Contribution du projet d’agroforesterie au développement durable des entités territoriales décentralisées. Cas du projet Gungu ii dans le secteur de Lukamba, province du Kwilu.par Christian MUYAYA Institut Facultaire de Développement - Licence en Sciences et Techniques de Développement 2018 |
3.1.3. CONTRIBUTION SUR LE PLAN ENVIRONNEMENTALa) Ecologique. L'introduction des nouvelles essences forestières dans la savane a certes perturbé légèrement l'écologie du milieu mais elle a beaucoup plus contribué à son enrichissement et surtout à sa transformation en une forêt capable de rendre d'innombrables services à la communauté. La solution d'agroforesterie qui a été mise en place repose sur les propriétés fertilisantes d'acacia. En effet, en tant que légumineuse, l'Acacia fertilise le sol en azote par ses racines. Cette particularité représente un élément central de la pratique culturale utilisée. Celle-ci se décline en une pratique étape d'abattage contrôlé des arbres et de leur transformation en charbon de bois. Un brûlage de surface pour fournir le traitement à la chaleur dont nécessitent les graines d'Acacia tombées au sol pour germer est ensuite effectué. Les surfaces ainsi libérées sont désormais riches en matières organiques en raison de la présence préalable de la forêt et de débris de charbon. Elles font l'objet lors de la première année d'une mise en culture parallèle des vivrières et des jeunes acacias. Ces derniers continuent à pousser lorsque les terrains sont laissés en jachère surveillée. Cette pratique permet tout d'abord de maintenir de façon durable la fertilité des sols dans une région de savane sablonneuse a priori, peu propice à l'exploitation agricole. Par ailleurs, cette approche permet aussi de garantir le renouvellement de la forêt sur le moyen et long terme grâce à son cycle qui repose sur une période de jachère de longue durée (10 ans) pendant laquelle les jeunes acacias peuvent atteindre la maturité tout en faisant l'objet d'une surveillance afin de réduire les risques d'incendies. Enfin, ce processus se déroule entièrement dans le cadre d'un cycle d'émission de carbone neutre. Chaque ferme réserve de plus 1,5 ha pour faire pousser les arbres fruitiers, comme par exemple avocatier, le manguier, l'oranger (de plusieurs variétés), etc. § 89 L'apiculture : vu sous l'angle écologique, l'élevage des abeilles dans les forêts des acacias à Lukamba est d'une importance capitale, car les abeilles comme nous le savons, contribuent à la pollinisation des fleurs, et permettent ainsi de meilleurs rendements agricoles. b) Sols Hormis la conservation de la fertilité du sol, l'un des principaux avantages de l'introduction d'Acacia est la non dépendance à la mécanisation. En savane, les sols doivent typiquement être labourés et hersés à un coût significatif pour l'exploitant. Par ailleurs, les tracteurs sont rares et leur manque retarde souvent les travaux de mise en culture. Avec l'acacia, l'agriculteur n'est plus dépendant de l'intervention d'un tracteur et devient maitre de son calendrier. Les semis de maïs, niébé ou courge peuvent, en effet, se faire directement sans travail du sol. Le bouturage du manioc, quant à lui, demande un petit travail à la houe à l'endroit où la bouture est enfoui. Enfin, la densité des cultures est naturellement plus importante dans ces sols fertiles et protégés qu'en savane. L'utilisation des variétés améliorées permet une couverture végétale qui domine rapidement les adventices. On constate comme en zone forestière un meilleur rendement en bouture par poids (photo en annexes). c) Climat Les fortes variations de certains facteurs climatiques dont notamment la température ont été atténuées grâce à la présence des arbres plantés. Ainsi, la température sous arbres a considérablement baissée rendant ainsi une vie agréable pour les touristes. Ainsi, les plantations réalisées dans le cadre du projet Gungu, les 872 hectares plantés d'Acacia Auriculiformis ont eu un effet positif sur le microclimat de la région et partant sur le milieu. § Un puits de carbone : cette végétation participe à l'autoépuration par la photosynthèse et à la réduction des Gaz à Effet de Serre par séquestration de carbone. Car 1 ha de forêt assimile près de 5 tonnes de carbones, libère 8 à 10 tonnes d'oxygène145(*). Avec une étendue forestière de 872 ha (fin 2017), ces forêts plantées se présentent comme poumon de la respiration de Lukamba. 90 Certaines études à ce jour, confirment déjà un probable effet positif des plantations d'Acacia Auriculiformis sur d'autres facteurs tels que la pluviométrie146(*). d) Biodiversité Les plantations d'arbres ont certainement enrichi le milieu en espèces végétales et animales diverses. Ainsi, plusieurs espèces végétales d'ombrage ou de sous étage ont pu se développer sans problème grâce au couvert végétal. Il en est de même de certaines espèces animales qui avaient déserté le milieu à cause de la chasse effrénée et des feux de brousse incessants. Comme susmentionné, le milieu a été colonisé par plusieurs espèces des champignons, des chenilles, des rats de Gambie, comestibles par l'homme. Une découverte, la multiplication des ressources : les initiatives de ce projet ont diminué l'exploitation de quelques galeries forestières et savanes boisées naturelles en coupe rase qui représentaient la seule source de matière première pour le combustible domestique indispensable aux ménages. Les espèces floristiques et fauniques ayant colonisé les sites agro-forestiers sont présentés dans le tableau n°20. 91 Tableau n° 20 : Espèces floristiques et fauniques dans les sites agro-forestiers du secteur de Lukamba
Source : MUYAYA IYUNA, enquête sur terrain, avril-mai-juin 2018. · Brise-vent : dans une région à savane herbeuse dominante, d'où les vents violents ravagent les champs de culture et les habitations, ces plantations en Acacia jouent un rôle de brise vent. En outre, les systèmes agro-forestiers dans cette région ont aussi une fonction esthétique, récréative et synergétique, car ils créent et maintiennent un paysage ouvert accessible au public. * 145 NSHIYAK Ben, l'autoépuration par la photosynthèse et à la réduction des Gaz à Effet de Serre par séquestration de carbone, 2007, P:11. * 146 MATUNGULU B., influence des forêts artificielles du projet Gungu sur la variabilité spatio-temporelle des pluies de Lukamba, TFC, ISAGE/ATEN, 2017, P.45. |
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