographiques
kinoises
Kinshasa est l'une des villes de l'Afrique subsaharienne qui
connait une croissance sans précédent de la population,
accompagnée des modifications de l'environnement physique significative.
Rapide depuis 1945, la croissance démographique devient fulgurante
après l'indépendance : 1 millions en 1967, 3 millions en 1985, 5
millions en 1996, 8 millions en 2010 contre plus de 10 millions actuellement
(soit 15% de la population du pays).
1920 1936 1938 1939 1947 1957 1959 1967 1968 1970 1974 1976 1984
1991 1994 2003 2005 2012
Evolution de la population de Kinshasa (1920 -
2012)
10000000 9000000 8000000 7000000 6000000 5000000 4000000 3000000
2000000 1000000
0
|
|
|
|
|
Population
|
Figure 3 : Courbe de l'évolution de la population de
Kinshasa (1920 - 2012) (Ministère du plan, 2014).
Kinshasa qui regroupait 21 % des citadins en 1984, concentrent
aujourd'hui près de 40 % de la population urbaine du pays. Le taux de
croissance annuel estimé à 3,1% en 1984 est aujourd'hui de 4 %.
Si les tendances actuelles se confirment, la capitale Congolaise aura la
croissance la plus forte du monde d'ici 2025 (46 % entre 2010 et 2025) pour
atteindre presque 17 millions de personnes dépassant ainsi Lagos et Le
Caire. Ces données statistiques soulèvent une quantité de
préoccupations liées aux questions de sécurité
alimentaire, aux effets environnementaux, au surpeuplement et au chaos
politique et social qui en résulteraient.
2° Structure de la population par sexe et par
ménage
Si les principales caractéristiques
démographiques sont similaires dans tous les milieux de résidence
en République Démocratique du Congo, Kinshasa se distingue par
une population relativement plus âgée (l'âge médian y
est de 21 ans), avec une prépondérance des classes d'âge
actif : 58,2% des Kinois ont entre 15 et 29 ans. C'est également
à Kinshasa que la proportion de femmes est la plus élevée
(52,6%) et la part des migrants la plus faible (Ministère du Plan,
2014).
17
On dénombre plus de 15 millions de ménages en
RDC dont 11,7% vivent à Kinshasa. La taille moyenne d'un ménage
à Kinshasa est de 5,2 personnes avec une proportion importante des
ménages de dix personnes et plus : elle est deux fois supérieure
à celle observée en milieu rural (8,2% contre 4,1%). La capitale
se distingue également par la plus forte proportion des ménages
dont le chef est une femme (25,6%) (Ministère du Plan, 2014).
1.1.4. Indicateurs socio-économiques 1.1.4.1.
Pauvreté et conditions de vie
La population congolaise, dans sa majorité, vit en
dessous du seuil de pauvreté (65,6%), malgré les performances
encourageantes obtenues à la suite de la mise en route de grandes
réformes économiques. A Kinshasa, même si l'incidence
globale de pauvreté s'est améliorée entre 2005 et 2012,
passant de 41,9% à 36,8% (soit une diminution de 13,9%), il faut
signaler que les kinois en général vivent dans un état de
précarité et de pauvreté très avancé sur
tous les plans : monétaire, non monétaire (Ministère du
plan, 2014).
1.1.4.2. Emplois et revenus
L'emploi à Kinshasa relève du secteur public
(Administration publiques et Entreprises parapubliques), du secteur
privé formel et du secteur informel (non agricole et agricole). C'est
évidemment, comme dans la plupart des villes africaines, le secteur
informel non agricole qui occupe la première place : 61,1% des actifs
occupés y sont employés, suivi du secteur de l'administration
publique (15,4%) et du secteur privé formel (15,1%). S'agissant de la
structure par branche d'emplois, c'est le secteur tertiaire qui
prédomine avec 83% à Kinshasa. Le secteur industriel emploie
14,6% des actifs contre 2,3% pour le secteur primaire (RDC, 2013). En ce qui
concerne le revenu, comme dans les autres capitales d'Afrique subsaharienne, la
législation en termes de minimum salarial est peu contraignante. Parmi
les actifs occupés, plus d'un tiers gagnent moins du SMIG
(Ministère du Plan et INS, 2014).
1.1.5. Agriculture
Quatre zones constituent le grenier de la ville en ce qui
concerne la production des cultures vivrières. Il s'agit de la
vallée de Kimwenza, de CECOMAF à N'djili, de la rivière
Tshuenge où se pratique la culture maraîchère et le Plateau
de Batéké où l'on produit des vivres tels que le manioc,
le maïs, le riz, les fruits et l'arachide. La faible étendue (2000
km2) et l'état du sol (sablonneux) du plateau de
Batéké affectent le rendement de ce secteur pour la ville de
Kinshasa. Outre son hinterland immédiat, la ville dépend des
produits vivriers qui viennent de l'intérieur du pays et même des
pays étrangers. C'est dans la banlieue de la capitale que se pratique
à grande échelle l'élevage. On y note la présence
des activités avicoles, l'élevage du petit bétail (porcin,
caprin) et parfois du bovin. Par rapport à la demande locale, la
production animale issue de ces fermes reste largement faible (Mbuyamba,
2011).
18
La capitale dispose du Pool Malebo où se pratique la
pêche. Les pêcheurs sont pour la plupart mal équipés.
Suite à l'absence des infrastructures de conservation
appropriées, les poissons frais locaux sont rares, coûteux et
moins consommés par rapport aux poissons importés congelés
et moins chers.
Les crédits alloués à l'agriculture par
le budget national étant généralement de moins de 3% des
dépenses publiques totales, le financement de ces services
pléthoriques a consacré leur faible efficacité à
côté de la moindre motivation de leurs travailleurs. Le nombre est
insuffisant des cadres bien formés en leur sein ainsi que le manque de
continuité des politiques adoptées (Mpanzu, 2007). Ntoto (2009)
estime que les performances actuelles de l'agriculture congolaise
résultent essentiellement d'un certain nombre de faiblesses techniques,
financières et institutionnelles.
1.1.6. Consommation et habitudes alimentaires
Plusieurs études réalisées à
Kinshasa ont traité de la question de la consommation alimentaire des
kinois. Il s'agit essentiellement des travaux d'études de Houyoux de
1986, les travaux de Goossens en 1996, l'enquête CEPLANUT en 2000,
l'enquête 1-2-3 du Ministère du plan et l'INS en 2005,
l'enquête 1-2-3 du Ministère du plan et l'INS en 2012 et
l'étude de Muteba en 2014.
Il convient de noter que la population kinoise est
hétérogène du point de vue ethnique. Les populations de
diverses origines ont pu relativement conserver leurs habitudes de
consommation. Ainsi toutes choses étant égales par ailleurs, un
changement dans la composition ethnique de la population de Kinshasa pourrait
induire des modifications de comportement de la demande des produits vivriers.
C'est ainsi que GOOSSENS (1996) remarqua que dans la ville de Kinshasa, le
repas de base d'une personne en insécurité alimentaire comprend
de la pâte de manioc consommée avec des légumes-feuilles
qui sont généralement les feuilles de manioc et parfois dans la
mesure du possible, avec une sauce sur base d'huile de palme, d'oignon, de
tomate et de pili-pili.
Malgré des différences dans les habitudes
alimentaires, les feuilles de manioc localement appelées « pondu
», restent cependant le légume le plus consommé dans la
ville-province de Kinshasa et ce, toutes classes sociales et tribus confondues
avec toutefois des variantes sur les mets et ingrédients utilisés
(Muteba, 2014).
1.2. Présentation de la zone d'étude
Les enquêtes sur la production des feuilles de manioc
ont été menées dans la zone périurbaine de
Kinshasa, en l'occurrence les communes de Maluku (les quartiers de Menkao au
plateau de Batéké et de Mangengenge à Maluku centre), de
Ndjili (site de Ndjili Brasserie), le territoire de Kasangulu au Kongo-Central,
les marchés de Matamba, UPN, Ngaba et Mbanza-Lemba ainsi que quelques
supermarchés de la ville.
19
Les investigations sur la commercialisation et la
transformation des feuilles, ont été réalisées dans
la zone urbaine, essentiellement dans les marchés secondaires (Matamba
et UPN) et tertiaires (Ngaba et Mbanza-Lemba) et les supermarchés
(GGmark, Monia, Jiji). Le choix porté sur ces marchés et
supermarchés se justifie par la présence des quantités
importantes des feuilles de manioc.
1.2.1. Commune de Maluku
Maluku est de loin la commune la plus étendue de la
province de Kinshasa. Elle représente en effet, 79% du territoire. Elle
est située au Nord-Est de la province en amont du Pool Malebo. Sa
superficie est de 7.949km2, c'est la commune dans laquelle on
retrouve le plus d'autochtones de la région, les Téké. Les
enquêtes dans la commune de Maluku se sont effectuées dans deux
quartiers : Menkao et Mangengenge.
1.2.1.1. Menkao
Administrativement, Menkao est un quartier rural de la commune
de Maluku situé le long de la route nationale 1, après N'sele
Bambu (Antenne) en allant vers la province du Kwango. Il fait partie du Plateau
de Batéké. Menkao se trouve à 55 km de l'aéroport
international de N'djili et compte les grandes parties ci-après Menkao
II, Menkao IV, Menkao Centre et Talangayi. Les habitants de Menkao sont
majoritairement agriculteurs. Ils cultivent principalement le manioc, le
maïs, la patate douce, le haricot et l'arachide.
La destination des produits agricoles de ce village est la
ville de Kinshasa notamment les communes du district de la Tshangu. Parmi les
problèmes que rencontrent les agriculteurs de Menkao, il y a la
pénurie d'eau, le manque de mécanisation et d'outils agricoles
appropriés ainsi que le non accès au crédit agricole
(Mbuyamba, 2011).
1.2.1.2. Mangengenge
Le quartier Mangengenge est situé le long du fleuve
avec plusieurs îlots en son sein qui servent d'espace agricole aux
maraichères. En dehors de ces îlots, plusieurs parcelles
d'habitation sont converties en terrain agricole pour cultiver les feuilles de
manioc. La production de ce quartier est principalement vendue aux
marchés de Matamba et de Bitabe dans la commune de Masina. Les
producteurs des feuilles dans ce site sont tous grossistes.
1.2.2. Commune de N'djili
La commune de N'djili est située dans la partie Est de
la ville de Kinshasa. Elle a une superficie de 11,4 km2. Sa
population est estimée à plus ou moins 442.138 habitants avec une
densité moyenne de 13.773 hab/km2. La commune de Ndjili
comporte 13 quartiers parmi lesquels 7 sont urbanisés et 6
non-urbanisés. Elle constitue par sa situation géographique le
pôle d'attraction de la zone Sud de la ville de Kinshasa (Lelo et
Tshimanga, 2004).
20
Dans les 6 quartiers non urbanisés, il y a ce qu'on
appelle N'djili brasserie. C'est un site agricole exploité le plus
souvent par les maraichers, à cause de la présence de l'argile et
de la grande rivière N'djili. En plus du maraichage, les agriculteurs
produisent le manioc (Manihot glazziovi) comme culture principale pour
la plupart.
1.2.3. Territoire de Kasangulu
Kasangulu est situé à 4°35' de latitude Sud
et 15°11' de longitude Est avec une superficie de 4.680 km2.
C'est un territoire et une localité de la province du Kongo-Central
frontalier de Kinshasa. La distance à vol d'oiseau de Kinshasa est de
32,8km. Les habitants de Kasangulu sont majoritairement agriculteurs. Ils
cultivent principalement le manioc, le maïs et l'arachide. La destination
des produits agricoles du territoire de Kasangulu est la ville de Kinshasa
notamment les communes des districts de la Lukunga et du Mont-Amba. De
là, ils seront distribués dans toute la ville de Kinshasa.
1.2.4. Marchés secondaires : Matamba et UPN
Le marché de Matamba est situé à l'Ouest
de l'aéroport de N'djili, dans la commune de Masina au quartier Siforco.
Ce marché, situé le long du boulevard Lumumba, est le plus grand
centre de distribution des feuilles de manioc dans la capitale d'où le
terme « Matamba », qui signifie, feuille de manioc en tshiluba. Les
producteurs venus de Maluku et du plateau de Batéké livrent leurs
marchandises aux grossistes et détaillants à Matamba, qui
à leur tour les vendent au même endroit aux consommateurs. C'est
un marché opérationnel déjà à partir de 5h00
pour se fermer à 20h00 voire 21h00.
Le marché d'UPN se trouve au rond-point UPN dans la
commune de Ngaliema. C'est parmi les grands centres de distribution des
produits vivriers (feuilles de manioc notamment) en provenance du Kongo-Central
en général et du territoire de Kasangulu en particulier. Ce
marché a une particularité : tous les vendeurs des feuilles de
manioc enquêtés sont des habitants de Kasangulu.
1.2.5. Marchés tertiaires : Ngaba et
Mbanza-Lemba
Le marché de Ngaba est situé le long de l'avenue
Kianza entre l'ex-maison communale de Ngaba et le rond-point Super-Lemba. On y
rencontre plus de trois points de transformation semi-industrielle des feuilles
de manioc.
Celui de Mbanza-Lemba est situé au Sud-Est de
l'université de Kinshasa. Les produits vivriers de ce marché sont
produits dans les communes semi-urbaines voisines, à l'instar de
Kinsenso et N'djili. Ce marché regorge beaucoup de machines de
transformation des feuilles de manioc dans la contrée. Les principaux
clients de ces transformateurs sont des étudiants habitants le campus de
l'UNIKIN qui n'ont pas le temps de piler le « pondu ».
21
1.2.6. Supermarchés
Les supermarchés enquêtés dans la ville de
Kinshasa sont Monia et Jiji dans la commune de Limete et GGmark dans la commune
de la Gombe. Ces supermarchés vendent les feuilles de manioc. Ils
s'approvisionnent auprès des transformateurs, à l'exemple de
GGmark, ou alors ils transforment eux-mêmes, c'est le cas de Jiji ou
encore ils produisent et transforment comme l'est Monia.
2. METHODOLOGIE
2.1. Méthodes de collecte des données
Devant l'insuffisance des statistiques fiables sur la chaine
de valeur « feuille de manioc » en RDC, l'étude s'est
essentiellement basée sur les données primaires obtenues à
la suite des enquêtes menées sur terrain de manière
progressive durant la période d'août à décembre
2016. Parallèlement à ces enquêtes classiques, d'autres
techniques de collecte des données ont été
employées pour enrichir les analyses. Il s'agit de la documentation et
de la pesée de différentes unités locales de vente des
feuilles de manioc achetées dans différents marchés.
2.1.1. Documentation
Il s'est agi ici de la consultation des livres, des articles
ainsi que de certains rapports et sites Web, pour avoir des données
secondaires utiles à ce travail mais également des
éléments sur la revue de la littérature.
2.1.2 Enquête
2.1.2.1. Préenquête
Une phase préliminaire a été
nécessaire pour tester le questionnaire préalablement
conçu. Les différents sites ont ainsi été
sillonnés, les observations faites et quelques acteurs interrogés
de manière informelle. Ces premiers renseignements ont permis de cerner
l'organisation de différents marchés. Cette première phase
a aussi permis d'établir la structure des enquêtes proprement
dites (modalités, pratiques d'observation, personnes à interroger
et renseignements à chercher) et d'ajuster les outils de collecte des
données.
2.1.2.2. Enquête proprement dite
La première enquête a porté sur
l'identification des différents moyens d'exploitation et de production
des feuilles de manioc, les conditions de stockage et de conservation, les
pratiques de commercialisation ainsi que l'identification des contraintes
rencontrées par les producteurs.
22
La deuxième enquête a concerné les
commerçants de gros et de détail. Cette enquête a
porté sur l'identification des différentes variétés
de feuilles de manioc vendues, leurs provenances ainsi que les conditions de
commercialisation. Les entretiens ont eu lieu sur les lieux de travail de
commerçants afin de compléter certaines informations par
l'observation.
La troisième enquête a ciblé les
supermarchés et les unités de transformation des feuilles. Il
était question d'identifier la chaine d'approvisionnement en
matière première, les conditions de stockage et la
préservation de la qualité du produit, les pratiques de
commercialisation et le potentiel du marché. L'enquête a donc
permis de cerner le diagramme de transformation des feuilles de manioc et
d'identifier les contraintes par les transformateurs.
La quatrième enquête s'est focalisée sur
les transporteurs des feuilles de manioc. Il a eu pour objectif
d'apprécier le niveau de spécialisation du transport,
d'identifier les précautions prises pour préserver la
qualité des feuilles durant le transport, étant donné leur
périssabilité. Outre les acteurs cités ci-haut,
l'étude s'est aussi intéressée à enquêter sur
l'environnement institutionnel dans lequel évolue la filière
feuille de manioc. Ainsi, quelques agents du Ministère de l'agriculture
et de l'Institut International pour Agriculture Tropicale (IITA) ont
été contactés et interviewés.
Au ministère de l'agriculture, c'est la Direction des
Statistiques Agricoles qui a été contacté. Il a
été question de collecter les données secondaires sur la
production des feuilles de manioc à Kinshasa. A l'IITA, il a
été question d'avoir les noms scientifiques des
variétés rencontrées sur le terrain et qui sont
généralement désignées par des noms locaux. Les
enquêtes menées dans le cadre de ce travail ont été
essentiellement qualitatives.
2.1.3. Approche qualitative
2.1.3.1. Présentation de l'approche
L'étude qualitative, autrement appelée
étude de motivation, est une approche qui vise à comprendre et
à expliquer le comportement des acteurs. Pour cela, elle essaie de
connaitre les motivations des individus, d'en identifier la nature et d'en
mesurer l'intensité. Là où la recherche quantitative
s'attache à mettre des faits en lumière, la recherche qualitative
s'attache à expliquer ces faits en sollicitant efficacement
l'information de la part de son interlocuteur, en l'aidant à clarifier
et à exprimer ses convictions et ses mobiles profonds (Denruyter,
1992).
Les informations sont recueillies par voie d'entretiens
individuels sur base d'un guide d'interview auprès d'un très
petit nombre d'individus, choisis arbitrairement et sur une base non
systématique en fonction des critères sociodémographiques
généralement, mais sans souci de représentativité
(Denruyter, 1992).
23
Il convient de rappeler que l'enjeu d'une étude
qualitative ne se situe pas dans le nombre des sujets interrogés mais
bien dans la manière de les interroger et d'analyser leurs propos. Ainsi
la taille de l'échantillon repose sur le critère de «
saturation » comme critère d'arrêt. Ce critère conduit
à arrêter l'enquête dès que l'on constate que la
dernière interview réalisée n'apporte plus d'informations
nouvelles.
2.1.3.2. Déroulement des
investigations
Les enquêtes ont été menées
progressivement d'août à décembre 2016. La technique
utilisée était l'interview directe avec les producteurs, les
commerçants grossistes et détaillants, les transformateurs et les
transporteurs.
2.1.3.3. Echantillonnage
Les personnes enquêtées ont été
contactées et selon leur disponibilité, l'entretien a
été mené. Sur base du principe de saturation, un total de
6 producteurs a été interviewé dont 1 à Kasangulu,
1 à N'djili brasserie, 1 à Maluku et 3 au plateau de
Batéké ; 12 commerçants enquêtés dont 4 au
marché d'UPN (2 grossistes et 2 détaillants), 2 marchands
ambulants à Salongo et 6 au marché de Matamba à Masina (4
grossistes et 2 détaillants) ; 3 transporteurs au marché de
Matamba ; 8 transformateurs dont 5 sont des supermarchés, 2 points de
transformation au niveau des marchés de Ngaba et Mbanza-Lemba et une
unité de transformation industrielle.
2.1.3.4. Analyse de l'information et
interprétation des résultats
L'analyse de l'information a été
réalisée suivant un processus cyclique et interactif (Miles et
Huberman, 2003). Elle se compose de trois flux courants d'activités :
- La condensation des données : il s'agit d'un
processus de sélection, de simplification et de transformation des
données brutes ;
- La présentation des données : il consiste en
un assemblage organisé d'informations qui permet de tirer des
conclusions ;
- L'élaboration et la vérification des
données : il est question de faire parler les données
collectées.
L'analyse thématique sera privilégiée
dans le cadre de la présente étude. Cela consiste à
découper et organiser le discours selon les thèmes repris dans le
guide d'entretien. Ce qui permet la rédaction d'une synthèse
d'observations pour chaque thème. L'interprétation des
résultats ou des observations par thème consiste à
décrire mais aussi à donner du sens aux phénomènes
observés (établir des contrastes, des comparaisons,
repérer les relations entre les variables, etc.).
24
2.2. Cadre théorique de référence
2.2.1. Approche d'analyse des acteurs selon le
paradigme SCP
Les fondements de l'analyse du paradigme SCP «
structure-comportement-performance » ont été mis au point
avant la seconde guerre mondiale par Mason (1936). Les recherches de Bain
(1959), Scherer et Ross (1936) ont permis une formulation actuelle du paradigme
SCP. Le paradigme SCP stipule que dans une activité donnée, les
conditions de base permettent à caractériser les structures,
lesquelles induisent des comportements donnés qui contribuent à
atteindre des performances déterminées.
La présente étude s'intéressant aux
stratégies développées par les acteurs au cours du passage
du produit agricole, du stade productif à celui de la transformation
jusqu'à la consommation, met l'accent sur le mécanisme de la
régulation de la chaine à travers les structures, l'organisation
et le fonctionnement des marchés. Les performances de la chaine sont
déterminées à travers les coûts, les marges et les
rentabilités.
2.2.2 Analyse de la chaine de valeur
L'analyse de la chaine de valeur est un outil pour comprendre
les dynamiques, les opportunités et les contraintes des marchés
de produits prometteurs. Selon John Humphrey (2002), l'approche de la chaine de
valeur s'appuie sur quelques idées fondamentales (Fries et Akin, 2004)
:
- Les produits passent à travers une chaine de valeur
ou une séquence d'activités, avec une valeur ajoutée
à chaque étape de la conception, aux intrants à
transformer, pour atteindre le marché final ;
- La mondialisation accrue a contribué à la
dispersion de ces activités sur de grandes distances ;
- Dans les chaines dominées par la concentration
croissante et l'influence des détaillants, la valeur est de plus en plus
tirée par la différenciation des produits et l'innovation qui
réduit les coûts et accroît l'importance de
l'approvisionnement fiable.
Depuis quelques années, l'analyse des chaines de valeur
se révèle comme un instrument fort utile s'inscrivant, notamment,
dans l'optique de relation de petits agriculteurs aux marchés. L'analyse
de la chaine de valeur peut donc être considérée comme un
des éléments fondamentaux pour comprendre la dynamique des
marchés locaux, les relations internes et les principaux facteurs qui
freinent ou favorisent l'agriculture (Mpanzu, 2012).
Selon McCormick (2001), la méthode la plus essentielle
et le noyau, de n'importe quelle analyse de chaine de valeur, est la
cartographie de cette dernière. Basée sur une carte de chaine de
valeur, les analyses additionnelles peuvent s'avérer nécessaires,
selon les besoins de l'information. On distingue trois tâches suivantes
:
- la cartographie de la chaine de valeur ;
- la description et la quantification de la chaine ; - l'analyse
économique de la chaine de valeur.
25
Cartographier la chaine de valeur signifie
dessiner une représentation visuelle du système de chaine de
valeur ajoutée. Les cartes identifient des opérations
commerciales (fonctions), les opérateurs de la chaine et leurs
relations, aussi bien que les supporteurs de la chaine de valeur. Les cartes de
chaine sont le noyau de toute analyse de chaine de valeur ajoutée et
donc nécessaire.
Quantifier et décrire les chaines de valeur en
détail inclut attacher des nombres à la carte de la
chaine de base, par exemple numéroter les acteurs, le volume du produit
ou des quotas de marché des maillons particuliers de la chaine. Selon
l'intérêt spécifique, les analyses spécifiques de la
chaine se focalisent sur tout aspect pertinent, par exemple les
caractéristiques des acteurs particuliers, des services ou des
conditions du cadre politique, institutionnel et juridique favorisant ou
entravant le développement de la chaine.
L'analyse économique de la chaine de valeur
est la performance de la chaine en termes d'efficacité
économique. Ceci inclut la détermination de la valeur
ajoutée à travers les étapes de la chaine de valeur
ajoutée, du coût de production et, si possible, du revenu des
opérateurs. Un autre aspect est les coûts de transaction.
26
DEUXIEME PARTIE
PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION
27
CHAPITRE III : ANALYSE DE PRINCIPAUX ACTEURS DE LA
CHAINE DE VALEUR ET LEURS ACTIVITES
Selon les statistiques agricoles officielles, au niveau
national, la culture du manioc occupe la première place, en volume, et
représente près de 75% de la production vivrière totale du
pays. C'est la culture de la réalisation de la sécurité
alimentaire étant donné qu'elle est produite, transformée,
commercialisée et consommée dans toutes les provinces avec toutes
les implications de revenus induits par les différents produits et
services occasionnés (Khonde, 2001).
Les feuilles de manioc font partie des produits de manioc les
plus consommés et dont la chaine de valeur implique un grand nombre
d'acteurs (principalement les producteurs, les commerçants, les
transporteurs, les transformateurs). Le présent chapitre présente
les différentes facettes de la chaine de valeur de feuilles de manioc
avec comme trame de fond la structure et la performance de cette chaine de
valeur très étudiée jusqu'ici.
3.1. CARTOGRAPHIE DES ACTEURS DE LA CHAINE DE
VALEUR
Comme illustrée dans la figure ci-dessous, la
chaîne de valeur "feuilles de manioc" en RDC est animée
respectivement par : les producteurs, les commerçants (grossistes et
détaillants), les transformateurs et consommateurs des feuilles (les
ménages). Le consommateur achète les feuilles fraiches
auprès du détaillant, les feuilles moulues au supermarché
et les feuilles préparées au restaurant.
Les producteurs sont au début de la chaîne. Ils
assurent l'approvisionnement de tous les autres acteurs. La transformation se
fait de deux manières : la première consiste en la transformation
des feuilles fraiches en feuilles moulues congelées. Elle est
réalisée soit par le producteur des feuilles fraiches
lui-même, soit par le commerçant/transformateur dont
l'activité principale reste la vente des feuilles moulues dans les
supermarchés et ménages de Kinshasa. La deuxième est celle
de la transformation des feuilles en plat épicé typiquement
kinois. Cette transformation se fait au niveau des restaurants modernes et ceux
de fortune (Malewa). Ces derniers achètent les feuilles chez les
commerçants grossistes ou détaillants.
La distribution des feuilles est assurée par plusieurs
acteurs notamment le producteur, le transformateur et les commerçants
(grossistes et détaillants). En effet, le producteur des feuilles de
manioc (en zones urbano-rurales) agit parfois comme commerçant grossiste
et quelques rares fois comme transformateur des feuilles fraiches en feuilles
moulues. Dans ces cas, il vend son produit aux commerçants
détaillants ou directement aux consommateurs. A Kinshasa, les
commerçants grossistes qui s'approvisionnent le plus souvent en milieu
rural (et périurbain) déchargent leurs produits au niveau des
parkings (cas de Matamba et UPN) considérés comme marchés
secondaires pour les produits agricoles et agroalimentaires. Au bout de la
chaine se trouve les détaillants (comprenant les supermarchés,
les restaurants, les vendeurs aux marchés municipaux et les
exportateurs). Ils servent des courroies de transmission de la demande des
consommateurs aux transformateurs, aux grossistes et aux producteurs.
28
Dans le processus de commercialisation, divers prestataires de
services sont également mis à contribution dans l'acheminement
des feuilles de manioc du producteur au consommateur. Il s'agit notamment des
transporteurs, des manutentionnaires, des équipages, des
dépositaires mais aussi des agents des services de l'Etat
(Ministères de l'agriculture, d'économie, etc.). Ces
différents acteurs sont le fruit d'une longue période
d'adaptation de la filière vivrière aux multiples contraintes qui
ont jalonné son parcours. En effet, selon Mpanzu (2012), la
présence des acteurs illustre bien la défaillance des services de
l'Etat à organiser le système d'approvisionnement des villes.
C'est ainsi que plusieurs stratégies ont été mises en
place par les acteurs de la filière vivrière dont certaines se
sont traduites par l'apparition des nouveaux types d'acteurs devenus, pour
certains, incontournables dans le processus de ravitaillement des grands
centres de consommation en produits vivriers.
Prestataires de service
Transporteurs Equipage Maman manoeuvres
Services de support
29
Transformateurs-prestataires de services
Fonction
Acteurs
Produit
(1)
(2)
Production
(4)
Distribution
(5)
Consommation
Consommateurs
(3)
Transformation
Transformateurs(1)
Transformateurs(2)
Feuilles entiières Feuilles entières
Feuilles moulues Feuilles préparées
Provision d'intrants et technologie
Fournisseurs d'intrants et équipements agricoles
Producteurs paysans
Grossistes & Détaillants
Figure 4: Cartographie des acteurs de la chaine
de valeur
30
3.2. ANALYSE DES PRINCIPAUX ACTEURS ET LEURS
ACTIVITES
Ce point présente les aspects techniques
caractéristiques de principaux acteurs impliqués dans la chaine
de valeur feuille de manioc. Il s'agit de l'accès au foncier, au capital
et aux intrants, de différentes activités de chaque acteurs, des
contraintes rencontrées, du rendement, de la mise sur le marché,
l'approvisionnement, le transport, conditions de vente, etc. Cette section
permet ainsi d'avoir une vue claire de l'organisation et du fonctionnement de
la chaine de valeur au niveau de chaque maillon. Les goulots
d'étranglement à chaque maillon de la chaine de valeur sont aussi
mis en évidence.
3.2.1. LES PRODUCTEURS DES FEUILLES DE MANIOC
La production du manioc occupe une place
prépondérante dans l'agriculture familiale et contribue
efficacement à la sécurité alimentaire des ménages
et à l'économie rurale du pays (Kinkela, 2009).
Les feuilles de manioc consommées dans la ville de
Kinshasa sont produites à Kinshasa et dans sa périphérie.
La situation au niveau des producteurs dépend de l'espèce de
manioc produite. L'espèce la plus produite est Manihot esculenta
parce qu'elle permet d'obtenir deux produits très consommés
du manioc : les racines tubéreuses (produit consommé cru ou
transformé) et les feuilles. Avec le glazziovi par contre seules les
feuilles sont obtenues. Sur 6 producteurs enquêtés, 2 produisent
l'espèce Manihot glazziovi et 4 l'espèce Manihot
esculenta.
3.2.1.1. Accès aux facteurs de production a.
Accès au foncier
En matière d'accès à la terre pour les
activités de production des feuilles de manioc, deux possibilités
se présentent à Kinshasa et dans sa périphérie :
les producteurs propriétaires des terres exploitées d'une part et
ceux qui la louent d'autre part. En ce qui concerne les locataires, le loyer
payé s'élève à 70.000 FC au plateau de
Batéké et à 100.000 FC à Maluku pour un hectare et
ceci pour un cycle de production. A Kasangulu, on assiste à une sorte de
métayage dans lequel le locataire se partage la production des racines
tubéreuses avec le propriétaire. A N'djili brasserie, les
terrains agricoles sont de plus en plus lotis, ce qui a pour conséquence
l'augmentation des prix.
Il faut noter qu'actuellement, avec la croissance
démographique et l'accaparement des terres par de grands
propriétaires fonciers, l'accès au foncier devient de plus en
plus difficile particulièrement pour les petits producteurs. L'achat des
terres agricoles à Menkao devient de plus en plus difficile à
moins d'acheter au près d'anciens propriétaires. Les nouvelles
terres sans propriétaires sont actuellement quasi-inexistantes.
L'acquisition classique des terres se fait à travers le chef coutumier
avec signature d'un contrat d'emphytéose de 25 ans délivré
par l'Etat.
31
Ce contrat est conditionné par la mise en valeur du
terrain acquis, ce qui n'est pas toujours le cas. Généralement
les propriétaires terriens deviennent à leur tour des loueurs de
terre à ceux qui veulent pratiquer l'agriculture.
b. Accès aux semences et superficie
cultivée
Les espèces du genre Manihot se reproduisent
par bouturage. L'approvisionnement en boutures se fait
généralement par prélèvement sur culture
après la récolte. Les producteurs achètent les boutures en
cas d'introduction d'une nouvelle variété qu'ils souhaitent
expérimenter. Cet achat se fait généralement auprès
d'autres agriculteurs qui ont acheté ou reçu des boutures des
projets assurant la diffusion de nouvelles variétés. Il faudra
noter que beaucoup de cas de donation des boutures existent entre paysans ou
encore des dons provenant des OP, associations ou ONG. La plupart des paysans
produisent le Manihot esculenta sur de grandes superficies pouvant
atteindre jusqu'à 13 ha et ce, en association culturale ou non. Par
contre, la production de Manihot glazziovi se fait sur de petites
étendues, parfois même sur de très petites parcelles de
moins de 400 m2.
c. Main d'oeuvre utilisée
La main d'oeuvre utilisée est exclusivement familiale
sauf au plateau et à Maluku où, compte tenu de l'importance des
superficies emblavées, les producteurs recourent, outre la main d'oeuvre
familiale, à la main d'oeuvre payée pour les différentes
opérations culturales notamment la préparation du terrain, le
semis, l'entretien et la récolte. La main d'oeuvre est
rémunérée à la tâche sur une étendue
d'1 ha. Les coûts de production diffèrent d'un site à
l'autre car la rémunération de la main d'oeuvre présente
de grandes différences. C'est le cas notamment des sites de Maluku et du
Plateau de Batéké tel qu'illustré dans le tableau
ci-dessous
Tableau n°1 : Rémunération de la main d'oeuvre
selon les sites de production
ACTIVITES
|
MENKAO
|
MALUKU
|
Préparation du terrain
|
75.000
|
80.000
|
Labour
|
70.000
|
60.000
|
Hersage
|
70.000
|
|
Billonnage
|
70.000
|
|
Semis
|
50.000
|
100.000
|
Sarclage
|
50.000
|
60.000
|
Récolte
|
17.500
|
50.000
|
Total
|
402.500
|
350.000
|
32
d. Capital utilisé dans les activités de
production
Les moyens d'exploitation utilisés dans la production
des feuilles de manioc sont artisanaux dans la plupart des cas. Par contre, on
constate, au plateau de Batéké, le recours à la
mécanisation pour certaines opérations culturales notamment le
labour, le hersage et la réalisation des billons.
A Kasangulu, Maluku ou encore dans les communes
urbano-rurales de la ville-province de Kinshasa, le travail se fait
essentiellement à la main avec des outils agricoles simples qui
nécessitent beaucoup d'efforts physiques pour l'accomplissement de
chaque tâche. Les matériels utilisés par la main d'oeuvre
se limitent à la houe, à la hache, à la machette et
à la pelle.
e. Capital financier
Les moyens financiers utilisés par les producteurs des
feuilles de manioc en zone périurbaine sont constitués
exclusivement de fonds propres. Dans le cadre de l'autofinancement, les paysans
diversifient parfois les cultures (maïs, courge, arachide, cultures
maraichères) pour trouver de quoi financer le manioc, la culture
principale. Il y a donc un déficit criant en matière de
financement. Les institutions bancaires n'accordent pas de crédits aux
agriculteurs de manière générale et ceux du manioc ne font
pas exception.
3.2.1.2. Activités de production des feuilles de
manioc
Le Manihot esculenta, communément
appelé « pondu ya kongo », est produit dans la
périphérie de Kinshasa : spécialement au plateau de
Batéké et à Kasangulu. Il est principalement produit pour
la récolte des racines et les feuilles constituent une production
secondaire. La production de feuilles ne constitue donc pas le principal
objectif des producteurs du Manihot esculenta.
Le Manihot glazziovi, communément
appelé « pondu ya caoutchouc », est produit dans les communes
urbano-rurales de Kinshasa notamment N'sele, Maluku, N'djili et Kinsenso. Cette
espèce est uniquement cultivée pour la production des feuilles,
elle ne donne pas en effet, de racines tubéreuses.
a. Système cultural
a.1. Calendrier agricole
Le calendrier agricole connait des modifications au plateau de
Batéké suite aux perturbations climatiques. Les producteurs
commencent à planter au mois de mars pour récolter les feuilles
déjà aux mois de mai, juin, juillet et surtout au mois
d'août car durant cette période (saison sèche), les
feuilles de manioc coûtent excessivement chères parce qu'elles
sont rares sur le marché. Le prix de vente augmente de 100 % voire plus,
par rapport à la saison des pluies durant laquelle l'offre est
abondante.
33
Au niveau de Maluku, les travaux de préparations de
terrains se font au mois de mars et la plantation à la fin du même
mois et au début du mois d'avril. Les premières récoltes
commencent au mois de mai et les autres suivront après un mois jusqu'au
mois de mars de l'année suivante.
A N'djili brasserie il n'y a pas un calendrier précis
en rapport avec les feuilles de manioc. Les plantations qui s'y trouvent
restent longtemps en place jusqu'à ce que le producteur se rende compte
que les rendements ont chuté. Les plantes peuvent produire
jusqu'à 3 ans. A Kasangulu, les travaux de préparations de
terrain commencent au mois de décembre et prennent fin en janvier. Au
mois de février ils font la plantation et au mois de mai les
premières récoltes commencent. En Juillet ils font la
deuxième récolte et en septembre, la dernière
récolte.
a.2. Variétés cultivées
Etant donné que les feuilles ne constituent qu'une
production secondaire pour les producteurs du Manihot esculenta, les
variétés à cultiver sont choisies en fonction du rendement
en racine et non celui en feuilles. Les variétés les plus
utilisées sont « Nsumbakani », « Pelubuya », «
Kambi », « Kolodingumbi », « Mobutu », « Sassou
», « Ngamanza », « Inga », « Epsa », «
Malibwata » et « Mabibi ».
De ces variétés, celles qui permettent
d'obtenir des feuilles de bonne qualité sont : « Kolodingumbi
», « Nsumbakani », « Inga » et « Malibwata
». Celles qui permettent d'obtenir des feuilles en grande quantité
sont : « Sassou », « Mobutu » et « Pelubuya ». Le
Manihot glazziovi par contre n'a pas d'autres variétés
connues que le caoutchouc. Les boutures de différentes
variétés ne sont pas disponibles sur le marché local ; les
producteurs prélèvent les boutures après la récolte
ou en achetant auprès des fermiers voisins.
En ce qui concerne le Manihot glazziovi, les
boutures utilisées pour la production proviennent essentiellement de la
culture précédente ou en place étant donné que les
feuilles de Manihot glazziovi peuvent se récolter sur plusieurs
années. Toutes ces variétés sont locales et n'ont pas de
code de recherche. Certaines variétés sont réputées
disparues, comme Pelubuya, mais sont encore utilisées par certains
producteurs.
a.3. Fertilisation et associations
culturales
La production du manioc dans les différents sites
enquêtés se fait sans utilisation d'engrais chimiques. Les
producteurs utilisent les engrais organiques tels que les feuilles de
maïs, la coque de courge ou encore la coque d'arachide. Comme dans
d'autres régions du pays, le manioc (Manihot esculenta ou
glazziovi) à Kinshasa et dans sa périphérie est
généralement produit en association culturale. Les
différentes cultures associées au manioc sont le maïs,
l'arachide, la courge ainsi que les cultures maraichères. Lorsque le
producteur dispose de grandes étendues, comme c'est le cas à
Menkao comme à Maluku, à côté des cultures
associées on rencontre de grandes superficies de culture pure de manioc
(monoculture).
34
a.4. Récolte et rendement
La récolte des feuilles se fait par le client sous la
supervision du producteur. Dans un champ de Manihot esculenta, les
feuilles ne sont récoltées qu'à trois reprises pour ne pas
compromettre la production des racines. Par contre, dans un champ de
Manihot glazziovi, les feuilles sont récoltées une
à deux fois le mois. Cette récolte est essentiellement manuelle.
En effet, les personnes chargées de récolte coupent à la
main les branches de manioc et forment immédiatement des bottes.
Généralement la récolte se fait à
deux moments de la journée, le matin avant le lever du soleil ou le soir
à son coucher. Le choix de ces deux moments de fraicheur est
motivé par le souci d'éviter le flétrissement des feuilles
récoltées.
Le facteur le plus déterminant dans le choix du moment
de la récolte est donc la température. En effet, les fortes
chaleurs réduisent la qualité des feuilles de manioc par le
flétrissement, ce qui a pour conséquence la baisse du prix des
feuilles lors de la revente à Kinshasa.
Manihot esculenta
Produit au plateau de Batéké et à
Kasangulu, le Manihot esculenta a un rendement par récolte de 6
à 8 colis/ha en saison sèche et de 8 à 10 colis/ha en
saison pluvieuse au plateau. Le colis est une grosse botte d'environ 110 kg
avec tige et 60 kg sans tige. Le rendement en feuilles uniquement, varie donc
en moyenne de 360 kg à 600 kg. A Kasangulu, le producteur obtient en
moyenne 300 bottes par ha et par an. Le poids d'une botte est d'environ 2 kg
sans tige. Le rendement par ha est donc de 600 kg.
Manihot glazziovi
Produit à Maluku et à N'djili, le rendement d'un
hectare bien entretenu à Maluku varie de 80 à 100 bottes. Cette
grosse botte de 22 kg avec tige et 12 kg sans tige, a un prix qui varie de
10.000 FC à 17.000 FC en fonction du prix du marché, de la
négociation avec le client et du coût de production. A N'djili il
est difficile d'estimer le rendement vu que les associations culturales se font
sur toutes les plates-bandes. Les pieds de manioc sont très
éparpillés sur une même plate-bande. Cependant le
producteur ayant un contrat avec les exportateurs, livre 200 kg de feuilles
sans tige chaque fin du mois et 80 kg chaque mois aux marchandes ambulantes
venant de Kinsenso, de Lemba et d'autres communes de Kinshasa.
35
Le rendement en feuilles dépend du choix de terrain, de
l'espèce et de variétés ainsi que des entretiens. En
raison de la faible comptabilité au niveau des producteurs, seuls les
rendements de Menkao et de Maluku seront présentés dans le
tableau et graphiques ci-après :
Tableau n° 2 : Rendement moyen en feuilles de manioc par ha
pour une année culturale
Site
|
Variété
|
Période
|
Rendement
|
Nombre de
bottes
|
Poids/Botte (kg)
|
Rendement total (kg)
|
Menkao
|
Manihot esculenta
|
Saison pluvieuse
|
28
|
60
|
1.680
|
Saison sèche
|
22
|
60
|
1.320
|
Maluku
|
Manihot glazziovi
|
Cycle culturale
|
606
|
12
|
7.272
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
Il se dégage du tableau précédent que le
rendement annuel en feuilles du Manihot glazziovi est de loin
supérieur à celui du Manihot esculenta produit en saison
pluvieuse ou en saison sèche. Le producteur du Manihot esculenta
qui récolte en saison sèche a un rendement faible que celui
qui récolte en saison pluvieuse. Cette différence dans le
rendement est due aux manques de pluies à la saison sèche.
b. Destination du produit
Les feuilles de manioc produites dans la
périphérie de Kinshasa ont deux grandes destinations : le
marché de Matamba à l'Est de Kinshasa et celui d'UPN à
l'Ouest de Kinshasa. Les grandes quantités de feuilles provenant de
Kasangulu atteignent le marché d'UPN au plus tard à 6h00 du
matin. Ces feuilles sont transportées par taxi et taxi-bus, bien
attachées sur le porte-bagage ou entassées dans le coffre de
taxi. Le chargement est fait de telle sorte que les feuilles
bénéficient d'une certaine aération pour éviter
leur détérioration.
Les feuilles venues du plateau de Batéké sont
acheminées vers Kinshasa à deux moments principaux de la
journée : aux environs de 11h00 et le soir entre 16h00 et 19h00 voire
20h00. Cette situation fait que les feuilles de manioc sont permanentes au
niveau du marché de Matamba. Les producteurs du plateau de
Batéké viennent jusqu'à Kinshasa (marché Matamba)
pour vendre leurs feuilles aux grossistes. Ce qui leur permet de recevoir un
prix beaucoup plus rémunérateur que lorsqu'ils font la vente bord
champs même si le transport et la vente à Kinshasa engendre des
coûts supplémentaires.
36
c. Stockage et conservation
A l'Est de Kinshasa, les feuilles de manioc sont vendues le
même jour aux commerçants grossistes et détaillants. Par
contre à l'Ouest le produit est vendu généralement le jour
suivant la récolte ; ce qui implique le stockage en attendant la vente
au niveau du marché secondaire. Le stockage des feuilles de manioc se
fait généralement à domicile, chez le producteur ou le
commerçant ayant acheté la récolte. Pour préserver
la fraicheur des feuilles de manioc, les commerçants les plongent dans
l'eau quelques instants avant de les étaler sur la pelouse, les tiges au
sol et les feuilles en l'air.
d. Modalités de vente
Pour fixer le prix de vente de leurs productions, les
producteurs de Manihot esculenta tiennent en premier lieux compte du
prix qui prévaut sur le marché mais aussi de la qualité
des feuilles de manioc. Par contre les producteurs de Manihot glazziovi
fixent leur prix de vente en tenant compte : des coûts
engagés, de la qualité du produit et du prix prévalant sur
le marché. Cette différence dans l'approche suivie pour la
fixation du prix s'explique par la place que le producteur accorde aux feuilles
de manioc et la demande élevée en Manihot glazziovi.
Le producteur du Manihot esculenta considère
les feuilles comme une production secondaire, les racines tubéreuses
étant le produit principal visé. Le producteur se conforme
beaucoup plus facilement au prix du marché. Par contre le producteur du
Manihot glazziovi n'a que les feuilles comme produit
récolté d'où la nécessité pour lui d'obtenir
le meilleur prix possible lui permettant de couvrir ses coûts et de
dégager un bénéfice.
Le facteur le plus déterminant dans la
négociation du prix entre le vendeur et l'acheteur est la qualité
des feuilles. Quand le producteur est conscient de la qualité de son
produit, il a tendance à le vendre un peu plus cher et, est beaucoup
moins flexible durant le marchandage. Ainsi, avec une bonne qualité des
feuilles l'écoulement de la marchandise est moins difficile même
en cas d'abondance. La vente de feuilles de manioc se fait toujours au comptant
quelle que soit la relation qui existe entre le vendeur et l'acheteur, la
demande élevée en ce produit explique sans doute cette
situation.
Le prix des feuilles auprès du producteur varie de
7.500 FC à 12.500 FC par colis en saison pluvieuse. L'abondance entraine
la baisse des prix de vente et certains producteurs ont compris qu'il leur est
profitable de vendre en saison sèche durant laquelle le prix du colis
augmente (15.000 FC, 25.000 FC voire 35.000 FC par colis). Ce qui revient
à dire que le prix d'1 kg de feuilles au niveau du producteur varie de
125 FC à 208 FC en saison pluvieuse et de 250 FC à 583 FC en
saison sèche. Vu le nombre des producteurs des feuilles de manioc
à Kinshasa et dans sa périphérie, la concurrence est
présente et se fait ressentir. La qualité des feuilles constitue
donc un élément déterminant pour une commercialisation
aisée. Il parait ainsi impérieux pour le producteur et le
grossiste de veiller aux conditions assurant cette qualité. Il s'agit
notamment de la variété et de la maitrise des activités
post-récoltes.
37
En ce qui concerne le mode de fonctionnement du marché,
on note qu'au plateau de Batéké et à Maluku, les
producteurs récoltent pour venir vendre à Kinshasa. Alors
qu'à Kasangulu les producteurs ne récoltent, le plus souvent, que
quand ils ont une commande déjà ferme des grossistes. Les Kinois
ne vont pas acheter les feuilles à Kasangulu pour les revendre à
Kinshasa. En effet, les quantités vendues au niveau du producteur sont
déjà en détail.
e. Contraintes et Potentialités
e.1. Contraintes
Le problème majeur au niveau des producteurs est le
manque de financement des activités notamment pour l'achat des
matériels ou équipements de travail et la
rémunération de la main d'oeuvre extérieure mais aussi
pour étendre les activités. Le manque de crédit fait que
les producteurs recourent essentiellement à l'autofinancement.
Cependant, il faut noter aussi que la plupart des producteurs redoutent de
contracter une dette par peur de se retrouver dans l'incapacité de la
rembourser et ainsi entrer dans le cycle d'endettement.
La seconde contrainte est le manque d'encadrement. La plupart
des producteurs ont besoin d'améliorer leurs conditions de travail et ce
par des formations techniques qu'ils n'ont pas actuellement. Les producteurs de
Kasangulu et de N'djili ont des difficultés pour accéder au
foncier. Les terres sont de plus en plus rares et donc chères. A
Kasangulu les terres sont en majorité détenues par des
propriétaires qui, malheureusement, ne les cultivent pas. Ceci contraint
les producteurs à recourir au métayage. Cette situation
réduit le niveau des revenus des paysans lorsqu'on sait que la
répartition de la récolte entre le propriétaire terrien et
le métayer peut être de 50% de la production obtenue.
e.2. Potentialités
La production des feuilles de manioc bénéficie
d'une rente de situation. En effet, il s'agit d'une spéculation qui est
produite à proximité des zones de consommation. Ceci constitue un
gain non négligeable en termes de temps nécessaire pour atteindre
le marché.
3.2.2. COMMERCIALISATION DES FEUILLES DE MANIOC
L'étude de la commercialisation d'un produit agricole
s'effectue souvent dans le cadre d'une filière de production agricole.
L'analyse par filière consiste donc à suivre l'itinéraire
d'un produit agro-alimentaire depuis la production des matières
premières agricoles qui servent à sa fabrication jusqu'à
son utilisation finale en tant que produit alimentaire consommable ;
c'est-à-dire suivre son itinéraire de l'exploitation agricole
jusqu'à l'assiette du consommateur (Mpanzu, 2007).
Les feuilles de manioc sont vendues dans tous les grands
marchés officiels, les petits marchés de commune ou de quartier,
par les marchands ambulants ainsi que quelques supermarchés de la
ville-province de Kinshasa. L'activité de commerce des feuilles de
manioc dans la zone urbaine et périurbaine de Kinshasa est
exercée aussi bien par des commerçants grossistes que
38
par des détaillants. Les enquêtes sur la
commercialisation des feuilles de manioc ont été menées
auprès des grossistes et détaillants au niveau des marchés
de Matamba et UPN qui constituent les deux grands marchés secondaires de
ce légume.
3.2.2.1. Situation au marché Matamba
Le marché de Matamba, c'est-à-dire feuilles de
manioc en langue tshiluba, est un marché, comme le nom l'indique,
spécialisé dans la commercialisation des feuilles de manioc aussi
bien de gros que de détail. C'est un marché qui est à la
fois secondaire et tertiaire. En effet dans ce marché on trouve aussi
bien les grossistes que les détaillants. C'est le plus grand centre
commercial des feuilles de manioc à Kinshasa où les transactions
se font de manière quasi-permanentes.
A. Commerce de gros
Les feuilles de manioc vendues par les grossistes à
Matamba viennent du plateau de Batéké plus fréquemment de
Menkao, de Bita, de Dumi et de petits villages dans les environs de ces grands
centres de transit ; mais également de Maluku pour le Manihot
glazziovi. Les grossistes des feuilles de manioc à Matamba
s'approvisionnent de deux manières : l'achat bord champ et achat
à Kinshasa auprès des producteurs au niveau du même
marché.
a. Approvisionnement bord champ
L'achat bord champ se fait de deux manières : Le
commerçant peut acheter à l'hectare ou par botte. L'hectare
coûte 35.000 FC et compte 7 colis1 en moyenne soit 35
variés2. Quand il achète par botte, cette
dernière coûte 1.500 FC.
a.1. Organisation
Par un appel de la part du producteur, les commerçants
s'organisent en groupe ou le plus souvent individuellement, recrutent la main
d'oeuvre appelée « équipage3 »,
et louent un véhicule depuis Kinshasa pour récolter et
transporter les feuilles de manioc achetées. Le voyage s'effectue
généralement la nuit. Le commerçant paie le producteur en
fonction de l'étendue à récolter. Cette dernière
commence aux environs de 4h et prend fin avant le lever du soleil pour
facilement atteindre Matamba sans que la production soit brûlée
par les rayons solaires.
La récolte se fait par les ouvriers appelés
« équipages ». Une fois la récolte
réalisée, les feuilles sont regroupées par bottes et le
véhicule peut être chargé pour l'acheminement de la
marchandise vers Matamba à Kinshasa. La botte autrement appelée
varié, est achetée à 1.500 FC est vendue de 4.000 FC
à 6.000 FC selon la qualité. Le commerçant effectue un
approvisionnement par semaine. Cette fréquence d'achat s'explique par le
fait que le travail est physiquement épuisant. Le grossiste doit, en
outre, être sûr au préalable de la disponibilité de
la marchandise avant d'organiser le voyage.
1 Colis : botte de 110 kg avec tiges et 60 kg sans
tiges
2 Varié : botte de 22 kg avec tiges et 12 kg
sans tiges
3 Equipage : main d'oeuvre utilisée dans la
récolte des feuilles
39
a.2. Risques
L'achat des feuilles de manioc au niveau du producteur parait
intéressant pour les grossistes. En effet, ils réalisent en
moyenne un bénéfice représentant au moins 50 % de leurs
dépenses. Cependant le risque est très élevé :
- Le risque que les équipages finissent la
récolte plus tard que prévu, ce qui aura pour conséquence
la détérioration des feuilles durant le transport avec
l'ensoleillement ;
- Le risque d'être en face des feuilles de manioc de
mauvaise qualité ; - Le risque de passer nuit à la belle
étoile en cas de panne du véhicule.
Pour contourner ces risques, les grossistes
préfèrent généralement acheter les feuilles de
manioc à l'arrivée à Kinshasa. Les grossistes choisissent
donc généralement la sécurité à un profit
élevé avec beaucoup de risques qui peuvent leur faire perdre
toute la somme investie.
b. Approvisionnement à Matamba.
Cet approvisionnement s'est développé suite aux
risques liés à un achat sur le lieu de production au plateau de
Batéké. Les producteurs viennent vendre leurs marchandises
à Matamba à un prix incluant les frais de transport et la main
d'oeuvre utilisée pour la récolte. La variée est vendue
à 5.000 FC. Cette pratique donne naissance à un autre acteur dans
la filière : « maman manoeuvre ». Elle sert
de pont entre le grossiste qui est généralement le producteur et
le détaillant. Le producteur prend contact avec la « maman
manoeuvre » avant tout déplacement pour Matamba. Une fois
arrivé à Kinshasa, le producteur confie la marchandise à
la maman manoeuvre qui se charge de la vente en majorant le prix de la
variée de 1.000 FC pour réaliser une marge. La plupart des mamans
manoeuvres sont d'anciens grossistes qui ont renoncé à
s'approvisionner au lieu de production pour éviter les risques
signalés ci-haut. Les mamans manoeuvres peuvent réaliser
jusqu'à trois rotations achat-vente par semaine.
c. Contrainte au niveau du grossiste
Le grossiste n'éprouve pas des difficultés
particulières dans l'écoulement de sa marchandise. Lorsqu'il y a
moins de clients, il stocke la marchandise pour la vendre le lendemain, ou
alors il vend en détail en cassant le prix pour écouler
rapidement sa marchandise. La vente en détail permet au grossiste un
bénéfice plus important même si cela peut prendre beaucoup
de temps.
B. Commerce de détail a.
Approvisionnement
Les détaillants des feuilles de manioc à
Matamba, s'approvisionnent et vendent sur place. L'espèce
préférée par les consommateurs est le Manihot
glazziovi. Le Manihot esculenta est généralement
achetée lorsque le Manihot glazziovi n'est pas en abondance sur
le marché.
40
b. Dépenses réalisées
Hormis le coût d'achat, les détaillants
dépensent pour la taxe et le dépôt. La taxe
s'élève à 400 FC et les frais de dépôt 500
FC. Le tout par jour pour l'ensemble de marchandises. L'achat et la vente sont
faits le long de la journée à chaque fois qu'un véhicule
arrive et que le commerçant a la possibilité de se procurer de la
marchandise.
c. Conditions de vente et contraintes
La vente ayant lieu tout au long de la journée. Les
détaillants sont obligés de préserver la qualité et
la fraicheur des feuilles de manioc. La pratique la plus répandue parmi
les détaillants est l'aspersion de l'eau sur les feuilles et la vente
sous un abri afin de protéger les feuilles contre les rayons solaires.
Une botte « variée » achetée donne 20 bottes de 500 FC
en saison pluvieuse. Le poids d'une botte est en moyenne d'1 kg avec tige et
environ 600 gr sans tige. Les détaillants s'approvisionnent en moyenne
trois fois par semaine en saison pluvieuse et deux fois en saison sèche
à cause de la rareté du produit au champ due au manque de
pluie.
e. Rareté
Les feuilles de manioc sont rares à la saison
sèche au point que le prix à l'achat comme à la vente
augmente d'au moins 100 %. La saison sèche est donc la période la
plus intéressante pour les commerçants. Pendant cette
période où l'offre est inférieure à la demande, les
clients ne sont pas très exigeants en ce qui concerne la qualité
des feuilles. Ils se contentent de ce qui est disponible sur le marché
quelle qu'en soit la qualité.
f. « Bidongola »
Les « bidongola » sont des déchets provenant
du reconditionnement de grosses bottes achetées en gros en de plus
petites vendues en détail. La nouvelle petite botte qui est
l'unité de vente en détail pèse en moyenne 1 kg avec tige
soit 600 gr sans tige. Les feuilles qui tombent lors du reconditionnement sont
toutes récupérées et vendues en tas d'environ 750 grammes
à 200 FC. Une variée (botte d'environ 12 kg) peut produire 3
à 6 tas.
3.2.2.2. Situation du marché UPN A.
Approvisionnement
La situation de commercialisation au marché UPN est
très différente de celle de Matamba. Dans ce dernier
marché, il y a des acteurs économiques très distincts de
par leurs produits et leurs activités. Par contre, au marché UPN,
tous les acteurs sont mêlés. Une même personne est à
la fois grossiste et détaillant. Tout dépend du moment de la
journée. A leur arrivée, les commerçants sont grossistes,
ils vendent aux mamans manoeuvres venues des quartiers environnants et qui les
revendront à leur tour, en détail, de manière ambulante
ainsi qu'aux restaurateurs de fortune en saison sèche. Cette situation
n'est pas régulière. Le commerçant est grossiste seulement
quand il y a le client et des invendus.
41
La commercialisation des feuilles de manioc au marché
UPN est réalisée par les habitants de Kasangulu qui viennent
uniquement vendre les feuilles et retourner au Kongo-Central. Les feuilles de
manioc commercialisées dans ce marché viennent du Kongo-Central
et plus précisément de Kasangulu. Le commerce est plus
réalisé en détail qu'en gros. Le commerçant
grossiste achète auprès du producteur des bottes de 2 kg à
500 FC la botte. Arrivé à Kinshasa, la même botte sera
divisée par deux et vendue à 500 FC la demi-botte.
Pour faciliter le transport de sa marchandise, le
commerçant au niveau de Kasangulu rassemble toutes ses bottes en
« kimfunda ». Cette unité n'a pas
d'équivalent précis parce qu'elle varie en fonction du nombre de
botte. Le kimfunda contient en moyenne 45 (45 kg) à 100 bottes (100 kg).
Le frais de transport d'un kimfunda est de 1.000 FC. Au marché, le
commerçant dépense 1.200 FC chaque jour pour les taxes et la
location de la place.
B. Rareté et Contraintes
Comme à Matamba, la rareté des feuilles est
remarquable pendant la saison sèche. Ce phénomène
pèse énormément sur les commerçants qui sont
obligés de combiner les feuilles de manioc à d'autres
légumes ou à la chikwangue pour avoir un revenu permanent. Les
commerçants des feuilles de manioc du marché UPN
s'approvisionnent le soir auprès des producteurs pour vendre le matin
à Kinshasa. La contrainte principale est le manque de place au
marché et la vente à même le sol sans abri. Afin de garder
les feuilles fraiches malgré le soleil, les détaillants sont
obligés d'asperger régulièrement de l'eau sur les feuilles
et pour ce faire, ils dépensent parfois jusqu'à 1.000 FC pour
acheter de l'eau. Ceci réduit leur profit.
3.2.2.3. Transport
Le transport des feuilles de manioc n'est pas
spécialisé. Les chauffeurs transportent les feuilles lorsque
leurs véhicules sont loués par les commerçants ou les
producteurs. Les véhicules habituellement utilisés pour le
transport des feuilles de manioc peuvent transporter jusqu'à 1,5 tonnes
; cependant les quantités transportées sont de loin
supérieures à la capacité des véhicules. Il faut
noter que la tige représente presque 50 % du poids des bottes
transportées et vendues, et pourtant seules les feuilles sont
consommées. Malgré leur poids, les tiges jouent un rôle
primordial : celui de contribuer à la conservation de la fraicheur des
feuilles.
Le frais de transport est fixé par botte et
dépend de la distance entre le lieu de chargement et Kinshasa. Il varie
de 1.000 FC à 1.500 FC. Les chauffeurs transportent des quantités
allant jusqu'à 100 variés soit 2,2 tonnes par voyage sans compter
les passagers dont le nombre varie entre 10 et 16 personnes. Un véhicule
réalise en moyen 20 rotations par mois à raison de 5 par
semaine.
42
3.2.3. LES TRANSFORMATEURS DES FEUILLES DE MANIOC
Il s'agit dans ce point, de parler de type de transformation
des feuilles réalisées à Kinshasa. Outre ces
transformateurs, la transformation au niveau des ménages sera
évoquée pour établir la comparaison entre le processus au
niveau des ménages et celui de l'industrie.
Trois types de transformateurs ont été
identifiés dans la ville-province de Kinshasa:
1. Les prestataires de service ;
2. Les transformateur-commerçants des feuilles moulues
;
3. Les transformateur-commerçants des feuilles
préparées.
3.2.3.1. Prestataire de service
Les enquêtes au niveau de ces transformateurs ont eu
lieu dans les marchés de Ngaba et de Mbanza-Lemba. Il ne s'agit pas de
comparer les deux marchés mais plutôt de récolter
jusqu'à saturation, des informations sur le matériel
utilisé, l'organisation du travail et l'analyse financière de
l'acteur. La transformation au niveau des marchés se fait près
des pavillons des légumes. Les transformateurs installent leurs machines
et attendent les clients.
a. Matériels utilisés
Les transformateurs utilisent les matériels suivants
pour leur travail : le bassin, le bidon de 25 litres, le malaxeur, la friteuse
et la machine à moudre. En moyenne un transformateur dispose de 9
bassins, 2 bidons de 25 litres, 2 malaxeurs, 1 friteuse et 1 machine à
moudre. Le bassin sert à nettoyer les feuilles, le bidon sert de
réserve d'eau, le malaxeur sert à remuer les feuilles
plongées dans la friteuse, celle-ci sert à chauffer de l'eau
où les feuilles de manioc seront plongées avant d'être
moulues dans la machine. Ces matériels ont une ancienneté qui va
de 5 à 10 ans, subissant de petites réparations deux à
trois fois tous les 3 ans. Le renouvellement d'équipements est
quasi-inexistant. En effet, les transformateurs passent de réparation en
réparation pour conserver leurs outils de travail. La plupart des
moteurs continuent à tourner même au-delà de 10 ans. Ces
moteurs fonctionnent 6 jours sur 7 pendant près de 10h par jour. Le
moteur coûte 150 USD. Il peut en théorie être utilisé
pendant 5 ans ce qui donne une provision pour amortissement de 30 USD par an,
soit 2,5 USD par mois.
La machine est constituée d'un seau en plastique avec
une hélice en métal à l'intérieur, monté sur
une petite table en métal sur laquelle est fixé le moteur. Tous
ces équipements en métal sont susceptibles d'être
rouillés vus qu'ils sont en contact permanent avec de l'eau. La machine
n'a pas d'interrupteur. Il suffit de mettre en contact deux fils
électriques pour qu'elle démarre. Elle n'a pas non plus un
dispositif permettant le réglage de la vitesse. La vitesse de rotation
de l'hélice est constante : le degré de la mouture dépend
uniquement du temps.
43
3.3.1.2. Organisation du travail
Le travail commence à 7h00 et prend fin à 17h00.
Il n'y a pas de pause proprement dite. La pause c'est quand les clients sont
absents. La période d'intense activité est le mois de
décembre. Dans la semaine les jours de forte activité sont :
vendredi, samedi et dimanche. Généralement le transformateur
prend un jour de repos par semaine (mardi, mercredi ou jeudi). Le processus de
transformation commence chez le client. Le transformateur n'est là que
pour chauffer les feuilles puis les moudre. C'est le client qui sépare
les feuilles des tiges, les nettoie, apprête les épices et donne
le tout au machiniste.
Le travail du machiniste commence en plongeant les feuilles
dans de l'eau bouillante pour réduire le cyanure. La durée de
cette étape dépend de l'espèce. Le Manihot esculenta
prend moins de temps (environ 5 secondes) dans de l'eau chaude. Le
Manihot glazziovi prend plus de temps (jusqu'à 15 secondes). Au
terme de cette étape, les feuilles passent à la machine. La
durée de la mouture est déterminée par le client selon la
texture souhaitée (mouture fine ou légère). La
durée de la mouture dépend plus du produit avec lequel les
feuilles seront consommées. Pour le savoir, le transformateur pose la
question au client de savoir si les feuilles seront consommées avec le
riz, le fufu ou le haricot. C'est en fonction de la réponse du client
que le transformateur fixera le temps de mouture. La mouture se fait de
manière séquentielle pour permettre au client d'apprécier
le degré de mouture afin que le transformateur puisse s'arrêter ou
poursuivre.
a. Division du travail
Tableau n° 3 : Etape, durée et responsable de la
tâche
Etapes
|
Durée
|
Qui ?
|
Effeuillage
|
|
Client
|
Nettoyage
|
|
Client Transformateur
|
Kokalinga
|
5 à 15 secondes
|
Transformateur
|
Mouture
|
5 à 45 secondes
|
Transformateur
|
Il arrive que le transformateur fasse le travail de nettoyage
généralement réalisé par le client lui-même.
La mouture est une opération qui ne prend pas beaucoup de temps
comparée au pilonnage réalisé à la main utilisant
le mortier et le pilon.
Lors de la transformation aucun ingrédient n'est
ajouté aux feuilles moulues ; le « pondu » ainsi obtenu est
nature.
44
b. Prix de la transformation
La tarification se fait en fonction de la quantité des
feuilles de manioc à moudre. Au marché de Ngaba il n'y a pas une
tarification fixe. Le prix varie de 100 FC à 500 FC, en fonction de la
quantité et de la négociation avec le client. Au marché de
Mbanza-Lemba, les prix sont connus d'avance, ceci n'empêche pas la
négociation entre le client et le transformateur. Pour une botte de
1.000 FC, la transformation vaut 500 FC et pour celle de 500 FC elle varie
entre 200 FC et 300 FC.
En dehors de samedi, la recette moyenne est de 17.000 FC le
jour. Samedi le transformateur fait des recettes allant de 25.000 FC à
30.000 FC. Ceci s'explique par le fait que samedi beaucoup de ménages
achètent les feuilles de manioc en grande quantité pour en
consommer pendant tout le week-end. Alors non seulement que les
quantités sont grandes mais aussi il y a beaucoup de clients au point de
faire la queue.
Pour les transformateurs qui ne sont pas propriétaires,
ils ont un versement moyen de 9.000 FC par jour. La facture
d'électricité est payée par le versement d'un jour non
versé au propriétaire de la machine. Le reste des dépenses
prises en charge par le transformateur y compris sa
rémunération.
d. Contrainte
La contrainte majeure au niveau de ces acteurs est les coupures
intempestives d'électricité. 3.2.3.2.
Transformateur-commerçant des feuilles moulues
Parmi les supermarchés enquêtés, deux
transforment et commercialisent les feuilles moulues. Un seul
supermarché réalise des plats de feuilles de manioc à
emporter.
a. Approvisionnement en matière
première
Les différents transformateurs s'approvisionnent
auprès des commerçants grossistes au marché UPN, Matamba
et au niveau de champs à N'sele ou au plateau de Batéké.
La seule espèce utilisée dans la transformation est le
Manihot glazziovi. Les critères sur lesquels se basent les
transformateurs à l'achat sont : la tendreté des feuilles, la
couleur verte et les feuilles non mosaïquées. La mosaïque
réduit le rendement car les feuilles ont surface foliaire
réduite. La quantité achetée lors de l'approvisionnement
dépend de la demande des clients qui achètent les feuilles
moulues. Cette quantité varie de 10 kg à 400 kg.
b. Transformation
45
? Matériels
Les matériels utilisés dans la transformation sont
:
- La marmite : Le transformateur y met de l'eau qu'il chauffe
à 100° C pour tremper les feuilles. Cette pratique qui ne dure que
quelques secondes (5 à 10) permet de réduire le cyanure.
- La machine : Beaucoup de transformateurs utilisent les
machines de fabrication locale avec un moteur, un seau en plastique et une
hélice. Seule l'usine « Sombe » a commandé une machine
spéciale pour moudre les feuilles. Cette machine est faite à base
du métal inoxydable donc qui ne forme pas la rouille. Ce qui n'est pas
le cas chez les autres transformateurs.
c. Stockage et conservation
Dès que les feuilles sortent de la machine, elles sont
conditionnées dans les emballages de 500 et 1.000 grammes et directement
mises dans la chambre froide. Une à deux semaines après, elles
seront mises au congélateur dans le supermarché. Ainsi les
feuilles de manioc peuvent se conserver jusqu'à 6 mois voire même
plus, dans le froid.
d. Vente et conditionnement
La vente se fait dans des sachets de 500 et 1.000 grammes
conditionnées. L'emballage doit être résistant et
transparent. Généralement les sachets sont sans label sauf
l'usine Sombe qui utilise un autre emballage assez spécial
commandé de la Chine avec les indications sur l'emballage. Les
informations sur l'emballage sont: le nom du transformateur, le lieu de
transformation, la date de péremption, les coordonnées du
transformateur, le mode de préparation et l'espèce
transformée. Les feuilles de manioc moulues et congelées ne sont
pas encore très bien connues par les consommateurs. La plupart des
ménages réalisent eux-mêmes la mouture.
e. Contraintes
Les contraintes rencontrées par les transformateurs sont
:
- le dérangement et tracasserie des agents des services
de l'Etat à l'instar de l'Office Congolais de Contrôle (O.C.C.)
;
- les coupures intempestives d'électricité.
3.2.3.3. Transformateur-commerçant des feuilles
de manioc préparées
La transformation des feuilles de manioc en plat se fait
actuellement dans la plupart des supermarchés de la ville de Kinshasa.
Ces commerçants de détail d'un genre nouveau s'intéressent
de plus en plus à la vente de plats préparés notamment
celui des feuilles de manioc. La cuisson ajoute une valeur plus grande que la
simple mouture.
Les informations présentées ici ont
été recueillies au niveau du supermarché GGmark.
46
a. Approvisionnement
L'approvisionnement en feuilles moulues est hebdomadaire. La
livraison est de 10 kg. Quand le stock s'épuise avant le délai,
une autre commande est faite. Le kilogramme est livré à 1.500 FC.
L'approvisionnement en ingrédients se fait en gros au niveau des
marchés municipaux.
b. Transformation
Les feuilles sont transformées en « pondu
». C'est un plat épicé typiquement congolais avec
de l'huile en quantité remarquable. La préparation prend en
moyenne 1h30 dont 1h de cuisson.
c. Transformation au niveau des
ménages
La transformation au niveau des ménages est
essentiellement artisanale : un pilon et un mortier suffisent pour faire la
mouture de feuilles de manioc. Cette pratique prend beaucoup de temps et
d'effort physique. Pendant que la transformation au niveau du machiniste prend
quelques secondes, avec le mortier et le pilon, cette étape de la
préparation des feuilles de manioc prend 30 à 45 minutes. Pour
faciliter la mouture au mortier et réduire le temps, certaines astuces
sont de plus en plus utilisées notamment laisser les feuilles au
congélateur la veille.
L'industrialisation économise le temps de la
ménagère. Seulement il y a des préoccupations au niveau de
l'hygiène lors de la transformation au niveau des marchés
municipaux.
47
CHAPITRE IV. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES ET
VALEUR AJOUTEE DANS LA CHAINE DE VALEUR FEUILLES DE
MANIOC
Les différents acteurs identifiés et leurs
activités sont décrits dans le chapitre précédent.
Il s'agit des producteurs, des commerçants et des transformateurs qui
sont considérés comme des acteurs directement impliqués
dans la chaîne de valeur et propriétaires du produit (feuilles de
manioc).
Le présent chapitre, qui vient en appui aux
éléments développés dans le chapitre
précédent, procède à l'analyse financière
des agents types identifiés. Cette analyse consiste en l'estimation des
coûts engagés et des marges bénéficiaires
dégagées par les acteurs au niveau de chaque maillon. Les
coûts sont évalués en franc congolais (1 USD = 1.200
FC).
4.1. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES DE LA CHAINE
DE VALEUR
4.1.1. Analyse financière annuelle d'un producteur
de feuilles de manioc
Les producteurs retenus dans cette analyse sont ceux qui
évoluent au Plateau de Batéké et à Maluku centre.
Le premier cultive le Manihot esculenta connu sous l'appellation de
« pondu ya Kongo » et le second s'est spécialisé dans
la production du Manihot glazziovi « pondu ya caoutchouc
».
Rappelons que les producteurs ont pour objectif principal la
vente, même si une partie de la production est consommée
(autoconsommation). Ce qui implique qu'une fois récoltées, les
feuilles sont écoulées sur le marché. Le prix de vente
varie en fonction de l'espèce produite, de la période de vente
(saison sèche « rareté » ou saison de pluie «
abondance ») et en fonction du lieu de vente (bord champ ou marché
urbain).
4.1.1.1. Producteur des feuilles « Kongo » au
Plateau de Batéké
Le tableau ci-dessous présente la situation
financière globale d'un producteur des feuilles du Manihot esculenta
au plateau de Batéké pendant une année culturale pour
une surface d'un hectare.
48
Tableau n°4: Compte d'exploitation d'un producteur de
feuilles (dont la récolte se fait pendant la saison sèche
(Plateau de Batéké)
Désignation
|
Valeur totale (FC)
|
%
|
I. Coût
|
|
|
1.1. Location terrain
|
70.000
|
7,12
|
1.2. Défrichage et dessouchage
|
75.000
|
7,63
|
1.3. Labour
|
70.000
|
7,12
|
1.4. Hersage
|
70.000
|
7,12
|
1.5. Billonnage
|
70.000
|
7,12
|
1.6. Semis
|
50.000
|
5,09
|
1.7. Entretien
|
100.000
|
10,18
|
1.8. Récolte des feuilles
|
52.500
|
5,34
|
1.9. Récolte des racines
|
50.000
|
5,09
|
1.10. Transformation en kimpuka
|
100.000
|
10,18
|
1.11. Emballage kimpuka
|
15.000
|
1,53
|
1.12. Transport feuille
|
110.000
|
11,20
|
1.13. Transport kimpuka
|
150.000
|
15,27
|
Total coûts
|
982.500
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
2.1. Vente feuilles
|
600.000
|
21,82
|
2.2. Vente Kimpuka
|
2.150.000
|
78,18
|
Total recettes
|
2.750.000
|
100,0
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 1.767.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
64,27 %
|
V. Test de rentabilité
|
2,80
|
|
Le producteur du plateau cultive le manioc avec comme
principal produit la racine tubéreuse qui servira à la production
de Kimpuka. Il supporte des charges totales évaluées à
982.500 FC (818,75 USD) pour une superficie d'1 ha. Le tableau ci-dessus
renseigne que les charges les plus importantes sont celles liées aux
transports de kimpuka (15,27 % du coût total) et des feuilles (11,20 % du
coût total) suivi des travaux d'entretien et de transformation des
racines en kimpuka (10,18 % du coût total de production).
L'analyse du compte d'exploitation du producteur montre que
l'activité de production des feuilles et de Kimpuka dans le contexte du
plateau de Batéké est profitable. La marge
bénéficiaire est de 1.767.500 FC (1.472,92 USD) soit 64,27 % des
recettes totales (tableau n° 4). Le test de rentabilité qui compare
les recettes aux coûts montre un niveau de rentabilité suffisante
de 2,80. Autrement dit, 1 FC investi dans l'activité de production de
feuilles de manioc et de Kimpuka rapporte près de 2,80 FC. Cela montre
que le producteur parvient à gagner un taux considérable par
rapport à ce qu'il investit.
49
Cette rentabilité concerne la production aussi bien des
feuilles que de Kimpuka. Toutefois, la vente des feuilles de manioc à
hauteur de 600.000 FC (500 USD), soit 21,82 % dans les recettes
réalisées par le producteur, permettent déjà de
couvrir une bonne partie des dépenses totales de production.
Tableau n°5 : Compte d'exploitation d'un producteur de
feuilles (1 ha) dont la récolte se fait pendant la saison pluvieuse
(Plateau de Batéké).
Désignation
|
Valeur totale (FC)
|
%
|
I. Coût
|
|
|
1.1. Location terrain
|
70.000
|
6,91
|
1.2. Défrichage et dessouchage
|
75.000
|
7,41
|
1.3. Labour
|
70.000
|
6,91
|
1.4. Hersage
|
70.000
|
6,91
|
1.5. Billonnage
|
70.000
|
6,91
|
1.6. Semis
|
50.000
|
4,94
|
1.7. Entretien
|
100.000
|
9,88
|
1.8. Récolte des feuilles
|
52.500
|
5,19
|
1.9. Récolte des racines
|
50.000
|
4,94
|
1.10. Transformation en kimpuka
|
100.000
|
9,88
|
1.11. Emballage kimpuka
|
15.000
|
1,48
|
1.12. Transport des feuilles
|
140.000
|
13,83
|
1.13. Transport du kimpuka
|
150.000
|
14,81
|
Total coûts
|
1012.500
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
2.1. Vente feuilles
|
275.000
|
11,34
|
2.2. Vente Kimpuka
|
2.150.000
|
88,66
|
Total recettes
|
2.425.000
|
100,0
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 1.412.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
58,25 %
|
V. Test de rentabilité
|
2,40
|
|
Quand les feuilles sont produites pendant la saison pluvieuse,
la marge bénéficiaire du producteur diminue de 6,02 %. La part
des feuilles dans la recette totale diminue de 10,48 %. De ce fait, il est
profitable au producteur de produire les feuilles pendant la saison
sèche afin de maximiser son profit.
4.1.1.2. Producteur des feuilles « caoutchouc
» à Maluku
Le tableau suivant présente la situation annuelle des
coûts et des avantages pour une superficie d'un hectare d'un producteur
des feuilles du Manihot glazziovi. Le producteur n'obtient que les
feuilles de manioc, le Manihot glazziovi ne donnant pas des racines
tubéreuses.
50
Tableau n°6 : Compte annuel d'exploitation d'un
producteur de feuilles de manioc à Mangengenge
Désignation
|
Valeur totale (FC)
|
%
|
I. Coût
|
|
|
1.1. Location terrain
|
100.000
|
5,17
|
1.2. Défrichage et dessouchage
|
80.000
|
4,13
|
1.3. Labour
|
60.000
|
3,10
|
1.4. Plantation
|
100.000
|
5,17
|
1.5. Entretien
|
540.000
|
27,89
|
1.6. Récolte
|
450.000
|
23,24
|
1.7. Transport des feuilles
|
606.000
|
31,30
|
Total coûts
|
1.936.000
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
2.1. Vente feuilles
|
8.322.000
|
|
Total recettes
|
8.322.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 6.386.000
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
76,74 %
|
V. Test de rentabilité
|
4,30
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
La production des feuilles dites caoutchouc se fait tout au
long de l'année avec des rendements instables. Le producteur ne vise que
la production de feuilles. Dans le contexte de Mangenge, les charges totales de
production sont évaluées à 1.936.000 FC (1.613,33 USD)
avec une part importante 606.000 FC (505 USD) soit 31,30 % du montant total des
dépenses affectée au transport des feuilles suivi des travaux
d'entretien, le sarclage notamment, qui se fait chaque mois après la
récolte dont les dépenses annuelles sont de 540.000 FC (450 USD)
soit 27,89 % des dépenses totales.
Il ressort de l'analyse du compte d'exploitation que la
production uniquement des feuilles de manioc (caoutchouc) est une
activité très rentable. En effet, les charges supportées
sont totalement couvertes par une marge bénéficiaire suffisamment
large de 6.386.000 FC (5.321,67 USD) soit 76,74 % du chiffre d'affaires.
4.1.1.3. Analyse comparative des comptes d'exploitation
des producteurs de « Kongo » et « Caoutchouc ».
L'analyse comparative permet d'étudier les
caractéristiques des indicateurs relatifs à la situation
financière des producteurs, d'apprécier la gestion de leurs
activités et d'en dégager les tendances futures en fonction des
variétés exploitées.
51
Tableau n°7 : Compte d'exploitation des producteurs des
feuilles « Kongo » et « Caoutchouc »
Désignation
|
Feuilles "Kongo" S.S*
|
Feuilles "Kongo" S.P*
|
Feuilles "Caoutchouc"
|
Charges totales
|
982.500
|
1.012.500
|
1.936.000
|
Recettes totales
|
2.750.000
|
2.425.000
|
8.322.000
|
Bénéfice total
|
1.767.500
|
1.412.500
|
6.386.000
|
Marge bénéficiaire
|
64,27 %
|
58,25 %
|
76,74%
|
Rentabilité
|
2,80
|
2,40
|
4,30
|
*SS : saison sèche, SP* : Saison pluvieuse
Il ressort de cette comparaison que le Manihot glazziovi
est de loin plus rentable que le Manihot esculenta qui donne deux
produits très commerciaux. 1 franc investi dans la production des
tubercules et des feuilles du Manihot esculenta, donne 2,80 FC en
saison sèche et 2,40 en saison pluvieuse tandis qu'1 FC investi dans la
production des feuilles du Manihot glazziovi donne 4,30 FC. Ceci
s'explique par les quantités récoltées et les prix de ces
produits :
Le producteur du Manihot esculenta ne récolte
que trois fois l'année pour ne pas compromettre la production des
racines tubéreuses. Pendant la récolte, il doit laisser une bonne
quantité des feuilles pour assurer la croissance des racines. Par contre
le producteur de Manihot glazziovi récolte une à deux
fois le mois, des quantités deux à trois fois plus grandes que
celles produites par Manihot esculenta.
En outre, les prix de vente des deux produits sont
différents. Pour une même quantité, le Manihot
glazziovi est au plus deux fois plus cher que le Manihot esculenta.
Ces deux situations font que le Manihot glazziovi rapporte plus
que le Manihot esculenta.
4.1.2. Analyse financière d'un commerçant des
feuilles de manioc
Deux catégories de commerçants interviennent
dans la distribution des feuilles de manioc dans la ville de Kinshasa : les
grossistes et les détaillants. Les comptes d'exploitation ont
été analysés.
4.1.2.1. Commerce en gros des feuilles de manioc
Les analyses qui suivent concernent les grossistes qui
s'approvisionnent au plateau de Batéké (tableau n°4) et au
marché secondaire de Matamba (tableau n°5).
52
Tableau n°8 : Compte d'exploitation d'un
commerçant grossiste (35 bottes) qui s'approvisionne au plateau de
Batéké (saison pluvieuse)
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
35 bottes
|
1.500
|
52.500
|
47,95
|
1.2. Equipage (récolte)
|
35 bottes
|
500
|
17.500
|
15,98
|
1.2. Transport marchandise
|
35 bottes
|
1.000
|
35.000
|
31,96
|
1.3. Transport personnel
|
4
|
1.000
|
4.000
|
3,65
|
1.4. Taxe
|
500
|
0,46
|
Total coûts
|
109.500
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
35 bottes
|
5.000
|
175.000
|
|
Total recettes
|
175.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 65.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
37,43 %
|
|
V. Test de rentabilité
|
1,60
|
|
|
Source : Enquête d'août - octobre 2016
Les éléments de coût identifiés et
pris en compte dans les calculs concernent notamment : l'achat,
l'équipage (main d'oeuvre utilisée pour la récolte) et le
transport (feuilles, équipage et commerçant). L'unité
locale d'achat est la botte communément appelé «
varié » dont le poids est estimé à 22 kg avec tige et
12 kg sans tige.
Il ressort du tableau n°8 que le grossiste qui
s'approvisionne au plateau de Batéké supporte des charges totales
de 109.500 FC (91,25 USD) pour l'achat de 35 bottes de feuilles. Toutefois, les
charges les plus importantes sont celles liées à l'achat des
feuilles sur le site de production qui s'élève à 52.500 FC
(43,75 USD), soit environ 47,95 % des charges totales. Le reste des charges est
reparti entre les coûts de la main d'oeuvre et du transport.
Le même tableau renseigne que le commerçant
grossiste dégage une marge de 65.500 FC (54,58 USD) soit 37,43 % du
chiffre d'affaires. Le commerce en gros des feuilles de manioc est une
activité assez bénéfique car il permet au
commerçant de gagner un taux considérable par rapport à ce
qu'il investit : 1 FC investi rapporte 1,6 FC.
53
Tableau n°9 : Compte d'exploitation d'un commerçant
grossiste (35 bottes) qui s'approvisionne au plateau de Batéké
(saison sèche)
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
35 bottes
|
5.454,55
|
190.909,25
|
77,01
|
1.2. Equipage (récolte)
|
35 bottes
|
500
|
17.500
|
7,06
|
1.2. Transport marchandise
|
35 bottes
|
1.000
|
35.000
|
14,19
|
1.3. Transport personnel
|
4
|
1.000
|
4.000
|
1,61
|
1.4. Taxe
|
|
|
500
|
0,20
|
Total coûts
|
247.909,25
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
35 bottes
|
11.000
|
385.000
|
|
Total recettes
|
385.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 137.090,75
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
35,61 %
|
|
V. Test de rentabilité
|
1,55
|
|
|
Source : Enquête d'août - octobre 2016
Le total des coûts passe de 109.500 FC (91,25 USD)
à 247.909,25 FC (206,59 USD) en moyenne. Le commerçant de gros
réalise un profit plus élevé en saison sèche, il
passe de 65.500 FC (54,58 USD) à 137.090,75 FC (114,24 USD) cependant sa
marge bénéficiaire diminue de 1,82 % et la rentabilité de
0,03.
Tableau n°10: Compte d'exploitation d'un
commerçant grossiste (35 bottes) qui s'approvisionne au marché de
Matamba en saison pluvieuse
Désignation
|
Quantité
|
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
35 bottes
|
|
5.000
|
175.000
|
Total coûts
|
|
175.000
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
35 bottes
|
|
6.000
|
210.000
|
Total recettes
|
|
210.000
|
III. Bénéfice total
|
|
(II - I) = 35.000
|
IV. Marge bénéficiaire
|
|
16,66%
|
V. Test de rentabilité
|
|
1,2
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
Matamba est le principal marché de gros de feuilles de
manioc installé dans la partie Est de Kinshasa. Certains producteurs
s'organisent pour vendre leurs productions aux grossistes de ce
marché.
C'est ainsi que le coût considéré est
celui lié à l'acquisition des feuilles de manioc. Il est
évalué à 175.000 FC (145,83 USD) pour les 35 bottes
achetées. Le grossiste vend à son tour aux détaillants et
réalise une marge bénéficiaire de 35.000 FC (29 USD), soit
16,66% du chiffre d'affaires. L'activité de ce grossiste paraît
tout de même profitable ; elle permet de
54
couvrir toutes les charges engagées et chaque
unité monétaire (Franc congolais) investi rapporte 1,2 FC.
Tableau n°11: Compte d'exploitation d'un
commerçant grossiste qui s'approvisionne au marché Matamba en
saison sèche
Désignation
|
Quantité
|
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
35 bottes
|
|
10.000
|
350.000
|
Total coûts
|
|
350.000
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
35 bottes
|
|
12.000
|
420.000
|
Total recettes
|
|
420.000
|
III. Bénéfice total
|
|
(II - I) = 70.000
|
IV. Marge bénéficiaire
|
|
16,66%
|
V. Test de rentabilité
|
|
1,2
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
Pendant la saison sèche, le commerçant grossiste
s'approvisionnant à Matamba, réalise un profit deux fois plus
grand que ce qu'il réalise pendant la saison pluvieuse. Cependant au
regard des coûts qu'il engage, sa marge bénéficiaire et sa
rentabilité ne varient pas.
4.1.2.1. Commerce en détail des feuilles de
manioc
Il s'agit ici d'un commerçant détaillant qui
s'approvisionne dans le territoire de Kasangulu (province du Kongo Central) et
vend son produit au marché de détail de l'UPN, dans la commune de
Ngaliema.
Les éléments de coût identifiés et
pris en compte dans les calculs concernent notamment : le coût
d'acquisition, le transport (marchandise et commerçant), la taxe (taxe
du marché, location de l'espace) et d'autres frais connexes (eau,
nettoyage, etc.).
55
Tableau n°12: Compte d'exploitation d'un
commerçant détaillant à UPN de feuilles de manioc à
Kinshasa pendant la saison pluvieuse
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
10 bottes
|
500
|
5.000
|
58,82
|
1.2. Transport marchandise
|
10 bottes
|
100
|
1.000
|
11,76
|
1.3. Transport commerçant
|
|
|
1.000
|
11,76
|
1.2. Taxe et location espace
|
|
|
500
|
5,88
|
1.3. Autres frais
|
|
|
1.000
|
11,76
|
Total coûts
|
8.500
|
100
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
20 bottes
|
500
|
10.000
|
|
Total recettes
|
10.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 1.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
15,00%
|
|
V. Test de rentabilité
|
1,18
|
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016.
Il ressort du tableau ci-dessus que le commerce de
détail des feuilles de manioc au marché de UPN est relativement
profitable pendant la période d'abondance. Elle permet au
détaillant de gagner un bénéfice net de 1.500 FC (1,25
USD), soit une marge bénéficiaire de 15 %. Du point de vue
financier, l'activité est d'une rentabilité peu
élevée car pour une unité monétaire investie,
l'agent parvient à gagner que 0,18 unité monétaire
supplémentaire.
56
Tableau n°13 : Compte d'exploitation d'un
commerçant détaillant de feuilles de manioc à UPN pendant
la saison sèche
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
10 bottes
|
1.000
|
10.000
|
74,07
|
1.2. Transport marchandise
|
10 bottes
|
100
|
1.000
|
7,41
|
1.3. Transport commerçant
|
|
|
1.000
|
7,41
|
1.2. Taxe et location espace
|
|
|
500
|
3,70
|
1.3. Autres frais
|
|
|
1.000
|
7,41
|
Total coûts
|
13.500
|
100
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
20 bottes
|
1.000
|
20.000
|
|
Total recettes
|
20.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 6.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
32,50%
|
|
V. Test de rentabilité
|
1,48
|
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016.
En saison sèche, le commerçant détaillant
au marché de UPN, réalise un profit passant de 1.500 FC (1,25
USD) à 6.500 FC (5,42 USD) et sa marge passe de 15 % à 32,5 %
avec une rentabilité de 1,48. De ce fait, la saison sèche est
très profitable au commerçant détaillant du marché
de UPN.
Tableau n° 14: Compte d'exploitation d'un
commerçant détaillant s'approvisionnant au marché Matamba
en saison pluvieuse
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
6 bottes
|
6.000
|
36.000
|
96,26
|
1.2. Taxe
|
|
|
400
|
1,07
|
1.3. Dépôt
|
|
|
500
|
1,34
|
1.4. Autres frais
|
|
|
500
|
1,34
|
Total coûts
|
37.400
|
100
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
120 bottes
|
500
|
60.000
|
|
Total recettes
|
60.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 22.600
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
37,7 %
|
|
V. Test de rentabilité
|
1,60
|
|
|
Il ressort du tableau ci-dessus que le commerce de
détail des feuilles de manioc au marché de Matamba pendant la
saison sèche est relativement profitable. Elle permet au
détaillant de réaliser un bénéfice net de 22.600 FC
(18,83 USD), soit une marge bénéficiaire de 37,67 %. Du point de
vue financier, le commerce est rentable car pour une unité
monétaire investie, l'agent parvient à gagner que 0,60
unité monétaire supplémentaire.
57
Tableau n° 15 : Analyse financière en FC d'un
commerçant détaillant au niveau de Matamba en saison
sèche
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles manioc
|
6 bottes
|
12.000
|
72.000
|
97,43
|
1.2. Taxe
|
|
|
400
|
0,54
|
1.3. Dépôt
|
|
|
1.000
|
1,35
|
1.4. Autres frais
|
|
|
500
|
0,68
|
Total coûts
|
73.900
|
100
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
120 bottes
|
1.000
|
120.000
|
|
Total recettes
|
120.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 46.100
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
38,42%
|
|
V. Test de rentabilité
|
1,62
|
|
|
Pendant la saison sèche, le détaillant
réalise un profit de 46.100 FC (38,42 USD). Il a 23.500 FC (19,58 USD)
de plus par rapport à la saison pluvieuse. Sa marge
bénéficiaire augmente de 0,75 %. Sa rentabilité est de
1,62. Le commerce de détail à Matamba est plus rentable en saison
sèche qu'en saison pluvieuse.
4.1.3. Analyse financière d'un transformateur de
feuilles de manioc
Comme indiqué ci-haut, trois types de transformateurs ont
été identifiés : le transformateur-prestataire de service,
le transformateur - commerçant de feuilles moulues et le transformateur
- commerçant de feuilles préparées. Pour chacun de ces
acteurs, l'analyse financière est réalisée en
considérant les charges supportées, les quantités et le
prix de vente. 4.1.3.1. Transformateurs - Prestataires de
service
Tableau n°16 : Compte d'exploitation mensuel d'un
transformateur - prestataire de service
Désignation
|
Valeur totale (FC)
|
%
|
I. Coût
|
|
|
1.1. Taxe
|
1.200
|
0,5
|
1.2. Electricité
|
7.300
|
2,8
|
1.3. Amortissement
|
3.000
|
1,2
|
1.4. Emballage
|
5.200
|
2,0
|
1.5. Salaire (main d'oeuvre)
|
242.300
|
93,6
|
Total coûts
|
259.000
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
2.1. Totales Recettes
|
484.000
|
484.000
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 225.000
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
46,48%
|
V. Test de rentabilité
|
1,86
|
|
58
Les charges supportées par le prestataire de service
dans le cadre de ses activités concernent : la taxe,
l'électricité, l'emballage. Le coût total mensuel, y
compris l'amortissement de la machine est évalué à 259.000
FC (215,83 USD). La main d'oeuvre représente à elle seule 93,6 %
du coût total des charges d'exploitation.
Les recettes mensuelles (484.000 FC soit 403,33 USD) sont
largement suffisantes pour couvrir les coûts (259.000 FC soit 215,83USD).
Cette activité, qui semble être parfois négligée par
les kinois, reste rentable car elle permet de dégager une marge
bénéficiaire mensuelle de 225.000 FC (187,5 USD), soit 46,48 %
des recettes totales. Une unité monétaire investie dans cette
activité permet de récupérer 1,86 unité
monétaire supplémentaire.
4.1.3.2. Transformateur - commerçant des
feuilles moulues
Dans cette catégorie des transformateurs,
l'étude s'est intéressée à trois acteurs ayant des
profils différents en termes de : source d'approvisionnement et
fréquence d'approvisionnement, chiffres d'affaires et destination du
produit (clientèle). Toutefois, ils commercialisent tous les feuilles de
Manihot glazziovi.
Si le premier est une entreprise spécialisée
uniquement dans la transformation et commercialisation, les deux autres sont
des supermarchés dont la transformation et la commercialisation ne
constituent que l'un des volets de leurs activités commerciales.
A. Transformateur - commerçant
spécialisé
« SOMBE » est une jeune entreprise qui s'est
lancée dans la transformation et la commercialisation des feuilles de
manioc moulues depuis 2014. L'entreprise, installée à Mpasa
(commune de la N'sele) s'approvisionnent en feuilles au Plateau de
Batéké avec une fréquence de deux fois par mois.
Ci-dessous son compte d'exploitation.
Tableau n°17: Compte d'exploitation d'un
transformateur-commerçant spécialisé pendant la saison
sèche
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles de manioc
|
309,36 kg
|
150
|
70.000
|
30,77
|
1.2. Transport marchandise
|
|
|
35.000
|
15,38
|
1.3. Main d'oeuvre
|
|
|
120.000
|
52,75
|
1.4. Emballage
|
|
|
2.500
|
1,10
|
Total coûts
|
227.500
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
400 kg
|
2.500
|
1.000.000
|
|
Total recettes
|
1.000.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 772.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
77,25%
|
|
V. Test de rentabilité
|
4,40
|
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
59
Avec une quantité de 309,36 kg de feuilles de manioc
sur une rotation achat-vente, le transformateur supporte des charges totales de
227.500 FC (189,58 USD). La main d'oeuvre a un poids considérable sur
les charges (52,75 % du coût total). Le rendement obtenu après la
transformation (400 kg soit 29,3 % de plus) permet de réaliser les
recettes totales à la hauteur de 1.000.000 FC (833,33 USD). Ce qui
atteste une rentabilité sans faille de l'activité avec une marge
bénéficiaire de 772.500 FC (643,75 USD), soit 77,25 % des
recettes totales.
Considérant la fréquence d'approvisionnement
(deux fois par mois soit 24 fois l'an), le bénéfice de ce
commerçant est estimé à 1.545.000 FC (1.287,5 USD) par
mois et 18.540.000 FC (15.450 USD) par an.
Tableau n°18 : Compte d'exploitation d'un
transformateur-commerçant spécialisé pendant la saison de
pluie
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles de
manioc
|
317,09 kg
|
110,38
|
35.000
|
18,18
|
1.2. Transport marchandise
|
|
|
35.000
|
18,18
|
1.3. Main d'oeuvre
|
|
|
120.000
|
62,34
|
1.4. Emballage
|
|
|
2.500
|
1,30
|
Total coûts
|
192.500
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
410 kg
|
2.500
|
1.025.000
|
|
Total recettes
|
1.025.000
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 832.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
81,22 %
|
|
V. Test de rentabilité
|
5,32
|
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
Pendant la saison pluvieuse, les coûts diminuent et les
prix de vente restent constants. Ceci augmente le bénéfice de
25.000 FC soit 20,83 USD. Cependant le transformateur a moins de client pendant
la saison pluvieuse. Il lui est donc avantageux de produire pendant la saison
pluvieuse et de vendre pendant la saison sèche.
B. Transformateur - commerçant non
spécialisé
Il s'agit ici des supermarchés (les acteurs de la
grande distribution) qui commercialisent différents types de produits
agro-alimentaires dont les feuilles de manioc. Un seul supermarché des
deux est dans le circuit classique c'est-à-dire, il achète et
transforme. L'autre produit et transforme seul sa production. D'où, les
informations reprises dans le tableau ci-dessous, concernent uniquement le
supermarché qui est dans le circuit classique. Il s'approvisionne une
fois le mois (soit douze fois l'an).
60
Tableau n°19 : Compte d'exploitation d'un
transformateur-commerçant au supermarché
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles de manioc
|
7,73 kg
|
452,78
|
3.500
|
37,84
|
1.2. Transport marchandise
|
|
|
1.000
|
10,81
|
1.3. Main d'oeuvre
|
|
|
4.500
|
48,65
|
1.4. Emballage
|
|
|
250
|
2,70
|
Total coûts
|
9.250
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
10 kg
|
2.760
|
27.600
|
|
Total recettes
|
27.600
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 18.350
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
66,49%
|
|
|
Test de rentabilité
|
2,98
|
|
Source : Enquête d'août - décembre 2016
La transformation et la commercialisation des feuilles de
manioc est une activité rentable pour les supermarchés qui
intègrent cette activité. Pour les charges totales de 9.250 FC
(7,7 USD), les supermarchés réalisent un bénéfice
de 18.350 FC (15,29 USD). Le test de rentabilité montre que pour une
unité monétaire investie, le supermarché gagne plus deux
unités monétaires supplémentaires. Annuellement, le
bénéfice réalisé uniquement pour la vente des
feuilles de manioc s'élève à 220.200 FC (183,5 USD).
4.1.3.3. Transformateur - commerçant de feuilles
de manioc préparées
Les feuilles de manioc préparées peuvent
être consommées à domicile ou hors domicile dans un
restaurant. Le restaurateur est considéré ici comme
transformateur des feuilles en plats préparé. Dans la ville de
Kinshasa, on peut distinguer globalement deux types de restaurants : il s'agit
de restaurant moderne d'une part et de restaurant de fortune,
communément appelé « Malewa » d'autre part.
Les comptes d'exploitation de ces acteurs de la restauration
sont analysés à travers les éléments
consignés dans le tableau ci-dessous.
A. Restaurant moderne
Il s'agit des restaurants qui commercialisent parmi plusieurs
produits, les feuilles de manioc préparés en plat
épicé typiquement kinois.
61
Tableau n°20 : Compte d'exploitation journalier d'un
restaurant moderne
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles de manioc
|
1.000 gr
|
1.500
|
1.500
|
18,0
|
1.2. Achat ingrédients
|
|
|
2.150
|
25,7
|
1.3. Achat sardine pilchard
|
2 boites
|
850
|
1.700
|
20,4
|
1.5. Main d'oeuvre
|
1 HJ
|
|
3.000
|
35,9
|
Total coûts
|
8.350
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
4.420 gr
|
1.000
|
44.200
|
|
Total recettes
|
44.200
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 35.850
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
81,10%
|
|
V. Test rentabilité (R/C)
|
5,29
|
|
|
Source : Enquête d'août - octobre 2016
Le processus de préparation des plats à base de
feuilles de manioc requiert, en dehors des feuilles de ce légume,
d'autres ingrédients pour assaisonner et rehausser du goût au
plat. Il s'agit des ingrédients couramment utilisés dans la
cuisine congolaise, notamment l'ail, l'aubergine, l'oignon, le poivron, la
ciboule, le piment vert et l'huile de palme. A ces ingrédients, s'ajoute
généralement le poisson en conserve à la sauce tomate le
plus souvent c'est la sardine pilchard. La vente des plats
préparés (44.200 FC soit 36,83 USD de recettes totales) permet de
couvrir les coûts engagés (8.350 FC soit 6,96 USD) et de
dégager un profit (35.850 FC soit 29,875 USD). La marge
bénéficiaire est évaluée à 81,1 % ; le test
de rentabilité (5,29) montre que 1 FC investi permet de rapporter 4,29
FC supplémentaires. La vente des feuilles de manioc a lieu chaque jour,
7 jours sur 7. Le profit annuel généré par ce produit dans
le supermarché est de 13.085.250 FC soit 10.904,375 USD.
62
B. Restaurant « Malewa »
Il s'agit des restaurants de fortune installés dans les
coins des rues ou dans les grands marchés comme des municipaux qui
commercialisent les feuilles de manioc préparées parmi plusieurs
autres produits.
Tableau n°21 : Compte d'exploitation journalier d'un
restaurant de fortune
Désignation
|
Quantité
|
PU (FC)
|
PT (FC)
|
%
|
I. Coûts
|
|
|
1.1. Achat feuilles de manioc
(bidongola)
|
1.000 gr
|
500
|
500
|
25
|
1.2. Achat ingrédients
|
|
|
500
|
25
|
1.5. Main d'oeuvre
|
1 HJ
|
|
1.000
|
50
|
Total coûts
|
2.000
|
100,0
|
II. Recettes
|
|
|
|
|
2.1. Prix de vente
|
3.750 gr
|
300
|
4.500
|
|
Total recettes
|
4.500
|
|
III. Bénéfice total
|
(II - I) = 2.500
|
|
IV. Marge bénéficiaire
|
55,56 %
|
|
V. Test rentabilité (R/C)
|
2,25
|
|
|
La marge bénéficiaire dans un restaurant de
fortune est estimée à 55,56 % avec une rentabilité de
2,25. En d'autres termes, 1 FC investi génère 2,25 FC
supplémentaires. L'activité est rentable car le transformateur
couvre ses charges et réalise un bénéfice de 2.500 FC
(2,08 USD). Cependant, elle est moins rentable qu'un restaurant moderne. La
différence dans le bénéfice et la rentabilité
s'explique par le fait que les prix sont élevés au sein des
restaurants modernes et faibles dans les malewa. Ceci est dû au cadre
(service, équipement, présentation, propreté...)
proposé par les deux types.
4.2. PRIX ET VALEUR AJOUTEE DANS LA CHAINE DE VALEUR
Il est question dans ce point de montrer les
différentes valeurs que prennent les feuilles de manioc au niveau de
chaque maillon de la chaine de valeur aussi bien pour la saison sèche et
la saison pluvieuse. Les prix considérés dans les
différents tableaux, sont des prix moyens de chaque période
(saison pluvieuse et saison sèche).
Le tableau suivant récapitule les différents
niveaux des prix de feuilles selon le niveau dans la chaine et leurs
pourcentages par rapport au prix d'un plat qui est le niveau ultime de
transformation des feuilles de manioc. La valeur ajoutée au niveau de
chaque maillon a aussi été calculée ainsi que les
pourcentages correspondants au total de ces valeurs.
63
Tableau n° 22 : Prix et valeur ajoutée dans la
chaine de valeur pendant la saison pluvieuse, pour la partie Est de la
capitale
Acteur de la chaîne
|
Produit
|
Prix en FC/Kg
|
% par rapport au prix transformateur
|
Valeur ajoutée
|
% Valeur ajoutée
|
Producteur
|
Feuilles entières
|
163,7
|
1,6
|
63,7
|
0,66
|
Grossiste
|
Feuilles entières
|
500
|
5,0
|
336,3
|
3,51
|
Détaillant
|
Feuilles entières
|
833,33
|
8,3
|
329,13
|
3,43
|
Transformateur
|
Feuilles moulues
|
2.760
|
27,6
|
1926,7
|
20,09
|
Transformateur (Malewa)
|
Feuilles préparées
|
1.200
|
12,0
|
566,7
|
5,91
|
Transformateur
|
Feuilles préparées
|
10.000
|
100,0
|
6368,96
|
66,4
|
Total
|
|
|
|
9591,49
|
100
|
Le passage du produit aux différents maillons de la
chaine par le biais de la distribution, ajoute une certaine valeur, comme
renseigné dans le tableau ci-dessus. Manifestement les fonctions les
plus valorisantes sont celles exécutées par les transformateurs
des feuilles de manioc en feuilles moulues et en plat. Au niveau de la
distribution des feuilles entières, c'est le grossiste qui crée
plus de valeur ajoutée. Il sied de noter que des deux fonctions, c'est
la transformation qui ajoute plus de valeur au produit que la
commercialisation.
Tableau n° 23 : Prix et valeur ajoutée dans la
chaine de valeur pendant la saison sèche, pour la partie Est de la
capitale
Acteur de la chaîne
|
Produit
|
Prix en FC/Kg
|
% par rapport au prix transformateur
|
Valeur ajoutée
|
% Valeur ajoutée
|
Producteur
|
Feuilles entières
|
454,5
|
4,5
|
354,5
|
3,70
|
Grossiste
|
Feuilles entières
|
1.000
|
10,0
|
545,5
|
5,69
|
Détaillant
|
Feuilles entières
|
1.666,7
|
16,7
|
662,53
|
6,91
|
Transformateur
|
Feuilles moulues
|
2.760
|
27,6
|
1093,3
|
11,40
|
Transformateur (Malewa)
|
Feuilles préparées
|
1.200
|
12,0
|
566,67
|
5,91
|
Transformateur
|
Feuilles préparées
|
10.000
|
100,0
|
6368,96
|
66,40
|
Total
|
|
|
|
9591,46
|
100
|
Pendant la saison sèche, les prix de tous les acteurs
augmentent sauf ceux des transformateurs restent constants. Il ressort du
tableau ci-haut que les maillons qui créent plus de valeur
ajoutée sont toujours celles des transformateurs. Cependant au niveau de
tous les acteurs, les feuilles coûtent plus chères pendant la
saison sèche par rapport à la saison pluvieuse, exceptés
les transformateurs.
Le tableau suivant récapitule la situation
financière des principaux acteurs de la chaine de valeur de la partie
Ouest de Kinshasa, en termes de valeur ajoutée au produit à
chaque niveau de la chaine.
64
Tableau n° 24 : Prix et valeur ajoutée dans la
chaîne de valeur pendant la saison pluvieuse pour la partie Ouest de la
capitale
Acteur de la chaîne
|
Produit
|
Prix en FC/Kg
|
% par rapport au prix transformateur
|
Valeur ajoutée
|
% Valeur ajoutée
|
Producteur
|
Feuilles entières
|
250
|
2,5
|
150
|
1,57
|
Détaillant
|
Feuilles entières
|
500
|
5
|
220
|
2,30
|
Transformateur
|
Feuilles moulues
|
2760
|
27,6
|
2260
|
23,63
|
Transformateur (Malewa)
|
Feuilles préparées
|
1.200
|
12,0
|
566,7
|
5,92
|
Transformateur
|
Feuilles préparées
|
10000
|
100
|
6368,96
|
66,58
|
Total
|
|
|
|
9565,66
|
100
|
A l'Ouest de Kinshasa, le producteur joue aussi le rôle
de grossiste. Ce qui lui procure un prix de vente plus élevé que
le producteur de Menkao. Le passage du produit à travers
différents maillons de la chaine par le biais de la distribution, ajoute
de la valeur comme le renseigne le tableau ci-dessus. C'est la transformation
des feuilles en feuilles moulues ou en plat qui rapporte beaucoup plus de
valeur aux feuilles par contre la production primaire reste l'activité
la moins génératrice de valeur.
Tableau n° 25 : Prix et valeur ajoutée dans la
chaîne de valeur (la saison sèche) pour la partie Ouest de
Kinshasa
Acteur de la chaîne
|
Produit
|
Prix en FC/Kg
|
% par rapport au prix transformateur
|
Valeur ajoutée
|
% Valeur ajoutée
|
Producteur
|
Feuilles entières
|
500
|
5
|
400
|
4,18
|
Détaillant
|
Feuilles entières
|
1000
|
10
|
470
|
4,91
|
Transformateur
|
Feuilles moulues
|
2760
|
27,6
|
1760
|
18,40
|
Transformateur (Malewa)
|
Feuilles préparées
|
1.200
|
12,0
|
566,7
|
5,92
|
Transformateur
|
Feuilles préparées
|
10000
|
100
|
6368,96
|
66,58
|
Total
|
|
|
|
9565,66
|
100
|
Pendant la saison sèche, les prix au producteur et au
détaillant augmentent alors que ceux des transformateurs restent
constants. Il ressort du tableau ci-haut que les transformateurs demeurent les
acteurs qui créent le plus les valeurs ajoutées. Les prix des
feuilles sont beaucoup intéressants en saison sèche pour les
acteurs de la chaine de valeur.
En comparant la chaine de valeur de l'Est à celle de
l'Ouest de Kinshasa, il se dégage que la valeur ajoutée est plus
élevée pour les producteurs et commerçants de l'Est.
Cependant les prix au producteur sont plus élevés à
l'Ouest qu'à l'Est de Kinshasa. Cette dernière situation peut
s'expliquer par rente de situation dont bénéficient les
producteurs de Kasangulu (Ouest de Kinshasa) qui sont beaucoup plus proches de
Kinshasa que les producteurs du plateau de Batéké (Est de
Kinshasa).
65
DISCUSSION
Les feuilles de manioc se placent au premier rang de tous les
légumes-feuilles consommés en RDC et à Kinshasa en
particulier où un ménage de 7 à 8 personnes consomme
près de 4 kg de feuilles de manioc par semaine (Kinkela et Khonde,
2001). Le manioc feuille (légume) assure plus de 50% en RDC des besoins
en protéines et éléments nutritifs (FAO et FIDA, 2000).
Comparativement aux racines, Muchk et Vinck (1984) renseignent que les feuilles
de manioc sont riches en protéines (6-8 mg/g), en Fer (3 mg/100g), en
Calcium (200 mg/100g), en vitamine A (10.000 - 13.000 IV) et vitamine C (140
mg/100g). La consommation moyenne est de l'ordre de 29 kilos par habitant par
année.
Outre ces attributs, les feuilles de manioc sont un produit
très rentable et surtout très compétitif. Au regard des
chiffres présentés dans les résultats, les producteurs et
autres acteurs de la chaine de valeur « feuilles de manioc », peuvent
produire uniquement les feuilles de manioc et se suffire. Aucun produit local
moins les racines tubéreuses n'égalent la rentabilité des
feuilles de manioc. Le producteur uniquement des feuilles au niveau de
Mangengenge dans la commune de Maluku a des charges supérieures aux
autres acteurs de la chaine de valeur cependant, il réalise un
bénéfice supérieur aux autres producteurs de la chaine de
valeur (6.386.000 FC contre 1.412.500 à 1.767.500 FC) qui fournissent
d'ailleurs deux produits très commercialisés (les feuilles et le
kimpuka) dans la capitale.
Les différents acteurs dégagent des marges
importantes dans l'exercice de leurs activités. Dans la filière
manioc, la chaine de valeur « feuilles de manioc »
génère des valeurs ajoutées sans concurrent. Ainsi 1 kg de
feuilles fraiches donne après transformation 1,29 kg de feuilles
moulues. L'augmentation de 0,29 kg du poids de départ est due à
l'eau utilisée lors du nettoyage et qui reste collée aux
feuilles. Cette eau se mélange au jus issu de la transformation des
feuilles et ne peut être jetée car elle contient les
éléments nutritifs qui donne toute la saveur du « pondu
». Ainsi cette augmentation de poids est très
bénéfique pour le transformateur car la vente se fait au kg.
1 kg de feuilles moulue donne après transformation
environ 5 kg de « pondu ». Aucun produit de la filière manioc
ne donne des résultats pareils.
Au regard de différents travaux sur le manioc,
l'étude des feuilles de manioc s'avère la moins approfondie.
Partant de Khonde (2001) à Mpanzu (2015), les différents travaux
de recherche ou rapports des projets sur la filière manioc ne portent
attention que sur les racines tubéreuses et ses différentes
chaines de valeur. Et pourtant les feuilles font partie de la filière
manioc et constituent en outre le premier légume consommé en RDC.
Quand on parle du manioc, les différents auteurs ne pensent d'abord, si
pas uniquement, qu'aux racines. Les différentes recherches se basent sur
l'amélioration du rendement des racines tubéreuses et non des
feuilles directement. Les variétés mises en place visent d'abord
l'amélioration de rendement en racines tubéreuses.
L'amélioration éventuelle du rendement en feuilles ne constitue
souvent qu'un résultat inattendu.
66
Les feuilles de manioc sont mêmes
négligées au profit des racines au niveau des producteurs du
Manihot esculenta.
Cependant de par les différents résultats de la
présente étude, les feuilles offrent un grand marché et
une opportunité exceptionnelle d'amélioration de revenu tant du
producteur que des autres acteurs dans la chaine de valeur.
Au niveau de la commercialisation : espace de vente
insuffisant, le manque des tables pour la vente et d'abri du soleil et la
périssabilité du produit ;
67
CONCLUSION
La présente étude sur la chaine de valeur «
feuilles de manioc » dans la zone périurbaine de Kinshasa projetait
de faire un état des lieux sur la chaine de valeur feuille de manioc
dans la ville-province de Kinshasa et dans sa périphérie.
Spécifiquement, il s'est agi d'identifier les acteurs
impliqués dans la chaine de valeur feuilles de manioc, de décrire
les activités des acteurs, d'identifier les contraintes
rencontrées à différents niveaux de la chaine de valeur et
d'estimer les coûts engagés, les marges dégagées,
les valeurs ajoutées et la rentabilité à chaque maillon de
la chaine de valeur.
Il ressort de ces investigations que les différentes
activités dans la chaine de valeur feuilles de manioc sont très
rentables et très compétitives :
- Les producteurs de différentes espèces du
manioc arrivent à supporter les charges liées à la
production et à dégager un bénéfice. Cependant les
matériels de productions utilisés sont généralement
rudimentaires (la houe, la machette, la pelle, l'arrosoir etc.) ne facilitent
pas le travail des paysans. Beaucoup de variétés utilisées
sont locales et ne permettent pas la réalisation de gros rendements. En
dépit de ces problèmes, les producteurs arrivent à
dégager des marges bénéficiaires annuelles allant de 58,25
% à 64,27 % au niveau de Menkao avec une rentabilité de 2,40
à 2,80. A Mangenge la marge bénéficiaire atteint 76,74 %
du chiffre d'affaires avec une rentabilité de 4,30.
- Le grossiste dégage des marges allant de 16,66 %
à 37,43 % avec des rentabilités de 1,2 à 1,6. Le
détaillant à Matamba dégage une marge allant de 37,71 %
à 38,42 % avec une rentabilité de 1,61 à 1,62. Le
détaillant à UPN dégage une marge allant de 15 % à
32,50 % avec une rentabilité de 1,18 à 1,48.
- Les transformateurs à différents niveaux,
réalisent des profits intéressants. Les transformateurs
prestataires de service dégagent une marge de 46,48 % avec une
rentabilité de 1,86. Les transformateurs spécialisés en
production des feuilles moulues dégagent une marge
bénéficiaire de 77,5 % à 81,46 % du chiffre d'affaire avec
une rentabilité allant de 4,44 à 5, 39 %. Les transformateurs non
spécialisés en production des feuilles moulues dans les
supermarchés, dégagent une marge bénéficiaire de
67,39 % du chiffre d'affaire avec une rentabilité de 3,07. Les
transformateurs des feuilles préparées dégagent une marge
bénéficiaire de 81,10 % avec une rentabilité de 5,29.
En dépit de toutes ces rentabilités, les acteurs
de la chaine de valeur « feuilles de manioc » font face à un
certain nombre de contraintes notamment :
Au niveau de la production : l'accès difficile au
foncier, l'absence des boutures des variétés
améliorées, le manque de financement des activités, le
manque d'encadrement et l'insuffisance de la main d'oeuvre ;
68
Au niveau de la transformation : les coupures intempestives
d'électricité, les tracasseries des agents de l'Etat et le manque
d'une demande stable et régulière.
Au regard de toutes ces contraintes, les suggestions
ci-dessous sont formulées :
Que les institutions publiques de recherche
s'intéressent aussi à la chaine de valeur « feuilles de
manioc » notamment dans la recherche variétale pour répondre
aux préférences des consommateurs ;
Que les institutions de finance insèrent dans leur
portefeuille le programme de crédit agricole pour booster les
différentes activités de la chaine de valeur ;
Que l'Etat par son service national de vulgarisation puisse
restaurer l'encadrement des acteurs de la chaine de valeur en vue
d'améliorer les techniques de production et maximiser le profit pour
chaque acteur ;
Que l'Etat à travers son ministère d'affaire
foncière puisse améliorer l'accès à la terre aux
producteurs et sécuriser le foncier contre les lotissements sauvages
notamment ;
Que l'Etat améliore les infrastructures de
commercialisation notamment les marchés, les entrepôts, les routes
;
L'Etat devra soutenir les acteurs de la chaine de valeur dans
la recherche des débouchés pour les produits locaux aussi bien au
niveau national qu'international.
69
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANONYME. (2015). Demograhia world Urban Areas 2015, p 20. (
http://w.w.w.demographia.com/db-worldua.)
BAIN J.S. (1959). Industrial organization. John wiley and sons,
New York.
CEPLANUT (2000). Enquête nutritionnelle et de
consommation alimentaire dans la ville de Kinshasa, juin 2000. Kinshasa :
Ministère de la santé.
CHAUSSE J.P., KEMBOLA. T.H & NGONDE, R. 2012 «
L'agriculture : pierre angulaire de l'économie de la RDC » In
HERDERSCHEE J., MUKOKO S.D. & TSHIMENGA T. Résilience d'un
géant africain : accélérer la croissance et promouvoir
l'emploi en République Démocratique du Congo. Volume II : Etudes
sectorielles. Kinshasa Médiaspaul, pp. 1-97.
CHIAPO A.C. (2005). Acteurs des filières agricoles :
Concepts et fonctions pour un développement équitable. Togo.
Lomé. 6p.
DAVIS. J.H. et GOLDBERT R.A. (1957). A concept of
agribusiness. Boston (USA) : Havard University, 136 p.
DENRUYTER C.I. (1992). Les études de marchés, cours
CIFEM, Bruxelles, 1992, p. 7.
DUTEURTRE G., KOUSSOU M.O. & LETEUIL H. (2000). Une
méthode d'analyse des filières. Montpellier : CIRAD-LRVZ.
FABRE P. (1994). Note de méthodologie
générale sur l'analyse de filière pour l'analyse
économique des politiques. Document de formation pour la planification
agricole n° 35, Rome, FAO, 105 p.
FAO. (2008). Etat de l'insécurité alimentaire
dans le monde 2008. Prix élevé des denrées alimentaires et
insécurité alimentaire, menaces et perspectives. Rome, 60 p
FAO. 2000. Défendre la cause du manioc.3p. (
http://www.fao.org). Consulté le
18 Juillet 2016.
FAO. 2005. L'approche filière - Analyse aux prix de
référence.36p.
FAO. 2006. Le marché de l'amidon valorise le manioc
(
www.fao.org/ag/fr).
Consulté le 18 Juillet 2016.
FEC. 2007. Etat des lieux de l'Economie congolaise.
Problèmes et pistes de la solution pour la relance économique de
la RDC. FEC, RDC. 188 p.
FIDA. 2006. Transformation et commercialisation du manioc.7p.
70
FIDA. 2008. Manioc : transformer une culture vivrière en
une culture de rente en Afrique de l'Ouest et du Centre, 4p.
FRIES R. et AKIN B. (2004). Value chain and their significance
for addressing the rural finance et chanllenge. Ampa, USAID. Washington DC, 34
p.
GOOSSENS, F. 1996. Rôle des systèmes d'alimentation
dans la sécurité alimentaire de Kinshasa. Afdeling land
bourseconomie, K.U., Leuven. 78 p.
GOOSSENS, F. MINTEN, B. et TOLLENS, E. (1994), Nourrir Kinshasa.
L'approvisionnement local d'une métropole africaine, Editions
L'Harmattan, Paris, 351 p.
HOUYOUX J., KINAVWUIDI N. et OKITO O. (1986). Les budgets des
ménages à Kinshasa. BEAU, département des travaux publics
et de l'aménagement du territoire, Kinshasa 69 p.
http://belgeo.revues.org/docannexe/image/7349/img-6-small580.png
consulté le 19 Juilllet 2016.
HUMPHREY J. (2002). Value chain approach : linking national
producers to international conference on best practices cases study.
INS, (2005), Enquête 1-2-3 de Kinshasa sur l'emploi, le
secteur informel et les conditions de vie des ménages de 2004.
Principaux résultats, 70 p
IRAD. (2003). Premier rapport d'étape sur recherche
action sur l'agriculture périurbaine de Yaoundé. 69 p.
KAPLINSKY R. (1999). Globalization and unequalization : what can
be learned from valuechain analysis. Journal of Development Studies 37 (2) :
117-146 p.
KAPLINSKY R. and MORRIS M. (2001). A handbook for value chain
research Brighton. United Kingdom, institute of development studies, University
of Sussex.
KAPLINSKY R. ET MORRIS M. (2000). Handbook for value chain
research. IDRC, 113 p.
KHONDE (2001). Sécurité alimentaire à
Kinshasa.
KINKELA C., TINGU M., NTOTO R., MPANZU P., et BELANI J. (2009).
Rapport final de l'étude de la filière manioc dans les provinces
de Kinshasa et du Bas-Congo. PROSECA, Kinshasa, 144 p.
LELO et TSHIMANGA (2004). Pauvreté urbaine à
Kinshasa. La Haye : Cordaid.
MBUYAMBA F. (2011). Les déterminants de l'adoption de
variétés améliorées de manioc. Contribution
à la sécurité alimentaire au Plateau de
Batéké en RDC (TFE). Université Protestante au
Congo-Licence en science économique (économie rurale).
PURSEGLOVE, J.W. (1987). Tropical Crops : Dicotyledons.
Longman Singapore Publishers (Pvt) Ltd.,Singapore.
71
McCORMICK, D. and H. SCHMITZ (2001). « Manual for value
chain research on
homeworkers in the garment industry » (
www.ids.ac.uk/ids/global/pdfs/wiegomanualendnov01.pdf).
MILES M.B et HUBERMAN A.M. (2003). Analyse des données
qualitatives, Bruxelles : de Boeck.
MPANZU P. (2007). Approvisionnement de la ville de Kinshasa en
banane dessert et banane plantain (Mémoire de DEA). Université de
Liège R. Gembloux Agro-Bio Tech. Belgique, 82 p.
MPANZU P. (2012). Commercialisation des produits vivriers
paysans dans le Bas-Congo (R.D.Congo) : contraintes et stratégies des
acteurs (Thèse de doctorat). Université de Liège R.
Gembloux Agro-Bio Tech. Belgique, 213 p.
MPANZU P. (2015). Document de proposition d'extension des
acquis du projet TCP/DRC/3405 (Appui à la promotion de la chaine de
valeur de la filière manioc en RDC), 35 p.
MUCHK et VINCK (1984), Cité dans RDC (2013). Etudes des
filières agricoles en RDC : rapport A1-final. 241 p.
MUTEBA K.D. (2014). Caractérisation des modes de
consommation alimentaire des ménages à Kinshasa : Analyse des
interrelations entre modes de vie et habitudes alimentaires (Thèse de
doctorat). Université de Liège-Gembloux-Agro-Bio Tech, Belgique,
179 p.
MUTEBA K.D. (2016). Gestion des exploitations agricoles et
recherche opérationnelle (Note de cours). Université de Kinshasa,
FASA, Département d'Economie-Agricole.
NTOTO R, (2009). Sécurisation des mécanismes de
subsistance des populations rurales du Mayombe. Problématique de
reconversion d'une économie locale. (Thèse de doctorat).
Académie universitaire Wallonie-Europe/Faculté universitaire des
sciences agronomiques de Gembloux.
NZUZI F. (2008). Kinshasa : ville et environnement. L'Harmattan,
Paris, 2008, 284 p.
PHILIPPES C. (2004). Contribution à l'atelier de Dehli.
Dynamique périurbaine : Population, habitat et environnement dans les
périphéries des grandes métropoles.
PNUD/RDC. (2009). Province du Bas-Congo : Profil
résumé, pauvreté et conditions de vie des ménages.
Unité de lutte contre la pauvreté, PNUD, 19 p.
PORTER M. (1986). L'avantage concurrentiel : comment devancer
ses concurrents et maintenir son avance. Inter-éditions, Paris, 647
p.
72
R.D.CONGO. Ministère du plan et l'INS (2005) : Monographie
de la ville de Kinshasa, 175 p.
RDC. (2013). Etudes des filières agricoles en RDC :
rapport A1-final. 241 p.
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. MINAGRI. (2009) ; Etude du
secteur agricole et rural (ESAR). 12 p.
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. Ministère du plan
(2014). Résultats de l'enquête sur l'emploi, le secteur informel
et sur la consommation des ménages/2012. 163p.
ROBERT P. (2003). Le nouveau petit Robert : Dictionnaire
alphabétique et analogique de la langue Française. Paris. 2950
p.
SCHERER FM., ROSS D., (1990). Industrial market structure and
economic performance. Boston : Houghton Mifflin Company. 713 p.
TABUTIN D. & SCHOUMAKER B. (2006). La démographie de
l'Afrique au Sud du Sahara des années 1950 aux années 2000.
Synthèse des changements et bilan statistique. 262 p.
TALLEC F. et BOCKEL L. (2005). L'approche filière :
analyse fonctionnelle et identification des flux. FAO. Rome, 22 p.
TECSULT-AECOM (2009). Etude du secteur agricole. Rapport
préliminaire. Bilan-Diagnostic et Note d'orientation. République
Démocratique du Congo, Ministère de l'agriculture et du
Développement rural.
TEMPLE L. & BIKOI. (2000). Les cadres méthodologiques
de la collecte des données. CRBP.
TERPEND N. (1997). Guide pratique de l'approche filière.
Le cas de l'approvisionnement et de la distribution des produits alimentaires
dans les villes. FAO. Rome. 26 p.
WORLD URBANIZATION PROSPECT. (2014). The 2014 Revision,
Highlights (ST/ESA/SER,A/352). United Nations, Department of Economic and
Social Affairs, Population Division (2014). 32 p.
WORLDBANK. (2008). Cameroon agricultural, value chain :
compétitiveness study. Report n°aaa25-cm, agricultural and rural
unit sustainable developpment department/country department afcc1/africa
region, worldbank, june 30, 2008, 76 p.
73
ANNEXE
1
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE DES PRODUCTEURS Module 1 : Identification
du questionnaire
Numéro questionnaire : / / (Num Qes)
Site : /_______/
Lieu de collecte des données : /______/
Date de l'interview : /____/
Enquêteur/______/
Module 2 : Profil du producteur
2.1. Age du Chef de ménage :
1) 0Moins de 20 ans 2) 021 - 30 ans 3) 031 - 40 ans 4)041 - 50
ans 5)0Plus de 50 ans
2.2. Genre du chef de ménage : 1. 0 Masculin 2. 0
Féminin
2.3. Niveau d'études du chef de ménage :
2.4. Depuis combien de temps exercez-vous cette activité
/_______/ ans
2.5. Quelle est la taille du ménage ? /______/
personnes
2.6. Combien d'enfants participent-ils à l'activité
de la production ?/ / 2.7. Statut du ménage par rapport à la
terre cultivée :
1) 0 Propriétaire 2) 0Locataire 3) 0Autres à
préciser 2.8. Etes-vous : 1) 0Producteur 2)
0Producteur-transformateur
3) 0Producteur-transformateur-détaillant 4) Autres
à spécifier
Module 3 : formation et encadrement
3.1. Avez-vous bénéficié sur la culture de
manioc: 1) 0D'une formation 2) 0D'un encadrement 3) 0les deux 4) 0 Aucun ? 3.2.
Si oui, auprès de quelle structure :
1) 0 ONG à spécifier
2) 0 Association paysanne à spécifier
3) 0 Gouvernement à spécifier
4) 0 Eglise à spécifier
5) 0Autre structure à préciser
3.3. En quoi cette formation et/ou cet encadrement a-t-il
consisté ?
3.4. Qu'est-ce que la formation vous a apporté de nouveau
?
Module 4 : Moyens d'exploitation du ménage agricole
4.1. Quelle(s) espèce (s) de manioc cultivez-vous ?
1) 0Manihot glazziovi 2) 0Manihot esculenta 3) 0Les deux
4.2. Quelle est l'espèce la plus demandée ?
4.3. Quelle(s) variété(s) utilisez-vous pour la production de
manioc ?
2
1) 0 Locale à spécifier
2) 0Améliorée à spécifier
3) 0Les deux à spécifier
4.4. Combien de champ de manioc disposez-vous! !
4.5. Quelle est la dimension totale de vos champs ! !
4.6. Pouvez-vous estimer la superficie totale emblavée
pour la culture du manioc ! !
4.7. Quelle est votre production totale en feuille ?
4.8. Quelle quantité consommez-vous de la production
totale ?
Quantité consommée (Kg)!semaine Fréquence
par semaine
Feuille
4.9. Quelle quantité vendez-vous de la production totale
?
Quantité Fréquence
Feuille
4.10. Pratiquez-vous pour la production de manioc :
1) 0 la monoculture 2) 0Culture associée (à
spécifier 3) 0Les deux 4.11. Type de la main d'oeuvre utilisé
? 1) 0Familiale 2) 0 Salariée 3) 0Les deux
4.12. Connaissez-vous une période d'activité
réduite dans le cycle de production de manioc ? 1. 0 oui 2. 0 Non.
Si non, répondez allez à la question 4.18.
4.13. C'est quelle période (mois) ?
4.14. A quoi attribuez-vous cette réduction
d'activité ?
4.15. Dans quelle proportion ladite réduction
d'activité affecte- t-elle votre chiffre d'affaires (revenu) ordinaire
?
4.16. En cas de variation du prix des produits de manioc, quelles
dispositions prendrez-vous ?
1) En cas de hausse
2) En cas de baisse
4.17. Prenez-vous des dispositions particulières dans la
production des feuilles de manioc ?
1. Oui 2. Non
Module 5 : Récolte et Commercialisation
5.1. Quelles sont les mesures prises lors de la récolte
pour que les feuilles conservent leur fraicheur ? 5.2. Ces mesures sont prises
depuis toujours ?
1. Oui 2. Non
Sinon quelles sont les mesures d'avant
5.3. Pourquoi les avez-vous laissées ?
5.4. Comment conditionnez-vous vos produits pour la vente:
Unité locale Unité standard (kg)
3
Feuille
5.5. Quels sont les éléments importants qui
déterminent la qualité du produit ? 5.6. Ce produit est-il
conditionné par rapport à ces éléments ?
1. Oui 2. Non
5.7. Si non pourquoi ?
5.8. Où vendez-vous vos produits habituellement ? Pourquoi
? 1) 0Au champ 2) 0Au village 3) 0Marché
5.9. Si au marché, à quelle durée se trouve
t-il (unité de temps)?/ /heures 5.10. Quel moyen utilisez-vous pour
le transport ?
1) 0 Pieds 2) 0Camion 3) 0Vélo 4) 0Moto 5)0Autres à
spécifier
5.11. Utilisez-vous un emballage ?
1. Oui 2. Non 5.12. A qui vendez-vous vos produits ?
1. Aux restaurateurs 2. Aux grossistes 3. Aux détaillants
4. Aux transformateurs 5. Autre à préciser 5.13. Avez-vous de
nouvelles pratiques dans la récolte, le conditionnement des feuilles que
vs ne faisiez pas avant ?
1. Oui 2. Non
5.14. Si oui lesquelles ?
5.15. Depuis quand sont-elles adoptées ?
Module 6. Formation et information sur le prix
6.1. Etes-vous au courant du prix qui prévaut sur le
marché avant la vente?
1. 0 Oui 2. 0 Non
6.2. Si oui, comment vous informez-vous sur le prix ?
6.3. Quels sont les éléments qui entrent en compte
dans la fixation du prix de vente ? 6.4. Quels sont les facteurs
déterminants dans la négociation du prix avec l'acheteur?
6.5. Avez-vous un téléphone ? 1. 0 Oui 2. 0 Non
6.6. Si oui, quel est l'apport du téléphone
portable dans votre métier ? 6.7. L'utilisez-vous pour avoir les
informations sur le marché ? 1. 0 Oui 2. 0 Non
6.8. Pour quels types d'information ? 6.9. A quelle unité
et à quel prix vendez-vous vos produits ?
Unité locale Kg Prix
Feuille
Module 7. Coût de revient de produits de manioc
Catégorie des dépenses/ha Prix/coût unitaire
Quantité Montant global
Coût d'achat des boutures
4
Coût d`achat matériels
Houe
Machette
Ouverture des champs
Labour
Hersage
Sarclage
Frais d'entretien
Taxes, impôts et redevances (citer) :
Autres frais et charges
Module 8. Contraintes
8.1. Quelles sont les difficultés liées à
votre activité de production de feuille de manioc?
8.2. Quelles sont, selon vous, les principales mesures à
prendre pour atténuer ou si non supprimer les difficultés
précitées ?
Merci de votre collaboration
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE DES TRANSFORMATEURS Module 1 :
Identification du questionnaire
Numéro questionnaire : / /
Site : /_______/
Lieu de collecte des données : /______/
Date de l'interview : /____/
Enquêteur /______/
Module 2 : Profil du transformateur
2.1. Type d'acteur/transformateur : 1. 0 Entreprise 2. 0
Individu
2.2. Si Entreprise, quelle est sa dénomination ?
2.3. Date de création :
2.4. Depuis combien de temps l'entreprise a commencé
l'activité de transformation de feuilles de manioc ? /_______/ ans
2.5. Quelle est la taille de l'entreprise (Nombre
d'employés affectés à l'unité de transformation de
feuilles de manioc) :
2.6. Si individu, depuis combien de temps exercez-vous cette
activité /_______/ ans
2.7. Combien de membres de la famille participent à cette
activité ? / / 2.8. Genre de l'entrepreneur : 1. 0 Masculin 2. 0
Féminin
2.9. Niveau d'études 1. 0 N'a pas été
à l'école 2. 0 Primaire 3. 0 Secondaire 4. 0 Universitaire 5. 0
Formation
professionnelle
2.10. Activité principale :
2.11. Etes-vous (ou votre entreprise) :
5
1. 0Transformateur 2. 0 Transformateur - Producteur 3. 0
Transformateur - Commerçant/grossiste 4. 0 Transformateur -
Commerçant/détaillant 5.0 Transformateur -
Producteur - Grossiste 6. 0 Autres à spécifier
Module 3 : Approvisionnement en matières
premières
3.1. Comment vous approvisionnez-vous en feuilles de manioc
1. 0 Auprès des commerçants détaillants.
2. 0 Auprès des commerçants grossistes
3. 0 Auprès des producteurs
4. 0 Par nos propres champs
5. 0 Autre, à spécifier 3.2. D'où
proviennent les feuilles de manioc que vous achetez ?
1. 0 Plateau de Batéké (précisez les
villages : )
2. 0 Axe Ndjili Brasserie (précisez les villages )
3. 0 Kongo-Central (précisez le territoire )
4. 0 Kwango (précisez le territoire )
5. 0 Autre, à spécifier
3.3. Quelle (s) est (sont) les espèces et
variétés de manioc dont vous transformer les feuilles ? (Remplir
le tableau ci-dessous)
Espèces Variétés
Manihot glazziovi (Caoutchouc)
Manihot esculenta (Kongo)
3.4. Quelles sont les espèces et les
variétés que vous transformez régulièrement et
pourquoi (justifiez-vous?
Espèces/variétés Justifications
3.5. Quelle qualité de feuilles exigez-vous
(critères de choix des feuilles) ?
3.6. Pourquoi ?
3.7. Quelle est votre fréquence d'approvisionnement et les
quantités correspondantes ?
Fréquence d'approvisionnement* Quantité par
fréquence
(kg) Unité d'achat Prix d'achat par unité
*1. 0 Une fois par semaine 2. 0 Deux fois par semaine 3. 0 Une
fois toutes les deux semaines 4. 0 Une fois par mois 3.8. Quelles sont les
périodes de l'année pendant lesquelles les feuilles de manioc se
font rares sur le marché?
3.9. Qu'est-ce qui peut, selon vous, expliquer cette
rareté ? 3.10. Comment appréciez-vous l'évolution du prix
d'achat de feuilles de manioc au cours des trois dernières années
?
1. 0 En augmentation 2. 0 En baisse 3. 0 En stagnation
3.11. Quel est le moyen de transport que vous utilisez pour
acheminer les feuilles de manioc vers le site de traitement/transformation ?
1. 0 Notre propre véhicule 2. 0 Location véhicule
3. 0 Autres (à
préciser)
3.12. En cas de location combien payez-vous pour le service ?
6
De à Distance
(km) Unité de transport* Coût par unité de
transport
*Estimez le poids
3.13. Connaissez-vous des cas de pertes ou de
détérioration du produit pendant le transport
1. 0 Oui 2. 0 Non
3.14. Quelles sont les dispositions que vous prenez pour
éviter des cas pareils
3.15. Comment faites-vous pour stocker les feuilles de manioc
avant le processus de transformation afin de bien conserver la qualité
du produit ?
3.16. Quelles sont les autres matières premières
que vous utilisez dans la transformation de feuilles de manioc ?
Autres matières premières Types Unité Prix
d'achat par unité
Ingrédients
Emballage
Autres (à préciser)
3.4 Quels sont les produits de transformation des feuilles de
manioc que vous obtenez ?
3.5. Après transformation, quelle quantité du
produit obtenez-vous ?
3.6. Utilisez-vous d'autres ingrédients dans la
transformation des feuilles de manioc ?
1. 0 oui 2. 0 Non.
3.7. Si oui, lesquels et à quelle fréquence?
Autres ingrédients Quantité (kg) utilisée
Cout d'achat Fréquence (semaine). Module 4 : Transformation
4.1. Pouvez-vous décrire le diagramme de transformation
des feuilles de manioc en indiquant la durée pour une quantité
donnée de matière première?
Etapes Durée (en minutes)* Commentaires
*Précisez la quantité de départ de feuilles
à transformer
4.2. Pour cette quantité indiquée ci-dessus, quelle
est la quantité des ingrédients correspondante ?
Quantité feuilles de manioc Types d'ingrédients
Types Quantité (Kg ou gr)
4.3. Pour cette quantité de feuille indiquée
ci-dessus, quelle est le rendement (kg) après la transformation ?
Quantité de départ Rendement après
transformation Commentaires
4.3. Pour cette quantité de feuille indiquée
ci-dessus, quelle est le rendement (kg) après la transformation ?
4.4. Quels sont les matériels utilisés dans la
transformation des feuilles ?
1. 0 Mortiers et pilon 2. 0 Machine semi-industrielle 3. 0
Machine industrielle 4. 0 Autres (à
préciser)
4.5. Les matériels utilisés sont fabriqués
localement ou importés de l'extérieur du pays ? 1. 0
Fabriqués localement 2. 0 Importés
7
4.6. Quel est le prix d'achat de ces matériels et leur
durée de vie ?
Matériel Prix d'achat
4.7. Quelles sont les capacités installées et les
capacités de production actuelle de ces matériels ?
Capacité installée Capacité de production
:
Module 5 : Stockage/conservation et qualité du produit
5.1. Comment conservez-vous les produits après
transformation ?
5.2. Quelles les dispositions que vous prenez pour conserver la
qualité du produit pendant la période de stockage ?
5.3. Citez trois éléments importants qui
déterminent la qualité de votre produit ?
5.4. Selon vous, votre produit peut se conserver pendant combien
de temps (justifiez votre réponse?
5.4. Votre produit subi-t-il des contrôles qualité
de la part l'OCC ? 1. 0 Oui 2. 0 Non
5.5. Si non, comment pouvez-vous rassurer les clients de la bonne
qualité de votre produit ?
Module 6 : Commercialisation et potentialité du
marché
6.1. Comment conditionnez-vous vos produits pour la vente: 6.2.
Quel type d'emballage utilisez-vous ?
6.3. Cet emballage indique-t-il les différentes
caractéristiques du produit ?
Caractéristiques 1. 0 Oui
2.0 Non
Commentaires
Transformateur
Lieu de transformation
Origine géographique des feuilles de manioc
Date (durée) de péremption
Coordonnées de contact
Ingrédients
Mode de préparation
Autres consignes/conseils
6.4. Où vendez-vous vos produits habituellement ? 1. 0Au
lieu de transformation 2.
0Marché 3. 0 Autres à spécifier
6.5. Qui sont vos clients (classez par ordre d'importance)
1. 0Ménages 2. 0 Supermarchés 3. 0 Restaurants
modernes 4. 0 Restaurants Malewa 5. 0 Autres à
spécifier
6.6. Quelles sont les modalités de vente aux clients ? 1.
0Cash 2.0Crédit 3.0 Les deux 6.7. Quelle est votre unité de vente
et le prix de vente par cette unité ?
6.8. Quelles sont les quantités livrées aux
différents clients et à quelles fréquences?
Client Fréquence de livraison Quantité
livrée par fréquence Ménages
8
Supermarchés
Restaurants modernes
Restaurants Malewa
Autres
6.9. Vous organisez aussi l'exportation de votre produit ? 1. 0
Oui 2. 0 Non
6.10. Si oui, vous exportez vers quels pays ?
6.11. Si non, envisagez-vous exporter le produit dans l'avenir et
vers quel pays ?1
6.12. Quelle est la période de l'année où la
demande de votre produit est élevée ?
1. 0 Saison sèche 2. 0 Saison pluvieuse
6.12. Selon vous, qu'est-ce qui explique cette situation ?
6.13. Quelles sont les caractéristiques du produit les
plus voulues par vos clients ?
6.14. Selon vous, la qualité du produit diffère
selon la variété/espèce de feuille de manioc
achetée ? 1. 0 Oui 2. 0 Non
6.15. Si oui, quelle est l'espèce/variété la
plus appréciée/demandée par les consommateurs ?
Module 7 : Contraintes
7.1. Quelles sont les principales contraintes que vous rencontrez
dans l'approvisionnement des matières premières ?
Matières premières Contraintes
Feuilles de manioc
Emballage
Autres
7.2. Quelles sont les solutions expérimentées pour
faire face à ces contraintes?
7.3. Quelles sont les principales contraintes que vous rencontrez
dans la transformation des feuilles de manioc ?
.7.4. Quelles sont les principales contraintes que vous
rencontrez dans la commercialisation de votre produit ?
Merci de votre collaboration
N°
Questionnaire d'enquête
Transporteur
Section 1. Typologie du transporteur
1. Sexe : 1. 0Masculin 2.0 Féminin
2. Statut marital : 1. 0Marié 2.0 Célibataire
0Divorcé 2.0 Veuf
3. Age :
4. Etudes : 1.0n'a pas été à l'école
2.0 Primaire 0secondaire 2.0 Supérieur
5. Ancienneté dans le transport des feuilles de manioc :
Section 2. Identification du véhicule
9
6. Type de véhicule : a) Année d`acquisition b)
Marque
c) Capacité tonnages d) Année de fabrication :
e) Nombre moyen de personnes transportées par tour
f) Quantité moyenne transportée par tour en tonnes
g) Pannes connues pendant les trois derniers mois
7. Quel est le trajet type du véhicule (le plus
fréquenté)?
Nom du trajet : , Distance (km) : Section 3.
Conditions de transport
8. Comment fixez-vous le prix pour le transport des feuilles de
manioc ?
Unité utilisée Poids de l'unité Prix par
Unité
9. Il vous arrive d'accepter la location pour le transport des
feuilles de manioc ? 1. 0 Oui 2. 0 Non
10. Si oui comment fixez-vous le coût de location ? 1. 0
Par Km 2. 0 Par Jour
3. 0 Par tonnage 2. 0 Autres :
11. Transportez-vous les feuilles avec d'autres produits ? 0 Oui
2. 0 Non
12. Pourquoi
13. Tronçons /axes exploités pour collecter les
feuilles :
N° Nom des tronçons effectués
Km parcourus Prix / tête Prix /Unité Fréq.
Mensuelle
1.
14. Qui est responsable du transport? 1.0 Producteur, 2.0
Intermédiaire 3.0 Grossiste 4.0détaillant5.0 Gouvernement
6.0 Autre :
15. Quand est-ce que vous transportez le produit d'habitude? 1.
0tôt le matin 2.0 le matin 3. 0 l'après-midi
4.0 le soir 5. 0 la nuits 0n'importe quand
16. Où collectez-vous les feuilles ? 1. 0 sur le lieu de
production 2. 0 sur un lieu de regroupement 3. 0 Autre :
17. Comment les feuilles sont-elles empilées pendant le
transport?
18. Identifiez les coûts pour une course de 100 Km/
N° Nature du coût Valeur
1. Carburant
Huile moteur
19. Quelle est la durée d'un voyage de 100 km ?
.
20. Quelle est la distance généralement
couverte pour collecter les feuilles ? Km Section 4. Difficultés
rencontrées
10
21. Quelles sont les difficultés liées à
votre travail ?
22. Indiquez et décrivez tous les types de
dégâts subis par les feuilles pendant le transport
N° Dégât Cause et description
23. Quels sont les problèmes rencontrés au
cours du transport :
24. Quelles sont, selon vous, les principales mesures que
l'Etat peut prendre pour améliorer la conduite de vos
activités
?
|