3.6. DISCUTIONS DES RESULTATS
Nos résultats vont dans le même sens que la
théorie keynésienne (1923) et celle de la synthèse
classico-keynésienne du fait que ces dernières préconisent
que le taux d'intérêt à un effet sur le niveau de la masse
monétaire. Car la Banque Centrale du Congo, comme le montrent nos
résultats, influence le niveau des crédits accordés
à l'économie et donc la masse monétaire.
En outre, nos résultats confirment l'hypothèse
de Friedman, car selon lui la demande de monnaie est faiblement
élastique au taux d'intérêt dont les variations n'ont que
peu d'impact sur la demande globale. La demande globale étant un
déterminant de la croissance, la BCC ne l'influence pas de façon
considérable comme l'ont attesté nos résultats, la
politique monétaire via ses instruments n'a pas d'incidence sur la
croissance en R.D.Congo.
Pour ce qui est des autres travaux empiriques, KIBABELA P. R.
(2009) affirme que la politique monétaire de la BCC est inefficace. Le
caractère inopérant de la politique monétaire sur le
secteur réel en République Démocratique du Congo
découle du mauvais agencement des instruments directs et indirects
(mauvaise politique d'encadrement des crédits, absence de la politique
d'Open Market). Ses résultats ne vont pas totalement dans le même
sens que les nôtres, car la politique monétaire de la BCC n'est
pas totalement inefficace du fait qu'elle agit sur le niveau des
crédits. Ses difficultés à affecter de façon
considérable la demande globale réside dans le fait que le niveau
de bancarisation est trop faible et la part du secteur informelle dans
l'économie nationale est élevée.
BAHATI, R. (2010) est parti quant à lui d'un constat
selon lequel la politique monétaire à travers ses objectifs a eu
une incidence sur la croissance économique dans l'ensemble du pays au
moment où celui-ci venait de traverser une grande période de
conflit armé dans certaines provinces. En outre, la dollarisation de
l'espace monétaire engendre une dépréciation de la monnaie
nationale. Tous ces facteurs rendent la politique de réforme
monétaire en R.D.Congo moins influente sur les agrégats
économiques du pays. Ses résultats vont presque dans le
même sens que les nôtres du fait que dans les deux cas, ce sont des
facteurs exogènes ou quasi-exogènes qui rendent la politique
monétaire inefficace.
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3.7. RECOMMANDATIONS
L'importance de notre recherche n'est pas seulement de rendre
compte de l'incidence de la politique monétaire sur la croissance
économique en RDC, mais aussi de formuler des recommandations à
la lumière des résultats obtenus.
Parmi les éléments qui rendent inefficace
l'apport de la politique monétaire sur la croissance, de façon
spécifique et la politique monétaire en général,
nous pouvons citer : le niveau de dollarisation élevé (85,7%), la
dominance budgétaire, l'illusion de l`indépendance de la
politique monétaire, le niveau élevé de l`économie
informelle, la faible dynamique du système bancaire et l'absence d`un
bon état du système financier.
Les autorités de la politique monétaire doivent,
quant à elles, prendre des mesures pour la réduction de la
dollarisation (dedollarisation) par exemple en exigent aux commerçants
de ne ventre qu'en monnaie nationale (le CDF) ; familiariser les agents
économiques aux banques commerciales (stimuler les agents
économiques à la culture bancaire), augmenter la taille du
marché monétaire et encourager la concurrence, dynamiser la
production domestique, développer un marché des titres,
développer l`architecture du système financier, etc.
En outre, la politique monétaire est très
fragile, on ne peut laisser à elle seule de booster l`économie
congolaise, l`économie doit se développer pour permettre à
la politique monétaire de bien exercer son travail et assurer une
croissance durable à long terme.
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