Contribution du projet d’agroforesterie au développement durable des entités territoriales décentralisées. Cas du projet Gungu ii dans le secteur de Lukamba, province du Kwilu.par Christian MUYAYA Institut Facultaire de Développement - Licence en Sciences et Techniques de Développement 2018 |
2.3. LE PROJET D'AGROFORESTERIE GUNGU IIAu début de l'année 2004, un projet-tampon (projet test) est lancé autour des fermes de Mampu et Mbankana (CADIM). Ce dernier veut s'appuyer sur l'agroforesterie villageoise. La stratégie de ce projet est d'impliquer directement des ménages agricoles pour créer eux-mêmes leurs propres fermes d'acacias en utilisant des techniques agro-forestières. L'intervention de cette action consiste à organiser le labour mécanisé tandis que tous les autres travaux de la foresterie (de la pépinière à la plantation des Acacias) et la mise en culture sont sous la responsabilité des ménages agricoles ciblés et impliqués ; c'est ce qui se fait dans la zone d'étude du CPDA dans le secteur de Lukamba. Apprécié par l'UE et les ministères de l'Agriculture, pèche et élevage et de Développement rural comme projet « pilote » pour l'Agriculture familiale durable en RDC122(*), un autre projet (projet N° DCI FOOD/2009/164-568) est de nouveau octroyé à la FHS toujours en partenariat avec CADIM. C'est le projet d'Agroforesterie dans le Territoire de Gungu, au sud de la province du Kwilu, projet qui va démarrer le 1er avril 2009. Deux ONGD locales, le Comité Paroissial de Développement d'Aten (CPDA) et l'Equipe d'Animation Rurale pour le Développement Intégré (EARDI) sont identifiées comme des structures associées du projet chargées de l'accompagnement et de l'encadrement des ménages impliqués dans ce projet (DCI-FOOD/2009/164-568) intitulé : « renforcement des production vivrières dans le territoire de Gungu », mené par la FHS de 2009 en 2012 : c'est le projet Gungu I 123(*). Après l'évaluation du projet Gungu I, la FHS avec les deux associés (CPDA et EARDI) reçoivent encore l'appui financier de l'UE pour le pilotage d'un autre projet d'Agroforesterie : (DCI-FOOD/2012/294-539), « Appui aux organisations paysannes engagées dans l'agroforesterie dans le territoire de Gungu ». C'est le projet Gungu II (sujet de notre étude). Celui-ci est en fait une poursuite et l'ampliation du projet Gungu I. cette fois-ci elle va s'étendre dans six secteur du Territoire de Gungu : Gungu, Lozo, Kandale, Kilamba, Kobo et Lukamba (objet de la présente étude), avec un plan quinquennal 2013-2017. 54 Le projet fonctionne de façon parallèle avec celui des autres secteurs (puisque ceux-ci utilisent leurs propres tracteurs fournis par le gouvernement central). En effet, les deux associés continuent l'encadrement et l'accompagnement des 30 anciennes organisations paysannes (ou sites) engagées dans l'agroforesterie : 19 sites dans la zone EARDI (dans le Secteur Gungu et Lozo) et 11 dans la zone CPDA (dans le secteur de Lukamba). La principale innovation de ce projet d'agroforesterie repose sur l'introduction d'Acacia Auriculiformis (Acacia) dans la rotation des cultures vivrières. En effet, comme toutes les légumineuses, l'Acacia Auriculiformis a la propriété de fixer l'azote de l'atmosphère au niveau de ses racines pour le restituer au sol. Ce maintien de la fertilité des sols est, par ailleurs, renforcé par la dispersion de résidus issus du travail de transformation en charbon de bois des arbres d'acacias abattus à maturité. Une fois enfouis, ces petits morceaux de charbon deviennent une source de potasse - un engrais indispensable aux plantes à tubercule comme le manioc - et de matière organique pour le sol. Au-delà du maintien de la fertilité des sols dans une région de savane sablonneuse a priori peu propice à l'exploitation agricole, cette technique permet de se passer d'un labour mécanique puisque les semis de maïs ou de niébé sur des surfaces nettoyées par brûlis, et ayant été plantées d'acacias auparavant, peuvent se faire directement sans travail du sol. Le bouturage du manioc, quant à lui, ne demande qu'un petit travail à la houe à l'endroit où la bouture est destinée à être enfouie124(*). Par ailleurs, cette approche permet aussi de garantir le renouvellement de la forêt sur le moyen et long terme grâce à son cycle qui repose sur une période de jachère pendant laquelle de jeunes acacias peuvent atteindre leur maturité tout en faisant l'objet d'une surveillance afin de réduire les risques d'incendie. Enfin, ce processus se déroule entièrement dans le cadre d'un cycle d'émission de carbone neutre. Ainsi, la pratique culturale utilisée se décline en une première étape d'abattage contrôlé des arbres et de leur transformation en charbon de bois. Un brûlage des surfaces est effectué pour fournir le traitement à la chaleur dont nécessitent les graines d'acacia tombées au sol pour germer. Les surfaces ainsi libérées feront l'objet d'une mise en culture parallèle de vivriers et de jeunes Acacias lors de la première année. Ces derniers continueront à pousser lorsque le terrain sera laissé en jachère surveillée jusqu'à maturité des arbres pendant que les parcelles avoisinantes seront soumises au même processus chacune à leur tour125(*). 55 2.3.1. Pour l'agricultureLes principales spéculations sont le manioc avec des variétés améliorées comme Obama, TMB 419, Zizila, Nsangi, Dizaka, Mvuanzi et Nutamu et les variétés locales (Etot, Kitoko, Osang, Kimbaon et Lakiong). Les autres cultures sont : Maïs, Millet, Niebé (Vita 7), Courge et Voandjou. Ces cultures sont considérées comme les plus importantes et les plus pratiquées par les exploitants126(*). Il est intéressant de faire une observation sur ces cultures : 1° Le Manioc : entre 2013 et 2017, chaque exploitant a reçu des boutures des variétés améliorées fournies par le projet pour la mise en culture d'un quart d'hectare, à la charge des producteurs de boutures. Le reste des surfaces avec leurs propres boutures, de variétés améliorés pour ceux ayant pu en multiplier un minimum, ou de variétés locales les plus performantes. Le but de cette stratégie est que les producteurs prennent conscience de la valeur des variétés améliorées par rapport aux variétés locales toujours moins performantes et moins rentables. Ils les gèrent de la même manière dans les parcelles de production individuelle que dans les champs de multiplication. De tels champs sont mis en place dans les sites en complément et par mesure de précaution, ils seront reconduits chaque année. L'ensemble de ces mesures vise à l'auto-approvisionnement de sites en boutures de variétés améliorées chaque année. 2° Le Niébé : en tant que légumineuse, il est cultivé en tête des rotations testées lors de la première action, car, il constitue à la fois une culture vivrière, une culture de rente (source de revenus rapide par son cycle de culture court de trois mois environs) et un fertilisant du sol. Face au manque de semences les paysans du Territoire de Gungu, en général et du Secteur de Lukamba, en particulier réalisent habituellement une seule campagne de niébé par an ; ce qui rend difficile la conservation des semences pendant les neufs mois qui séparent la récolte et la remise en culture. Le projet a sensibilisé les producteurs sur l'importance de cultiver le niébé lors de chaque campagne agricole (deux fois par an), afin de raccourcir la durée de conservation des semences. 56 Rappelons aussi que cette culture n'était pas habituelle dans la zone d'Aten sud où les paysans l'ont pratiquée pour la première fois. Une grande quantité de la production a été consommée dans les villages et une autre a été vendue à Kikwit avec l'aide du Projet. 3° la Courge : elle est également une spéculation favorable sur le sol d'ouverture. 4° le Voandzou : qui pourrait paraitre comme une culture marginale pour les communautés du Nord de la région d'Aten, ne l'est pas pour celles du sud de la région qui le consomment comme aliment de base. Ces dernières en ont grandement produit en ouverture de terrain en début de saison (Août-Octobre). De grandes quantités sont transportées vers Kikwit pour être vendues. 5° le Millet : sa culture est très favorisée par la population, car cette céréale est plus appréciée par la population de cette région comme aliment de base par rapport au maïs. 6° le Maïs : sa culture semble marginalisée par la population de cette région pourtant cette denrée est très demandée et donc valorisée sur le marché. La culture se résume à quelques pieds de maïs très dispersés sur un champ en prise de jachère127(*). * 122 www.minagrider.cd/agriculture-familliale-durable, consulté le 21 janvier 2018. * 123 www.FHS.net/projet-agroforestier-gungu, consulté le 20 novembre 2017. * 124 Rapport des activités annuelles, CPDA 2017. * 125 Rapport des activités annuelles, CPDA 2017. * 126 Rapport, Op.cit., p.56. * 127 Rapport, Op.cit., p.56. |
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